Test Blu-ray / Montagne rouge, réalisé par William Dieterle

MONTAGNE ROUGE (Red Mountain) réalisé par William Dieterle, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Alan Ladd, Lizabeth Scott, Arthur Kennedy, John Ireland, Jeff Corey, James Bell, Bert Freed, Walter Sande…

Scénario : George W. George, John Meredyth Lucas & George F. Slavin

Photographie : Charles B. Lang Jr.

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h24

Date de sortie initiale: 1951

LE FILM

Colorado, 1865, le prospecteur Lane Waldron est accusé du meurtre d’un négociant en or. En effet plusieurs témoins l’ont vu sortir du bureau de la victime. Alors que les habitants s’apprêtent à le tuer sans procès, Waldron est sauvé par le capitaine Brett Sherwood, un officier sudiste qui a déserté l’armée. Mais Waldron est vite persuadé que son sauveur est le véritable assassin. Les deux hommes se retrouvent en cavale, ils sont bientôt rejoints par Chris, la fiancée de Lane…

Les Mystères d’Angkor (1960) avec Micheline Presle, La Piste des éléphants (1954) avec Elizabeth Taylor, Salome (1953) avec Rita Hayworth, La Main qui venge (1950) avec Charlton Heston, Vulcano (1950) avec Anna Magnani, Le Portrait de Jennie (1948) avec Jennifer Jones, The Devil and Daniel Webster (1941) avec Walter Huston, Quasimodo (1939) avec Charles Laughton, tous ces films ont pour dénominateur commun le réalisateur Wilhelm Dieterle, alias William Dieterle (1893-1972). Le metteur en scène, comédien, producteur et scénariste allemand naturalisé américain (il rejoindra Hollywood suite à la montée du nazisme) aura signé près de 90 longs-métrages et téléfilms de 1923 à 1966, une carrière éclectique et prolifique. Toutefois, s’il y a un genre auquel on ne l’associe pas, c’est le western, même s’il avait été appelé pour remplacer King Vidor, qui avait quitté le plateau du film Duel au soleil (1946), suite à une mésentente avec David O. Selznick. S’il n’est pas crédité au générique, William Dieterle finira bel et bien le long-métrage, avec également la participation de son confrère Josef von Sternberg. Cinq ans plus tard, le cinéaste revient au western, en reprenant une fois de plus un projet débuté par un autre, en l’occurrence John Farrow (Les Yeux de la nuit, Un pacte avec le diable, Californie, terre promise), tout en évinçant le comédien Wendell Corey, au profit de John Ireland. Mais la star de ce film intitulé Montagne rouge Red Mountain est Alan Ladd, alors au top de sa popularité et ce depuis une dizaine d’années, après le triomphe de Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle où il donnait la réplique à Veronica Lake. Dans Montagne rouge, il partage l’affiche avec l’une des plus grandes comédiennes des années 1950, la remarquable Lizabeth Scott, qui retrouvait William Dieterle pour la troisième fois de sa carrière après La Rue de traversePaid in Full et La Main qui venge Dark City. Comme un huis clos à ciel ouvert, Red Mountain concentre essentiellement son action dans un décor quasi-unique, excellemment exploité par le réalisateur, qui traite beaucoup de sujets, trop peut-être, un triangle amoureux, un meurtre non élucidé, et surtout le portrait de William Clarke Quantrill (1837-1865), hors-la-loi et ancien chef de l’unité de combat de la guerre de Sécession, soldat fanatique et maître de la guérilla, jugé responsable des plus importantes tueries visant des civils, notamment dans l’épisode tristement célèbre du massacre de Lawrence, au Kansas. Il y a beaucoup d’éléments dans Montagne rouge, western très divertissant, qui se disperse mais qui repose avant tout sur le charisme et le talent de ses sublimes interprètes.

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Test Blu-ray / Protection rapprochée, réalisé par Peter Hunt

PROTECTION RAPPROCHÉE (Assassination) réalisé par Peter Hunt, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mai 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Jill Ireland, Stephen Elliott, Jan Gan Boyd, Randy Brooks, James Lemp, Michael Ansara, James Staley…

Scénario : Richard Sale

Photographie : Alex Phillips Jr.

