Test DVD / Lectures diaboliques, réalisé par Tibor Takács

LECTURES DIABOLIQUES (I, Madman) réalisé par Tibor Takács, disponible en DVD et Blu-ray le 8 juillet 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Jenny Wright, Clayton Rohner, Randall William Cook, Stephanie Hodge, Michelle Jordan, Vance Valencia, Mary Baldwin, Raf Nazario, Bob Frank, Bruce Wagner…

Scénario : David Chaskin

Photographie : Bryan England

Musique : Michael Hoenig

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Passionnée de romans d’horreur, une employée de librairie permet sans le savoir à un docteur fou, héros de ses lectures, de commettre des atrocités dans la réalité.

Tiens, d’où sort ce long métrage, Lectures diaboliques aka I, Madman ou bien encore Hardcover en Angleterre et en Europe, réalisé par un certain Tibor Takács ? Il semblerait que ce petit film fantastique soit devenu culte avec les années et compte encore de très nombreux aficionados à travers le monde. Grand Prix au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1990, l’année où Jerry Schatzberg était le président du jury composé entre autres d’Yves Boisset, Wes Craven et Karel Reisz, Lectures diaboliques avait réussi à damer le pion à Appel d’urgenceMiracle Mile de Steve De Jarnatt, Embrasse-moi, vampireVampire’s Kiss de Robert Bierman, Leviathan de George Pan Cosmatos (reparti avec le Prix des effets spéciaux) ou bien encore de SimetierrePet Sematary de Mary Lambert (Prix du public). Tout cela pour dire que malgré sa popularité moins conséquente que les précédents titres, I, Madman a su conserver une aura évidente auprès des fans de genre. Classique, mais inventif comme un bon épisode des Contes de la Crypte, Lectures diaboliques demeure une bonne série B, portée par la trop rare, excellente et sexy Jenny Wright, actrice culte des Frontières de l’aubeNear Dark (1987) de Kathryn Bigelow.

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Test DVD / La Trahison du capitaine Porter, réalisé par André De Toth

LA TRAHISON DU CAPITAINE PORTER (Thunder Over the Plains) réalisé par André De Toth, disponible en DVD le 9 mars 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Randolph Scott, Lex Barker, Phyllis Kirk, Charles McGraw, Henry Hull, Elisha Cook Jr., Hugh Sanders, Lane Chandler…

Scénario : Russell S. Hughes

Photographie : Bert Glennon

Musique : David Buttolph

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

En 1870 au Texas, le capitaine Porter, Texan mais officier de l’Union, est chargé de rétablir la légalité mise à mal par les exactions des « carpetbaggers » dans les années qui suivirent la guerre de Sécession. Porter éprouve une vive répulsion pour sa tâche, mais, homme de devoir, il ne peut y couper.

D’origine austro-hongroise, André De Toth (1912-2002) est un réalisateur, scénariste et producteur qui demeure encore très chéri par les cinéphiles. Indépendant des grands studios hollywoodiens, pour lesquels il travaillera toutefois volontiers à plusieurs reprises, le cinéaste dirigera les plus grands comme Gary Cooper (La Mission du commandant Lex), Robert Ryan (La Chevauchée des bannis), Kirk Douglas (La Rivière de nos amours), Veronica Lake (Femme de feu), Barbara Stanwyck (L’Orchidée Blanche) et Richard Widmark (La Furie des Tropiques). Mais la plus grande collaboration de sa carrière reste celle entamée en 1951 avec Randolph Scott (1898-1987) pour Le Cavalier de la mortMan in the Saddle. Les deux hommes se retrouveront à cinq autres reprises (et autres westerns), Les Conquérants de Carson CityCarson City (1952), Les Massacreurs du KansasThe Stranger Wore a Gun (1953), La Trahison du capitaine PorterThunder Over the Plains (1953), Le Cavalier traquéRiding Shotgun (1954) et Terreur à l’OuestThe Bounty Hunter (1954). Le western qui nous intéresse aujourd’hui est l’un des meilleurs de l’association De Toth/Scott. Le cinéaste fait certes partie des célèbres « borgnes d’Hollywood » aux côtés de John Ford, Fritz Lang, Raoul Walsh et Nicholas Ray, ce qui ne l’a d’ailleurs pas empêché de mettre en scène deux films en relief stéréoscopique, L’Homme au masque de cireHouse of Wax (1953) avec Vincent Price, formidable remake de Masques de cireMystery of the Wax Museum de Michael Curtiz (1933), et Les Massacreurs du Kansas, mais André De Toth n’est certainement pas un manchot derrière la caméra. La Trahison du capitaine Porter repose sur un scénario intelligent et bien construit de Russell Hughes, futur auteur de Des monstres attaquent la villeThem ! (1954) de Gordon Douglas, de La charge des tuniques bleues The Last Frontier (1955) d’Anthony Mann et de L’homme de nulle partJubal (1956) de Delmer Daves, de belles et évidentes références. Thunder Over the Plain témoigne non seulement de la belle plume du scénariste, mais reste aussi un western excellemment mis en scène par un maître de la série B, tandis que le charisme de Randolph Scott fait le reste.

