Test Blu-ray / Harley Davidson et l’homme aux santiags, réalisé par Simon Wincer

HARLEY DAVIDSON ET L’HOMME AUX SANTIAGS (Harley Davidson and the Marlboro Man) réalisé par Simon Wincer, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 6 octobre 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Mickey Rourke, Don Johnson, Chelsea Field, Daniel Baldwin, Giancarlo Esposito, Vanessa L. Williams, Robert Ginty, Tia Carrere…

Scénario : Don Michael Paul

Photographie : David Eggby

Musique : Basil Poledouris

Durée : 1h38

Date de sortie initiale: 1991

LE FILM

Afin d’éviter le perte définitive du bar d’un vieil ami, une bande de marginaux décident de braquer un convoi censé contenir une somme d’argent en liquide. Mais l’unique cargaison est en fait une nouvelle drogue, qui fait fureur auprès des jeunes. Les trafiquants vont alors tout tenter pour récupérer leur précieuse marchandise…

Oh le beau petit film culte que voilà ! Diffusé de multiples fois à la télévision, sur M6 surtout, Harley Davidson et l’Homme aux santiags ou Harley Davidson and the Marlboro Man en version originale est réalisé par l’australien Simon Wincer (né en 1973). Ce dernier reste évidemment connu des cinéphiles pour le formidable Harlequin, qui l’a fait connaître à l’international et ouvert les portes d’Hollywood. On lui doit moult séries B comme D.A.R.Y.L. (1985) avec Barret Oliver (entre L’Histoire sans fin et Cocoon), Sauvez Willy Free Willy (1993), succès surprise qui allait engendrer trois suites et une série d’animation, sans oublier le trépidant Le Fantôme du Bengale The Phantom. Sorti en 1991, Harley Davidson et l’Homme aux santiags est comme qui dirait une relecture du western et du film de biker, ou tout simplement d’Easy Rider de Dennis Hopper, où nos deux protagonistes, même s’ils en ont sacrément sous le capot, se rendent bien compte qu’ils sont devenus « trop vieux pour ces conneries » et qu’ils n’ont plus leur place dans ce monde en cette année 1996, ce qui donne d’ailleurs au film, sorti en 1991, un côté anticipation. Bourré d’humour et d’action, ce buddy-movie qui sent la clope et le musc, repose sur les épaules carrées de Mickey Rourke et Don Johnson, parfaits d’alchimie, crevant l’écran de leur charisme, qui s’amusent constamment à se donner la réplique. Trente ans après, Harley Davidson et l’Homme aux santiags reste une valeur sûre et un divertissement de haute volée.

Amis depuis longtemps, Harley Davidson et Robert Lee Edison aiment se retrouver au Rock’N Roll Bar & Grill. Leur sang ne fait qu’un tour quand le patron du bar leur apprend qu’il devra bientôt mettre la clef sous la porte, sa banque étant sur le point de saisir l’établissement pour le démolir et construire une tour sur ses ruines. Rebelles dans l’âme, ils organisent pour aider leur ami le braquage d’un transport de fonds. Ce ne sont pas des paquets de billets verts qu’ils y trouvent, mais une drogue expérimentale qu’ils espèrent revendre 2,5 millions de $ à son propriétaire, un puissant mafieux.

L’action se déroule cinq ans dans le futur, probablement afin de justifier la drogue « révolutionnaire » au centre de l’intrigue, qui se prend sous la forme de gouttes dans les yeux. En dehors de cela, les États-Unis n’ont pas bougé et les marginaux sont de plus en plus mis à l’écart, oubliés de l’Oncle Sam car considérés comme des parasites de l’American Dream. Certains n’ont plus de prénoms, ni même de patronymes, c’est le cas de Harley Davidson donc, d’autres s’effacent derrière un « costume », un cliché, une publicité, comme Robert « Marlboro » Lee Edison, « l’Homme aux santiags » du titre français, mais puisqu’on ne doit pas faire de publicité et encore moins pour une marque de cigarettes dans nos contrées…Nos deux compères, qui regardent ce qui les entoure avec des yeux plissés par l’ironie et le cynisme, ont su conserver leurs valeurs morales et décident d’aider une personne qui leur est chère, le gérant de leur bar habituel, menacé d’expulsion par un banquier mal intentionné. Harley Davidson et Malboro Man se connaissent depuis de nombreuses années et s’allient pour dévaliser un fourgon de banque : le cash permettra d’effacer l’ardoise de leur ami commun, mais le hold-up est loin de se dérouler comme prévu.

