Test Blu-ray / L’Ambassadeur, réalisé par J. Lee Thompson

CHANTAGE EN ISRAËL : L’AMBASSADEUR (The Ambassador) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er mars 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Robert Mitchum, Ellen Burstyn, Rock Hudson, Fabio Testi, Donald Pleasence, Chelli Goldenberg, Michal Bat-Adam, Ori Levy.…

Scénario : Ronald M. Cohen & Max Jack, d’après le roman Fifty-Two Pickup d’Elmore Leonard

Photographie : Adam Greenberg

Musique : Dov Seltzer

Durée : 1h32

Date de sortie initiale: 1984

LE FILM

Années 80. Avec l’aide de son conseiller, un ambassadeur américain en Israël tente d’instaurer la paix en Palestine au moyen de méthodes non conventionnelles alors que sa femme entame une liaison avec un responsable de l’OLP. Ses efforts sont contrariés à chaque étape. Tentative d’assassinat, chantages se multiplient. Les intérêts en cause deviennent des enjeux majeurs.

Plus fort que Chuck Norris, Robert Mitchum à la Cannon est capable de résoudre le conflit israélo-palestinien. Ouais. A 67 ans, le comédien se fait rare sur les écrans au début des années 1980. Après Nightkill de Ted Post, dans lequel il donne la réplique à la superbe Jaclyn Smith, puis That Championship Season de Jason Miller, où il est très bien entouré (Bruce Dern, Stacy Keach, Martin Sheen et Paul Sorvino sont de la partie), « Mitch » signe avec la Cannon et tient le haut de l’affiche d’un thriller politique, d’espionnage et d’action intitulé Chantage en Israël – The Ambassador, ou L’Ambassadeur. L’introduction donne le ton sur le caractère « sérieux » de l’entreprise. « Le Moyen-Orient est un baril de poudre prêt à exploser. Un assemblage de conflits religieux et de factions politiques. Le PLO, l’Organisation de Libération de la Palestine a juré de ne jamais reconnaître le droit à l’existence d’Israël et de se battre jusqu’à la création d’un pays pour les palestiniens. Le PLO voudrait parlementer. Un groupe dissident, Saïka, le groupe terroriste le plus violent répand la terreur en Israël et dans les pays arabes, afin d’empêcher tout rapprochement et pourparler de paix. En Israël, deux courants opposés. Les modérés, prêts à négocier avec le PLO, et les extrémistes de l’ultra-droite qui refuse l’idée d’un État palestinien. Le Mossad est l’agence de renseignement du gouvernement d’Israël. Au milieu de ce conflit, un homme, L’Ambassadeur ! ». Ça va chauffer ! Et Robert Mitchum a beau avoir du mal à marcher parfois, rien ne l’arrêtera, même pas l’infidélité de son épouse (Ellen Burstyn, qui nous gratifie d’un superbe topless à plus de 50 ans) dont certains essayent pourtant de tirer profit. Il est comme ça Bob avec sa petite bedaine gonflée de whisky et ses yeux de Droopy, toujours furieusement charismatique, nonchalant et le rictus moqueur ! Réalisé par J. Lee Thompson, L’Ambassadeur ressemble à un long épisode de série TV, dont la naïveté est confondante et tire le film vers la comédie involontaire, mais qui n’en demeure pas moins extrêmement divertissante. Enfin, il s’agit aussi et surtout de l’ultime apparition au cinéma du grand Rock Hudson, 58 ans (et qui en avait encore sacrément sous le capot), déjà malade du SIDA, qui allait l’emporter l’année suivante.

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Test Blu-ray / Fort Massacre, réalisé par Joseph M. Newman

FORT MASSACRE réalisé par Joseph M. Newman, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Joel McCrea, Forrest Tucker, John Russell, Susan Cabot, George N. Neise, Anthony Caruso, Robert Osterloh, Denver Pyle.…

Scénario : Martin Goldsmith

Photographie : Carl E. Guthrie

Musique : Marlin Skiles

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1958

LE FILM

La mission du Sergent Vinson est de ramener au fort les survivants d’une colonne de cavalerie qui fut attaquée et décimée par les Indiens. Vinson perd le sens de ses responsabilités et cherche avant tout à satisfaire une vengeance personnelle.