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Test Blu-ray / Alerte aux marines, réalisé par Edward Ludwig

ALERTE AUX MARINES (The Fighting Seabees) réalisé par Edward Ludwig, disponible en DVD et Blu-ray le 17 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Wayne, Susan Hayward, Dennis O’Keefe, William Frawley, Leonid Kinskey, J.M. Kerrigan, Grant Withers, Paul Fix…

Scénario : Borden Chase, Aeneas MacKenzie

Photographie : William Bradford

Musique : Walter Scharf

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1944

LE FILM

1942, les Etats-Unis luttent contre le Japon dans le Pacifique. La stratégie américaine est de construire des bases militaires aux endroits stratégiques. La mission est confiée à Wedge Donovan, entrepreneur civil. Il met sur pied un groupe d’ouvriers. Sans entraînement militaire, ils subissent de grosses pertes. Donovan décide de former ses hommes aux techniques de combat…

Alerte aux marinesThe Fighting Seabees, ou bien encore Ceux du Pacifique chez nos amis belges, est un petit film de guerre intéressant, emblématique du cinéma de propagande pro-allié de l’époque, qui retrace la création de l’unité des Seabees de l’US Navy, durant la Seconde Guerre mondiale. Réalisé en 1944 par Edward Ludwig (1899-1982), cinéaste russe né Isodor Irving Litwack qui avait déjà une longue carrière derrière lui au temps du cinéma muet, Alerte aux marines reste avant tout une curiosité puisque le récit se focalise sur une branche particulière de la marine de guerre des États-Unis, complètement méconnue en France. Le choix de John Wayne était tout indiqué pour incarner le leader de cette unité de génie militaire, dont le surnom Seabees, provient de la prononciation en anglais des initiales de Construction Battalions. Alors, prenez vos outils et entonnez le célèbre Construimus, Batuimus (« Nous construisons, nous nous battons ») entonné à plusieurs reprises dans Alerte aux marines, qui reste un divertissement rétro, mais sympathique.

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Test Blu-ray / Police Frontière, réalisé par Tony Richardson

POLICE FRONTIÈRE (The Border) réalisé par Tony Richardson, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jack Nicholson, Harvey Keitel, Valerie Perrine, Warren Oates, Elpidia Carrillo, Shannon Wilcox, Manuel Viescas, Jeff Morris…

Scénario : David Freeman, Walon Green, Deric Washburn

Photographie : Ric Waite

Musique : Ry Cooder

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1982

LE FILM

Charlie Smith cède aux caprices de sa femme, Marcy, qui a des goûts de luxe… Or, il n’est que policier et par conséquent, pas très riche ! La dernière lubie de celle-ci est d’acheter une maison à El Paso, près de la frontière mexicaine. Charlie accepte de se faire muter là-bas et il découvre que la police là-bas ferme les yeux sur de nombreux trafics, notamment sur celui de l’immigration.

