Test Blu-ray / Sundown, réalisé par Michel Franco

SUNDOWN réalisé par Michel Franco, disponible en DVD et Blu-ray le 22 novembre 2022 chez Ad Vitam.

Acteurs : Tim Roth, Albertine Kotting McMillan, Samuel Bottomley, Charlotte Gainsbourg, Godriyah Faoziati, Ely Guerra, Mónica Del Carmen, Iazua Larios…

Scénario : Michel Franco

Photographie : Yves Cape

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une riche famille anglaise passe de luxueuses vacances à Acapulco quand l’annonce d’un décès les force à rentrer d’urgence à Londres. Au moment d’embarquer, Neil affirme qu’il a oublié son passeport dans sa chambre d’hôtel. En rentrant de l’aéroport, il demande à son taxi de le déposer dans une modeste « pension » d’Acapulco…

Du réalisateur mexicain Michel Franco, on connaissait Después de Lucia, son second long-métrage sorti en 2012. Un film choc, récompensé par le Grand prix au Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, qui s’interrogeait sur ce qu’il advient quand un individu n’acceptant pas la mort d’un autre, en oublie de faire attention à ceux qui restent. Le récit se concentrait sur un père et sa fille adolescente, rongés de l’intérieur, qui ne parvenaient pas à surmonter leur deuil ni à communiquer, et abordait parallèlement les thèmes de l’humiliation et du harcèlement, de la violence, physique et psychologique, dans le monde des lycéens, jusqu’à un point particulièrement cruel. Depuis, Michel Franco aura signé cinq autres films, parmi lesquels on trouve deux collaborations avec Tim Roth, Chronic (2015) et le dernier en date Sundown. À l’instar de ses œuvres précédentes, le cinéaste crée un climat oppressant, prend le spectateur aux tripes petit à petit jusqu’à la dernière partie qui met les nerfs à fleur de peau, grâce à une mise en scène épurée, faisant la part belle aux plans-séquences fixes qui placent le spectateur dans la position de témoin impuissant, tout en l’emmenant parfois sur de fausses pistes. Les silences, les regards de son antihéros, magistralement interprété par l’un des plus grands et magnétiques comédiens britanniques n’ont pas fini de hanter la mémoire de celles et de ceux qui le suivront durant 80 minutes. Le nouveau tour de force de Michel Franco.

Neil Bennett, originaire de Londres, est en vacances à Acapulco avec Alice et ses enfants, Colin et Alexa. Ils séjournent dans un hôtel luxueux, mangent dans les restaurants les plus chics et participent à de nombreuses activités ludiques. Cependant, Neil ne s’amuse pas. Un jour, Alice apprend par téléphone que sa mère est à l’hôpital. Immédiatement, toute la famille décide de rentrer en Angleterre. Sur le chemin de l’aéroport, Alice reçoit un deuxième appel l’informant que sa mère est décédée. Alice éclate en sanglots tandis que Neil reste calme. À l’aéroport, Neil déclare qu’il a laissé son passeport à l’hôtel. Le reste de la famille part alors sans lui. Neil va alors se lier d’amitié avec Jorge Campos, chauffeur de taxi local. Ce dernier emmène le Britannique dans un petit hôtel. Neil passe le temps à manger dans des restaurants bon marché et à visiter la plage. Il ignore les demandes d’Alice de rentrer à la maison et commence à sortir avec une femme nommée Berenice.

