Test Blu-ray / Pour l’amour du ciel, réalisé par Luigi Zampa

POUR L’AMOUR DU CIEL (È più facile che un cammello…) réalisé par Luigi Zampa, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 24 avril 2024 chez Pathé.

Acteurs : Jean Gabin, Mariella Lotti, Antonella Lualdi, Julien Carette, Elli Parvo, Paola Borboni, Carlo Sposito, Elena Altieri, Nerio Bernardi…

Scénario : Cesare Zavattini, Suso Cecchi D’Amico, Vitaliano Brancati, Diego Fabbri, Giorgio Moser & Henri Jeanson

Photographie : Carlo Montuori

Musique : Nino Rota

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1950

LE FILM

Lorsqu’il se fait mortellement renverser par un camion, le riche industriel romain Carlo Bacchi se voit refuser l’entrée au paradis. Le juge céleste lui donne alors douze heures pour racheter ses fautes en faisant le bonheur de Santini, un de ses ouvriers qui a tenté de se suicider.

Si beaucoup, y compris Jean Gabin lui-même, évoquaient une traversée du désert après la guerre, il ne faut pas oublier que les spectateurs continuaient d’aller au cinéma voir les films avec celui était alors l’acteur français le plus célèbre dans le monde. Ainsi, L’Imposteur, Martin Roumagnac, Au-delà des grilles et La Marie du port ont tous dépassé la barre des deux millions d’entrées. Si l’aura de Jean Gabin n’est plus la même, surtout depuis depuis son retour du front avec des cheveux blancs, celui-ci est bien toujours présent et tente de retrouver des projets intéressants, ce qui lui manque certainement désormais. Il est donc peu étonnant de le retrouver de l’autre côté des Alpes, sous la direction de Luigi Zampa (1905-1991), dans une des premières co-productions franco-italiennes, Pour l’amour du ciel È più facile che un cammello…. Complètement méconnu dans nos contrées, et pour cause puisqu’il s’agit d’un des pires scores au box-office de toute la carrière de Jean Gabin avec 679.000 entrées, au même niveau que les 641.000 entrées de Sous le signe du taureau de Gilles Grangier. Pourtant, Pour l’amour du ciel détonne puisqu’il plonge le « Vieux » dans un film quasi-fantastique, où son personnage arrive au purgatoire après un accident. Alors qu’il est sur le point d’être conduit en enfer et après s’être plaint, il obtient douze heures de sursis pour sauver son âme. Si Pour l’amour du ciel est loin d’être une entière réussite, cet opus vaut assurément pour son originalité.

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Test 4K UHD / Expendables 4, réalisé par Scott Waugh

EXPENDABLES 4 (Expend4bles) réalisé par Scott Waugh, disponible en DVD, Blu-ray et 4K UHD le 15 février 2024 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Sylvester Stallone, Jason Statham, 50 Cent, Megan Fox, Dolph Lundgren, Tony Jaa, Iko Uwais, Andy Garcia, Randy Couture, Levy Tran…

Scénario : Kurt Wimmer, Tad Daggerhart & Max Adams

Photographie : Tim Maurice-Jones

Musique : Guillaume Roussel

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Les Expendables sont envoyés en Libye pour empêcher le mercenaire Suarto Rahmat de voler des têtes nucléaires pour le compte d’un mystérieux terroriste nommé Ocelot, que Barney Ross n’avait pas réussi à appréhender 25 ans auparavant. Barney mène donc son équipe, composée des membres habituels (Lee Christmas, Toll Road et Gunner Jensen), avec de nouveaux venus comme Easy Day et Galan, le fils de Galgo. Cependant, ils sont mis hors d’état de nuire lorsque tous leurs véhicules sont détruits lors de la lutte qui s’ensuit. Lorsque Rahmat abat leur avion, l’équipe trouve le corps brûlé de Barney dans les décombres, identifié par sa bague.

