Test Blu-ray / Seul dans la nuit, réalisé par Christian Stengel

SEUL DANS LA NUIT réalisé par Christian Stengel, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 23 novembre 2022 chez Pathé.

Acteurs : Bernard Blier, Sophie Desmarets, Jacques Pills, Jean Davy, Marcel André, Nathalie Nattier, Ginette Baudin, Annette Poivre, Ariane Murator, Robert Le Fort…

Scénario : Jacqueline Boisyvon, Yves Boisyvon & Marc-Gilbert Sauvajon

Photographie : Christian Matras

Musique : Louiguy & Francis Lopez

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1945

LE FILM

Une série de crimes affecte l’entourage d’un chanteur célèbre. Chaque fois que l’un d’eux est perpétré, la voix de l’artiste se fait entendre fredonnant sa chanson favorite. Les soupçons déterminent une poursuite dans un Paris nocturne qui aboutit à un théâtre désaffecté où l’assassin a attiré sa dernière victime.

Bernard Blier, à peine 30 ans, mince (depuis son retour d’un Stalag où il fut emprisonné en Autriche) dans la gabardine de l’inspecteur Robert Pascal ! C’est dans Seul dans la nuit, sorti sur les écrans français en novembre 1945 et réalisé par Christian Stengel (1902-1986). Si le nom de ce dernier demeure méconnu des cinéphiles, celui-ci obtiendra un beau succès avec Je chante en 1938, avec Charles Trenet en vedette, et La Famille Duraton, interprété par Jules Berry et Noël-Noël. Seul dans la nuit est un polar, forcément influencé par le film noir américain, qui en était alors à ses débuts, mais qui en cinq ans avaient vu se succéder Le Faucon maltais The Maltese Falcon de John Huston, Tueur à gages This Gun for Hire de Frank Tuttle, La Clé de verre The Glass Key de Stuart Heisler, même si la plupart débarqueront dans les salles françaises après la guerre. Cependant, le film policier hexagonal n’est pas en reste avec Les Inconnus dans la maison d’Henri Decoin, sans oublier L’Assassin habite au 21 et Le Corbeau d’Henri-Georges Clouzot. Tandis qu’il remonte progressivement sur les planches avec des pièces de Marcel Achard, de Georges Feydeau et même d’Anton Tchekhov, Bernard Blier réapparaît amaigri et le crane de plus en plus dégarni sur les écrans, un physique qui lui permet d’aborder de nouveaux registres devant la caméra de Christian-Jaque (L’Enfer des anges, L’Assassinat du père Noël, La Symphonie fantastique, Carmen), mais aussi celle de Marcel L’Herbier (La Nuit fantastique), Claude Autant-Lara (Le Mariage de Chiffon) et Marc Allégret (Les Petites du quai aux fleurs). Il est impeccable dans Seul dans la nuit, jeune flic idéaliste qui se voit confier sa première mission et qui va vite déchanter devant les agissements impitoyables d’un tueur qui s’en prend à des jeunes femmes. Le comédien apporte une vraie chaleur humaine à son personnage, ainsi qu’une savoureuse pointe de cynisme et un humour noir plaisant. On suit donc cette enquête « rétro », qui outre la qualité de sa distribution comporte encore quelques éléments qui n’ont pas trop souffert des années passées et qui font toujours leur petit effet. Une belle découverte.

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Test Blu-ray / L’Homme tranquille, réalisé par John Ford

L’HOMME TRANQUILLE (The Quiet Man) réalisé par John Ford, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD le 23 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, Maureen O’Hara, Barry Fitzgerald, Ward Bond, Victor McLaglen, Mildred Natwick, Francis Ford, Eileen Crowe…

Scénario :  Frank S. Nugent, d’après la nouvelle de Maurice Walsh

Photographie : Winton C. Hoch

Musique : Victor Young

Durée : 2h09

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Sean Thornton, ancien boxeur américain, est de retour dans son Irlande natale. Désireux de racheter la chaumière et le lopin de terre que ses parents possédaient, il entre en conflit avec Red Will Danaher, qui lorgne également sur le bout de terrain. La situation se complique lorsque Sean tombe amoureux de Mary Kate, la propre sœur de Danaher.

