UNE JEUNE FILLE QUI VA BIEN réalisé par Sandrine Kiberlain, disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2022 chez Ad Vitam.
Acteurs : Rebecca Marder, André Marcon, Anthony Bajon, Françoise Widhoff, India Hair, Florence Viala, Ben Attal, Cyril Metzger…
Scénario : Sandrine Kiberlain
Photographie : Guillaume Schiffman
Musique : Patrick Desremaux & Marc Marder
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Irène, jeune fille juive, vit l’élan de ses 19 ans à Paris, l’été 1942. Sa famille la regarde découvrir le monde, ses amitiés, son nouvel amour, sa passion du théâtre… Irène veut devenir actrice et ses journées s’enchaînent dans l’insouciance de sa jeunesse. Mais Irène ne sait pas que le temps lui est peut-être compté.
Il y a un an, nous vous parlions de Seize printemps de Suzanne Lindon, fille de Vincent Lindon et de Sandrine Kiberlain…vous savez ce qu’on en a pensé…nous ne reviendrons pas dessus…sauf si vous voulez rigoler, mais ce n’est pas le but ici. Une jeune fille qui va bien est le premier long-métrage réalisé par Sandrine Kiberlain, qui était déjà passée derrière la caméra en 2016 avec Bonne figure, interprété par Chiara Mastroianni. Avec plus de 70 films à son actif, 35 ans de carrière, un César du meilleur espoir féminin (pour En avoir (ou pas)) de Laetitia Masson), six fois nommée pour la compression de la Meilleure actrice, un César obtenu dans cette catégorie pour 9 mois ferme d’Albert Dupontel, mais aussi Prix Romy-Schneider en 1995 et Molière de la révélation théâtrale en 1997 pour Le Roman de Lulu, Sandrine Kiberlain était on ne peut plus légitime pour devenir réalisatrice. C’est un projet mûrement et longuement réfléchi, envisagé avant même ses débuts au Cours Florent. Comme bien souvent dans une première œuvre, quelques digressions et longueurs se font sentir, ici des séquences de théâtre, vraisemblablement personnelles pour Sandrine Kiberlain, mais qui auraient mérité d’être quelque peu raccourcies. Cependant, il se dégage d’Une jeune fille qui va bien une énergie contagieuse, un charme indéniable, une envie de filmer, de s’exprimer et de diriger des acteurs, un désir de cinéma, de raconter une histoire qui font mouche d’entrée de jeu. Et ce n’est pas tous les jours que le septième art hexagonal révèle un nouvel astre que l’on a hâte de revoir, qui répond au doux nom de Rebecca Marder et qui crève littéralement l’écran. Un premier ouvrage élégant et prometteur.
Irène, à peine 20 ans, ambitionne de devenir comédienne et répète L’Épreuve de Marivaux dans le but de préparer son concours d’entrée au conservatoire…mais comme le dit la merveilleuse chanson Comme toi de Jean-Jacques Goldman, « d’autres gens en avaient décidé autrement… ». Dans Une jeune fille qui va bien, la petite histoire croise la grande. Sandrine Kiberlain choisit de centrer son récit durant l’été 1942, sans montrer le visage Allemand, mais en en abordant le contexte par petites touches, qui bouleversent le quotidien d’Irène et de sa famille. Irène, c’est donc Rebecca Marder, née en 1995, pensionnaire de la Comédie-Française depuis 2015, que l’on a déjà aperçu au cinéma dans Un homme pressé d’Hervé Mimran, Deux moi de Cédric Klapisch et Tromperie d’Arnaud Desplechin. Avant de la retrouver dans Simone, le voyage du siècle d’Olivier Dahan, dans lequel elle incarnera Simone Veil jeune, l’actrice porte le film de Sandrine Kiberlain sur ses épaules, s’empare de ce rôle romanesque et virevoltant, lumineux et chaleureux, qui contraste avec ce qui l’entoure et dont l’étreinte fatale se resserre progressivement sur elle et sur les siens. Si certains tiqueront peut-être devant des minauderies d’Irène, qui n’est pourtant pas une petite fille, le talent, la beauté, le regard clair et le sourire dévastateur de Rebecca Marder foudroient dès sa première apparition. Les cinéphiles auront le plaisir de retrouver à ses côtés le puissant Anthony Bajon (Les Ogres, La Prière, Au nom de la terre, Tu mérites un amour), qui donnait la réplique à Sandrine Kiberlain dans Un autre monde de Stéphane Brizé, ainsi que la géniale et précieuse India Hair (Avant l’aube, Camille redouble, Rester vertical, Petit paysan, Poissonsexe), sans oublier l’imposant André Marcon (récemment dans Illusions perdues), dans le rôle du père d’Irène.
