Test DVD / Y’a pas le feu, réalisé par Richard Balducci

Y’A PAS LE FEU réalisé par Richard Balducci, disponible en DVD depuis le 21 août 2016 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Hubert Deschamps, Henri Génès, Mouss, Philippe Klébert, Pascal Mandoula, Manault Didier, Basile…

Scénario : Richard Balducci & Dominique Sambourg

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Gérard Blanchard & Gérar Lévy

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Dans le Midi de la France. Un pyromane sévissant dans un village, Monsieur le Maire cherche à enrôler des jeunes gens pour lutter contre le feu. Les volontaires se font rares, jusqu’à l’intervention d’une superbe blonde. Autour d’elle la brigade se constitue et les péripéties peuvent commencer.

Après N’oublie pas ton père au vestiaire, On l’appelle Catastrophe et Prends ta Rolls…et va pointer !, nous continuons d’explorer le Richard Balducci Cinematic Universe avec le méconnu Y’a pas le feu, sorti sur les écrans franchouillards le 5 juin 1985. Alors que Terminator de James Cameron explosait le box-office un peu partout et que Francis Huster s’époumonait dans Parking de Jacques Demy (Pourquoi moooooooooiiiiiii ??!!), une comédie tentait de se frayer un chemin jusqu’aux spectateurs qui avaient envie de se mettre autre chose devant les yeux que Mask de Peter Bogdanovich, Birdy d’Alan Parker, La Rose pourpre du Caire de Woody Allen ou Witness de Peter Weir ! C’est vrai quoi, pourquoi aller au cinéma pour réfléchir un peu ??? Heureusement, Richard Balducci était encore présent pour représenter la qualité à la française. D’ailleurs, comme si cela ne suffisait pas, ce n’est pas un, mais DEUX films que l’intéressé vomira dans les salles cette année-là, Y’a pas le feu donc, et le plus connu Le Facteur de Saint-Tropez, avec Paul Préboist, Michel Galabru et Marion Game, dont certains avaient peut-être imaginé qu’il ferait de l’ombre à Pale Rider, le cavalier solitaire de Clint Eastwood, Parole de flic de José Pinheiro ou Legend de Ridley Scott. Mais pour en revenir à Y’a pas le feu, disons qu’il s’agit sans doute du pire de la crasse du graillon de la comédie bien de chez nous. Avant de raccrocher les gants en 1986 avec Banana’s boulevard (le film avec Les Forbans !), l’ami Balducci s’inspirait ouvertement des Bidasses de Claude Zidi, qui avait déjà dix piges (et Dieu sait que l’humour peut changer en une décennie), mais aussi et surtout de Police Academy de Hugh Wilson qui avait cassé la baraque l’année précédente. Mais il est pas con Ricci, pour éviter d’être accusé de plagiat, celui-ci et son coscénariste Dominique Sambourg (producteur du Fou du roi avec Michel Leeb et du Couteau sous la gorge de Claude Mulot) ont remplacé les flics par des pompiers. Le reste, bah c’est comme qui dirait une transposition des films susmentionnés, mais passés au gros rouge qui tâche. C’est affligeant, mais vraiment, et l’on peut y trouver un certain plaisir totalement régressif. Consternant, mais « c’est pour ça qu’c’est bon ! ».

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Test DVD / Ecce Homo Homolka, réalisé par Jaroslav Papousek

ECCE HOMO HOMOLKA réalisé par Jaroslav Papousek, disponible en DVD le 24 août 2022 chez Malavida Films.

Acteurs : Josef Sebánek, Marie Motlová, Frantisek Husák, Helena Ruzicková, Petr Forman, Matej Forman, Yvonne Kodonová, Miroslav Jelínek…

Scénario : Jaroslav Papousek

Photographie : Jozef Ort-Snep

Musique : Karel Mares

Durée : 1h20

Date de sortie initiale: 1970

LE FILM

Un chauffeur de taxi tchèque emmène les siens en week-end à la campagne. Mais au fil du voyage, tous les membres de la famille – sa femme, sa belle-fille, son fils et ses deux petits-enfants – semblent chacun être uniquement rattrapé par ses problèmes personnels.

