Test DVD / Les Tueurs de San Francisco, réalisé par Ralph Nelson

LES TUEURS DE SAN FRANCISCO (Once a Thief) réalisé par Ralph Nelson, disponible en DVD depuis le 29 août 2018 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Alain Delon, Ann-Margret, Van Heflin, Jack Palance, John Davis Chandler, Jeff Corey, Steve Mitchell, Tammy Locke…

Scénario : Zekial Marko, d’après son roman « Scratch A Thief »

Photographie : Robert Burks

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Eddie Pedak, un ancien détenu, goûte aux joies d’une vie normale : il a une femme, une fille et un bateau. Un inspecteur de police le persécute, ainsi que son frère, qui a besoin de lui pour un coup.

Pour Alain Delon, tout s’est enchaîné très vite. Trois ans après sa première apparition au cinéma dans Quand la femme s’en mêle (1957) d’Yves Allégret, il devient une star planétaire avec Plein Soleil de René Clément et enchaîne directement avec Rocco et ses frères Rocco e i suoi fratelli, sa première collaboration avec Luchino Visconti. Il enchaîne alors les succès, séduit à la fois la critique et le public, tout en alternant les films d’auteur et les divertissements populaires. De Michelangelo Antonioni (L’Éclipse L’Eclisse) à Henri Verneuil (Mélodie en sous-sol), en passant par Alain Cavalier (L’Insoumis) et Christian-Jaque (La Tulipe Noire), Alain Delon est partout, le mythe vivant est en route. Il n’en fallait pas plus pour qu’Hollywood lui fasse les yeux doux. Après une première expérience en anglais dans La Rolls-Royce jaune The Yellow Rolls-Royce, film britannique à sketches réalisé par Anthony Asquith et sorti en 1964, le comédien s’envole pour rejoindre la côte ouest des Etats-Unis pour y tourner Les Tueurs de San Francisco Once a Thief. Méconnu dans la prolifique et exceptionnelle carrière d’Alain Delon, ce remarquable film noir est un vrai bijou, remarquablement mis en scène par Ralph Nelson (1916-1987). Habitué des séries télévisées dans les années 1950, ce dernier se tourne progressivement et avec réussite vers le cinéma la décennie suivante avec Requiem pour un champion (1962) avec Anthony Quinn et Mickey Rooney, Les Lys des champs (1963) avec Sidney Poitier, La Dernière bagarre (1963) avec Steve McQueen, Le Crash mystérieux (1964) avec Glenn Ford. Les stars font confiance à Ralph Nelson, habile, voire virtuose technicien, avec lequel les acteurs s’entendent bien. Un an après Grand méchant loup appelle Father Goose, dans lequel Cary Grant donnait la réplique à Leslie Caron, le réalisateur change de registre et passe donc de la comédie d’aventure au film noir pur et dur avec Les Tueurs de San Francisco, sur lequel tous les amateurs du genre devraient se précipiter ne serait-ce que pour voir Alain Delon manier la langue de Shakespeare, ce dont il s’acquitte avec élégance, mais aussi pour le voir donner la réplique à Ann-Margret, Van Heflin et Jack Palance.

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Test Blu-ray / Le 2e Amendement, réalisé par Brian Skiba

LE 2E AMENDEMENT (The 2nd) réalisé par Brian Skiba, disponible en DVD et Blu-ray le 14 avril 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Ryan Phillippe, Casper Van Dien, Jack Griffo, Lexi Simonsen, Richard Burgi, William Katt, Samaire Armstrong, William McNamara…

Scénario : Eric Bromberg & Paul Taegel

Photographie : Adam Biddle

Musique : Richard Patrick

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Alors qu’il récupère son fils à l’université, l’agent des services secrets Vic Davies se retrouve au milieu d’une opération terroriste. Seul contre tous, il doit alors mobiliser tous ses talents…

