Test Blu-ray / Savage Dawn, réalisé par Simon Nuchtern

L’AUBE SAUVAGE (Savage Dawn) réalisé par Simon Nuchtern, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : George Kennedy, Richard Lynch, Karen Black, Claudia Udy, Lance Henriksen, Lewis Van Bergen, William Forsythe, Leo Gordon, Michael Sharrett, Kevin Thompson…

Scénario : Bill Milling

Photographie : Gerald Feld

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Un gang de vicieux motards s’empare d’une petite ville en Arizona. Un vétéran de la guerre du Vietnam de passage dans la ville et quelques locaux avec rien à perdre vont partir en guerre contre l’impitoyable chef du gang…

Savage Dawn ou L’Aube sauvage, est un film qui sent le musc, la poussière, la sueur et le scrotum. Le genre d’opus à la fin duquel on se renifle les doigts. Amis de la poésie bonjour, il sera question aujourd’hui du dernier long-métrage réalisé par un certain Simon Nuchtern, touche à tout qui a commencé sa carrière comme directeur de la photographie et cameraman sur The Sensualist (1966), fleuron devenu invisible de la sexploitation, avant de devenir metteur en scène, scénariste et son propre producteur. S’il se fera plus discret dans le monde du cinéma par la suite, il signe donc son dernier ouvrage en 1985, Savage Dawn, tourné durant l’été 1984 dans le désert californien, sur un scénario de Bill Milling, complice du réalisateur. L’Aube sauvage est un vrai film d’exploitation qui surfe allègrement sur l’atmosphère poudreuse et « testostéronée » de Mad Max 2 : Le Défi, avec un Lance Henriksen bien agité, silhouette de phasme sec et musclé, qui paraît agité du bocal (c’est un ancien du Vietnam), qui utilise ses poings et ses pieds comme de sulfateuses quand la veuve et l’orphelin se trouvent malmenés par de méchants motards qui n’ont pas inventé l’eau tiède ni la machine à cintrer les bananes. Savage Dawn est un spectacle disons-le tout de go absolument génial, mené sans temps mort, formidablement interprété par un casting de qualité et surtout qui a de la gueule. On en redemande et ça tombe bien, puisqu’il est désormais disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Allons détruire cette ville, Bébé !

Lance Henriksen (Un après-midi de chien, Le Prince de New York, L’Étoffe des héros, Terminator), George Kennedy (Seuls sont les indomptés, Charade, Chut… Chut, chère Charlotte, Les Prairies de l’honneur, Le Vol du Phénix et tellement d’autres…), Richard Lynch (Invasion U.S.A., Meurtres sous contrôle, L’Épouvantail), Karen Black (L’Invasion vient de Mars, Complot de famille, Trauma, 5 pièces faciles) et William Forsythe (Justice sauvage, Extrême préjudice, Il était une fois en Amérique, Le Bateau phare)…il n’y a qu’à voir le caractère on ne peut plus hétéroclite de ces extraits de filmographies pour constater avec quelle virtuosité ces comédiens savaient passer d’un genre à l’autre avec autant de décontraction que de talent. Tout ce beau petit monde ayant côtoyé Sidney Lumet, Philip Kaufman, James Cameron, Stanley Donen, Robert Aldrich, Andrew V. McLaglen, Joseph Zito, Larry Cohen, Jerry Schatzberg, Tobe Hooper, Alfred Hitchcock, Dan Curtis, Bob Rafelson, Walter Hill, Sergio Leone et Jerzy Skolimowski se retrouve au milieu de nulle part pour le compte de Simon Nuchtern, dans quelques décors grinçants au bois miteux, une ambiance de western crépusculaire moderne où les chevaux auraient été remplacés par des bécanes, mais où les mœurs et coutumes de l’Ouest américain n’auraient pas bougé d’un pouce avec ses bandits suintants le stupre, l’alcool frelaté et la violence, sans oublier un lonesome cowboys (qui n’aspirait qu’à une vie peinarde) qui débarque sur sa monture, prêt à en découdre avec celles (car il y a aussi des nanas bien allumées) et ceux prêts à mettre une petite bourgade paumée à feu et à sang.

Le Jour de terreur ne fait que commencer !

