Test DVD / L’Alliance, réalisé par Christian de Chalonge

L’ALLIANCE réalisé par Christian de Chalonge, disponible en DVD le 18 octobre 2022 chez Inser & Cut Production.

Acteurs : Anna Karina, Jean-Claude Carrière, Isabelle Sadoyan, Tsilla Chelton, Rufus, André Gille, Jean Wiener, Pierre Risch, Pierre Julien…

Scénario : Jean-Claude Carrière & Christian de Chalonge, d’après le roman de Jean-Claude Carrière

Photographie : Alain Derobe

Musique : Gilbert Amy

Durée : 1h25

Date de diffusion initiale : 1970

LE FILM

Hugues, un vétérinaire à la recherche d’un grand appartement, s’attache les services d’une agence matrimoniale pour accéder à ce bien, et accessoirement trouver une épouse. L’agence lui présente Jeanne, une jeune femme énigmatique. De retour de leur voyage de noces, Hugues s’entoure d’une multitude d’animaux (reptiles, primates, insectes…) pour mener ses recherches. Leur présence est une source d’inquiétude pour Jeanne. Dans ce climat oppressant, les deux êtres commencent à s’épier mutuellement. Alors qu’ils parviennent, tant bien que mal, à s’apprivoiser, puis à s’attacher l’un à l’autre, se profile une menace indéfinissable, vivement ressentie par les animaux.

Impossible de résumer de la carrière dantesque, plurielle et éclectique Jean-Claude Carrière (1931-2021). L’écrivain, réalisateur (de trois courts-métrages, dont deux avec son complice Pierre Etaix), scénariste (chez Louis Malle, Luis Buñuel, Jesús Franco, Jacques Deray…), parolier (pour Juliette Gréco, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau, Françoise Fabian, Delphine Seyrig…) était aussi acteur occasionnel, « quand il n’y avait pas d’argent pour payer une vedette » comme il aimait le répéter. S’il apparaîtra en tout et pour tout une bonne quarantaine de fois devant la caméra, il se voit confier le premier rôle de L’Alliance en 1970 par le réalisateur Christian de Chalonge (né en 1937), adaptation de son roman du même nom édité en 1962. Jean-Claude Carrière fait preuve d’un réel talent dramatique et donne la réplique à la sublime Anna Karina, dans ce drame quasi-inclassable, qui lorgne sur le fantastique à mesure que l’on plonge dans un récit tortueux et sensoriel, jusqu’au dénouement déconcertant, totalement imprévisible, qui marquera forcément les esprits. Lent, mais hypnotique, beau et sobre, magnétique et bouleversant, L’Alliance est un bijou insoupçonné dans la filmographie du metteur en scène de L’Argent des autres, Malevil et Docteur Petiot.

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Test DVD / L’Arnaqueuse, réalisé par Peter Hall

L’ARNAQUEUSE (Perfect Friday) réalisé par Peter Hall, disponible en DVD et Blu-ray le 21 juillet 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Ursula Andress, Stanley Baker, David Warner, Patience Collier, T.P. McKenna, David Waller, Joan Benham, Julian Orchard…

Scénario : Anthony Greville-Bell & Scott Forbes

Photographie : Alan Hume

Musique : John Dankworth

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

En voyant un beau jour arriver dans son établissement la ravissante Lady Dorset, Mr. Graham, le sous-directeur d’une banque de Londres, a soudain une idée. Avec l’aide de la jolie jeune femme, il compte bien réussir à dévaliser sa propre banque. Mais Lady Dorset a ses propres motivations, et possède bien des atouts cachés.