Musique : Valentine McCallum & Robert O. Ragland

Durée : 1h25

Date de sortie initiale: 1987

LE FILM

Jay Killian, vétéran des services de protection, se voit confier la sécurité de Lara Royce Craig, femme du nouveau Président des États-Unis. Arrogante et têtue, la première Dame se heurte à la détermination et au professionnalisme de son garde du corps…

Cette fois, c’est comme qui dirait le début de la « vraie » fin pour Charles Bronson, qui après le sursaut engendré par le succès foudroyant d’Un justicier dans la ville 2 – Death Wish 2 à travers le monde, avait su enchaîner les hits au box-office à raison d’un film par an avec la légendaire Cannon. Le comédien surfe sur la même recette juste après ce regain de popularité avec Le Justicier de minuit – 10 To Midnight, L’Enfer de la violence – The Evil That Men Do, Le Justicier de New York – Death Wish III, et La Loi de Murphy – Murphy’s Law. Ce dernier marquait déjà quelques signes d’essoufflement pour l’acteur, surtout en Europe, notamment en France où le film peinait à franchir la barre des 300.000 entrées, là où les précédents attiraient deux fois plus de spectateurs. Protection rapprochée – Assassination est la seconde et par ailleurs dernière collaboration entre Charles Bronson et le réalisateur britannique Peter Hunt (1925-2002), six ans après Chasse à mort – Death Hunt. Mais là où le metteur en scène du mythique Au service secret de Sa Majesté – On Her Majesty’s Secret Service (1969), et de deux films sympathiques avec Roger Moore, Gold (1974) et Parole d’homme – Shout at the Devil (1976) s’en sortait habituellement grâce à son très large bagage technique, Protection rapprochée prend l’allure d’un mauvais téléfilm, extrêmement paresseux sur le plan visuel, avec un montage mou et sans aucun relief, des scènes d’action risibles (Charles Bronson qui emprunte la moto de Chuck Norris dans Delta Dorce), une direction d’acteurs au point mort, une photographie transparente et une intrigue digne d’un épisode de Walker Texas Ranger. S’il y a bien quelques répliques amusantes et que l’alchimie forcément indéniable entre Charles Bronson et son épouse Jill Ireland fonctionne parfaitement, rien ne distingue cet Assassination du tout-venant, surtout que l’ami Charly y est doublé par quelques cascadeurs à peine dissimulés dès que son personnage doit lever le petit doigt. En revanche, même si rien ou presque ne fonctionne ici, l’ensemble demeure divertissant, justement en raison de ses défauts. Vous avez dit nanar ?

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Test Blu-ray / La Loi de Murphy, réalisé par J. Lee Thompson

LA LOI DE MURPHY (Murphy’s Law) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mai 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Kathleen Wilhoite, Carrie Snodgress, Robert F. Lyons, Richard Romanus, Angel Tompkins, Bill Henderson, James Luisi…

Scénario : Gail Morgan Hickman

Photographie : Alex Phillips Jr.

Musique : Marc Donahue & Valentine McCallum

Durée : 1h41

Date de sortie initiale: 1986

LE FILM

Vétéran de la police de Los Angeles devenu alcoolique depuis son divorce, le coriace inspecteur Jack Murphy plonge dans un véritable cauchemar le jour où il reçoit un appel anonyme signant son arrêt de mort. Lorsque son ex-femme, Jan, est assassinée, Murphy devient le suspect numéro 1. Arrêté par ses propres collègues, il n’a pas d’autre choix que de s’évader et de pourchasser lui-même le tueur qui l’a piégé.

