Test DVD / Les Amandiers, réalisé par Valeria Bruni Tedeschi

LES AMANDIERS réalisé par Valeria Bruni Tedeschi, disponible en DVD et Blu-ray le 21 mars 2023 chez Ad Vitam.

Acteurs : Nadia Tereszkiewicz, Sofiane Bennacer, Louis Garrel, Micha Lescot, Clara Bretheau, Noham Edje, Vassili Schneider, Eva Danino…

Scénario : Valeria Bruni Tedeschi, Noémie Lvovsky & Agnès de Sacy

Photographie : Julien Poupard

Durée : 2h01

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Dans les années 80, Stella, Etienne, Adèle et toute la troupe ont vingt ans. Ils passent le concours d’entrée de la célèbre école créée par Patrice Chéreau et Pierre Romans au théâtre des Amandiers de Nanterre. Lancés à pleine vitesse dans la vie, la passion, le jeu, l’amour, ensemble ils vont vivre le tournant de leur vie mais aussi leurs premières grandes tragédies.

Au moins une fois par trimestre, sort sur les écrans LE film français qui agace en tout point, sur lequel on a soudainement envie de s’acharner. Voici donc Les Amandiers, cinquième long-métrage réalisé par Valeria Bruni Tedeschi et coécrit avec Noémie Lvovsky, ainsi que le quatrième avec Agnès De Sacy. Et à chaque nouvel opus mis en scène par l’intéressée, on se dit qu’on lui va lui donner une nouvelle chance puisqu’on l’aime beaucoup en tant qu’actrice (5×2, Les Opportunistes, Folles de joie)…mais non, c’est au-dessus de nos forces, une hystérie collective a raison de nous au bout d’un quart d’heure et ça ne s’arrêtera jamais. C’est dommage, car son premier film Il est plus facile pour un chameau… (2002) comportait de bonnes choses, notamment une certaine proximité avec le spectateur, qu’elle a perdu dès son second coup d’essai, Actrices (2007), centrée sur une comédienne angoissée (tiens donc) qui ne vit que pour le théâtre, quitte à mettre de côté sa vie privée. Bon courage à qui voudrait tenter l’expérience, surtout que cela ne s’est pas amélioré par la suite avec Un château en Italie (2013) et sa famille bourgeoise, puis Les Estivants (2018) où une cinéaste cherchait à écrire son nouveau film tout en essayant de se remettre d’une rupture sentimentale. Dans Les Amandiers, c’est la première fois que Valeria Bruni Tedeschi ne tient pas le haut de l’affiche d’une de ses réalisations, bien que le film demeure incontestablement son plus personnel, car ouvertement autobiographique, ou presque, pas totalement, avec ce qui faut de fiction mêlée à ses propres souvenirs reconstitués. Mais très franchement, aller au bout de ces 120 minutes (!!!) est un supplice et ce dès le départ. Avec ses personnages antipathiques et jamais intéressants, Les Amandiers dépeint un milieu, un microcosme détestable où tout le monde est à baffer, complètement déconnecté des réalités et irresponsables. Il faut bien que jeunesse se passe, mais à ce point-là…

Valeria Bruni Tedeschi a fréquenté le cours de théâtre à l’école des Amandiers de Nanterre, de Pierre Romans et Patrice Chéreau, avec entre autres Marianne Denicourt, Vincent Pérez et Agnès Jaoui. Forcément, ça laisse des marques, des stigmates. Était-ce une raison pour revenir sur cette période de sa vie et de nous en faire partager le calvaire ? Car Les Amandiers est bel et bien une épreuve cinématographique que l’on ne souhaite même pas à notre pire ennemi, où on nous raconte l’histoire d’amour impossible et tragique, entre la cinéaste et Thierry Ravel, décédé en 1991 des suites d’une overdose à l’âge de 27 ans. L’alter égo de VBT (ça va plus vite) est incarné à l’écran par la franco-finlandaise Nadia Tereszkiewicz, révélée en 2019 dans Seules les bêtes de Dominik Moll, puis rôle principal de la série Possessions, aux côtés de Reda Kateb. Récompensée par le César du meilleur espoir féminin en 2023 pour Les Amandiers, même si on aurait préféré que Rebecca Marder (sa partenaire dans Mon crime de François Ozon) l’obtienne à la place pour Une jeune fille qui va bien, la comédienne s’en sort bien, mais de là à parler « d’explosion » comme on a pu le lire partout…