Oh, un fight entre deux has-been des années 1990 ! D’un côté, Ryan Phillippe, né en 1974, connu pour avoir joué chez les frères Scott, chez Tony dans USS Alabama (1995), chez Ridley dans Lame de fond White Squall (1996), dans les petits classiques Souviens-toi…l’été dernier I Know What You Did Last Summer (1997) et Sexe intentions Cruel Intentions de Roger Kumble (1999), ainsi que dans les sympathiques Studio 54 (1998) de Mark Christopher et Way of the Gun (2000) de Christopher McQuarrie. Après quelques apparitions chez Robert Altman (Gosford Park), Paul Haggis (Collision Crash) et Clint Eastwood (Mémoires de nos pères Flags of Our Fathers), le comédien, ex-monsieur Reese Witherspoon et père de deux de ses enfants, a surtout fait parler de lui pour avoir enchaîné les histoires avec des actrices de dix, quinze voire vingt ans de moins que lui. Pour la série Shooter (2016-2018) aussi c’est vrai, soyons honnêtes. De l’autre côté on trouve Casper Van Dien, né en 1968, découvert dans Starship Troopers (1997) de Paul Verhoeven et l’année suivante dans Tarzan et la Cité perdue Tarzan and the Lost City de Carl Schenkel, dans lequel il interprétait l’homme-singe en pagne et qui arborait ses tablettes de chocolat difficilement obtenues dans un club de gym de la jungle. A part le Sleepy Hollow (1999) de Tim Burton et – à la rigueur – Battle Angel de Robert Rodriguez vingt ans plus tard, il n’y a absolument rien d’autre à sauver de sa filmographie, pourtant conséquente. On était donc curieux, un peu pervers aussi sans doute, de découvrir Le 2e Amendement The 2nd de Brian Skiba, réalisateur prolifique, dont « l’oeuvre » semble destinée au fin fond des bacs vidéo et aux multiples diffusions sur la TNT. Le metteur en scène de titres aussi « évocateurs » comme Dans les griffes de mon beau-père, Une grossesse manipulée, Dangereuse infidélité, Des vacances en enfer et divers films de Noël, livre avec Le 2e Amendement un Die Hard de chez Wish, grossièrement réalisé avec peu de moyens, tout juste divertissant si le spectateur n’est pas très regardant sur la qualité de ce qu’on lui propose.

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Test Blu-ray / Godzilla vs. Kong, réalisé par Adam Wingard

GODZILLA VS. KONG réalisé par Adam Wingard, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD + Blu-ray 3D + Blu-ray – Édition Limitée SteelBook le 7 juillet 2021 chez Warner Bros.

Acteurs : Alexander Skarsgård, Millie Bobby Brown, Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Shun Oguri, Eiza González, Julian Dennison, Lance Reddick, Kyle Chandler, Demián Bichir…

Scénario : Eric Pearson & Max Borenstein

Photographie : Ben Seresin

Musique : Junkie XL

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète.