Spécialiste du western de série B, Joseph M. Newman (1909-2006) s’est très souvent démarqué de ses confrères par le caractère insolite de ses œuvres, dont le réalisme étonnant est tout droit hérité de son passé dans le domaine du documentaire. S’il n’est pas, et ne sera jamais, le plus célèbre des réalisateurs, il aura donné au cinéma américain quelques beaux et jolis fleurons de l’entertainment au sens noble à l’instar des Bannis de la Sierra (1952), Dans les bas-fonds de Chicago (1954), Les Survivants de l’infini (1955) et Tonnerre apache (1961) avec une nette prédilection pour le film noir, puis les aventures se déroulant dans le grand Ouest, avant de se tourner vers la science-fiction puisqu’il signera quelques épisodes de La Quatrième dimension dans les années 1960. A l’instar du Shérif aux mains rouges The Gunfight at Dodge City (1959), pour lequel Joseph M. Newman retrouvera le comédien Joel McCrea, ou La Dernière flèche Pony Soldier (1952), dans lequel Tyrone Power abordait la dernière partie de sa carrière, avant de disparaître à l’âge prématuré de 44 ans en 1958, Fort Massacre se suit avec un immense plaisir. Le metteur en scène signe probablement l’un de ses chefs d’oeuvre, qui n’a eu de cesse d’être redécouvert et réhabilité par la critique et les cinéphiles. Carré, sec, particulièrement violent et oppressant, Fort Massacre est un western pur et dur qui plaira aux éternels aficionados du genre.

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Test Blu-ray / Fort Yuma, réalisé par Lesley Selander

FORT YUMA réalisé par Lesley Selander, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Peter Graves, Joan Vohs, John Hudson, Joan Taylor, Abel Fernández, James O’Hara.…

Scénario : Danny Arnold

Photographie : Gordon Avil

Musique : Paul Dunlap

Durée : 1h19

Date de sortie initiale: 1955

LE FILM

Lorsque le chef apache Colorado est assassiné, son fils et sa tribu préparent sa vengeance. A Fort Yuma, la tension monte, et un messager finit par être envoyé à Fort Apache pour demander du renfort. Mais quand ce dernier est tué pendant sa mission, la terreur s’empare des autres soldats.

Lesley Selander (1900-1979) n’est sans doute pas le réalisateur américain le plus connu (euphémisme), pourtant moult de ses films demeurent appréciés par les aficionados du western de série B, genre dont il reste l’un des plus prolifiques en la matière, puisqu’il en aura signé plus de cent en trente ans de carrière. On peut citer en vrac El Texican (1966) avec Audie Murphy, Fort Courage (1965) avec Fred Beir, Shotgun ! (1955) avec Sterling Hayden, L’Heure de la vengeance (1952) avec Richard Conte, Le Justicier de la Sierra et La Ruée vers l’or noir, deux opus réalisés en 1948 avec Rod Cameron. On lui doit aussi un certain Destination Mars Flight to Mars (1951), petite production de l’illustre Walter Mirisch, chérie par les amateurs de SF vintage. Évidemment, une filmographie aussi foisonnante ne peut pas receler que de bons métrages. Celui qui nous intéresse aujourd’hui, Fort Yuma, s’inscrit définitivement dans le peloton de tête. Ce western étonnamment violent, sec, où l’intrigue se trouve resserrée sur 80 minutes, détonne au milieu des années 1950 et rencontrera d’ailleurs de multiples problèmes avec la censure, qui entraîneront plusieurs coupes au montage (un écartèlement ici, quelques pendaisons par là) en raison de « sadisme et d’horreur excessive ». Mais incontestablement, Fort Yuma est l’un des westerns rétros américains les plus brutaux que vous aurez l’occasion de voir dans votre vie de cinéphile.