Bien remis en selle grâce au triomphe commercial d’un Justicier dans la ville 2Death Wish 2, Charles Bronson a de nouveau le vent en poupe et ce grâce aux trublions de la Cannon, Menahem Golan et Yoram Globus. La Loi de Murphy – Murphy’s Law intervient après les hits successifs du Justicier de minuit – 10 to Midnight, L’Enfer de la violence – The Evil That The Men Do et surtout du Justicier de New York – Death Wish III. A raison d’un succès par an, le comédien a peu de soucis à se faire et peut se contenter de faire la même chose, pour le plus grand plaisir de ses fans qui n’en demandent pas plus. Nous voici donc rendu en 1986 avec l’un de ses films les plus aimés des années 1980, La Loi de Murphy, dans lequel l’une des moustaches les plus célèbres de l’histoire du cinéma se voit défriser par la gent féminine. Largué par sa femme, ce bon vieux Charly doit non seulement échapper à une criminelle qui a décidé de lui mener la vie dure, mais il doit en plus composer avec une délinquante avec laquelle il se retrouve enchaîné dans sa cavale. Etonnamment, Charles Bronson ne sort pas trop la pétoire dans La Loi de Murphy et semble au contraire prendre un peu de plaisir à composer ce personnage dépassé par les évènements, plutôt fragilisé, mais point trop quand même rassurez-vous, même s’il déteste quand même la mayonnaise. En l’état, La Loi de Murphy est un buddy-movie inattendu dans la carrière de l’acteur qui venait de fêter ses 65 ans et qui profitait de son viatique « cannonien », de sa retraite complémentaire si vous préférez (on serait tenté de dire « canonique »), en étant visiblement content de donner la réplique très salée (et encore plus en version française) à l’excellente Kathleen Wilhoite, dans un rôle proposé à l’origine à Madonna.

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Test Blu-ray / Milagro, réalisé par Robert Redford

MILAGRO (The Milagro Beanfield War) réalisé par Robert Redford, disponible en DVD et Blu-ray le 18 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Rubén Blades, Richard Bradford, Sonia Braga, Julie Carmen, James Gammon, Christopher Walken, Melanie Griffith, Daniel Stern, John Heard…

Scénario : David S. Ward, d’après le roman de John Nichols

Photographie : Robbie Greenberg

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h57

Année de sortie : 1988

LE FILM

Joe Mondragon, pauvre ouvrier agricole d’un village du Nouveau-Mexique, décide un jour d’irriguer son champ en détournant l’eau d’un chantier immobilier. Son acte va provoquer une véritable révolution à la fois âpre et burlesque, qui ira au-delà de ce village perdu.

La même année que Le Cavalier électrique – The Electric Horseman de Sydney Pollack et Brubaker de Stuart Rosenberg, Robert Redford décide de passer derrière la caméra pour réaliser son premier long métrage, Des gens comme les autres – Ordinary People, adaptation du roman éponyme de Judith Guest publié en 1976. Un immense succès public et critique, récompensé par de nombreux Oscars et Golden Globes, dont ceux du Meilleur réalisateur et du Meilleur film. Un début on ne peut plus encourageant pour le comédien. Néanmoins, Robert Redford attendra huit ans pour réitérer l’expérience, tout en mettant un frein à sa carrière d’acteur. Durant toutes ces années, il n’aura de cesse de travailler sur la transposition du roman de John Nichols, The Milagro Beanfield War, premier volume d’une trilogie consacrée au Nouveau-Mexique avec The Magic Journey et The Nirvana Blues. Au début des années 1980, Robert Redford commencera un long parcours du combattant pour tirer un scénario de ce livre conséquent et riche, qui entremêle l’ethnicité, les traditions séculaires, les droits fonciers et même aquatiques dans la ville fictive de Chamisaville, au Nouveau-Mexique. Pour beaucoup de cinéphiles, Milagro demeure le chef d’oeuvre de Robert Redford en tant que metteur en scène. Véritable western atypique, furieusement moderne, bourré d’humour, de poésie et de tendresse, The Milagro Beanfield War reste pourtant méconnu, même si à sa sortie près de 600.000 français seront venus l’applaudir dans les salles et ce malgré l’absence (ou presque) de stars à l’affiche. Véritable bijou insoupçonné et trésor caché de la filmographie de Robert Redford, Milagro, est comme la signification du titre en espagnol, un vrai petit miracle de cinéma.

