Test Blu-ray / Long Weekend, réalisé par Colin Eggleston

LONG WEEKEND réalisé par Colin Eggleston, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : John Hargreaves, Briony Behets, Mike McEwen…

Scénario : Everett De Roche

Photographie : Vincent Monton

Musique : Michael Carlos

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Un jeune couple de citadins décide de profiter d’un week-end pour s’adonner à du camping sauvage au bord de la mer. Par d’imperceptibles étapes, le décor paradisiaque de plage isolée où ils s’installent se charge de mystères avant de se transformer en un véritable enfer : la Nature paraît soudain prendre une sourde revanche sur la civilisation …

Bien avant l’inénarrable PhénomènesThe Happening (2008) de M. Night Shyamalan, le scénariste Everett De Roche (1946-2014) s’interrogeait trente ans avant sur ce qui se passerait si la nature se retournait contre l’humanité, à travers son premier récit pour le cinéma, Long Weekend. Avant de devenir l’un des scénaristes les plus en vue du cinéma australien, celui qui allait signer d’autres œuvres légendaires du cru comme Harlequin de Simon Wincer, Patrick de Richard Franklin et Razorback de Russell Mulcahy, abordait le genre horrifique avec un thriller tendu et angoissant, qui s’amuse à prendre le spectateur petit à petit par la gorge, jusqu’à un dernier acte complètement inattendu et un final abrupt qui laisse pantois. Derrière la caméra, Colin Eggleston (1941-2002) peut enfin exprimer à l’écran tout son amour pour le cinéma d’Alfred Hitchcock (d’ailleurs, Les Oiseaux ne sont jamais bien loin dans Long Weekend) et de Roman Polanski (Le Couteau dans l’eau entre autres), en dilatant le temps, en créant un stress qui va crescendo en dressant le portrait d’un couple en crise, un homme et une femme qui ne respectent rien autour d’eux et qui n’ont d’ailleurs aucun respect pour l’autre. S’il n’a obtenu aucun succès dans son pays, comme c’était d’ailleurs souvent le cas pour les films de genre tournés en Australie, cela n’a pas été le cas dans le reste du monde et surtout en Europe, au point d’être récompensé par l’Antenne d’or au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1979 (ex aequo avec L’Invasion des profanateurs de Philip Kaufman), le Prix Spécial du Jury au Festival du film de Paris, puis par le Prix du Meilleur Film, le Prix du jury de la critique internationale pour Colin Eggleston et la Médaille d’argent du meilleur acteur au Festival international du film de Catalogne de Sitges. Tombé peu à peu dans l’oubli, Long Weekend connaît un regain de popularité depuis la fin des années 2000 en raison d’un remake réalisé en 2008 par Jamie Blanks (Urban Legend, Mortelle Saint-Valentin) avec Jim Cazievel et du documentaire Not Quite Hollywood: The Wild, Untold Story of Ozploitation ! (2008) de Mark Hartley qui a redonné au cinéma australien ses lettres de noblesse. Long Weekend en demeure assurément l’un des plus dignes représentants.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Long Weekend, réalisé par Colin Eggleston »

Test DVD / La Femme des steppes, le flic et l’oeuf, réalisé par Wang Quan’an

LA FEMME DES STEPPES, LE FLIC ET L’OEUF (Öndög) réalisé par Wang Quan’an, disponible en DVD le 1er décembre 2020 chez Diaphana.

Acteurs : Aorigeletu, Arild Gangtemuer, Enkhtaivan Dulamjav, Norovsambuu…

Scénario : Wang Quan’an

Photographie : Aymerick Pilarski

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Le corps d’une femme est retrouvé au milieu de la steppe mongole. Un policier novice est désigné pour monter la garde sur les lieux du crime. Dans cette région sauvage, une jeune bergère, malicieuse et indépendante, vient l’aider à se protéger du froid et des loups. Le lendemain matin, l’enquête suit son cours, la bergère retourne à sa vie libre mais quelque chose aura changé.