Sur un scénario de Don Michael Paul, auteur devenu un réalisateur improbable qui compte à son actif Mission Alcatraz avec Steven Seagal, Jarhead 2, Sniper 5 : L’Héritage, Tremors 5: Bloodline, Un flic à la maternelle 2, Tremors: A Cold Day in Hell, Le Roi Scorpion : Le Livre des âmes (on arrête là d’accord), Simon Wincer livre un bel objet de cinéma, excellemment mis en scène, élégamment photographié par le talentueux David Eggby (Pitch Black, Daylight, Mad Max, Warlock, Fortress) et porté par la musique synthé du grand Basil Poledouris (Conan le Barbare, L’Aube rouge, La Chair et le Sang, RoboCop, À la poursuite d’Octobre rouge, Starship Troopers). De solides artisans derrière la caméra et un duo d’acteurs complémentaires donc, même si Mickey Rourke, alors en sérieuse baisse de régime et qui peinait à retrouver son aura de L’Année du dragon, de 9 semaines 1/2 et d’Angel Heart – Aux portes de l’enfer, a toujours confié avoir fait ce film pour l’argent. Coincé entre La Maison des otagesDesperate Hours de Michael Cimino et Sables mortels White Sands de Roger Donaldson, Harley Davidson et l’Homme aux santiags est pourtant et assurément l’un de ses meilleurs opus des années 1990. Mais il est vrai qu’il n’a jamais été aussi bon que lorsqu’il se trouve face à un autre acteur burné et c’est encore le cas ici avec Don Johnson.

Depuis l’arrêt de la série Deux flics à MiamiMiami Vice, ce dernier tentait de percer au cinéma et venait d’enchaîner L’Amour à quatre tempsSweet Hearts Dance de Robert Greenwald, Dead Bang de John Frankenheimer et surtout le sulfureux Hot Spot de Dennis Hopper. Si cela ne prendra pas vraiment (malgré un détour chez Sidney Lumet, Ron Shelton et Roland Joffé) et que l’acteur retournera principalement à la petite lucarne (la série Nash Bridges), Don Johnson est superbe dans la peau du Marlboro Man et prouve une fois de plus que le costume de cowboy lui sied à ravir. Les deux têtes d’affiche sont accompagnées de la charmante Chelsea Field (Les Maîtres de l’Univers, Le Dernier Samaritain, La Part des ténèbres), de Daniel Baldwin (le frère dont on ne se souvient jamais, ici en mode Terminator gominé et vêtu de kevlar), des tronches de Giancarlo Esposito, Julius Harris, Robert Ginty et Tom Sizemore, tandis que Vanessa Williams (L’Effaceur), Kelly Hu (The Doors, Strange Days, X-Men 2) et Tia Carrere (Soleil levant, True Lies, Sydney Fox, l’aventurière) faisaient ici leurs premières apparitions respectives à l’écran.

Tout réussi qu’il soit, Harley Davidson et l’Homme aux santiags s’est méchamment planté aux Etats-Unis. Le film allait attirer près d’un demi-million de spectateurs dans les salles hexagonales. Mais les années ont été douces avec cette comédie d’action (la scène de l’hélico, réalisée sans effets spéciaux, est encore assez démente), qui n’a pas tant pris de rides que ça, qui demeure un spectacle très rythmé, efficace, drôle, sexy, blindé de punchlines, auquel s’ajoute aussi chez nous un doublage légendaire réalisé par Patrick Poivey (qui double Mickey Rourke, mais qui était aussi la voix régulière de Don Johnson…) et Edgar Givry.

LE BLU-RAY

Harley Davidson et l’homme aux santiags a longtemps été disponible chez MGM / United Artists. Le DVD, sorti en 2003, commençait à se revendre assez cher en occasion…Octobre 2021, le film de Simon Wincer intègre le catalogue de BQHL Éditions, en édition Standard et pour la première fois en Haute-Définition. Le Blu-ray prend la forme d’un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend heureusement le célèbre visuel d’exploitation. L’ensemble est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Pour prolonger le plaisir, BQHL donne la parole à Stéphane Moissakis (Capture Mag, NoCiné), qui en 25 minutes donne beaucoup d’indications sur la genèse, la production, le tournage et la sortie d’Harley Davidson et l’homme aux santiags. Vous en saurez plus sur le scénariste Michael Paul, la réflexion autour des deux mythes de l’Amérique, sur le réalisateur Simon Wincer. Le casting est passé au peigne fin, les intentions et les partis-pris sont abordés, les thèmes du film, le doublage français et d’autres éléments y sont aussi disséqués.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master HD (Blu-ray au format 1080p) n’est pas de première jeunesse, la première et la dernière bobine étant par exemple encore bien mouchetées de poussières et de griffures diverses. Les couleurs sont un peu fanées, la carnation manque parfois de naturel et tire sur le marron. Les détails sont acceptables, mais peut-être pas aussi ciselés que nous pouvions l’espérer. Le gros point fort de cette copie est la luminosité des séquences diurnes-extérieures, qui disposent d’une belle saturation de la palette chromatique (le bleu étincelant du ciel) et d’un piqué plus acéré. La texture argentique est préservée, bien gérée, sans doute plus appuyée sur les scènes sombres. Moyen+ donc et c’est déjà pas mal pour ce petit film qu’on adore.

Les mixages anglais et français LPCM 2.0 sont propres et distillent parfaitement la musique. La piste anglaise est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent) s’avère un peu trop axée sur les voix, mais ne manque pas d’ardeur. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © BQHL Editions / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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