Test Blu-ray / Holocaust 2000, réalisé par Alberto De Martino

HOLOCAUST 2000 réalisé par Alberto De Martino, disponible en combo Blu-ray + CD-audio bande originale du film chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Kirk Douglas, Simon Ward, Agostina Belli, Anthony Quayle, Alexander Knox, Virginia McKenna, Spiros Focás, Ivo Garrani…

Scénario : Sergio Donati & Alberto De Martino

Photographie : Erico Menczer

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Un riche homme d’affaires se rend sur un site où il décide de créer un réacteur nucléaire assez puissant pour alimenter en énergie électrique toute la planète. Sur le site, il découvre une grotte enfouie sous les sables, sur les murs de laquelle sont inscrits d’étranges dessins…

En 1977, tout va bien pour Alberto De Martino (1929-2015). Le metteur en scène des Sept Gladiateurs, de Persée l’invincible, du Triomphe d’Hercule, du Manoir de la terreur, du Conseiller et de Django tire le premier, vient récemment de signer L’Antéchrist, qui découlait tout naturellement de L’Exorciste de William Friedkin, triomphe international qui allait donner naissance à moult ersatz. Plus qu’une copie carbone transalpine de ce dernier, L’Anticristo, sorti à peine un an après, se permettait souvent d’égaler son modèle. L’intensité de la mise en scène, la beauté de la photographie signée Aristide Massacessi alias Joe d’Amato, l’excellence des comédiens (l’interprétation possédée de Carla Gravina, Anita Strindberg, Alida Valli), sauf Mel Ferrer qui n’avait jamais été concerné par ce qui se passait tout au long de sa carrière, la partition expérimentale et envoûtante d’Ennio Morricone et de Bruno Nicolai et la violence de ses trois séquences d’exorcisme, contribuaient à faire de L’Antéchrist un capolavoro du cinéma Bis. Rares sont finalement ceux qui auront pu rivaliser avec le jusqu’au-boutisme d’un des papes du cinéma populaire italien des années 1960-1970, les films de genre récents n’arrivant d’ailleurs pas à la cheville de ses œuvres. Après L’Antéchrist, Alberto de Martino renoue avec le poliziottesco et livre Spécial Magnum Una Magnum Special per Tony Saitta, dans lequel se croisent Stuart Whitman, John Saxon, Martin Landau et Carole Laure. Puis, le cinéaste dirige rien de moins que l’immense Kirk Douglas dans Holocaust 2000, fable de science-fiction saupoudrée cette fois de quelques touches de La Malédiction The Omen, le chef d’oeuvre de Richard Donner étant sorti quelques mois auparavant. S’il est évident que certains partis-pris pourront faire sourire une partie des spectateurs aujourd’hui, Holocaust 2000 n’en demeure pas moins une valeur sûre du film d’exploitation, dont le sujet est pris avec sérieux et qui vaut évidemment le coup d’oeil pour y découvrir la légende hollywoodienne à fossette, toujours autant investie et prête à tout pour montrer ses grandes capacités physiques, quitte pour cela à se mettre à poil devant la caméra. C’est carré, c’est propre, c’est chiadé, bien écrit, divertissant, impeccable donc.

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Test 4K UHD / Clash, réalisé par Raphaël Delpard

CLASH réalisé par Raphaël Delpard, disponible encombo Blu-ray + 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Catherine Alric, Pierre Clémenti, Bernard Fresson, Vjenceslav Kapural, Christian Forges, Jean-Claude Benhamou, Igor Galo, Iva Potocnik…

Scénario : Raphaël Delpard

Photographie : Sacha Vierny

Musique : Angélique & Jean-Claude Nachon

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Martine accepte de passer la frontière avec l’argent d’un hold-up dont l’un de ses amis est l’organisateur. Alors qu’elle doit l’attendre dans une sinistre usine désaffectée, la jeune femme se laisse progressivement gagner par une angoisse de plus en plus vive, autant à cause de l’atmosphère de l’endroit que de confuses réminiscences de ses frayeurs enfantines. Surgit par ailleurs, après un ou deux jours, un mystérieux et inquiétant jeune homme, au mutisme infaillible et aux motivations incertaines. Se peut-il qu’il en veuille à la vie de Martine ou n’est-il que le fruit de son imagination torturée ?

