ASTÉRIX ET OBÉLIX CONTRE CÉSAR réalisé par Claude Zidi, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 27 septembre 2023 chez Pathé.
Acteurs : Christian Clavier, Gérard Depardieu, Roberto Benigni, Michel Galabru, Laetitia Casta, Claude Piéplu, Daniel Prévost, Pierre Palmade, Arielle Dombasle, Sim, Marianne Sägebrecht, Gottfried John, Jean-Pierre Castaldi, Jean-Roger Milo, Jean-Jacques Devaux, Michel Muller…
Scénario : Claude Zidi & Gérard Lauzier, d’après la bande dessinée de René Goscinny & Albert Uderzo
Photographie : Tony Pierce-Roberts
Musique : Jean-Jacques Goldman & Roland Romanelli
Durée : 1h50
Date de sortie initiale : 1999
LE FILM
Vers 50 avant Jésus-Christ, tandis que toute la Gaule est occupée, seul un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur romain et défie les augustes légions de César. Pour comble, voilà que ces rebelles s’emparent de la recette des impôts, alors que César est en route pour envahir la Bretagne. Cet affront à la « pax romana » fait peu l’affaire de Détritus, le gouverneur de la région, car Astérix, Obélix et leurs concitoyens, tous unis derrière leur chef Abraracourcix lorsqu’il s’agit d’aller se battre contre les Romains, sont fort susceptibles. La potion magique de leur druide Panoramix les rend invincibles…
Astérix et Obélix contre César a été en son temps, il y a près d’un quart de siècle donc, le film français de tous les records, ou presque. Plus de 270 millions de francs (soit plus de 40 millions d’euros) de budget, des centaines de figurants, le plus grand succès au box-office de l’année 1999 – devant Tarzan de Disney, La Menace fantôme, Matrix, Coup de foudre à Notting Hill… – avec près de 9 millions de spectateurs rien que dans l’Hexagone, 3,5 millions en Allemagne, 3 millions en Espagne, 2 millions en Italie…Une affaire très lucrative en dépit de critiques on ne peut plus tièdes voire glaciales qui l’ont accompagné à sa sortie. Co-production franco-italo-allemande, Astérix et Obélix contre César est aussi devenu le plus grand triomphe de la carrière exceptionnelle de Claude Zidi (le film ayant été aussi envisagé avec Jean-Marie Poiré à la barre), qui s’est vu confier par Claude Berri, la première adaptation cinématographique en prise de vues réelles de la bande dessinée Astérix écrite par Albert Uderzo et René Goscinny, après deux projets qui n’avaient jamais vu le jour, le premier par Claude Lelouch, le second avec Louis de Funès. Éminemment populaire, cet opus d’Astérix version live est passé quelque peu dans l’ombre suite au raz-de-marée trois ans plus tard d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, même si l’épisode concocté par Claude Zidi lui reste supérieur en termes d’entrées à l’étranger avec 16 millions de spectateurs contre 10 millions. Après la déconvenue d’Astérix aux Jeux olympiques (2008), d’Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012) et d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (2023), le premier volet a su être reconsidéré et détient aujourd’hui de nombreux aficionados qui le défendent et le considèrent même de meilleure qualité que la colossale seconde aventure. S’il y a définitivement des éléments qui coincent, d’autres non négligeables participent à la réussite d’Astérix et Obélix contre César qui marque une étape dans le cinéma bien de chez nous.
ROBUSTE réalisé par Constance Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.
Acteurs : Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena, Lucas Mortier, Megan Northam, Florence Janas, Steve Tientcheu, Théodore Le Blanc, Sébastien Pouderoux…
Scénario : Constance Meyer & Marcia Romano
Photographie : Simon Beaufils
Musique : Babx
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.