Bon…On ne tire pas sur l’ambulance. Mais avouez parfois que c’est tentant. Après les triomphes d’Expendables – Unité spéciale (275 millions de dollars de recettes) et Expendables 2 (300 millions), un troisième volet avait rapidement été mis en route. Malgré la réunion de la crème de la crème des films d’action, la précédente mission des « Sacrifiés » (comme on dit au Québec) avait connu un sacré revers au box-office avec seulement 39 millions de dollars de recette sur le sol américain, là où le premier dépassait la barre des cent millions et où le second la frôlait de près. Nous étions donc loin de penser que la bande à Stallone referait surface et tout ce gang de bras cassés aurait mieux fait de s’abstenir. Sly a d’ailleurs préféré laisser le scénario à d’autres, il était déjà occupé à signer ceux de Rambo:Last Blood et Creed 2 sur un papier OCB, tout en voyant les manettes confiées à un type du nom de Scott Waugh (Patrick Hughes devait revenir, avant de finalement décliner), réalisateur de Need for Speed, succès surprise de 2014, secondé par son confrère Brian Smrz, metteur en scène du pitoyable 24H Limit. Et n’imaginez pas que Sylvester Stallone en profite pour se consacrer pleinement aux scènes d’action non, car sur 105 minutes celui-ci n’apparaît en tout et pour tout qu’un petit quart d’heure, durée qu’il lui faut pour essayer d’enfourcher sa bécane. L’« intérêt » d’Expend4bles était d’illustrer le passage de relais entre Barney Ross et Lee Christmas, autrement dit entre Sly et Jason Statham. Seulement voilà, cela semble avoir été fait depuis belle lurette et rien, absolument rien n’est à sauver dans ce quatrième et on espère dernier volet de cette franchise qui ne laissera pas un grand souvenir alors qu’il y avait au départ tout pour en faire un monument de la pop culture.

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Test Blu-ray / La Tresse, réalisé par Laetitia Colombani

LA TRESSE réalisé par Laetitia Colombani, disponible en DVD & Blu-ray le 28 mars 2024 chez M6 Vidéo.

Acteurs : Kim Raver, Fotinì Peluso, Mia Maelzer, Sajda Pathan, Avi Nash, Manuela Ventura, Sarah Abbott, Francesco Marinelli…

Scénario : Laetitia Colombani (d’après son roman) & Sarah Kaminsky

Photographie : Ronald Plante

Musique : Ludovic Einaudi

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Inde. Smita est une Intouchable. Elle rêve de voir sa fille échapper à sa condition misérable et entrer à l’école.

Italie. Giulia travaille dans l’atelier de son père. Lorsqu’il est victime d’un accident, elle découvre que l’entreprise familiale est ruinée.

Canada. Sarah, avocate réputée, va être promue à la tête de son cabinet quand elle apprend qu’elle est malade.

Trois vies, trois femmes, trois continents. Trois combats à mener. Si elles ne se connaissent pas, Smita, Giulia et Sarah sont liées sans le savoir par ce qu’elles ont de plus intime et de plus singulier.

Difficile d’aborder l’adaptation d’un gros best-seller (5 millions d’exemplaires vendus, dont deux millions rien qu’en France) quand l’auteur de ces mots n’a pas lu le livre en question. Cette critique sera donc uniquement axée sur l’aspect cinématographique de La Tresse, même s’il y a fort à parier que Laetitia Colombani (née 1976), réalisatrice ici, n’a vraisemblablement pas trahi son roman, au risque de s’attirer les foudres de celles et ceux qui attendaient impatiemment cette transposition. Elle coécrit cette mouture pour le grand écran avec l’aide de Sarah Kaminsky, capable du pire (La Ch’tite famille, Raid Dingue) comme du meilleur (Adieu Monsieur Haffman, Gauguin – Voyage de Tahiti) dispose d’un budget étonnamment « modeste » (un peu plus de huit millions d’euros) et d’une mise en avant internationale. Après un tournage chaotique qui s’est étalé sur six mois en raison de la pandémie, La Tresse a une fois de plus rencontré son public avec plus d’1,2 million d’entrées, malgré une critique qui a fait quelque peu la fine bouche. En l’état, le film se suit agréablement, facilement, frôle souvent le pathos certes, mais s’en tire grâce à un excellent casting et une photographie soignée Ronald Plante, chef opérateur québécois remarqué pour son travail sur la mini-série Sharp Objects. Un divertissement forcément capillotracté et à un cheveu de tomber dans le misérabilisme, mais qui ne manque pas d’élégance.