Finalement, à part James Bond 007 contre Dr No de Terence Young, Les Tribulations d’un Chinois en Chine de Philippe de Broca et peut-être La Dixième Victime La Decima vittima d’Elio Petri, on connaît mal la carrière cinématographique d’Ursula Andress…Si la comédienne suisse est passée à la postérité pour avoir incarné la première James Bond Girl officielle en 1962, on se souvient évidemment tous de sa sortie des flots turquoise en bikini, on aurait quelques difficultés à avancer encore certains autres titres célèbres. Pourtant, celle-ci aura aussi tourné avec Robert Aldrich (Quatre du Texas 4 for Texas), Clive Donner (Quoi de neuf, Pussycat ? What’s New Pussycat), John Guillermin (Le Crépuscule des aigles The Blue Max), ainsi qu’avec toute une ribambelle de cinéastes italiens, de Steno (Un Américain à Rome Un americano a Roma) à Luigi Zampa (Pas folles, les mignonnes Le Dolci signore), en passant par Maurizio Lucidi (La Dernière Chance L’Ultima chance), Duccio Tessari (Les Sorciers de l’île aux singes Safari Express), Sergio Martino (La Montagne du dieu cannibaleLa Montagna del dio cannibale), Fernando Di Leo (Ursula l’anti-gangColpo in canna), Enzo G. Castellari (La Grande DébandadeLe Avventure e gli amori di Scaramouche) et Luigi Zampa (Les MonstressesLetti selvaggi). En 1970, juste avant de rejoindre Alain Delon, Charles Bronson et Toshirô Mifune à Almería pour tourner Soleil rouge de Terence Young, Ursula Andress naviguait sur la Tamise avec Stanley Baker et David Warner, pour une comédie de braquage intitulée L’ArnaqueusePerfect Friday, réalisée par Peter Hall. S’il ne révolutionnera aucun des deux genres auxquels il est rattaché, ce divertissement ne manque pas de charme, surtout cette chère Ursula, très en forme(s) et généreuse avec les spectateurs, qui n’hésite pas à se dévêtir à la moindre occasion.

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Test DVD / Algunas Bestias, réalisé par Jorge Riquelme Serrano

ALGUNAS BESTIAS réalisé par Jorge Riquelme Serrano, disponible en DVD le 7 octobre 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Paulina Garcia, Alfredo Castro, Consuelo Carreño, Gaston Salgado, Millaray Lobos, Andrew Bargsted, Nicolás Zárate…

Scénario : Jorge Riquelme Serrano & Nicolás Diodovich

Photographie : Eduardo Bunster

Musique : Carlos Cabezas

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Dolores et Antonio, couple de nantis, sont invités sur une île reculée par leur fille Ana, son mari Alejandro et leurs deux adolescents pour concrétiser un projet financier. Les plans tournent court quand ils se retrouvent abandonnés par le gardien de l’île. Désormais sans moyen de communication, les membres de la famille tentent de survivre dans un climat hostile, la tension s’installe et libère de sombres démons…

En tant que spectateurs européens, nous n’avons sans doute pas tous les codes pour déchiffrer totalement Algunas Bestias, deuxième long-métrage de Jorge Riquelme Serrano, très largement diffusé dans les festivals et récompensé entre autres au Havana Film Festival, ainsi qu’au San Sebastián International Film Festival. Pensé comme “un miroir, un portrait de la société chilienne. C’est un film douloureux, naturaliste et urgent, qui s’attache à faire réfléchir le public, d’une manière franche et douloureuse” comme le décrit le réalisateur lui-même, Algunas Bestias s’inspire de L’Ange exterminateur, oeuvre matricielle de toute la filmographie de Luis Buñuel, référence ultime du huis clos dans lequel le cinéaste espagnol naturalisé mexicain s’attaquait à l’un de ses thèmes de prédilection, la bourgeoisie, figée et hypocrite, qui devenait prisonnière de son propre système. Dans Algunas Bestias, la classe aisée est aussi repliée sur elle-même et cette caste va alors perdre le contrôle et le vernis de la bienséance commencer à s’écailler. Dans une unité de lieu, de temps et d’action, comme qui dirait le chaînon manquant entre Théorème de Pier Paolo Pasolini et Festen de Thomas Vinterberg, Jorge Riquelme Serrano observe ses personnages avec l’oeil d’un entomologiste, dilate le temps pour créer une atmosphère lourde et troublante, joue avec les attentes, jusqu’au final très difficile, à ne pas mettre devant tous les yeux. Si l’on ne sait pas trop quoi en penser sur le coup, Algunas Bestias reste en tête, s’enfouit dans la mémoire, la triture, lui fait mal, certaines scènes revenant sans cesse nous hanter. Un cinéaste est né.

