Test Blu-ray / Audrey Rose, réalisé par Robert Wise

AUDREY ROSE réalisé par Robert Wise, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 21 novembre 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Marsha Mason, Anthony Hopkins, John Beck, Susan Swift, Norman Lloyd, John Hillerman, Robert Walden, Philip Sterling…

Scénario : Frank De Felitta, d’après son roman

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Michael Small

Durée : 1h48

Année de sortie : 1977

LE FILM

Janice et Bill Templeton forment avec leur fille Ivy une famille heureuse et sans histoire… jusqu’au jour où un mystérieux étranger se met à les suivre partout où ils vont. L’inconnu finit par leur proposer un rendez-vous et leur révéler qu’Ivy serait la réincarnation de sa propre fille, morte onze ans plus tôt…

C’est toujours une joie immense pour le cinéphile que de parcourir l’oeuvre éclectique et prolifique de Robert Wise et ce dans tous les sens. Car passer de La Malédiction des hommes-chats à Star Trek, le film, en passant par Né pour tuer, Le Mystère Andromède, Nous avons gagné ce soir, La Mélodie du bonheur, Le Jour où la Terre s’arrêta et La Maison du diable revient à traverser près de quarante ans de cinéma, le réalisateur ayant officié dans tous les genres, surfé sur toutes les tendances et les goûts des spectateurs à un moment précis. C’est encore une fois le cas pour Audrey Rose, l’antépénultième film du cinéaste. Dans les années 1970, l’épouvante à l’écran change de forme et les partis-pris sont plus frontaux. Déferlent alors dans les salles Les Dents de la mer, Suspiria, Massacre à la tronçonneuse, Carrie au bal du diable, Ne vous retournez pas, La Dernière maison sur la gauche…Puis arrivent L’Exorciste The Exorcist (1973) et La Malédiction The Omen (1976), qui s’attaquent à un sujet disons tabou en plaçant un enfant au centre de l’horreur. Le producteur Joe Wizan, à qui l’on doit l’exceptionnel Jeremiah Johnson de Sydney Pollack, le très efficace Carnage – Prime Cut de Michael Ritchie et Junior Bonner : Le Dernier Bagarreur de Sam Peckinpah souhaite profiter de l’engouement du public pour les histoires fantastiques et surnaturelles et jette son dévolu sur le roman Audrey Rose de Frank De Felitta (La Bataille pour Anzio, L’Emprise), dont il obtient les droits, en échange de la participation de l’auteur à la production, mais aussi comme adaptateur de son propre livre, qui serait par ailleurs inspiré d’un fait divers authentique. S’il n’a pas et n’aura jamais le prestige des monuments susmentionnés, Audrey Rose ne démérite pas et contient son lot d’émotions fortes, psychologiques surtout, le film étant avant tout un drame sur un deuil impossible et sur l’acceptation de forces extraordinaires. Un opus élégant, émouvant, éprouvant même, concocté par l’un des plus grands artisans du cinéma américain.

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Test Blu-ray / La Ville captive, réalisé par Robert Wise

LA VILLE CAPTIVE (The Captive City) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 août 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Forsythe, Joan Camden, Harold J. Kennedy, Marjorie Crossland, Victor Sutherland, Ray Teal, Martin Milner, Geraldine Hall…

Scénario : Karl Kamb & Alvin M. Josephy Jr.

Photographie : Lee Garmes

Musique : Jerome Moross

Durée : 1h28

Année de sortie : 1952

LE FILM

Pourchassés par des gangsters, Jim Austin et sa femme se réfugient dans un commissariat. Jim raconte aux policiers comment lui, simple éditeur d’un journal local, a été amené à enquêter sur une vaste affaire de corruption mêlant la police et la mafia.

