Test Blu-ray / La Fièvre de l’or, réalisé par Charlton Heston

LA FIÈVRE DE L’OR (Mother Lode) réalisé par Charlton Heston, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 3 janvier 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Nick Mancuso, Charlton Heston, Kim Basinger, John Marley, Dale Wilson…

Scénario :  Fraser C. Heston

Photographie : Richard Leiterman

Musique : Kenneth Wannberg

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Deux jeunes aventuriers se lancent à la recherche de leur ami disparu dans une forêt de Colombie britannique et se retrouvent à la merci d’un vieux mineur écossais fou, prêt à tout pour sauvegarder son or…

Voilà, c’est sur ce pitch que le monstre Charlton Heston décide de repasser derrière la caméra, dix ans après le bide colossal de son premier coup d’essai, le pourtant impressionnant Antoine et Cléopâtre. Pourquoi ce sujet l’a-t-il incité à renouveler l’expérience ? Tout simplement parce que le scénario de La Fièvre de l’orMother Lode (littéralement le « filon-mère ») est écrit par son propre fils, Fraser C. Heston, qui venait de signer l’histoire de La Fureur sauvageThe Mountain Men de Richard Lang, avec le sieur Charlton comme tête d’affiche. Voulant probablement donner un nouveau coup de pouce au fiston, celui qui a été au cinéma Marc Antoine, Buffalo Bill, Moïse, Andrew Jackson, Michel-Ange, Richelieu et Henri VIII essaye de mettre en valeur le boulot du rejeton à travers une mise en scène pas inintéressante, au cadre large soigné, une élégance au service d’un récit étrange et qui a tendance à partir dans tous les sens. Complètement méconnu dans la carrière de Charlton Heston, qui s’octroie aussi l’un des rôles principaux, même s’il n’apparaît qu’au bout de la première demi-heure, La Fièvre de l’or est une véritable curiosité, qui démarre comme un grand film d’aventure et qui bifurque dans le survival proche de l’épouvante.

Lorsque son mari George disparaît après un vol dans la nature sauvage au nord de la Colombie-Britannique à la recherche d’or, Andrea Spalding contacte Jean Dupré pour obtenir de l’aide. Ensemble, Dupré et Spalding se lancent à sa recherche en louant un hydravion en piteux état. En chemin, alors qu’ils tentent de réparer leur vieil appareil, ils rencontrent un pêcheur indigène, Elijah, qui les exhorte vivement à rester à l’écart de Headwater sous peine de malédiction. À son arrivée, Dupré atterrit accidentellement sur l’eau (un vrai crash imprévu et conservé étant donné que le pilote s’en était sorti sans égratignure), mais lui et Spalding parviennent à s’en sortir, secoués mais indemnes. Peu de temps après, ils rencontrent Silas McGee, un prospecteur et ermite déterminé à protéger sa mine d’argent sur laquelle il travaille depuis près de trente ans et qui a perdu son frère Ian pendant un éboulement. Mais les apparences sont souvent trompeuses et Silas, qui aura passé sa vie à forer, dynamiter, ramasser et creuser dans la roche solide ne paraît pas être aussi accueillant qu’ils le pensent…

Il y a un peu de tout dans La Fièvre de l’or : des paysages aussi grandioses que magnifiques capturés en Colombie-Britannique, une Kim Basinger âgée d’à peine trente ans et dans sa seconde apparition au cinéma, un an après Hard Country de David Greene et juste avant le Bond hors-série Jamais plus jamais d’Irvin Kershner, un Charlton Heston qui en fait des caisses (peut-être le film dans lequel il apparaît le plus en roue libre) en rustre et inquiétant exploitant de mine, des faux-semblants, des changements de tons, des variations de rythme, un mélange des genres qui paradoxalement donne au film un vrai côté nawak, mais aussi un charme indéniable.

Alors que Mother Lode s’ouvre sur de gigantesques décors naturels qui s’étendent à perte de vue, l’ensemble mute en huis clos souvent étouffant à mesure que les personnages et donc l’audience s’enfoncent dans les entrailles de la Terre. Une sensation de claustrophobie est bien rendue quand la caméra s’immisce dans ces dédales de pierre et de boue, où se perdent le mystérieux McGee et Dupré (impeccablement campé par Nick Mancuso, vu précédemment dans Le Bateau de la mortDeath Ship d’Alvin Rakoff), grisés par l’ivresse du métal précieux qu’ils imaginent dissimulé sous la gadoue. Là où le script de Fraser C. Heston, aussi producteur (via sa société Agamemnon Films) et qui d’ailleurs aurait participé également à la mise en scène, est malin, c’est en montrant la raison de Dupré s’effondrer progressivement alors que celui-ci sombre dans la mine de McGee, qui paraît sans fond. C’est là que La Fièvre de l’or prend des allures de western, puisque l’on pense forcément à l’Eldorado, cette contrée mythique d’Amérique du Sud supposée regorger d’or, un mythe, un mirage qui aura eu raison de moult aventuriers et explorateurs.

Le côté horrifique dont nous parlions plus haut provient quant à lui des labyrinthes interminables et sombres, qui engloutissent les protagonistes, sur lesquels des tonnes de terre et de gravats peuvent se refermer à n’importe quel moment. Le dernier tiers est cependant marqué par une écriture plus maladroite, avec l’apparition d’un frère jumeau, Ian, qui s’exprime en gaélique et qui serait l’exact opposé du fourbe et cupide Silas. Solidement photographié par Richard Leiterman (Ça de Tommy Lee Wallace), La Fièvre de l’or n’est sûrement pas inoubliable, mais n’en demeure pas moins agréable et étonnant.

LE BLU-RAY

La Fièvre de l’or est le premier titre de l’année 2023 proposé par Rimini Editions. Le second et dernier long-métrage réalisé pour le cinéma par Charlton Heston était jusqu’à présent inédit en DVD dans nos contrées. Il apparaît désormais dans un Combo Blu-ray + DVD, deux disques posés dans un boîtier Amaray classique de couleur noire, glissé dans un fourreau cartonné au visuel attractif. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Pour son édition en Haute-Définition, La Fièvre de l’or dispose d’une édition Blu-ray (1080p, AVC) soignée qui instaure un confort de visionnage plaisant. La copie est très bien restaurée (diverses poussières subsistent, mais rien de grave), présentée dans son format original, stable, élégante. La clarté est de mise, la colorimétrie chatoyante est à l’avenant avec de beaux contrastes, une texture exemplaire (le grain est bien géré), une profondeur de champ appréciable, un piqué souvent confondant sur les séquences diurnes et même quelques noirs compacts, même si ceux-ci rendent parfois difficiles la bonne lisibilité des séquences souterraines. Un apport HD non négligeable.

La version originale semble avoir été restaurée également. Les dialogues, tout comme la musique, sont propres et distincts sur cette efficace piste DTS-HD Master Audio 2.0 qui ne comporte aucun souffle parasite. Le confort acoustique est incontestable. Une piste française est disponible, mais s’avère plus confinée et légèrement chuintante. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Agamemnon Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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