TOUT ce qui fait rêver les cinéphiles est dans cet immense chef d’oeuvre absolu de tous les temps, L’Homme tranquilleThe Quiet Man de John Ford. Projet très longuement mûri, au moins durant une bonne quinzaine d’années, mais sans cesse repoussé en raison de producteurs frileux qui ne voulaient pas s’engager dans cette aventure, en dépit d’un tel réalisateur aux commandes, L’Homme tranquille parvient tout de même à sortir sur les écrans en 1952. Et soixante-dix ans plus tard, pas une ride, rien n’a égratigné The Quiet Man, au contraire, le charme agit avec autant de fraîcheur qu’au premier jour, comme un véritable conte de fées pour grandes personnes. D’ailleurs, John Ford avait coutume de dire qu’il s’agissait de sa première tentative d’histoire d’amour entre adultes. De la photographie nimbée du vert irlandais réalisée en Technicolor et concoctée par le chef opérateur Winton C. Hoch (La Charge héroïque, Le Fils du désert, La Prisonnière du désert) à la distribution prestigieuse, en passant par la musique de Victor Young (Les Tigres volants, Les Implacables, Les Yeux de la nuit, Espions sur la Tamise), sans oublier bien sûr un bijou de scénario de Frank S. Nugent (Les 2 cavaliers, La Dernière fanfare, Un si doux visage) inspiré au départ d’une nouvelle de Maurice Walsh, L’Homme tranquille est indéniablement le film le plus personnel John Martin Feeney aka John Ford (1894-1973), qui en avais acquis les droits dès 1936, celui pour lequel il se battra longtemps, envers et contre tous (la MGM, la London Films, la Warner et la Fox se sont débinés, la RKO laissera tomber après le bide de Dieu est mort), certain de tenir ici l’histoire, le décor et l’opportunité pour rendre hommage à ses parents nés en Irlande, avant d’émigrer aux Etats-Unis en 1872. Ce retour sur la terre natale de ses ancêtres est bénéfique pour le cinéaste, obligé avant cela de revenir au western et de livrer Rio Grande avec la même équipe, pour conforter ainsi le producteur de la Republic Pictures, Herbert J. Yates, afin de lui assurer un succès commercial colossal, pour obtenir le budget nécessaire à sa « reproduction idéalisée » de l’Irlande qu’il avait en tête. L’Homme tranquille s’inscrit aisément au Panthéon des plus beaux et enthousiasmants films de toute l’histoire du cinéma.

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Test Blu-ray / Robert et Robert, réalisé par Claude Lelouch

ROBERT ET ROBERT réalisé par Claude Lelouch, disponible en Coffret DVD et Blu-ray – Edition Collector le 17 novembre 2022 chez Metropolitan Video.

Acteurs : Charles Denner, Jacques Villeret, Jean-Claude Brialy, Francis Perrin, Germaine Montero, Régine, Macha Méril…

Scénario : Claude Lelouch

Photographie : Jacques Lefrançois

Musique : Francis Lai

Durée : 1h43

Année de sortie : 1978

LE FILM

Robert Goldman, 48 ans, est chauffeur de taxi et vit avec sa mère. Robert Villiers, 27 ans, habite lui aussi avec sa mère. Villiers, comme Goldman, est le client idéal des marchands de rêves : voyantes, astrologues et des petites annonces. Venus tous deux chercher leur Cendrillon, c’est à l’agence Millet qu’ils se rencontrent. Réunis par la déception c’est la naissance de leur amitié. N’importe quel mensonge devient honnête quand il s’agit de guérir les gens de leur solitude.

« Solitude – Rencontre – Discrétion – Mariage »

Assurément, Robert et Robert n’est pas l’oeuvre la plus populaire de Claude Lelouch. Néanmoins, avec ce film réalisé en 1978 entre Un autre homme, une autre chance (un échec important) et A nous deux, le cinéaste livre un de ses opus plus attachants, une comédie tendre et mélancolique qui rencontrera un beau succès dans les salles avec plus d’un million d’entrées, divinement interprétée par Charles Denner et Jacques Villeret (César du meilleur acteur dans un second rôle), le second ayant démarré sa carrière devant la caméra quatre ans plus tôt dans Toute une vie. Cependant, sous le divertissement et les répliques qui font mouche, Robert et Robert est une critique sévère des agences matrimoniales qui s’enrichissent sur le désespoir des personnes seules qui souhaitent trouver l’amour.