Pour le cinéaste Robert Wise, tout va pour le mieux en 1952. Le Jour où la Terre s’arrêta The Day the Earth Stood Still a été un triomphe au box-office mondial et beaucoup pensent déjà – à juste titre – que le film entrera dans l’histoire du cinéma. Désireux de revenir à une production plus modeste, Robert Wise jette son dévolu sur un scénario coécrit par Karl Kamb (Le Kid du Texas de Kurt Neumann, Smith le taciturne de Leslie Fenton) et Alvin M. Josephy Jr., d’après une histoire vraie vécue par le second, alors journaliste au magazine Time, qui s’est retrouvé confronté à la mafia qu’il dénonçait à travers ses articles. À l’instar de La Brigade du suicide et Marché de brutes d’Anthony Mann, Robert Wise apporte sa virtuosité au film policier dit documentaire pour La Ville captive The Captive City, connu aussi sous le titre La Ville enchaînée, sous-genre hérité du grand succès rencontré à la télévision des procès des grands criminels. Les expériences personnelles et donc réelles survenues à Alvin M. Josephy Jr., le tout approuvé par le sénateur Estes Kefauver, président de la commission sénatoriale sur le crime organisé, ajoutés à la mise en scène toujours inspirée de Robert Wise et la beauté de la photographie du chef opérateur Lee Garmes (Scarface de Howard Hawks, L’Homme au fusil de Richard Wilson, Les Carrefours de la ville de Rouben Mamoulian, La Maison des otages de William Wyler) font de La Ville captive un petit trésor caché dans l’imposante et éclectique filmographie du réalisateur.

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Test Blu-ray / L’Odyssée du sous-marin Nerka, réalisé par Robert Wise

L’ODYSSÉE DU SOUS-MARIN NERKA (Run Silent, Run Deep) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 22 juillet 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Clark Gable, Burt Lancaster, Jack Warden, Brad Dexter, Don Rickles, Nick Cravat, Joe Maross, Mary LaRoche, Eddie Foy III, Rudy Bond…

Scénario : Jon Gay, d’après le roman d’Edward L. Beach

Photographie : Russell Harlan

Musique : Franz Waxman

Durée : 1h29

Année de sortie : 1958

LE FILM

En 1942, pendant le conflit américano-japonais, le sous-marin du commandant Richardson est coulé par le submersible nippon, l’Akikaze. Rongé par ce mauvais souvenir, il se voit confier la direction d’un nouveau sous-marin, le Nerka, au détriment de Jim Bledsoe, son second. Après des mois d’entraînement intensif, Richardson a l’occasion de prendre sa revanche pendant l’attaque de Pearl Harbor.

À la poursuite d’Octobre rouge, Le Bateau, Le Chant du loup, 20 000 lieues sous les mers, USS Alabama, K-19 – Le Piège des profondeurs, U-571, chaque cinéphile visualise immédiatement le sous-marin de ces classiques et même chefs d’oeuvre du septième art. Mais avant ceux-ci, il fait remonter loin, très loin en arrière pour retrouver les origines de ce sous-genre à part entière, autrement dit le film de guerre de sous-marin. Parmi les opus notables et matriciels on trouve L’Espion noir Spy in Black (1939) de Michael Powell, première d’une fructueuse et mythique collaboration qui va durer près de quinze ans avec le scénariste Emeric Pressburger, remarquable film d’espionnage britannique comprenant une dimension documentaire exemplaire, surtout en ce qui concerne les séquences dévoilant le fonctionnement du sous-marin, qui happe le spectateur dès les premières scènes, pour ne plus le lâcher pendant 1h20 jusqu’à l’épatante bataille navale. On doit l’autre étape importante et même décisive à René Clément et à son film Les Maudits (1947), Grand Prix à Cannes, prototype même du film de sous-marin (décor reconstruit à l’échelle dans les studios de la Victorine à Nice) qui explosait alors au milieu des années 40. Témoin de son époque, le réalisateur français se penche sur la déchéance des perdants de la Seconde Guerre mondiale en plaçant ses personnages dans un lieu clôt où émergent petit à petit des règlements de compte souvent fatals. René Clément tire parti de son décor exigu grâce à une réalisation inventive, moderne et raffinée, usant de la caméra portée et d’angles inédits afin de créer une atmosphère étouffante et anxiogène avec un souci constant du réalisme renvoyant au documentaire. Outre-Atlantique, il faut attendre 1957 pour que le film de sous-marin rebondisse à nouveau avec Torpilles sous l’Atlantique The Enemy Below de Dick Powell, avec Robert Mitchum et Cud Jürgens, suivi de près par L’Odyssée du sous-marin NerkaRun Silent, Run Deep (1958). Ce dernier est signé par l’immense Robert Wise, alors entre Femmes coupablesUntil They Sail, avec Jean Simmons Joan Fontaine Paul Newman et Piper Laurie, et Je veux vivre ! I Want to Live!, qui vaudra à Susan Hayward l’Oscar de la meilleure actrice. À l’instar de Richard Fleischer, le cinéaste a toujours su s’approprier un sujet qu’on lui proposait. L’Odyssée du sous-marin Nerka est écrit par John Gay (Le Clan des irréductibles, Soldat bleu, Les Quatre cavaliers de l’apocalypse), habituellement scénariste pour la télévision et qui faisait ici ses débuts au cinéma, d’après un roman d’Edward L. Beach. Si Run Silent, Run Deep n’a pas connu le succès escompté à sa sortie, ses partis-pris sont devenus pour ainsi dire le cahier des charges des films de sous-marin qui allaient suivre. Rares sont les séquences qui se déroulent à l’extérieur du bâtiment, à part bien sûr durant le premier acte qui expose le contexte et les personnages, le principal de l’action étant centrée dans le Nerka avec ses hommes à bord qui communiquent avec le jargon technique approprié. Robert Wise, ancien monteur (chez William Dieterle, Orson Welles et Richard Wallace) apporte sa virtuosité habituelle à ce drame de guerre souvent percutant, qui prend son temps dans la première partie, mais dont la tension n’a de cesse de se resserrer et ce jusqu’à la fin. Une excellente (re)découverte dans laquelle brillent Burt Lancaster et Clark Gable.

