Test Blu-ray / La Possédée du lac, réalisé par Luigi Bazzoni & Franco Rossellini

LA POSSÉDÉE DU LAC / LA FEMME DU LAC (La Donna del lago) réalisé Luigi Bazzoni & Franco Rossellini, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Peter Baldwin, Virna Lisi, Salvo Randone, Valentina Cortese, Pia Lindström, Pier Giovanni Anchisi, Ennio Balbo, Anna Maria Gherardi, Mario Laurentino…

Scénario : Giulio Questi, Luigi Bazzoni, Franco Rossellini & Ernesto Gastaldi, d’après le roman de Giovanni Comisso

Photographie : Leonida Barboni

Musique : Renzo Rossellini

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Écrivain en manque d’inspiration, Bernard va passer un séjour dans un hôtel de montagne du nord de l’Italie. Il espère aussi y retrouver Tilde, la femme de chambre dont il est tombé amoureux lors de son précédent séjour. Une fois sur place, il apprend que celle-ci s’est suicidée, et repose dans le cimetière près du lac. Mais les allusions des villageois et surtout la discussion avec un photographe va le porter à croire qu’elle aurait été assassinée.

Ces dernières années, quand on demande à un cinéphile adepte et/ou spécialisé dans le genre de citer quelques-uns de ses gialli préférés, un titre revient fréquemment, Journée noire pour un bélier Giornata nera per l’ariete, réalisé en 1971 par Luigi Bazzoni (1929-2012), qui en 2016 avait connu une sortie en DVD en France sous les couleurs du Chat qui fume. Un titre qui restait alors totalement inédit depuis sa sortie VHS (rebaptisé Jour maléfique), l’archétype même du giallo dont il reprenait parfaitement les codes : chantage, sexe, héros suspectés, cuir et meurtres sadiques. Avant de signer ce qui restera son opus le plus connu et célébré, le cinéaste livrait en 1965 un formidable premier long-métrage, La Femme du lac La Donna del lago, chaînon manquant entre le cinéma d’art et essai, certains diront intellectuel, de Michelangelo Antonioni et de Mauro Bolognini, dont Luigi Bazzoni a d’ailleurs été l’assistant sur les sublimes Le Bel Antonio,Ça s’est passé à Rome, Le Mauvais chemin et Quand la chair succombe, et le cinéma populaire. Pour ce coup d’essai et petit coup de maître à part entière, le metteur en scène s’entoure de collaborateurs talentueux. Leonida Barboni à la photographie (chef opérateur de Divorce à l’italienne de Pietro Germi et Une vie difficile de Dino Risi), ainsi que de la mythique Virna Lisi dans un rôle secondaire, mais dont l’aura plane sur l’intégralité du film. N’oublions pas la discrète et néanmoins virtuose partition du maestro Renzo Rossellini (Où est la liberté…?, Europe 51, La Belle et le Corsaire, La Chartreuse de Parme). Tous ces atouts contribuent à la belle réussite de La Possédée du lac, officiellement co-réalisé par Franco Rossellini (futur producteur de Django, Texas Adios, Théorème, Médée, Le Décaméron), même si cela reste à prouver, une œuvre étrange, quasi-unique, à la frontière du fantastique, qui mine de rien prend le train en marche lancé par Mario Bava depuis Six Femmes pour l’assassin Sei donne per l’assassino, sorti l’année précédente.

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Test Blu-ray / La Mort marche en talons hauts, réalisé par Luciano Ercoli

LA MORT MARCHE EN TALONS HAUTS / NUITS D’AMOUR ET D’ÉPOUVANTE (La Morte cammina con i tacchi alti) réalisé Luciano Ercoli, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Frank Wolff, Nieves Navarro, Simón Andreu, Carlo Gentili, George Rigaud, José Manuel Martín, Fabrizio Moresco, Luciano Rossi, Claudie Lange…

Scénario : Ernesto Gastaldi

Photographie : Fernando Arribas

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Après avoir dérobé des diamants, un homme se fait assassiner dans le train. N’ayant pas trouvé ce qu’il cherchait, le meurtrier va s’en prendre à sa fille, Nicole, strip-teaseuse à Paris. Il s’introduit chez elle et la menace, ne laissant voir que ses yeux d’un bleu étrange. Terrorisée, la jeune femme se réfugie chez son amant, Michel. Mais elle découvre chez celui-ci des lentilles de contact bleues.