Cela faisait près de soixante ans que ces deux titans Alpha ne s’étaient pas affrontés. En effet, il faut remonter à 1962 pour retrouver un King Kong contre Godzilla, réalisé par Ishiro Honda, metteur en scène du Godzilla original, celui de 1954. Immense succès de l’époque, il s’agissait du premier film de la franchise en couleurs, alors que le personnage de King Kong venait d’être racheté par la Toho à la RKO Pictures. Ce sera le plus grand triomphe au box-office de la saga, qui attirera plus de dix millions de japonais dans les salles. On est donc loin du Godzilla – ou Gojira pour les intimes – premier du nom, le monstre expiatoire, l’icône populaire, symbole du trauma collectif japonais né dix ans après les bombes qui ont ravagé Nagasaki et Hiroshima. Godzilla symbolise l’émergence d’un genre à lui tout seul, le Kaigu eiga, «  le cinéma de monstre  », qui allait engendrer près de trente suites dans lesquelles la créature sera confrontée à Mothra, Hedora, Gigan, Megalon, Mecanik Monster, Biollante, King Ghidorag, Mechagodzilla, Space Mechagodzilla, Destroyah, Megaguirius. De son côté, Kong s’est toujours fait plus discret au cinéma. Sans tenir compte des copies, des parodies et autres ersatz, Godzilla vs. Kong est le dixième film ayant King Kong en vedette. Apparu au cinéma en 1933 devant la caméra de Merian C. Cooper et Ernest Schoedsack, le gorille géant a également tenu l’affiche du Fils de Kong, réalisé la même année par Ernest Schoedsack en solo, de King Kong Appears in Edo, film japonais aujourd’hui perdu (1938), de King Kong contre Godzilla (1962) de Ishirô Honda, de La Revanche de King Kong (1967) encore une fois mis en scène par Ishirô Honda avec Rawkin Arthur. Il faudra attendre 1976 pour que King Kong fasse son retour à Hollywood devant la caméra de John Guillermin, dans lequel le dieu Kong s’éprenait (et on le comprend) de Jessica Lange et l’emmenait au sommet du World Trade Center. Dix ans plus tard, John Guillermin remettait ça avec Charles McCracken avec son King Kong 2. En 2005, Peter Jackson embarquait Naomi Watts et Adrien Brody sur l’île de Kong, tandis qu’Andy Serkis interprétait le personnage principal en motion-capture. En 2014, Warner Bros. (distributeur) et Legendary Pictures (producteur) lancent le MonsterVerse, en partenariat avec la Toho, toujours détentrice des droits sur Godzilla. Plusieurs films sont annoncés avec ce personnage, un autre avec King Kong, le but étant de les réunir à l’écran et de les voir se mettre sur la tronche. La suite, on la connaît. Godzilla de Gareth Edwards sort en 2014, Kong : Skull Island de Jordan Vogt-Roberts en 2017 et Godzilla 2 : Roi des monstres de Michael Dougherty en 2019. Trois opus qui amassent près d’1,5 milliard de dollars dans le monde entier, qui prouvent encore la notoriété des deux monstres. Si la qualité est relative et les recettes déclinantes sur le sol de l’Oncle Sam, Godzilla vs. Kong peut enfin voir le jour.

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Test 4K UHD / Space Jam, réalisé par Joe Pytka

SPACE JAM réalisé par Joe Pytka, disponible en Édition Titans of Cult – SteelBook 4K Ultra HD + Blu-ray + goodies le 7 juillet 2021 chez Warner Bros.

Acteurs : Michael Jordan, Wayne Knight, Theresa Randle, Manner Washington, Eric Gordon, Penny Bae Bridges, Brandon Hammond, Larry Bird, Bill Murray, Thom Barry, Danny DeVito…

Scénario : Leo Benvenuti, Steve Rudnick, Timothy Harris & Herschel Weingrod

Photographie : Michael Chapman

Musique : James Newton Howard

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1996

LE FILM

Panique au pays des Looney Tunes ! Les affreux Monstars, venus de l’espace, sont venus kidnapper Bugs Bunny et ses amis pour les emmener dans un parc d’attractions extra terrestre ! Seule chance pour nos héros d’échapper à leur sort : battre les Monstars au basket-ball. Mais face aux super-pouvoirs des extra terrestres, Bugs, Daffy, Titi et les autres n’ont plus qu’un espoir : faire jouer dans leur équipe le plus grand basketteur de tous les temps : Michael Jordan en personne !

Profitant d’une première (fausse) retraite entre 1993 et 1995, Michael Jordan, alors âgé de 30 ans, s’essaye au cinéma dans Space Jam, réponse tardive de la Warner Bros Animation à Qui veut la peau de Roger Rabbit de Robert Zemeckis pour le compte de Walt Disney Pictures, film mêlant des images réelles avec des personnages animés, en l’occurrence ici les Looney Tunes, que le plus grand joueur de basket-ball de tous les temps avait d’ailleurs déjà côtoyé en 1993 dans une publicité pour Nike. Dans ce spot, Michael Jordan et Bugs Bunny jouaient au basketball ensemble contre d’autres protagonistes dessinés. Produit par Ivan Reitman, Space Jam, ou Basket Spatial chez nos amis québécois, reprend exactement la même « trame » que la publicité. Le réalisateur Joe Pytka (né en 1938), spécialisé dans les clips vidéo (The Way You Make Me Feel, Dirty Diana et Heal the World de Michael Jackson), est appelé pour mettre en scène le film. De leur côté, les animateurs s’acharnent pour créer l’interaction entre Bugs Bunny et ses amis, avec Michael Jordan et Bill Murray dans leur propre rôle.