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Test Blu-ray / Le Roi et Quatre Reines, réalisé par Raoul Walsh

LE ROI ET QUATRE REINES (The King and Four Queens) réalisé par Raoul Walsh, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 22 novembre 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Clark Gable, Eleanor Parker, Jean Willes, Barbara Nichols, Sara Shane, Roy Roberts, Arthur Shields, Jay C. Flippen, Jo Van Fleet.…

Scénario : Richard Alan Simmons & Margaret Fitts

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Alex North

Durée : 1h21

Date de sortie initiale: 1956

LE FILM

Dan Kehoe, un aventurier qui vient d’arriver à Touchstone, une petite ville de l’Ouest, apprend qu’une certaine Ma McDade, propriétaire d’un ranch voisin, accueille les visiteurs à coups de fusil. Quelque temps auparavant, les quatre fils de celle-ci ont été pourchassés par le shérif et ses hommes après avoir dévalisé une banque. Trois d’entre eux ont péri carbonisé dans l’incendie de la grange où ils s’étaient retranchés. Le quatrième s’est enfui, mais nul ne sait lequel a survécu. Et les quatre veuves sont restées auprès de Ma en attendant que le survivant vienne récupérer le magot que sa mère a enterré quelque part…

Peu connu des aficionados de Raoul Walsh, conspué aux Etats-Unis, mais célébré en France, Le Roi et Quatre Reines The King and Four Queens est donc loin de faire l’unanimité. Pourtant, ce western de fin de carrière – le réalisateur signera encore sept longs-métrages après celui-ci – est un véritable bijou. Si le film démarre de façon « traditionnelle » avec d’emblée une course-poursuite, un homme pourchassé à cheval par trois autres cavaliers qui ont visiblement décidé de le capturer ou même de le tuer, se déroulant dans de magnifiques paysages sauvages, Le Roi et Quatre Reines bifurque très rapidement, et contre toute-attente, dans le marivaudage. Pour leur seconde collaboration, un an après Les Implacables The Tall Men et un an avant L’Esclave libre Band of Angels, Raoul Walsh et Clark Gable se font plaisir et cela se ressent du début à la fin. Car The King and Four Queens est avant tout un délice, un ravissement, un bonheur, une fantaisie, une grâce, un régal de cinéma.

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Test Blu-ray / Paiement Cash, réalisé par John Frankenheimer

PAIEMENT CASH (52 Pick-Up) réalisé par John Frankenheimer, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 16 octobre 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Roy Scheider, Ann-Margret, Vanity, John Glover, Robert Trebor, Lonny Chapman, Kelly Preston, Doug McClure…

Scénario : John Steppling, d’après le roman d’Elmore Leonard

Photographie : Jost Vacano

Musique : Gary Chang

Durée : 1h50

Date de sortie initiale: 1986

LE FILM

Un industriel américain, Harry Mitchell, mène une vie très active entre son entreprise florissante et sa femme Barbara qui « manage » un homme politique. Mais Harry s’est entiché d’une jeune mannequin et le jour où il décide de rompre, un maître-chanteur et deux complices lui projettent une cassette contenant des preuves irréfutables de cette aventure. Harry décide, après une explication très franche avec Barbara, de ne pas céder…

Paiement Cash 52 Pick-Up, ou quand John Frankenheimer (1930-2002), le réalisateur du Prisonnier d’Alcatraz (1962), Un crime dans la tête (1962), Le Train (1964) et Grand prix (1966), French Connection 2 (1975) se mettait au service de la légendaire Cannon Films ! Contrairement à À armes égalesThe Challenge (1982), film de ninja et d’action de seconde zone dans lequel il était difficile de reconnaître la griffe du metteur en scène, Paiement Cash est comme qui dirait un pot-pourri de tout le bagage technique de John Frankenheimer, qui se fait plaisir avec ce thriller de série B (de luxe), adapté du roman Fifty-Two Pickup de l’immense Elmore Leonard, publié en 1974, qu’il transpose pour ainsi dire page par page, parfois à la réplique près, juste en délocalisant le lieu de l’action de Detroit à Los Angeles. S’il n’a connu aucun succès dans les salles, 52 Pick-Up est rapidement devenu culte et demeure par ailleurs un des derniers bons films où Roy Scheider tenait le haut de l’affiche. Le comédien retrouvera John Frankenheimer quatre ans plus tard pour La Quatrième Guerre The Fourth War. En l’état, Paiement Cash reste un savoureux divertissement, solidement réalisé et dont l’univers malsain dans lequel se déroule l’intrigue annonce 8 Millimètres de Joel Schumacher.