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Test Blu-ray / Terror on the Prairie, réalisé par Michael Polish

TERROR ON THE PRAIRIE réalisé par Michael Polish, disponible en Blu-ray et DVD le 17 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Gina Carano, Nick Searcy, Donald Cerrone, Tyler Fischer, Gabriel-Kane Day Lewis, Matthias Hues, Heath Freeman, Rhys Becker…

Scénario : Josiah Nelson

Photographie : Steeven Petitteville

Musique : Dalal Bruchmann & Maesa Pullman

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Hiver 1875. Hattie McAllister vit avec son mari Jeb et leurs enfants dans une ferme isolée du Montana. Alors que Jeb est absent pour quelques jours, Hattie va affronter une impitoyable bande de hors-la-loi.

Le western ne donne plus beaucoup signe de vie au cinéma, mais quand il le fait, le genre aura livré ces dernières années quelques pépites à l’instar de Dans le silence de l’OuestThe Keeping Room de Daniel Barber, Never Grow Old d’Ivan Kavanagh, Bone Tomahawk de S. Craig Zahler, The Salvation de Kristian Levring, Shérif Jackson de Logan Miller, Blackthorn de Mateo Gil, Hostiles de Scott Cooper, Brimstone de Martin Koolhoven et d’autres que nous oublions sûrement. Il faudra désormais ajouter à la liste Terror on the Prairie, réalisé par l’américain Michael Polish, remarqué dès son premier long-métrage en 1999, Les Frères Falls, dont il tenait l’affiche avec son frère Mark, puis encensé par la critique pour Northfolk (2003). Après avoir fait tourner son ex-épouse Kate Bosworth à plusieurs reprises (Big Sur, Illusions, 90 minutes au paradis, Force of Nature), le réalisateur s’empare d’un scénario écrit par un certain Josiah Nelson et signe un beau tour de force, remarquablement mis en scène et sublimement photographié par le français Steeven Petitteville, tourné dans les magnifiques paysages du Montana. Huis clos à ciel ouvert, Terror on the Prairie retient l’attention durant près de deux heures et maintient une tension qui prend souvent aux tripes dès sa spectaculaire séquence d’introduction. De plus, l’ancienne combattante MMA Gina Carano (la série The Mandalorian), aussi productrice, trouve incontestablement son meilleur rôle au cinéma à ce jour. Belle et grande découverte donc.

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Test Blu-ray / Le Quatrième Protocole, réalisé par John Mackenzie

LE QUATRIÈME PROTOCOLE (The Fourth Protocol) réalisé par John Mackenzie, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 9 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Michael Caine, Pierce Brosnan, Ned Beatty, Joanna Cassidy, Julian Glover, Michael Gough, Ray McAnally, Ian Richardson…

Scénario :  Frederick Forsyth, Geroge Axelrod & Richard Burridge, d’après le roman de Frederick Forsyth

Photographie : Phil Meheux

Musique : Lalo Shifrin

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

1988. Au mépris de tous les accords internationaux, l’URSS met sur pied un plan visant à introduire une arme nucléaire dans une base militaire américaine installée en Grande-Bretagne pour la faire exploser à la veille d’importantes élections.

Quand Harry Palmer affronte James Bond ! En effet, Le Quatrième Protocole The Fourth Protocol marque la rencontre entre Michael Caine et Pierce Brosnan, vingt ans après Un cerveau d’un milliard de dollarsBillion Dollar Brain de Ken Russel (la troisième enquête de Palmer au cinéma) pour le premier et huit ans avant que le second s’empare du Walther PPK de l’agent 007. Le film qui nous intéresse aujourd’hui est réalisé par l’écossais John Mackenzie (1932-2011), méconnu et dont il s’agit probablement de l’opus le plus célèbre. Il dirige à nouveau Michael Caine, avec lequel il avait déjà collaboré sur Le Consul honoraire The Honorary consul en 1983, l’acteur officiant aussi cette fois en tant que producteur avec son ami écrivain Frederick Forsyth, l’auteur de The Day of the Jackal, The Odessa File et The Dogs of War, tous adaptés au cinéma et qui voit ici transposer son roman The Fourth Protocol. Passé inaperçu dans les salles françaises (seulement 45.000 entrées) et après un rapide tour dans les salles américaines où il a tout de même engrangé 12 millions de dollars, Le Quatrième Protocole a très bien mûri et a su se faire une belle renommée avec les années auprès des amateurs d’espionnage.