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Test DVD / Nitram, réalisé par Justin Kurzel

NITRAM réalisé par Justin Kurzel, disponible en DVD le 6 septembre 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Caleb Landry Jones, Judy Davis, Anthony LaPaglia, Phoebe Taylor, Sean Keenan, Conrad Brandt, Essie Davis, Zaidee Ward…

Scénario : Shaun Grant

Photographie : Germain McMicking

Musique : Jed Kurzel

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Australie, milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration. Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Ensemble, ils se construisent une vie à part. Quand Helen disparaît tragiquement, la colère et la solitude de Nitram ressurgissent. Commence alors une longue descente qui va le mener au pire.

Nitr-oglycérine ! Nitram est le cinquième long-métrage explosif de Justin Kurzel, découvert avec Les Crimes de Snowtown en 2011, qui avait ensuite dirigé Michael Fassbender et Marion Cotillard dans Macbeth (2015) et Assassin’s Creed (2016), avant de signer un western avec Russell Crowe, Nicholas Hoult et Charlie Hunnam, Le Gang Kelly. Le film s’inspire d’une histoire vraie. En avril 1996 à Port Arthur en Tasmanie (Australie), un forcené agissant en solitaire ouvre le feu sur la foule. 35 personnes perdront la vie, 23 autres seront grièvement blessés. L’individu responsable de ce massacre, Martin Bryant, 28 ans, écope de 35 peines d’emprisonnement à perpétuité et de 1 035 ans sans liberté conditionnelle. Suite à cet événement, l’Australie révisa sa législation sur le port d’arme et adopta le National Firearms Agreement, des réformes acceptées en une douzaine de jours. Près de 650.000 armes à feu sont alors rachetées par l’État et détruites. Cependant, comme nous l’indique un panneau glaçant en guise de conclusion, aucun état ni territoire ne s’est entièrement conformé au NFA et il y aurait aujourd’hui plus d’armes à feu détenues en Australie qu’à l’époque de l’attentat. Nitram ne montre pas la tuerie, qui intervient dans les dernières secondes du film et nous ne verrons que son auteur s’installer tranquillement à une table, manger une salade de fruits, avant de sortir un fusil de son sac, de se lever et de se diriger vers ses premières victimes. Justin Kurzel dresse le portrait de Martin Bryant, 66 de Q.I., qui après sa courte scolarité reçoit une pension d’invalidité et se fait quelques billets ici et là en proposant ses services comme jardinier ou homme à tout faire. Comment cet individu « lent » a-t-il pu tourner ainsi ? Sans faire de psychologie à deux balles, mais en exposant l’environnement, l’entourage, le quotidien et le rapport avec ses parents, le réalisateur reste constamment collé au plus près de son personnage principal, extraordinairement tenu par Caleb Landry Jones, très justement récompensé par le Prix d’interprétation masculine au Festival de Cannes en 2021. Attention, film choc !

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Test DVD / Une jeune fille qui va bien, réalisé par Sandrine Kiberlain

UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN réalisé par Sandrine Kiberlain, disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon, Françoise Widhoff, India Hair, Florence Viala, Ben Attal, Cyril Metzger…

Scénario : Sandrine Kiberlain

Photographie : Guillaume Schiffman

Musique : Patrick Desremaux & Marc Marder

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris, l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse. Mais Irène ne sait pas que le temps lui est peut-être compté.

Il y a un an, nous vous parlions de Seize printemps de Suzanne Lindon, fille de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain…vous savez ce qu’on en a pensé…nous ne reviendrons pas dessus…sauf si vous voulez rigoler, mais ce n’est pas le but ici. Une jeune fille qui va bien est le premier long-métrage réalisé par Sandrine Kiberlain, qui était déjà passée derrière la caméra en 2016 avec Bonne figure, interprété par Chiara Mastroianni. Avec plus de 70 films à son actif, 35 ans de carrière, un César du meilleur espoir féminin (pour En avoir (ou pas)) de Laetitia Masson), six fois nommée pour la compression de la Meilleure actrice, un César obtenu dans cette catégorie pour 9 mois ferme d’Albert Dupontel, mais aussi Prix Romy-Schneider en 1995 et Molière de la révélation théâtrale en 1997 pour Le Roman de Lulu, Sandrine Kiberlain était on ne peut plus légitime pour devenir réalisatrice. C’est un projet mûrement et longuement réfléchi, envisagé avant même ses débuts au Cours Florent. Comme bien souvent dans une première œuvre, quelques digressions et longueurs se font sentir, ici des séquences de théâtre, vraisemblablement personnelles pour Sandrine Kiberlain, mais qui auraient mérité d’être quelque peu raccourcies. Cependant, il se dégage d’Une jeune fille qui va bien une énergie contagieuse, un charme indéniable, une envie de filmer, de s’exprimer et de diriger des acteurs, un désir de cinéma, de raconter une histoire qui font mouche d’entrée de jeu. Et ce n’est pas tous les jours que le septième art hexagonal révèle un nouvel astre que l’on a hâte de revoir, qui répond au doux nom de Rebecca Marder et qui crève littéralement l’écran. Un premier ouvrage élégant et prometteur.