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Test Blu-ray / Le Journal d’une femme de chambre, réalisé par Jean Renoir

LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE (The Diary of a Chambermaid) réalisé par Jean Renoir, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Paulette Goddard, Burgess Meredith, Hurd Hatfield, Francis Lederer, Judith Anderson, Florence Bates, Irene Ryan, Reginald Owen…

Scénario : Burgess Meredith, André Heuzé, André de Lorde & Thielly Norès, d’après le roman d’Octave Mirbeau

Photographie : Lucien N. Andriot

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h27

Date de sortie initiale: 1946

LE FILM

En Normandie, à la fin du XIXe siècle. Célestine, une jeune et jolie femme de chambre, débarque de Paris pour se mettre au service des Lanlaire, une famille bourgeoise et conservatrice qui ne lui compte pas les humiliations. Madame Lanlaire, qui ne vit que pour son fils Georges, malade et dépressif, pousse la jeune femme dans les bras de celui-ci. Mais cette liaison est fragile, d’autant plus que Célestine, soucieuse de se ranger, est également convoitée par Joseph, l’inquiétant valet qui prend plaisir à faire souffrir les oies qu’il tue, et le capitaine Mauger, un voisin primesautier. Joseph finit par entraîner la soubrette dans ses sinistres projets…

En janvier 1941, Jean Renoir (1894-1979) débarque aux Etats-Unis et s’installe en Californie, où il parvient à signer un contrat avec la Fox. Mais cela ne va pas être le rêve américain pour le réalisateur et la vie à Hollywood encore moins chose facile. Il démarre sa carrière US avec L’Étang tragique Swamp Water, avec Walter Brennan et Anne Baxter, dont le tournage sera surveillé par la production, qui lui impose des prises de vue en studio, là où le cinéaste pensait profiter des extérieurs comme il en avait l’habitude. C’est un échec commercial. Dans Vivre libre This Land is Mine, il dirige Charles Laughton, son témoin à son mariage, ainsi que la sublime Maureen O’Hara, qui obtient un Oscar en 1943. Avec L’Homme du sud The Southerner, Jean Renoir, qui a pour assistant un certain Robert Aldrich, se rapproche par ses thèmes abordés d’un John Ford et obtient le Prix du meilleur film à la Biennale de Venise en 1946, ainsi qu’une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur. La même année, il décide d’adapter enfin Le Journal d’une femme de chambre, roman d’Octave Mirbeau paru en 1900, projet de longue date et qu’il peut concrétiser grâce au soutien financier de ses deux amis Paulette Goddard et Burgess Meredith, alors époux à la ville. Grâce à cette liberté, Jean Renoir signera ce qui apparaît sans doute comme son œuvre américaine la plus libre, la plus proche de lui et la plus représentative de son univers. Même s’il prend beaucoup de libertés avec le livre original, le réalisateur ponctue son film de moments tragi-comiques succulents, en fustigeant les bassesses de la bourgeoisie et l’arrivisme exacerbé des petites gens, notamment du personnage principal, merveilleusement incarné par Paulette Goddard, au sommet de son talent de sa beauté.