C’est un fait, Gérard Depardieu n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se retrouve face à une femme qui a du tempérament (Catherine Deneuve, Fanny Ardant…), bien qu’il ait été très rarement dirigé par une réalisatrice (Florence Quentin, Anne Fontaine, Karine Silla-Pérez, Fanny Ardant encore une fois), non, nous ne parlerons pas de Marguerite Duras…En creusant un peu la filmographie du dernier monstre sacré du cinéma hexagonal (250 films répertoriés sur IMDB), par ailleurs toujours aussi actif à bientôt 74 ans, on découvre qu’il a participé à une poignée de courts-métrages, une douzaine tout au plus, dont trois avec la même metteuse en scène, Constance Meyer, Franck-Étienne vers la béatitude (2012), Rhapsody (2016) et La Belle affaire (2018). Pour son premier long-métrage, cette dernière, qui avait officié comme assistante sur Bellamy (2009) de Claude Chabrol et sur L’Autre Dumas (2010) de Safy Nebbou, s’est tout naturellement tournée vers Gérard Depardieu, et l’a pour ainsi dire construit autour de lui, créé pour celui qui n’aura eu de cesse de l’accompagner au fil de sa carrière depuis dix ans. Robuste est autant une comédie-dramatique sur la rencontre de deux solitaires, qu’un portrait en filigrane de notre Gégé (inter)national, qu’on ne se lassera jamais de regarder, d’admirer, d’écouter aussi bien sûr. Splendide du début à la fin, entier, terrien et pourtant d’une délicatesse à fleur de peau, le comédien donne une fois de plus la réplique à la jeune génération avec une générosité débordante et partage l’affiche avec Déborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son premier film, Divines, revue depuis dans Roulez jeunessede Julien Guetta et Les Invisibles de Louis-Julien Petit, qui lui tient la dragée haute. Fragiles comme du cristal et solides comme un roc, les deux personnages principaux vont tout d’abord se jauger, avant de s’apprivoiser et de devenir complices. Si le propos n’est sans doute pas nouveau, la mouture élégante de Robuste, la très belle photographie de Simon Beaufils (Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Sibyl de Justine Triet, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez) et l’alchimie évidente des deux acteurs emportent facilement l’adhésion.
MAIGRET réalisé par Patrice Leconte, disponible en DVD et Blu-ray le 23 juin 2022 chez M6 Vidéo.
Acteurs : Gérard Depardieu, Jade Labeste, Mélanie Bernier, Aurore Clément, Bertrand Poncet, Clara Antoons, Anne Loiret, André Wilms, Elizabeth Bourgine…
Scénario : Jérôme Tonnerre & Patrice Leconte, d’après le roman Maigret et la Jeune Morte de Georges Simenon
Photographie : Yves Angelo
Musique : Bruno Coulais
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Maigret enquête sur la mort d’une jeune fille. Rien ne permet de l’identifier, personne ne semble l’avoir connue, ni se souvenir d’elle. Il rencontre une délinquante, qui ressemble étrangement à la victime, et réveille en lui le souvenir d’une autre disparition, plus ancienne et plus intime…
En dehors de Jean Richard et de Bruno Cremer qui ont su marquer l’esprit des téléspectateurs en l’incarnant respectivement 23 ans et 14 ans, le Commissaire divisionnaire Maigret prend immédiatement les traits de Jean Gabin dans l’inconscient collectif concernant l’adaptation cinématographique des aventures du célèbre personnage créé par Georges Simenon. Le comédien l’aura interprété à trois reprises dans Maigret tend un piège (Jean Delannoy, 1958), Maigret et l’Affaire Saint-Fiacre (Jean Delannoy, 1959) et Maigret voit rouge (Gilles Grangier, 1963). Pourtant, Pierre Renoir (le premier Maigret du cinéma dans La Nuit du Carrefour de Jean Renoir, 1932), Harry Baur (La Tête d’un homme, 1932, de Julien Duvivier), Albert Préjean (Picpus, Les Caves du Majestic), Charles Laughton (L’Homme de la tour Eiffel, 1949, de Burgess Meredith) et même Michel Simon (Brelan d’as, 1952, d’Henri Verneuil), s’étaient entre autres déjà emparés de ce rôle mythique. Le commissaire Jules Maigret est un monument de la littérature mondiale. Créé en 1931 sous la plume de Georges Simenon, Maigret deviendra le héros de 75 romans et de 28 nouvelles écrits durant un peu plus de quarante ans, jusqu’en 1972. Après Jean Gabin, c’est au tour de l’italien Gino Cervi d’incarner le flic à la pipe dans Le Commissaire Maigret à Pigalle de Mario Landi (1966), mais aussi pour la petite lucarne, puis de l’allemand Heinz Rühmann dans Maigret fait mouche de Alfred Weidenmann, également sorti en 1966. Tout cela sans parler des transpositions à la télévision britannique avec tour à tour Rupert Davies, Michael Gambon et même Rowan Atkinson dans le rôle-titre. Quasiment soixante ans après Jean Gabin, qui d’autre que Gérard Depardieu pouvait se permettre de reprendre le flambeau ? Dans une archive, Georges Simenon décrivait ainsi sa « créature » « Il boit assez bien, (…) il aime beaucoup manger, (…). Maigret n’est pas un homme intelligent, il est uniquement intuitif, je dirais même que dans les tout premiers Maigret, il avait presque l’air bovin, c’est un type énorme, un peu pachyderme ». Qu’ajouter de plus ? Sobrement intitulé Maigret, le trentième long-métrage de Patrice Leconte, grand admirateur de Georges Simenon devant l’Éternel (on se souvient de Monsieur Hire), s’empare du roman Maigret et la Jeune Morte, prétexte pour plus se focaliser sur la personne du commissaire. Car Maigret est en effet moins une enquête policière qu’une radiographie complète du personnage. Le réalisateur observe son bloc de granite de 72 ans (au moment du tournage), le sculpte à la perfection en le faisant arborer la gabardine et sa pipe (même si dans ce cas précis, le toubib conseille à Maigret d’arrêter de fumer en raison de ses bronches encrassées) et le fait déambuler dans les rues parisiennes qu’il ne reconnaît plus, qui se transforment, tandis que lui-même commence à disparaître car devenu obsolète. Avant d’être définitivement absorbé par les pavés mouillés déchaussés comme les dents pourries d’un sans-le-sou, Maigret, rattrapé par l’âge, colosse aux pieds d’argile, ayant même perdu l’appétit, livre l’une de ses dernières enquêtes, tout en affrontant ses propres démons. Très grand film sur lequel plane également l’ombre du Dahlia noir de James Ellroy. Les amateurs de lecture noire et policière apprécieront, les autres aussi.
ILLUSIONS PERDUES réalisé par Xavier Giannoli, disponible en DVD et Blu-ray le 30 mars 2022 chez Gaumont.
Acteurs : Benjamin Voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, Xavier Dolan, Salomé Dewaels, Jeanne Balibar, André Marcon, Louis-Do de Lencquesaing, Gérard Depardieu, Jean-François Stévenin…
Scénario : Xavier Giannoli & Jacques Fieschi, d’après le roman d’Honoré de Balzac
Photographie : Christophe Beaucarne
Durée : 2h30
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Lucien est un jeune poète inconnu dans la France du XIXème siècle. Il a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il quitte l’imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice. Bientôt livré à lui-même dans la ville fabuleuse, le jeune homme va découvrir les coulisses d’un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. Une comédie humaine où tout s’achète et se vend, la littérature comme la presse, la politique comme les sentiments, les réputations comme les âmes. Il va aimer, il va souffrir, et survivre à ses illusions.
L’oeuvre dense d’Honoré de Balzac a toujours inspiré le cinéma et ce depuis les débuts du septième art. Toutefois, les adaptations réalisées pour le grand écran se faisaient rares. On peut évidemment citer La Belle Noiseuse (1991) et Ne touchez pas la hache (2007) de Jacques Rivette, Le Colonel Chabert (1994) d’Yves Angelo ou bien encore La Maison Nucingen (2008) de Raul Ruiz. Le hasard du calendrier fait que deux longs-métrages se sont récemment succédés, Eugénie Grandet de Marc Dugain et surtout Illusions perdues de Xavier Giannoli. Il faut remonter à 1966 et se tourner vers la télévision pour retrouver une transposition du roman d’apprentissage Illusions perdues, une mini-série dans laquelle Yves Rénier incarnait Lucien de Rubempré. Mais c’est tout ! Illusions perdues version 2021 part déjà sur une base aussi solide qu’excitante, avec la présence derrière la caméra de Xavier Giannoli, un de nos plus précieux auteurs, qui signe ici son huitième film en près de vingt ans. Le réalisateur des Corps impatients (2003), Une aventure (2005), Quand j’étais chanteur (2006), À l’origine (2009), Superstar (2012), Marguerite (2015) et L’Apparition (2018) s’associe avec le scénariste Jacques Fieschi pour la troisième fois de sa carrière, les deux collaborateurs s’appropriant le roman original, issu de l’ensemble dit de La Comédie humaine, qui rappelons-le avait été publié en trois parties, entre 1837 et 1843, Les Deux Poètes, Un grand homme de province de Paris (sur lequel le film se concentre essentiellement) et Les Souffrances de l’inventeur. Ce triptyque, pilier important dans l’oeuvre de Balzac, devient donc un film au souffle romanesque d’une durée colossale de 2h30, sans aucun temps mort, aux dialogues renversants, à la mise en scène virtuose et magistralement interprétée par un casting extraordinaire. Avec son quasi-million d’entrées au cinéma et son triomphe récent à la dernière cérémonie des César où il a remporté sept compressions, Illusions perdues est ce qu’on peut appeler un chef d’oeuvre instantané.
DES HOMMES réalisé par Lucas Belvaux, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez Ad Vitam.
Acteurs : Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Yoann Zimmer, Félix Kysyl, Édouard Sulpice, Fleur Fitoussi, Ahmed Hammoud…
Scénario : Lucas Belvaux, d’après le roman de Laurent Mauvignier
Photographie : Guillaume Deffontaines
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.
Cinéaste moraliste, mais jamais moralisateur, Lucas Belvaux n’a eu de cesse à travers ses films d’explorer les thèmes qui lui sont chers comme le mensonge, la lâcheté, le couple, la peur, les souvenirs, la culpabilité, en confrontant souvent deux êtres que tout oppose. Le réalisateur a su trouver plusieurs accroches liées à son cinéma dans le roman de Laurent Mauvignier (publié en 2009), Des hommes, lauréat à sa sortie du prix Virilo et celui des libraires. Des films sur la guerre d’Algérie, il en existe une flopée et ce depuis la fin des années 1950. On peut citer en vrac Le Petit Soldat (1960, mais interdit jusqu’en 1963) de Jean-Luc Godard, Adieu Philippine (1962) de Jacques Rozier, La Belle Vie (1964) de Robert Enrico, Muriel ou le Temps d’un retour (1964) d’Alain Resnais, Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo, R.A.S. (1973) d’Yves Boisset, et plus proche de nous La Trahison (2006) de Philippe Faucon, Mon colonel (2006) de Laurent Herbiet, L’Ennemi intime (2007) de Florent-Emilio Siri, Cartouches gauloises (2008) de Mehdi Charef et Loin des hommes (2014) de David Oelhoffen. Donc oui, le sujet n’a jamais été écarté du cinéma, bien au contraire. Pour Des hommes, Lucas Belvaux dévoile ce qui se cache derrière les silences, dissèque le traumatisme d’une poignée de personnages, un en particulier, celui de Bernard alias Feu-de-Bois, magistralement interprété par Gérard Depardieu, qui retrouve de sa superbe ici, comme dernièrement dans Les Confins du monde de Guillaume Nicloux et de Fahim de Pierre-François Martin-Laval. Magnétique, magnifique, imposant (euphémisme) au sens propre comme au figuré, le comédien crève l’écran du haut de ses 71 ans, et livre une fantastique prestation. Face à lui, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin ne sont pas en reste et l’on remarquera aussi la participation du jeune acteur belge Yoann Zimmer, dont nous avions déjà croisé le visage dans Été 85 de François Ozon, La Fille inconnue des frères Dardenne et Les Fauves de Vincent Mariette.
GÉRARD DE PAR LE MONDE : LE JAPON réalisé par Sébastien Fallourd, disponible en DVD le 17 juin 2020 chez ESC Editions.
Acteurs : Gérard Depardieu, Eriko Takeda…
Scénario : Sébastien Fallourd, sur une idée originale de Gérard Depardieu et de Sébastien Fallourd
Photographie : Sébastien Fallourd, John Gabriel Biggs
Musique : Racha Arodaky
Durée : 5 épisodes de 26 minutes
Date de sortie initiale : 2018
LA SÉRIE
Entre art, gastronomie et spiritualité, Gérard Depardieu sillonne l’archipel nippon à la rencontre d’un peuple profondément attaché à ses traditions, en laissant la part belle à l’imprévu.
En 2015, Arte avait proposé une série documentaire intitulée À pleines dents ! où Gérard Depardieu, accompagné du chef cuisinier Laurent Audiot, nous emmenait réaliser un voyage gastronomique. Durant deux saisons, ils voyageaient dans plusieurs pays, tels que la France, l’Écosse, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et l’Allemagne. Leur route, qui se terminait en Afrique dans la ville de Fès, nous fait découvrir les différentes cultures culinaires. Gérard Depardieu et Laurent Audiot dévoraient, cuisinaient, buvaient et allaient à la rencontre de personnages atypiques.
DEPARDIEU PAR MOCKY, trois courts-métrages réalisés par Jean-Pierre Mocky, disponible en DVD le 10 décembre 2019 chez ESC Editions.
Acteurs : Gérard Depardieu, Pierre Richard, Philippe Duquesne, Prescillia Andreani, Emmanuel Nakach…
Scénario : Jean-Pierre Mocky
Musique : Vladimir Cosma
Durée : 20 minutes + 12 minutes + 24 minutes
Date de sortie initiale : 2015
LES COURTS-MÉTRAGES
Malgré leurs quarante ans d’amitié, Gérard Depardieu et Jean-Pierre Mocky n’avaient jamais collaboré avant 2015. les écrits d’Anton Tchekov les ont finalement réuni à travers trois courts-métrages, du moins pour les deux premiers. Un triptyque formidable monté sur le nom de l’acteur, mais dont le premier vaut aussi et surtout pour ses retrouvailles à l’écran avec l’immense Pierre Richard. Drôles, gentiment paillards, tournés dans de superbes décors naturels, ces petits films mettent en valeur le talent gargantuesque de Gérard Depardieu, qui semble prendre beaucoup de plaisir à porter ces mini-histoires. Enfin, c’est aussi l’occasion d’écouter les fabuleuses partitions du grand Vladimir Cosma
Agafia (2015-20’).
Diffusé dans le programme Histoires Courtes proposé par France Télévisions, Agafia réunit le duo Gérard Depardieu – Pierre Richard presque trente ans après les trois célèbres comédies de Francis Veber, La Chèvre (1981), Les Compères (1983) et Les Fugitifs (1986). Agafia est une jeune femme russe, qui, comme toutes les femmes de son village, tombe amoureuse d’un vagabond qui vit dans la forêt avec son ami. Tourné dans de superbes paysages naturels et marqué par la beauté d’Olga Korotyayeva, Agafia offre à ses deux têtes d’affiche l’occasion de réaliser de beaux numéros, même si l’on ne peut s’empêcher de trouver le film beaucoup trop court. Mais ne boudons pas notre plaisir, d’autant plus qu’Agafia est également empreint d’une douceur et d’une sensibilité que l’on avait souvent tendance à oublier chez Jean-Pierre Mocky.
TENUE DE SOIRÉE réalisé par Bertrand Blier, disponible en Blu-ray le 1er janvier 2020 chez Studiocanal
Acteurs : Michel Blanc, Gérard Depardieu, Miou-Miou, Bruno Cremer, Michel Creton, Jean-François Stévenin, Mylène Demongeot, Jean-Pierre Marielle…
Scénario : Bertrand Blier
Photographie : Jean Penzer
Musique : Serge Gainsbourg
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 1986
LE FILM
Antoine est amoureux de la froide Monique qui le rabroue en permanence. Alors Antoine confie son désespoir à son copain Bob qui l’écoute avec beaucoup d’intérêt, car il est amoureux d’Antoine. C’est ainsi que débute cette histoire d’amour…
Regarde-toi dans mes
yeux, tu vas te trouver sublime.
Quand on visionne Tenue de soirée, on ne peut s’empêcher de trouver impressionnante toute cette poésie de chaque instant, que ces répliques crues renferment une immense sensibilité, et surtout que Bertrand Blier livre de fabuleux portraits de marginaux solitaires, furieusement en manque d’amour et de tendresse. Aujourd’hui, il serait impensable voire carrément impossible de refaire un film comme Tenue de soirée, « PUTAIN DE FILM ! », comme le scandait l’affiche d’exploitation. Enorme succès populaire en avril 1986 avec près de 3,2 millions de spectateurs, ce qui le place en seconde position dans le top du réalisateur derrière les 5,7 millions d’entrées des Valseuses en 1974, Tenue de soirée est une chronique amoureuse, mais aussi un drame psychologique et social, une comédie de mœurs comme pouvait l’être La Grande Bouffe (1973) de Marco Ferreri. Là où ce dernier avait fait scandale (euphémisme) au Festival de Cannes, le film de Bertrand Blier enthousiasmait alors la Croisette. Michel Blanc se voyait récompenser du Prix d’interprétation masculine, ex aequo avec Bob Hoskins pour Mona Lisa de Neil Jordan, par le Président du jury Sydney Pollack. Plus de trente ans après sa sortie, Tenue de soirée n’a absolument rien perdu de sa verve (et de sa verge), fait toujours grincer les dents et embarque les spectateurs pour un rollercoaster d’émotions sur un rythme effréné, de très belles images signées Jean Penzer et la musique balancée de Serge Gainsbourg (sa dernière pour le cinéma), où l’on reste pantois d’admiration pour le magnifique trio d’acteurs et les dialogues exceptionnels.
LE TUEUR réalisé par Denys de la Patellière, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 14 octobre 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Jean Gabin, Bernard Blier, Fabio Testi, Ushi Glas, Felix Marten, Jacques Richard, Gérard Depardieu, Ginette Garcin, Jacques Debary…
Scénario : Denys de La Patellière, Pascal Jardin
Photographie : Claude Renoir
Musique : Hubert Giraud
Durée : 1h28
Date de sortie initiale : 1972
LE FILM
Quand l’assassin Georges Gassot parvient à s’évader d’un asile, le commissaire Le Guen, responsable de son arrestation, se remet à sa poursuite. Toutefois, Le Guen doit, cette fois, s’adapter aux méthodes modernes de son supérieur François Le Tellier alors que Gassot tue de nombreuses personnes sur son passage.
Près de cent films tournés en cinquante ans, une carrière comme il n’y en aura probablement plus. Jean Gabin (1904-1976) restera l’un des comédiens français ayant attiré le plus de spectateurs dans les salles avec Fernandel, Louis de Funès, Jean-Paul Belmondo et Bourvil. Si l’on regarde en arrière, il collaborera la plupart du temps avec les cinéastes en qui il avait entièrement confiance, comme Julien Duvivier, Jean Renoir, Jean-Paul le Chanois, Henri Verneuil, Gilles Grangier, Jean Delannoy. L’une de ses associations les plus prolifiques de sa carrière reste celle démarrée à la fin des années 1950 avec le réalisateur Denis Dubois de La Patellière aka Denys de la Patellière (1921-2013). Six films réuniront le comédien et le metteur en scène : Les Grandes Familles (1958), Rue des prairies (1959), Le Tonnerre de Dieu (1965), Du Rififi à Paname (1966), Le Tatoué (1968) et Le Tueur (1972). Un tandem gagnant qui attirera près de 18 millions de français. Le dernier film qu’ils tourneront ensemble – et l’avant-dernier réalisé par Denys de la Patellière pour le cinéma – restera pourtant le vilain petit canard. Soyons honnêtes, Le Tueur est probablement l’un des plus mauvais films interprétés par Jean Gabin.
L’AFFAIRE DOMINICI réalisé par Claude Bernard-Aubert, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 22 mai 2019 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Jean Gabin, Victor Lanoux, Gérard Depardieu, Paul Crauchet, Geneviéve Fontanel, Henri Vilbert, Jacques Rispal, Jacques Richard, Gérard Darrieu, Daniel Ivernel, Jean-Paul Moulinot…
Scénario : Claude Bernard-Aubert, Daniel Boulanger, Louis-Emile Galey
Photographie : Ricardo Aronovitch
Musique : Alain Goraguer
Durée : 1h44
Date de sortie initiale : 1973
LE FILM
4 aout 1952, une chaude nuit en Haute Provence. Un triple meurtre : le père, la mère, la petite fille sont sauvagement assassinés. Ces 3 anglais sont tués en pleine campagne… À 500 mètres d’une ferme qui, du jour au lendemain, devient célèbre dans le monde entier : la grand’Terre. C’est le fief de Gaston Dominici, ancien berger, qui règne tel un seigneur sur ses terres, sur ses neuf enfants et dix neuf petits enfants. Au matin qui suit la tragédie, l’enquête commence…
Alors qu’il avait déclaré penser à arrêter le cinéma, Jean Gabin, à l’aube de ses 70 ans, endosse le costume de Gaston Dominici. Accusé d’un triple meurtre, condamné à mort par la cour de justice, le vieil homme avait ensuite été gracié six ans après par le général de Gaulle et avait pu rentrer chez lui, en homme libre. L’Affaire Dominici s’évertue à reprendre les faits et prône l’évidente innocence du protagoniste. Dans le rôle-titre, Jean Gabin livre une remarquable prestation. Peut-être même l’une de ses plus grandes. Son jeu reste d’une fraîcheur rare et le comédien, qui s’est alors grandement documenté pour entrer dans les bottes de son personnage, subjugue du début à la fin. Un grand film réalisé par Claude Bernard-Aubert.
Une petite fille anglaise, accompagnée de ses parents, rencontre un vieux paysan, occupé à faire paître ses chèvres. Ces personnes sont venues en pèlerinage à cet endroit d’où leur fils parachuté lors de la dernière guerre, n’est pas revenu. Et un geste du père à sa fille en direction du ciel, n’échappe pas au vieux Dominici. Les Anglais décident de passer, au bord de la route, une nuit qui s’annonce des plus inconfortables. Des personnages motorisés arrivent à la ferme tard dans la soirée. Une fusillade éclate en pleine nuit. On retrouve, le lendemain matin, les cadavres des trois touristes. Suivent les péripéties nombreuses et embrouillées de l’enquête, puis du procès. Les fils Dominici, soupçonnés, accusent leur père du triple assassinat. Celui-ci avoue, puis se rétracte. Le cadet se rétracte à son tour. Le vieux Dominici sera finalement condamné sans qu’apparaissent les preuves formelles de sa propre culpabilité.
Etrange carrière que celle de Claude Ogrel, aka Claude Bernard-Aubert (1930-2018), qui a commencé tout d’abord comme reporter de guerre en Indochine de 1949 à 1954, avant de revenir en France et de couvrir sa première affaire, celle de Gustave Dominici. En 1957, il écrit et met scène son premier long métrage, Patrouille de choc, film sur le conflit en Indochine, qui lui vaut quelques démêlés avec la censure, en raison de son réalisme cru. S’ensuivent huit films jusqu’à L’Affaire Dominici, des œuvres engagées et animées par un besoin de comprendre, d’engager le débat et de mettre l’être humain face à son incompréhension, ou plutôt à désir de ne pas comprendre. Après le film qui nous intéresse, Claude Bernard-Aubert prendra le pseudonyme de Burd Tranbaree et réalisera moult films pornographiques, aux titres aussi fleuris que La Fessée ou les Mémoires de monsieur Léon maître-fesseur, Sarabande porno, La Grande Mouille, La Grande lèche et autres réjouissances.
Pour L’Affaire Dominici, le cinéaste déclare à la sortie du film s’être armé de tous les éléments de l’enquête et des informations de l’époque. Contrairement à la masse populaire, Claude Bernard-Aubert n’est pas arrivé à la même conclusion. Pour lui, il est évident que Gaston Dominici a été la victime d’une enquête mal faite, d’un procès mal conduit, qui ont précipité la culpabilité de l’accusé. Le réalisateur, soutenu par Jean Gabin, entend bien démontrer que le jugement a été basé sur une « conviction profonde » plutôt que sur de véritables preuves.
Cinématographiquement parlant, L’Affaire Dominici est l’exemple type, la référence du film inspiré d’une histoire vrai, du film de procès et policier. Une mise en scène sèche et implacable, parfois à la frontière du documentaire (certaines scènes ont été tournées sur les lieux du triple meurtre), une direction d’acteurs au cordeau, des dialogues ciselés de Daniel Boulanger, une maîtrise du rythme, un casting quatre étoiles. C’est peu dire que L’Affaire Dominici est une très grande réussite. Si Jean Gabin laisse pantois dans la peau de Gaston Dominici, les comédiens qui l’entourent ne sont pas en reste avec notamment Victor Lanoux, qui prouve quel immense acteur il était dans les années 1970, mais aussi Paul Crauchet, impérial dans le rôle du commissaire Sébeille, ainsi que le jeune Gérard Depardieu, 24 ans, qui venait de débuter dans le cinéma. Sans oublier les tronches de Gérard Darrieu, Jacques Rispal, Daniel Ivernel et d’autres seconds couteaux incontournables du cinéma français d’alors qui participent à cette plongée poisseuse dans une famille qui fait froid dans le dos.
L’épilogue reste troublant avec l’apparition et la plaidoirie d’Émile Pollak. L’avocat de Gaston Dominici et l’une des grandes figures du barreau français du XXᵉ siècle, s’adresse aux spectateurs face caméra en leur expliquant clairement que le film et ses auteurs prennent la défense du patriarche, après avoir mis en relief les incohérences de toute cette incroyable histoire.
A sa sortie en 1973, le film divise les français et l’accueil reste tiède avec seulement 1,3 million d’entrées. Quant à Gabin, après le puissant Deux hommes dans la ville de José Giovanni, Verdict d’André Cayatte et L’Année sainte de Jean Girault, son coeur s’arrêtera de battre en 1976, tandis qu’il laissera derrière lui l’une des plus grandes filmographies de l’histoire du cinéma français.
LE DIGIPACK
Et de quatre pour la deuxième vague « La Séance » de Coin de Mire Cinéma ! Et troisième titre avec l’immense Jean Gabin. Après une « carrière » dans les bacs chez René Chateau, puis chez TF1 Studio depuis 2017, le film de L’Affaire Dominici commence désormais une nouvelle vie en Haute-Définition et rejoint la collection créée par Thierry Blondeau en 2018. A l’instar de ses autres titres édités et chroniqués par nos soins, le coffret Digibook prestige (format 142 x 194 mm) est numéroté et limité à 3.000 exemplaires. Il comprend le Blu-ray et le DVD, ainsi qu’un 1 livret de 24 pages cousu au boîtier, comprenant la filmographie du réalisateur avec quelques propos tirés d’une interview donnée à la sortie du film, mais aussi des reproductions des archives sur le film (fac-similé des matériels publicitaires et promotionnels, de la couverture et de l’article parus dans Le Journal de la France et dans Paris-Match), la reproduction de 10 photos d’exploitations cinéma sur papier glacé format 120 x 150 mm rangées dans 2 étuis cartonnés, la reproduction de l’affiche originale en format 215 x 290 mm pliée en 4. Le menu principal est fixe et musical.
En cette dixième semaine de l’année 1973, voici un bulletin d’informations (9’) : Faites un tour sur le circuit mythique du Mans, en compagnie du Club 90 qui vous formera à la conduite. Ensuite, nous donnons la parole à un certain Michel Sardou, 26 ans, qui nous reçoit à la campagne pour évoquer ses précédents démêlés suite à ses chansons « à scandale ». Après, place au défilé Dior et à un message adressé aux spectateurs de Danièle Delorme, marraine d’une association pour les enfants handicapés.
C’est pas tout ça, mais que diriez-vous d’un esquimau Gervais ? Cela tombe bien, quelques réclames (7’) de l’année 1973 nous rappellent que les glaces sont en vente « ici dans cette salle ». La mère Denis vient faire un petit tour dans une publicité pour Vedette. A ne pas manquer également, un spot formidable pour La Samaritaine qui détourne le film King Kong, avec effets spéciaux de rigueur et frayeur des parisiens ! Un vrai petit chef d’oeuvre.
L’interactivité se clôt
sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
L’affaire Dominici a été restauré à partir du négatif original. Il s’agit du premier film en couleur édité par Coin de Mire Cinéma. L’élévation HD proprement dire offre à L’Affaire Dominici une nouvelle cure de jouvence, aucune scorie n’est à déplorer, le grain cinéma est restitué et les contrastes trouvent une nouvelle densité. L’encodage AVC consolide l’ensemble, les textures sont flatteuses, le piqué est renforcé et rend hommage aux nombreux gros plans sur les tronches de Gabin (ses yeux bleus brillent de mille feux) et de ses partenaires. Signalons tout de même une colorimétrie parfois fanée, certains plans sensiblement plus altérés ainsi qu’une profondeur de champ limitée. Format 1.66 respecté.
Le mixage DTS-HD Master Audio Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.