Test Blu-ray / Ultime violence, réalisé par Sergio Grieco

ULTIME VIOLENCE (La Belva col mitra) réalisé par Sergio Grieco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er mars 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Helmut Berger, Marisa Mell, Richard Harrison, Marina Giordana, Luigi Bonos, Vittorio Duse, Ezio Marano, Claudio Gora…

Scénario : Sergio Grieco

Photographie : Vittorio Bernini

Musique : Umberto Smaila

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Le tueur Nanni Vitali s’évade de prison avec trois complices. Il se lance dans une folie meurtrière, remplie de vols, viols, assassinats, et prises d’otages. L’inspecteur Giulio Santini se met à sa poursuite avec force moyens. Mais Vitali va séquestrer son père et sa soeur.

Sergio Grieco (1917-1982) fait partie de ces innombrables artisans du cinéma Bis transalpin. Si son nom reste méconnu, en France tout du moins, les titres de ses films fleurent bon l’exploitation et demeurent toujours appréciés des aficionados du genre, ou plutôt des genres, puisque le metteur en scène aura suivi les modes et surfé sur le goût des spectateurs, qui n’aura de cesse d’évoluer des années 1950 à la fin des années 1970. On peut citer pêle-mêle Le Chevalier de la violence Giovanni dalle Bande Nere, Le Pirate de l’épervier noir Il pirata dello sparviero nero, Les Nuits de Lucrèce Borgia Le notti di Lucrezia Borgia, L’Esclave de Rome La schiava di Roma, Jules César contre les pirates Giulio Cesare contro i pirati, Mission spéciale… Lady Chaplin Missione speciale Lady Chaplin, Superman le diabolique Come rubare la corona d’Inghilterra, L’Homme qui défia l’Organisation L’uomo che sfidò l’organizzazione et Une Suédoise sans culotte La nipote del prete. L’ancien assistant de René Clément sur le sublime Au-delà des grilles (1949) aura réalisé quarante longs-métrages en près de trente ans de carrière, vouée quasiment entièrement au cinéma commercial. Il tire sa révérence à l’âge de soixante ans avec Ultime violence La Belva col mitra, célèbre aussi sous le titre Le Fauve à la mitraillette, ainsi que Mad Dog Killer et Beast with a Gun pour son exportation internationale, thriller agressif, néo-polar et donc plus précisément poliziottesco pur et dur, à ne pas mettre devant tous les yeux en raison de certaines scènes très cruelles, dans lequel Helmut Berger s’avère complètement déchaîné. Un très bon cru.

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Test Blu-ray / L’Autoroute de l’enfer, réalisé par Ate de Jong

L’AUTOROUTE DE L’ENFER (Highway to Hell) réalisé Ate de Jong, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 10 mars 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Patrick Bergin, Adam Storke, Chad Lowe, Kristy Swanson, Pamela Gidley, Jarrett Lennon, C.J. Graham, Richard Farnsworth…

Scénario : Brian Helgeland

Photographie : Robin Vidgeon

Musique : Hidden Faces

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Décidés à se marier malgré l’opposition de leurs familles, Charlie et Rachel se rendent à Las Vegas. Ils vont croiser la route du sergent Bedlam, une sorte de flic zombie qui enlève Rachel et disparaît. Charlie découvre que pour retrouver sa fiancée, il doit aller en Enfer.