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Test Blu-ray / Le Neuvième coeur, réalisé par Juraj Herz

LE NEUVIÈME COEUR (Deváté srdce) réalisé par Juraj Herz, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 4 octobre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Ondrej Pavelka, Anna Malová, Julie Juristová, Josef Kemr, Juraj Kukura, Frantisek Filipovský, Premysl Kocí, Josef Somr…

Scénario : Juraj Herz & Josef Hanzlík

Photographie : Jirí Macháne

Musique : Petr Hapka

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

La jolie princesse Adriana est frappée d’un mal étrange : elle est comme absente le jour et disparaît la nuit. Après les échecs successifs de plusieurs enquêteurs, l’étudiant Martin se porte volontaire pour aider la princesse. Il va découvrir que l’astrologue Aldobrandini cherche à collecter neuf cœurs pour fabriquer son élixir de jouvence.

De Juraj Herz (1934-2018), les cinéphiles français ont pu avoir eu vent de sa version personnelle de La Belle et la Bête Panna a netvor (1978), d’après le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont, et surtout de L’Incinérateur de cadavres Spalovac mrtvol (1968), inspiré du roman de Ladislav Fuks. Deux œuvres cultes qui ont largement contribué à la renommée du cinéaste tchèque et ancien étudiant en photographie de l’École supérieure des arts de la scène de Bratislava. Après avoir fréquenté l’académie de Prague des arts du spectacle, lieu où il suivra les cours de direction de marionnettes du réalisateur surréaliste Jan Švankmajer (qui influencera entre autres Tim Burton et Terry Gilliam), il débarque dans le monde du théâtre et du cinéma, dans un premier temps comme acteur et metteur en scène sur les planches, puis en tant qu’assistant-réalisateur au cinéma, tout en continuant d’apparaître devant la caméra. Il se lance lui-même dans la réalisation au milieu des années 1960, L’Incinérateur de cadavres, alors son troisième long-métrage, lui apportant la célébrité à l’internationale. Vers la fin des années 1970, il entreprend deux films, deux contes, qui seront tournés simultanément, La Belle et la Bête, entreprise coûteuse, et Le Neuvième coeur Deváté srdce, d’après un scénario original que Juraj Herz signera avec Josef Hanzlík, bien qu’apparemment tiré des Contes nocturnes d’E.T.A. Hoffmann. Le second est une proposition moins connue, mais aussi singulière que La Belle et la Bête, de cinéma d’horreur et fantastique. Spectacle dense et généreux, Le Neuvième coeur embarque le spectateur dans un monde imaginaire et étrange teinté de magie. Cependant, s’il n’y a rien à redire sur la technique et l’interprétation, on pourra reprocher au film son rythme en dents de scie et sa difficulté à maintenir l’attention du début à la fin, surtout à mi-parcours avec ce qu’on appelle familièrement un ventre mou. Néanmoins, il y a sûrement plus d’imagination dans ce film tchèque que dans la plupart des blockbusters annuels réunis et rien que pour cela mérite qu’on s’y attarde le temps d’une projection.

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Test Blu-ray / Un flic explosif, réalisé par Stelvio Massi

UN FLIC EXPLOSIF (Un poliziotto scomodo) réalisé par Stelvio Massi, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 8 novembre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Maurizio Merli, Olga Karlatos, Massimo Serato, Mario Feliciani, Mimmo Palmara, Marco Gelardini, Attilio Duse, Piero Gerlini…

Scénario : Gino Capone & Teodoro Corrà, d’après une histoire originale de Danilo Massi

Photographie : Sergio Rubini

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

Enquêtant sur un trafic de diamants ayant donné lieu à plusieurs meurtres crapuleux, le commissaire Olmi découvre que les commanditaires sont des membres de l’élite corrompue. Pour ses supérieurs, il fait un peu trop de zèle, et l’enquête lui est alors retirée. Il se retrouve muté en province, dans une ville paisible. Mais, face à la pègre locale, ses méthodes musclées vont vite lui revenir.