Lors de notre chronique de La Nuit de la mort (1980)de Raphaël Delpard (né en 1942), nous n’avions pas été tendres, le taxant de film d’exploitation « franchouillard » qui retenait difficilement l’attention du spectateur et dans lequel rien ou presque ne fonctionnait. Après ce premier coup d’essai dans le genre, qui avait connu un petit succès à sa sortie doublé d’un triomphe en VHS après avoir été rebaptisé Les Griffes de la mort, le réalisateur signait deux comédies aux titres explicites, Les Bidasses aux grandes manœuvres, dans lequel il « dirigeait » Michel Galabru, Paul Préboist, Jacques Legras, Michel Modo et même Jean Reno dans une de ses premières apparitions au cinéma, puis Vive le fric dans lequel il se réservait un des rôles principaux aux côtés de Daniel Prévost et Evelyne Dress. Puis, grisé par l’engouement remporté par La Nuit de la mort, Raphaël Delpard décidait de revenir à l’épouvante avec Clash. Conspué par tous lors de sa présentation au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en janvier 1984, ce sera son dernier long-métrage. Cet accueil glacial (euphémisme) atteindra personnellement le metteur en scène, qui consacrera le reste de sa carrière au documentaire, à la télévision et à la littérature. Pourtant, rétrospectivement, Clash apparaît comme une étape fondamentale dans l’horreur hexagonale. Oeuvre réflective, difficile d’accès, insondable, sombre, violente, baroque, désespérée, on en ressort lessivés, convaincus d’avoir visionné un film à part dans le cinéma français, qui ne cesse de trotter dans la tête longtemps après et vers lequel nous reviendrons souvent pour tenter d’y résoudre tous les mystères.

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Test Blu-ray / Les Loulous, réalisé par Patrick Cabouat

LES LOULOUS réalisé par Patrick Cabouat, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean-Louis Robert, Valérie Mairesse, Charlie Nelson, Françoise Pagès, Toufik Ouchene, Daniel Collombel, Dominique Breton, Bellali Larbi, Little Bob, Raoul Billerey, Philippe Brizard, Alain David , Hélène Surgère…

Scénario : Patrick Cabouat & Marc Casanova

Photographie : Lionel Legros

Musique : Horacio Vaggione & Élisabeth Wiener

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Dans une cité de banlieue, quelques jeunes gens et jeunes filles ont pris l’habitude de se réunir le soir dans un café pour échapper à la solitude et à l’ennui et parce qu’ailleurs tout est fermé et qu’aucune structure d’accueil n’a été prévue pour eux par les promoteurs de la ville. Le patron du « bistrot », Tramoneur, ne voit pas d’un bon œil l’intrusion de ces quelques adolescents dans son établissement, toutefois il les tolère et les supporte quand ils ne font pas trop de bruit.

«Vous en avez assez de cette bande de racailles ? Eh bien on va vous en débarrasser ! ». On se rappelle tous de la visite d’un petit agité dans le quartier du Val d’argent à Argenteuil en 2005. Eh bien, retournons près de trente ans en arrière pour rencontrer ladite faune en question, celle qui déambulait sur l’esplanade de la Défense ou dans les terrains vagues de Créteil, campée sur des motocyclettes, et qui avait osé remplacer le Cacolac par une bière pression au bar-PMU crasseux du coin. Les Loulous est le premier et à ce jour l’unique long-métrage de fiction de Patrick Cabouat (né en 1950). Si l’on pouvait s’attendre à un portrait forcément rétro d’une jeunesse livrée à elle-même à la fin des années 1970, le film bifurque à mi-parcours vers l’inattendu, vers l’onirisme, la fable, avec comme référence évidente Orange mécanique A Clockwork Orange (1971) de Stanley Kubrick. S’il est évidemment loin d’atteindre la perfection formelle de ce dernier, il n’a d’ailleurs pas cette prétention, Les Loulous interpelle avec ce portrait dressé d’un jeune issu de la « meute », Ben, excellemment interprété par Jean-Louis Robert, dans l’unique rôle de sa vie, au charisme lisse, universel et passe-partout. A ses côtés, Valérie Mairesse, qui n’avait fait que deux apparitions au cinéma dans Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio et Adieu poulet de Pierre Granier-Deferre (« Votez Lardatte ! »), trouve ici son premier vrai rôle au cinéma et nous gratifie en plus de sa jolie silhouette dénudée. Tout cela pour dire que Les Loulous déjoue constamment les attentes des spectateurs en les menant sur le terrain de la réflexion sociale et politique. La mise en scène a pris un coup de vieux, mais son propos demeure brûlant d’actualité et l’on découvre aujourd’hui ce film avec beaucoup d’intérêt.