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Test DVD / L’Homme qui tua la peur, réalisé par Martin Ritt

L’HOMME QUI TUA LA PEUR (Edge of the City) réalisé par Martin Ritt, disponible en DVD depuis le 9 janvier 2020 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : John Cassavetes, Sidney Poitier, Jack Warden, Kathleen Maguire, Ruby Dee, Val Avery, Robert F. Simon, Ruth White…

Scénario : Robert Alan Aurthur

Photographie : Joseph C. Brun

Musique : Leonard Rosenman

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Axel North, un déserteur devenu vagabond, se fait embaucher sous une fausse identité comme docker dans le port de New York. Pour conserver son travail, il lui faut reverser une partie de son salaire à Charly Malik, un contremaître corrompu. Intrigué par le courage d’un collègue noir, Tommy Tyler, Axel se lie peu à peu avec lui au point de rompre ouvertement avec Malik. Tommy devine que son nouvel ami est hanté par un passé difficile et l’accueille chez lui. Axel y fait la connaissance d’une jeune femme, Ellen, dont il s’éprend. Un matin, une violente dispute éclate entre Malik et Tommy : un crochet de docker à la main, les deux hommes sont prêts à se battre à mort…

Edge of the City ou L’Homme qui tua la peur en version française, est le premier long-métrage réalisé par Martin Ritt (1914-1990), celui qui nous donnera Les Feux de l’été The Long, Hot Summer (1958), Paris Blues (1961), L’Espion qui venait du froid The Spy Who Came in from the Cold (1965), Norma Rae (1979) et bien d’autres. Pour son coup d’essai, il installe son récit dans sa ville natale, New York, dont il connaît les moindres recoins par coeur, y compris les quais sur lesquels se déroulent essentiellement l’action, l’Empire State Building et autres gratte-ciel apparaissant en toile de fond. Depuis toujours très actif pour dénoncer les injustices sociales et politiques, il s’engage très vite auprès de groupes de théâtre afin de défendre les droits des afro-américains, n’hésitant pas à camper l’un des rares personnages blancs dans la pièce Porgy and Bess, saluée pour la modernité de son approche de la culture noire. Martin Ritt monte ensuite des pièces dites de gauche radicale (bien qu’il n’adhérera jamais au Parti communiste US) et parcourt la terre de l’Oncle Sam, ce qui lui vaudra plus tard d’être pointé du doigt par le tristement célèbre sénateur Joseph McCarthy. Durant la guerre, il s’engage dans l’US Air Force, tout en démarrant une carrière d’acteur au cinéma (Winged Victory de George Cukor). Il reprend le théâtre, comme comédien, mais aussi comme metteur en scène, puis entre dans le monde de la télévision au début des années 1950, où il s’occupe principalement de produire et de réaliser quelques adaptations de pièces. Mais ses idées politiques (qu’il ne reniera jamais tout au long de sa vie) le rattrapent. Soupçonné de sympathiser avec l’ennemi rouge situé de l’autre côté du Rideau de fer, il est interdit de télévision, black-listé et revient sur les planches, où il enseigne la légendaire méthode Stanislavski auprès des aspirants comédiens, dont un certain James Dean. En 1957, il a donc l’opportunité de passer derrière la caméra de nouveau, mais pour le cinéma cette fois, avec L’Homme qui tua la peur, transposition d’une pièce de Robert Alan Aurthur (futur scénariste d’All That Jazz de Bob Fosse, de L’Homme aux colts d’or d’Edward Dmytryk et de Grand Prix de John Frankenheimer), déjà adaptée pour la petite lucarne en 1955 (par Robert Mulligan et déjà avec Sidney Poitier). L’histoire prend place dans le milieu des syndicats de dockers de la Grosse Pomme, où un jeune homme d’une vingtaine d’années affronte un collègue animé par la haine de la peau noire. La nouvelle recrue sera accueillie par un docker afro-américain, qui l’aidera à faire sa place, à vivre décemment, jusqu’à devenir son ami. Ce qui sera évidemment mal perçu. Edge of the City ne connaîtra qu’un succès d’estime à sa sortie, mais sera néanmoins très vite reconsidéré par la suite une fois l’explosion de John Cassavetes deux ans plus tard avec son premier film Shadows et celle de Sydney Poitier, qui sera nommé pour l’Oscar du meilleur acteur en 1958 pour La Chaîne The Defiant Ones de Stanley Kramer. Rétrospectivement, la hargne, les thèmes, l’élégance et l’humanisme de Martin Ritt sont déjà à l’oeuvre dans L’Homme qui tua la peur et mérite toute l’attention du cinéphile.

