Test Blu-ray / Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, réalisé par Alex Proyas

SPIRITS OF THE AIR, GREMLINS OF THE CLOUDS réalisé par Alex Proyas, disponible en Blu-ray depuis le 20 novembre 2020 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Michael Lake, Rhys Davis & Norman Boyd

Scénario : Alex Proyas

Photographie : David Knaus

Musique : Peter Miller

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Un homme est recueilli à demi-mort d’épuisement par un paraplégique qui vit en reclus dans une ferme en plein désert. Cloué dans son fauteuil, l’homme est obsédé par la construction de machines volantes tandis que sa soeur, « folle de Dieu », érige des croix sur les dunes de sable..

Avant The Crow (1998), Dark City (2002), Garage Days (2004), I, Robot (2009), Prédictions (2009, ça commençait à piquer) et Gods of Egypt (2016, aïe aïe aïe), il y a eu Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, le premier long-métrage réalisé par Alex Proyas, alors âgé de 25 ans, connu dans le domaine de la publicité et du clip vidéo, plus particulièrement pour ses travaux pour INXS, Mike Oldfield, Crowded House, Joe Jackson, Cock Robin et consorts. Produit pour un demi-million de dollars, écrit et mis en scène par Alex Proyas, Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds reste une œuvre méconnue qui a longtemps disparu des radars, malgré son statut culte au Japon, pays qui l’a sans doute le mieux accueilli à sa sortie. Parallèlement, cette première œuvre est aussi difficile d’accès et demeure une véritable expérience cinématographique, sensorielle, inclassable, hypnotique, dont la beauté plastique est pourtant mirifique. Une chose est sûre, c’est qu’après avoir découvert Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, il devient impossible de l’oublier et de nombreux plans, de vraies toiles de maîtres, s’impriment à jamais dans la mémoire du cinéphile qui aura accepté de plonger dans cet univers unique et énigmatique.

Les frères et sœurs Felix et Betty Crabtree vivent seuls dans une ferme dans une plaine désertique, sans arbres. Leur vie solitaire est interrompue par un fugitif au passé mystérieux, qui lui donne le nom de Smith. Ce dernier fuit vers le nord, un trio de sinistres personnages à la poursuite. Felix, cloué sur un fauteuil roulant, dit à Smith que la route vers le nord est bloquée par un mur infranchissable de falaises, et le convainc que la seule façon de voyager au-delà est de voler. Smith, d’abord sceptique, est finalement convaincu que son seul moyen de s’échapper réside dans le projet de Felix de construire une machine volante. Pendant ce temps, la religieuse Betty est convaincue que Smith est un démon de l’enfer et fait ses propres plans pour se débarrasser de lui.

En fait, Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds n’est pas vraiment un film que l’on analyse, mais que l’on ressent, qu’on vit, qu’on teste, qu’on goûte. Alex Proyas y montre un frère et une sœur qui vivent en autarcie dans un coin désolé du désert australien, à une période indéterminée, probablement dans le futur, peut-être après une guerre atomique. La séquence d’exposition est l’une des plus extraordinaires que vous pourrez voir dans votre vie, avec cette addition de plans fixes qui installent le décor post-apocalyptique, où seules deux couleurs se distinguent vraiment, le bleu cyan du ciel et l’ocre du sable et de la terre. De vieilles publicités pour Marlboro, des croix ornées et des carcasses de bagnoles plantées dans le sol, de vieux poteaux téléphoniques, un crâne humain à terre posent le décor, avant qu’un mystérieux personnage débarque et s’écroule non loin de la bâtisse de Felix et de Betty, qui vont voir leur solitude rompue. Soyez les bienvenus dans un monde à part, inattendu et au premier abord opaque, où nos trois et uniques personnages vont se confronter, s’opposer ou s’unir, pour réaliser un rêve en commun, s’évader, non pas par la route poussiéreuse et camouflée par le vent, mais par la voie des airs.