Ceux qui nous suivent en savent déjà bien long sur le producteur et réalisateur Luciano Ercoli (1929-2015), sur lequel nous nous sommes penchés à deux reprises, à l’occasion de la sortie en Blu-ray en avril 2022 de La Mort caresse à minuit La Morte accarezza a mezzanotte (1972) chez Artus Films et de Photos interdites d’une bourgeoise Le foto proibite di una signora per bene (1970) chez Le Chat qui fume. Vous savez ce qui vous reste à faire pour en apprendre plus sur la carrière du cinéaste. Nous passerons donc directement au film qui nous intéresse aujourd’hui, La Mort marche en talons hauts, connu en France sous le titre Nuis d’amour et d’épouvante, ou tout simplement La Morte cammina con i tacchi alti en version originale. Deuxième long-métrage et deuxième giallo mis en scène par Luciano Ercoli, cet opus est sans aucun doute le meilleur de ses trois thrillers angoissants. S’il en reprendra certains motifs dans La Mort caresse à minuit, La Mort marche en talons hauts le surpasse avec une intrigue plus solide, cette fois encore signée Ernesto Gastaldi (Le Cynique, l’infâme, le violent, Les Rendez-vous de Satan, Je suis vivant !), pleine de mystères, de faux-semblants et de rebondissements, qui s’inscrit dans un cadre dépaysant (à Paris et en Angleterre) et qui repose en grande partie sur les belles épaules de la sublime Susan Scott (ou Nieves Navarro pour les intimes), filmée sous tous les angles par celui qui partageait alors sa vie. Un beau coup de maître que ce second giallo de Luciano Ercoli.

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Test Blu-ray / Un citoyen se rebelle, réalisé par Enzo G. Castellari

UN CITOYEN SE REBELLE (Il Citadino si ribella) réalisé par Enzo G. Castellari, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 20 septembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Franco Nero, Giancarlo Prete, Barbara Bach, Renzo Palmer, Nazzareno Zamperla, Massimo Vanni, Romano Puppo, Renata Zamengo…

Scénario : Dino Maiuri & Massimo De Rita

Photographie : Carlo Carlini

Musique : Guido & Maurizio De Angelis

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Carlo Antonelli est un citoyen ordinaire, jusqu’au jour où il est brutalement agressé lors braquage. Quand la police laisse tomber l’affaire et les suspects restent libres, la patience de Carlo est poussée au-delà de son point de rupture et il va entreprendre une guerre sans merci contre les criminels dont la seule loi est celle de la rue.