On connaissait Ecce Bombo (1978), second long-métrage de Nanni Moretti, mais pas ce Ecce Homo Homolka (1970), dont certains cinéphiles français pourraient avoir entendu parler sous le titre La Famille Homolka. « Ecce Homo », signifiant « Voici l’homme », indique que ce film sera une radiographie d’une famille tchèque, à l’aube des années 1970, un constat implacable d’un pays tout juste marqué par le Printemps de Prague survenu deux ans auparavant, qui s’achèvera brutalement sept mois plus tard par l’invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie en août 1968, annihilant l’ensemble des réformes de libéralisation politique engagé par Alexander Dubček, alors premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque, et renforçant de ce fait l’autorité du Parti communiste tchécoslovaque. Des centaines de blessés et une centaine de morts après, nous arrivons à Prague, pour se confronter à une famille « comme les autres », les Homolka. Le deuxième film réalisé par Jaroslav Papousek (1929-1995), après Le Plus bel âge Nejkrásnejsí vek sorti l’année précédente, jusqu’alors scénariste attiré de Miloš Forman (L’As de pique, Les Amours d’une blonde et Au feu, les pompiers !) et d’Ivan Passer (Éclairage intime) s’apparente à une adaptation cinématographique d’un Jeu des 7 familles tchèques, avec le grand-père (qui lit le journal et boit de la bière chaude) et la grand-mère (qui s’occupe de tout et de tous), mariés depuis 35 ans, leur fils (qui voudrait retrouver l’innocence de ses jeunes années, tout en précisant qu’il n’a jamais trouvé ses parents « normaux »), leur bru (qui a pris du poids et qui espérait devenir danseuse) et leurs petits-fils (incarnés par les jumeaux de Miloš Forman), observés avec l’oeil d’un entomologiste lors d’un pique-nique à la campagne ou dans leur environnement naturel, un appartement pragois, où tout le monde se débat pour (sur)vivre ou pour en faire le moins possible, comme si le but était d’hiberner, tout en conservant un maximum de liberté. Ecce Homo Homolka sera un tel phénomène qu’il connaîtra deux suites, Hogo fogo Homolka (1971) et Homolka a tobolka (1972), toutes les deux écrites et mises en scène par Jaroslav Papousek. N’hésitez pas et partez à la rencontre de cette smala bien allumée.

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Test Blu-ray / Sweetie, You Won’t Believe It, réalisé par Yernar Nurgaliyev

SWEETIE, YOU WON’T BELIEVE IT (Zhanym, ty ne poverish – Жаным, ты не поверишь!) réalisé par Yernar Nurgaliyev, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 11 juillet 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Daniyar Alshinov, Assel Kaliyeva, Yerkebulan Daiyrov, Azamat Marklenov, Yerlan Primbetov, Dulyga Akmolda, Almat Sakatov, Rustem Zhaniyamanov, Bekaris Akhetov, Kadirgali Kobentay…

Scénario : Yernar Nurgaliyev, Zhandos Aibassov, Daniyar Soltanbayev, Il’yas Toleu, Anuar Turizhigitov & Alisher Utev

Photographie : Azamat Dulatov

Musique : Nazarbek Orazbekov

Durée : 1h25

Année de sortie : 2020

LE FILM

A la suite d’une dispute avec sa jeune épouse, le mari décide de s’enfuir avec deux amis : un homme d’affaires malchanceux et un flic local. Mais au lieu d’une paisible journée de pêche, une série d’événements mystérieux les attend.

Et si on allait faire un tour au Kazakhstan ? Nous en avions déjà eu l’occasion lors de la sortie dans les bacs du mythique L’Aiguille Igla (1988) de Rachid Nougmanov, avec le légendaire Viktor Tsoi, rockeur et alors représentant d’une génération en pleine ébullition. Depuis, le cinéma kazakh a subsisté, ses réalisateurs étant même souvent invités dans les festivals du monde entier, quand ils ne sont pas carrément conviés à Hollywood, à l’instar du bourrin Timour Bekmambetov, découvert avec son diptyque Night Watch / Day Watch (2004-2005), qui signera par la suite le carton mondial Wanted : Choisis ton destin (2008) avec Angelina Jolie, Morgan Freeman et James McAvoy. En 2019, le premier Festival du film kazakhstanais (ça se dit) se tient à Paris et depuis, un acteur s’est très largement distingué, Daniyar Alshinov, vu récemment dans l’excellente série Infiniti de Thierry Poiraud, aux côtés de Céline Sallette, révélé en 2019 dans le remarqué A Dark, Dark Man d’Adilkhan Yerzhanov. Loin du registre dramatique où on l’avait admiré, il tient le haut de l’affiche d’une comédie noire et déjantée, Zhanym, ty ne poverish, exploitée en France sous le titre Sweetie, You Won’t Believe It. Un étrange et désopilant mélange du magnifique Old Joy (2006) de Kelly Reichardt et de Tucker et Dale fightent le mal Tucker and Dale vs Evil (2010) d’Eli Craig, le tout saupoudré d’humour dingue venu tout droit du cinéma des frères Coen et non pas de celui de Quentin Tarantino, qui rappelons-le, n’a pour le coup rien inventé. Autant vous dire que le dépaysement et le spectacle sont garantis !

