Test Blu-ray / Hôtel de France, réalisé par Patrice Chéreau

HÔTEL DE FRANCE réalisé par Patrice Chéreau, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 18 octobre 2023 chez Pathé.

Acteurs : Laurent Grévill, Valeria Bruni Tedeschi, Vincent Perez, Laura Benson, Thibault de Montalembert, Marc Citti, Bernard Nissile, Marianne Denicourt, Isabelle Renauld, Bruno Todeschini, Agnès Jaoui…

Scénario : Patrice Chéreau & Jean-François Goyet, d’après la pièce « Ce fou de Platonov » d’Anton Tchekhov

Photographie : Pascal Marti

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Quand ils avaient vingt ans, Michel et Sonia se sont aimés. Ils faisaient partie d’une bande de copains provinciaux, et Michel en était le leader, celui qui « irait loin ». Mais il s’est arrêté en chemin, et voila qu’ils se retrouvent tous à une réception quelques années plus tard. Sonia ne peut s’empêcher d’être déçue et Michel d’en être blessé.

Vous allez passer les fêtes de fin d’année chez des amis et parmi eux il y en a un en particulier que vous n’aimez pas ? Alors offrez-lui le Blu-ray d’Hôtel de France ! En effet, le quatrième long-métrage réalisé par Patrice Chéreau est une torture de chaque instant, le genre de film qu’on ne souhaite même pas à notre pire ennemi de visionner, alors qu’il est certain qu’il ne s’en remetterait jamais. C’est vous dire. Objet filmé n’importe comment, dont l’intrigue est supposée se dérouler sous un soleil de plomb alors que les arbres sont nus et que de la vapeur s’échappe de la bouche des personnages qui malheureusement ne la ferment jamais, Hôtel de France est l’adaptation de la pièce de Tchekov, Ce fou de Platanov (1878). Pour cette transposition moderne, Patrice Chéreau, directeur de l’école du Théâtre des Amandiers, confie les rôles principaux à ses dix‑neuf élèves, parmi lesquels Vincent Perez, Valeria Bruni‑Tedeschi, Agnès Jaoui, Eva Ionesco, Bruno Todeschini, Thibault de Montalembert, Laurent Grévill, Marc Citti, qu’il filme la plupart du temps ensemble, comme des bêtes sorties de leurs cages et qui n’étaient d’ailleurs pas tous prêts à se retrouver face à la caméra. Car là où le bât blesse constamment, c’est que la troupe étant ainsi jetée en pâture, tous les comédiens ne sont pas bons à l’écran, du moins en même temps. Seules les séquences où deux ou trois (grand maximum) acteurs s’affrontent s’avèrent plus supportables (on cherchait le bon mot), mais l’ensemble demeure franchement irritant, bourré de tics, hystérique (on n’en peut plus au bout de dix minutes), insupportable. En 2022, Valeria Bruni Tedeschi, qui avait donc fréquenté le cours de théâtre à l’école des Amandiers de Nanterre, de Pierre Romans et Patrice Chéreau, devait revenir sur cette période de sa vie et de nous en faire partager le calvaire dans Les Amandiers, autre épreuve cinématographique. Vade Retro !

Un jeune homme et une jeune femme se retrouvent après une longue séparation. Ils ont dî s’aimer. Ils se revoient lors d’une réception presque rituelle. Ils vont tenter de s’aimer à nouveau. Mais l’ambiance, cette année va être empoisonnée par les problèmes d’argent que connaît la famille. Les « amis » sont aussi des créanciers. Les conflits vont s’exacerber au sein du groupe. Les générations s’affrontent dans une atmosphère provinciale, chargée d’ironie et de fiel. L’orage menace. La soirée se terminera mal et la nuit tournera au cauchemar.

