Test Blu-ray / Sweetie, You Won’t Believe It, réalisé par Yernar Nurgaliyev

SWEETIE, YOU WON’T BELIEVE IT (Zhanym, ty ne poverish – Жаным, ты не поверишь!) réalisé par Yernar Nurgaliyev, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 11 juillet 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Daniyar Alshinov, Assel Kaliyeva, Yerkebulan Daiyrov, Azamat Marklenov, Yerlan Primbetov, Dulyga Akmolda, Almat Sakatov, Rustem Zhaniyamanov, Bekaris Akhetov, Kadirgali Kobentay…

Scénario : Yernar Nurgaliyev, Zhandos Aibassov, Daniyar Soltanbayev, Il’yas Toleu, Anuar Turizhigitov & Alisher Utev

Photographie : Azamat Dulatov

Musique : Nazarbek Orazbekov

Durée : 1h25

Année de sortie : 2020

LE FILM

A la suite d’une dispute avec sa jeune épouse, le mari décide de s’enfuir avec deux amis : un homme d’affaires malchanceux et un flic local. Mais au lieu d’une paisible journée de pêche, une série d’événements mystérieux les attend.

Et si on allait faire un tour au Kazakhstan ? Nous en avions déjà eu l’occasion lors de la sortie dans les bacs du mythique L’Aiguille Igla (1988) de Rachid Nougmanov, avec le légendaire Viktor Tsoi, rockeur et alors représentant d’une génération en pleine ébullition. Depuis, le cinéma kazakh a subsisté, ses réalisateurs étant même souvent invités dans les festivals du monde entier, quand ils ne sont pas carrément conviés à Hollywood, à l’instar du bourrin Timour Bekmambetov, découvert avec son diptyque Night Watch / Day Watch (2004-2005), qui signera par la suite le carton mondial Wanted : Choisis ton destin (2008) avec Angelina Jolie, Morgan Freeman et James McAvoy. En 2019, le premier Festival du film kazakhstanais (ça se dit) se tient à Paris et depuis, un acteur s’est très largement distingué, Daniyar Alshinov, vu récemment dans l’excellente série Infiniti de Thierry Poiraud, aux côtés de Céline Sallette, révélé en 2019 dans le remarqué A Dark, Dark Man d’Adilkhan Yerzhanov. Loin du registre dramatique où on l’avait admiré, il tient le haut de l’affiche d’une comédie noire et déjantée, Zhanym, ty ne poverish, exploitée en France sous le titre Sweetie, You Won’t Believe It. Un étrange et désopilant mélange du magnifique Old Joy (2006) de Kelly Reichardt et de Tucker et Dale fightent le mal Tucker and Dale vs Evil (2010) d’Eli Craig, le tout saupoudré d’humour dingue venu tout droit du cinéma des frères Coen et non pas de celui de Quentin Tarantino, qui rappelons-le, n’a pour le coup rien inventé. Autant vous dire que le dépaysement et le spectacle sont garantis !

Pauvre Dastan. Au lieu de trouver la paix en allant à une partie de pêche entre amis pour échapper à l’humeur massacrante de son épouse enceinte, il va se retrouver confronté à une bande de gangsters abrutis et à un tueur en série totalement cinglé.

Il ne faut jamais s’opposer à son épouse, surtout quand celle-ci, au bord de la crise de nerfs, arrive bientôt à terme. Si le choix du prénom de l’enfant est encore incertain, une chose est sûre, Dastan, génialement interprété par Daniyar Alshinov, souhaite prendre momentanément la poudre d’escampette, pour rejoindre ses deux plus vieux potes (qu’il n’a jamais quitté depuis le lycée) et se barrer à la campagne, pour y taquiner le goujon. Mais c’était sans compter la présence de la mafia locale en train de se débarrasser d’un type encombrant, mais aussi sur celle d’un bouseux du coin à l’oeil laiteux et à la force surhumaine, bien décidé à venger la mort de son chien…bref, cela ne va pas être un week-end relax pour ce cher Dastan et ses amis, Murat (Yerlan Primbetov) et Arman (Azamat Marklenov), surtout que là-dessus débarquent un pompiste et sa fille du genre « elle est gentille, mais elle est moche », qui voudraient bien que l’un de nos trois joyeux lurons devienne le gendre du premier et le mari de la seconde.

On ne s’y attendait pas, mais Sweetie, You Won’t Believe It est effectivement un film dit de « rednecks », comme il y en avait aussi dans le désert australien dans Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds (1989) d’Alex Proyas, au Nouveau-Mexique dans Sonny Boy de Robert Martin Carroll (1989), au Canada dans Sunday in the country (1974) de John Trent ou en Louisiane dans Les Marais de la haine ‘Gator Bait (1974) de Ferd & Beverly Sebastian, pour n’en citer évidemment qu’une minuscule poignée, sur lesquels nous étions déjà revenus. Mais Sweetie, You Won’t Believe It n’appuie pas non plus véritablement cet aspect, en dehors du personnage du vengeur borgne en marcel et des pompistes libidineux. Il s’agit avant tout d’une comédie quasi-cartoonesque et donc surréaliste, élégamment mise en scène par Yernar Nurgaliyev, qui signe ici son huitième long-métrage, et photographiée avec autant de soin par Azamat Dulatov, chef opérateur très prolifique depuis une dizaine d’années.