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Test Blu-ray / Les Copains d’abord, réalisé par Lawrence Kasdan

LES COPAINS D’ABORD (The Big Chill) réalisé par Lawrence Kasdan, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 24 février 2021 chez BQHL Éditions.

Acteurs : Tom Berenger, Kevin Kline, William Hurt, Glenn Close, Mary Kay Place, Jeff Goldblum, JoBeth Williams, Meg Tilly, Don Galloway…

Scénario : Barbara Benedek & Lawrence Kasdan

Photographie : John Bailey

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1983

LE FILM

Inséparables pendant leurs études dans les années 1960, Sam, Sarah, Michael, Karen et les autres se retrouvent une douzaine d’années ans plus tard, le temps d’un week-end, réunis en la mémoire d’Alex, le meilleur de la bande, qui vient de se suicider. Des huit, ils n’en restent plus que sept, tous profondément troublés par la disparition prématurée de leur ami. Tandis que les heures s’écoulent, les gestes d’autrefois reprennent le dessus. On réécoute des musiques familières, on s’étonne de ce qu’on est devenu, alors que ressurgissent désirs oubliés et vieilles jalousies…

Les Copains d’abordThe Big Chill est le deuxième long-métrage de Lawrence Kasdan (né en 1949), après La Fièvre au corpsBody Heat. Il est assez étonnant de constater qu’après avoir travaillé sur les scénarios des épisodes V et VI de Star Wars ou encore du blockbuster Les Aventuriers de l’arche perdueRaiders of the Lost Ark, Lawrence Kasdan réalise ce film choral intimiste mettant en scène les retrouvailles d’une bande d’amis. Ce long-métrage marque un changement de registre dans sa carrière, puisqu’il se spécialisera dans les drames et les westerns.

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Test Blu-ray / Le Conseiller, réalisé par Alberto De Martino

LE CONSEILLER (Il consigliori) réalisé par Alberto De Martino, disponible en combo DVD/Blu-ray – vendu uniquement avec le film Napoli sapa de William Howkins – depuis le 26 mai 2021 chez Studiocanal.

Acteurs : Tomás Milián, Martin Balsam, Francisco Rabal, Dagmar Lassander, Perla Cristal, Carlo Tamberlani, Manuel Zarzo, John Anderson, Franco Angrisano…

Scénario : Adriano Bolzoni, Alberto De Martino, Vincenzo Flamini & Leonardo Martin

Photographie : Joe D’Amato & Rafael Pacheco

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h42

Date de sortie initiale: 1973

LE FILM

Thomas vient de quitter la Mafia pour retourner défendre Don Antonio Macaluso, le chef de la pègre de San Francisco. Son rival, Garofalo, est bien déterminé à usurper son poste et une bataille sanglante s’ensuit. Don Antonio en sort vainqueur, ce qui lui confère le contrôle des opérations de la côte ouest.

Alberto de Martino (1929-2015) a fait des études de droit. Une fois son diplôme en poche, il décide de se lancer dans le cinéma. Il devient figurant puis jeune acteur. Par la suite, il passe derrière la caméra en assistant des réalisateurs (dont Sergio Leone sur Il était une fois…la révolution) et en travaillant sur des documentaires. Son expérience l’amène à devenir scénariste et cinéaste dans les années 60. Il met en scène des longs-métrages aux genres extrêmement variés : péplum, western, épouvante, espionnage, guerre, giallo, horreur et science-fiction. Parmi les films les plus populaires de sa filmographie, nous pouvons citer par exemple Holocauste 2000 et L’AntéchristL’anticristo. En 1973, il réalise Le ConseillerIl consigliori un polar qui place la mafia italienne au centre de l’histoire.

