Test DVD / Opération K, réalisé par Luigi Petrini

OPÉRATION K (Operazione Kappa: sparate a vista) réalisé par Luigi Petrini, disponible en DVD le 5 janvier 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Mario Cutini, Marco Marati, Maria Pia Conte, Patricia Pilchard, Mario Bianchi, Maria Francesca, Linda Sini, Edmondo Tieghi…

Scénario : Luigi Petrini

Photographie : Luigi Ciccarese

Musique : Franco Bixio, Fabio Frizzi & Vince Tempera

Durée : 1h30

Année de sortie : 1977

LE FILM

Expulsé d’une fête mondaine pour avoir couché avec la fille des propriétaires, le jeune paumé Paolo rencontre Giovanni, le fils rebelle d’un professeur. Sous l’effet de la drogue, les deux amis violent Anna, la fiancée de Giovanni, et tuent la voisine qui voulait intervenir. En fuite, avec la police à leurs trousses, ils décident de prendre un restaurant en otage…

Ne cherchez pas, le nom de Luigi Petrini ne vous dira sûrement rien. Né à Rome en 1934, ce réalisateur ne sera actif que de 1964 à 1988 et mettra en scène une dizaine de longs-métrages, en passant allègrement d’un genre à l’autre. Il débute dans le registre dramatique avec son premier long-métrage, Una storia di notte, avec la sublime Sylva Koscina, puis enchaîne directement sur la romance Le Sedicenni (1965), avant de signer son premier polar, A suon di lupara (1968). En 1970, il s’intéresse à une histoire d’amour entre deux femmes dans Così, così… più forte, puis continue sur cette lancée l’année suivante dans La Ragazza dalle mani di corallo (1971). Luigi Petrini aborde ensuite la comédie avec Scusi, si potrebbe evitare il servizio militare?… No! (1974). Les années 1970 touchent à leur fin et le cinéaste commence à racler les fonds de tiroir en mélangeant un peu de tout, notamment avec A.A.A. cercasi spia… disposta spiare per conto spie, mélange gloubi-boulga de comédie-policière et de comédie-musicale. S’il arrêtera sa carrière sur un « coup d’éclat » intitulé White Pop Jesus (1980) – on vous prévient, vous n’en croirez pas vos yeux – Luigi Petrini livre aussi ce qui est probablement son meilleur film, Opération KOperazione Kappa: sparate a vista. Sorti en 1977, ce polar étrange, mélange de poliziottesco, genre qui tirait alors sur sa fin (comme tout le cinéma d’exploitation en fait), et de rape and revenge n’a rien du grand film, mais s’avère un rejeton quelque peu dégénéré et surtout peu aimable, qui étonne par sa violence sèche et brutale, ainsi que par le traitement de ses personnages, repoussants, abjects, vulgaires, misogynes et puants, filmés néanmoins comme des héros tragiques car montrés comme des victimes de la société dans l’Italie des tristement célèbres Années de plomb.

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Test Blu-ray / Re-Animator 2, réalisé par Brian Yuzna

RE-ANIMATOR II (Bride of Re-Animator) réalisé par Brian Yuzna, disponible en Édition Collector 2 Blu-ray + 2 DVD + Livret depuis août 2020 chez The Ecstasy of Films.

Acteurs : Jeffrey Combs, Bruce Abbott, Claude Earl Jones, Fabiana Udenio, David Gale, Kathleen Kinmont…

Scénario : Woody Keith, Rick Fry & Brian Yuzna

Photographie : Rick Fichter

Musique : Richard Band

Durée : 1h33

Année de sortie : 1990

LE FILM

Après leurs méfaits commis dans la ville d’Arkham, le docteur Herbert West et son complice, l’étudiant Dan Cain, se sont réfugiés en Amérique latine. De retour dans leur pays avec un nouveau sérum particulièrement perfectionné, ils se proposent de réanimer la fiancée de Dan Cain dont il ne peut oublier la disparition avec le corps d’une jeune femme sur le point de mourir. Le résultat n’est pas tout à fait celui qu’ils attendaient, surtout pour la fiancée.

