Test Blu-ray / L’Homme aux colts d’or, réalisé par Edward Dmytryk

L’HOMME AUX COLTS D’OR (Warlock) réalisé par Edward Dmytryk, disponible en combo Blu-ray+DVD le 20 juin 2019 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Richard Widmark, Henry Fonda, Anthony Quinn, Dorothy Malone, Dolores Michaels, Wallace Ford, Tom Drake…

Scénario : Robert Alan Aurthur d’après le roman de Oakley Hall

Photographie : Joseph MacDonald

Musique : Leigh Harline

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Une bande de hors-la-loi dirigée par Abe McQuown sème la terreur à Warlock. Les habitants font alors appel à Clay Blaisdell, dit « l’homme aux colts d’or », pour rétablir l’ordre. Celui-ci débarque dans la petite ville, accompagné de son ami et associé, le boiteux Tom Morgan, qui ne tarde pas à ouvrir un rentable saloon.

Sublime western réalisé par Edward Dmytryk (1908-1999) en 1959, L’Homme aux colts d’or – Warlock demeure un des plus grands films du cinéaste américain dont la carrière reste ponctuée par de nombreuses pépites comme L’Homme à l’affût (1952), La Lance brisée (1954), La Rue chaude (1962) et Alvarez Kelly (1966). Nous en avons déjà parlé, mais nous allons le refaire car cela ne fait jamais de mal. Edward Dmytryk, sympathisant de la gauche politique américaine, adhérant au parti communiste américain, figure parmi les célèbres Dix d’Hollywood. Convoqué par la Commission des Activités Anti-Américaines, il est condamné à six mois de prison, 500 dollars d’amende, puis s’exile en Grande-Bretagne à la fin des années 1940. Il revient peu de temps après aux USA, purge sa peine de prison et à l’instar d’Elia Kazan dénonce finalement certains acteurs, réalisateurs et scénaristes afin de s’affranchir des soupçons qui pèsent sur lui. C’est un scandale, sa carrière ne s’en remettra jamais totalement. Néanmoins, le cinéaste n’aura jamais arrêté de tourner jusqu’à la fin des années 1970. Soixante ans après sa sortie, L’Homme aux colts d’or reste peut-être l’un des plus grands westerns des années 1950. Un des plus riches, un des plus complexes, avec un casting bluffant.

Le clan de cow-boys du ranch McQuown terrorise le village de Warlock. Après que les cow-boys ont chassé le shérif, un comité de citoyens décide de faire appel à un prévôt, un tueur, qui sera chargé par contrat de débarrasser la cité des cow-boys. Un homme s’est construit une légende dans ce domaine : Clay Blaisedell, à qui des admirateurs ont offert une paire de pistolets à crosse d’or. Il accepte l’offre, à condition d’être accompagné de Tom Morgan, autre as du revolver. Écœuré par les tueries, Johnny Gannon quitte la bande de McQuown et accepte la charge de shérif suppléant avec un objectif, imposer le respect de la loi contre toute violence, qu’elle vienne de la bande de cow-boys, ou de Blaisedell et Morgan.

Henry Fonda, Richard Widmark, Anthony Quinn, Dorothy Malone…quelle affiche ! Sur un scénario de Robert Alan Aurthur (L’Homme qui tua la peur de Martin Ritt) d’après un roman de Oakley Hall, grand spécialise du polar et du western, Edward Dmytryk, également producteur, livre un chef d’oeuvre passionnant sur la définition de l’héroïsme et de la loi. Le réalisateur ne cesse d’inverser les rapports de forces, mais également de l’empathie envers les personnages. Ainsi, Henry Fonda, magnifique Clay Blaisedell est clairement un tueur à gages impitoyable, qui agit selon sa propre loi, mais qu’on ne peut s’empêcher d’aimer, surtout quand l’homme vieillissant envisage de raccrocher ses colts d’or, pour se marier. Ce qui n’est pas du goût de son acolyte Tom Morgan (Anthony Quinn, fabuleux), infirme, qui voit d’un mauvais œil son vieil ami et complice s’éloigner progressivement de lui. Alors que certains pourraient y voir quelques sous-entendus homosexuels, il s’agit bel bien d’une immense amitié contrariée par l’arrivée d’une femme. Mal dans sa peau, revanchard, dangereux, Tom n’a quasiment eu que Clay dans sa vie, comme il le dit lui-même « Clay a été le seul à ne pas me voir comme un infirme ». Il y a aussi Johnny Gannon, interprété par l’immense Richard Widmark, qui retrouve Edward Dmytryk après La Lance brisée. Brigand intégré à la bande qui terrorise la petite bourgade de Warlock, il préférera s’en éloigner, en laissant également son frère, pour faire respecter la loi. Il se retrouve donc entre son ancien clan et les régulateurs (Clay et Tom) engagés par les habitants.