Quand on parle de Brian Helgeland, on évoque tour à tour L.A Confidential (1997) de Curtis Hanson, merveilleuse adaptation du roman éponyme de James Ellroy récompensée par deux Oscars, Mystic River (2003) de Clint Eastwood, une autre transposition, celle d’un des meilleurs livres de Dennis Lehane, film lui qui sera lui aussi lauréat de deux belles statuettes dorées, Payback (1999), même si renvoyé avant la fin du tournage, avant qu’une Directors’s Cut ne soit dévoilée en 2006. Brian Helgeland est un nom connu des cinéphiles. On oublie un peu plus facilement ce qu’il a fait par la suite, Man on fire et L’Attaque du métro 123 de Tony Scott, Green Zone de Paul Greengrass, Salt de Phillip Noyce, Robin des Bois de Ridley Scott, ainsi que ses propres mises en scène, Chevalier A Knight’s Tale (2001), Le Purificateur The Order (2003), ou bien Legend (2015), dans lequel Tom Hardy a cette mauvaise idée de jouer un double-rôle et donc d’être deux fois plus irritant. On connaît encore moins ses débuts, placés sous le signe du film d’épouvante. Emballés par leur collaboration sur La Ligne du diable 976-EVIL, Robert Englund, dont il s’agissait du premier film en tant que réalisateur, et Brian Helgeland se retrouvent sur le quatrième opus de la série Freddy Krueger, Le Cauchemar de Freddy A Nightmare on Elm Street 4: The Dream Master (1988) de Renny Harlin. Puis, après deux épisodes de la série Vendredi 13, le scénariste signe le script de L’Autoroute de l’enfer Highway to Hell, connu aussi en France sous le titre Bienvenue en enfer. En revanche, le réalisateur néerlandais Ate de Jong demeure totalement oublié. Pourtant, en dépit d’une exploitation limitée à sa sortie, L’Autoroute de l’enfer est devenu un film chéri par les aficionados du genre. Comédie horrifique et fantastique, survoltée, menée sur un train d’enfer, interprétée par des comédiens en mode frappadingue, dans de superbes décors, avec des effets spéciaux cheap et néanmoins très réussis, Highway to Hell (ne cherchez pas, il n’y a aucun lien avec la chanson d’AC/DC ici) s’apparente à un rollercoaster déglingué, aux armatures fragiles, mais dans lequel on prend place volontiers, pour être brinquebalé de tous les côtés. Ça fait un bien fou !

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Test Blu-ray / Les Nuits brûlantes de Linda, réalisé par Jess Franco

LES NUITS BRÛLANTES DE LINDA réalisé par Jess Franco, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 1er février 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Alice Arno, Lina Romay, Verónica Llimerá, Paul Muller, Monica Swinn, James Harris, Catherine Lafferière, Angelo Bassi…

Scénario : Jess Franco & Nicole Guettard

Photographie : Gérard Brisseau

Musique : Daniel White

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Marie-France trouve un emploi comme nurse dans une famille française et puritaine résidant en Grèce, les Radek. Le père a assassiné autrefois son épouse adultère et vit dans le remords. A ses côtés, sa fille Linda, paralytique, et Olivia, sa nièce nymphomane. Et enfin, Abdul, l’homme à tout faire simple d’esprit. Les frustrations de la famille vont être chamboulées par l’arrivée de Marie-France…

Retour en arrière, il en est où l’ami Jess Franco en cette bonne année 1975 ? Tout va pour le mieux pour le réalisateur de 45 ans. Ce sera même un bon cru puisqu’il sortira sur les écrans plus d’une demi-douzaine de longs-métrages (oui oui, imaginez la cata si Christopher Nolan en faisant autant, ah vous avez peur hein), Les Gloutonnes (aka Les Exploits érotiques de Maciste dans l’Atlantide ou Maciste et les Gloutonnes), Les Chatouilleuses (ou Les Nonnes en folie), Exorcisme (Exorcisme et messes noires, L’Éventreur de Notre-Dame ou Expériences sexuelles au château des jouisseuses), sa version hardcore Sexorcismes, La Comtesse perverse (Les Croqueuses) et Les Nuits brûlantes de Linda, même si tourné deux ans auparavant, entre Le Journal intime d’une nymphomane et Le Miroir obscène. Ce dernier, également connu sous le titre Mais qui donc a violé Linda ? n’est pas le meilleur du cinéaste évidemment et s’avère même noyé dans la masse colossale de ses 200 mises en scène, mais comme toujours il y a du bon à prendre dans cet opus rapide de 75 minutes, notamment la présence de la sublime Lina Romay, alors âgée de 20 ans, qui en était encore au début de sa carrière et qui vole la vedette à ses partenaires, la rigide Alice Arno (L’Arrière-train sifflera 3 fois et Règlements de femmes à OQ Corral de Jean-Marie Pallardy) et Monica Swinn (Les Gardiennes du pénitencier d’Alain Deruelle, Train spécial pour Hitler d’Alain Payet, Draguse ou le manoir infernal de Patrice Rhomm). Si l’on devine immédiatement le pseudo-twist final, passer 1h15 en compagnie d’actrices aussi délicieuses et généreuses n’est pas ce qu’on peut qualifier de plus déplaisant, d’autant plus que Jess Franco et sa coscénariste Nicole Guettard (Deux espionnes avec un petit slip à fleurs, Célestine, bonne à tout faire, Les Possédées du diable) les plongent dans une histoire sordide teintée d’inceste. Bref, le metteur en scène ne prend pas forcément les spectateurs par la main pour ensuite les caresser dans le sens du poil (bien fourni), ce qui montre bien l’ambition jamais démentie de Jess Franco.

