Test Blu-ray / Horror Hotel, réalisé par John Llewellyn Moxey

HORROR HOTEL (The City of the Dead) réalisé par John Llewellyn Moxey, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 21 novembre 2023 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dennis Lotis, Christopher Lee, Patricia Jessel, Tom Naylor, Betta St. John, Venetia Stevenson, Valentine Dyall, Ann Beach…

Scénario : George Baxt, d’après une hsitoire originale de Milton Subotsky

Photographie : Desmond Dickinson

Musique : Douglas Gamley

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1960

LE FILM

Chargée pour la fin de ses études d’une thèse sur la sorcellerie, l’étudiante Nan Barlow suit les conseils du professeur Alan Driscoll qui la dirige vers Whitewood, une localité où de nombreux bûchers se sont dressés au 17ème siècle. Bien que son frère et son petit ami la désapprouvent, elle s’y rend seule et découvre que les croyances païennes persistent dans la région, portées par la certitude de certains, que la sorcière Elizabeth Selwyn pourrait surgir du royaume des morts… Et malheur à qui s’y intéresse de trop près !

Solide technicien, John Llewellyn Moxey (1925-2019) sera repéré par l’industrie américaine, qui lui confiera essentiellement les manettes de multiples téléfilms et séries de renom comme Hawaï, police d’état, Mission impossible, Mannix, Magnum et Arabesque. L’une de ses rares incursions au cinéma s’intitule Le Cirque de la peurCircus of fear – Psycho-Circus (1966), petit opus fort sympathique qui oscille entre le film de casse et le cinéma d’horreur, le tout prenant la forme d’un whodunit à la Cluedo, dont la particularité est de voir son récit se dérouler sous le chapiteau d’un cirque. Mais avant cela, le premier long-métrage du réalisateur, The City of the Dead, également connu sous le titre Horror Hotel, ou bien encore La Cité des morts, démontrait déjà le talent de John Llewellyn Moxey. Dans un merveilleux N&B stylisé et gothique concocté par le chef opérateur Desmond Dickinson (L’Enfer des tropiques Fire Down Below de Robert Parrish, Hamlet de Laurence Olivier, L’Homme de Berlin The Man Between de Carol Reed), qui aurait inspiré Christophe Gans pour son adaptation de Silent Hill, le metteur en scène livre un formidable film d’épouvante, remarquablement écrit par George Baxt, futur auteur de classiques du genre comme Le Cirque des vampires Vampire Circus de Robert Young et Le Spectre du chat The Shadow of the Cat de John Gilling (deux produits de la Hammer Films), ainsi que La Tour du diable Tower of Devil de Jim O’Connolly. Avec l’immense Christopher Lee en tête d’affiche, qui retrouvera le metteur en scène six ans plus tard pour Le Cirque de la peur, Horror Hotel conserve non seulement un savoureux parfum vintage, mais s’avère toujours aussi original et furieusement moderne.

En 1692, dans la ville fictive de Whitewood, dans le Massachusetts, une sorcière nommée Elizabeth Selwyn est brûlée vive. Avant sa mort, Selwyn et son complice, Jethrow Keane, ont vendu leurs âmes à Lucifer contre la vie éternelle et se venger de Whitewood en échange de fournir au Diable deux sacrifices humains vierges annuels à l’heure des treize (!) coups de l’horloge, la veille de la Chandeleur et le sabbat des sorcières. De nos jours, après sa conférence sur la sorcellerie, un professeur d’histoire universitaire, Alan Driscoll, conseille à une étudiante intéressée nommée Nan Barlow de visiter Whitewood pendant ses vacances pour apaiser son intérêt pour la sorcellerie en étudiant l’histoire de la ville. Nan s’installe au Raven’s Inn, un hôtel appartenant à l’excentrique Mme Newless, faisant la connaissance de la seule résidente locale d’apparence « normale », Patricia Russell, qui lui prête un livre sur la sorcellerie. En lisant le livre, Nan apprend que cette nuit est la veille de la Chandeleur. Elle est attirée au sous-sol et retenue sur un autel satanique par Mme Newless et les membres de son clan. Mme Newless se révèle être Elizabeth Selwyn avant de procéder au sacrifice de Nan. Deux semaines plus tard, le fiancé inquiet de Nan, Bill Maitland, et son frère, Richard, apprennent que The Raven’s Inn n’existe dans aucun annuaire téléphonique. Ils reçoivent la visite de Patricia, qui s’inquiète également de la disparition de Nan. Les hommes se rendent séparément à Whitewood.