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Test Blu-ray / La Peur règne sur la ville, réalisé par Giuseppe Rosati

LA PEUR RÈGNE SUR LA VILLE (Paura in città) réalisé par Giuseppe Rosati, disponible en Blu-ray le 14 décembre 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Maurizio Merli, James Mason, Raymond Pellegrin, Silvia Dionisio, Fausto Tozzi, Gianfilippo Carcano, Giovanni Elsner, Mario Novelli…

Scénario : Giuseppe Pulieri & Giuseppe Rosati

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Giampaolo Chiti

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Rome, mai 1976. Lettieri et sa bande s’évadent de la prison Regina Coeli, embarquant avec eux Giacomo Masoni sur le point de finir de purger sa peine. Dans les jours qui suivent, ils règlent leurs comptes avec ceux qui les ont trahis. Craignant que la situation ne dégénère, le préfet se voit alors contraint de réintégrer dans ses fonctions le commissaire Murri, flic aux méthodes expéditives, hanté par le meurtre de son épouse et de sa petite fille. Lui et son équipe remonteront peu à peu la piste des malfrats.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser avec les micro-flashbacks présents dans le film, La Peur règne sur la ville Paura in città n’est pas la suite d’un autre poliziottesco, même si là encore la présence en haut de l’affiche de Maurizio Merli pourrait porter à confusion. Ce dernier est alors devenu une véritable icône du genre en vogue de l’autre côté des Alpes, avec la trilogie du Commissaire Betti (Rome violente Roma violenta, Opération casseurs Napoli violenta, Opération Jaguar Italia a mano armata), qui rencontre un immense succès populaire. Suivront d’autres opus du même acabit dans lesquels le comédien, toujours la moustache fringante, interprète plus ou moins le même personnage, celui du flic aux méthodes brutales, mal vu par sa hiérarchie (sauf par le préfet incarné par James Mason, qui se demande ce qu’il fout là à part faire de la publicité pour l’eau Pejo, tandis que Merli brandit son paquet de Marlboro à tire-larigot, avant d’aller se poster devant une enseigne Fernet-Branca), qui n’osera jamais avouer qu’il est le meilleur sur le terrain. Ainsi, après Brigade spéciale Roma a mano armata et Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento d’Umberto Lenzi, Maurizio Merli interprète le Commissaire Muri (chaînon manquant entre Harry Callahan et Paul Kersey) dans La Peur règne sur la ville. Rétrospectivement, ce néo-polar est sans doute l’un des moins enthousiasmants tenus par l’acteur au brushing impeccable. Derrière la caméra, Giuseppe Rosati (né en 1923 et apparemment toujours parmi nous), manque de folie, d’ambition, d’imagination aussi, se contentant de prendre le train en marche après Il Testimone deve tacere et Tireur d’élite La Polizia interviene: ordine di uccidere!. Si le spectacle demeure indéniable, peu d’éléments marquent les esprits et La Peur règne sur la ville reste à voir uniquement pour sa star au charisme magnétique qui traverse ici le film en mode automatique.

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Test Blu-ray / Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, réalisé par Jean Dréville

LES NUITS BLANCHES DE SAINT-PÉTERSBOURG réalisé par Jean Dréville, disponible en Blu-ray le 13 mars 2024 chez Gaumont.