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Test DVD / Happy End, réalisé par Oldrich Lipský

HAPPY END (Stastny konec) réalisé par Oldrich Lipský, disponible en DVD le 24 août 2022 chez Malavida Films.

Acteurs : Vladimír Mensík, Jaroslava Obermaierová, Josef Abrhám, Bohus Záhorský, Stella Zázvorková, Jaroslav Stercl, Helena Ruzicková, Josef Hlinomaz…

Scénario : Oldrich Lipský & Milos Macourek

Photographie : Vladimír Novotný

Musique : Vlastimil Hála

Durée : 1h09

Date de sortie initiale: 1967

LE FILM

Sapeur-pompier et sauveteur à ses heures perdues, Bedrich Frydrych manie à merveille son couteau de boucher. Il découvre que sa femme, Julie, a une liaison avec un drôle d’oiseau, un certain Ptácek. Bien décidé à y couper court, Bedrich se retrouve condamné pour un double homicide, mais au pied de la guillotine, il décide que sa mort sera une nouvelle naissance… Rembobinez !?

Amis cinéphiles, arrêtez tout, séance tenante ! Car nous tenons ici un chef d’oeuvre dingue, un joyau, un tour de force comme il en arrive finalement rarement au cinéma. Happy EndStastny konec est une comédie noire sortie en 1967, réalisée par Oldrich Lipský (1924-1986), acteur et metteur en scène de pièces satiriques, qui a pour particularité d’être raconté…à rebours ! Autrement dit, les personnages marchent à reculons, un décapité – notre personnage principal et narrateur – (re)trouve sa tête et naît ce jour-là, quand il a une quarantaine d’années et entreprend de dépeindre l’histoire de sa vie en commençant au moment où la guillotine a fait son office. En fait, Happy End démarre plus précisément par le générique de fin, il faut bien être rigoureux d’emblée, ou en dernier lieu c’est selon. Puis, une voix, celle du phénoménal Vladimír Mensík (habitué des seconds rôles, qui accède enfin en tête d’affiche), que les plus pointus auront peut-être vu dans Un jour, un chat Az prijde kocour (1963) de Vojtech Jasny ou dans Les Amours d’une blonde Lásky jedné plavovlásky (1965) de Miloš Forman, indique calmement « les histoires d’amour sont toujours les mêmes, elles comment bien et finissent mal…mon histoire est complètement différente ! ». Et en effet, nous n’avons pour ainsi dire jamais vu ça, y compris chez le ronflant (euphémisme) Christopher Nolan avec Memento (Zzz) et Tenet (Zzz Zzzz Zzz…) ou chez Gaspar Noé (Irréversible), ou bien encore dans Je t’aime, je t’aime d’Alain Resnais (1967) et donc dans son remake inavoué Eternal Sunshine of the Spotless Mind (2004) de Michel Gondry, sans oublier le superbe 5×2 (2004) de François Ozon et le somnifère de David Fincher, L’Étrange Histoire de Benjamin Button The Curious Case of Benjamin Button (2008), auxquels on ne peut forcément s’empêcher de penser. Mais Oldrich Lipský, que l’on pourrait rapprocher de Dino Risi, va plus loin, beaucoup plus loin que tous ces cinéastes réunis, car si les déplacements, les événements vont « en arrière », l’action se déroule bel et bien au présent. Ou quand le non-sens a du sens, puisque le génie du film provient du fait que l’intrigue se tient et que tout est fluide, même quand les répliques sont aussi déclamées (intelligiblement) en remontant le temps. Bien sûr, les premières secondes peuvent décontenancer, durée nécessaire pour que le cerveau, incroyablement trituré et mis à contribution (soyons honnêtes, cela devient rare), se mette dans les rails des partis-pris narratifs. Une fois calé, votre bonheur n’en sera que plus grand et ce de façon ininterrompue pendant 1h10. Excessivement drôle et constamment inventif, maîtrisé de Z à A, Happy End est un cadeau, un trésor pour les amoureux du septième art. Une chose est sûre, vous ne l’oublierez jamais.