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Test Blu-ray / Le Justicier de minuit, réalisé par J. Lee Thompson

LE JUSTICIER DE MINUIT (10 to Midnight) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mai 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Lisa Eilbacher, Andrew Stevens, Gene Davis, Geoffrey Lewis, Wilford Brimley, Robert F. Lyons, Bert Williams, Kelly Preston…

Scénario : William Roberts

Photographie : Adam Greenberg

Musique : Robert O. Ragland

Durée : 1h42

Date de sortie initiale: 1987

LE FILM

Plusieurs femmes sont retrouvées éventrées dans les rues de New York. Leo Kessler, chargé de l’affaire, se rend à l’enterrement de la dernière victime. Dans la foule, il aperçoit un homme au comportement étrange. Kessler est alors persuadé que c’est l’homme qu’il recherche mais aucune preuve ne permet de l’accuser. Il décide alors d’en fabriquer…

Relancé au cinéma grâce au succès aussi imposant qu’inattendu du Justicier dans la ville 2 – Death Wish II de Michael Winner, Charles Bronson démarre la dernière partie de sa longue et prolifique carrière, en trouvant un plan de retraite confortable et assuré en signant avec la Cannon. Immédiatement après le triomphe de cette suite tardive, les Go-Go Boys Menahem Golan et Yoram Globus parviennent à l’engager pour 10 to Midnight, mélange de thriller et de slasher, dans lequel le comédien moustachu reprend la pétoire au bon moment, pour satisfaire les attentes de ses fans. Opportunément intitulé Le Justicier de minuit en France, alors que le film n’a absolument rien à voir avec les « aventures » de Paul Kersey, 10 to Midnight marque les retrouvailles entre Charles Bronson et le réalisateur britannique J. Lee Thompson (Les Canons de Navarone, Les Nerfs à vif, Happy Birthday To Me, Le Désert de la peur, Passeur d’hommes), qui avaient déjà collaboré à trois reprises sur Monsieur St. Ives (1976), Le Bison Blanc (1977) et Cabo Blanco (1980). Suite à l’engouement rencontré par Le Justicier de minuit, le tandem remettra le couvert encore cinq fois pour le compte de la Cannon Group. Alors certes le scénario est très souvent abracadabrant (euphémisme), mais dire que Le Justicier de minuit n’a rien de divertissant serait mentir. Près de quarante ans après sa sortie, 10 to Midnight n’a souvent rien à envier à un thriller basique contemporain, même s’il reste un pur produit de son époque, qui savait aller droit à l’essentiel, autrement dit contenter les spectateurs venus voir l’ami Charly en découdre (un minimum du moins) avec la racaille, sans chercher à creuser la psychologie de ses personnages. C’est simple, efficace, racoleur à souhait, ça fait le job, peut-être pas aussi bourrin qu’on pouvait l’espérer, mais c’est rigolo car crétin, et finalement on en redemande.

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Test Blu-ray / Marché de brutes, réalisé par Anthony Mann

MARCHÉ DE BRUTES (Raw Deal) réalisé par Anthony Mann, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 juin 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Dennis O’Keefe, Claire Trevor, Marsha Hunt, John Ireland, Raymond Burr, Curt Conway, Chili Williams, Richard Fraser, Regis Toomey, Whit Bissell, Cliff Clark…

Scénario : Leopold Atlas & John C. Higgins

Photographie : John Alton

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h16

Année de sortie : 1948

LE FILM

Le gangster Joe Sullivan tente de s’évader de prison avec la complicité de sa petite amie Pat et de Rick Coyle, le chef de gang qui espère en fait voir l’opération échouer et être ainsi débarrassé de l’homme à qui il doit 50.000 $. Mais l’évasion est un succès, et Joe se réfugie chez Ann, une assistante sociale qui s’est prise de sympathie pour le truand. Celui-ci veut retrouver Rick, et récupérer son argent.