Coincé entre Shining (1980) de Stanley Kubrick, Le Facteur sonne toujours deux foisThe Postman Always Rings Twice (1981) de Bob Rafelson, Reds (1981) de Warren Beatty et Tendres passionsTerms of Endearment (1983) de James L. Brooks qui lui vaudra le deuxième Oscar de sa carrière, Police frontièreThe Border (1982) de Tony Richardson (1928-1991) est un petit bijou dissimulé dans la filmographie conséquente de Jack Nicholson. A travers ce rôle, le comédien renoue avec les personnages qu’il campait dans les années 1970, à l’instar de Cinq pièces facilesFive Easy Pieces (1970) de Bob Rafelson ou La Dernière CorvéeThe Last Detail (1973) de Hal Ashby. L’incarnation parfaite des oubliés de l’American Dream, souvent paumés dans les petites bourgades fantomatiques des Etats-Unis. Dans Police Frontière, Jack Nicholson interprète le dernier homme intègre et droit de son espèce, un représentant de la loi, envoyé à l’autre bout du pays, là où il n’a pas choisi d’aller, mais mené par le bout du nez par son épouse déconnectée de la réalité. Jusqu’au jour où la rencontre avec une jeune mexicaine lui apparaît comme une dernière chance, une absolution, dans un monde devenu un camp de concentration à ciel ouvert, au sens propre comme au figuré. Au-delà des symboles politico-sociaux-religieux qui parcourent le récit, Police frontière est aussi et surtout un thriller dramatique percutant qui n’a jamais été autant d’actualité avec la politique de Donald Trump.

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Test Blu-ray / Incubus, réalisé par John Hough

INCUBUS (The Incubus) réalisé par John Hough, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 26 juin 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Cassavetes, John Ireland, Kerrie Keane, Helen Hughes, Erin Noble, Duncan McIntosh, Harvey Atkin, Harry Ditson…

Scénario : George Franklin d’après le roman de Ray Russell

Photographie : Albert J. Dunk

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h32

Année de sortie : 1981

LE FILM

Une petite ville américaine est le théâtre d’une série de meurtres et de viols d’une rare violence. Afin d’identifier le coupable, le shérif Hank Walden fait appel au docteur Jack Cordell. Or, le petit ami de la fille de Cordell est hanté par d’étranges cauchemars…et les meurtres se multiplient.

Même s’il n’a connu qu’un succès d’estime à sa sortie, Incubus, ou THE Incubus en version originale, est rapidement devenu un classique du film fantastique et d’épouvante. Le film détenait déjà de sérieux atouts dans sa manche, en l’occurrence John Cassavetes devant la caméra (et à la production, même si non mentionné à ce poste) et le réalisateur John Hough aux manettes. Le cinéaste britannique (né en 1941), à qui l’on doit de grandes réussites comme Les Sévices de Dracula – Twins of Evil (1971), La Maison des damnésThe Legend of Hell House (1973), Larry le dingue, Mary la garce Dirty Mary Crazy Larry (1974) et La Montagne ensorceléeEscape to Witch Mountain (1975) avait déjà collaboré avec le comédien sur La Cible étoilée Brass Target en 1978. Ravi de cette expérience, John Cassavetes, entre Gloria et Love Streams, revient vers John Hough pour lui proposer Incubus. Ce dernier accepte, même si le scénario, à l’origine adapté du roman de Ray Russell, change du tout au tout une semaine avant la date prévue du début des prises de vues, selon les vœux de la star du cinéma indépendant. Incubus est une œuvre qui se fera au jour le jour, sans que les acteurs soient mis au courant des changements de dernière minute, et ce jusqu’à l’ultime tour de manivelle où le casting apprend enfin qui est le fameux Incubus de l’histoire. En résulte un récit quelque peu alambiqué, pour ne pas opaque puisque de nombreux éléments resteront sans réponse, mais diaboliquement (le terme est bien choisi) mis en scène et impeccablement interprété. De la bonne came qui continue de faire son effet presque quarante ans après sa sortie et qui n’a d’ailleurs rien à envier, ce serait même le contraire, aux films de genre contemporains.