Difficile de mettre des mots sur le septième long-métrage du réalisateur – issu de la sixième génération de cinéastes chinois – Wang Quan’an (né en 1965), diplômé de l’Académie de cinéma de Pékin, rendu célèbre dans le monde entier pour avoir reçu l’Ours d’or au Festival de Berlin en 2007 pour Le Mariage de Tuya, puis l’Ours d’argent du meilleur scénario en 2010 à ce même Festival pour Apart Together. Les néophytes auront sans doute du mal à entrer dans l’univers du cinéaste avec La Femme des steppes, le flic et l’oeufÖndög et nous leur conseillerons plutôt de découvrir ses premiers films, avant de plonger dans cette œuvre insolite, merveilleusement photographiée, contemplative, trop diront certains et on ne pourra pas leur donner tort, mais assurément une expérience cinématographique, sensorielle et pleine de pudeur, qui agit véritablement comme une séance d’hypnose.

Continuer la lecture de « Test DVD / La Femme des steppes, le flic et l’oeuf, réalisé par Wang Quan’an »

Test Blu-ray / Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, réalisé par Alex Proyas

SPIRITS OF THE AIR, GREMLINS OF THE CLOUDS réalisé par Alex Proyas, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Lake, Rhys Davis & Norman Boyd

Scénario : Alex Proyas

Photographie : David Knaus

Musique : Peter Miller

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Un homme est recueilli à demi-mort d’épuisement par un paraplégique qui vit en reclus dans une ferme en plein désert. Cloué dans son fauteuil, l’homme est obsédé par la construction de machines volantes tandis que sa soeur, « folle de Dieu », érige des croix sur les dunes de sable..

Avant The Crow (1998), Dark City (2002), Garage Days (2004), I, Robot (2009), Prédictions (2009, ça commençait à piquer) et Gods of Egypt (2016, aïe aïe aïe), il y a eu Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, le premier long-métrage réalisé par Alex Proyas, alors âgé de 25 ans, connu dans le domaine de la publicité et du clip vidéo, plus particulièrement pour ses travaux pour INXS, Mike Oldfield, Crowded House, Joe Jackson, Cock Robin et consorts. Produit pour un demi-million de dollars, écrit et mis en scène par Alex Proyas, Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds reste une œuvre méconnue qui a longtemps disparu des radars, malgré son statut culte au Japon, pays qui l’a sans doute le mieux accueilli à sa sortie. Parallèlement, cette première œuvre est aussi difficile d’accès et demeure une véritable expérience cinématographique, sensorielle, inclassable, hypnotique, dont la beauté plastique est pourtant mirifique. Une chose est sûre, c’est qu’après avoir découvert Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, il devient impossible de l’oublier et de nombreux plans, de vraies toiles de maîtres, s’impriment à jamais dans la mémoire du cinéphile qui aura accepté de plonger dans cet univers unique et énigmatique.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, réalisé par Alex Proyas »

Test Blu-ray / Enragé, réalisé par Derrick Borte

ENRAGÉ (Unhinged) réalisé par Derrick Borte, disponible en DVD et Blu-ray le 19 décembre 2020 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Russell Crowe, Jimmi Simpson, Gabriel Bateman, Caren Pistorius, Anne Leighton, Austin P. McKenzie, Michael Papajohn, Lucy Faust…

Scénario : Carl Ellsworth

Photographie : Brendan Galvin

Musique : David Buckley

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

La Nouvelle-Orléans. Mauvaise journée pour Rachel : en retard pour conduire son fils à l’école, elle se retrouve coincée au feu derrière un pick-up qui ne redémarre pas. Perdant patience, elle klaxonne et passe devant. Quelques mètres plus loin, le même véhicule s’arrête à son niveau. Son conducteur, Tom Cooper, la somme de s’excuser, mais elle refuse. Furieux, il commence à la suivre…Enragé, cet homme est prêt et ne craint pas de mourir et parle même de suicide par police interposée. Si la journée de Rachel s’annonçait compliquer, celle-ci se transforme en véritable cauchemar.