Quand on leur parle du comédien Maurizio Merli, les amateurs de Bis italien l’identifient immédiatement grâce à sa célèbre moustache et son faux-air à Franco Nero. Si certains considéreront toujours le premier comme un ersatz du second, il serait dommage de résumer ses vingt ans de carrière à cette ressemblance. Disparu prématurément en 1989 à l’âge de 49 ans des suites d’un infarctus, le romain Maurizio Merli aura essentiellement marqué les esprits dans le poliziottesco, après s’être fait connaître dans un rôle pourtant diamétralement opposé à celui qu’il tiendra dans les polars, en tenant l’affiche de la mini-série télévisée La Jeunesse de Garibaldi réalisée par Franco Rossi et diffusée sur la Rai 1 en 1974. Dès lors, les propositions se multiplient. D’emblée, il devient la vedette de films policiers sous la direction d’Umberto Lenzi (Brigade spéciale, Opération casseurs, Le Cynique, l’Infâme et le Violent, Corléone à Brooklyn), de Marino Girolami (Rome violente, Opération jaguar) et surtout de Stelvio Massi (1929-2004), réalisateur avec lequel Maurizio Merli tournera à six reprises. De SOS jaguar, opération casse gueule Poliziotto sprint (1977) à Un flic rebelle Poliziotto solitudine e rabbia (1980), les deux collaborateurs et amis surferont sur la mode d’un genre très prisé par le public de l’autre côté des Alpes (mais pas que) et connaîtront un succès retentissant. Un flic explosif Un poliziotto scomodo (que l’on pourrait traduire par « un flic mal à l’aise ») est leur second long-métrage en commun et un formidable opus comprenant de multiples scènes de règlements de comptes au flingue, le personnage qui peut être vu comme un Harry Callahan transalpin, n’hésitant pas à sortir la grosse pétoire pour affronter les salopards et les exécuter sans sommation. Il y a volontairement deux films en un dans Un flic explosif, ce qui peut décontenancer. Si notre préférence se tourne vers la première partie, polar urbain, la seconde, polar rural, ne démérite pas et le divertissement est total grâce à l’implication de son acteur principal et de l’efficacité de la mise en scène de Stelvio Massi.

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Test Blu-ray / Un marteau pour les sorcières, réalisé par Otakar Vávra

UN MARTEAU POUR LES SORCIÈRES (Kladivo na carodejnice) réalisé par Otakar Vávra, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 4 octobre 2022 chez Artus Films.

Acteurs : Vladimír Smeral, Elo Romancik, Josef Kemr, Sona Valentová, Blanka Waleská, Lola Skrbková, Jirina Stepnicková, Marie Nademlejnská…

Scénario : Otakar Vávra & Ester Krumbachová, d’après le roman de Václav Kaplický

Photographie : Josef Illík

Musique : Jirí Srnka

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Moravie, 1670. Pour avoir dérobé une hostie, croyant soigner sa vache ne donnant plus de lait, une vieille femme se fait accuser de sorcellerie. Le seigneur du pays fait alors venir un tribunal de l’Inquisition pour la juger. L’inquisiteur, Boblig von Edelstadt, s’appuie sur le célèbre manuel Malleus Maleficarum pour mener les interrogatoires. Mais, très vite, les tortures vont succéder aux dénonciations, et les bûchers vont s’allumer, toujours plus nombreux.

Si Un Marteau pour les sorcièresKladivo na čarodějnice était sorti en 2022, il trônerait largement sur la première place du podium des films d‘horreur. Pourtant, celui-ci est bel et bien sorti il y a plus de quarante ans et n‘a rien perdu de son efficacité. On doit ce film au tchèque Otakar Vávra (1911-2011), dont la longue, prolifique et éclectique carrière s‘étendra sur plus de soixante-dix ans, une cinquantaine de courts et longs-métrages, sans oublier le documentaire, genre dans lequel il s‘est également illustré. Il adapte ici le roman Kladivo na čarodějnice de Václav Kaplický, publié en 1963 et en tire un magnifique objet de cinéma, à la fois intense film dramatique et éprouvant opus horrifique. Ancien adhérent du Parti communiste, Otakar Vávra n‘y va pas de main-morte dans Un marteau pour les sorcières, oeuvre engagée, pour dénoncer l‘Eglise ainsi que les méthodes expéditives des régimes autoritaires, et signe un chef d‘oeuvre anxiogène, qui repose sur les véritables textes issus des procédures, repris des registres authentiques des audiences d‘inquisition lors des procès de Losiny et Sumperk de 1678 à 1695.

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Test Blu-ray / Freud, passions secrètes, réalisé par John Huston

FREUD, PASSIONS SECRÈTES (Freud: The Secret Passion) réalisé par John Huston, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 22 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs :  Montgomery Clift, Susannah York, Larry Parks, Susan Kohner, Eileen Herlie, Fernand Ledoux, David McCallum…

Scénario :  Wolfgang Reinhardt & Charles Kaufman

Photographie : Douglas Slocombe

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 2h15

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

1885. Sigmund Freud, 29 ans, est neurologue à l’hôpital général de Vienne. Confronté à des cas pathologiques qui défient la médecine traditionnelle, il n’hésite pas à faire appel à l’hypnose pour essayer de comprendre le mal dont souffrent les patients. Au fur et à mesure de ses expériences, Freud perçoit qu’il est tout proche de l’une des découvertes majeures de l’histoire de la science.

