Test DVD / À l’ombre des filles, réalisé par Étienne Comar

À L’OMBRE DES FILLES réalisé par Étienne Comar, disponible en DVD le 6 septembre 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Alex Lutz, Agnès Jaoui, Hafsia Herzi, Veerle Baetens, Marie Berto, Fatima Berriah, Anna Najder, Emmanuelle Bonmariage…

Scénario : Étienne Comar, Didier Vinson, Marine Ninaud, Marcia Romano & Raphaële Moussafir

Photographie : Colin Lévêque

Musique : Arthur Simonini

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Luc, un chanteur lyrique renommé, accepte, au cours d’un été, d’animer un atelier de chant dans un centre de détention de femmes. D’abord méfiantes, Carole, Jeannine, Noor, Jess, Marzena et Catherine vont capter toute son attention. Luc se trouvera vite confronté aux tempéraments imprévisibles et discordants de ces détenues difficiles, alors que la prison connait des perturbations. Comment réussira t’il à harmoniser leurs voix ? Sera-t-il en mesure, et à quel prix, de leur faire ressentir un semblant de liberté à travers le chant ?

Quand on ne sait rien ou pas grand-chose sur À l’ombre des filles, on se retrouve face à un problème, de taille même. C’est que le second long-métrage réalisé par Étienne Comar, habituellement producteur (Zonzon, Du jour au lendemain, Des hommes et des dieux, Les Femmes du 6e étage, Timbuktu, Mon roi), mis en scène cinq ans après le ronflant Django, rappelle bien trop Un triomphe d’Emmanuel Courcol sorti l’année dernière, inspiré d’une histoire vraie et qui raconte peu ou prou EXACTEMENT la même chose. Cela pose quelques difficultés pour celles et ceux qui auront eu toutefois la bonne idée de voir ce dernier (car il s’agit d’un très bon film), même si l’opus d’Étienne Comar ne manque pas de qualités. Là où Un triomphe se concentrait sur un acteur en galère qui acceptait pour boucler ses fins de mois d’animer un atelier théâtre auprès de détenus, avec lesquels il allait monter une pièce sur la scène d’un vrai théâtre, À l’ombre des filles se focalise sur un contreténor qui entreprend un but similaire, cette fois auprès de femmes d’âge, de motivations et de parcours différents. Si le manque de surprises est donc évident, le gros atout provient du casting mené par un Alex Lutz bouleversant et charismatique, formidable dans la peau d’un chanteur lyrique englué dans une crise personnelle, qui entre bonne conscience et quête personnelle, va tenter d’offrir à ces femmes une possible échappatoire.

Depuis son César du meilleur acteur obtenu pour sa bluffante performance dans Guy, qu’il a lui-même réalisé, Alex Lutz ne s’arrête plus. Il était à l’affiche de deux films sortis le même jour en 2022, Vortex de Gaspar Noé et À l’ombre des filles d’Etienne Comar. On s’attache très vite à son personnage, fatigué, effacé et l’on comprend que celui-ci va renaître auprès de cette poignée de femmes volontaires, qui ont décidé de sortir momentanément de leurs cellules respectives, pour s’essayer au chant auprès de ce professeur un peu froid et vraisemblablement intimidé. La distribution féminine est de grande classe avec Agnès Jaoui, qui se fait plutôt rare sur les écrans, la magnétique Veerle Baetens (révélation d’Alabama Monroe The Broken Circle Breakdown de Felix Van Groeningen), Hafsia Herzi (qui incarne ici l’ambiguë Jess), Marie Berto, Fatima Berriah (actrice non-professionnelle, dont on devrait réentendre parler tant celle-ci crève l’écran) et Anna Najder. Une belle brochette de comédiennes, toutes s’accordant à merveille avec leur partenaire, l’un des rares acteurs du film d’ailleurs.

Là où le bat blesse, c’est qu’À l’ombre des filles s’avère redondant et que les personnages n’avancent pas des masses, ou alors parfois – au contraire – trop rapidement. C’était déjà le cas sur Django, qu’Étienne Comar avait aussi coécrit, les êtres manquent de chair, l’ensemble d’enjeux, la forme prenant le pas sur le fond. La photographie (argentique) de Colin Lévêque est soignée et lumineuse (y compris l’utilisation du cadre atypique 1.33, qui donne à l’ensemble un aspect documentaire), la musique d’Arthur Simonini (Portrait de la jeune fille en feu) élégante, mais malgré le talent de ses interprètes, le récit paraît faire du surplace, ne cesse de revenir en arrière, comme si Étienne Comar avait peur d’aller plus loin ou ne savait pas trop où emmener ses protagonistes. La dernière partie d’À l’ombre des filles est par conséquent peu emballante, en dépit de bonnes intentions, mais cette fois encore le réalisateur n’est sans doute pas allé là où il aurait fallu, comme si son histoire faisait pschitt.

On attendait plus de cette comédie-dramatique, prenant pour thème principal le chant comme moyen de libération doublé d’un « roman d’apprentissage ». Si au final À l’ombre des filles n’est sûrement pas déplaisant, il n’a rien de véritablement marquant.

LE DVD

À l’ombre des filles n’aura rassemblé que 70.000 spectateurs dans les salles en avril 2022. Privé d’une édition HD, le film d’Étienne Comar bénéficie tout de même d’une sortie en DVD chez Ad Vitam. Le disque repose dans un boîtier Amaray classique de couleur blanche, la jaquette reprenant le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est disponible comme bonus.

L’Image et le son

Ad Vitam livre un très beau master d’À l’ombre des filles, respectant admirablement les volontés artistiques du réalisateur et de son chef opérateur Colin Lévêque. Étienne Comar privilégie les visages en gros plan, filmés en 1.33 avec des sources lumineuses et des couleurs claires pour les scènes se déroulant dans la prison, auxquelles s’ajoutent un grain appuyé issu d’un tournage en argentique. Les contrastes sont tranchés, les séquences du quotidien de Luc volontairement plus sombres, le cadre est évidemment stable et l’ensemble d’une propreté exemplaire.

Comme pour l’image, la piste Dolby Digital 5.1 impose un confort acoustique. Les voix sont imposantes, jamais noyés sous le flux musical, les ambiances naturelles abondent, le mixage est très spectaculaire. Il en est de même pour la version Stéréo, riche, dynamique et fluide. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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