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Test DVD / Black Friday, réalisé par Casey Tebo

BLACK FRIDAY réalisé par Casey Tebo, disponible en DVD et Blu-ray le 9 juin 2022 chez Program Store.

Acteurs : Devon Sawa, Ivana Baquero, Ryan Lee, Stephen Peck, Michael Jai White, Bruce Campbell, Louie Kurtzman, Celeste Oliva…

Scénario : Andy Greskoviak

Photographie : David Kruta

Musique : Patrick Stump

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Le soir de Thanksgiving, un groupe d’employés d’un magasin de jouets ouvre boutique à minuit pour le jour le plus prolifique de l’année. Au même moment, une météorite s’écrase sur terre avec à son bord un parasite extraterrestre, Jonathan, Ken et leurs collègues vont se retrouver avec plus de problèmes que prévu quand leurs clients infectés se transforment en créatures tueuses assoiffées de sang…

Mouarf…À de nombreuses reprises, il est évident que vous vous direz « J’ai déjà vu ça des centaines de fois… » ou « Je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçu » devant ce Black Friday, qui n’en demeure pas moins sympathique. Ce qui attire en premier lieu, c’est bel et bien la présence de Bruce Campbell, devenu rare sur le grand écran (on ne l’y avait pas vu depuis 2015 en fait), qui a su conserver son aura grâce au succès des trois saisons de la série Ash vs. Evil Dead. Également producteur du film qui nous intéresse aujourd’hui, il interprète ici le responsable d’une boutique de jouets (à la fin d’Evil Dead 3 Army of Darkness, celui-ci travaillait d’ailleurs dans un magasin de grande distribution) qui ouvre ses portes à minuit pour l’inévitable opération commerciale, alors que tout le monde est en train de déguster la dinde de Thanksgiving. Mais c’était sans compter sur l’arrivée inattendue d’une étrange créature venue de l’espace rappelant le Blob, bien décidé à se nourrir des clients frappadingues, qui vont lui permettre de s’étendre toujours plus. Le problème, c’est que chaque victime devient extrêmement contagieuse, mais heureusement, la résistance s’organise au sein du magasin. Les prochaines heures risquent d’être difficiles, surtout qu’avant la venue de cet alien gélatineux, les consommateurs paraissaient déjà contaminés par la fièvre acheteuse. Black Friday ne va jamais plus loin que son postulat de départ, faire un parallèle entre les acquéreurs compulsifs et les zombies prêts à sauter sur la moindre occasion…cela rappelle furieusement Zombie Dawn of the Dead de George A. Romero (1978), dans lequel les personnages se réfugiaient dans un centre commercial, qu’ils barricadaient afin de se protéger des zombies et bénéficier des ressources qu’il contenait. Black Friday n’arrive pas à la cheville de cette référence, pamphlet politique et charge contre la société de consommation par excellence, et n’est qu’un divertissement quelconque, entre Zombieland et Shaun of the Dead, sans véritablement de budget ni d’idées neuves, cependant bien agité et comprenant quelques effets gores bien sentis. Mais bon, c’est pas non pluuuuuus…

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Test Blu-ray / Robuste, réalisé par Constance Meyer

ROBUSTE réalisé par Constance Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena, Lucas Mortier, Megan Northam, Florence Janas, Steve Tientcheu, Théodore Le Blanc, Sébastien Pouderoux…

Scénario : Constance Meyer & Marcia Romano

Photographie : Simon Beaufils

Musique : Babx

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.