Évidemment, malgré le fait qu’Une jeune fille qui va bien soit un film historique, par ailleurs d’une grande sobriété, aussi bien dans les costumes que dans les décors, le film dissimule une œuvre autobiographique. Sandrine Kiberlain aura su puiser dans sa propre existence pour nourrir le personnage d’Irène, en essayant de mettre en image la passion qui anime la jeune femme et l’espoir de voir un jour ses rêves se concrétiser, mais aussi dans l’histoire de ses grands-parents et de ses parents, Juifs, qui désiraient devenir comédiens.
Présenté en Séance Spéciale à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2021, Une jeune fille qui va bien tire son épingle du jeu face à Presque de Bernard Campan et Alexandre Jollien et Les Promesses de Thomas Kruithof, également deux jolis succès sortis le même jour, et parvient à attirer un peu plus de 160.000 spectateurs sur un ensemble de près de 200 salles. En l’état, Sandrine Kiberlain livre un coup d’essai tout à fait maîtrisé, d’une sensibilité à fleur de peau doublée d’un hymne à la vie et à la jeunesse, dont la dernière image, glaçante, bouleversante, s’avère la plus marquante vue au cinéma en 2022. Ce n’est pas rien et c’est pour ça qu’on attend voir la metteuse en scène transformer cet essai.
LE DVD
Une jeune fille va bien dispose d’une édition DVD et même HD. Nous nous pencherons aujourd’hui sur la galette dite Standard, qui prend la forme d’un boîtier Amaray classique de couleur blanche, glissée dans un surétui cartonné, illustré par le visuel de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Le premier supplément est divisé en quatre petites vidéos (pour une durée totale de 13’30), centré sur les essais des comédiens, Rebecca Marder, Françoise Widhoff, Cyril Metzger et Ben Attal.
Puis, l’éditeur nous fournit les interviews croisées de Sandrine Kiberlain et Rebecca Marder (17’). La réalisatrice s’attarde sur la genèse du film (« je pensais à ce sujet depuis longtemps, avant mon adolescence »), expliquant qu’elle devait avant tout avoir un angle pour l’aborder, avant de poser un regard personnel sur cette époque, avec l’envie de parler de la jeunesse, d’une guerre sans la montrer. Les thèmes et l’écriture du scénario, le casting, la psychologie du personnage principal sont ensuite analysés. Puis, Rebecca Marder s’exprime sur ses essais qui se sont avérés concluants, sur sa préparation pour le rôle et le travail avec Sandrine Kiberlain.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Sans surprise, le master d’Une jeune fille qui va bien est bichonné par Ad Vitam, spécialiste du service après-vente de qualité. Le cadre large subjugue dès les premiers plans, les couleurs chaudes et estivales sont superbes et le piqué tranchant. Les contrastes sont assurés, denses et riches, les détails ne manquent pas et la profondeur de champ est soignée. Malgré un sensible bruit vidéo sur les arrière-plans et un léger fléchissement de la définition sur les scènes en intérieur, la copie demeure éclatante.
La piste Dolby Digital 5.1 impose une spatialisation correcte, notamment musicale (on y entend pêle-mêle Happy voices de René Aubry, Love Letters de Metronomy et All the World Is Green de Tom Waits). Les dialogues ne sont pas en reste, solidement posés sur la centrale. Quelques effets parviennent à créer une atmosphère palpable, sans oublier les ambiances naturelles en extérieur. Une piste stéréo, dense et riche, est également incluse au programme. L’éditeur joint enfin les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.