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Test DVD / Chaque chose en son temps – The Family Way, réalisé par Roy & John Boulting

CHAQUE CHOSE EN SON TEMPS (The Family Way) réalisé par Roy & John Boulting, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Hayley Mills, Avril Angers, John Comer, Wilfred Pickles, John Mills, Marjorie Rhodes, Hywel Bennett, Murray Head…

Scénario : Bill Naughton d’après sa pièce de théâtre.

Photographie : Harry Waxman

Musique : Paul McCartney, George Martin

Durée : 1h51

Année de sortie : 1966

LE FILM

Arthur et Jenny, beaux jeunes et innocents, s’aiment et se marient. Par souci d’économie, ils s’installent chez les parents d’Arthur dans une banlieue britannique. Mais à la suite d’une mauvaise plaisanterie, la nuit de noces tant attendue tourne au fiasco. S’ensuivra une terrible réaction en chaîne dans une difficile promiscuité.

Réalisé en 1966 par les célèbres frères jumeaux Boulting, John et Roy de leur prénom, The Family Way, sorti en France sous le titre Chaque chose en son temps, a connu une véritable controverse à sa sortie, en raison de ses divers sujets abordés quelque peu tabou et annonciateurs de l’explosion de la fin des années 1960. Entre l’impuissance d’un jeune homme qui n’arrive pas à faire honneur à son épouse, âgée de 20 ans et dont les hormones s’affolent, les parents trop protecteurs et collants qui n’ont pas aidé au développement personnel de leurs rejetons, sans parler de leurs propres frustrations qui avaient été dissimulées jusqu’à présent, The Family Way est un uppercut dans la comédie britannique. Satirique, frontal, percutant, le film des frères Boulting rejoint leurs grandes réussites aux côtés du Gang des tueursBrighton Rock (1947), Ultimatum Seven Days to Noon (1950), Ce sacré z’hérosPrivate’s Progress (1956), Sept Jours de malheurLucky Jim (1957) et Après moi le délugeI’m All Right Jack (1959). Il serait temps que leurs chefs d’oeuvres soient reconsidérés dans nos contrées. Toujours est-il que The Family Way rappelle parfois Heureux MortelsThis Happy Breed (1944) de David Lean à travers cette chronique familiale grinçante et immersive, dans laquelle les générations s’affrontent, mais ne se comprennent pas.

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Test DVD / Une bombe pas comme les autres – The Green Man, réalisé par Robert Day

UNE BOMBE PAS COMME LES AUTRES (The Green Man) réalisé par Robert Day, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Alastair Sim, George Cole, Terry-Thomas, Jill Adams, Raymond Huntley, Colin Gordon, Avril Angers, Eileen Moore…

Scénario : Sidney Gilliat, Frank Launder d’après leur pièce de théâtre.

Photographie : Gerald Gibbs

Musique : Cedric Thorpe Davie

Durée : 1h17

Année de sortie : 1956

LE FILM

Quand il n’est pas horloger, Hawkins est un assassin professionnel, un maniaque de l’explosif. Mais en ces temps d’après-guerre, le travail ne court pas les rues. Lorsqu’on lui demande d’assassiner le prétentieux homme d’affaires Gregory Upshott, il saute sur l’occasion et profite d’un week-end de ce dernier à la campagne… lorsque surgit un étrange représentant en aspirateurs !

A l’instar du métier d’Hawkins, le récit de The Green Man, sorti en France sous le titre Une bombe pas comme les autres (1956), est d’une précision d’horloger. Il s’agit du premier long métrage réalisé par Robert Day (1922-2017), ancien cameraman d’Edward Dmytryk (L’Obsédé), de Terence Young (Les Bérets rouges), de Carol Reed (L’Homme de Berlin). Un beau C.V. qui lui vaut d’être repéré par le duo Sidney Gilliat-Frank Launder, scénaristes réputés (Une femme disparaîtThe Lady Vanishes d’Alfred Hitchcock, 1938), producteurs et réalisateurs à succès (L’Étrange Aventurière, The Belles of St. Trinian’s, Un mari presque fidèle). Ils décident de confier à Robert Day l’adaptation de leur pièce de théâtre Meet a Body. En résulte une comédie survoltée, menée à cent à l’heure, représentative du savoir-faire anglais en la matière, mêlant habilement humour noir et sophistiqué, flegme et trash, le tout porté par un grand comédien méconnu en France, mais véritable star du cinéma britannique, Alastair Sim (1900-1976).