À l’origine, le scénario de George Baxt devait servir au pilote d’une série télévisée qui aurait été interprétée par Boris Karloff. Jusqu’à ce que le producteur Milton Subotsky (Dominique : Les Yeux de l’épouvante, Madhouse, Histoires d’outre-tombe, Dr Who et les Daleks, Les Daleks envahissent la terre, La Maison qui tue) change son fusil d’épaule et décide de reprendre l’histoire, en y agrémentant une intrigue secondaire romantique, celle avec le petit ami qui part à la recherche de Nan, suite à son étrange disparition. Horror Hotel est ni plus ni moins la première production de la célèbre maison de production Amicus et sera tourné aux studios Shepperton pour un budget dérisoire. Après une percutante séquence d’introduction qui dévoile l’exécution d’une femme adepte de Satan en l’an de grâce 1692, dans le mystérieux village de Whitewood (Massachusetts), place à Christopher Lee qui prend le relais et qui en tant que professeur et historien s’adresse à une poignée de ses étudiants pour leur narrer le sort réservé à la sorcière Elizabeth Selwyn.

Si le comédien s’impose sans mal et naturellement, le gros point fort du film provient de l’interprétation de Patricia Jessel, actrice britannique disparue en 1968 à l’âge prématuré de 47 ans, qui trouve probablement ici le rôle de sa vie. Son charisme, pour ne pas dire sa tronche incroyable, sied à merveille à la démoniaque Elizabeth Selwyn, revenue d’entre les morts avec son complice Jethrow Keane (Valentine Dyall, lui aussi une sacrée gueule de l’emploi). Le reste du casting est d’ailleurs à l’avenant avec les jolies Venetia Stevenson (La Chevauchée des bannis, Les 7 chemins du couchant), fille du réalisateur Robert Stevenson, et Betta St. John (Le Bandit, Corridors of Blood), la musique de Douglas Gamley (qui bossera souvent pour la Amicus) est flippante à souhait. Si Horror Hotel demeure un film finalement bavard, les dialogues sont très bien écrits, jamais pesants ou redondants.

L’ensemble fait penser à une histoire (qui n’est pas sans rappeler Psychose, sorti la même année) racontée le soir au coin d’un feu à une assistance à la recherche d’émotions fortes avant d’aller se coucher et de demeurer en mode hibou, les yeux grands ouverts et le drap au-dessus du nez. On en redemande et on vous recommande chaudement The City of the Dead.

LE BLU-RAY

Anciennement disponible en DVD chez Bach Films (sous le titre La Cité des morts), Horror Hotel fait désormais peau neuve en Combo Blu-ray + DVD, édition limitée à 1500 exemplaires chez Sidonis Calysta. L’objet prend la forme d’un Digibook, renfermant les deux disques, ainsi qu’un livret écrit par Marc Toullec (24 pages). Visuel soigné et très attractif. Le menu principal est animé et musical.

En plus d’un lot de bandes-annonces, l’autre supplément vidéo de cette édition est un entretien avec Christopher Lee, datant de 1975, durant lequel le comédien fait un point sur sa carrière, mais aussi et surtout sur l’attraction du thème de l’occulte au cinéma. Durant un peu plus d’un quart d’heure, Christopher Lee s’exprime sur le côté amusant de jouer le vilain dans un film (« incarner un personnage sympathique est d’ailleurs beaucoup plus difficile »), sur la difficulté de « rendre crédible l’incroyable » au cinéma, sur le rôle de Dracula qui l’a popularisé à travers le monde (« Mon seul regret est peut-être de l’avoir joué deux ou trois de trop »), avant de parler un peu plus de Horror Hotel à travers quelques anecdotes. Un peu plus loin, il en vient à son personnage de Scaramanga dans L’Homme au pistolet d’or (« grâce auquel j’ai eu le plus de retombées »), à son meilleur rôle (The Wicker Man), sans oublier son film préféré (La Vie privée de Sherlock Holmes, « Billy Wilder, le plus grand réalisateur avec lequel j’ai tourné ») et celui qui a le plus d’impact (Les Trois Mousquetaires et On l’appelait Milady). À noter que Sidonis présente ses excuses via un carton en introduction, quant à la qualité technique de l’interview.

Signalons que l’édition Arrow sortie en 2017 comprenait une quantité impressionnante de suppléments, dont un commentaire audio de Christopher Lee (y compris une interview de 45 minutes), un autre du réalisateur, les deux montages du film et bien d’autres…Immense déception donc.

L’Image et le son

Nouveau master restauré 2K (1080p, AVC) pour Horror Hotel, dont les droits sont tombés dans le domaine public. Ce qui frappe d’emblée, c’est la densité du N&B et la profondeur de champ qui est souvent admirable. La photo est formidablement nuancée avec une large palette de gris, un blanc lumineux et des noirs profonds. Si le grain est étonnamment très lissé, voir aux abonnés absents sur pas mal de plans, les détails sont riches et le piqué aiguisé. La copie est lumineuse, stable et le rendu des textures est très réaliste. Version intégrale britannique.

Le film est disponible en version originale DTS HD Master Audio mono 2.0, mais aussi en VF, également en 2.0., cette version bénéficiant en sus d’une promotion (complètement facultative) en 5.1. La piste anglaise est forcément la plus dynamique du lot et s’impose sans mal avec une belle homogénéité entre les voix des comédiens, la musique et les effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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