Dans les années 1970, l’Italie fait face aux exigences politiques des Brigades rouges et connaît ce qui deviendra plus tard les tristement célèbres Anni di piombo, en français les « années de plomb ». En tant que vecteur de débats sociétaux (et parce qu’il est aussi opportuniste), le septième art va vite s’emparer de cette violence omniprésente et la refléter dans une multitude d’opus du cinéma de genre, notamment des thrillers urbains, forcément influencés par L’Inspecteur Harry de Don Siegel et French Connection de William Friedkin, qui sortent tous les deux en 1971. Les films policiers d’Enzo G. Castellari (tout comme ceux d’Umberto Lenzi, de Fernando Di Leo, d’Alberto De Martino, de Sergio Martino et tellement d’autres), de son vrai nom Enzo Girolami (né en 1938), vont ainsi dresser le portrait d’un pays au bord de l’asphyxie, où les habitants n’ont plus aucune foi ni confiance envers leurs élus et l’autorité, sans rien édulcorer, avec une brutalité difficile à concevoir presque cinquante ans après. La vengeance et la justice sont au coeur d’Un citoyen se rebelleIl Cittadino si ribella, deuxième collaboration d’Enzo G. Castellari avec celui qui sera son comédien fétiche, Franco Nero, un an après Le Témoin à abattre La Polizia incrimina la legge assolve, et qui s’associeront encore à quatre reprises à ce jour, les deux hommes (qui ont chacun passé la barre des 80 ans) ayant fait part de leur désir commun de se retrouver pour une suite de Keoma (1976). Sur un sujet grave, le réalisateur signe un formidable spectacle, un divertissement haut de gamme, un vigilante ultra-efficace qui rappelle évidemment Un justicier dans la ville Death Wish de Michael Winner, qui ne sortira pourtant que trois mois après Un citoyen se rebelle de l’autre côté des Alpes. Énorme succès dans les salles, Il Cittadino si ribella se démarque par le charisme magnétique de Franco Nero, la solide présence de Giancarlo Prete, le charme de Barbara Bach, un montage déchaîné et une mise en scène très nerveuse qui n’omet jamais l’émotion, des atouts grâce auxquels Un citoyen se rebelle a conservé une indéniable fraîcheur et une étonnante modernité.

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Test Blu-ray / Rosebud, réalisé par Otto Preminger

ROSEBUD réalisé par Otto Preminger, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 17 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Peter O’Toole, Richard Attenborough, Cliff Gorman, Claude Dauphin, John V. Lindsay, Peter Lawford, Raf Vallone, Adrienne Corri, Amidou, Georges Beller, Isabelle Huppert, Kim Cattrall…

Scénario : Erik Lee Preminger, d’après le roman de Joan Hemingway & Paul Bonnecarrère

Photographie : Denys N. Coop

Musique : Laurent Petitgirard

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Sabine, petite-fille du milliardaire Charles-André Fargeau, invite quatre amies pour une croisière sur le yacht de son grand-père. Un commando terroriste attaque le bateau, supprime les membres d’équipage et enlève les cinq jeunes filles. Fargeau fait appel à Larry Martin, un journaliste qui est en réalité un agent de la CIA.

Si l’on vous dit Laura (1944), L’Éventail de Lady Windermere (1949), Mark Dixon, détective (1950), Un si doux visage (1952), Rivière sans retour (1954), Carmen Jones (1954), L’Homme au bras d’or (1955), Bonjour tristesse (1958), Autopsie d’un meurtre (1959), Exodus (1960), Tempête à Washington (1962), Bunny Lake a disparu (1965), vous pensez à quel réalisateur ? Otto Preminger (1906-1986) bien sûr. Si l’on oublie forcément quelques autres opus tout aussi formidables et/ou sous-estimés (Le Cardinal, Saint Jeanne, La Lune était bleue…), le cinéphile, quand on évoque ces titres, est immédiatement envahi de photogrammes ou de scènes légendaires tirés de ces chefs d’oeuvres représentatifs de l’âge d’or hollywoodien. Cette légende aura oeuvré jusqu’à l’âge respectable de 75 ans, même s’il est indéniable, et c’est souvent récurrent, que ses derniers longs-métrages laissaient à désirer. Enfin non, il faudrait plutôt dire « méconnus ». Alors que le Nouvel Hollywood s’installe au début des années 1970, Otto Preminger, également producteur indépendant, continue son travail, sans doute plus lentement (il tournera ses quatre derniers films durant la décennie), mais bien décidé à ne pas raccrocher encore les gants. Sorti en 1975, Rosebud sera son avant-dernier baroud d’honneur. Nous sommes ici en plein « espionnage à l’ancienne », alors que Les Dents de la mer de Steven Spielberg allaient déferler dans les salles et créer le blockbuster estival, mais Rosebud n’a absolument rien de honteux et s’avère agréable à suivre, en dépit d’un rythme en dents de scie et d’un final pas à la hauteur de l’intrigue étirée sur un peu plus de deux heures. Mais voir Georges Beller, dans la peau d’un prof coco et leader radical, donner la réplique (en anglais dans le texte) à Peter O’Toole (qui remplaçait Robert Mitchum, quelques jours après le début du tournage), lui-même dragué par une Isabelle Huppert jeunette (un an après Les Valseuses de Bertrand Blier), tandis que Kim Cattrall (dans sa première apparition à l’écran) déambule en mini-short ou en tenue d’Ève et que Richard Attenborough campe le leader d’un groupe terroriste palestinien, avouez que c’est tout de même tentant non ?