Il aura fallu cinq ans pour que le Re-Animator revienne sur les écrans, après avoir connu un beau succès dans les salles américaines, mais surtout un triomphe dans le reste du monde et plus particulièrement en Europe. En France, près de 635.000 spectateurs s’étaient rués dans les salles pour découvrir les aventures de ce savant fou moderne incarné par Jeffrey Combs. Alors qu’une suite était déjà envisagée sur le tournage de From Beyond (1986), le projet prend forme début 1990, mais Stuart Gordon ne peut pas rempiler, en raison d’un emploi du temps non compatible. Le producteur Brian Yuzna, ayant pu trouver des capitaux provenant du Japon, est dans l’obligation de tourner durant l’été 90 pour une sortie prévue en février 1991 aux Etats-Unis et même avant en Europe. Bryan Yuzna s’étant fait la main à la mise en scène avec son premier long-métrage Society, décide de signer lui-même Re-Animator 2Bride of Re-Animator. Si la référence à H.P. Lovecraft est encore de la partie, le réalisateur, épaulé par ses coscénaristes de Society, Rick Fry et Woody Keith, rendent cette fois un hommage encore plus appuyé au Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley. En effet, cette fois le docteur Herbert West ne se contente pas de ressusciter les morts, mais souhaite donner la vie à partir d’éléments composites. Ecrit dans la précipitation, Re-Animator 2 est pourtant un immense divertissement fourre-tout et extrêmement généreux, qui parvient à se hisser au niveau du premier volet, et nous n’hésiterons pas à dire qu’il parvient même à le surpasser. Encore plus inventif, drôle, sanglant, décomplexé et surtout mieux rythmé, cette Fiancée de Re-Animator n’a pas usurpé son statut culte et reste l’un des rares cas de suite encore plus fun et frappadingue que l’original.

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Test Blu-ray / La Fissure – The Gate, réalisé par Tibor Takács

LA FISSURE (The Gate) réalisé par Tibor Takács, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Stephen Dorff, Louis Tripp, Christa Denton, Kelly Rowan, Jennifer Irwin, Deborah Grover, Scot Denton, Ingrid Veninger…

Scénario : Michael Nankin

Photographie : Thomas Vámos

Musique : Michael Hoenig & J. Peter Robinson

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Glen et sa grande sœur Al passent le week-end seuls chez eux, leurs parents s’étant absentés. Alors qu’Al devait garder son petit frère, elle n’a qu’une seule idée en tête: organiser une fête. Terry, le meilleur ami de Glen, le persuade que le trou au fond du jardin familial est une porte vers l’enfer. La mort du chien de Terry et les incantations des amis de Al vont réveiller les démons…

Réalisateur canadien d’origine hongroise né en 1954, Tibor Takács reste célèbre auprès des cinéphiles son troisième long-métrage, Lectures diaboliquesI, Madman, sorti en 1989. Mais avant cela, le film qui l’aura fait découvrir demeure The Gate (ou La Fissure en français), une petite production fantastico d’horreur tout droit venue du Canada, qui aura damé le pion à la grosse production d’Elaine May, le tristement célèbre Ishtar. Tourné avec l’équivalent de 3 millions de dollars américains, The Gate est un pur produit de cette époque bénie des années 1980, où les enfants tenaient le haut du pavé dans les divertissements cinématographiques et où ceux-ci étaient même souvent malmenés dans des récits sérieux, loin de toute féerie légère et avec une certaine frontalité, à l’instar de L’Histoire sans finThe NeverEnding Story (1984) de Wolfgang Petersen. Dès la première séquence, celle du cauchemar du protagoniste principal, The Gate instaure une atmosphère troublante, loin de toute innocence et qui pose d’emblée l’ambiance inquiétante dans laquelle va se dérouler l’histoire. Le film est en outre remarquablement interprété par un trio de jeunes comédiens épatants, parmi lesquels se distingue un certain Stephen Dorff, qui s’impose déjà du haut de ses 14 ans. Quasiment de toutes les scènes, il crève alors l’écran pour la première fois, quelques années avant de percer au cinéma comme jeune premier dans La Puissance de l’angeThe Power of One (1992) de John G. Avildsen et La Nuit du JugementJudgment Night (1993) de Stephen Hopkins. Amoureux fous du cinéma fantastique, teinté de poésie macabre, excellemment mis en scène et teinté d’effets spéciaux renversants au charme inaltérable, The Gate est fait pour vous !