Edward Dmytryk joue avec toutes les facettes du héros du genre. Le shérif, les mercenaires et les bandits s’entrecroisent, s’interpénètrent, se confrontent, se fondent et basculent. Les motivations des protagonistes sont multiples, mais les protagonistes semblent vouloir se détacher du rôle que l’Ouest leur a attribué. Si les truands restent machiavéliques, le repenti et le mercenaire semblent vouloir se raccrocher à leur humanité mise de côté. Cela pourra se faire grâce à deux femmes, Lily Dollar (Dorothy Malone) pour le premier, Jessie Marlow (Dolores Michaels) pour le second, si leur nature ne reprend pas le dessus ou si leur passé n’empiète pas sur leurs espoirs.

Edward Dmytryk tire profit des magnifiques décors en transformant la ville en véritable terrain de jeu, où les pièces avancent doucement, mais sûrement vers la confrontation finale. La musique de Leigh Harline (L’Homme de l’Ouest, La Fille sur la balançoire) souligne ces retournements et sentiments contradictoires avec virtuosité, la photographie de Joseph MacDonald (Le Bal des Maudits, Niagara) est à se damner, les costumes d’une élégance raffinée. Le cinéaste joue avec les codes d’un genre déjà bien balisé, mais tout en les triturant, en les malaxant et surtout en incitant le spectateur à la réflexion quant à la nature du héros, sur la frontière fragile établie entre la loi et le crime, sur l’amour et l’amitié fraternelle. C’est là l’immense réussite et la richesse de ce grand classique, de ce chef d’oeuvre du cinéma.

LE BLU-RAY

Edité en DVD par Sidonis Calysta depuis 2005, puis en Haute-Définition depuis 2012, L’Homme aux colts d’or intègre désormais la collection Silver de l’éditeur, en combo DVD+Blu-ray. Les deux disques reposent dans un boîtier classique Amaray transparent, glissé dans un surétui cartonné. Visuel attractif et élégant. Le menu principal est animé et musical.

Pas de nouveaux suppléments en ce qui concerne cette édition, l’éditeur reprenant les interventions de Bertrand Tavernier (2005, 15’30) et Patrick Brion (2012, 13’30). Le premier revient sur le talent d’Edward Dmytryk pour choisir des scénarios judicieux et intéressants, un réalisateur qui savait s’entourer d’excellents auteurs qui lui apportaient des sujets complexes. Bertrand Tavernier évoque également le roman original, la psychologie et l’évolution des personnages, le rapport à la violence du cinéaste, le casting, etc.

Comment c’est souvent le cas, les propos du deuxième intervenant apparaissent inévitablement redondants avec ce qui a été entendu précédemment. Patrick Brion raconte une bonne partie du film et revient également sur les démêlés d’Edward Dmytryk avec la justice.

L’Image et le son

L’édition collector Silver propose L’Homme aux colts d’or en combo Blu-ray+DVD. Seulement voilà, Sidonis Calysta reprend le même master HD sorti il y a maintenant sept ans ! Autrement dit, nous retrouvons les mêmes points faibles qui en avaient fait tiquer plus d’un à l’époque, avec notamment une copie malheureusement débarrassée de son grain argentique. Une aberration très répandue au début des années 2010 au cours de restaurations passables et qui dénaturaient les partis pris originaux. Nouveau packaging, nouveau pressage, nouveau menu principal…mais même master. N’attendez donc aucun miracle, les détails sont souvent trop limités à notre goût, le technicolor connaît quelques soubresauts en raison d’un mauvais alignement, Reste la propreté de l’ensemble…

Malgré la réussite du doublage français, privilégiez évidemment la version originale, plus dynamique et équilibrée que son homologue, notamment en ce qui concerne la délivrance des dialogues. La piste française place les voix trop en avant, au détriment des effets annexes et de la musique. L’éditeur a quand même mis le paquet en proposant deux pistes DTS-HD Master audio Mono bien nettoyées, bien que l’ensemble puisse paraître « trop » propre et artificiel. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 20th Century Fox / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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