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Test Blu-ray / Folie meurtrière, réalisé par Tonino Valerii

FOLIE MEURTRIÈRE (Mio caro assassino) réalisé par Tonino Valerii, disponible en Blu-ray + CD-audio le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : George Hilton, Salvo Randone, William Berger, Marilù Tolo, Manuel Zarzo, Patty Shepard, Piero Lulli, Helga Liné…

Scénario : Roberto Leoni, Tonino Valerii, Franco Bucceri & José Gutiérrez Maesso

Photographie : Manuel Rojas

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

L’inspecteur Peretti enquête sur la mystérieuse décapitation d’un agent d’assurances. Au fur et à mesure, d’autres corps sont retrouvés… Un homme est supposé s’être suicidé, une femme est étranglée, une autre attaquée dans son appartement… Tous les indices convergent vers une affaire non résolue, concernant un enlèvement et un meurtre. La seule piste de Peretti sont les dessins d’une petite fille…

Le cinéphile se souvient essentiellement de Tonino Valerii (1934-2016) pour un film, un chef d’oeuvre incontesté, Mon nom est Personne Il mio nome è Nessuno, chant du cygne, oraison funèbre ou chant mortuaire du western spaghetti, l’enterrement de tout un genre, qui confrontait un personnage à la Sergio Leone (producteur et initiateur du projet) à celui tiré de son pastiche. Ancien assistant de Camillo Mastrocinque et là aussi de Sergio Leone sur Pour une poignée de dollars, ainsi que sur …et pour quelques dollars de plus, Tonino Valerii fait ses propres débuts derrière la caméra immédiatement après le second volet de la Trilogie des Dollars, avec quelques westerns. Il dirige notamment Giuliano Gemma et Lee Van Cleef dans Le Dernier jour de la colère I Giorni dell’ira, avant d’offrir le rôle de sa vie à Silvia Dionisio dans le drame psychologique Une jeune fille nommée Julien La ragazza di nome Giulio, adapté du roman à scandale de Milena Milani. En 1972, le metteur en scène désire changer de registre et de surfer sur le succès rencontré par les gialli dans les cinémas du monde entier. Ce sera Folie meurtrière Mio caro assassino, connu également sous son titre français Mon cher assassin, traduction littérale du titre original. Remarquable opus du genre, ce thriller prend aux tripes du début à la fin, happe l’audience dès sa première séquence, qui a très largement contribué au statut culte du film avec cette excavatrice qui attrape un homme par la tête pour ensuite le décapiter, avant de terrasser définitivement le spectateur au cours d’un final éprouvant pour les nerfs et dont l’image ultime glace les sangs à jamais. Assurément l’un des plus grands fleurons du giallo.

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Test Blu-ray / Secret défense – Hidden Agenda, réalisé par Ken Loach

SECRET DÉFENSE (Hidden Agenda) réalisé Ken Loach, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 mars 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Frances McDormand, Brian Cox, Brad Dourif, Mai Zetterling, John Benfield, Des McAleer, Jim Norton, Maurice Roëves…

Scénario : Jim Allen

Photographie : Clive Tickner

Musique : Stewart Copeland

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Paul Sullivan et sa fiancée Ingrid Jessner se rendent à Belfast pour enquêter sur des allégations d’atteinte aux droits de l’homme commises par les forces de sécurité britanniques. Paul est assassiné dans des circonstances mystérieuses et est enregistré en tant que complice de l’IRA. Mais Ingrid et l’enquêteur britannique Paul Kerrigan, mettent en doute les conclusions de l’enquête et viennent à découvrir un complot mettant en cause des personnalités haut placées…