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Test Blu-ray / Long Weekend, réalisé par Colin Eggleston

LONG WEEKEND réalisé par Colin Eggleston, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen…

Scénario : Everett De Roche

Photographie : Vincent Monton

Musique : Michael Carlos

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un jeune couple de citadins décide de profiter d’un week-end pour s’adonner à du camping sauvage au bord de la mer. Par d’imperceptibles étapes, le décor paradisiaque de plage isolée où ils s’installent se charge de mystères avant de se transformer en un véritable enfer : la Nature paraît soudain prendre une sourde revanche sur la civilisation …

Bien avant l’inénarrable PhénomènesThe Happening (2008) de M. Night Shyamalan, le scénariste Everett De Roche (1946-2014) s’interrogeait trente ans avant sur ce qui se passerait si la nature se retournait contre l’humanité, à travers son premier récit pour le cinéma, Long Weekend. Avant de devenir l’un des scénaristes les plus en vue du cinéma australien, celui qui allait signer d’autres œuvres légendaires du cru comme Harlequin de Simon Wincer, Patrick de Richard Franklin et Razorback de Russell Mulcahy, abordait le genre horrifique avec un thriller tendu et angoissant, qui s’amuse à prendre le spectateur petit à petit par la gorge, jusqu’à un dernier acte complètement inattendu et un final abrupt qui laisse pantois. Derrière la caméra, Colin Eggleston (1941-2002) peut enfin exprimer à l’écran tout son amour pour le cinéma d’Alfred Hitchcock (d’ailleurs, Les Oiseaux ne sont jamais bien loin dans Long Weekend) et de Roman Polanski (Le Couteau dans l’eau entre autres), en dilatant le temps, en créant un stress qui va crescendo en dressant le portrait d’un couple en crise, un homme et une femme qui ne respectent rien autour d’eux et qui n’ont d’ailleurs aucun respect pour l’autre. S’il n’a obtenu aucun succès dans son pays, comme c’était d’ailleurs souvent le cas pour les films de genre tournés en Australie, cela n’a pas été le cas dans le reste du monde et surtout en Europe, au point d’être récompensé par l’Antenne d’or au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1979 (ex aequo avec L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman), le Prix Spécial du Jury au Festival du film de Paris, puis par le Prix du Meilleur Film, le Prix du jury de la critique internationale pour Colin Eggleston et la Médaille d’argent du meilleur acteur au Festival international du film de Catalogne de Sitges. Tombé peu à peu dans l’oubli, Long Weekend connaît un regain de popularité depuis la fin des années 2000 en raison d’un remake réalisé en 2008 par Jamie Blanks (Urban Legend, Mortelle Saint-Valentin) avec Jim Cazievel et du documentaire Not Quite Hollywood: The Wild, Untold Story of Ozploitation ! (2008) de Mark Hartley qui a redonné au cinéma australien ses lettres de noblesse. Long Weekend en demeure assurément l’un des plus dignes représentants.

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Test DVD / La Femme des steppes, le flic et l’oeuf, réalisé par Wang Quan’an

LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’OEUF (Öndög) réalisé par Wang Quan’an, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Diaphana.

Acteurs : Aorigeletu, Arild Gangtemuer, Enkhtaivan Dulamjav, Norovsambuu…

Scénario : Wang Quan’an

Photographie : Aymerick Pilarski

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.

Difficile de mettre des mots sur le septième long-métrage du réalisateur – issu de la sixième génération de cinéastes chinois – Wang Quan’an (né en 1965), diplômé de l’Académie de cinéma de Pékin, rendu célèbre dans le monde entier pour avoir reçu l’Ours d’or au Festival de Berlin en 2007 pour Le Mariage de Tuya, puis l’Ours d’argent du meilleur scénario en 2010 à ce même Festival pour Apart Together. Les néophytes auront sans doute du mal à entrer dans l’univers du cinéaste avec La Femme des steppes, le flic et l’oeufÖndög et nous leur conseillerons plutôt de découvrir ses premiers films, avant de plonger dans cette œuvre insolite, merveilleusement photographiée, contemplative, trop diront certains et on ne pourra pas leur donner tort, mais assurément une expérience cinématographique, sensorielle et pleine de pudeur, qui agit véritablement comme une séance d’hypnose.

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Test Blu-ray / Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, réalisé par Alex Proyas

SPIRITS OF THE AIR, GREMLINS OF THE CLOUDS réalisé par Alex Proyas, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Lake, Rhys Davis & Norman Boyd

Scénario : Alex Proyas

Photographie : David Knaus

Musique : Peter Miller

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Un homme est recueilli à demi-mort d’épuisement par un paraplégique qui vit en reclus dans une ferme en plein désert. Cloué dans son fauteuil, l’homme est obsédé par la construction de machines volantes tandis que sa soeur, « folle de Dieu », érige des croix sur les dunes de sable..