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Test Blu-ray / Mission 633, réalisé par Walter Grauman

MISSION 633 (633 Squadron) réalisé par Walter Grauman, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juillet 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Cliff Robertson, George Chakiris, Maria Perschy, Harry Andrews, Donald Houston, Michael Goodlife, John Meillon, John Bonney…

Scénario : James Clavell & Howard Koch, d’après le roman de Frederik E. Smith

Photographie : Edward Scaife

Musique : Ron Goodwin

Durée : 1h35

Année de sortie : 1964

LE FILM

En Norvège pendant la seconde Guerre Mondiale, la catastrophe est imminente : les services secrets britanniques ont repéré une usine de carburant, destinée à alimenter les fusées allemandes. Le commandant Bergman dispose de très peu de temps pour entraîner l’escadrille 633 en vue de la périlleuse mission qui attend ses hommes : détruire l’usine avant qu’il ne soit trop tard.

Les années 1960 ont vu fleurir moult films consacrés aux événements ayant marqué la Seconde Guerre mondiale. On peut citer en vrac L’enfer est pour les héros Hell is for Heroes de Don Siegel, bien évidemment Le Jour le plus long The Longest Day de Ken Annakin, Andrew Marton, Bernhard Wicki, Gerd Oswald et Darryl F. Zanuck, Les Canons de Navarone – The guns of Navarone de J. Lee Thompson, Les Maraudeurs attaquent Merrill’s Marauders de Samuel Fuller, La Grande Pagaille Tutti a casa de Luigi Comencini et La Grande Évasion The Great Escape de John Sturges. C’est ce dernier qui devait réaliser le film qui nous intéresse aujourd’hui, Mission 633 633 Squadron. Dès la fin des années 1950, le cinéaste prend en main le scénario avec l’aide de Rod Serling, créateur en 1959 de la mythique série La Quatrième dimension The Twilight Zone, tout en pensant offrir le rôle principal à Jack Lord (Les Détrousseurs d’Alan Rafkin). Mais John Sturges abandonne le projet au profit des Sept Mercenaires The Magnificent Seven, grandement inspiré du film japonais Les Sept Samouraïs réalisé par Akira Kurosawa en 1954. Mission 633 revient donc dans l’escarcelle du producteur américain Walter Mirisch, producteur exécutif des Sept Mercenaires, de L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann, de Deux sur la balançoire de Robert Wise et de La Grande évasion, qui emballé par le roman de Frederick E. Smith et voyant que les films de guerre ont fla cote auprès des spectateurs, reste convaincu du potentiel commercial du film. Ce sera finalement Walter Grauman (1922-2015), réalisateur américain jusqu’alors spécialisé dans les séries télévisées (L’Homme à la Rolls, Les Incorruptibles, Le Gant de velours, Perry Mason), qui ne compte qu’un seul long-métrage à son actif (La Sorcière du diableThe Disembodied en 1957), qui se voit confier les manettes de cette production confortable, au casting porté par Cliff Robertson (1923-2011), vu dans Picnic de Joshua Logan, Feuilles d’automne Autumn Leaves de Robert Aldrich, Les Nus et les Morts The Naked and the Dead de Raoul Walsh et Les Bas-fonds new-yorkais Underworld U.S.A. de Samuel Fuller, et George Chakiris, tout juste auréolé de l’Oscar et du Golden Globe du Meilleur acteur dans un second rôle pour West Side Story. Représentatif de son époque, Mission 633 n’a certes pas le prestige des grands classiques et chefs d’oeuvre du genre, il n’a d’ailleurs jamais eu la prétention de rivaliser avec eux, mais n’en demeure pas moins un excellent divertissement, mené sans temps mort, formidablement interprété et mis en scène avec beaucoup de savoir-faire. Et pour vous convaincre d’y jeter un coup d’oeil, sachez que le point culminant de 633 Squadron, autrement dit la scène où l’escadron vole à travers le fjord norvégien en évitant le feu des canons anti-aériens, inspirera George Lucas pour la séquence dite de la tranchée du tout premier Star Wars !