C’est la comédie humaine vue par Patrice Chéreau, qui lui-même avait d’ailleurs renié Hôtel de France, gigantesque échec au cinéma (la barre des 100.000 entrées n’avait pas été franchie), qui sous ses airs ambitieux, révèle une prétention qui ne s’adresse à personne. Tous les protagonistes sont furieusement antipathiques, cinglés, détestables même, jamais intéressants donc. Ces « gens-là » comme disait le grand Jacques, passent leur temps à picoler, à s’insulter, à s’humilier, à se caresser, à se foutre sur la gueule, mais toujours ou tout du moins souvent avec le sourire. Impossible de résumer ce qui se déroule à l’écran. Nous sommes à Angers, le long d’une nationale, des potes se retrouvent, certains font partie de la même famille, beaucoup ne se sont pas vus depuis longtemps et puis…bah on s’en fout en fait. Non, ce n’est pas tout à fait cela. Patrice Chéreau ne fait rien, ABSOLUMENT rien pour nous intéresser, non seulement aux « enjeux », mais aussi et surtout à ceux que l’on va devoir supporter durant 1h40.

On s’aime, on se déteste, on s’aime toujours, on s’est perdu de vue, on s’est quitté, oh là là là là là…cela fait combien de temps qu’on regarde ? Vingt minutes ? Oh la vache…On comprend donc que Michel (Laurent Grévill, peroxydé, juste avant Camille Claudel de Bruno Nuytten) et une jeune femme Sonia (Valeria Bruni Tedeschi, déjà très sensuelle), se retrouvent lors d’une réception dans un petit hôtel de province et redécouvrent les sentiments intenses qui les liaient. Seulement voilà, les deux ont depuis refait leur vie. Patrice Chéreau filme les jeunes comme des vieux, qui évoquent le temps qui passe, alors qu’ils ont encore le lait maternel qui leur coule du nez. Hôtel de France, c’est Un éléphant ça trompe énormément revu et corrigé par un auteur frappadingue qui se tape des barres de rire en lisant de la littérature russe. Bavard, pompeux, boursouflé, au secours.

LE BLU-RAY

Pathé disposait déjà de La Reine Margot dans son catalogue. Quasiment dix ans plus tard, l’éditeur revient à Patrice Chéreau en proposant Hôtel de France, dans sa collection Pathé Présente, en Édition Limitée Blu-ray + DVD, Digipack, limitée à 3000 exemplaires avec fourreau. Le menu principal est animé et musical.

Trois interviews croisées réunies en un seul module sont proposées comme supplément (53’). Le comédien Marc Citti (auteur de Les enfants de Chéreau: une école de comédiens), l’universitaire et Maîtresse de conférences École normale supérieure Françoise Zamour, ainsi que Patrice Chéreau lui-même (via des archives enregistrées lors de la présentation d’Hôtel de France au Festival de Cannes en 1987) s’expriment sur la genèse du film, les conditions de tournage, le travail avec les comédiens (ou avec le réalisateur quand Marc Citti prend la parole). Ce remarquable supplément donnerait presque envie de se refarcir Hôtel de France. On dit bien presque, mais ce ne sera pas le cas. En revanche, il n’est franchement pas interdit d’écouter ce bonus concocté par Roland-Jean Charna, durant lequel est également dressé le portrait d’un artiste qui se donnait corps et âme pour son travail, dont l’énergie folle s’alimentait au fur et à mesure de la création. Les thèmes du film, mais aussi ses points faibles (une partie du moins), l’adaptation de Tchekov, le rejet du film par Patrice Chéreau lui-même sont aussi les points abordés.

L’Image et le son

Hôtel de France a été restaurée 4K à partir du négatif original, par L’immagine Ritrovata. Le rendu est pointilleux avec un piqué acéré et des détails éloquents, y compris sur les très nombreuses séquences « heurtées » capturées caméra à l’épaule. Les couleurs retrouvent une clarté évidente, la copie est très propre, la luminosité est constante et le grain original respecté. Les scènes sombres sont peut-être un peu moins définies, mais ce lifting sied bien au film de Patrice Chéreau.

L’unique piste DTS-HD Master Audio 2.0 parvient à équilibrer les dialogues, les ambiances et la bande-originale du film de façon naturelle, sans en faire trop et en respectant le mixage original. Les voix des comédiens sont solidement plantées. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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