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Test Blu-ray / Les Imposteurs, réalisé par Nicholas Meyer

LES IMPOSTEURS (The Deceivers) réalisé par Nicholas Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Pierce Brosnan, Shashi Kapoor, Saeed Jaffrey, Helena Michell, Keith Michell, David Robb, Tariq Yunus, Jalal Agha…

Scénario : Michael Hirst, d’après le roman de John Masters

Photographie : Walter Lassally

Musique : John Scott

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En 1825, l’Inde est ravagée par les Thugs, une confrérie d’assassins adorateurs de Kali. Ils sèment le chaos et la peur dans tout le pays : meurtres, vols ou encore sacrifices humains. Le capitaine William Savage, administrateur en Inde pour la Compagnie britannique des Indes orientales, va tenter de mettre fin à leurs agissements. Il décide se déguiser en Indien pour infiltrer les Thugs.

Avec la série Les Enquêtes de Remington Steele, l’irlandais Pierce Brosnan connaît un succès international, qui va s’étirer au fil de quatre saisons, de 1982 à 1985. C’est à partir de 1986 que le nom du comédien revient fréquemment quand on évoque celui qui pourrait remplacer Roger Moore…aussi bien dans la peau de Simon – Le Saint – Templar que dans celle de James Bond. Seulement voilà, une cinquième saison non prévue de Remington Steele est finalement commandée par la NBC et Pierce Brosnan doit rempiler, laissant la place tant convoitée à Timothy Dalton. C’est là qu’il se tournera progressivement vers le cinéma, avec le ronflant Nomads de John McTiernan, suivi de près par Le Quatrième Protocole The Fouth Protocol de John Mackenzie. Mais l’un de ses rôles les plus étonnants demeure sans doute celui qu’il tient dans Les Imposteurs The Deceivers (Christopher Reeve et Treat Williams avaient été courtisés avant lui), réalisé par Nicholas Meyer, alors romancier (The Seven-Per-Cent Solution, L’Horreur du West End) et scénariste (Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Star Trek 4 : Retour sur Terre), qui s’était lancé dans la mise en scène en 1979 avec C’était demain Time after Time, interprété par Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburgen, puis Star Trek 2 : La Colère de Khan Star Trek: The Wrath of Khan trois ans plus tard. Les Imposteurs n’est pas un film d’aventure comme on pouvait l’imaginer, mais s’apparente plutôt à un thriller historique, car adapté de faits réels, inspiré par une société secrète d’assassins qui a sévi en Inde au début du 19e siècle. Et comme nous l’indique un panneau en introduction, il s’agit aussi du récit « de l’homme qui les a démasqués ». Pierce Brosnan se donne à fond dans ce rôle foncièrement ambigu, et malgré son charisme lisse (son regard est ici éteint par des lentilles de couleur marron), s’en sort bien dans un film parfois brutal, dont la cruauté contraste avec la beauté des décors naturels. Une bonne découverte.

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Test DVD / Ecce Homo Homolka, réalisé par Jaroslav Papousek

ECCE HOMO HOMOLKA réalisé par Jaroslav Papousek, disponible en DVD le 24 août 2022 chez Malavida Films.