Le personnage de Stryker, incarné par un Lance Henriksen peroxydé (look qui semble avoir inspiré celui de Johnny Hallyday dans Terminus de Pierre-William Glenn), juste avant de camper Bishop dans Aliens, est de retour au pays comme John Rambo, mais en mode vénère d’emblée. Il ne perd pas de temps pour botter le cul des motards qui avaient décidé de perturber le quotidien d’un pompiste (de faire chier un commerçant donc), mais c’était sans compter les autres membres des Sauvages, occupés à arpenter les routes crasseuses et pierreuses des environs. Après ce premier coup d’éclat, Stryker rejoint son pote de l’armée, Tick Rand (George Kennedy, prêt à s’embarquer dans Delta Force de Menahem Golan aux côtés de Chuck Norris et qui commençait à réviser son texte pour Le Clandestin), cloué dans un fauteuil roulant et passant son temps à confectionner des armes. Rand a une fille, bien jolie (normal, elle est interprétée par Claudia Udy, la légendaire Joy de Sergio Bergonzelli), que Stryker n’avait pas vue depuis qu’elle était gamine, qui a bien grandi depuis et qui semble en pincer pour lui. Il y a aussi Danny (Michael Sharrett), le frère de Katie, timide et effacé. Ces retrouvailles se dérouleraient pour le mieux si la bande des Sauvages n’avait pas décidé de revenir en ville, pour s’en prendre aux habitants et même pour raser leurs habitations de la carte. Leur leader Pigiron (immense William Forsythe, ou les dents du bonheur les plus flippantes du cinéma) commence tout d’abord par emballer facilement Rachel, serveuse du seul rade du coin, puis arme les siens d’un tank destiné à tout pulvériser sur son passage. Heureusement, Stryker, expert du corps-à-corps et du maniement des armes, en a encore sous le capot et compte se mettre en travers du chemin des Sauvages.

Savage Dawn fleure bon ce parfum redneck qui affole les tripes et les hormones des cinéphages. Tous les ingrédients sont réunis ici, de l’idiot du village qui caresse sa poupée au nain lubrique homosexuel, en passant par un pasteur vicelard, un adjoint au shérif aussi zinzin que ceux qu’il met derrière les barreaux, et toutes les nanas qui paraissent chaudes comme la b(r)aise, mention spéciale à Wendy Barry, vue dans Class 89 de Larry Gross, qui ferait bander un mort et qui durcit d’ailleurs ce pauvre pasteur en slip-kangourou qui devient tout-chose devant son charme incendiaire, tandis que Pino Donaggio passe sa crise d’épilepsie sur son synthétiseur.

Malgré un budget qu’on imagine volontiers limité, le cinéaste soigne chacun de ses plans (les quelques vides sont dissimulés par diverses paires de boobs), chacune de ses scènes, en leur donnant une ampleur inattendue doublée d’une évidente beauté plastique grâce à la photographie de Gerald Feil, chef opérateur de Meurtres en 3 dimensionsFriday the 13th Part III de Steve Miner et précédemment à l’oeuvre sur le Silent Madness en 3D de Simon Nutchen. Savage Dawn est extrêmement divertissant, jouissif même, estimable et même très largement recommandé.

LE BLU-RAY

Franchement, c’est la classe. Savage Dawn débarque en Blu-ray chez Le Chat qui fume en boîtier dit Scavano (comme chez Criterion), dans lequel s’est glissée une jaquette au visuel immédiatement attractif. Le menu principal est animé et musical. Édition limitée à 1000 exemplaires.

Seule la bande-annonce est proposée en guise de bonus, quand le disque US présentait en sus le commentaire audio du réalisateur.

L’Image et le son

Le Chat qui fume reprend le même master 2K restauré à partir du négatif original, édité par Vinegar Syndrome en novembre 2019. Si l’on distingue des rayures verticales à plusieurs reprises, ainsi que des plans flous et des poussières ici et là, la copie ne cesse d’impressionner. La belle photo tire profit de cette promotion HD, avec une clarté bluffante du début à la fin, des contrastes léchés, des couleurs lumineuses (voir le ciel immaculé), des noirs denses, un piqué aussi pointu que les seins de Wendy Barry, des détails à foison (sur les gros plans, les décors, les costumes) et une stabilité à toute épreuve. La texture argentique est évidemment de la partie, excellemment gérée et organique à souhait, composante essentielle des partis-pris parfois craspecs du film. Un bien bel objet qui une fois de plus participe à la (re)découverte totale de Savage Dawn.

Deux mixages au choix. La version française ou la version originale. Du point de vue dynamique, la VO l’emporte avec un report plus élevé des dialogues et de la musique de Pino Donaggio. Une piste plus harmonieuse et moins rentre dedans que la VF au doublage fleuri, que nous vous conseillons d’écouter au moins une fois.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Une réflexion sur « Test Blu-ray / Savage Dawn, réalisé par Simon Nuchtern »

  1. J’avais vu ce film il y a déjà longtemps, avec des amis, et la VF nous avait bien fait rire. Je garde du film un souvenir mitigé, mais à lire cette critique positive, je m’aperçois être passé à côté d’un certain nombre de trucs. Je reverrai peut-être un jour ce film à la hausse, qui sait? 🙂

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