Mine de rien, Russell Crowe n’a pas l’air de tourner tant que ça, mais signe quelques coups d’éclat tous les deux ou trois ans, histoire de rappeler que l’on peut, ou plutôt que l’on doit encore compter sur lui. L.A. Confidential de Curtis Hanson, Révélations The Insider de Michael Mann et Gladiator de Ridley Scott ont beau avoir plus de vingt ans, le comédien néo-zélandais n’a jamais cessé de tourner et même si les années 2010 n’ont pas été pour lui aussi inspirées, on sauvera évidemment ses prestations dans NoéNoah de Darren Aronofsky, The Nice Guys de Shane Black et même sa participation à Man of Steel de Zack Snyder, dans lequel il supplantait tout le reste du casting dans la peau de Jor-El. 2020 est déjà un très bon cru pour Russell Crowe qui vient d’être récompensé par le Golden Globe du meilleur acteur pour la mini-série The Loudest Voice, et livre aussi une prestation impressionnante dans EnragéUnhinged, sixième long-métrage du méconnu Derrick Borte, remarqué en 2009 avec son premier film indépendant, La Famille Jones The Joneses, interprété par Demi Moore, David Duchovny et Amber Heard. Si ses autres opus sont passés sous le radar en France, y compris son film sur les Clash intitulé London Town (2016) avec un Jonathan Rhys Meyers sous substances (pléonasme) dans la peau de Joe Strummer, Enragé s’impose comme un modèle de série B, bien bourrin dans son genre, mené tambours battants et surtout porté par les larges épaules de Russell Crowe. Ce dernier est absolument monstrueux, tout en bedaine saillante et le front constellé de sueur, et en fait voir de toutes les couleurs à sa partenaire, Caren Pistorius, l’une des plus belles révélations de l’année 2020.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Enragé, réalisé par Derrick Borte »

Test Blu-ray / L’Emmurée vivante, réalisé par Lucio Fulci

L’EMMURÉE VIVANTE (Sette note in nero) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jennifer O’Neill, Gabriele Ferzetti, Marc Porel, Gianni Garko, Ida Galli, Jenny Tamburi, Fabrizio Jovine, Riccardo Parisio Perrotti…

Scénario : Lucio Fulci, Roberto Gianviti & Dardano Sacchetti

Photographie : Sergio Salvati

Musique : Fabio Frizzi, Franco Bixio & Vince Tempera

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Depuis l’enfance, Virginia Ducci a des prémonitions. Elle sait que l’un des murs de la maison de son mari abrite un cadavre. Avec l’aide d’un spécialiste en paranormal, elle explore la bâtisse en ruines et ne tarde pas à découvrir un squelette d’une femme de 25 ans. Mettre au jour ce terrible secret va s’avérer un geste funeste pour Virginia.

On a tendance à parler de tétralogie de Lucio Fulci quand on évoque Perversion StoryUna sull’altra (1969), Le Venin de la peur Una lucertola con la pelle di donna (1971), La Longue Nuit de l’exorcisme Non si sevizia un paperino (1972) et L’Emmurée vivanteSette note in nero (1977). Si ce dernier n’est pas vraiment un giallo, genre qui vivait alors ses derniers soubresauts, il n’en comporte pas moins quelques motifs semblables et même diverses reprises, à l’instar de ce plan fâcheux d’un corps jeté dans le vide du haut d’une falaise, dont la paroi rocheuse fracasse le visage de la victime (un mannequin complètement raté). Lucio Fulci s’obstine et nous refait le même coup qu’à la fin de La Longue Nuit de l’exorcisme, en ouvrant L’Emmurée vivante par une scène similaire. A côté de ça, en dépit d’éléments inexpliqués qui sont uniquement présents pour instaurer la peur ou le suspense, L’Emmurée vivante demeure probablement l’un des plus grands films du maître italien, qui certes ne possède pas l’aura des trois autres gialli, mais qui n’en reste pas moins un nouveau coup d’éclat où trône l’impériale et la sublime Jennifer O’Neill.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / L’Emmurée vivante, réalisé par Lucio Fulci »

