Test Blu-ray / Aria, réalisé par Robert Altman, Bruce Beresford, Bill Bryden, Jean-Luc Godard, Derek Jarman, Franc Roddam, Nicolas Roeg, Ken Russell, Charles Sturridge & Julien Temple

ARIA réalisé par Robert Altman, Bruce Beresford, Bill Bryden, Jean-Luc Godard, Derek Jarman, Franc Roddam, Nicolas Roeg, Ken Russell, Charles Sturridge & Julien Temple, disponible en DVD et Blu-ray le 24 août 2022 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Elizabeth Hurley, Bridget Fonda, John Hurt, Buck Henry, Anita Morris, Bernie Bonvoisin, Cris Campion, Tilda Swinton…

Scénario : Robert Altman, Bruce Beresford, Bill Bryden, Jean-Luc Godard, Derek Jarman, Franc Roddam, Nicolas Roeg, Ken Russell, Charles Sturridge, Don Boyd & Julien Temple

Photographie : Gabriel Beristain, Caroline Champetier, Frederick Elmes, Harvey Harrison, Christopher Hughes, Pierre Mignot, Mike Southon, Dante Spinotti, Oliver Stapleton & Gale Tattersall

Musique : Giuseppe Verdi, Gustave Charpentier, Giacomo Puccini, Erich Wolfgang Korngold…

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

De grands airs d’opéra vus par dix réalisateurs sur des musiques de Charpentier, Korngold, Leoncavallo, Lully, Puccini, Rameau, Verdi, Wagner. L’image est parfois sans rapport avec le thème de l’opéra, d’autres fois plus proche.

Ah oui le moins que l’on puisse dire, c’est que certains segments laissent quelque peu perplexes dans Aria…Rendez-vous compte, Nicolas Roeg, Charles Sturridge, Jean-Luc Godard, Julien Temple, Bruce Beresford, Robert Altman, Franc Roddam, Ken Russell, Derek Jarman et Bill Bryden invités à mélanger leur univers respectif pour rendre hommage aux compositeurs, aux chanteurs, aux chefs d’orchestre et musiciens « dont les œuvres ont fait vibrer le public, dans les théâtres, les opéras et les salles de concert depuis plus de 300 ans » indique un panneau en guise de conclusion de ces 96 minutes pour le moins…originales. L’ensemble fait en effet penser à du gloubi-boulga, dans le sens où les ingrédients de ce film à sketches quasi-dépourvu de dialogues, ne s’accordent pas tous vraiment. Il s’agit d’une expérience cinématographique, un peu difficile d’accès et réservée aux amateurs, de laquelle peuvent être sauvées certaines parties étonnantes, mais qui ne laisseront pas forcément un grand souvenir…À vous de tenter si l’occasion vous en dit.

Aria est donc ce qu’on pourrait appeler un film d’anthologie, d’origine britannique, produit par Don Boyd (Honky Tonk Freeway) qui se compose de dix courts métrages de dix réalisateurs différents, chacun montrant le choix du cinéaste d’accompagnement visuel à un ou plusieurs airs d’opéra. Il y a peu ou pas de répliques de la part des acteurs, la plupart des mots provenant du livret des opéras en italien, français ou allemand. Aria se divise ainsi :

Un ballo in maschera, opéra de Giuseppe Verdi, réalisé par Nicolas Roeg.

La vergine degli angeli de La forza del destino, opéra de Giuseppe Verdi, réalisé par Charles Sturridge.

Armide, opéra de Jean-Baptiste Lully, réalisé par Jean-Luc Godard.

Rigoletto, opéra de Giuseppe Verdi, réalisé par Julien Temple.

Glück, das mir verblieb de Die tote Stadt, opéra de Erich Wolfgang Korngold, réalisé par Bruce Beresford.

Les Boréades, opéra de Jean-Philippe Rameau, réalisé par Robert Altman.

Liebestod de Tristan und Isolde, opéra de Richard Wagner, réalisé par Franc Roddam.

Nessun dorma de Turandot, opéra de Giacomo Puccini, réalisé par Ken Russell.

Louise, opéra de Gustave Charpentier, réalisé par Derek Jarman.

Vesti la giubba de Pagliacci, opéra de Ruggero Leoncavallo, réalisé par Bill Bryden.

Et pour en savoir un peu plus :

Un ballo in maschera (14’) : Un récit fictif de la visite du roi Zog Ier d’Albanie (Theresa Russell) à Vienne en 1931, pour voir un amant, lorsque des opposants ont tenté de l’assassiner sur les marches de l’opéra (en fait après avoir quitté une représentation de Pagliacci) en lui tirant dessus.

La vergine degli angeli de La forza del destin (5’) : Trois enfants à Londres, dévoués à une statue de la Vierge Marie, volent et mettent le feu à une voiture de luxe, qu’ils regardent plus tard au journal télévisé.