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Test Blu-ray / Retour à la bien-aimée, réalisé par Jean-François Adam

RETOUR À LA BIEN-AIMÉE réalisé par Jean-François Adam, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Isabelle Huppert, Jacques Dutronc, Bruno Ganz, Christian Rist, Jean-François Adam, Aline Bertrand, Rodolphe Schacher, Axelle Bernard…

Scénario : Jean-François Adam, Jean-Claude Carrière, Benoît Jacquot & Georges Perec

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Antoine Duhamel

Durée : 1h38

Date de sortie initiale: 1979

LE FILM

Obscur pianiste, Julien vit de plus en plus mal la séparation avec sa femme Jeanne et son fils, d’autant plus que ceux-ci forment désormais une famille auprès du docteur Kern et qu’ils vivent tous dans son ancienne maison. Impatient de reconquérir celle qu’il a perdu, aidé d’un complice qu’il sacrifie, Julien orchestre un complot machiavélique dans le but de faire accuser son rival de meurtre…

Jean-François Adam a comme qui dirait été un feu follet dans le cinéma français. Né en 1938, Jean François Albert Hermant Abraham-Adam de son vrai nom aura été assistant réalisateur de Robert Enrico (Au coeur de la vie, La Belle vie) et de Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle, L’Armée des ombres), régisseur et décorateur sur Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda, ainsi que comédien chez François Truffaut (Antoine et Colette, Baisers volés) et chez Maurice Pialat (Passe ton bac d’abord). Parallèlement, il écrit et réalise trois longs-métrages, M comme Mathieu (1970), Le Jeu du solitaire (1975) et Retour à la bien-aimée (1979). Redoutablement dépressif, il se donnera la mort le 15 octobre 1980 à l’âge de 42 ans. Son troisième et dernier film rend compte du caractère à la fois romantique et furieusement mélancolique de son auteur. Si quatre auteurs sont crédités au scénario, dont Jean-Claude Carrière, Benoît Jacquot et Georges Perec, Retour à la bien-aimée demeure emblématique de la sensibilité et de l’univers de Jean-François Adam, où derrière une apparence froide, voire clinique, qui pourra rebuter plus d’un spectateur, s’affrontent des êtres poussés par leurs sentiments amoureux exacerbés. Réservée à un public averti et non allergique au cinéma d’auteur français , cette œuvre personnelle s’avère difficile d’accès et permet surtout d’admirer le jeu intense, ainsi que le charisme magnétique de Jacques Dutronc, qui se permet de voler la vedette à Isabelle Huppert, diaphane, quasi-fantomatique et donc parfaite pour incarner la femme qui s’est évaporée de la vie du personnage principal. Une expérience à part entière.

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Test Blu-ray / L’Amour trop fort, réalisé par Daniel Duval

L’AMOUR TOP FORT réalisé par Daniel Duval, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 24 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Marie-Christine Barrault, Jean Carmet, Daniel Duval, Hubert Deschamps, Christian Delangre, Alain Flick, Monique Pantel, Bernard Dumaine…

Scénario : Daniel Duval & Jean Curtelin

Photographie : Michel Cénet

Musique : Maurice Vander

Durée : 1h31

Date de sortie initiale: 1981

LE FILM

Une solide amitié liait Max, vieil acteur raté, à Charlie, jeune metteur en scène ambitieux, jusqu’au jour où ce dernier rencontre le grand amour en la personne de Rose-Marie, une jeune antiquaire un peu bourgeoise. Abandonné par sa femme, Max se raccroche au nouveau couple mais sa présence devient trop pesante et Rose-Marie menace de rompre si Charlie ne choisit pas.