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Test DVD / Killing Field, réalisé par James Cullen Bressack

KILLING FIELD (Survive the Game) réalisé par James Cullen Bressack, disponible en DVD le 3 août 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Chad Michael Murray, Bruce Willis, Swen Temmel, Michael Sirow, Kate Katzman, Zack Ward, Donna D’Errico, Canyon Prince, Sarah Roemer, Sean Kanan…

Scénario : Ross Peacock

Photographie : Bryan Koss

Musique : Tim Jones

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un homme voit sa tranquillité bouleversée par l’arrivée d’un flic et de dangereux criminels.

Voilà voilà, c’est le pitch de Killing Field, aka Surviving the Game dans certaines contrées, énième DTV interchangeable de Bruce Willis et accessoirement l’une de ses ultimes prestations. Reprenons où nous en étions après Out of Death. Alors qu’il avait dit qu’on ne l’y reprendrait plus, l’ami Bruce allait quitter Porto Rico, quand une équipe de tournage l’alpague, tandis que celui-ci commençait à préparer son déménagement à Betton dans la métropole de Rennes en Ille-et-Vilaine (vous pouvez vérifier, c’est authentique). S’excusant auprès des Déménageurs Bretons avec lesquels il était au téléphone, Bruce demande déjà au réalisateur James Cullen Bressack de se calmer, puis de lui en dire un peu plus sur ce qu’il désire lui faire faire durant l’heure qui lui reste avant son vol. « C’est pas compliqué, vous serez assis à l’arrière d’une bagnole entre deux sbires à la mine patibulaire, vous vous tiendrez le bas du ventre où votre personnage a reçu une balle. Vous direz des trucs du genre « Fuck you ! » ou « Pauvres cons ! » vous voyez, en plissant suffisamment les yeux, votre visage et même, soyons fous, tout votre crâne histoire de montrer que vous êtes toujours bad-ass malgré votre bastos dans le bide » « Ouais, je l’ai déjà fait pas mal de fois ces dernières années, ça devrait le faire. Autre chose ? » « S’il nous reste une demi-heure vous serez ligoté sur une chaise où vous regarderez vos tortionnaires que vous insulterez à nouveau, « Abrutis ! », « Faquins ! », que sais-je encore ? Vous avez carte blanche. Ah oui, il faudra aussi un plan de vous avec un flingue quand vous rentrerez dans une grange et un autre pour la fin du film où vous ferez semblant d’avoir participé à l’action. Mais ça c’est juste si vous avez le temps et si vous n’aviez pas envisagé de passer au duty-free ! ». « Bon, ok, je prends un million. Il faut que je pense à ma retraite et les palets bretons aussi ont subi l’inflation… » « Ok alors, on tourne ! ». Vous l’aurez compris, ou pas, Bruce Willis ne fait que de la figuration dans Killing Field, opus d’action sans aucune imagination, dont la véritable tête d’affiche est Chad Michael Murray, connu pour son rôle de Lucas Scott dans la série télévisée Les Frères Scott et l’excellent House of Wax La Maison de cire de Jaume Collet-Serra, qui s’en sort « pas trop mal », mais qui n’a malheureusement rien à défendre. Toutefois, Killing Field reste un film rigolo dans le sens où rien ne fonctionne et s’avère donc irrésistible à de nombreuses reprises, surtout lors des affrontements divers et variés, extrêmement mal filmés et au montage moisi. Réservé uniquement aux amateurs.