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Test Blu-ray / Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ?, réalisé par Eddy Matalon

ET AVEC LES OREILLES QU’EST-CE QUE VOUS FAITES ? réalisé par Eddy Matalon, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jean-Gabriel Nordmann, Didier Sauvegrain, Louis Navarre, Nathalie Zeiger, Chantal Aba, Olga Valéry, Paul Bisciglia, Tania Busselier, Nanette Corey…

Scénario : Alain Sens-Cazenave

Photographie : Jean-Jacques Tarbès

Musique : Richard Alexandre

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Deux amis, Arthur et Jérôme, souhaitent réaliser un film. Après bien des hésitations, ils renoncent à leurs aspirations premières et optent pour un thème dans l’air du temps : l’érotisme ! Bénéficiant d’une coquette somme d’argent, il ne leur reste plus qu’à trouver le casting idéal. Mais le tandem est loin d’imaginer que ce projet un peu fou va modifier complètement leur existence.

Certains spectateurs adeptes du cinéma qui a « bifurqué » et surtout qui a su proposer quelque chose d’inhabituel, ont sûrement déjà croisé la route d’Eddy Matalon, réalisateur et scénariste du Chien fou (1966) avec Claude Brasseur et la sublime Dany Carrel, de Trop petit mon ami (1970) avec Jane Birkin et Bernard Fressson, d’Une si gentille petite fille !… (1977) et de New-York Black-Out (1978). Dans les années 1970, Eddy Matalon prend le pseudonyme de Jack Angel et signe quelques films érotiques aux titres évocateurs, Les Garces (1973), La Pension du libre amour (1974), La Chatte sans pudeur (1975) et La Bête à plaisir (1975). Au milieu de tout cela, il met en scène sous son vrai nom Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ?, une comédie non dénuée de scènes dénudées, qui se moque gentiment des conditions de tournage et de création en général des films coquins qui fleurissaient à l’époque. Le scénario malin d’Alain Sens-Cazenave, premier assistant d’Alain Lavalle sur La Révélation, fait parfois penser au Magnifique de Philippe de Broca, sorti l’année précédente, mais annonce aussi étrangement On aura tout vu de Georges Lautner, qui n’apparaîtra sur les écrans que deux ans plus tard. S’il n’atteint évidemment pas la grande réussite de ces deux derniers, Et avec les oreilles qu’est-ce que vous faites ? n’en demeure pas moins intéressant à plus d’un titre, drôle, intelligent, bourré d’idées et divertissant. Et en plus on se rince l’oeil, les deux même, alors pourquoi se priver ?

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Test Blu-ray / La Révélation, réalisé par Alain Lavalle

LA RÉVÉLATION réalisé par Alain Lavalle, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Olga Georges-Picot, Juliette Mills, Sady Rebbot, Robert Etcheverry, Jacques Santi, Danièle Vlaminck, Daniel Sarky, France Verdier, Garlonne Errlichman…

Scénario : Giova Selly

Photographie : Claude Beausoleil

Musique : Nachum Heiman

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Claire est seule pendant les vacances, enfants et mari étant partis. Elle connaîtra les joies de l’adultère grâce à une amie.