Aucune scène brutale physique dans Sundown, à part deux scènes pour le coup complètement inattendues (sur la plage et en voiture) où la violence d’Acapulco ressurgit sans qu’on s’y attende et rend compte du danger qui peut éclater à n’importe quel moment sous ce soleil implacable. De cet astre ardent il en est question dans Sundown, y compris dans son titre, puisqu’il apparaît à plusieurs reprises, aveuglant les yeux des spectateurs, faisant le lien entre deux séquences. Si la psychologie de Neil se dessine sur un rythme lent, mais toujours soutenu, le temps paraissant comme suspendu mais continuant sa marche en avant inexorable, le soleil sera aussi comme qui dirait la « cause » des (non) agissements de cet homme visiblement au bout du rouleau, à l’aube de la soixantaine, qui envoie tout balader, responsabilités, famille, argent. Là où Michel Franco jouait habituellement avec le hors-champ, Sundown est frontal dans le sens où on ne perd jamais de vue le personnage principal, que l’on observe, qui interroge, qui laisse perplexe. S’il apparaît tout d’abord froid et peu sympathique, on pense d’ailleurs encore une fois au cinéma de Michael Haneke, pour lequel Michel Franco a beaucoup d’admiration et à qui la critique l’a souvent comparé, une réplique peut troubler et tout faire basculer, rendant Neil plus complexe et attachant que l’on pouvait le penser.

Sundown est l’un des films les plus personnels de son auteur, Michel Franco l’ayant écrit après avoir traversé une éprouvante crise existentielle, sans doute une crise aiguë de la quarantaine, survenue justement après un séjour à Acapulco (réputée pour être aujourd’hui une des villes les plus dangereuses au monde), où des policiers fédéraux violents l’ont menacé de leurs armes, sans aucune raison, un comportement agressif et inexpliqué qui a eu de lourdes répercussions sur la santé mentale du réalisateur, qui a ensuite plongé dans un mal-être où il s’est enlisé comme dans ses sables mouvants peu de temps après. Dans Sundown, en dehors de cette brutalité et le sang qui jaillissent à deux reprises, Acapulco apparaît presque comme un paradis calme et azuré (superbe photographie du français Yves Cape, Fête de famille, De son vivant), où Neil se perd volontairement, passant son temps sur la plage en buvant bière sur bière, en entamant une relation avec la belle Berenice, interprétée par Iazua Larios, que l’on avait découvert dans Apocalypto de Mel Gibson, dans lequel elle jouait Sky Flower. Également au casting, Charlotte Gainsbourg continue d’apparaître là où on s’y attendait le moins et se fond parfaitement dans l’univers de Michel Franco avec sa présence quasi-éthérée.

Mieux vaut en savoir le moins possible sur Sundown, pour profiter au maximum de cette expérience cinématographique, sensorielle, une étude finalement universelle et intemporelle sur la psyché humaine, dont le dispositif peut tout d’abord rebuter quelque peu, mais qui imprègne les pores, le sang et l’âme du spectateur qui acceptera de communier avec Neil.

LE BLU-RAY

78.000 entrées en France…il faut dire que Sundown n’avait rien du blockbuster estival, même si le film de Michel Franco aura bénéficié d’une sortie dans les salles en plein milieu de l’été 2022. Toutefois, Ad Vitam propose tout de même Sundown en DVD et même en Blu-ray ! Chapeau à eux, d’autres éditeurs devraient suivre l’exemple. Le disque HD repose dans un boîtier classique de couleur bleue, la jaquette reprenant le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est disponible comme supplément.

L’Image et le son

La définition est optimale et fait la part belle à une magnifique colorimétrie. Ce transfert HD de Sundown ne cesse de flatter les mirettes avec une luminosité omniprésente et un piqué incisif. Les séquences extérieures, particulièrement celles se déroulant en bord de mer, sont les mieux loties avec un soleil qui transperce les paysages et l’eau. La palette est vive, chaude et bigarrée, les contrastes denses y compris en intérieur, les détails foisonnent sur le cadre large. Le film de Michel Franco profite entièrement des apports de la HD.

La piste DTS-HD Master audio met en avant de nombreuses ambiances naturelles, qui pointent évidemment sur toutes les séquences en extérieur. Les dialogues sont solidement positionnés sur la centrale, la balance frontale est riche et dynamique.

Crédits images : © Ad Vitam / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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