Test DVD / Boeing Boeing, réalisé par John Rich

BOEING BOEING réalisé par John Rich, disponible en DVD depuis le 3 avril 2020 chez LCJ Editions

Acteurs : Tony Curtis, Jerry Lewis, Dany Saval, Christiane Schmidtmer, Suzanna Leigh, Thelma Ritter, Lomax Study…

Scénario : Edward Anhalt d’après la pièce de Marc Camoletti

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Neal Hefti

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Bernard est un jeune séducteur qui partage sa vie avec trois hôtesses de l’air. Grâce aux différents horaires des jeunes femmes, il gère facilement ses trois relations. Mais c’était sans compter sur les progrès de l’aéronautique qui réduisent la durée des vols et qui risquent donc de perturber la routine bien installée de ce cher Bernard. Non seulement ça, un ancien collègue, et surtout rival, Robert Reed, débarque de Berlin pour affaires et s’incruste chez lui.

Ecrite par le français Marc Camoletti (1923-2003), la pièce de théâtre Boeing-Boeing a très rapidement connu un succès foudroyant dès sa création en 1960. Non seulement ce vaudeville construit en trois actes explosera tous les records à la Comédie Caumartin, mais aussi au-delà des frontières avec plus de 18.000 représentations à ce jour à l’international, ce qui fait de Boeing-Boeing la pièce française la plus jouée dans le monde entier. Il n’en fallait pas plus pour qu’Hollywood s’intéresse à ce phénomène. Produit par la Paramount, Boeing Boeing version cinématographique (sans trait d’union dans le titre), respecte le texte et la structure originale, tout en l’agrémentant de quelques sorties dans les rues parisiennes, histoire de laisser aux spectateurs le temps de reprendre leur souffle. Car même si certaines séquences se déroulent à Orly, dans le bureau de Bernard Lawrence ou dans son quartier du XVIe arrondissement près du métro Victor Hugo, le réalisateur John Rich ne peut évidemment pas dissimuler l’essence théâtrale du matériau de base. L’action est donc principalement confinée au sein d’un grand appartement. Boeing Boeing est un véritable festival de portes qui claquent, où Tony Curtis et Jerry Lewis, typhons humains, livrent une prestation dévastatrice aux côtés des ravissantes Dany Saval (oui oui, madame Michel Drucker), Suzanna Leigh et Christiane Schmidtmer. Sans oublier la grande Thelma Ritter (Fenêtre sur cour, Les Désaxés), qui vole la vedette à chaque apparition dans le rôle de la servante Bertha. Boeing Boeing est un feu d’artifice pour les zygomatiques et sa mécanique demeure implacable.

Bernard Lawrence (Tony Curtis), correspondant de presse dans un grand magazine à Paris, celui-ci joue également les séducteurs. Il a trois maîtresses hôtesses de l’air toutes différentes les unes les autres, mais dans des compagnies différentes. Il doit déployer toute l’attention pour que ces femmes ne se rencontrent pas en même temps. Il est secondé dans cette triple vie par la vaillante Bertha, femme de ménage, qui veille à ce que chacune, à son arrivée, se retrouve « chez elle » avec son linge dans les tiroirs (surtout ne pas se tromper dans la taille du soutien-gorge !), sa photo dans le cadre, et son plat préféré (un soufflé pour l’une, des rognons pour l’autre, une choucroute pour la troisième) qui mijote dans la cuisine. Mais voilà que de nouveaux avions, plus rapides, perturbent et désorganisent le méticuleux planning du triple jeu. Pour comble de tout, son ami et collègue Robert Reed l’aide dans toute cette situation, où il tente de s’immiscer. Et voilà que Bernard apprend qu’il est muté, et doit quitter Paris. Le rythme s’accélère, avec les arrivées imprévues des trois hôtesses, auxquelles les deux compères tentent de faire face.

Nous sommes en plein boulevard. Chaque maîtresse ignore évidemment l’existence des deux autres, le séducteur se retrouve dépassé par les événements et doit alors passer de l’une à l’autre pour la première fois depuis l’installation de son petit jeu pervers. La même année que La Grande Course autour du mondeThe Great Race de Blake Edwards, Tony Curtis prouve une fois de plus sa virtuosité dans le registre de la comédie. Bondissant, courant partout, suant seau et eau pour éviter une confrontation que l’on sait inévitable, mais qui est sans cesse retardée grâce à quelques ingénieux stratagèmes, le comédien s’en donne à coeur joie et sa prestation est complètement dingue. Plus sobre, mais néanmoins génial, Jerry Lewis apparaît presque comme étant le clown blanc de l’histoire, en composant un personnage envieux et calculateur, mais qui va néanmoins tout faire pour aider son pote. Face à eux, Air France – Dany Saval (33-22-33), British United Airways – Suzanna Leigh (34-21-34) et Christiane Schmidtmer – Lufthansa (40-26-38), ces mensurations apparaissant non seulement sur l’affiche d’exploitation, mais aussi durant le générique, reflétant ainsi le côté prédateur du personnage de Bernard, sont absolument exquises. Jacqueline, Vicky et Lise vont sans le savoir se retrouver dans le même appartement, avec le risque imminent de se rentrer dedans. Heureusement, Bernard peut compter sur l’aide de Bertha, qui regarde ce petit jeu avec consternation, mais qui fera tout pour éviter le bain de sang si ces demoiselles devaient se rencontrer.

Du point de vue de la mise en scène, John Rich est au service de ses comédiens et tout est donc ici fonctionnel. Mais alors, quelle énergie ! Les répliques et les quiproquos s’enchaînent sans aucun temps mort pendant 1h35. Si les allergiques au vaudeville trouveront toujours quelque chose à redire sur le peu de réalisme de l’entreprise, les autres s’amuseront encore et toujours avec cette comédie survoltée et bourrée de charme.

LE DVD

C’est à LCJ Editions que l’on doit cette sortie en DVD de Boeing Boeing. Le visuel de la jaquette, classique, aurait pu être plus soigné. Le menu principal est fixe et musical.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

Superbe master SD et l’on regrette d’ailleurs de ne pas disposer de ce titre en Haute-Définition. Toujours est-il que le piqué est impressionnant, les couleurs vives et pétillantes, la propreté irréprochable et les contrastes solides. La copie est d’une stabilité à toutes épreuves, les détails riches et variés, bref, c’est une grande réussite pour LCJ Editions.

En version française, l’introduction est faite par Darry Cowl, dont l’irrésistible bagou-bafouillant est reconnaissable. Tony Curtis et Jerry Lewis sont doublés par les grands Michel Roux et Jacques Dynam. Autant dire que, une fois n’est pas coutume, nous vous conseillons de visionner au moins une fois Boeing Boeing dans la langue de Molière. Au jeu des différences, les deux pistes se valent et l’écoute reste très propre, dépourvue de souffle et de craquements.Le jeu des accents en version originale vaut son pesant et participe à la réussite du film. Le changement de langue n’est pas verrouillé et les sous-titres français non imposés.

Crédits images : © LCJ Editions & Productions/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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