Avant The Crow (1998), Dark City (2002), Garage Days (2004), I, Robot (2009), Prédictions (2009, ça commençait à piquer) et Gods of Egypt (2016, aïe aïe aïe), il y a eu Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, le premier long-métrage réalisé par Alex Proyas, alors âgé de 25 ans, connu dans le domaine de la publicité et du clip vidéo, plus particulièrement pour ses travaux pour INXS, Mike Oldfield, Crowded House, Joe Jackson, Cock Robin et consorts. Produit pour un demi-million de dollars, écrit et mis en scène par Alex Proyas, Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds reste une œuvre méconnue qui a longtemps disparu des radars, malgré son statut culte au Japon, pays qui l’a sans doute le mieux accueilli à sa sortie. Parallèlement, cette première œuvre est aussi difficile d’accès et demeure une véritable expérience cinématographique, sensorielle, inclassable, hypnotique, dont la beauté plastique est pourtant mirifique. Une chose est sûre, c’est qu’après avoir découvert Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, il devient impossible de l’oublier et de nombreux plans, de vraies toiles de maîtres, s’impriment à jamais dans la mémoire du cinéphile qui aura accepté de plonger dans cet univers unique et énigmatique.

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Test Blu-ray / Enragé, réalisé par Derrick Borte

ENRAGÉ (Unhinged) réalisé par Derrick Borte, disponible en DVD et Blu-ray le 19 décembre 2020 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Russell Crowe, Jimmi Simpson, Gabriel Bateman, Caren Pistorius, Anne Leighton, Austin P. McKenzie, Michael Papajohn, Lucy Faust…

Scénario : Carl Ellsworth

Photographie : Brendan Galvin

Musique : David Buckley

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

La Nouvelle-Orléans. Mauvaise journée pour Rachel : en retard pour conduire son fils à l’école, elle se retrouve coincée au feu derrière un pick-up qui ne redémarre pas. Perdant patience, elle klaxonne et passe devant. Quelques mètres plus loin, le même véhicule s’arrête à son niveau. Son conducteur, Tom Cooper, la somme de s’excuser, mais elle refuse. Furieux, il commence à la suivre…Enragé, cet homme est prêt et ne craint pas de mourir et parle même de suicide par police interposée. Si la journée de Rachel s’annonçait compliquer, celle-ci se transforme en véritable cauchemar.

Mine de rien, Russell Crowe n’a pas l’air de tourner tant que ça, mais signe quelques coups d’éclat tous les deux ou trois ans, histoire de rappeler que l’on peut, ou plutôt que l’on doit encore compter sur lui. L.A. Confidential de Curtis Hanson, Révélations The Insider de Michael Mann et Gladiator de Ridley Scott ont beau avoir plus de vingt ans, le comédien néo-zélandais n’a jamais cessé de tourner et même si les années 2010 n’ont pas été pour lui aussi inspirées, on sauvera évidemment ses prestations dans NoéNoah de Darren Aronofsky, The Nice Guys de Shane Black et même sa participation à Man of Steel de Zack Snyder, dans lequel il supplantait tout le reste du casting dans la peau de Jor-El. 2020 est déjà un très bon cru pour Russell Crowe qui vient d’être récompensé par le Golden Globe du meilleur acteur pour la mini-série The Loudest Voice, et livre aussi une prestation impressionnante dans EnragéUnhinged, sixième long-métrage du méconnu Derrick Borte, remarqué en 2009 avec son premier film indépendant, La Famille Jones The Joneses, interprété par Demi Moore, David Duchovny et Amber Heard. Si ses autres opus sont passés sous le radar en France, y compris son film sur les Clash intitulé London Town (2016) avec un Jonathan Rhys Meyers sous substances (pléonasme) dans la peau de Joe Strummer, Enragé s’impose comme un modèle de série B, bien bourrin dans son genre, mené tambours battants et surtout porté par les larges épaules de Russell Crowe. Ce dernier est absolument monstrueux, tout en bedaine saillante et le front constellé de sueur, et en fait voir de toutes les couleurs à sa partenaire, Caren Pistorius, l’une des plus belles révélations de l’année 2020.