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Test DVD / L’Affaire Pasolini, réalisé par David Grieco

L’AFFAIRE PASOLINI (La Macchinazione) réalisé par David Grieco, disponible en DVD le 3 juin 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Massimo Ranieri, Libero De Rienzo, Matteo Taranto, François-Xavier Demaison, Milena Vukotic, Roberto Citran, Alessandro Sardelli, Catrinel Marlon, Paolo Bonacelli, Toni Laudadio…

Scénario : David Grieco, Guido Bulla

Photographie : Fabio Zamarion

Musique : Pink Floyd et Roger Waters

Durée : 1h47

Année de sortie : 2016

LE FILM

Pendant l’été 1975, Pier Paolo Pasolini termine le montage de son dernier film, « Salò ou les 120 journées de Sodome ». Son œuvre suscite de fortes polémiques et provoque des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Au mois d’août, le négatif original du film est dérobé et une rançon importante est exigée. Prêt à tout pour récupérer son film, Pasolini va se laisser enfermer dans une terrible machination qui le conduira à sa perte.

« Le courage intellectuel de la vérité et la pratique politique sont deux choses inconciliables en Italie. » Pier Paolo Pasolini.

L’Italie, pour ne pas dire le monde entier, ne s’est jamais remise du brutal assassinat du cinéaste Pier Paolo Pasolini. Certains réalisateurs se seront penchés sur cet événement tragique, à l’instar de Marco Tullio Giordana avec son film Pasolini, mort d’un poètePasolini, un delitto italiano (1995), dans lequel le procès de Pino Pelosi, accusé du meurtre de Pasolini, était reconstitué. En 2014, le new-yorkais Abel Ferrara livrait sa version des dernières heures du maître italien dans le sobrement intitulé Pasolini, où son complice Willem Dafoe incarnait le réalisateur. L’Affaire Pasolini, sorti deux ans après le film précédent, apparaît tout d’abord comme un outsider. Comment cette œuvre mise en scène par David Grieco allait se démarquer des approches précédentes ? Tout d’abord, son film n’aborde pas le procès contre Pino Pelosi, ce jeune prostitué de 17 ans arrêté la nuit du meurtre au volant de la voiture de Pasolini, qui s’était déclaré – trop vite sans doute – responsable de la mort de Pasolini. David Grieco s’appuie plutôt sur le témoignage de Pelosi datant de 2005, au cours duquel ce dernier affirmait son innocence et que le meurtre avait été réalisé par trois individus à l’identité préservée. Ensuite, si L’Affaire Pasolini retrace bien les dernières heures de la vie du poète et réalisateur, son gros point fort reste d’avoir confié le rôle-titre au comédien-chanteur italien Massimo Ranieri, inoubliable dans les films de Mauro Bolognini (Metello, Bubu de Montparnasse, Chronique d’un homicide), qui retrouve ici un rôle à la mesure de son talent. Entre mimétisme et interprétation personnelle, l’acteur impressionne ici du début à la fin, et restitue admirablement la hargne qui animait Pier Paolo Pasolini, éternel provocateur, dont le tort était probablement d’être communiste et homosexuel dans l’Italie asphyxiée des années 1970.

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Test DVD / La Dernière balle à pile ou face, réalisé par Piero Pierotti

LA DERNIÈRE BALLE À PILE OU FACE (Testa o croce) réalisé par Piero Pierotti, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : John Ericson, Spela Rozin, Franco Lantieri, Daniela Surina, Dada Gallotti, Loris Gizzi, Maria Teresa Piaggio, Pinuccio Ardia…

Scénario : Piero Pierotti

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h35

Année de sortie : 1969

LE FILM

Accusée du meurtre d’un banquier, la chanteuse Shanda manque de se faire lyncher par les membres d’une ligue de vertu. Alors que les autres filles du saloon se font passer à tabac, le shérif fait mettre Shanda à l’abri en dehors de la ville. Mais les deux hommes chargés de la mission la violent et la laisse pour morte dans le désert. Un hors-la-loi va la recueillir.