Quand il tourne Hidden Agenda, plus connu en France sous le titre Secret défense, Ken Loach (né en 1936) n’est pas encore le réalisateur acclamé dans les festivals et ses films les plus populaires sont devant lui. Pourtant, en 1990, le cinéaste a déjà plus de cinquante ans et près d’une dizaine de longs-métrages à son actif. Issu de la classe moyenne basse, fils d’ouvrier, Ken Loach se dirige très vite vers le cinéma social, en démarrant sa carrière dans le documentaire et à la télévision, pour laquelle il multiplie les projets dans les années 1960-70. S’il débute au cinéma à la fin des années 1960 avec Pas de larmes pour Joy Poor Cow (1967), Kes (1969) et surtout Family Life (1971), Ken Loach mettra près de dix ans pour revenir sur le grand écran avec Black Jack. Il tâtonne durant quelques années, jusqu’à Hidden Agenda, qui va rabattre les cartes en devenant le catalyseur des plus grands succès du metteur en scène puisque suivront Land and Freedom, Carla’s Song, My Name Is Joe… Secret défense est un formidable, puissant, anxiogène et percutant drame politique et thriller d’espionnage engagé, qui rend compte de la situation en Irlande du Nord, avec lequel Ken Loach s’est attiré les foudres de la critique et des dirigeants de son pays, dont il fustige ouvertement les décisions et surtout les agissements pour annihiler la résistance irlandaise. Chef d’oeuvre absolu.

Une équipe de la Ligue internationale pour les droits civils arrive à Belfast lors d’une crise entre l’Irlande et la Grande-Bretagne. Son leader américain y est abattu par des policiers alors qu’il était en compagnie d’un militant de l’IRA. Un policier britannique enquête. Le chef de la police locale se méfie de lui. Un complot est progressivement révélé, mettant en cause six hauts personnages de l’État britannique impliqués dans cette affaire, mais aussi dans la déstabilisation du précédent gouvernement travailliste avant l’arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher.

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Test Blu-ray / La Maison de la terreur, réalisé par Lamberto Bava

LA MAISON DE LA TERREUR (La Casa con la scala nel buio) réalisé par Lamberto Bava, disponible en Blu-ray + CD-audio le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Andrea Occhipinti, Anny Papa, Fabiola Toledo, Michele Soavi, Valeria Cavalli, Stanko Molnar, Lara Lamberti…

Scénario : Dardano Sacchetti & Elisa Briganti

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Guido De Angelis & Maurizio De Angelis

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Un compositeur de musiques de films se rend dans une villa de Rome pour trouver la concentration dont il a besoin pour composer. C’est là que les homicides et les disparitions impensables commencent l’un après l’autre. Ils mèneront à une vieille histoire ambiguë et dérangeante, mise à jour par un film.

Fils du légendaire Mario Bava (1914-1980), Lamberto Bava (né en 1944) a su se faire un prénom dans le milieu du cinéma, et Dieu sait que cela n’a pas dû être facile…Tout d’abord assistant sur les films de son père (Opération peur, Danger : Diabolik !, Une hache pour la lune de miel, Roy Colt et Winchester Jack, La Maison de l’exorcisme, La Baie sanglante, Baron vampire) ainsi que de Ruggero Deodato (Le Dernier monde Cannibale, Le Dernier souffle et Cannibal Holocaust) et de Dario Argento sur Inferno et Ténèbres, Lamberto Bava commence sa carrière en tant que scénariste. Il fait ses armes sur Une ondata di piacere (1975) de Ruggero Deodato, puis enchaîne avec Les Démons de la nuit (1977) de Mario Bava, sur lequel il officie également comme metteur en scène, même s’il n’est pas crédité. Il signe son premier long-métrage (officiel) en tant que réalisateur en 1980 avec Baiser macabre Macabro, coécrit avec Pupi Avati. La Maison de la terreur La Casa con la scala nel buio est son deuxième long-métrage, coécrit cette fois par le grand Dardano Sacchetti (L’Éventreur de New York, L’Enfer des zombies et L’Au-delà de Lucio Fulci, Pulsions cannibales d’Antonio Margheriti, Le Cynique, l’infâme, le violent d’Umberto Lenzi, Le Chat à neuf queues de Dario Argento) et Elisa Briganti (L’Exécuteur vous salue bien… de Stelvio Massi, La Maison près du cimetière de Lucio Fulci). Autant dire que le film part sur de très bonnes bases et le résultat final tient justement toutes ses promesses. En dépit d’un budget qu’on imagine dérisoire, Lamberto Bava fait preuve d’une imagination constante pour maintenir l’intérêt des spectateurs, en exploitant à merveille le décor principal mis à sa disposition. Comme moult films d’épouvante, l’ombre d’Alfred Hitchcock, et plus particulièrement de Psychose plane sur La Maison de la terreur (ou A Blade in the Dark en anglais), ainsi que celle de Blow Up de Michelangelo Antonioni, et donc celle de Blow Out de Brian De Palma. Un vrai coup de coeur !