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Test Blu-ray / The Dare, réalisé par Giles Alderson

THE DARE réalisé par Giles Alderson, disponible en DVD et Blu-ray le 22 juillet 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Bart Edwards, Richard Brake, Richard Short, Alexandra Evans, Robert Maaser, Mitchell Norman, Harry Jarvis, Daniel Schutzmann, Devora Wilde…

Scénario : Giles Alderson & Jonny Grant

Photographie : Andrew Rodger

Musique : Mario Grigorov

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Jay passait une soirée tranquille chez lui avec sa femme et ses deux filles, jusqu’à ce qu’il se fasse assommer et kidnapper sous leurs yeux. À son réveil, il se retrouve dans une pièce aux allures de chambre de torture, en compagnie de trois autres personnes…

On ne sait pas grand-chose sur The Dare, production Millenium Films, premier long-métrage mis en scène par le britannique Giles Alderson (né en 1977), également monteur, comédien, assistant-réalisateur, scénariste et producteur. Auteur d’une dizaine de courts-métrages, d’un documentaire (World of Darkness) et d’une série télévisée (The Girl Whisperer), il passe le cap du long format avec The Dare, film d’épouvante tourné en Bulgarie, qui a reçu le Prix du public lors de la cérémonie des Popcorn Frights, le plus gros festival américain consacré aux films de genre. Si l’on ne misait pas un kopeck sur cette énième variation de Saw, du moins c’est ce que l’on pouvait penser en voyant la bande-annonce quasi-exclusivement centrée sur les tortures infligées aux personnages, on est au final relativement surpris et même plutôt emballé par The Dare, qui parvient à contenter les spectateurs avides d’émotions fortes, mais aussi ceux qui demandent un brin de psychologie et d’émotions en plus. Au-delà d’une réalisation très soignée, pour ne pas dire élégante, le film rend compte aussi de la solide direction d’acteurs de Giles Alderson. Point de comédiens ersatz de vedettes ou de stars de chez Wish, ils sont tous ici impeccables, en premier lieu l’excellent Richard Brake, que les cinéphiles/phages auront déjà remarqué dans Le Dahla noir de Brian De Palma, chez Rob Zombie (Halloween 1 et 2, 31, 3 from Hell), Les Frères Sisters The Sisters Brothers de Jacques Audiard, Mandy de Panos Cosmatos, mais qui restera pour beaucoup le Roi de la nuit de la série Game of Thrones. Toujours est-il que si vous cherchez un bon film d’horreur pour l’été, rapide, efficace, pas bête et flippant, The Dare est fait pour vous.

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Test Blu-ray / Les Enfants terribles, réalisé par Jean-Pierre Melville

LES ENFANTS TERRIBLES réalisé par Jean-Pierre Melville, disponible en DVD et Blu-ray en édition Édition 70ème anniversaire – Coffret collector limité le 16 juin 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Nicole Stéphane, Edouard Dermithe, Renée Cosima, Jacques Bernard, Melvyn Martin, Maria Cyliakus, Jean-Marie Robain, Maurice Revel…

Scénario : Jean Cocteau & Jean-Pierre Melville, d’après le roman de Jean Cocteau

Photographie : Henri Decaë

Musique : Johann Sebastian Bach & Antonio Vivaldi

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Paul et Elisabeth sont frère et soeur. Entre eux, existe un lien étrange et exclusif, qui peut les amener à refuser la présence des autres. Dans la demeure familiale, ils ont un bien à eux : leur chambre. Celle-ci est un véritable sanctuaire où trône un « trésor » chargé d’une signification également connue d’eux seuls. Élisabeth rencontre Michaël et l’épouse, mais, le jour suivant, il meurt lors d’un accident…