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Test Blu-ray / Deux sur la balançoire, réalisé par Robert Wise

DEUX SUR LA BALANÇOIRE (Two for the Seesaw) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 janvier 2023 chez Rimini Editions.

Acteurs : Robert Mitchum, Shirley MacLaine, Edmon Ryan, Elisabeth Fraser, Eddie Firestone, Billy Gray…

Scénario : Isobel Lennart, d’après la pièce de William Gibson

Photographie : Ted D. McCord

Musique : André Previn

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

L’avocat Jerry Ryan a quitté le Nebraska lorsque que sa femme a demandé le divorce. Déprimé, il erre sans but dans New York, jusqu’au moment où il rencontre Gittel Mosca, une danseuse qui gagne péniblement sa vie à Greenwich Village. Ils vont essayer de faire un bout de route ensemble.

Résumer la carrière prolifique et éclectique de Robert Wise (1914-2005) serait un pari difficile voire impossible à relever. Ainsi, pour situer Deux sur la balançoireTwo for the Seesaw, nous dirons que le réalisateur avait déjà derrière lui La Malédiction des hommes-chats, Le Récupérateur de cadavres, Né pour tuer, Nous avons gagné ce soir, Le Jour où la Terre s’arrêta, Je veux vivre !, Le Coup de l’escalier, qu’il venait de coréaliser West Side Story (10 Oscars), qu’il s’apprêtait à emballer La Maison du diable The Haunting, La Mélodie du bonheurThe Sound of Music (5 Oscars) et La Canonnière du Yang-TséThe Sand Pebbles…c’est dire l’importance de cet immense artisan, qui à l’instar de Richard Fleischer ou Mark Robson n’a eu de cesse de passer d’un genre à l’autre avec autant de culot que de réussite, en mettant tout son savoir-faire au service d’un studio et d’un scénario. À l’origine de Deux sur la balançoire il y a une pièce de théâtre de William Gibson, triomphe de Broadway de l’année 1958 (750 représentations), interprétée par Henry Fonda et Anne Bancroft (Tony Award de la meilleure actrice) et montée par Arthur Penn. Quatre ans après sa création sur scène, Two for the Seesaw devient donc un long-métrage sous la bannière de la United Artists et porté par deux autres stars, Robert Mitchum et Shirley MacLaine, en remplacement de Paul Newman et Elizabeth Taylor, initialement envisagés. Si le scénario signé Isobel Lennart (Escale à Hollywood de George Sidney, Ville haute, ville basse de Mervyn LeRoy) ne peut calfeutrer la nature de Deux sur la balançoire, Robert Wise se surpasse en jouant sur le cadre, les contre-plongées, les décors et aère le récit en montrant les rues de New York, magnifiquement photographiées par Ted D. McCord, chef opérateur du Trésor de la Sierra Madre et d’À l’est d’Éden, dont le travail sera auréolé d’une nomination aux Oscars en 1963. Si le fond n’est pas inintéressant, Two for the Seesaw vaut plus pour la mise en scène de Robert Wise et bien sûr pour le jeu du chat et de la souris entre les deux monstres sacrés du cinéma, qui rivalisent de charme et dont l’alchimie est évidente.