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Test Blu-ray / Le Salaire du Diable, réalisé par Jack Arnold

LE SALAIRE DU DIABLE (Man In the Shadow) réalisé Jack Arnold, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 15 février 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jeff Chandler, Orson Welles, Colleen Miller, Ben Alexander, Barbara Lawrence, John Larch, James Gleason, Royal Dano…

Scénario : Gene L. Coon

Photographie : Arthur E. Arling

Musique : Hans J. Salter & Herman Stein

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Ben Sadler est le shérif d’une petite ville, cernée de terres appartenant au puissant Virgil Renchler, propriétaire d’un ranch florissant où travaillent de très nombreux clandestins mexicains. Un soir, le contremaître du ranch tue l’un des employés. Renchler va tout mettre en oeuvre pour empêcher le shérif de mener l’enquête.

Spécialiste des séries B, John Arnold Waks alias Jack Arnold (1916-1992) n’en est pas moins un immense réalisateur. Bien que disposant de budgets très modestes, le cinéaste a toujours su transcender son postulat de départ minimaliste…pour aller vers le gigantisme. Prolifique, Jack Arnold prend son envol dans les années 1950 où il enchaîne les films qui sont depuis devenus de grands classiques : Le Météore de la nuit (1953), L’Etrange Créature du lac noir (1954), La Revanche de la créature (1955), Tarantula (1955), L’Homme qui rétrécit (1957) d’après l’oeuvre de Richard Matheson, sans oublier La Souris qui rugissait (1959). Au total, près d’une vingtaine de longs-métrages tournés à la suite, toujours marqués par le professionnalisme et le talent de son auteur, combinant à la fois les effets spéciaux alors à la pointe de la technologie, des personnages ordinaires et attachants, plongés malgré eux dans une histoire extraordinaire. Le film qui nous intéresse aujourd’hui est Le Salaire du diable, tout de suite mis en scène par Jack Arnold après L’Homme qui rétrécit et se révèle être une passerelle dressée entre le western et le film noir. Le cinéaste avait d’ailleurs déjà abordé les deux genres, avec Tornade sur la ville The Man from Bitter Ridge et Crépuscule sanglant Red Sundown d’un côté (il y reviendra avec le formidable Une balle signée X No Name on the Bullet, un des meilleurs films avec Audie Murphy), et Le Crime de la semaine The Glass Web de l’autre. Avec Le Salaire du diable Man In The Shadow, Jack Arnold revient à une épure après son merveilleux film fantastique. Il en résulte un polar rural bluffant de maîtrise, sec et brutal, qui annonce les romans de James Lee Burke, dans lequel le génial Jeff Chandler crève l’écran une fois de plus en shérif droit et intègre, prêt à se mettre la ville à dos pour que justice soit faite. Un immanquable pour les cinéphiles.