C’est un fait, Gérard Depardieu n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se retrouve face à une femme qui a du tempérament (Catherine Deneuve, Fanny Ardant…), bien qu’il ait été très rarement dirigé par une réalisatrice (Florence Quentin, Anne Fontaine, Karine Silla-Pérez, Fanny Ardant encore une fois), non, nous ne parlerons pas de Marguerite Duras…En creusant un peu la filmographie du dernier monstre sacré du cinéma hexagonal (250 films répertoriés sur IMDB), par ailleurs toujours aussi actif à bientôt 74 ans, on découvre qu’il a participé à une poignée de courts-métrages, une douzaine tout au plus, dont trois avec la même metteuse en scène, Constance Meyer, Franck-Étienne vers la béatitude (2012), Rhapsody (2016) et La Belle affaire (2018). Pour son premier long-métrage, cette dernière, qui avait officié comme assistante sur Bellamy (2009) de Claude Chabrol et sur L’Autre Dumas (2010) de Safy Nebbou, s’est tout naturellement tournée vers Gérard Depardieu, et l’a pour ainsi dire construit autour de lui, créé pour celui qui n’aura eu de cesse de l’accompagner au fil de sa carrière depuis dix ans. Robuste est autant une comédie-dramatique sur la rencontre de deux solitaires, qu’un portrait en filigrane de notre Gégé (inter)national, qu’on ne se lassera jamais de regarder, d’admirer, d’écouter aussi bien sûr. Splendide du début à la fin, entier, terrien et pourtant d’une délicatesse à fleur de peau, le comédien donne une fois de plus la réplique à la jeune génération avec une générosité débordante et partage l’affiche avec Déborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son premier film, Divines, revue depuis dans Roulez jeunesse de Julien Guetta et Les Invisibles de Louis-Julien Petit, qui lui tient la dragée haute. Fragiles comme du cristal et solides comme un roc, les deux personnages principaux vont tout d’abord se jauger, avant de s’apprivoiser et de devenir complices. Si le propos n’est sans doute pas nouveau, la mouture élégante de Robuste, la très belle photographie de Simon Beaufils (Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Sibyl de Justine Triet, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez) et l’alchimie évidente des deux acteurs emportent facilement l’adhésion.

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Test DVD / Permis de construire, réalisé par Éric Fraticelli

PERMIS DE CONSTRUIRE réalisé par Éric Fraticelli, disponible en DVD le 13 juillet 2022 chez Warner Bros.

Acteurs : Didier Bourdon, Anne Consigny, Eric Fraticelli, Véronique Volta, Simon Abkarian, Michel Ferracci, Samuel Torres Bianconi, Didier Ferrari, Philippe Corti, Laurent Gamelon, Frédérique Bel…

Scénario : Éric Fraticelli & Didier Bourdon

Photographie : Lubomir Bakchev

Musique : Jean-Pierre Marcellesi & Nicolas Zimako

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Dentiste à Paris, Romain vient de perdre son père qu’il n’a pas vu depuis des années. A sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu’une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème: ce terrain se situe en Corse.

Bon, on ne va pas s’étendre comme d’habitude, cette critique-chronique sera comme qui dirait une récréation estivale, comme l’est d’ailleurs le film qui nous intéressera (ou pas) aujourd’hui, Permis de construire. Il s’agit du premier long-métrage réalisé par Éric Fraticelli, humoriste et comédien corse né en 1969. Alors étudiant en philosophie, l’appel des planches est finalement plus fort que celui de l’estrade du professeur qu’il se destinait à devenir. Il s’associe avec son pote de lycée Jacques Leporati, avec lequel il forme le duo Tzek et Pido. Après s’être produits sur quelques petites scènes corses et de Marignane, le succès arrive et les conduit à la capitale, au mythique Palais des Glaces, puis à l’Olympia, où ils assurent la première partie de…Patrick Fiori. Le tandem durera dix ans, puis Éric Fraticelli fait ses débuts au cinéma dans L’Enquête corse, qui cartonne en 2004. La même année, il participe au Silence d’Orso Miret et à Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Désormais, il n’arrêtera pas de tourner, chez Jean-Paul Rouve dans Sans arme, ni haine, ni violence (2007), chez Pascale Pouzadoux dans De l’autre côté du lit (2008)…Suivront Vive la France (2013) de Michaël Youn, La French (2014) de Cédric Jimenez, Marseille (2016) de Kad Merad et Taxi 5 de Franck Gastambide…En 2009, il joue déjà avec Didier Bourdon dans Bambou, réalisé par ce dernier. Plus de dix ans après, les deux hommes écrivent et tiennent le haut de l’affiche de Permis de construire, qui aurait pu être aussi intitulé Bienvenue chez les corses. Car impossible de ne pas penser au film de Dany Boon, tant on y retrouve les mêmes ingrédients, les personnages que tout oppose et qui vont évidemment devenir amis, le décalage culturel, etc…La recette est connue, le cahier des charges élimé jusqu’à la moelle…mais ça passe, car les acteurs sont chouettes, les paysages superbes et Éric Fraticelli n’omet pas l’émotion. Ne vous attendez surtout pas à la comédie française de l’année, mais au moins celle-ci vous fera rire, ce qui n’est pas forcément le cas avec les autres…

