Test Blu-ray / L’Important c’est d’aimer, réalisé par Andrzej Żuławski

L’IMPORTANT C’EST D’AIMER réalisé par Andrzej Żuławski, disponible en Blu-ray le 15 février 2022 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Romy Schneider, Fabio Testi, Jacques Dutronc, Claude Dauphin, Roger Blin, Gabrielle Doulcet, Michel Robin, Guy Mairesse, Katia Tchenko, Nicoletta Machiavelli, Klaus Kinski…

Scénario : Andrzej Żuławski & Christopher Frank, d’après le roman La Nuit Américaine de Christopher Frank

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Georges Delerue

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Un jeune photographe reporter Servais Mont rencontre sur un plateau de tournage Nadine Chevalier, une actrice ratée contrainte, pour survivre, de tourner dans des films pornographiques. Immédiatement séduit, Servais Mont se rend chez elle pour faire une série de photos. La jeune femme est mariée à Jacques, un être fragile, à la fois drôle et amer, qui fuit les réalités de la vie. Très attirés l’un vers l’autre, Nadine et Servais se revoient. Ce dernier décide d’aider Nadine à son insu. Il veut commanditer une pièce de théâtre dans laquelle elle aura enfin un rôle digne de son talent…

Quand on évoque L’Important c’est d’aimer, le troisième long-métrage d’Andrzej Żuławski (1940-2016), on pense tout d’abord à son célèbre thème musical composé par Georges Delerue, qui revient sans cesse, trop diront certains ils n’auraient pas tort, tout au long du film. Puis, un visage apparaît, celui de Romy Schneider (entre Le Trio infernal de Francis Girod et Le Vieux fusil de Robert Enrico), le teint blafard, les yeux trop maquillés, le rimmel se mêlant aux larmes, le regard tourné vers la caméra et donc vers les spectateurs. Une main tendue, suppliante, une voix étranglée par les sanglots qui demande, qui supplie, «Ne faites pas de photos, s’il vous plaît. Non, je suis une comédienne, vous savez. Je sais faire des trucs bien », tandis qu’une réalisatrice hystérique lui ordonne « Vas-y, sens-le ! Tu fais ce qu’on te demande de faire ! ». L’Important c’est d’aimer est autant un des films français les plus étranges des années 1970, qu’un quasi-documentaire sur l’une des plus grandes comédiennes de la deuxième partie du XXè siècle. Tout difficile d’accès qu’il soit, le film d’Andrzej Żuławski rencontrera un succès phénoménal, en attirant plus d’1,5 million de spectateurs dans les salles en février 1975. Un an plus tard, Romy Schneider se verra remettre le tout premier César de la meilleure actrice pour son rôle de Nadine Chevalier. Si l’on a évidemment beaucoup parlé de la performance de son actrice principale, celle-ci est puissamment épaulée par ses deux partenaires, l’italien Fabio Testi (Le Jardin des Finzi-Contini, Le Tueur, La Poursuite implacable) et surtout Jacques Dutronc, qui faisait pour ainsi dire ses premières armes en tant que comédien dramatique. Adaptation libre (on parle de quelques pages seulement) du roman de Christopher Frank, La Nuit Américaine, qui a d’ailleurs lui-même travaillé sur cette transposition, L’Important c’est d’aimer est une étape décisive dans la carrière du cinéaste polonais, où ce dernier installe définitivement ses thèmes de prédilection, tout en s’adonnant à son art de façon jusqu’au-boutiste, viscérale, violente, organique et ultra-sensible.

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Test 4K UHD / La Traque, réalisé par Serge Leroy

LA TRAQUE réalisé par Serge Leroy, disponible en Combo Blu-ray / 4K UHD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Mimsy Farmer, Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau, Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Michel Robin, Paul Crauchet, Gérard Darrieu, Georges Géret…

Scénario : André-Georges Brunelin

Photographie : Claude Renoir

Musique : Giancarlo Chiaramello

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

En vue de louer une propriété, Helen Wells, Anglaise trentenaire travaillant à l’Université de Caen, se rend dans un hameau situé près d’Alençon. Elle y fait la connaissance de quelques bourgeois et parvenus liés par une passion commune : la chasse. Parmi eux, les frères Danville, Albert et Paul, ferrailleurs de profession. Le cadet, Paul, tombe immédiatement sous le charme de Helen. Tandis qu’elle se promène dans la forêt, la jeune femme croise à nouveau les deux hommes, accompagnés de leur ami Chamond. Les deux frères se montrent grossiers, le ton monte jusqu’à l’altercation. Paul se jette sur Helen et la viole, sous le regard complaisant d’Albert. Mais un autre drame va bientôt survenir…

Nous ne sommes pas des gens facilement soupçonnables…

Jean-Pierre Marielle, Jean-Luc Bideau, Michael Lonsdale, Michel Constantin, Philippe Léotard, Paul Crauchet, Michel Robin, Gérard Darrieu et Georges Géret lancés dans une chasse à l’homme, ou plutôt « à la femme », en l’occurrence interprétée par Mimsy Farmer ? D’où sort ce film ? Longtemps invisible et/ou indisponible, La Traque est un thriller foudroyant, un survival magistral doublé d’un drame social virtuose, qui agit toujours comme un vrai coup de tonnerre au sein du cinéma français. Devant nos yeux horrifiés, Mimsy Farmer, beauté diaphane qui rappelle parfois Mia Farrow dans Terreur aveugle – See No Evil (1971) du maître Richard Fleischer, devient une proie poursuivie par des rapaces, comme un insecte pris au piège dans une forêt humide (magnifique photo de Claude Renoir, qui fait le lien avec La Règle du jeu de son oncle) qui s’apparenterait à une toile d’où elle essaierait de s’extraire afin d’échapper à des araignées bien déterminées à la dévorer. Comme Le Vieux fusil de Robert Enrico, sorti d’ailleurs la même année, La Traque demeure une référence aussi bien pour les cinéphiles que pour les réalisateurs français ayant abordé le genre. C’est ce qu’on appelle plus communément un uppercut, un film coup de poing, un chef d’oeuvre dont le goût métallique du sang reste longtemps dans la bouche du spectateur.

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