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Test Blu-ray / L’Important c’est d’aimer, réalisé par Andrzej Żuławski

L’IMPORTANT C’EST D’AIMER réalisé par Andrzej Żuławski, disponible en Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Claude Dauphin, Roger Blin, Gabrielle Doulcet, Michel Robin, Guy Mairesse, Katia Tchenko, Nicoletta Machiavelli, Klaus Kinski…

Scénario : Andrzej Żuławski & Christopher Frank, d’après le roman La Nuit Américaine de Christopher Frank

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un jeune photographe reporter Servais Mont rencontre sur un plateau de tournage Nadine Chevalier, une actrice ratée contrainte, pour survivre, de tourner dans des films pornographiques. Immédiatement séduit, Servais Mont se rend chez elle pour faire une série de photos. La jeune femme est mariée à Jacques, un être fragile, à la fois drôle et amer, qui fuit les réalités de la vie. Très attirés l’un vers l’autre, Nadine et Servais se revoient. Ce dernier décide d’aider Nadine à son insu. Il veut commanditer une pièce de théâtre dans laquelle elle aura enfin un rôle digne de son talent…

Quand on évoque L’Important c’est d’aimer, le troisième long-métrage d’Andrzej Żuławski (1940-2016), on pense tout d’abord à son célèbre thème musical composé par Georges Delerue, qui revient sans cesse, trop diront certains ils n’auraient pas tort, tout au long du film. Puis, un visage apparaît, celui de Romy Schneider (entre Le Trio infernal de Francis Girod et Le Vieux fusil de Robert Enrico), le teint blafard, les yeux trop maquillés, le rimmel se mêlant aux larmes, le regard tourné vers la caméra et donc vers les spectateurs. Une main tendue, suppliante, une voix étranglée par les sanglots qui demande, qui supplie, «Ne faites pas de photos, s’il vous plaît. Non, je suis une comédienne, vous savez. Je sais faire des trucs bien », tandis qu’une réalisatrice hystérique lui ordonne « Vas-y, sens-le ! Tu fais ce qu’on te demande de faire ! ». L’Important c’est d’aimer est autant un des films français les plus étranges des années 1970, qu’un quasi-documentaire sur l’une des plus grandes comédiennes de la deuxième partie du XXè siècle. Tout difficile d’accès qu’il soit, le film d’Andrzej Żuławski rencontrera un succès phénoménal, en attirant plus d’1,5 million de spectateurs dans les salles en février 1975. Un an plus tard, Romy Schneider se verra remettre le tout premier César de la meilleure actrice pour son rôle de Nadine Chevalier. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de la performance de son actrice principale, celle-ci est puissamment épaulée par ses deux partenaires, l’italien Fabio Testi (Le Jardin des Finzi-Contini, Le Tueur, La Poursuite implacable) et surtout Jacques Dutronc, qui faisait pour ainsi dire ses premières armes en tant que comédien dramatique. Adaptation libre (on parle de quelques pages seulement) du roman de Christopher Frank, La Nuit Américaine, qui a d’ailleurs lui-même travaillé sur cette transposition, L’Important c’est d’aimer est une étape décisive dans la carrière du cinéaste polonais, où ce dernier installe définitivement ses thèmes de prédilection, tout en s’adonnant à son art de façon jusqu’au-boutiste, viscérale, violente, organique et ultra-sensible.

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Test Blu-ray / Une langouste au petit déjeuner, réalisé par Giorgio Capitani

UNE LANGOUSTE AU PETIT DÉJEUNER (Aragosta a colazione) réalisé par Giorgio Capitani, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 25 août 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Enrico Montesano, Claude Brasseur, Janet Agren, Claudine Auger, Silvia Dionisio, Roberto Della Casa, Geoffrey Copleston, Letizia D’Adderio…

Scénario : Laura Toscano, Franco Marotta, Jacques Dorfmann & Guy Lionel

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Piero Umiliani

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Enrico est un représentant de commerce qui ne réussit pas dans son métier, ce que lui reprochent sa femme et sa fille. Il rate son suicide, et cherche du réconfort auprès d’un de ses amis, qui lui demande un service en échange.