De son vrai nom Emil Anton Bundsmann, Anthony Mann (1906-1967), d’origine autrichienne, débute sa carrière comme comédien et régisseur de théâtre. Il fonde rapidement une troupe dans les années 1930, où il rencontre un certain James Stewart. Anthony Mann débarque dans le monde du cinéma en étant chargé des essais des acteurs et actrices pour le compte de la Selznick International Pictures. Puis, c’est aux côtés de Preston Sturges qu’il fait ses premiers pas en tant qu’assistant à la Paramount, avant de passer lui-même derrière la caméra en 1942 avec Dr. Broadway. C’est alors pour lui l’occasion de se faire la main sur quelques séries B vite emballées avec un budget restreint et peu de jours de tournage. La courte durée de ses longs-métrages permet au cinéaste de se faire une renommée en voyant ses films couplés avec ceux de ses confrères plus reconnus. Il aborde ainsi la comédie-musicale (Moonlight in Havana, Nobody’s Darling, My Best Gal, Sing Your Way Home, The Bamboo Blonde), mais commence réellement à s’épanouir derrière la caméra à travers le film noir. Il enchaînera Strangers in the Night, Two O’Clock Courage, La Cible vivante, Strange Impersonation, Desperate et L’Engrenage fatal. Mais le tournant survient en 1947 avec La Brigade du suicideT-Men, l’histoire de deux agents du Département du Trésor qui infiltrent un réseau de fabricants de fausse monnaie, à travers laquelle Anthony Mann décrit le quotidien du travail des agents du Trésor (les T-Men donc) avec une précision quasi-documentaire. Cet essai est définitivement transformé cinq mois plus tard avec Marché de brutes Raw Deal, sensationnel film noir dans lequel le metteur en scène, associé au chef opérateur John Alton pour la seconde fois de sa carrière (ils collaboreront à six reprises), fait preuve d’une virtuosité confondante durant les 75 minutes de ce récit mené à cent à l’heure. A l’instar de Détour d’Edgar G. Ulmer, Marché de brutes s’impose comme un modèle du genre, autant passionnant sur le fond que sur la forme, où les deux fusionnent, s’inspirent mutuellement et se révèlent. Et c’est sublime.

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Test Blu-ray / L’Appel de la forêt, réalisé par Ken Annakin

L’APPEL DE LA FORÊT (The Call of the Wild) réalisé par Ken Annakin, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 mai 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Charlton Heston, Michèle Mercier, Raimund Harmstorf, George Eastman, Maria Rohm, Juan Luis Galiardo, Sancho Gracia, Friedhelm Lehmann…

Scénario : Peter Welbeck, Wyn Wells, Peter Yeldham, Federico De Urrutia & Hubert Frank, d’après le roman de Jack London

Photographie : John Cabrera

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h40

Année de sortie : 1972

LE FILM

A la fin du 19e siècle, au Canada, la ruée vers l’or bat son plein et les centaines de prospecteurs venus chercher fortune ont besoin de chiens de traîneaux pour se rendre sur les sites enneigés du Klondike. L’un de ces chiens est Buck, un animal volé et vendu à John Thornton. Ensemble, l’homme et l’animal vont affronter mille dangers…

De toutes les adaptations de L’Appel de la forêt, roman de Jack London publié en 1903 et dans lequel l’écrivain s’inspirait de sa propre expérience de la ruée vers l’or, celle de Ken Annakin (1914-2009) est sans nul doute la plus fidèle au livre original. Il s’agit d’ailleurs de la quatrième transposition de l’ouvrage avec lequel Jack London allait connaître son premier véritable succès critique et commercial, après deux films muets éponyme, le premier réalisé par D.W. Griffith en 1908, le second par Fred Jackman et produit par Hal Roach en 1923, puis le long-métrage – également du même nom – de William A. Wellman, mis en scène en 1935, avec Clark Gable. Pour le 70e anniversaire du livre, la France, l’Allemagne de l’Ouest, l’Italie, l’Espagne et la Norvège s’associent pour monter une nouvelle version cinématographique de The Call of the Wild, qui dans le coeur des spectateurs comme dans celui des passionnés du romancier, restera la plus marquante. Quasiment un demi-siècle après sa sortie, L’Appel de la forêt demeure un modèle du film d’aventure pour toute la famille (même si certaines séquences peuvent surprendre par leur brutalité), grâce à l’investissement toujours impressionnant de Charlton Heston, merveilleux dans la peau de John Thornton, à la magnificence des paysages naturels et à l’intense émotion qui se dégage de cette amitié entre un homme et son chien.