« Il est préférable de laisser les scorpions dans l’obscurité… »

Freud, passions secrètes, Freud: The Secret Passion ou tout simplement Freud est un chef d’oeuvre caché de John Huston. Sorti en 1962, ce film admirable et pourtant oublié est aussi l’avant-dernier long métrage du comédien Montgomery Clift, éblouissant dans le rôle-titre. Plus qu’un biopic, John Huston met en scène la découverte de la psychanalyse et de l’inconscient. La passion du réalisateur pour ce sujet remonte à la Seconde Guerre mondiale. Mobilisé dans l’équipe des cinéastes militaires de l’U.S. Army, sous la direction de Frank Capra, John Huston est appelé à réaliser quelques documentaires auprès des soldats. C’est le cas du méconnu Que la lumière soitLet there be light (1946) qui suit une équipe de psychiatres tenter de soigner des rescapés, victimes de chocs traumatiques. Certains présentent des troubles de la vue, d’autres sont visiblement handicapés ou angoissés, persuadés qu’une bombe va leur tomber dessus. John Huston observe ces médecins avoir recours à la psychanalyse et à l’hypnose. Fasciné, il sait qu’il réalisera plus tard un film tournant autour de Freud. Considéré comme un film capital sur le traitement psychiatrique des blessés de guerre, Que la lumière soit est néanmoins interdit par le Pentagone et restera inédit jusqu’en 1981. Sélectionné dans la section Un certain regard au Festival de Cannes cette année-là, les spectateurs découvrent des images insoutenables. Après son film maudit Les DésaxésThe Misfits (1961) et suite à de longues recherches sur Freud durant lesquelles il s’initie même aux techniques de l’hypnose, John Huston entreprend enfin ce projet qui lui tenait à coeur depuis une quinzaine d’années.

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Test Blu-ray / Didier, réalisé par Alain Chabat

DIDIER réalisé par Alain Chabat, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 2 novembre 2022 chez Pathé.

Acteurs : Alain Chabat, Jean-Pierre Bacri, Isabelle Gélinas, Caroline Cellier, Lionel Abelanski, Chantal Lauby, Zinedine Soualem, Josiane Balasko, Dominique Farrugia, Lionel Abelanski…

Scénario : Alain Chabat

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Philippe Chany

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Lorsqu’un homme hérite d’un chien, et que ce chien adopte l’homme, l’homme devient un peu moins chien, et le chien un peu plus homme… Ce n’est pas du tout le jour pour Jean-Pierre, agent de sportifs, empêtré dans ses problèmes – de garder Didier le labrador d’une amie pendant une semaine. Le lendemain, une découverte extraordinaire va l’entraîner dans la plus hallucinante des aventures, où son pire cauchemar risque d’être la chance de sa vie.

« Non, mais… C’est très important, ça. On ne sent pas le cul des gens comme ça ! On ne sent pas le cul. »

C’est ce qu’on appelle un vrai film culte, expression souvent galvaudée et facilement utilisée à mauvais escient. Didier est le premier long-métrage écrit et réalisé par Alain Chabat, sorti trois ans après le succès de La Cité de la peur d’Alain Berbérian, qui avait réuni plus de deux millions de spectateurs. L’humoriste et comédien prend son envol avec ce coup d’essai et coup de maître, qui a frôlé la barre des trois millions d’entrées à sa sortie en janvier 1997, damant ainsi le pion à Fantômes contre fantômesThe Frighteners de Peter Jackson et se classant enfin d’année à la onzième place au box-office, entre Bean et Alien, la résurrection. 25 ans plus tard, un quart de siècle (dit comme ça c’est un peu flippant), Didier n’a rien perdu de sa fraîcheur et demeure indéniablement l’une des plus grandes comédies des années 1990, toutes nationalités confondues. Enchaînement ininterrompu de répliques hilarantes, certaines étant passées dans le langage courant, merveilleusement interprété par des acteurs au sommet de leur forme, rythmé (pas un seul temps mort) et porté par la partition du talentueux Philippe Chany (« Oh Let me be your dog… »), Didier reste un des films français les plus originaux, qui déplie son postulat de départ fantastique de façon continue, en prenant le soin de développer tous les personnages et sans jamais omettre l’émotion. Indémodable, porté par une critique élogieuse, Didier s’est vu récompenser par le César de la meilleure première œuvre en 1998.

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