Dans l’esprit des cinéphiles, Daniel Duval (1944-2013) c’est avant tout une gueule incroyable vue dans Que la fête commence (1974) de Bertrand Tavernier, Le Bar du téléphone (1980) de Claude Barrois, Les Loups entre eux (1985) de José Giovanni, Stan the Flasher (1990) de Serge Gainsbourg. Peu de grands rôles, mais des apparitions marquantes, un charisme à part, une sensibilité à fleur de peau, une rage intérieure. En 1996, le succès surprise de Y aura-t-il de la neige à Noël ? de Sandrine Veysset va changer la donne et le comédien, qui avait entamé la cinquantaine, va se voir proposer plus de rôles au cinéma, chez Xavier Durringer (J’irai au paradis car l’enfer est ici), Jeanne Labrune (Si je t’aime, prends garde à toi), Philippe Garrel (Le Vent de la nuit), Michael Haneke (Le Temps du loup), Olivier Marchal (36 Quai des Orfèvres), etc. Mais parallèlement à sa carrière d’acteur, Daniel Duval était également scénariste et réalisateur. Six longs-métrages écrits et mis en scène de 1974 avec Le Voyage d’Amélie à 2006 avec Le Temps des porte-plumes, son plus grand hit restant bien sûr La Dérobade (1979), qui attire 2,8 millions de spectateurs à sa sortie et qui connaît un succès foudroyant dans le monde entier. Après ce triomphe, Daniel Duval revenait à une œuvre plus intimiste et personnelle, complètement méconnue, L’Amour trop fort, dont il partageait l’affiche avec Jean Carmet et Marie-Christine Barrault. Ou quand l’amour et l’amitié s’imbriquent et doivent cohabiter. On pense à une version tragique de Viens chez moi, j’habite chez une copine, mais L’Amour trop fort s’en distingue très rapidement avec la force, la délicatesse, l’élégance et la passion propres à son auteur, loin de toute mièvrerie ou facilité, qui rappellent souvent le cinéma de Claude Sautet. Autant dire que L’Amour trop fort, qui n’avait pas du tout connu le même engouement que La Dérobade, demeure encore un film ignoré, peut-être incompris ou obscur, et qui s’avère quarante ans après une sacrée belle découverte.

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Test Blu-ray / Le Bison Blanc, réalisé par J. Lee Thompson

LE BISON BLANC (The White Buffalo) réalisé par J. Lee Thompson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Charles Bronson, Jack Warden, Will Sampson, Clint Walker, Slim Pickens, Stuart Whitman, Kim Novak, John Carradine…

Scénario : Richard Sale, d’après son roman

Photographie : Paul Lohmann

Musique : John Barry

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1977

LE FILM

En septembre 1874, Wild Bill Hickok, poursuivi par un cauchemar récurrent figurant un énorme bison blanc, retourne dans l’Ouest américain. Caché sous le pseudonyme de James Otis, l’homme, qui ne s’est pas fait que des amis, est bien décidé à traquer l’animal. Pendant ce temps, un énorme bison blanc fait un massacre dans un village d’indiens Oglalas. Après un long périple, Hickok entre finalement en contact avec Crazy Horse, des Oglalas, qui évoque le carnage perpétré par l’animal.

Les fans de Charles Bronson le savent, Le Bison Blanc The White Buffalo est un film à part dans la carrière conséquente de l’acteur, un opus rare qui avait longtemps disparu des radars après son échec au cinéma en 1977. Cette seconde collaboration (sur neuf) du comédien et du réalisateur britannique J. Lee Thompson, mise en scène un an après Monsieur St. Ives et trois ans avant Capo Blanco, n’est assurément pas leur plus célèbre, mais probablement la plus singulière d’entre toutes, puisque Charles Bronson y interprète un ersatz de Capitaine Achab, qui va se lancer non pas à la recherche d’une baleine blanche, mais d’un bison blanc, présenté dès le générique comme une créature quasi-fantastique, un animal mythique qu’il ne cesse de voir dans un cauchemar prémonitoire. Une aura mystérieuse plane du début à la fin sur ce long-métrage bizarre, où les genres paraissent se fondre l’un dans l’autre et dans lequel notre ami Charley campe une figure emblématique de l’ouest américain, Wild Bill Hickcok, qui avait déjà été incarné au cinéma par Gary Cooper dans Une aventure de Buffalo Bill The Plainsman (1936) de Cecil B. DeMille, dans Le Triomphe de Buffalo Bill Pony Express (1953) de Jerry Hopper et même dans Little Big Man (1970) d’Arthur Penn. Le Bison Blanc est un western atypique qui se démarque très rapidement par ses effets visuels, cette fameuse bête éponyme réalisée en animatronique et montrée dans un décor presque surréaliste, mais aussi par l’apparence physique de la star, qui crée un décalage un peu à la Mystères de l’Ouest. Une belle curiosité.