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Test DVD / Malasaña 32, réalisé par Albert Pintó

MALASAÑA réalisé par Albert Pintó, disponible en DVD le 6 juillet 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Begoña Vargas, Iván Marcos, Bea Segura, Sergio Castellanos, José Luis de Madariaga, Iván Renedo, Concha Velasco, Javier Botet…

Scénario : Ramón Campos, Gema R. Neira, David Orea & Salvador S. Molina

Photographie : Daniel Sosa Segura

Musique : Frank Montasell & Lucas Peire

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Madrid, 1976. La famille Olmedo s’installe dans le quartier de Malasaña. Ils sont enthousiastes à l’idée de s’installer dans la capitale, à une époque de profonde transformation pour l’Espagne. Mais il y a quelque chose que la famille ne sait pas encore : dans l’appartement qu’ils ont acheté, ils ne sont pas seuls… Une présence mystérieuse veut les faire sortir de leur nouvelle habitation et va transformer leur nouvelle vie en un cauchemar des plus effrayants.

Ce n’est un secret pour personne, les espagnols et le cinéma d’épouvante c’est une grande histoire d’amour et énumérer les noms ainsi que les titres les plus emblématiques du genre serait une perte de temps. Mais comme pour toutes choses, les recettes deviennent redondantes, la tambouille fade en bouche, le goût de reviens-y se tasse et finit par lasser. C’est le cas avec Malasaña 32, le second long-métrage d’Albert Pintó, coréalisé avec Caye Casas, remarqué en 2017 avec Matar a Dios, récompensé dans plusieurs festivals du monde entier, dont celui très prisé de Sitges, qui l’a auréolé du Prix du meilleur film. Avec Malasaña 32, Albert Pintó signe son premier boulot en solo, prêt à démontrer ce qu’il a sous le capot pour ce deuxième coup d’essai. Malheureusement, s’il n’y a rien à redire concernant la rigueur de la mise en scène, l’excellence du casting et la beauté de la photographie, tout s’accompagne d’une sensation de déjà-vu (y compris le sous-texte politique en basant son histoire après la dictature franquiste), comme si tout le film était constitué du best-of de chefs d’oeuvre ou classiques (Poltergeist, Conjuring…), qui ont déjà été maintes et maintes fois copiés et jamais égalés. Néanmoins, on ne s’ennuie pas devant Malasaña 32, sans doute comme nous le disions parce que c’est bien fait, que l’histoire – inspirée de faits réels, ne riez pas – est bien racontée (ce qui n’est pas à la portée du premier cinéaste venu), qu’on a beau connaître la musique par coeur, mais qu’on se laisse volontiers porter jusqu’à la fin sans ennui.

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Test DVD / Out of Death, réalisé par Mike Burns

OUT OF DEATH réalisé par Mike Burns, disponible en DVD le 7 septembre 2022 chez Studiocanal.

Acteurs : Jaime King, Bruce Willis, Lala Kent, Kelly Greyson, Michael Sirow, Megan Leonard, Tyler Jon Olson, Oliver Trevena…

Scénario : Bill Lawrence

Photographie : Peter Holland

Musique : Jacob Bunton & Mike Burns

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Au cours d’une randonnée, une jeune femme, Shannon, assiste au meurtre d’un dealer assassiné par une policière. Après l’avoir photographiée en train de l’abattre, le témoin s’enfuit dans la forêt tandis que la flic corrompue la traque avec son coéquipier. Toutefois, Shannon trouve refuge auprès d’un ancien officier de l’ordre, Jack Harris, qui la sauve de leurs griffes avant que sa nièce ne soit prise en otage par leur boss à la tête du commissariat, compromis dans des affaires louches…