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Test Blu-ray / Charlie mon héros, réalisé par Don Bluth

CHARLIE MON HÉROS (All Dogs Go to Heaven) réalisé par Don Bluth, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Burt Reynolds, Dom DeLuise, Judith Barsi, Melba Moore, Charles Nelson Reilly, Vic Tayback, Rob Fuller, Anna Manahan, Loni Anderson, Ken Page, Godfrey Quigley…

Scénario : Don Bluth, Ken Cromar, Gary Goldman, Larry Leker, Linda Miller, Monica Parker, John Pomeroy, Guy Shulman, David J. Steinberg, David N. Weiss

Musique : Ralph Burns

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Charlie, un chien un rien roublard, est assassiné par le gangster Carcasse. Il n’a jamais fait grand-chose de bien au cours de sa vie, mais il est pourtant accepté au paradis des chiens. Décidé à se venger, Charlie trouve le moyen de ressusciter et de revenir sur Terre. Mais il va devoir choisir : continuer à vivre comme avant ou venir en aide à Anne-Marie, une orpheline poursuivie par Carcasse.

Brisby et le secret de NIMH (1982), Fievel et le Nouveau Monde (1986) et Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles (1988) ont été de très grands succès pour Don Bluth (né en 1937), transfuge des studios Disney (où il aura officié pendant près d’une dizaine d’années, en oeuvrant sur Robin des Bois ou bien encore Rox et Rouky), qui a très longtemps placé en digne héritier de l’ami Walt, mais aussi en concurrent direct des productions Disney. En novembre 1989, Charlie, mon héros connaît un certain revers au box-office. Si les résultats ne sont pas catastrophiques (le film rapporte 27 millions aux Etats-Unis pour un budget de 13 millions), ils sont loin d’égaler ceux des deux précédents. Cette fois, sa é avec La Petite Sirène de John Musker et Ron Clements, sortie deux jours plus tard sur les écrans américains, ne fera pas à un pli, puisque le 36e long-métrage d’animation des studios Disney engrangera de son côté près de 200 millions de billets verts, ce qui n’était plus arrivé à l’empire Mickey depuis Les Aventures de Bernard et Bianca, sur lequel avait aussi travaillé Don Bluth. Le temps a fait son office, rapidement d’ailleurs, car Charlie mon héros a bénéficié d’une exploitation triomphale en VHS, entraînant une suite en DTV, une série d’animation télévisée et même un téléfilm de Noël. Pourtant, rétrospectivement, All Dogs Go to Heaven est loin d’être l’opus de son auteur auquel on pense instantanément. En fait, on n’a de cesse de redécouvrir ce pastiche des films de gangsters et de mafia, où les chiens errants font leurs petites affaires dans le dos des humains, pour la première fois bien présents dans une œuvre de Don Bluth, en particulier une petite fille adorable qui répond au doux nom d’Anne-Marie. D’une étonnante maturité, dans le sens où les situations, la motivation des protagonistes et même les dialogues détonnent pour un divertissement dit familial, Charlie mon héros est un bijou mené à cent à l’heure, magnifiquement réalisé, drôle, émouvant et incitant à la réflexion sur la notion du bien et du mal. À savourer sans plus tarder avec votre progéniture.