Armide (11’) : Dans une salle de sport, deux jeunes femmes travaillant comme femmes de ménage sont fascinées par les muscles des bodybuilders masculins, qui maintiennent leur concentration même lorsqu’elles se déshabillent.

Rigoletto (14’) : Une farce se déroulant au Madonna Inn de San Luis Obispo, dans laquelle un producteur de films trompe sa femme avec une starlette allemande tout en ignorant que son épouse est également présente dans l’auberge avec un beau gosse clandestin.

Glück, das mir verblieb de Die tote Stadt (5’) : Dans la ville apparemment morte de Bruges en hiver, des images de bâtiments vides dans des rues désertes sont entrecoupées d’un duo de deux amoureux (dont Elizabeth Hurley nue comme un vers) dans une chambre à coucher.

Abaris ou les Boréades (7’) : Au Théâtre Le Ranelagh à Paris en 1734, une avant-première de l’opéra est donnée à un public de pensionnaires d’un asile psychiatrique. On reconnaîtra parmi les invités Julie Hagerty, Bernie Bonvoisin, Philippine Leroy-Beaulieu et Geneviève Page.

Liebestod de Tristan et Isolde (7’) : Deux jeunes amants (Bridget Fonda et James Mathers) descendent Fremont Street à Las Vegas la nuit et dans un hôtel bon marché, après avoir fait l’amour, se tranchent les poignets dans le bain.

Nessun dorma de Turandot (7’) : Inconsciente après un accident de voiture, une ravissante jeune fille s’imagine qu’on orne son corps de diamants et de rubis lors d’un rituel tribal, alors qu’il s’agit en fait des préparatifs d’une opération chirurgicale. Après avoir failli mourir sur la table d’opération, elle reprend conscience.

Depuis le jour de Louise (6’) : Une chanteuse d’opéra chevronnée donne sa dernière performance, entrecoupée de films familiaux d’elle en vacances lorsqu’elle était jeune (Tilda Swinton) et amoureuse.

Vesti la giubba de Pagliacci (4’) : Dans un opéra vide à l’exception d’une jeune femme peut-être imaginaire, un virtuose vieillissant (John Hurt) mime son air sur un vieil enregistrement à cylindre et meurt.

Présenté au Festival de Cannes en 1987, en ouverture, ainsi qu’en compétition officielle (Sous le soleil de Satan héritera de la Palme d’or cette année-là), Aria déstabilisera l’audience et la critique (euphémisme). Le pire segment est sans nul doute celui « réalisé » par ce trublion de JLG, Jean-Luc Godard filmant des bodybuilders en plein entraînement, ainsi que deux nanas peu avares de leurs charmes, que ce faquin de metteur en scène filme en gros plan, en prenant soin de centrer sur leur anatomie. Du gros nawak chiant comme la mort comme savait si bien le faire (ou pas, c’est selon) GODard. Rigoletto de Julien Temple (Glastonbury, Absolute Beginners) est très sympa, drôle et assez virtuose sur la forme, Abaris ou les Boréades est bien barré dans son genre aussi (et généreux en gentes dames topless), Nessun dorma de Turandot est le plus expérimental du lot (du génie à chaque plan, une merveille visuelle). Il y a donc à boire et à manger dans Aria, à voir sans doute au moins une fois, tandis que vous ferez facilement avance rapide jusqu’à vos sketches préférés au second visionnage pour gagner du temps. Ce sera vite fait.

LE BLU-RAY

Aria est disponible en DVD et Blu-ray chez LCJ Editions & Productions depuis août 2022. Le disque HD repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend un visuel tiré du segment Liebestod de Tristan et Isolde, sans titre, sans credits. L’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné, qui arbore le même photogramme, cette fois agrémenté du nom des réalisateurs et de la distribution. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est proposée en guise de supplément. C’est un peu léger pour une Édition 35ème anniversaire !

L’Image et le son

La copie a subi un dépoussiérage conséquent malgré quelques points noirs et blancs récalcitrants. Si les lumineuses séquences diurnes ne posent pas de problème, les scènes nocturnes et sombres demeurent marquées par un grain plus appuyé, alors que la texture argentique est étonnamment lissée sur des plans clairs. Les noirs se révèlent parfois poreux et le piqué est altéré. Heureusement, nous oublions ces baisses de la définition car l’ensemble reste solide, la stabilité est de mise et de nombreux plans fixes flattent la rétine. Bon point pour l’éditeur, la très belle photographie (dix chefs opérateurs au compteur tout de même, dont Caroline Champetier et Dante Spinotti) est délicatement restituée et les dorures brillent de mille feux.

Pas de version « française » sur ce titre, nous ne trouvons qu’une piste pour ainsi dire multilingue au format DTS-HD Master Audio 2.0. Ce mixage s’en sort bien, en privilégiant évidemment la musique, puisqu’il n’y a pour ainsi dire pas de dialogues. Confort acoustique évident, clair et dynamique.

Crédits images : © LCJ Editions & Productions / Lightyear Entertainment / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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