Acteurs : Gaby Morlay, Jean Yonnel, Edmonde Guy, Pierre Renoir, Jacques Erwin, Annie Rozanne, André Bervil, Gisèle Gire…

Scénario : André Legrand

Photographie : Michel Kelber

Musique : Adolphe Borchard

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1938

LE FILM

Pozdnycheff, jeune fêtard, a détruit par sa légèreté le bonheur conjugal d’un de ses amis d’enfance qui s’est suicidé. Depuis, il est hanté par ce souvenir. Il se marie et devient alors la proie d’une jalousie maladive qui le conduit à tenter d’assassiner sa femme et un violoniste qu’il croit être son amant.

Depuis dix ans, la maison Gaumont (comme l’appelait Georges Lautner) tente de remettre en avant les œuvres de Jean Dréville (1906-1997), quatre décennies cinéma, plus de trente longs-métrages, des succès voire des triomphes par dizaines (Copie conforme, La Cage aux rossignols). Le réalisateur, qui parvenait à sortir deux voire trois films par an a connu un important regain d’intérêt avec des opus comme La Fayette (1962), Normandie Niémen (1960), Les Cadets de l’océan (1945), qui ont tous subi une restauration en Haute-Définition, avant d’être exploité en Blu-ray. Il faudra désormais ajouter à cette liste Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, qui comme l’indique Patrick Glâtre, spécialiste de Jean Dréville et par ailleurs auteur du passionnant ouvrage Jean Dréville cinéaste (Créaphis, 2006), se situe à un carrefour de sa carrière, où l’artiste mettra tout son immense savoir-faire technique au profit des histoires qui lui sont proposées. En dépit de ses scores pharamineux et enviés au box-office, Jean Dréville ne pourra jamais imposer un sujet qui lui tient à coeur ou dont il aurait été à l’origine, ce qui lui laissera un goût amer jusqu’à la fin de sa vie. Néanmoins, le public sera toujours présent. En 1937, sortent tour à tour Troïka sur la piste blanche, Maman Colibri, tandis que le metteur en scène emballe Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg, qui apparaît sur les écrans au mois de février de l’année suivante. Cette première collaboration entre Jean Dréville et la star Gaby Morlay est l’adaptation d’un court roman de Léon Tolstoï, La Sonate à Kreutzer (1889), dont il s’agit ici de la cinquième transposition (après trois films muets et une première version parlante réalisée en 1937 par Veit Harlan), surfant sur l’attrait des spectateurs pour la culture slave. Drame parfois très emphatique, Les Nuits blanches de Saint-Pétersbourg est un beau et bon film, dans lequel se distingue Jean Yonnel, Sociétaire de la Comédie-Française, star du somptueux Amok de Fédo Ozep, qui terminera son illustre carrière en interprétant le père de Bourvil dans Un drôle de paroissien de Jean-Pierre Mocky. Il est ici impérial, à la fois pathétique et flippant, le jeu forcément daté, mais foncièrement habité du comédien valant sacrément le détour.

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Test Blu-ray / Qui l’a vue mourir?, réalisé par Aldo Lado

QUI L’A VUE MOURIR? (Chi l’ha vista morire?) réalisé par Aldo Lado, disponible en Blu-ray chez Frenezy depuis le 6 décembre 2023.

Acteurs : George Lazenby, Anita Strindberg, Adolfo Celi, Nicoletta Elmi, Dominique Boschero, Peter Chatel, Piero Vida, José Quaglio, Alessandro Haber…

Scénario : Francesco Barilli, Massimo D’Avak, Aldo Lado & Rüdiger von Spies

Photographie : Franco Di Giacomo

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

En 1968, en France, une jeune fille est assassinée à coups de pierre par une personne mystérieuse, voilée et vêtue de noir. Quatre ans plus tard, à Venise, le sculpteur Franco Serpieri vit paisiblement avec sa maîtresse. Séparé de son épouse qui s’est installée à Londres, il reçoit fréquemment la visite de sa fille Roberta. Mais un soir, celle-ci ne rentre pas chez son père. Le lendemain, on retrouve son corps noyé dans un des canaux de la ville. La police se charge de l’enquête mais sans résultats. Franco, qui se sent responsable du drame, décide de se lancer seul à la poursuite du coupable…