Acteurs : Josef Sebánek, Marie Motlová, Frantisek Husák, Helena Ruzicková, Petr Forman, Matej Forman, Yvonne Kodonová, Miroslav Jelínek…

Scénario : Jaroslav Papousek

Photographie : Jozef Ort-Snep

Musique : Karel Mares

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Un chauffeur de taxi tchèque emmène les siens en week-end à la campagne. Mais au fil du voyage, tous les membres de la famille – sa femme, sa belle-fille, son fils et ses deux petits-enfants – semblent chacun être uniquement rattrapé par ses problèmes personnels.

On connaissait Ecce Bombo (1978), second long-métrage de Nanni Moretti, mais pas ce Ecce Homo Homolka (1970), dont certains cinéphiles français pourraient avoir entendu parler sous le titre La Famille Homolka. « Ecce Homo », signifiant « Voici l’homme », indique que ce film sera une radiographie d’une famille tchèque, à l’aube des années 1970, un constat implacable d’un pays tout juste marqué par le Printemps de Prague survenu deux ans auparavant, qui s’achèvera brutalement sept mois plus tard par l’invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie en août 1968, annihilant l’ensemble des réformes de libéralisation politique engagé par Alexander Dubček, alors premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque, et renforçant de ce fait l’autorité du Parti communiste tchécoslovaque. Des centaines de blessés et une centaine de morts après, nous arrivons à Prague, pour se confronter à une famille « comme les autres », les Homolka. Le deuxième film réalisé par Jaroslav Papousek (1929-1995), après Le Plus bel âge Nejkrásnejsí vek sorti l’année précédente, jusqu’alors scénariste attiré de Miloš Forman (L’As de pique, Les Amours d’une blonde et Au feu, les pompiers !) et d’Ivan Passer (Éclairage intime) s’apparente à une adaptation cinématographique d’un Jeu des 7 familles tchèques, avec le grand-père (qui lit le journal et boit de la bière chaude) et la grand-mère (qui s’occupe de tout et de tous), mariés depuis 35 ans, leur fils (qui voudrait retrouver l’innocence de ses jeunes années, tout en précisant qu’il n’a jamais trouvé ses parents « normaux »), leur bru (qui a pris du poids et qui espérait devenir danseuse) et leurs petits-fils (incarnés par les jumeaux de Miloš Forman), observés avec l’oeil d’un entomologiste lors d’un pique-nique à la campagne ou dans leur environnement naturel, un appartement pragois, où tout le monde se débat pour (sur)vivre ou pour en faire le moins possible, comme si le but était d’hiberner, tout en conservant un maximum de liberté. Ecce Homo Homolka sera un tel phénomène qu’il connaîtra deux suites, Hogo fogo Homolka (1971) et Homolka a tobolka (1972), toutes les deux écrites et mises en scène par Jaroslav Papousek. N’hésitez pas et partez à la rencontre de cette smala bien allumée.

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Test Blu-ray / Sweetie, You Won’t Believe It, réalisé par Yernar Nurgaliyev

SWEETIE, YOU WON’T BELIEVE IT (Zhanym, ty ne poverish – Жаным, ты не поверишь!) réalisé par Yernar Nurgaliyev, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 11 juillet 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Daniyar Alshinov, Assel Kaliyeva, Yerkebulan Daiyrov, Azamat Marklenov, Yerlan Primbetov, Dulyga Akmolda, Almat Sakatov, Rustem Zhaniyamanov, Bekaris Akhetov, Kadirgali Kobentay…

Scénario : Yernar Nurgaliyev, Zhandos Aibassov, Daniyar Soltanbayev, Il’yas Toleu, Anuar Turizhigitov & Alisher Utev

Photographie : Azamat Dulatov

Musique : Nazarbek Orazbekov

Durée : 1h25

Année de sortie : 2020

LE FILM

A la suite d’une dispute avec sa jeune épouse, le mari décide de s’enfuir avec deux amis : un homme d’affaires malchanceux et un flic local. Mais au lieu d’une paisible journée de pêche, une série d’événements mystérieux les attend.