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Test Blu-ray / Les Griffes de la peur, réalisé par David Lowell Rich

LES GRIFFES DE LA PEUR (Eye of the Cat) réalisé par David Lowell Rich, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 juin 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Sarrazin, Gayle Hunnicutt, Eleanor Parker, Tim Henry, Laurence Naismith, Jennifer Leak, Linden Chiles, Mark Herron, Annabelle Garth…

Scénario : Joseph Stefano

Photographie : Russell Metty & Ellsworth Fredericks

Musique : Lalo Schifrin

Durée : 1h42

Année de sortie : 1969

LE FILM

Tante Danny vit avec son neveu Luke et ses nombreux chats. Elle décide que lorsqu’elle décédera, ses animaux hériteront de sa fortune. Mais quand Wylie, le frère de Luke, revient vivre à la maison, la vieille femme change d’avis et fait de Wylie son unique hériter…

Malgré sa longue et prolifique carrière avec plus de 110 films, téléfilms et séries télévisées réalisés de 1950 à 1987, le metteur en scène David Lowell Rich (1920-2001) reste méconnu. En revanche, certaines de ses œuvres, réussies ou pas, telles qu’Airport ‘80 Concorde (1979), nanar suprême avec Alain Delon, Un détective à la dynamite – A Lovely Way to Die (1968), avec Kirk Douglas, Sylva Koscina et Eli Wallach, Les Fusils du Far West – The Plainsman (1966) avec Don Murray, ou bien encore Madame X (1966) avec Lana Turner, demeurent relativement prisées. Honnête artisan, David Lowell Rich a toujours su contenter les studios divers et chaînes de télévision grâce à son travail rapide et efficace, qui a largement contribué à la notoriété de certaines séries comme L’Homme de fer, Mannix et Mission Impossible. Les Griffes de la peur – Eye of the Cat clôt une série de longs métrages que le réalisateur enchaînera dans les années 1960, essentiellement marquées par le western et le polar. Si Alex Segal (La Rançon avec Glenn Ford, Joy in the Morning avec Richard Chamberlain) avait commencé le tournage, ce dernier est obligé de passer le relais à son confrère en raison de problèmes de santé et David Lowell Rich reprend donc les manettes des Griffes de la peur, mais pose comme condition d’oublier totalement ce qui avait été filmé précédemment. Rétrospectivement, Eye of the Cat sera sans nul doute son meilleur opus. Thriller légèrement teinté de fantastique et d’érotisme, plutôt malsain, et surtout bien mis en scène et interprété, Les Griffes de la peur ne cache pas ses références, Les Oiseaux d’Alfred Hitchcock et même Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot. Il en résulte une petite série B prenante et divertissante, au charme rétro agréable.

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Test Blu-ray / Confidences sur l’oreiller, réalisé par Michael Gordon

CONFIDENCES SUR L’OREILLER (Pillow Talk) réalisé par Michael Gordon, disponible en DVD + Blu-ray uniquement dans le coffret La Trilogie Romantique depuis le 20 avril 2021, à l’unité en DVD et en Blu-ray le 6 juillet 2021 chez Elephant Films.