Aux manettes de La Dernière balle à pile ou faceTesta o croce (1969), on retrouve un certain Piero Pierotti (1912-1970), parfois crédité sous le nom de Peter E. Stanley, ancien journaliste, passé à la mise en scène après avoir suivi les cours du prestigieux Centra Sperimentale du Cinematografia, d’où il sort diplômé à la fin des années 1930. Il se spécialisera dans les films d’aventure et les péplums, genres dans lesquels il évoquera quelques grands noms de l’histoire et de la mythologie comme Marco Polo (1962), Cléopâtre, une reine pour César (1962) et Goliath et le Cavalier masqué (1963). Ancien scénariste de Mario Bava (La ruée des VikingsGli invasori) et de Riccardo Freda (Maciste en enferMaciste all’inferno), Piero Pierotti suivra les modes et les goûts des spectateurs au fil des ans. C’est le cas de ce western, La Dernière balle à pile ou face, qu’il réalise à la fin des années 1960 alors qu’il est déjà diminué par la maladie. Ce sera d’ailleurs son avant-dernier film, son ultime opus La Grande avventura di Scaramouche étant sorti après son décès prématuré à l’âge de 58 ans. Testa o croce est un western atypique, peu aimable, placé sous le signe de la vengeance. Avec sa partition étonnante signée Carlo Savina, le réalisateur livre un film désabusé, noir, pessimiste, qui laisse une belle place aux rôles féminins parmi lesquels se distingue la sublime Edwige Fenech dans l’une de ses premières apparitions au cinéma, avant de devenir une icône du cinéma d’exploitation.

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Test DVD / Tire, Django, tire !, réalisé par Bruno Corbucci

TIRE, DJANGO, TIRE ! (Spara, Gringo, spara) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Brian Kelly, Keenan Wynn, Erika Blanc, Folco Lulli, Fabrizio Moroni, Linda Sini, Rik Battaglia, Giovanni Pallavicino…

Scénario : Mario Amendola, Bruno Corbucci

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 1h31

Année de sortie : 1968

LE FILM

Fraîchement évadé de prison, Django se fait attraper par Guttierez, un riche propriétaire terrien, qui l’oblige à aller chercher son fils, Fidel, parti rejoindre une bande de malfrats. Django se lance sur la piste, dans le désert mexicain, et devra en découdre avec les bandits, avant de se rendre compte que les intentions du père ne sont pas des plus bienveillantes.

Dans la famille Corbucci je voudrais le frère cadet ! Enfin celui qui est moins connu que son aîné Sergio (1927-1990), autrement dit Bruno Corbucci (1931-1996). Aussi passionné par le septième art que le premier, le plus jeune de la fratrie débute sa carrière comme scénariste au début des années 1960, en se spécialisant notamment dans les comédies interprétées par Totò, mais aussi et surtout mises en scènes par Sergio, Chi si ferma è perduto, I due marescialli, Lo smemorato di Collegno et Il monaco di Monza. Il passe derrière la caméra en 1965 avec la comédie musicale Questo pazzo, pazzo mondo della canzone, mais c’est avec les deux opus de James Tont, variations italiennes et comiques des opus de l’agent 007, intitulées James Tont operazione U.N.O. et James Tont operazione D.U.E. que le succès arrive, trois longs métrages sortis la même année. Alors qu’il tourne pas moins de trois films par an, Bruno Corbucci et son frère écrivent en 1966 un western devenu mythique, Django, réalisé par Sergio. Devant le triomphe rencontré par ce dernier, Bruno décide de signer lui aussi un western. Ce sera Spara, Gringo, spara, éhontément retitré Tire, Django, tire ! dans nos contrées, afin de surfer sur la popularité du film avec Franco Nero. Western classique, mais rudement bien mené, excellemment mis en scène et interprété par l’américain Brian Kelly (1931-2005), héros de la série Flipper le dauphin et futur producteur de Blade Runner de Ridley Scott (si si), Tire, Django, tire ! reste un savoureux divertissement et sa bonne réputation n’est pas usurpée.

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