Sans aucun temps mort, on suit volontiers les aventures mouvementées de nos trois Pieds Nickelés Kazakhstanais, qui ne demandaient rien à personne et qui ne pensaient qu’à prendre un peu de repos, loin de la civilisation. Et au final, même s’il s’avère un peu bordélique (rien d’étonnant avec six scénaristes), Sweetie, You Won’t Believe It est peut -être l’une des comédies horrifiques les plus rafraîchissantes de ces dernières années. Pas plus, pas moins.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Nos amis d’Extalucid Films n’en finissent plus de nous étonner. Ceux-ci se sont chargés de l’édition française DVD + Blu-ray de Sweetie, You Won’t Believe It, pour l’intégrer dans leur collection ExtraMonde, le numéro 11 ornant d’ailleurs la tranche du fourreau cartonné au visuel coloré et très attractif. Les deux disques reposent dans un boîtier Amaray classique de couleur blanche. En revanche, le visuel de la jaquette laisse à désirer…Le menu principal est animé et musical.

Laurent Duroche (Mad Movies), qui avait déjà collaboré avec Extralucid Films sur les éditions 4K de Perdita Durango et Le Jour de la bête, fait son retour pour nous présenter Sweetie, You Won’t Believe It, à travers une intervention croisée avec celle de Diane Lestage (rédactrice en cheffe de la rubrique cinéma de Maze). Durant neuf minutes précisément, les deux journalistes donnent leur avis et analysent le film de Yernar Nurgaliyev. Les références, les partis-pris, les intentions du réalisateur (« il ne s’agit pas d’une œuvre militante ni engagée, mais d’un divertissement avant tout »), l’humour, les personnages, l’importance de la musique sont abordés au cours de ce module.

Puis, Laurent Duroche, seul en piste, se lance dans une présentation simple et intéressante du cinéma Kazakh (12’). Le critique en dresse les grandes étapes et l’évolution, donne quelques noms importants, évoque d’ailleurs L’Aiguille dont nous parlions dans l’introduction de notre chronique, parle de certaines grandes productions tournées au Kazakhstan, puis de l’émergence des films de genre dans ce pays.

Mais le bonus à ne pas manquer est bien l’interview de Daniyar Alshinov (16’), réalisée en visioconférence par l’équipe d’Extralucid Films. Chaleureux et visiblement heureux de la sortie en DVD et Blu-ray hexagonale de Sweetie, You Won’t Believe It, le comédien revient sur son parcours atypique (passionné par le cinéma, il lâche son boulot d’ingénieur à l’âge de 27 ans pour se consacrer à sa passion), sur ses rôles déterminants (celui tenu dans A Dark, Dark Man d’Adilkhan Yerzhanov, puis dans la série Infiniti), avant de s’exprimer sur la sensibilité du public français pour le cinéma venu « d’ailleurs ». Les conditions de tournage de Sweetie, You Won’t Believe It (« on manquait un peu de tout…mais cela stimulait la créativité »), la très bonne réception du film (carton plein pendant cinq jours…avant la fermeture des cinémas en raison du confinement mondial en mars 2020), les intentions du metteur en scène (« Faisons des trucs cools pour voir si ça peut plaire ! »), le travail des maquilleurs et des cascadeurs sont aussi évoqués. Enfin, Daniyar Alshinov parle d’une suite possible, la rumeur persistante étant d’ailleurs que le second opus serait peut-être centré sur les trois jeunes femmes disparues, qui font l’objet d’un reportage télévisé au début du film.

Daniyar Alshinov s’adresse ensuite au public français, qu’il remercie au cours d’une petite intervention de deux minutes, qui peut être vue en avant-programme.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le master HD édité par Extralucid Films restitue habilement les volontés artistiques du chef opérateur Azamat Dulatov, son superbe cadre large, des couleurs à la fois chaudes et froides, des contrastes léchés ainsi qu’un relief constamment palpable. Ces volontés artistiques entraînent certes une image parfois plus douce, une légère perte de la définition sur les séquences sombres, mais ce serait vraiment chipoter, car les détails sont légion, le piqué aiguisé et la copie éclatante.

L’éditeur a soigné le confort acoustique et livre un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 kazakhe, aussi probant dans les scènes agitées que dans les séquences plus calmes, même si effectivement il n’y en a pas beaucoup puisque tous les personnages sont souvent en train de crier. Les pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales.

Crédits images : © Extralucid Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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