Seuls trois comédiens sont à l’affiche de Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds. Dans le rôle de Felix Crabtree, se démarque Michael Lake, LA tronche inoubliable du film, qui s’il n’a pas percé au cinéma, deviendra essentiellement producteur et financera entre autres le mythique Fortress (1992) de Stuart Gordon avec notre Christophe(r) – Hin Hin Hin – Lambert national. A ses côtés Melissa Davis aka Rhys Davis trouve ici le rôle de sa vie, après être apparue dans le sympathique Drive in de l’enferDead End Drive-In (1986) de Brian Trenchard-Smith. Sa composition explosive et son charisme rappellent parfois ceux d’Helena Bonham Carter période Tim Burton. Le troisième larron est Norman Boyd et son rôle de Smith est apparemment le seul de sa carrière au cinéma. Ces Pieds-Nickelés paumés au milieu de nulle-part sont donc totalement inconnus et formidables, investis dans le délire d’Alex Proyas, qui joue avec le rythme parfois étendu de certaines séquences, mais aussi et surtout avec le cadre et le montage, sans cesse inspirés et d’une beauté foudroyante, imputables entre autres au travail du directeur de la photographie David Knaus, qui comme les acteurs, n’aura étonnamment pas continué sa carrière pour le grand écran. L’autre élément qui participe autant à la réussite qu’à la pérennité de Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds est la musique envoûtante et fascinante de Peter Miller qui aspire littéralement le spectateur dans l’univers étrange créé par Alex Proyas. Contre toute attente, le compositeur sera plus connu pour son travail sur le son et les bruitages, et participera notamment à In the cut (2003) de Jane Campion, Rango (2011) de Gore Verbinski et Perfect Mothers (2013) d’Anne Fontaine.

Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds apparaît comme étant une comédie fantastique et d’aventures, teintée de western complètement décalé, qui risque de décontenancer certains spectateurs, mais aussi d’en captiver beaucoup d’autres s’ils se prennent au jeu de ces étranges Icares rednecks.

LE BLU-RAY

Croyez-le ou non, mais Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, qui n’était jamais sorti en DVD en France, apparaît enfin dans nos contrées et en Haute-Définition s’il vous plaît ! Encore un superbe Digipack (à trois volets) concocté par Le Chat qui fume et le talentueux Frhead Domont. Mention spéciale à la sérigraphie – bien pensée – du disque. L’ensemble est glissé dans un fourreau cartonné du plus bel effet et au visuel intrigant. Le menu principal est animé et musical.

Peu de bonus à se mettre sous la dent cette fois, mais nous ne rechignerons pas à découvrir tout d’abord l’interview de la comédienne Rhys Davis (2018-8’) qui incarne Betty dans Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds. Celle-ci revient sur son enfance (passée en France), sur son parcours, sur ses débuts au cinéma (Le Drive in de l’enfer, dans le rôle de Narelle), avant d’en venir au film qui nous intéresse. L’actrice évoque son personnage et ses partenaires, avant de parler du bon accueil reçu par Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds au Japon, puis de la pérennité du film qu’elle considère comme étant « unique en son genre, d’une vraie beauté sur le plan visuel ».

Place à Michael Lake, qui interprète Felix Crabtree dans Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds, de partager ses souvenirs liés au tournage du premier long métrage d’Alex Proyas (2018-37’). Attention, cet entretien s’égare un peu dans tous les sens, puisqu’avant d’en arriver à ce film, Michael Lake développe longuement son parcours et ce qu’il avait fait auparavant. Et autant dire que le bonhomme avait sacrément bourlingué, entre ses activités de régisseur, de tenancier d’un bar, sans oublier le bénévolat, l’enregistrement d’un disque et bien sûr ses premiers pas sur scène. Toute une vie défile et Michael Lake a le don de nous embarquer dans ses anecdotes, souvent drôles et inattendues. Evidemment, il aborde sa collaboration avec Alex Proyas, les partis-pris du film, les thèmes, les conditions de prises de vues, les lieux de tournage, la musique, puis l’après-Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Spirits of the Air, Gremlins of the Clouds a été complètement restauré en 2018, à partir du négatif 16mm original et Le Chat qui fume reprend le même master édité en Blu-ray en Australie par Umbrella Entertainment. Nous n’exagérerons pas en disant que ce master HD est sensationnel, quasi-irréprochable et en met plein la vue et ce dès l’inoubliable séquence d’ouverture. Un transfert immaculé (bon d’accord, quelques poussières et points blancs subsistent), stable et respectueux des volontés artistiques originales avec une texture argentique du plus bel effet. La copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées du sable terreux avec les bleus électriques du ciel et le rouge qui parasite cet équilibre. L’encodage AVC est solide comme un roc, le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, le relief étonnant et les détails foisonnants sur les gros plans.

La bande-son a également été restaurée à partir du mixage Dolby Stereo original. Seule la version originale est disponible sur cette édition (existe-t-il d’ailleurs un doublage français ? Rien n’est moins sûr…) aux sous-titres non imposés. