Test Blu-ray / Astérix & Obélix contre César, réalisé par Claude Zidi

ASTÉRIX ET OBÉLIX CONTRE CÉSAR réalisé par Claude Zidi, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 27 septembre 2023 chez Pathé.

Acteurs : Christian Clavier, Gérard Depardieu, Roberto Benigni, Michel Galabru, Laetitia Casta, Claude Piéplu, Daniel Prévost, Pierre Palmade, Arielle Dombasle, Sim, Marianne Sägebrecht, Gottfried John, Jean-Pierre Castaldi, Jean-Roger Milo, Jean-Jacques Devaux, Michel Muller…

Scénario : Claude Zidi & Gérard Lauzier, d’après la bande dessinée de René Goscinny & Albert Uderzo

Photographie : Tony Pierce-Roberts

Musique : Jean-Jacques Goldman & Roland Romanelli

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1999

LE FILM

Vers 50 avant Jésus-Christ, tandis que toute la Gaule est occupée, seul un petit village résiste encore et toujours à l’envahisseur romain et défie les augustes légions de César. Pour comble, voilà que ces rebelles s’emparent de la recette des impôts, alors que César est en route pour envahir la Bretagne. Cet affront à la « pax romana » fait peu l’affaire de Détritus, le gouverneur de la région, car Astérix, Obélix et leurs concitoyens, tous unis derrière leur chef Abraracourcix lorsqu’il s’agit d’aller se battre contre les Romains, sont fort susceptibles. La potion magique de leur druide Panoramix les rend invincibles…

Astérix et Obélix contre César a été en son temps, il y a près d’un quart de siècle donc, le film français de tous les records, ou presque. Plus de 270 millions de francs (soit plus de 40 millions d’euros) de budget, des centaines de figurants, le plus grand succès au box-office de l’année 1999 – devant Tarzan de Disney, La Menace fantôme, Matrix, Coup de foudre à Notting Hill… – avec près de 9 millions de spectateurs rien que dans l’Hexagone, 3,5 millions en Allemagne, 3 millions en Espagne, 2 millions en Italie…Une affaire très lucrative en dépit de critiques on ne peut plus tièdes voire glaciales qui l’ont accompagné à sa sortie. Co-production franco-italo-allemande, Astérix et Obélix contre César est aussi devenu le plus grand triomphe de la carrière exceptionnelle de Claude Zidi (le film ayant été aussi envisagé avec Jean-Marie Poiré à la barre), qui s’est vu confier par Claude Berri, la première adaptation cinématographique en prise de vues réelles de la bande dessinée Astérix écrite par Albert Uderzo et René Goscinny, après deux projets qui n’avaient jamais vu le jour, le premier par Claude Lelouch, le second avec Louis de Funès. Éminemment populaire, cet opus d’Astérix version live est passé quelque peu dans l’ombre suite au raz-de-marée trois ans plus tard d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre d’Alain Chabat, même si l’épisode concocté par Claude Zidi lui reste supérieur en termes d’entrées à l’étranger avec 16 millions de spectateurs contre 10 millions. Après la déconvenue d’Astérix aux Jeux olympiques (2008), d’Astérix et Obélix : Au service de Sa Majesté (2012) et d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu (2023), le premier volet a su être reconsidéré et détient aujourd’hui de nombreux aficionados qui le défendent et le considèrent même de meilleure qualité que la colossale seconde aventure. S’il y a définitivement des éléments qui coincent, d’autres non négligeables participent à la réussite d’Astérix et Obélix contre César qui marque une étape dans le cinéma bien de chez nous.

Jules César vient de terminer la conquête de la Bretagne et de la Gaule. Mais l’un de ses officiers, Détritus, nouveau gouverneur de l’Armorique, lui cache l’existence d’un petit village d’irréductibles Gaulois qui continue à défier Rome. La vie dans ce village semble paisible, en dehors des bagarres provoquées par le chant du barde Assurancetourix et l’épineux débat sur la qualité des poissons d’Ordralfabétix, mais le druide Panoramix prédit une menace. En effet, non loin de là, au camp romain fortifié de Petibonum, la garnison dirigée par le centurion Caïus Bonus a découvert la source de l’invincibilité des Gaulois, et Caïus Bonus lui-même en fait part à Détritus, ambitieux de devenir le nouveau maître de Rome : la potion magique de Panoramix, qui donne au consommateur une force surhumaine pendant un temps limité. Mais le centurion fait également part au gouverneur que l’un des villageois, Obélix, a les effets permanents de la potion depuis qu’il y est tombé dedans étant petit, et qu’il est toujours accompagné par le malin guerrier Astérix. Les Romains décident alors d’organiser un piège à Astérix et Obélix pendant leur chasse au sanglier en leur envoyant un gros rocher sur eux. Le piège est parfaitement effectué, mais la potion aide les Gaulois à s’en sortir et à donner une petite correction à Caïus Bonus. Un festin est organisé au village ce soir-là, et Obélix tombe amoureux de la belle Falbala qui rentre au village. Mais le Gaulois qui comptait lui déclarer sa flamme le lendemain découvre qu’elle est fiancée avec Tragicomix, qui la rejoint au village au matin.

Ce n’est pas un, mais sept albums que Claude Zidi transpose, avec ici Gérard Lauzier (qui signe aussi les dialogues), à savoir Astérix le Gaulois, Le devin, Astérix et les Goths, Astérix légionnaire, Astérix gladiateur, Le cadeau de César et Obélix et Compagnie. Le réalisateur a pensé son film comme un objet de cinéma, n’hésitant pas pour cela à trahir le matériau de base, notamment au niveau des costumes, qui ne reprennent pas à l’identique ceux de la bande dessinée, mais qui ont été repensés pour leur passage dans le « monde réel ». En parallèle, l’aspect franchouillard qui a souvent été – de façon éhontée – associé au cinéma de Claude Zidi, convient à sa vision d’Astérix, avec ses bastons homériques, ses personnages coléreux, portés sur la bouffe et les jolies nanas, le tout bien souligné par la belle composition de Jean-Jacques Goldman et Roland Romanelli. Tout cela fonctionne à l’écran, ainsi que les partis-pris formels, des décors (élégants) de Jean Rabasse, en passant par les costumes déjà évoqués (les romains en rouge en auront tout de même décontenancé plus d’un) de Sylvie Gautrelet (Didier, Tchao pantin, Germinal, Les Fugitifs), la photographie du chef opérateur britannique Tony Pierce-Roberts (La Part des ténèbres de George A. Romero, Chambre avec vue et Les Vestiges du jour de James Ivory), très soignée et qui trouve ce parfait équilibre entre le réalisme et l’imaginaire.

Le casting a bien sûr été intelligemment pensé, certains étant parfaitement à leur place, Gérard Depardieu en Obélix bien sûr, Michel Galabru en Abraracourcix, Claude Piéplu en Panoramix, Daniel Prévost en Prolix, Arielle Dombasle et Sim, Jean-Pierre Castaldi, Jean-Jacques Devaux, Roberto Benigni, Gottfried John…d’autres le seront par la suite, et là on ne vise que Christian Clavier (après le désistement de Daniel Auteuil), difficilement supportable et en roues libres, se contentant de gueuler la plupart du temps, visiblement encore sous l’emprise de Jacquouille la Fripouille. Sa prestation est diamétralement opposée à celle sobre et impeccable qu’il livrera dans Mission Cléopâtre. Non, nous ne ferons pas de calembours sur Pierre Palmade en Assurancetourix. Il est d’ailleurs moins marquant que le vertigineux décolleté de Laetitia Casta. Cela coince un peu plus au niveau des effets spéciaux (250 plans truqués) supervisés par Pitof, même si étrangement, ou est-ce dû à la restauration récente du film, ceux-ci passent étrangement mieux qu’à l’époque, surtout en ce qui concerne l’envolée des romains durant les bagarres.

La potion magique laisse un petit goût amer dans la seconde partie, celle centrée sur la recherche de Panoramix, suivie de la longue scène du cirque où Astérix affronte des mygales, des crocodiles, un éléphant et une étrange créature humanoïde, sans parler de la bagarre finale dans le village avec les clones du tandem. Un rythme en dents de scie, pour ne pas dire un gros ventre mou s’installe à mi-spectacle et les années n’ont pas été tendres avec ce gros défaut qui se faisait déjà ressentir à la sortie du film. Néanmoins, l’ensemble conserve un vrai charme, une vision de metteur en scène à laquelle se sont associés de grands artistes et experts dans leurs domaines respectifs, pour offrir aux spectateurs un divertissement longtemps rêvé et qui n’a pas à rougir de ses ambitions.

LE BLU-RAY

Il a mis du temps, mais il est enfin arrivé en France ! Astérix et Obélix contre César, sorti en DVD dès novembre 1999, ne disposait pas d’édition HD dans nos contrées. Le film de Claude Zidi est désormais présenté en Blu-ray, toujours chez Pathé, en Combo avec le DVD. Le menu principal est animé et musical. Signalons aussi la sortie prochaine d’Astérix & Obélix : Mission Cléopâtre en édition 4K Ultra HD + Blu-ray + DVD + DVD bonus – Boîtier SteelBook limité – Version restaurée le 13 décembre 2023.

Pas de nouveaux suppléments, l’éditeur ayant repris ceux de la première mouture DVD, qui étaient très bien faits et complets.

Ainsi, on retrouve l’intégralité des interviews (25’) du casting (dont la jeune et hésitante Laetitia Casta, « il faut que les gens y croivent ») en pleine promotion, en passant par le producteur Claude Berri (qui indique bien qu’il n’était pas intéressé par l’entreprise et que son fils Thomas Langmann a dû longtemps le saouler pour mettre ce projet en route), Albert Uderzo, le directeur de la photographie Tony Pierce-Roberts, le décorateur Jean Rabasse, la costumière Sylvie Gautrelet, le superviseur des effets visuels Pitof, Jean-Jacques Goldman…et même Idéfix.

Le making of d’époque est aussi repris. Un document de 24 minutes, qui propose un retour complet sur l’élaboration des décors, dont le village gaulois reconstitué au studio de La Ferté-Alais dans l’Essonne, alors le plus grand d’Europe, qui comporte une surface de 4 000 m². Beaucoup de chiffres sont forcément avancés, à l’instar de cette toile de couleur bleue, longue de de 260 mètres, représentant le ciel prêt à tomber sur la tête des gaulois, l’éclairage de 3,5 millions de watts (nécessaire pour simuler celui du soleil), la création des 800 costumes, ou les 65 personnes qui ont réalisé la totalité des 250 plans contenant des trucages. De nombreuses images de tournage (les scènes du cirque romain tournées dans le studio Bavaria à Munich) et des interviews (en fait des extraits de celles vues dans l’autre bonus), l’ensemble est très informatif et a de plus bien vieilli sur la forme.

L’Image et le son

C’est ce qu’on appelle un lifting de premier ordre. Pathé nous a concocté un superbe Blu-ray d’Astérix et Obélix contre César, restauré en 2022 à partie d’un scan 4K des négatifs originaux. La colorimétrie chatoyante est habilement restituée, la clarté est de mise, le cadre large très bien exploité. La définition demeure solide tout du long, y compris sur les nombreux gros plans, l’ensemble est lumineux, le piqué vif, la propreté éloquente, les contrastes et l’étalonnage ont été révisés (avec une meilleure incrustation des effets numériques), la texture argentique a été préservée et cette édition HD permet de revoir à la hausse le film de Claude Zidi.

L’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage DTS-HD Master Audio 5.1, aussi probant dans les scènes agitées que dans les séquences plus calmes, même si effectivement il n’y en a pas beaucoup puisque tous les personnages sont souvent en train de gueuler. Les bagarres avec les romains et la scène de l’arène peuvent compter sur une balance sympathique des frontales comme des latérales, avec des effets qui environnent efficacement le spectateur. Les voix solidement exsudées par la centrale, même si le caisson de basses est malheureusement un peu timide. La spatialisation musicale est luxuriante. Les sous-titres français et anglais sont aussi proposés, ainsi qu’une piste Audiovision et une Stéréo pour ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière.

Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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