Test Blu-ray / Les Blagues de Toto, réalisé par Pascal Bourdiaux

LES BLAGUES DE TOTO réalisé par Pascal Bourdiaux, disponible en DVD et Blu-ray le 9 décembre 2020 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Gavril Dartevelle, Guillaume de Tonquédec, Anne Marivin, Ramzy Bédia, Daniel Prévost, Pauline Clément, Jean-François Cayrey, Isabelle Candelier…

Scénario : Mathias Gavarry, Gaël Leforestier & Julien Leimdorfer, d’après la bande-dessinée de Thierry Coppée

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Romain Trouillet

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

C’est la rentrée des classes ! Toto, petit blagueur, a hâte de retrouver tous ses copains d’école. Pendant l’inauguration d’un musée, alors qu’une sculpture s’effondre et détruit sur son passage toutes les œuvres exposées, la réputation de Toto le précède : il est immédiatement désigné coupable et risque l’internat. Avec l’aide de tous ses amis, il va mener l’enquête pour prouver son innocence aux adultes.

L’année 2017 n’a pas été simple pour le réalisateur Pascal Bourdiaux ! Deux échecs commerciaux et critiques très importants avec Mes trésors en janvier et Boule & Bill 2 en avril ! Avant de mettre en scène son premier long métrage en 2010, Le Mac, 1,5 millions d’entrées, Pascal Bourdiaux a d’abord fait ses classes sur la shortcom Un gars, une fille en réalisant près de 500 épisodes ! Il était aussi l’un des premiers à offrir à Kev Adams la tête d’affiche d’un film avec Fiston, dans lequel le jeune comédien donnait la réplique à Franck Dubosc. Porté par une critique positive et un bon bouche à oreille, près de deux millions de spectateurs avaient accueillis favorablement cette très bonne comédie. Pour ses films suivants, c’était une autre affaire et le scénariste de Stars 80 (bah oui) se fourvoyait définitivement avec une mise en scène en pilotage automatique, des scènes qui s’enchaînaient à la va-comme-je-te-pousse, en cumulant les gags mous, les dialogues au rabais et une action de pacotille. Après ces deux fours impressionnants avec d’un côté 140.000 entrées pour Mon trésor (pour 11 millions d’euros de budget) et 487.000 entrées pour Boule & Bill 2 (16 millions d’euros), on pouvait penser que le réalisateur serait envoyé dans un cul de basse-fosse, mais que nenni ! V’là-t’y pas que le sieur Bourdiaux se retrouve aux manettes de l’adaptation live de la bande-dessinée de Thierry Coppée vendue à plus de 5 millions d’exemplaires, Les Blagues de Toto, qui compte à ce jour 15 albums et dont le succès ne s’est jamais démenti depuis 2004. Alors, comment transposer ce genre de BD dans lesquelles une page représente une histoire unique et indépendante ? Disons-le tout de go, Les Blagues de Toto n’est pas la catastrophe annoncée ici et là sur les réseaux sociaux, probablement par des internautes qui n’ont pas vu le film d’ailleurs, et s’avère plus convaincant à l’écran que les deux Boule & Bill, les trois Ducobu, Les Bidochon de Serge Korber (vous vous souvenez ? Arthur jouait dedans et il n’aime pas qu’on le lui rappelle), Benoît Brisefer : Les Taxis rouges de Manuel Pradal (ouh là la), Gaston Lagaffe de Pierre-François Martin-Laval (pfiooooou !) et Les Aventures de Spirou et Fantasio d’Alexandre Coffre (bah bah bah…) et d’autres fleurons du genre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Les Blagues de Toto, réalisé par Pascal Bourdiaux »

Test Blu-ray / La Vengeance d’un acteur, réalisé par Kon Ichikawa

LA VENGEANCE D’UN ACTEUR (Yukinojo henge) réalisé par Kon Ichikawa, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er décembre 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Kazuo Hasegawa, Fujiko Yamamoto, Ayako Wakao, Eiji Funakoshi, Narutoshi Hayashi, Eijiro Yanagi, Chusha Ichikawa, Ganjiro Nakamura…

Scénario : Daisuke Itō, Teinosuke Kinugasa & Natto Wada, d’après le roman de Otokichi Mikami

Photographie : Setsuo Kobayashi

Musique : Yasushi Akutagawa

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Au cours d’une de ses représentations, l’acteur Yukinojo Nakamura reconnait dans le public le seigneur Dobé et deux de ses complices. Ce sont les hommes qui ont conduit son père à la faillite, et provoqué le suicide de ses parents. Yukinojo va pouvoir venger ses parents.

Que l’on soit adepte ou pas du cinéma japonais classique, on ne peut être que subjugué par la beauté incommensurable de La Vengeance d’un acteurYukinojo henge, réalisé en 1963 par l’éclectique et prolifique Kon Ichikawa (1915-2008), connu en France pour Kokoro (1955), La Harpe de BirmanieBiruma no tategoto (1956), Les Feux dans la plaineNobi (1959) et Seul sur l’océan PacifiqueTaiheiyo hitori-botchi (1963). Kon Ichikawa, c’est presque cent longs-métrages, séries télévisées et documentaires, téléfilms et courts-métrages tournés sur une période incroyable de 70 ans, puisque le cinéaste exercera son métier quasiment jusqu’à sa mort. Influencé par Walt Disney (il commencera sa carrière comme dessinateur) et Jean Renoir, Kon Ichikawa était souvent considéré comme un simple yes-man, un faiseur comme on le dit vulgairement. Pourtant, si l’on devait rapprocher le réalisateur de ses confrères américains, il serait indubitablement l’équivalent d’un Sidney Lumet, d’un Robert Wise ou d’un Richard Fleischer, qui bien que sous contrat avec de gros studios, passaient d’un genre à l’autre et enchaînaient les films sans aucun complexe, avec un savoir-faire colossal, une profonde connaissance du cinéma et surtout qui s’appropriaient le sujet qu’on leur proposait pour l’inscrire dans leur filmographie à travers des motifs, des thèmes, une sensibilité particuliers et uniques. Même chose donc pour Kon Ichikawa qui signe – et se voit d’ailleurs imposer le projet par la Daiei en raison du résultat décevant de ses derniers longs-métrages – avec La Vengeance d’un acteur, par ailleurs remake d’un triptyque éponyme mis en scène en 1935 par Teinosuke Kinusaga et – chose surprenante – déjà interprété par Kazuo Hasegawa (ici dans son avant-dernière apparition au cinéma et son 300è film !) sous le nom de Chōjirō Hayashi, l’un ses opus phares et surtout un immense chef d’oeuvre.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Vengeance d’un acteur, réalisé par Kon Ichikawa »

Test Blu-ray / La Chartreuse de Parme, réalisé par Christian-Jaque

LA CHARTREUSE DE PARME réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Renée Faure, Maria Casarès, Louis Salou, Lucien Coëdel, Tullio Carminati, Louis Seigner, Aldo Silvani, Maria Michi, Claudio Gora…

Scénario : Pierre Véry, Pierre Jarry & Christian-Jaque, d’après le roman de Stendhal

Photographie : Nicolas Hayer

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 2h46

Date de sortie initiale : 1948

LE FILM

En 1821, Fabrice Del Dongo quitte Naples où il a terminé ses études ecclésiastiques et arrive chez sa tante, la duchesse de Sanseverina, à Parme. Fasciné par Napoléon, Fabrice rêve de grandes actions et d’aventures guerrières, mais, destiné par sa famille à être prélat, il ne fera que multiplier les aventures amoureuses…

En 1947, la carrière au cinéma de Gérard Philipe explose avec Le Diable au corps de Claude Autant-Lara. Cette adaptation du roman éponyme de Raymond Radiguet s’accompagne d’un parfum de scandale et attire près de 5 millions de spectateurs dans les salles. Le succès de La Chartreuse de Parme, coproduction franco-italienne, sera encore plus fulgurant et quelques mois seulement après Le Diable au corps, le film de Christian-Jaque franchit la barre des 6 millions de spectateurs. Du haut de ses 26 ans, Gérard Philipe foudroie par son charisme, sa fougue et son immense sensibilité, trois caractéristiques qui ne se démentiront jamais jusqu’à sa mort prématurée en 1959 à l’âge de 36 ans. S’il avait connu une adaptation à l’opéra, l’oeuvre de Stendhal publiée – en deux volumes en 1839 – n’avait pas encore connu les honneurs d’une transposition au cinéma. La version de Christian-Jaque s’en éloigne parfois, au point que certains crieront au scandale à la sortie du film (entre autres, tout le début du roman et la bataille de Waterloo sont juste évoqués ici), mais pourtant La Chartreuse de Parme ne démérite pas et demeure un film romanesque, qui conserve intact son charme d’antan, qui reste brillamment interprété et surtout porté par un souffle aussi exalté que passionné qui emporte facilement le spectateur durant 2h45.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / La Chartreuse de Parme, réalisé par Christian-Jaque »

Test Blu-ray / Le Mouton à cinq pattes, réalisé par Henri Verneuil

LE MOUTON À 5 PATTES réalisé par Henri Verneuil, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 4 décembre 2020 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Fernandel, Françoise Arnoul, Andrex, Georges Chamarat, Paulette Dubost, Louis de Funes, René Genin, Denise Grey, Dario Moreno, Noël Roquevert, Albert Michel, Edouard Delmont, Michel Ardan, Edmond Ardisson, Ky Duyen, Tony Jacquot…

Scénario : Albert Valentin, René Barjavel & Henri Verneuil

Photographie : Armand Thirard

Musique : Georges Van Parys

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Il y a 40 ans, le village de Trézignan a accueilli parmi ses habitants des quintuplés nés de l’union d’un couple de la bourgade. Aujourd’hui, une grande fête est organisée en l’honneur des cinq enfants, devenus adultes, afin de relancer le tourisme. C’est leur parrain qui est chargé de tous les retrouver et réunir pour l’occasion, au grand désarroi de leur père…

On a peut-être tendance à l’oublier, mais la carrière d’Henri Verneuil (1920-2002) a démarré avec ses fructueuses collaborations avec Fernandel (1903-1971). Au total, un court-métrage intitulé Escale au soleil (1947), mais aussi et surtout huit longs-métrages au succès fulgurant, La Table-aux-crevés (1952, 3,1 millions d’entrées), Le Fruit défendu (1952, 4 millions d’entrées), Le Boulanger de Valorgue (1953, 3,7 millions d’entrées), Carnaval (1953, 2,1 millions d’entrées), L’Ennemi public numéro un (1954, 3,8 millions d’entrées), Le Mouton à cinq pattes (1954, 4,1 millions d’entrées), Le Grand Chef (1959, 2,3 millions d’entrées) et La Vache et le Prisonnier (1959, 8,8 millions d’entrées). Antépénultième association du tandem, Le Mouton a cinq pattes est donc leur deuxième plus grand triomphe au box-office, ce qui permet à Fernandel de placer quatre de ses films dans le top 15 en 1954 avec Ali Baba et les 40 voleurs de Jacques Becker, Mam’zelle Nitouche d’Yves Allégret et L’Ennemi public numéro un du même Verneuil. Comédie souvent succulente et dont le charme rétro fonctionne toujours autant, Le Mouton à cinq pattes est comme qui dirait un film à sketches déguisé, dans le sens où chaque partie consacrée à l’un des frères Saint-Forget se trouve reliée l’une à l’autre par un fil conducteur, jusqu’à l’acte final où un plan truqué très bien fait montre 5 Fernandel réunis à l’écran, tandis qu’un sixième (le père) les observe. Le rythme est quelque peu en dents de scie et certains segments sont moins inspirés que d’autres, mais Le Mouton à cinq pattes bénéficie du talent multiple de Fernandel, qui s’en donne à coeur joie, aussi à l’aise en bourgeois guindé qui règne sur un empire de cosmétiques que dans les guêtres d’un simple laveur de carreaux, d’un marin crasseux, d’un journaliste spécialisé dans le courrier du coeur et même dans la soutane d’un abbé dont toute la commune se moque parce-qu’il ressemble à…Don Camillo ! Ajoutez à cela la belle musique de Georges Van Parys, la superbe photographie d’Armand Thirard et surtout la participation dantesque d’un Louis de Funès, qui du haut de ses 40 ans (et de ses cheveux) tient la dragée haute à son partenaire et parvient même à lui voler la vedette dès son apparition, et vous obtenez une comédie simple et efficace (nommée à l’Oscar pour le scénario et pour le meilleur film étranger !), récompensée par le Léopard d’or au Festival de Locarno, qui fait mouche encore près de 70 ans après sa sortie.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Le Mouton à cinq pattes, réalisé par Henri Verneuil »

Test Blu-ray / Cyborg, réalisé par Albert Pyun

CYBORG réalisé par Albert Pyun, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 décembre 2020 chez Lionheart Editions & ESC Editions.

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Deborah Richter, Vincent Klyn, Alex Daniels, Dayle Haddon, Ralf Moeller…

Scénario : Albert Pyun

Photographie : Philip Alan Waters

Musique : Kevin Bassinson

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Dévastée par l’anarchie sociale et la peste, l’Amérique du 21ème siècle est plongée dans un cauchemar barbare. Seul Pearl Prophet, une magnifique mi-humaine / mi-robot, a les connaissances nécessaires pour développer un vaccin. Mais Pearl est capturée par des pirates cannibales qui veulent garder l’antidote pour eux… et dominer la Terre ! Seuls les talents de combattant de Gibson Richenbaker peuvent la sauver. Et, avec elle, le reste de la civilisation.

Né en Belgique en octobre 1960, Jean-Claude Van Varenberg devient un champion national d’arts martiaux et de bodybuilding au début des années 1980. Attiré par le rêve américain, il part aux Etats-Unis en 1982 pour devenir une star de cinéma. Entre deux boulots, il parvient à démontrer ses talents sportifs et acrobatiques aux célèbres producteurs de la Cannon, Yoram Globus et Menahem Golan. Impressionnés, ils misent un film sur celui qui sera désormais célèbre sous le nom de Van Damme. Le film en question est Bloodsport, un triomphe inattendu qui rapporte 40 fois sa mise, soit 65 millions pour 1,5 million de dollars de budget. La carrière de JCVD est lancée. C’est ainsi l’occasion pour Black Eagle – L’Arme absolue, tourné en même temps que Bloodsport, de surfer sur le succès de ce dernier. Alors second rôle, JCVD est mis à l’avant-plan sur l’affiche, alors que les producteurs misaient au départ sur la vedette Shô Kosugi, spécialisé dans les personnages de ninja pour les films produits par la Cannon dans des oeuvres aux titres explicites : L’Implacable ninja (1981), Ninja III (1984) et American Ninja (1985). Si Shô Kosugi a du mal à lever la jambe, JCVD, quasi-mutique, lui vole la vedette en homme de main russe indestructible, prénommé Andreï, qui fait son petit numéro en lançant un couteau, tout en faisant le grand écart entre deux barils, sous le regard impressionné de quelques marins bourrus. Tout d’abord machine à tuer, son personnage va peu à peu s’adoucir et « s’humaniser » au contact d’une jeune femme qui en pince pour ses pectoraux, derrière lesquels il y a avant tout un coeur qui bat. C’est beau. Mais JCVD montre déjà de véritables capacités dramatiques, qui seront merveilleusement exploitées dans son film suivant, Cyborg, souvent considéré comme le meilleur film d’Albert Pyun (né à Hawaii en 1954). Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) et Mean Guns (1997) avec Christophe(r) Lambert. Mais pour l’heure, Cyborg, tourné en seulement 23 jours pour un demi-million de dollars, est et demeure une grande référence du cinéma d’action des années 1980, un thriller post-apocalyptique débordant d’imagination, une chasse à l’homme prenante qui n’oublie jamais l’émotion et où notre ami JCVD crève l’écran.

Continuer la lecture de « Test Blu-ray / Cyborg, réalisé par Albert Pyun »