Acteurs : Rock Hudson, Doris Day, Tony Randall, Thelma Ritter, Nick Adams, Julia Meade, Allen Jenkins, Marcel Dalio, Hayden Rorke, Lee Patrick…

Scénario : Dtanley Shapiro et Maurice Richlin, d’après une histoire de Russell Rouse et Clarence Greene

Photographie : Arthur E. Arling

Musique : Frank de Vol

Durée : 1h47

Date de sortie initiale: 1961

LE FILM

Un homme et une femme partagent une ligne téléphonique tout en se méprisant. Un beau jour, l’homme décide de s’amuser un peu en maquillant sa voix pour séduire la jeune femme.

Michael Gordon (1909-1993) débute sa carrière de réalisateur dans les années 1940 avec des films noirs, des polars et des drames. En 1950, il atteint le succès en proposant une adaptation de la pièce d’Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac et s’essaye l’année suivante au western avec L’Énigme du lac Noir – The Secret of Convict Lake. En 1959, il trouve son style en réalisant pour la première fois une comédie romantique intitulée Confidences sur l’oreillerPillow Talk réunissant Rock Hudson et Doris Day. Ce film est un tel succès que deux autres suivront devenant une Trilogie Romantique : Un pyjama pour deux – Lover Come Back (1961) et Ne m’envoyez pas de fleurs – Send Me No Flowers (1964). Par la suite, Michael Gordon ne réalise pratiquement que des comédies avec, pour certaines, de la romance.

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Test Blu-ray / La Faute de l’abbé Mouret, réalisé par Georges Franju

LA FAUTE DE L’ABBÉ MOURET réalisé par Georges Franju, disponible en DVD et Blu-ray le 24 mars 2021 chez BQHL Editions.

Acteurs : Francis Huster, Gillian Hills, André Lacombe, Margo Lion, Lucien Barjon, Fausto Tozzi, Tino Carraro, Silvie Feit…

Scénario : Georges Franju & Jean Ferry, d’après le roman d’Émile Zola

Photographie : Marcel Fradetal

Musique : Jean Wiener

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

L’abbé Mouret, jeune prêtre campagnard est fasciné par la belle Albine qui l’entraîne, comme dans un rêve, dans un immense jardin merveilleux, où ils se perdent. Il y découvre la sensualité.

Francis Huster Begins ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi ça veut dire beaucoup (air connu), car celui qui deviendra Le Faucon (1983) pour Paul Boujenah, qui tournera (à ce jour) à sept reprises chez Claude Lelouch (dont le « merveilleux » Chacun sa vie), deux fois pour Andrzej Żuławski, le « sublime » Parking de Jacques Demy, qui tiendra le rôle mythique de Juste Leblanc dans Le Dîner de cons (1999) de Francis Veber et traquera le Zodiaque à la télévision, arrive au cinéma directement par la grande porte, puisque dirigé par Georges Franju pour son avant-dernier long-métrage, La Faute de l’abbé Mouret, adapté du roman éponyme d’Émile Zola paru en 1875. A ce jour, il s’agit de l’unique adaptation du cinquième volume de la série Les Rougon-Macquart, situé entre La Conquête de Plassans et Son Excellence Eugène Rougon, deuxième roman d’Émile Zola à traiter du catholicisme et ici plus spécifiquement du célibat des prêtres. Georges Franju entre de plain-pied dans les années 1970, mais contrairement à ce que l’on pouvait penser, le réalisateur mise sur des partis-pris qui renvoient directement au cinéma français « d’autrefois », à celui des années 40-50. Ces volontés détonnent quelque peu en raison du jeu des comédiens, que certains qualifieront d’ampoulé, opposé au naturalisme représenté par Émile Zola, figure marquante de ce mouvement littéraire. Néanmoins, La Faute de l’abbé Mouret, version cinématographique, est parcouru de fulgurances, notamment dans sa première partie et la dernière, qui démontrent la modernité intacte du cinéaste. Dommage que le film soit quand même plombé par un second acte, celui se déroulant au Paradou, difficilement regardable aujourd’hui avec ses deux têtes d’affiche qui batifolent au milieu des rosiers, en courant presque au ralenti. Il n’en reste pas moins que La Faute de l’abbé Mouret est une œuvre souvent passionnante.

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