Et si on allait faire un tour au Kazakhstan ? Nous en avions déjà eu l’occasion lors de la sortie dans les bacs du mythique L’Aiguille Igla (1988) de Rachid Nougmanov, avec le légendaire Viktor Tsoi, rockeur et alors représentant d’une génération en pleine ébullition. Depuis, le cinéma kazakh a subsisté, ses réalisateurs étant même souvent invités dans les festivals du monde entier, quand ils ne sont pas carrément conviés à Hollywood, à l’instar du bourrin Timour Bekmambetov, découvert avec son diptyque Night Watch / Day Watch (2004-2005), qui signera par la suite le carton mondial Wanted : Choisis ton destin (2008) avec Angelina Jolie, Morgan Freeman et James McAvoy. En 2019, le premier Festival du film kazakhstanais (ça se dit) se tient à Paris et depuis, un acteur s’est très largement distingué, Daniyar Alshinov, vu récemment dans l’excellente série Infiniti de Thierry Poiraud, aux côtés de Céline Sallette, révélé en 2019 dans le remarqué A Dark, Dark Man d’Adilkhan Yerzhanov. Loin du registre dramatique où on l’avait admiré, il tient le haut de l’affiche d’une comédie noire et déjantée, Zhanym, ty ne poverish, exploitée en France sous le titre Sweetie, You Won’t Believe It. Un étrange et désopilant mélange du magnifique Old Joy (2006) de Kelly Reichardt et de Tucker et Dale fightent le mal Tucker and Dale vs Evil (2010) d’Eli Craig, le tout saupoudré d’humour dingue venu tout droit du cinéma des frères Coen et non pas de celui de Quentin Tarantino, qui rappelons-le, n’a pour le coup rien inventé. Autant vous dire que le dépaysement et le spectacle sont garantis !

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Test DVD / Happy End, réalisé par Oldrich Lipský

HAPPY END (Stastny konec) réalisé par Oldrich Lipský, disponible en DVD le 24 août 2022 chez Malavida Films.

Acteurs : Vladimír Mensík, Jaroslava Obermaierová, Josef Abrhám, Bohus Záhorský, Stella Zázvorková, Jaroslav Stercl, Helena Ruzicková, Josef Hlinomaz…

Scénario : Oldrich Lipský & Milos Macourek

Photographie : Vladimír Novotný

Musique : Vlastimil Hála

Durée : 1h09

Date de sortie initiale: 1967

LE FILM

Sapeur-pompier et sauveteur à ses heures perdues, Bedrich Frydrych manie à merveille son couteau de boucher. Il découvre que sa femme, Julie, a une liaison avec un drôle d’oiseau, un certain Ptácek. Bien décidé à y couper court, Bedrich se retrouve condamné pour un double homicide, mais au pied de la guillotine, il décide que sa mort sera une nouvelle naissance… Rembobinez !?