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Test Blu-ray / Le Coup de l’escalier, réalisé par Robert Wise

LE COUP DE L’ESCALIER (Odds Against Tomorrow) réalisé par Robert Wise, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Harry Belafonte, Robert Ryan, Shelley Winters, Ed Begley, Gloria Grahame, Will Kuluva, Kim Hamilton, Mae Barnes…

Scénario : John O. Killens & Nelson Gidding, d’après le roman de William P. McGivern

Photographie : Joseph C. Brun

Musique : John Lewis

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Dave Burke, ancien policier licencié injustement, décide de préparer un cambriolage dont le plan semble facilement réalisable. Pour cela, il a besoin d’Earle Slater, un ancien soldat ne réussissant pas à retrouver sa place dans la société, et de Johnny Ingram, un chanteur noir criblé de dettes. Mais Slater est un raciste et Ingram est réticent à l’idée de sombrer dans la criminalité…

Ce n’est pas tous les jours que nous pouvons parler de Robert Wise (1914-2005), qui avec Richard Fleischer reste probablement l’un des plus grands artisans éclectiques et prolifiques de l’histoire du cinéma hollywoodien. Plus de soixante-cinq ans de carrière, dix ans au banc de montage, cinquante-cinq passés derrière la caméra, plus de quarante films au compteur. Quelques titres emblématiques ? Est-ce vraiment nécessaire ? D’accord, rien que pour le plaisir de les nommer et histoire de convoquer quelques extraits dans les mémoires : La Malédiction des hommes-chats, Le Récupérateur de cadavres, Né pour tuer, Nous avons gagné ce soir, Le Jour où la Terre s’arrêta…, Je veux vivre !, West Side Story, La Maison du diable, La Mélodie du bonheur, La Canonnière du Yang-Tsé, Le Mystère Andromède, L’Odyssée du Hinderburg, Audrey Rose, Star Trek, le film…Prenez un petit moment pour savourer ces réminiscences…C’est bon ? Si la liste ne saurait être exhaustive, il y en a un que l’on ne saurait omettre quand on évoque Robert Wise. Il s’agit d’Odds Against Tomorrow, plus connu en France sous le titre Le Coup de l’escalier, le dernier opus du cinéaste mis en scène dans les années 1950, son dix-huitième long-métrage de la décennie, emballé juste avant West Side Story, qu’il signera d’ailleurs avec Jerome Robbins. S’il n’atteint peut-être pas la puissance dramatique de Quand la ville dort The Asphalt Jungle (1950) de John Huston, Le Coup de l’escalier, souvent cité comme le chant du cygne du film noir américain avec L’Ultime Razzia The Killing de Stanley Kubrick, est une référence intemporelle du genre, où des personnages au bout du rouleau participent à un braquage, même s’ils n’y croient pas ou plus, avant même de s’être lancés. À l’instar de John Huston, Robert Wise s’avère plus intéressé par les protagonistes eux-mêmes et leurs motivations, plutôt que par le casse proprement dit. Comme son confrère, il les ancre dans une réalité crépusculaire (magnifique photo) marquée par l’échec. Le Coup de l’escalier est un film noir à part, centré sur un afro-américain interprété par Harry Belafonte (à l’origine du projet) et traitant ouvertement de la ségrégation et de la discrimination. Le film sera récompensé par un Golden Globe spécial pour sa « promotion de la compréhension internationale ». Pamphlet antiraciste, Le Coup de l’escalier se clôt sur la morale irréfutable : blancs ou noirs, les hommes sont tous égaux face à la mort et chacun retournera à l’état de poussière. Vous avez dit chef d’oeuvre ?

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