Avant de réaliser La Révélation, qui restera probablement son seul long-métrage de fiction, Alain Lavalle avait été l’assistant d’Eddy Matalon (Trop petit mon ami). C’est ce dernier qui confie à Alain Lavalle le soin de tourner La Révélation, d’après un scénario de Giova Selly, alias Giova Lavalle, sa compagne. Avant tout ethnologue et psychologue, romancière spécialisée dans les histoires sentimentales (elle a écrit des célèbres romans-photos pour Nous-Deux), historiques et policières, Giova Selly signe ici son unique histoire pour le cinéma. Vu le bagage de l’écrivaine et son talent pour dépeindre les comportements, ainsi que les mœurs de ses personnages, il n’est pas étonnant que La Révélation détonne quelque peu dans le cinéma érotique des années 1970, avec notamment un spleen qui accompagne la protagoniste, Claire, interprétée par la troublante Olga Georges-Picot, dont le regard triste foudroie instantanément et ce durant les 80 minutes de cet étrange long-métrage, à la fois maladroit (de par sa mise en scène), souvent ennuyant en raison de digressions dites « auteuristes », mais aussi généralement fascinant grâce à la présence, l’aura et le charisme de son actrice principale.

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Test 4K UHD / Les Trois Visages de la peur, réalisé par Mario Bava

LES TROIS VISAGES DE LA PEUR (I tre volti della paura) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray et combo Blu-ray – 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michèle Mercier, Lidia Alfonsi, Boris Karloff, Susy Andersen, Jacqueline Pierreux, Milly Monti, Gustavo De Nardo, Mark Damon, Massimo Righi…

Scénario : Marcello Fondato, Alberto Bevilacqua & Mario Bava

Photographie : Ubaldo Terzano

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Le film est composé de trois sketches qui, chacun, mettent en scène une situation horrifique. Trois histoires :

«Le Téléphone». Rosy, une prostituée, décroche le téléphone. Au bout du fil, une voix mystérieuse lui annonce qu’elle va bientôt mourir. Les appels se succèdent et Rosy, désemparée, ne sait pas si elle doit croire les dires de cette voix d’outre-tombe.

«Les Wurdalaks». Vladimir d’Urfe, un voyageur, parcourt à cheval une campagne slave d’un autre siècle. Il tombe sur le cadavre d’un homme, le coeur transpercé par une épée.

«La Goutte d’eau». Miss Chester, une infirmière, est appelée en pleine nuit dans la demeure d’une malade qui vient de mourir. Alors que l’orage gronde, elle fait la toilette de la défunte et lui subtilise la bague qu’elle a au doigt…

De l’avis de ses très nombreux admirateurs à travers le monde, Les Trois visages de la peurI Tre Volti Della Paura (ou Black Sabbath pour son exploitation anglo-saxonne) est le meilleur long-métrage réalisé par Mario Bava (1914-1980). Si cela restera forcément sujet à débat, ce film à sketches demeure sans aucun doute la pièce centrale de sa filmographie, celle à travers laquelle le cinéaste bifurque définitivement vers le genre horrifique dont il deviendra l’un des maîtres absolus et définitifs. Les Trois visages de la peur, c’est comme qui dirait le rond-point de la carrière du réalisateur, où Mario Bava profite de ses trois segments pour théoriser l’épouvante au cinéma, à travers trois approches et ambiances distinctes, et pourtant imbriquées et évidentes. Trois ans après Le Masque du démonLa Maschera del demonio, le film pour lequel il était pour la première fois crédité au générique et seul aux manettes, le maestro s’impose en cette année 1963 avec trois œuvres qui reflètent le tournant de sa carrière avec La Fille qui en savait tropLa Ragazza che sapeva troppo, Les Trois visages de la peur, puis Le Corps et le FouetLa Frusta e il corpo. Le gore, le giallo, le thriller moderne transalpin apparaissent et se lieront l’année suivante dans le « capolavoro » Six femmes pour l’assassinSei donne per l’assassino. C’est dire l’importance des Trois visages de la peur, non seulement dans le cinéma italien, mais aussi et surtout dans le genre horrifique au cinéma !

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Test Blu-ray / La Ruée des Vikings, réalisé par Mario Bava

LA RUÉE DES VIKINGS (Gli Invasori) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Cameron Mitchell, George Ardisson, Ellen Kessler, Alice Kessler, Françoise Christophe, Andrea Checchi, Folco Lulli, Franco Giacobini, Raf Baldassarre…

Scénario : Oreste Biancoli, Piero Pierotti & Mario Bava

Photographie : Mario Bava

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au Xe siècle, le baron Ruthford et ses hommes exterminent des vikings installés sur les côtes anglaises et dont le chef, Harald, est tué. Mais un jour, Ruthford ranime la haine. Iron, fils d’Harald, se bat à son tour contre les Anglais tout en s’opposant à son frère Erik, qui se trouve dans le camp opposé.