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Test Blu-ray / Slumber Party Massacre, réalisé par Danishka Esterhazy

SLUMBER PARTY MASSACRE réalisé Danishka Esterhazy, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Hannah Gonera, Frances Sholto-Douglas, Mila Rayne, Alex McGregor, Reze-Tiana Wessels, Rob van Vuuren, Jennifer Steyn, Schelaine Bennett…

Scénario : Suzanne Keilly

Photographie : Trevor Calverley

Musique : Andries Smit

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Dana et ses amies sont en route pour une inoubliable soirée pyjama. Mais un problème de voiture les oblige à passer la nuit dans une cabane isolée, où leur petite fête pourrait bien se transformer en terrifiant cauchemar. En effet, un tueur armé d’une perceuse rôde alentour… Et si tout cela ne devait rien au hasard ?

Si la franchise Slumber Party Massacre est très connue aux États-Unis, en France c’est une autre histoire. En fait, il existe plusieurs sagas du même acabit, sorties en parallèle et toutes produites par le nabab Roger Corman (96 ans cette année, toujours actif), Sorority House Massacre et Cheerleader Massacre, avec comme personnages principaux quelques jeunes donzelles du lycée ou du campus, réunies dans leur dortoir ou pour une soirée pyjama dans un lieu forcément éloigné, paumé dans la végétation luxuriante, si possible au bord d’un lac. À la base, il y a trois opus Slumber Party Massacre, le premier (Fête sanglante) ayant connu un beau succès dans les salles en 1982 (malgré une exploitation limitée), rapportant près de 4 millions de dollars pour un budget initial de 220.000 billets verts, avant de connaître deux suites sorties directement en vidéo. 2021, voici venu un remake-suite-reboot, sobrement intitulé…bah Slumber Party Massacre, titre auquel a été ajouté un New Gen dans nos contrées, mis en scène par Danishka Esterhazy, réalisatrice canadienne remarquée en 2018 avec l’étonnant Level 16 et la série Vagrant Queen, qui s’empare de tous les clichés du genre et s’en amuse en les passant à la sauce féministe, avec une extrême générosité en hémoglobine. On ne s’y attendait pas, mais bonne surprise que cette comédie horrifique !

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Test DVD / Le Test, réalisé par Emmanuel Poulain-Arnaud

LE TEST réalisé par Emmanuel Poulain-Arnaud, disponible en DVD depuis le 11 mai 2022 chez Apollo Films.

Acteurs : Alexandra Lamy, Philippe Katerine, Matteo Perez, Joaquim Fossi, Chloé Barkoff-Gaillard, Pablo Cobo, Lucile Jaillant, Louvia Bachelier…

Scénario : Emmanuel Poulain-Arnaud & Noé Debré, d’après une histoire originale de Thibault Vanhulle

Photographie : Thomas Rames

Musique : Julien Glabs

Durée : 1h16

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Annie Castillon est heureuse. Sa vie conjugale avec Laurent est un exemple d’harmonie. Ses deux grands, Maximilien et César, sont des garçons brillants et sensibles. Et Poupi, sa jeune ado, l’épaule sans jamais se plaindre dans l’éducation d’Antoine, le petit dernier. Un week-end comme tous les autres, la découverte d’un test de grossesse positif dans la salle de bain va enrayer la belle harmonie.

Nous avions découvert le réalisateur Emmanuel Poulain-Arnaud avec son formidable premier long-métrage Les Cobayes, avec Thomas Ngijol et Judith Chemla, un des films les plus originaux sortis en DVD au début de l’année chez Metropolitan Vidéo. Sur cette édition, se trouvaient deux courts-métrages tout aussi prometteurs, La Couille (2015) et The Villa (2018), qui posaient déjà les bases d’un univers singuliers et dévoilaient un humour percutant doublé d’une réelle sensibilité d’auteur. Emmanuel Poulain-Arnaud transforme ce coup d’essai avec Le Test, son deuxième long-métrage donc, porté par une impériale Alexandra Lamy, au firmament de son talent, de son charisme et de sa beauté. Comme nous le déclarions au moment de la sortie dans les bacs du Sens de la famille de Jean-Patrick Benes, d’Après moi le bonheur de Nicolas Cuche et de 7 jours pas plus Héctor Cabello Reyes, sans oublier Belle-fille de Méliane Marcaggi et le génial Tout le monde debout de Franck Dubosc, la comédienne mérite tous les louanges et celle-ci trône une fois de plus sur un casting composé de Philippe Katerine et de jeunes comédiens tous fabuleux. 75 minutes montre en main, on ressort avec une pêche immense du Test, aussi revigoré qu’ému d’ailleurs. Un vrai et grand coup de coeur.

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