Remarqué avec Je suis vivant !, son « film politique déguisé en giallo » comme il le qualifiait lui-même, Aldo Lado (1934-2023) pense déjà à son prochain opus comme metteur en scène, La Drôle d’affaire – La Cosa buffa, quand il reçoit la proposition du producteur allemand Dieter Geissler (Kill, Out of Order, Société anonyme anti-crime) de réaliser Qui l’a vue mourir ? – Chi l’ha vista morire?, d’après un scénario de Francesco Barilli (Le Parfum de la dame en noir, Prima della rivoluzione) et Massimo D’Avak (Exécutions, Si douces, si perverses), autre film de genre dans lequel il s’était précédemment illustré. Il laisse alors son ami Bernardo Bertolucci, avec lequel il préparait Le Dernier tango à Paris, décide de remanier le script en y ajoutant toutes ses connaissances sur Venise, lieu où se déroule l’action, ville qu’il connaît sur le bout des doigts pour y avoir grandi. Est-ce en raison de cette authenticité que Qui l’a vue mourir ? est aujourd’hui devenu l’un des gialli préférés des spectateurs, ou tout du moins qui revient souvent dans les tops des fans du thriller italien ? Pas seulement. Aldo Lado et ses scénaristes privilégient l’émotion, souvent oubliée au profit des effets sanglants, en combinant à la fois l’histoire d’un deuil impossible, le désir de vengeance et l’hypocrisie de la bourgeoisie. Un cocktail virtuose, amer en bouche certes, mais avec lequel Aldo Lado prouvait pour la seconde fois qu’il était à la fois un fabuleux conteur, doublé d’un brillant formaliste.

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Test Blu-ray / Sampo, le jour où la Terre gela, réalisé par Alexandre Ptouchko

SAMPO, LE JOUR OÙ LA TERRE GELA (Sampo) réalisé par Alexandre Ptouchko, disponible en Mediabook Blu-ray + 2 DVD + Livret le 6 février 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Urho Somersalmi, Anna Orochko, Ivan Voronov, Andris Osins, Ada Voytsik, Eve Kivi, Georgiy Millyar, Mikhail Troyanovskiy…

Scénario :Viktor Vitkovich & Grigori Yagdfeld, d’après l’oeuvre d’Elias Lönnrot

Photographie : Gennadi Tsekavyj & Viktor Yakushev

Musique : Igor Morozov

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Dans un beau pays du Nord, le bûcheron Lemminkainen rencontre la belle Anniki, sœur du forgeron Ilmarinen qui connaît le secret de fabrication du Sampo, une roche magique produisant l’abondance. Non loin de là, sur l’île de Pohjola, peuplée de gnomes et de trolls, la sorcière Louhi désire augmenter sa puissance grâce au Sampo. Elle fait alors enlever Anniki afin d’attirer Ilmarinen sur ses terres.

