Test Blu-ray / Vivante, réalisé par Sandrine Ray

VIVANTE réalisé par Sandrine Ray, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 25 octobre 2017 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Vahina Giocante, Samuel Jouy, François Berléand, Fanny Cottençon, Pierre Cassignard, Cécile Cassel, Manuel Blanc…

Scénario : Sandrine Ray & Antoine Lacomblez

Photographie : Olivier Cocaul

Musique : Romaric Laurence

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2002

LE FILM

C’est par une nuit d’été que Claire, 19 ans, se fait sauvagement agresser et violer. Elle est anéantie par la violence où les corps sont niés, où le désir est déjà mort, où les mots disent l’inverse de ce qu’ils affirment. Claire n’arrive pas à en parler, elle porte son secret qui la déchire, n’a plus de mots pour dire qui elle est et se dérobe à elle-même comme au monde. Elle tente des expériences pour se prouver qu’elle est encore vivante, plonge dans l’alcool, le sexe, à la recherche d’une étincelle…A force de se heurter aux autres et à elle-même, elle retrouve la force de vivre, de parler, elle redonne un sens au désir. Quoi qu’il arrive, la vie s’impose.

Le viol est un sujet sensible auquel le cinéma français s’est déjà attaqué à plusieurs reprises. Quelques titres comme Les Chatouilles, L’Été meurtrier, Irréversible, Elle, La Traque peuvent venir à l’esprit, mais l’un des plus grands films sur le thème demeure incontestablement Une histoire banale (2013) d’Audrey Estrougo avec une puissante et exceptionnelle Marie Denarnaud. En 2002, la réalisatrice Sandrine Ray, alors assistante de Pierre-William Glenn (23h58) et de François Velle (Comme des rois), décide de franchir un cap et signe son premier long-métrage, Vivante, qu’elle coécrit avec Antoine Lacomblez (Slalom, 3 X Manon, 24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi, My Sweet Pepper Land, À la folie), en prenant comme argument principal le viol d’une étudiante. Elle confie le rôle à Vahina Giocante, âgée de 20 ans, remarquée quatre ans plus tôt dans Marie Baie des Anges de Manuel Pradal (à la suite d’un casting sauvage sur une plage de Marseille) et qui avait confirmé depuis son talent précoce chez Yves Angelo (Voleur de vie), Benoît Jacquot (Pas de scandale) et Martine Dugowson (Les Fantômes de Louba). Si la jeune comédienne s’investit corps et âme dans ce rôle très difficile, c’est sur la forme que pèche Vivante, qui sent l’amateurisme du début à la fin. Les années n’ont pas épargné ce film pourtant intéressant, mais qui fait aujourd’hui penser à une production TV fauchée et maladroite.

Claire est une étudiante en philosophie apparemment heureuse, qui travaille à temps partiel dans un atelier de photographie. Rentrant seule à scooter un soir après un cours de chant avec son amie Isa (Cécile Cassel dans sa seconde apparition au cinéma) elle est enlevée dans la rue et violée par ses agresseurs qui l’abandonnent en pleine nature. Traumatisée, elle tait sa douleur mais abandonne ses études et rejette ses proches dans un cycle d’auto-destruction (flirt avec l’ex-petit ami d’Isa, alcoolisme, sexe sans protection) qui atteint son paroxysme dans sa tentative de suicide. Autour d’elle, son père, gérant d’un café-restaurant, veuf de longue date et muré dans son chagrin, et son frère Marty, qui veut monter une société de coursiers, affectueux et complice mais désemparé devant la violence de Claire. Après sa sortie de l’hôpital, Marie (une prostituée rencontrée peu avant et qui a perdu sa fille), le dévoué Marty et Louis, un collègue photographe amoureux d’elle, vont lui redonner peu à peu le goût de vivre, d’entreprendre et d’aimer, jusqu’à finir par se confier à son père.

La silhouette généreuse, le visage poupon, Vahina Giocante fait étonnamment plus jeune que son personnage. Pourtant, il se dégage une étonnante maturité de ce petit bout de femme au regard clair, à la fois lumineux et mélancolique. La direction d’acteurs de Sandrine Ray est solide et convaincante, sa tête d’affiche surtout, qui s’en sort souvent remarquablement bien, à la fois bouleversante dans les scènes dramatiques et impliquée physiquement dans les séquences où son corps exprime le gouffre dans lequel ne fait que sombrer Claire après son agression. La jeune femme va alors tenter de se reconnecter avec son corps, en le « traînant » littéralement sur des chemins ambigus et dangereux.

Aux côtés de Vahina Giocante, nous retiendrons la magnifique partition de la précieuse et sensuelle Fanny Cottençon, qui sera comme qui dirait comme une mère de substitution pour Claire, qui a perdu la sienne quelques années auparavant et qui a appris à se construire avec un pilier en moins, le second ayant été maladroit, pour ne pas dire souvent absent dans sa vie. Ce dernier est interprété par un François Berléand sobre, contenu et à fleur de peau, dont la carrière au cinéma allait prendre un envol spectaculaire, se retrouvant la même année aux côtés de Jason Statham dans Le Transporteur et de Guillaume Canet dans Mon idole. Belle présence aussi que celle de Samuel Jouy (Rebelles d’Allan Mauduit, Burn Out de Yann Gozlan, Gauguin – Voyage de Tahiti d’Edouard Deluc) dans la peau du frère de Claire, qui l’aidera, sans savoir quel traumatisme est à l’origine du mal-être de sa sœur, à refaire surface.

Les comédiens sauvent donc Vivante, une œuvre qui reste attachante dans ses nombreuses maladresses. Seulement 16.500 spectateurs iront découvrir ce coup d’essai dans les salles en février 2002, les spectateurs préférant alors se ruer sur les deux plus grosses sorties du moment, Amen de Costa-Gavras et Ali de Michael Mann. Toutefois, cela n’a pas empêché Vivante de faire sa place dans les festivals, y compris à Sundance.

LE BLU-RAY

Vivante est disponible en DVD et Blu-ray chez LCJ Editions & Productions depuis octobre 2017. Ce titre que nous remettons aujourd’hui en avant dans notre rubrique Le DVD/Blu-ray du grenier apparaît en HD sous la forme d’un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est animé et musical.

Outre la bande-annonce, nous trouvons un court reportage, tiré vraisemblablement d’un journal télévisé, qui donne rapidement la parole à Vahina Giocante et Sandrine Ray. La comédienne s’exprime sur la difficulté du rôle, tandis que la réalisatrice évoque le casting de son actrice principale (2’).

L’Image et le son

Vivante est proposé dans un master HD de bon niveau, qui permet d’apprécier la jolie photographie d’Olivier Cocaul (Jacquou le croquant, Une affaire privée) comme il se doit. Bien qu’elles demeurent relativement froides, y compris sur les séquences sombres, les scènes extérieures sont les mieux loties avec un relief plus probant, même si le piqué reste émoussé. Les séquences nocturnes ne sont pas pour autant dédaignées avec une jolie restitution des matières, le grain cinéma (parfois imposant) est respecté, la copie affiche une stabilité jamais prise en défaut et la propreté est indéniable. Attention tout de même, le Blu-ray est format 1080i.

Le mixage DTS-HD Master Audio Stéréo instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle.

Crédits images : © LCJ Editions & Productions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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