Amis cinéphiles, arrêtez tout, séance tenante ! Car nous tenons ici un chef d’oeuvre dingue, un joyau, un tour de force comme il en arrive finalement rarement au cinéma. Happy EndStastny konec est une comédie noire sortie en 1967, réalisée par Oldrich Lipský (1924-1986), acteur et metteur en scène de pièces satiriques, qui a pour particularité d’être raconté…à rebours ! Autrement dit, les personnages marchent à reculons, un décapité – notre personnage principal et narrateur – (re)trouve sa tête et naît ce jour-là, quand il a une quarantaine d’années et entreprend de dépeindre l’histoire de sa vie en commençant au moment où la guillotine a fait son office. En fait, Happy End démarre plus précisément par le générique de fin, il faut bien être rigoureux d’emblée, ou en dernier lieu c’est selon. Puis, une voix, celle du phénoménal Vladimír Mensík (habitué des seconds rôles, qui accède enfin en tête d’affiche), que les plus pointus auront peut-être vu dans Un jour, un chat Az prijde kocour (1963) de Vojtech Jasny ou dans Les Amours d’une blonde Lásky jedné plavovlásky (1965) de Miloš Forman, indique calmement « les histoires d’amour sont toujours les mêmes, elles comment bien et finissent mal…mon histoire est complètement différente ! ». Et en effet, nous n’avons pour ainsi dire jamais vu ça, y compris chez le ronflant (euphémisme) Christopher Nolan avec Memento (Zzz) et Tenet (Zzz Zzzz Zzz…) ou chez Gaspar Noé (Irréversible), ou bien encore dans Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais (1967) et donc dans son remake inavoué Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) de Michel Gondry, sans oublier le superbe 5×2 (2004) de François Ozon et le somnifère de David Fincher, L’Étrange Histoire de Benjamin Button The Curious Case of Benjamin Button (2008), auxquels on ne peut forcément s’empêcher de penser. Mais Oldrich Lipský, que l’on pourrait rapprocher de Dino Risi, va plus loin, beaucoup plus loin que tous ces cinéastes réunis, car si les déplacements, les événements vont « en arrière », l’action se déroule bel et bien au présent. Ou quand le non-sens a du sens, puisque le génie du film provient du fait que l’intrigue se tient et que tout est fluide, même quand les répliques sont aussi déclamées (intelligiblement) en remontant le temps. Bien sûr, les premières secondes peuvent décontenancer, durée nécessaire pour que le cerveau, incroyablement trituré et mis à contribution (soyons honnêtes, cela devient rare), se mette dans les rails des partis-pris narratifs. Une fois calé, votre bonheur n’en sera que plus grand et ce de façon ininterrompue pendant 1h10. Excessivement drôle et constamment inventif, maîtrisé de Z à A, Happy End est un cadeau, un trésor pour les amoureux du septième art. Une chose est sûre, vous ne l’oublierez jamais.

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Test DVD / Black Friday, réalisé par Casey Tebo

BLACK FRIDAY réalisé par Casey Tebo, disponible en DVD et Blu-ray le 9 juin 2022 chez Program Store.

Acteurs : Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Stephen Peck, Michael Jai White, Bruce Campbell, Louie Kurtzman, Celeste Oliva…

Scénario : Andy Greskoviak

Photographie : David Kruta

Musique : Patrick Stump

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Le soir de Thanksgiving, un groupe d’employés d’un magasin de jouets ouvre boutique à minuit pour le jour le plus prolifique de l’année. Au même moment, une météorite s’écrase sur terre avec à son bord un parasite extraterrestre, Jonathan, Ken et leurs collègues vont se retrouver avec plus de problèmes que prévu quand leurs clients infectés se transforment en créatures tueuses assoiffées de sang…