Sampo, le jour où la Terre gela ou tout simplement Sampo est l’adaptation d’un roman d’Elias Lönnrot (1802-1884), à la fois médecin, explorateur, lexicographe, linguiste, écrivain, enseignant du folklore, pionnier de la botanique, journaliste, éditeur, scientifique, professeur de finnois et de littérature finlandaise. Une carte de visite conséquente, célèbre dans le monde entier pour ses ouvrages intitulés Kalevala et Kanteletar, recueils des anciens chants du peuple finnois. Sampo est inspiré du Kalevala, épopée basée sur des poésies de la mythologie finnoise transmises par l’oral et considérée comme faisant partie des œuvres les plus significatives en finnois. C’est celui que l’on surnommait le Walt Disney soviétique, Alexandre Loukitch Ptouchko (Le Conte du tsar Saltan, Le Géant de la steppe) qui prend en main ce blockbuster à l’ancienne, en s’emparant du récit publié en 1835, enrichi quinze ans plus tard, constitué de plus de 20.000 vers divisés en une cinquantaine de chants. Il fallait un magicien pour mettre en images cet ensemble de poèmes populaires, qui ressuscitent la vie dans les campagnes finlandaises, plus particulièrement en Carélie. Considéré comme le fondement de l’identité nationale de la Finlande, le Kalevala prend forme, naît devant nos yeux ébahis par tant de beauté grâce à la virtuosité de son metteur en scène. Si évidemment nous ne pourrons faire une comparaison entre le film et l’oeuvre d’Elias Lönnrot (ce que Matthieu Rehde fait magistralement dans le livret joint à la sublime édition Blu-ray de Sampo, disponible chez Artus Films), nous, simples spectateurs, ne pouvons que nous laisser porter par l’imagination débordante d’Alexandre Ptouchko, qui nous embarque une fois de plus dans un pays « imaginaire » où le surnaturel est omniprésent. C’est somptueux et annonciateur de l’heroic fantasy, puisque Sampo aura entre autres une grande influence sur Le Seigneur des anneaux de Tolkien. Rien que ça. Si ça ne vous donne pas envie on ne peut rien pour vous.

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Test DVD / Le Ravissement, réalisé par Iris Kaltenbäck

LE RAVISSEMENT réalisé par Iris Kaltenbäck, disponible en DVD et Blu-ray le 20 février 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Hafsia Herzi, Alexis Manenti, Nina Meurisse, Younes Boucif, Radmila Karabatic, Dusko Badnjar, Ana Blagojevic, Grégoire Didelot…

Scénario : Iris Kaltenbäck, Naïla Guiguet & Alexandre de La Baume

Photographie : Marine Atlan

Musique : Alexandre de La Baume

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Comment la vie de Lydia, sage-femme très investie dans son travail, a-t-elle déraillé ? Est-ce sa rupture amoureuse, la grossesse de sa meilleure amie Salomé, ou la rencontre de Milos, un possible nouvel amour ? Lydia s’enferme dans une spirale de mensonges et leur vie à tous bascule…

C’est assurément l’un des meilleurs films de l’année 2023, qui vous reste en tête bien longtemps après la projection, qui vous triture les méninges, qui vous donne encore mal à l’estomac, qui vous bouleverse. Le Ravissement est le premier long-métrage d’Iris Kaltenbäck, huit ans après son court-métrage Le Vol des cigognes qui posait déjà les bases du film qui nous intéresse aujourd’hui. La scénariste du superbe L’Enfant rêvé de Raphaël Jacoulot prend son envol avec Le Ravissement, choc cinématographique, qui s’inspire d’un fait divers dont la réalisatrice a eu vent en lisant les journaux, un petit encart dans lequel était stipulé qu’une jeune femme avait « emprunté » l’enfant de sa meilleure amie, en faisant croire à un homme qu’il s’agissait du sien. Le Vol des cigognes était déjà un uppercut en soi et Le Ravissement va encore plus loin, imposant d’emblée son auteure comme l’une des plus prometteuses dans sa catégorie. Romanesque, terrifiant, à fleur de peau, triste (mais jamais pathos) et en même temps lumineux grâce à la présence toujours aussi envoûtante de la comédienne Hafsia Herzi, Le Ravissement est une œuvre sensationnelle de maîtrise et de maturité.

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Test DVD / The Pod Generation, réalisé par Sophie Barthes

THE POD GENERATION réalisé par Sophie Barthes, disponible en DVD le 5 mars 2024 chez Jour2Fête.