La faute à l’écriture des protagonistes, lourde, qui paraissent jusqu’au-boutistes, comme si le théâtre représentait la seule chose qu’ils avaient dans ce monde, surtout Stella…prénom choisi évidemment en hommage à Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams, qui vit dans la grande demeure familiale et qui s’y emmerde royalement. Elle croise alors le regard lessivé d’Étienne, ravagé par la drogue, mais dont la personnalité d’écorché vif attise le feu dans le bas-ventre de Stella. On se dit à un moment que l’un de ses prétendants va se mettre à hurler son prénom comme Marlon Brando dans le film d’Elia Kazan et bingo, cela arrive. On peut souvent s’amuser à ce jeu, à cocher tous les passages attendus liés à une troupe de théâtre composée d’individus disparates qui entrent en collision. Autrement dit, tout le monde baise avec tout le monde, le SIDA est omniprésent, ainsi que les peurs que la maladie engendre, alors bien sûr quelqu’un va sûrement avoir peur de l’avoir. Ce qui ne tarde pas, à plusieurs personnages d’ailleurs puisqu’on le rappelle, ces jeunes chauds comme la b(r)aise (on copule même dans le confessionnal d’une église) ont tous échangé leurs fluides corporels et donc le virus peut avoir circulé de l’un à l’autre.

C’est mal traité, l’émotion ne fonctionne jamais, ça gueule souvent, tandis que VBT a visiblement dépensé tout son budget dans la B.O., de Serge Gainsbourg aux Rita Mitsouko, en passant par Janis Joplin, mixés avec Paganini, Bach, Chopin, Vivaldi, libres de droits. Là-dessus s’ajoute une apparition (malheureusement) remarquée de Suzanne Lindon, oui oui, qui fait sursauter au détour d’un plan car on ne l’attendait pas du tout. Des réminiscences liées à Seize printemps font immédiatement surface et nous donnent des sueurs froides. Chose amusante, elle fait partie dans le film de VBT des quarante aspirants-acteurs, mais s’avère une des premières virées des Amandiers. Justice est faite. C’est de la méchanceté gratuite on avoue, mais parfois ça soulage.

Si on ajoute à cela un Louis Garrel qui a la tête et les chevilles qui enflent en interprétant Patrice Chéreau, Sofiane Bennacer (compagnon de VBT), dont la prestation somme toute honnête a depuis été éclipsées des suites d’une mise en examen pour viols, harcèlement et violences sur des ex-conjointes, un rythme neurasthénique qui contraste avec l’énergie usante et jamais canalisée de la distribution, alors vous obtenez le film parfait pour être présenté en compétition au Festival de Cannes, le seul endroit il aura un peu de chance d’attirer (gratuitement) les spectateurs, qui pourront ensuite dire que « c’est pas maaaaal » autour d’un cocktail Malibu Sunrise, alors qu’ils l’auront déjà oublié. Là aussi c’est purement gratos et réac, puisque Les Amandiers aura tout de même fait plus de 200.000 entrées…soit l’un des pires résultats pour la réalisatrice. Il fallait bien terminer cette chronique sur du venin et ce par pure vengeance d’avoir été jusqu’au bout de cet objet filmé.

LE DVD

Disponible en DVD et Blu-ray depuis le 21 mars, Les Amandiers est pris en charge apparaît sous les couleurs de l’éditeur Ad Vitam. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Seule la bande-annonce est présentée comme supplément.

L’Image et le son

Un gros travail a été réalisé sur l’image, afin de recréer une atmosphère d’époque. La texture de l’image, les flous, la définition, le grain, les contrastes, les couleurs ont été retravaillés en postproduction, après un tournage numérique via la caméra Alexa, dans le but de retrouver un aspect Super 16 et des photographies Kodachrome. En DVD, l’ensemble est conforme aux volontés artistiques originales du chef opérateur Julien Poupard (L’Innocent, La Croisade, Le Prix du succès, Les Ogres). Les scènes sombres sont sans doute les plus difficiles à restituer avec des noirs grumeleux, une palette chromatique un poil terne. La propreté est indéniable, tout comme la stabilité, bien que divers flous, de légers moirages et un piqué quelque peu émoussé demeurent notables tout du long.

Le spectateur a le choix entre les pistes Dolby Digital 5.1 et Dolby Digital 2.0. Notre préférence va évidemment pour la première qui instaure un confort acoustique plus plaisant, une spatialisation musicale dynamique sur les latérales, avec des effets qui savent rester appréciables. Le caisson de basses a peu d’occasions de briller, certaines ambiances parviennent à percer, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. Une piste Audiodescription pour aveugles et malvoyants, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Ad Vitam Production – Agat Films et Cie – Bibi Film TV – Arte France Cinéma / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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