Test DVD / Revenir, réalisé par Jessica Palud

REVENIR réalisé par Jessica Palud, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Pyramide Vidéo.

Acteurs : Niels Schneider, Adèle Exarchopoulos, Roman Coustère Hachez, Patrick d’Assumçao, Hélène Vincent, Franck Falise, Jonathan Couzinié, Catherine Salée…

Scénario : Jessica Palud, Philippe Lioret, Diastème d’après le roman L’Amour sans le faire de Serge Joncour

Photographie : Victor Seguin

Musique : Mathilda Cabezas, Augustin Charnet

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

C’est la ferme où Thomas est né. C’est sa famille. Son frère, qui ne reviendra plus, sa mère, qui est en train de l’imiter, et son père, avec qui rien n’a jamais été possible. Il retrouve tout ce qu’il a fui il y a 12 ans. Mais aujourd’hui il y a Alex, son neveu de six ans, et Mona, sa mère incandescente.

Librement adapté du roman L’Amour sans le faire de Serge Joncour, Revenir est le second long métrage de Jessica Palud, sept ans après Les Yeux fermés. Fille du réalisateur Hervé Palud (Les Frères Pétard, Un indien dans la ville, non nous ne parlerons pas de Mookie) et ancienne assistante réalisatrice auprès de Bernardo Bertolucci (InnocentsThe Dreamers), Sofia Coppola (Marie-Antoinette), Philippe Lioret (Je vais bien, ne t’en fais pas, Welcome, Toutes nos envies) et Diastème (Le Bruit des gens autour), Jessica Palud s’est octroyé la plume de ces deux derniers, pour s’approprier cette histoire familiale intimiste, pudique et délicate. Lauréat du prix du meilleur scénario dans la section Orizzonti à la Mostra de Venise, Revenir est un deuxième film qui vaut essentiellement pour l’intense interprétation de Niels Schneider, toujours à fleur de peau, mais dont le scénario pâtit d’une absence d’intérêt et qui donne l’agaçante impression de vu et revu dans le cinéma d’auteur français. Quelques qualités, mais aussi de nombreux défauts.

Révélée par son court-métrage Marlon, sélectionné dans plus de 150 festivals (Toronto, Stockholm, Vancouver, Clermont-Ferrand…), récompensé par quarante prix internationaux dont le grand prix UniFrance, le prix RTI et le prix Grand Action lors du festival de Cannes 2017, le prix Passages du Festival Silhouette de Paris, Jessica Palud avait même vu son travail être nommé pour le César du meilleur court-métrage en 2018. Une jolie carte de visite qui lui a permis de lancer son second long métrage. Epaulée à l’écriture par Diastème et Philippe Lioret, la réalisatrice avait déjà quelques sérieux atouts, les deux cinéastes étant souvent réputés pour leur sensibilité et leur don pour refléter les maux et les blessures de l’être humain. S’il n’y a rien à redire sur l’interprétation où même Adèle Exarchopoulos parvient à rendre son personnage crédible tout en se retenant d’apparaître nue (même si elle a encore la morve au nez en pleurant à chaudes larmes), Revenir pèche par son manque d’originalité, dans le fond comme sur la forme. Rien ne distingue vraiment le film du tout-venant et Revenir respecte un cahier des charges usé jusqu’à la moelle.

Pour Diamant noir, Niels Schneider avait reçu le César du meilleur espoir en 2017. Il démontrait alors qu’il pouvait tenir un film sur ses épaules, même s’il apparaissait déjà au cinéma depuis dix ans, entre autres chez Xavier Dolan et Anne Fontaine. Dans Revenir, le comédien né en 1987 est quasiment de tous les plans et demeure la raison d’être du film. Outre sa partenaire principale, saluons aussi la prestation du toujours excellent Patrick d’Assumçao, une des plus belles tronches du cinéma français depuis dix ans, découvert en 2013 dans L’Inconnu du lac d’Alain Guiraudie. Belle révélation également du jeune Roman Coustère Hachez qui interprète Alex, le fils de Mona.

Le secret qui entoure la famille du personnage de Thomas est vite oublié. Le récit tourne en rond assez rapidement et finalement peu d’éléments nous interpellent jusqu’au bout de ce film pourtant très court puisqu’il ne dépasse pas les 77 minutes, dont cinq rien que pour le générique de fin. Des décors, en passant par les costumes, la photographie et la musique, Revenir s’apparente à un long métrage passe-partout, irrigué par une belle émotion certes, mais qui ne parvient jamais à sortir de la mêlée. Même cette scène d’amour dans la boue n’arrive jamais à la cheville de celle de Sara Forestier et de James Thierrée dans Mes séances de lutte (2013) de Jacques Doillon. Revenir est un drame qu’on aurait voulu aimer, mais qui ne se livre pas suffisamment aux spectateurs et qui peine à convaincre. D’où cet accueil tiède de notre part.

LE DVD

C’est chez Pyramide Vidéo que Revenir fait son apparition dans les bacs, en DVD seulement. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur propose de (re)découvrir le très bon court-métrage de Jessica Palud, Marlon (2017, 19’30), que nous avons évoqué dans la critique de Revenir. Marlon (Flavie Delangle, magnétique), quatorze ans, rend visite à sa mère (Anne Suarez) en prison pour la première fois depuis son incarcération. La jeune fille, protégée par sa famille et son entourage, s’entête malgré tout à croire que sa mère est son héroïne d’enfance.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Cette édition Standard restitue les partis pris concoctés par la réalisatrice Jessica Palud et son chef opérateur Victor Seguin, dont il s’agit ici du premier long métrage. Des teintes pastel joliment bigarrées, avec une prédominance de teintes bleues, dans les costumes et les décors. Quelques couleurs chaudes contrastent brillamment avec tout cela, même si le piqué est très souvent émoussé, avec un grain important sur certaines séquences. L’ensemble est joli à regarder, surtout les très nombreux gros plans des comédiens qu’affectionne tout particulièrement la cinéaste.

Autant prévenir d’emblée que ce n’est pas avec Revenir que vous pourrez faire une petite démonstration acoustique. Le mixage Dolby Digital 5.1 apparaît donc anecdotique, d’autant plus que la spatialisation manque d’envergure avec peu d’ambiances naturelles et d’effets annexes. L’ensemble se concentre essentiellement sur la scène frontale. Si les dialogues sont clairs et nets, n’hésitez pas à opter directement pour la piste Stéréo, dynamique, riche et nettement suffisante pour un film de cet acabit. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pyramide Vidéo / Thierry Valletoux / Fin Août Productions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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