Pour les cinéphiles, Giorgio Capitani (1927-2017) reste surtout le réalisateur du péplum Le Grand défi : Hercule, Samson, Maciste, et Ursus, les invincibles Ercole, Sansone, Maciste e Ursus gli invincibili, dans lequel Alan Steel et Howard Ross se partageaient les exploits. Ancien assistant de Vittorio Cottafavi (Les Cents Cavaliers), pour lequel il a écrit quelques films, Giorgio Capitani se spécialise dans la comédie. Il dirige Vittorio Gassman dans Pleins Feux sur l’archange L’arcangelo (1969), la divine Catherine Spaak dans Mais qui donc porte la culotte ? La schiava io ce l’ho e tu no (1973), Sophia Loren, Marcello Mastroianni et Aldo Maccione dans La Pépée du gangster La pupa del gangster (1975). L’une de ses rencontres importantes dans le métier restera celle avec l’acteur Enrico Montesano, méconnu en France, mais grande vedette dans son pays, avec lequel il fera quatre comédies, Les Bonshommes Pane, burro e marmellata (1977), Io tigro, tu tigri, egli tigra (1978), Une langouste au petit déjeuner Aragosta a colazione (1979) et Je hais les blondes Odio le bionde (1980). Le film qui nous concerne aujourd’hui, leur troisième collaboration, est une coproduction franco-italienne, dans laquelle Enrico Montesano donne la réplique à Claude Brasseur, dans une de ses rares incursions dans le cinéma transalpin. Honnêtement, nous n’attendions pas grand-chose de cette comédie et nous sommes très agréablement surpris. Car on rit du début à la fin devant cette Langouste au petit déjeuner ! On rit, même vraiment de bon coeur devant toutes les catastrophes déclenchées par le personnage principal ! Enchaînement ininterrompu de gags, soulignés par une musique pouët-pouët comme on les aime de Piero Umiliani (Tropique du Cancer, Viva Django, Il Vigile), Aragosta a colazione avait tout du nanar sur le papier, mais se révèle être un vaudeville survitaminé très influencé par La Party The Party (1968) de Blake Edwards, mené à cent à l’heure et formidablement interprété, y compris par un casting féminin à se damner, composé de Silvia Dionisio, Claudine Auger et Janet Agren.

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Test Blu-ray / 3 hommes et un couffin, réalisé par Coline Serreau

3 HOMMES ET UN COUFFIN réalisé par Coline Serreau, disponible en DVD et Blu-ray le 8 mars 2022 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Roland Giraud, Michel Boujenah, André Dussollier, Dominique Lavanant, Philippine Leroy-Beaulieu, Annick Alane…

Scénario : Coline Serreau

Photographie : Jean-Yves Escoffier & Jean-Jacques Bouhon

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

« Un copain déposera un colis et passera le reprendre plus tard ». Tel est le message laissé par Jacques, avant son départ pour le Japon, à ses deux compères Pierre et Michel avec lesquels il partage un luxueux appartement. Comme prévu, le colis arrive et à la stupéfaction générale, il s’agit d’un bébé… Adieu liberté et aventures sans lendemain.

Ce film a été un phénomène mondial. Plus de dix millions d’entrées en France, 2,5 millions en Allemagne, près de 35 millions en Union Soviétique, suivi d’un remake US – Trois hommes et un bébé Three Men and a Baby – deux ans plus tard réalisé par Leonard Nimoy, qui connaîtra lui-même une suite en 1990 intitulée Tels pères, telle fille 3 Men and a Little Lady, mise en scène par Emile Ardolino, avant qu’une séquelle du film original soit finalement mise en chantier en 2002, 18 ans après, qui ne connaîtra pas du tout (euphémisme) le même engouement. Tout le monde connaît 3 hommes et un couffin, le troisième long-métrage de Coline Serreau, le plus grand succès en France au box-office de l’année 1985, très loin devant Rambo 2 : la mission (5,9 millions d’entrées) et Les Spécialistes (5,3 millions d’entrées), mais aussi et surtout le plus gros hit des années 1980, qui apparaît aujourd’hui au 22è rang de tous les temps en termes d’entrées, entre Taxi 2 de Gérard Krawczyk et Les Canons de Navarone de J. Lee Thompson. Que reste-t-il de 3 hommes et un couffin presque quarante ans après sa sortie ? Un modèle de comédie, qui parvient à faire oublier son quasi-huis clos (le film se déroulant essentiellement dans l’appartement des trois personnages principaux) par le charisme, l’immense talent et l’alchimie de ses immenses comédiens, ainsi que ce parfait équilibre fragile entre le rire et l’émotion. Succession de dialogues entrés dans le langage courant et de scènes cultes, 3 hommes et un couffin est un chef d’oeuvre universel et intemporel.

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