En 1958, le triomphe international des VikingsThe Vikings de l’immense Richard Fleischer, donne évidemment envie à certains producteurs, en particulier italiens, de surfer sur ce nouvel engouement des spectateurs pour la vie de ces pirates Scandinaves qui ont écumé les mers du VIIe au XIe siècle. L’un de ces premiers ersatz est Le Dernier des Vikings – L’Ultimo dei Vikinghi, réalisé par Giacomo Gentilomo, mais aussi et surtout par Mario Bava, même si ce dernier n’est pas crédité à la mise en scène. En revanche, la même année sort La Ruée des Vikings – Gli Invasori, officiellement le second long-métrage de Mario Bava (autrement dit, pour lequel il se retrouve seul aux manettes), un an après Le Masque du démon – La Maschera del demono. A l’instar d’Hercule contre les vampires – Ercole al centro della terra, qu’il coréalisera avec Franco Prosperi et qui sortira aussi en 1961, Mario Bava prend son envol avec La Ruée des Vikings, dans lequel son art pictural éclate aux yeux des spectateurs, puisqu’en plus du scénario coécrit avec Oreste Biancoli (Le Voleur de bicyclette, Le Petit monde de Don Camillo) et Piero Pierotti (Maciste en enfer, Super 7 appelle le Sphinx), il en signe également la sublime photographie, où l’on reconnaît immédiatement sa griffe. Certes, La Ruée des Vikings a souvent du mal à rivaliser avec son modèle américain, au budget beaucoup plus conséquent, mais Mario Bava s’acquitte fort honorablement des moyens mis à sa disposition. Tourné essentiellement en studio et dans la périphérie de Rome pour les scènes en bord de mer, le film bénéficie aussi de costumes soignés, d’une reconstitution très honnête et surtout de l’oeil de l’artiste, Mario Bava lui-même, dont la première vocation était la peinture (il avait d’ailleurs fait les Beaux Arts), qui concocte des plans crépusculaires à se damner de beauté, tout en jouant déjà avec ses couleurs de prédilection, qui feront sa marque de fabrique et participeront à sa légende. La Ruée des Vikings possède encore un charme fou et la rigueur de Mario Bava lui a permis de traverser la deuxième moitié du XXè siècle sans trop d’encombre. Le divertissement est en tout cas toujours au rendez-vous !

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Test Blu-ray / Bianco Apache, réalisé par Bruno Mattei & Claudio Fragasso

BIANCO APACHE réalisé par Bruno Mattei & Claudio Fragasso, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Sebastian Harrison, Lola Forner, Alberto Farnese, Charly Bravo, Cinzia de Ponti, Charles Borromel, José Canalejas, Luciano Pigozzi…

Scénario : José Maria Cunillés, Franco Prosperi, Isabel Mula

Photographie : Luigi Ciccarese

Musique : Luigi Ceccarelli

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

L’Ouest américain, durant la seconde moitié du XIXème siècle – Un convoi de pèlerins est attaqué par une bande de pillards. Ces derniers massacrent tout le monde à l’exception d’une femme, sauvée in extremis par des Apaches. Enceinte, elle est ramenée jusqu’à leur camp, où elle meurt en couches. L’enfant survit. Baptisé Shining Sky, il est élevé par White Bear, le chef de la tribu.  » L’Apache blanc  » grandit avec Black Wolf, le fils du chef, et devient son meilleur ami. Jusqu’au jour où, tous deux amoureux de la même femme, Rising Sun, Shining Sky tue accidentellement Black Wolf. Il est alors condamné à l’exil.

Tourné avant ou en même temps (on ne sait plus) que Scalps, Bianco Apache, ou Apache Kid pour certains, White Apache pour d’autres, est également un western pro-indien signé Bruno Mattei et Claudio Fragasso en 1987. Mais soyons honnêtes d’emblée, ce film n’atteint pas du tout la réussite de Scalps, même s’il possède quelques atouts. Bianco Apache est interprété par un pseudo-comédien sans saveur ni charisme, Sebastian Harrison, fils du comédien expert ès séries B, Richard Harrison qui, comme c’est étonnant, est aussi le scénariste de Scalps. Pendant près de 45 ans, ce dernier aura écumé tout le cinéma d’exploitation transalpin dans plus de 130 longs-métrages, comptant des péplums, des films d’aventures, des westerns, des poliziotteschi, un peu d’érotisme, beaucoup de ninjas. Les années 1980 voient la naissance des ersatz de Rambo. Richard Harrison y trouve l’un de ses rôles les plus célèbres, celui de Philliiiiiip (« je sais où tu t’caches ! ») dans Hitman le cobra de Godfrey Ho. Après deux thrillers bourrins dont il signe les scénarios, Eliminator de Teddy Page, mais aussi et surtout Chasse à l’homme qu’il réalise lui-même, Richard Harrison pense au passage de flambeau et écrit Scalps pour Bruno Mattei et Claudio Fragasso. On ne sait pas vraiment s’il s’agit d’un échange de « bons procédés », toujours est-il que le rôle principal de Bianco Apache, tourné quasiment avec la même équipe que Scalps et dans les mêmes décors naturels dans la province d’Almeria, est tenu par son rejeton Sebastian Harrison. Un grand dadais d’1m90 qui ressemble plus à un chippendale qu’à un comédien, qui ne parvient jamais à rendre son personnage crédible ou attachant. Là où Scalps s’avérait un western pur et dur, Bianco Apache tourne malheureusement à la comédie involontaire en raison du jeu extrêmement mauvais de sa tête d’affiche blonde peroxydée. Avec ses deux expressions, celle où il a les yeux ouverts et celle où il les ferme, Sebastian Harrison traverse le film comme un somnambule et nous fait bien marrer quand même. Sa partenaire Lola Forner, ancienne Miss Espagne et Miss Monde 1979 (vue aux côtés de Jackie Chan dans Le Marin des Mers de Chine et dans Mister Dynamite) donne certes le meilleur d’elle-même, mais ne peut rivaliser avec la présence de Mapi Galán dans Scalps dans lequel elle apparaissait également. Reste alors le talent certain de Bruno Mattei et de Claudio Fragasso derrière la caméra, qui font de leur mieux pour tenir leur film, ce qu’ils parviennent finalement à faire, car Bianco Apache, reste un western divertissant marqué cette fois encore par différentes scènes de fusillades particulièrement bien filmées (le massacre des Mormons en début de programme), photographiées et soutenues par un montage efficace. Alors, oublions son « comédien » insipide et profitons du mieux possible de Bianco Apache.

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Test Blu-ray / Scalps, réalisé par Bruno Mattei & Claudio Fragasso

SCALPS réalisé par Bruno Mattei & Claudio Fragasso, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Vassili Karis, Mapi Galán, Charly Bravo, Beni Cardoso, Alberto Farnese, Lola Forner, Emilio Linder, José Canalejas…

Scénario : Italo Gasperini, Richard Harrison, Bruno Mattei, Roberto Di Girolamo & José Maria Cunillés

Photographie : Julio Burgos & Luigi Ciccarese

Musique : Luigi Ceccarelli

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

A la fin de la guerre de Sécession, la fille d’un chef indien, Yari, est enlevée par une troupe de soldats sudistes menée par le commandant d’un fort texan qui refuse de se rendre aux Nordistes. La jeune femme, dont la tribu a été massacrée, parvient à s’échapper et vient se réfugier dans la maison de Matt, un vétéran devenu fermier, qui accepte de la protéger.

Qui aurait pu penser que le western italien donnerait quelques signes de vie à la fin des années 1980 ? Il n’y avait probablement que Bruno Mattei et son comparse Claudio Fragasso pour tenter un revival du genre abandonné plus de quinze ans auparavant, avant de donner naissance à moult parodies du genre On l’appelle Trinita – Lo chiamavano Trinità… (1970) d’Enzo Barboni et l’extraordinaire chant du cygne représenté par Mon nom est Personne – Il mio nome è Nessuno (1973) de Tonino Valerii. Après les ersatz de Rambo intitulés Strike Commando (1986) et Double target – Cibles à abattre (1987), Vincent Dawn alias Bruno Mattei enchaîne avec deux westerns tournés simultanément avec son complice Claudio Fragasso, qui de son côté n’était pas resté sans rien faire puisqu’il venait d’emballer Monster Dog – Leviatán, ou quand une rock star tombait nez à nez avec une meute de chiens sauvages. Scalps est une merveilleuse surprise. D’une part parce qu’il s’agit d’un véritable et sérieux western pro-indien, d’autre part le film est très bien mis en scène et interprété. Marqué par une violence frontale assez impressionnante, Scalps démontre une fois de plus que lorsqu’il se donnait la peine, Bruno Mattei pouvait accomplir de très bonnes choses, à la fois au scénario, coécrit avec Roberto Di Girolamo (futur producteur du Dracula de Dario Argento et du Crime farpait d’Álex de la Iglesia), d’après une histoire de Richard Harrison (comédien vu dans une ribambelle de péplums et dans le rôle légendaire de Philliiiiiip de Hitman le cobra), comme à la réalisation. D’une rigueur inattendue et soutenu par une très belle photographie, ainsi que des décors soignés, Scalps est un vrai et bon western antiraciste et féministe, à découvrir absolument.

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Test Blu-ray / Novices libertines, réalisé par Bruno Mattei

NOVICES LIBERTINES (La Vera storia della monaca di Monza) réalisé par Bruno Mattei, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Zora Kerova, Mario Cutini, Paola Corazzi, Tom Felleghy, Franco Garofalo, Annie Carol, Edel Paola Montenero, Mario Novelli, Ornella Picozzi, Leda Simonetti, Franca Stoppi, Giovanni Attanasio…

Scénario : Claudio Fragasso

Photographie : Giuseppe Bernardini

Musique : Gianni Marchetti

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Suite à la mort de son père et à la chute dans la démence de la mère supérieure du couvent, soeur Virginia de Leyva devient la nouvelle mère supérieure du couvent de Monza. Voulant corriger les moeurs étranges de la place, la religieuse sème le trouble dans les lieux et devient la cible d’un tueur fou manipulé par un prêtre assassin. De plus, elle devient victime de ses propres rêves qui l’appellent vers la débauche et la luxure…

Étrangement, si l’incroyable histoire vraie racontée dans Novices libertines – La Vera storia della monaca di Monza (1980) est plus connue en France, c’est en raison du dernier long-métrage du grand Paul Verhoeven, Benedetta, qui n’est pas encore sorti (COVID 19 oblige) et qui s’inspire d’un évènement un peu similaire survenu à la même période en Italie. La pré-affiche sulfureuse aperçue au Festival de Cannes bien avant le tournage donnait le (té)ton, puisqu’on y voyait une religieuse, interprétée par Virginie Efira, les lèvres légèrement entrouvertes et vêtue d’un voile transparent qui laissait apparaître son sein droit. Il n’en fallait pas plus pour affoler les cinéphiles et titiller la curiosité de tous pour se pencher un peu plus sur ce fait divers réel survenu au XVIIe siècle en Toscane. Plus de quarante avant Benedetta, le tandem Stefan Oblowsky, alias Bruno Mattei (1931-2007) et son scénariste complice Claudio Fragasso (qui était souvent son coréalisateur) se penchait sur un autre couvent pas très catholique, où les protagonistes sont filmés comme des vampires enfermés dans leur bâtisse, impression renforcée par un maquillage souvent outrancier qui appuie la peau blafarde de ses occupants. Forcément, le sexe est présent dans Novices libertines (par ailleurs tourné en même temps que L’Autre Enfer -L’altro inferno, autre opus de nonnesploitation), mais le film ne se résume sûrement pas à cela. Il s’agit avant tout d’un bel objet de cinéma quoi qu’on en dise, prouvant une fois de plus que Bruno Mattei n’était pas un tâcheron et encore moins l’un des pires cinéastes de tous les temps comme certains ont souvent tendance à le penser.

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