Acteurs : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Vinette Robinson, Rosalie Craig, Jean-Marc Barr, Jelle De Beule, Benedict Landsbert-Noon, Aslin Farrell…

Scénario : Sophie Barthes

Photographie : Andrij Parekh

Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine

Durée : 1h45

Année de sortie : 2023

LE FILM

Dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature, Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un Pod. Alvy a des doutes, mais Rachel, business-woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…

Nous n’avions pas de nouvelles de Sophie Barthes depuis près de dix ans et son intéressante adaptation de Madame Bovary de Gustave Flaubert. Remarquée en 2009 avec son premier long métrage Âmes en stock (2009), la réalisatrice franco-américaine signe un étonnant comeback au cinéma avec son troisième film The Pod Generation, avec lequel elle revient à la science-fiction, genre qu’elle avait déjà exploré avec son coup d’essai Cold Souls. On retrouve cette légèreté présente dans les précédents travaux de la cinéaste, même si le sujet est à la base grave, un mélange des tons plus équilibré que dans Âmes en stock et Madame Bovary, avec lequel Sophie Barthes traite de la maternité et imagine comment cet événement pourrait se dérouler dans un futur proche. Comédie-romantico-fantastique, The Pod Generation réussit son pari, parvenir à divertir les spectateurs, tout en le faisant réfléchir sur des sujets « inimaginables », mais qui pourraient pourtant se passer dans un avenir beaucoup moins loin qu’on le pense. The Pod Generation repose aussi sur l’alchimie du très beau couple formé par Emilia Clarke et Chiwetel Ejiofor. Une belle et bonne surprise.

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Test Blu-ray / Le Chat et le canari, réalisé par Radley Metzger

LE CHAT ET LE CANARI (The Cat and the Canary) réalisé par Radley Metzger, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 22 mars 2024 chez Rimini Editions

Acteurs : Honor Blackman, Michael Callan, Edward Fox, Wendy Hiller, Olivia Hussey, Beatrix Lehmann, Carol Lynley, Daniel Massey, Peter McEnery, Wilfrid Hyde-White…

Scénario : Radley Metzger, d’après la pièce de théâtre de John Willard

Photographie : Alex Thomson

Musique : Steven Cagan

Durée : 1h29

Année de sortie : 1978

LE FILM

À Glendiff en 1914, le riche et extravagant Cyrus West meurt dans son château. Vingt ans plus tard, la notaire Allison Crosby réunit tous les héritiers dans la grande salle afin de divulguer le testament. Elle découvre qu’Annabelle West en est la légataire universelle. Peu à peu les invités disparaissent puis sont retrouvés assassinés…

Tandis que les gialli et films d’épouvante de Dario Argento et de ses confrères compatriotes remplissent les salles dans les années 1970, que le slasher est sur le point de prendre son envol avec La Nuit des masques – Halloween de John Carpenter et que les enquêtes d’Hercule Poirot semblent intéresser les spectateurs (après Le Crime de l’Orient-Express, Mort sur le Nil se profile à l’horizon), le producteur Richard Gordon (Inseminoïd, Monstres invisibles, Corridors of Blood) a de la suite dans les idées. Pourquoi ne pas mixer tous ces ingrédients, les passer à la sauce à la menthe (autrement dit british) et tenter de surfer sur ces effets de mode ? Voilà comment est né Le Chat et le canari The Cat and the Canary, adapté d’une pièce de théâtre de John Willard, déjà transposée dans les années 1920 par Paul Leni, qui combine le film d’horreur (plusieurs meurtres y sont commis), l’enquête policière (un assassin se cache dans une demeure) et le whodunit (le meurtrier en question est peut-être dissimulé parmi les personnages principaux). Formidable opus que Le Chat et le canari version 1978, solidement mis en scène par Radley Metzger (1929-2017), bourré de trouvailles à la fois sur le fond et sur la forme et surtout merveilleusement interprété par une troupe de dix comédiens exceptionnels qui ont l’air de s’amuser du début à la fin. Une belle et grande découverte.

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