Mouarf…À de nombreuses reprises, il est évident que vous vous direz « J’ai déjà vu ça des centaines de fois… » ou « Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçu » devant ce Black Friday, qui n’en demeure pas moins sympathique. Ce qui attire en premier lieu, c’est bel et bien la présence de Bruce Campbell, devenu rare sur le grand écran (on ne l’y avait pas vu depuis 2015 en fait), qui a su conserver son aura grâce au succès des trois saisons de la série Ash vs. Evil Dead. Également producteur du film qui nous intéresse aujourd’hui, il interprète ici le responsable d’une boutique de jouets (à la fin d’Evil Dead 3 Army of Darkness, celui-ci travaillait d’ailleurs dans un magasin de grande distribution) qui ouvre ses portes à minuit pour l’inévitable opération commerciale, alors que tout le monde est en train de déguster la dinde de Thanksgiving. Mais c’était sans compter sur l’arrivée inattendue d’une étrange créature venue de l’espace rappelant le Blob, bien décidé à se nourrir des clients frappadingues, qui vont lui permettre de s’étendre toujours plus. Le problème, c’est que chaque victime devient extrêmement contagieuse, mais heureusement, la résistance s’organise au sein du magasin. Les prochaines heures risquent d’être difficiles, surtout qu’avant la venue de cet alien gélatineux, les consommateurs paraissaient déjà contaminés par la fièvre acheteuse. Black Friday ne va jamais plus loin que son postulat de départ, faire un parallèle entre les acquéreurs compulsifs et les zombies prêts à sauter sur la moindre occasion…cela rappelle furieusement Zombie Dawn of the Dead de George A. Romero (1978), dans lequel les personnages se réfugiaient dans un centre commercial, qu’ils barricadaient afin de se protéger des zombies et bénéficier des ressources qu’il contenait. Black Friday n’arrive pas à la cheville de cette référence, pamphlet politique et charge contre la société de consommation par excellence, et n’est qu’un divertissement quelconque, entre Zombieland et Shaun of the Dead, sans véritablement de budget ni d’idées neuves, cependant bien agité et comprenant quelques effets gores bien sentis. Mais bon, c’est pas non pluuuuuus…

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Test Blu-ray / Robuste, réalisé par Constance Meyer

ROBUSTE réalisé par Constance Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena, Lucas Mortier, Megan Northam, Florence Janas, Steve Tientcheu, Théodore Le Blanc, Sébastien Pouderoux…

Scénario : Constance Meyer & Marcia Romano

Photographie : Simon Beaufils

Musique : Babx

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.

C’est un fait, Gérard Depardieu n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se retrouve face à une femme qui a du tempérament (Catherine Deneuve, Fanny Ardant…), bien qu’il ait été très rarement dirigé par une réalisatrice (Florence Quentin, Anne Fontaine, Karine Silla-Pérez, Fanny Ardant encore une fois), non, nous ne parlerons pas de Marguerite Duras…En creusant un peu la filmographie du dernier monstre sacré du cinéma hexagonal (250 films répertoriés sur IMDB), par ailleurs toujours aussi actif à bientôt 74 ans, on découvre qu’il a participé à une poignée de courts-métrages, une douzaine tout au plus, dont trois avec la même metteuse en scène, Constance Meyer, Franck-Étienne vers la béatitude (2012), Rhapsody (2016) et La Belle affaire (2018). Pour son premier long-métrage, cette dernière, qui avait officié comme assistante sur Bellamy (2009) de Claude Chabrol et sur L’Autre Dumas (2010) de Safy Nebbou, s’est tout naturellement tournée vers Gérard Depardieu, et l’a pour ainsi dire construit autour de lui, créé pour celui qui n’aura eu de cesse de l’accompagner au fil de sa carrière depuis dix ans. Robuste est autant une comédie-dramatique sur la rencontre de deux solitaires, qu’un portrait en filigrane de notre Gégé (inter)national, qu’on ne se lassera jamais de regarder, d’admirer, d’écouter aussi bien sûr. Splendide du début à la fin, entier, terrien et pourtant d’une délicatesse à fleur de peau, le comédien donne une fois de plus la réplique à la jeune génération avec une générosité débordante et partage l’affiche avec Déborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son premier film, Divines, revue depuis dans Roulez jeunesse de Julien Guetta et Les Invisibles de Louis-Julien Petit, qui lui tient la dragée haute. Fragiles comme du cristal et solides comme un roc, les deux personnages principaux vont tout d’abord se jauger, avant de s’apprivoiser et de devenir complices. Si le propos n’est sans doute pas nouveau, la mouture élégante de Robuste, la très belle photographie de Simon Beaufils (Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Sibyl de Justine Triet, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez) et l’alchimie évidente des deux acteurs emportent facilement l’adhésion.

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