Contrairement à ce que beaucoup de cinéphiles ont encore souvent tendance à penser, Les Enfants terribles n’est pas réalisé par Jean Cocteau (1889-1963), mais par Jean-Pierre Melville (1917-1973), dont il s’agissait de la première œuvre de commande. Il est vrai que ce drame, évidemment adapté du livre éponyme, le plus connu de son auteur, écrit en une semaine durant une période de sevrage d’opiacé, et publié en 1929, est guère représentatif du metteur en scène du Deuxième souffle (1966), du Samouraï (1967), de L’Armée des ombres (1969) ou bien encore du Cercle rouge (1970). Pourtant, ces deux univers et sensibilités disparates, que l’on pensait incompatibles, ont bel et bien débouché sur ce projet commun. Si Jean-Pierre Melville reste bien le réalisateur sur ce film, le scénario et la transposition ont été signés par les deux hommes, tandis que Jean Cocteau prête sa voix inimitable au narrateur des Enfants terribles version cinéma et écrit les dialogues. Soixante-dix ans après sa sortie, on ne peut pas dire que les années ont été douces pour ce psychodrame disons-le pompeux, souvent insupportable, où le surjeu (ou le non-jeu, c’est selon) des deux têtes d’affiche, Edouard Dermit (petit mignon de Cocteau, qui était aussi son fils adoptif, imposé à Melville par l’artiste) et Nicole Stéphane, en tout point irritants, bien trop âgés pour incarner les personnages (ou comment jouer un ado quand on a déjà 25 ans), a raison de notre patience, en passant leur temps à se crier dessus ou à imiter des gamins de 10 ans qui s’engueulent tout le temps. Si l’on peut sauver à la rigueur la superbe photographie d’Henri Decaë (Un château en enfer, Flic ou voyou, La Tulipe Noire), il n’est pas certain que celles et ceux qui avaient déjà pu être réfractaires aux Enfants terribles lors d’une précédente projection lui trouvent de nouvelles qualités. Quant à ceux qui ne l’auraient jamais vu, bonne chance à eux et armez-vous de café noir.

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Test Blu-ray / Bubble Bath, réalisé par György Kovásznai

BUBBLE BATH (Habfürdő) réalisé par György Kovásznai, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 juin 2021 chez Extralucid Films.

Acteurs : Katalin Dobos, Katalin Bontovics, Albert Antalffy, István Wisinger, Anna Papp, Tamás Berki, Kornél Gelley, Lenke Lorán, Arany Szögi, Vera Venczel…

Scénario : György Kovásznai

Photographie : Árpád Lossonczy

Musique : János Másik

Durée : 1h17

Année de sortie : 1979

LE FILM

Un homme sur le point de se marier se rend compte qu’il est en fait amoureux de l’amie de sa fiancée.

Voilà un résumé de film simple, concis, efficace, rapide, sobre et il n’y a pas besoin de faire plus. Nous parlons ici de Bubble Bath, ou bien Habfürdö si vous parlez hongrois, ce qui est peu probable, ou bien encore Foam Bath, titre international alternatif. Bref, Le Bain de mousse est le seul long-métrage d’animation de György Kovásznai (1934-1983), peintre, musicien et réalisateur, ancien des Beaux-Arts de Budapest (où il est né), qui avait dû abandonner ses études à l’âge de 20 ans pour trouver du travail. Il devient alors mineur et découvre le monde ouvrier, ainsi que les désillusions, la fatigue, le renoncement, l’acceptation, la frustration qui l’accompagnent. S’il parvient à reprendre ses études, cela n’est que momentané, puisque György Kovásznai est renvoyé avant même d’être diplômé. A la fin des années 1950 et ce jusqu’en 1975, il devient rédacteur en chef et chroniqueur d’une importante revue hongroise artistique et littéraire, Nagyvilag. Il y publie des critiques et quelques-unes de ses œuvres picturales. Parallèlement, il organise des rassemblements artistiques alors peu autorisés et profite de ses contacts auprès d’écrivains et critiques littéraires. A la fin des années 1960, György Kovásznai commence à travailler au Pannonia Film Studio, le principal studio de cinéma d’animation de Hongrie. Il y officie premièrement en tant qu’auteur, mais devient très vite réalisateur de ses propres films. Jusqu’à sa mort prématurée à l’âge de 49 ans en 1983 (en raison d’une leucémie), György Kovásznai allait mettre en scène 26 courts-métrages, une mini-série télévisée et surtout un long-métrage d’animation musical, Bubble Bath. Ce dernier compile tout le génie et le talent de son auteur, mêlant à la fois l’animation traditionnelle, la stop-motion, le papier découpé et les séquences live. Vibrant, lumineux, explosif, magique, poétique, coloré comme un trip sous LSD, Bubble Bath convie le spectateur dans un monde unique et l’invite à s’y perdre, à laisser tomber ses repères, pour se laisser porter et entrer dans une danse étourdissante.

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