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Test Blu-ray / Terreur extraterrestre, réalisé par Greydon Clark

TERREUR EXTRATERRESTRE (Without Warning) réalisé par Greydon Clark, disponible en DVD et Édition Digibook Collector, Combo Blu-ray + DVD + Livret le 19 août 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Jack Palance, Cameron Mitchell, Martin Landau, David Caruso, Kevin Peter Hall, Neville Brand, Sue Ane Langdon, Ralph Meeker…

Scénario : Lyn Freeman, Daniel Grodnik, Steve Mathis & Bennett Tramer

Photographie : Dean Cundey

Musique : Dan Wyman

Durée : 1h37 (version intégrale)

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Une série d’attaques de petites créatures volantes et voraces provoque des morts isolées dans une campagne de l’Amérique profonde. Alerté par un couple de jeunes ayant survécu à l’hécatombe, un petit groupe lutte désespérément contre un impitoyable prédateur d’un autre monde, qui hante les forêts et chasse tous les humains qu’il rencontre.

Pour beaucoup, Greydon Clark est le réalisateur d’un nanar ultime, une référence en la matière, Le Clandestin Uninvited, dans lequel George Kennedy se retrouvait face à un chat mutant, fruit des expériences d’un laboratoire ayant entraîné, qui avait pour particularité de dissimuler un autre chat démoniaque, vivant à l’intérieur de l’animal. Ça y est ? Vous l’avez ? C’est lui Greydon Clark (né en 1943), metteur en scène, producteur, scénariste et parfois acteur, à qui l’on doit aussi Black Shampoo (1976), Satan Cheerleaders (1977) et Les 7 Filles en or Angels’ Brigade (1979), emblématique du cinéma de drive-in, des séries B souvent à la limite du Z, quand elles ne s’y vautraient pas complètement, de l’exploitation pur jus, faite à la va-vite, tournée avec le moins de fric possible, dans l’espoir d’en ramasser un maximum. 1979, Alien, le huitième passager sort sur les écrans. Les (méchantes) créatures de l’espace vont soudainement renaître sur le grand écran suite au triomphe du film de Ridley Scott. Un scénario circule à la fin des années 1970. S’il est aujourd’hui difficile de dire qui a écrit ou réécrit quoi parmi les quatre auteurs crédités, Lyn Freeman, Daniel Grodnik (également producteur et qui signera juste après Le Monstre du train de Roger Spottiswoode), Bennett Tramer (producteur de la série Sauvés par le gong) et Steve Mathis (un des futurs grands techniciens de John Carpenter), Terreur extraterrestre Without Warning est rapidement mis en route et débarque sur les écrans américains le 26 septembre 1980. De l’avis général des Bisseux et autres cinéphiles déviants, cet opus demeure le meilleur de toute la carrière de Greydon Clark, qui lui aussi aura mis la main à la pâte pour réécrire le script, y compris sur le tournage. Quarante ans ont passé et Terreur extraterrestre a pris du plomb dans l’aile. Si le film vaut encore un curieux coup d’oeil, c’est surtout (pour ne pas dire uniquement) pour la photographie de l’immense chef opérateur Dean Cundey, qui avait fait ses débuts grâce entre autres à Greydon Clark, qui allait se faire remarquer pour son travail avec John Carpenter sur Halloween, la nuit des masques (qu’il allait retrouver pour Fog, New York 1997, The Thing…), avant d’entamer une longue et fructueuse collaboration avec Robert Zemeckis, d’À la poursuite du diamant vert Romancing the Stone (1984) à La Mort vous va si bien Death Becomes Her (1992), en passant par la trilogie Retour vers le futur Bath to the Future, sans oublier son boulot pour Jurassic Park (1991) de Steven Spielberg. Soyons honnêtes, Terreur extraterrestre peine à maintenir l’intérêt du spectateur. S’il n’est pas déplaisant, surtout en raison du cabotinage de Martin Landau et de Jack Palance (déjà à l’affiche d’Angels’ Brigade), le film pâtit de trop grandes longueurs et d’un manque de rythme. Sympathique, mais très paresseux, malgré une ambiance oppressante finalement réussie.

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