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Test Blu-ray / L’Emmurée vivante, réalisé par Lucio Fulci

L’EMMURÉE VIVANTE (Sette note in nero) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer O’Neill, Gabriele Ferzetti, Marc Porel, Gianni Garko, Ida Galli, Jenny Tamburi, Fabrizio Jovine, Riccardo Parisio Perrotti…

Scénario : Lucio Fulci, Roberto Gianviti & Dardano Sacchetti

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Fabio Frizzi, Franco Bixio & Vince Tempera

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Depuis l’enfance, Virginia Ducci a des prémonitions. Elle sait que l’un des murs de la maison de son mari abrite un cadavre. Avec l’aide d’un spécialiste en paranormal, elle explore la bâtisse en ruines et ne tarde pas à découvrir un squelette d’une femme de 25 ans. Mettre au jour ce terrible secret va s’avérer un geste funeste pour Virginia.

On a tendance à parler de tétralogie de Lucio Fulci quand on évoque Perversion StoryUna sull’altra (1969), Le Venin de la peur Una lucertola con la pelle di donna (1971), La Longue Nuit de l’exorcisme Non si sevizia un paperino (1972) et L’Emmurée vivanteSette note in nero (1977). Si ce dernier n’est pas vraiment un giallo, genre qui vivait alors ses derniers soubresauts, il n’en comporte pas moins quelques motifs semblables et même diverses reprises, à l’instar de ce plan fâcheux d’un corps jeté dans le vide du haut d’une falaise, dont la paroi rocheuse fracasse le visage de la victime (un mannequin complètement raté). Lucio Fulci s’obstine et nous refait le même coup qu’à la fin de La Longue Nuit de l’exorcisme, en ouvrant L’Emmurée vivante par une scène similaire. A côté de ça, en dépit d’éléments inexpliqués qui sont uniquement présents pour instaurer la peur ou le suspense, L’Emmurée vivante demeure probablement l’un des plus grands films du maître italien, qui certes ne possède pas l’aura des trois autres gialli, mais qui n’en reste pas moins un nouveau coup d’éclat où trône l’impériale et la sublime Jennifer O’Neill.

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Test Blu-ray / Les Blagues de Toto, réalisé par Pascal Bourdiaux

LES BLAGUES DE TOTO réalisé par Pascal Bourdiaux, disponible en DVD et Blu-ray le 9 décembre 2020 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Gavril Dartevelle, Guillaume de Tonquédec, Anne Marivin, Ramzy Bédia, Daniel Prévost, Pauline Clément, Jean-François Cayrey, Isabelle Candelier…

Scénario : Mathias Gavarry, Gaël Leforestier & Julien Leimdorfer, d’après la bande-dessinée de Thierry Coppée

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Romain Trouillet

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

C’est la rentrée des classes ! Toto, petit blagueur, a hâte de retrouver tous ses copains d’école. Pendant l’inauguration d’un musée, alors qu’une sculpture s’effondre et détruit sur son passage toutes les œuvres exposées, la réputation de Toto le précède : il est immédiatement désigné coupable et risque l’internat. Avec l’aide de tous ses amis, il va mener l’enquête pour prouver son innocence aux adultes.