Comme le sieur Bruce Willis a désormais pris sa retraite anticipée pour cause d’aphasie, un trouble de la communication qui le conduisait à réduire ses répliques, qu’il ne parvenait plus à apprendre, nous découvrons petit à petit ses derniers « méfaits » dans le monde de la VOD et du DTV. Ainsi, après Cosmic sin, Anti-Life, Trauma Center, Représaille, First Kill, Acts of violence et 10 Minutes Gone, l’ami Bruce tournait Out of Death, l’un de ses trois ou quatre films de 2020 et ce malgré le confinement. Il se rattrapera jusqu’à la fameuse annonce de l’arrêt de sa carrière en emballant au moins une quinzaine de longs-métrages qui fleuriront bientôt ce qui reste de votre rayon culture. En l’état, ou peut-être sommes nous devenus plus indulgents, Out of Death, que vous pourrez trouver sous le titre Hors de la mort (parfois, une traduction littérale ne suffit pas), n’est franchement pas le pire film de Bruce de ces dernières années (coucou Apex !). Certes, nous sommes conscients de la « qualité » du bousin, mais celui-ci parvient à divertir grâce à ses nombreux défauts et même Bruce Willis semble un poil plus concerné lors de ses apparitions en pointillés, du genre on le montre dans la toute première scène, puis un panneau indique « quelques heures plus tôt » pour le ramener une demi-heure après. Avec une note de 0 % sur Rotten Tomatoes basée sur onze critiques à ce jour, cela vous donne un premier aperçu de cette chasse à l’homme (à la femme plutôt) qui vous attend, durant laquelle il n’est évidemment pas interdit de rire !

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Test DVD / Y’a pas le feu, réalisé par Richard Balducci

Y’A PAS LE FEU réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 21 août 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Hubert Deschamps, Henri Génès, Mouss, Philippe Klébert, Pascal Mandoula, Manault Didier, Basile…

Scénario : Richard Balducci & Dominique Sambourg

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Gérard Blanchard & Gérar Lévy

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Dans le Midi de la France. Un pyromane sévissant dans un village, Monsieur le Maire cherche à enrôler des jeunes gens pour lutter contre le feu. Les volontaires se font rares, jusqu’à l’intervention d’une superbe blonde. Autour d’elle la brigade se constitue et les péripéties peuvent commencer.

Après N’oublie pas ton père au vestiaire, On l’appelle Catastrophe et Prends ta Rolls…et va pointer !, nous continuons d’explorer le Richard Balducci Cinematic Universe avec le méconnu Y’a pas le feu, sorti sur les écrans franchouillards le 5 juin 1985. Alors que Terminator de James Cameron explosait le box-office un peu partout et que Francis Huster s’époumonait dans Parking de Jacques Demy (Pourquoi moooooooooiiiiiii ??!!), une comédie tentait de se frayer un chemin jusqu’aux spectateurs qui avaient envie de se mettre autre chose devant les yeux que Mask de Peter Bogdanovich, Birdy d’Alan Parker, La Rose pourpre du Caire de Woody Allen ou Witness de Peter Weir ! C’est vrai quoi, pourquoi aller au cinéma pour réfléchir un peu ??? Heureusement, Richard Balducci était encore présent pour représenter la qualité à la française. D’ailleurs, comme si cela ne suffisait pas, ce n’est pas un, mais DEUX films que l’intéressé vomira dans les salles cette année-là, Y’a pas le feu donc, et le plus connu Le Facteur de Saint-Tropez, avec Paul Préboist, Michel Galabru et Marion Game, dont certains avaient peut-être imaginé qu’il ferait de l’ombre à Pale Rider, le cavalier solitaire de Clint Eastwood, Parole de flic de José Pinheiro ou Legend de Ridley Scott. Mais pour en revenir à Y’a pas le feu, disons qu’il s’agit sans doute du pire de la crasse du graillon de la comédie bien de chez nous. Avant de raccrocher les gants en 1986 avec Banana’s boulevard (le film avec Les Forbans !), l’ami Balducci s’inspirait ouvertement des Bidasses de Claude Zidi, qui avait déjà dix piges (et Dieu sait que l’humour peut changer en une décennie), mais aussi et surtout de Police Academy de Hugh Wilson qui avait cassé la baraque l’année précédente. Mais il est pas con Ricci, pour éviter d’être accusé de plagiat, celui-ci et son coscénariste Dominique Sambourg (producteur du Fou du roi avec Michel Leeb et du Couteau sous la gorge de Claude Mulot) ont remplacé les flics par des pompiers. Le reste, bah c’est comme qui dirait une transposition des films susmentionnés, mais passés au gros rouge qui tâche. C’est affligeant, mais vraiment, et l’on peut y trouver un certain plaisir totalement régressif. Consternant, mais « c’est pour ça qu’c’est bon ! ».

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