L’année 2017 n’a pas été simple pour le réalisateur Pascal Bourdiaux ! Deux échecs commerciaux et critiques très importants avec Mes trésors en janvier et Boule & Bill 2 en avril ! Avant de mettre en scène son premier long métrage en 2010, Le Mac, 1,5 millions d’entrées, Pascal Bourdiaux a d’abord fait ses classes sur la shortcom Un gars, une fille en réalisant près de 500 épisodes ! Il était aussi l’un des premiers à offrir à Kev Adams la tête d’affiche d’un film avec Fiston, dans lequel le jeune comédien donnait la réplique à Franck Dubosc. Porté par une critique positive et un bon bouche à oreille, près de deux millions de spectateurs avaient accueillis favorablement cette très bonne comédie. Pour ses films suivants, c’était une autre affaire et le scénariste de Stars 80 (bah oui) se fourvoyait définitivement avec une mise en scène en pilotage automatique, des scènes qui s’enchaînaient à la va-comme-je-te-pousse, en cumulant les gags mous, les dialogues au rabais et une action de pacotille. Après ces deux fours impressionnants avec d’un côté 140.000 entrées pour Mon trésor (pour 11 millions d’euros de budget) et 487.000 entrées pour Boule & Bill 2 (16 millions d’euros), on pouvait penser que le réalisateur serait envoyé dans un cul de basse-fosse, mais que nenni ! V’là-t’y pas que le sieur Bourdiaux se retrouve aux manettes de l’adaptation live de la bande-dessinée de Thierry Coppée vendue à plus de 5 millions d’exemplaires, Les Blagues de Toto, qui compte à ce jour 15 albums et dont le succès ne s’est jamais démenti depuis 2004. Alors, comment transposer ce genre de BD dans lesquelles une page représente une histoire unique et indépendante ? Disons-le tout de go, Les Blagues de Toto n’est pas la catastrophe annoncée ici et là sur les réseaux sociaux, probablement par des internautes qui n’ont pas vu le film d’ailleurs, et s’avère plus convaincant à l’écran que les deux Boule & Bill, les trois Ducobu, Les Bidochon de Serge Korber (vous vous souvenez ? Arthur jouait dedans et il n’aime pas qu’on le lui rappelle), Benoît Brisefer : Les Taxis rouges de Manuel Pradal (ouh là la), Gaston Lagaffe de Pierre-François Martin-Laval (pfiooooou !) et Les Aventures de Spirou et Fantasio d’Alexandre Coffre (bah bah bah…) et d’autres fleurons du genre.

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Test Blu-ray / La Vengeance d’un acteur, réalisé par Kon Ichikawa

LA VENGEANCE D’UN ACTEUR (Yukinojo henge) réalisé par Kon Ichikawa, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er décembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Kazuo Hasegawa, Fujiko Yamamoto, Ayako Wakao, Eiji Funakoshi, Narutoshi Hayashi, Eijiro Yanagi, Chusha Ichikawa, Ganjiro Nakamura…

Scénario : Daisuke Itō, Teinosuke Kinugasa & Natto Wada, d’après le roman de Otokichi Mikami

Photographie : Setsuo Kobayashi

Musique : Yasushi Akutagawa

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Au cours d’une de ses représentations, l’acteur Yukinojo Nakamura reconnait dans le public le seigneur Dobé et deux de ses complices. Ce sont les hommes qui ont conduit son père à la faillite, et provoqué le suicide de ses parents. Yukinojo va pouvoir venger ses parents.

Que l’on soit adepte ou pas du cinéma japonais classique, on ne peut être que subjugué par la beauté incommensurable de La Vengeance d’un acteurYukinojo henge, réalisé en 1963 par l’éclectique et prolifique Kon Ichikawa (1915-2008), connu en France pour Kokoro (1955), La Harpe de BirmanieBiruma no tategoto (1956), Les Feux dans la plaineNobi (1959) et Seul sur l’océan PacifiqueTaiheiyo hitori-botchi (1963). Kon Ichikawa, c’est presque cent longs-métrages, séries télévisées et documentaires, téléfilms et courts-métrages tournés sur une période incroyable de 70 ans, puisque le cinéaste exercera son métier quasiment jusqu’à sa mort. Influencé par Walt Disney (il commencera sa carrière comme dessinateur) et Jean Renoir, Kon Ichikawa était souvent considéré comme un simple yes-man, un faiseur comme on le dit vulgairement. Pourtant, si l’on devait rapprocher le réalisateur de ses confrères américains, il serait indubitablement l’équivalent d’un Sidney Lumet, d’un Robert Wise ou d’un Richard Fleischer, qui bien que sous contrat avec de gros studios, passaient d’un genre à l’autre et enchaînaient les films sans aucun complexe, avec un savoir-faire colossal, une profonde connaissance du cinéma et surtout qui s’appropriaient le sujet qu’on leur proposait pour l’inscrire dans leur filmographie à travers des motifs, des thèmes, une sensibilité particuliers et uniques. Même chose donc pour Kon Ichikawa qui signe – et se voit d’ailleurs imposer le projet par la Daiei en raison du résultat décevant de ses derniers longs-métrages – avec La Vengeance d’un acteur, par ailleurs remake d’un triptyque éponyme mis en scène en 1935 par Teinosuke Kinusaga et – chose surprenante – déjà interprété par Kazuo Hasegawa (ici dans son avant-dernière apparition au cinéma et son 300è film !) sous le nom de Chōjirō Hayashi, l’un ses opus phares et surtout un immense chef d’oeuvre.

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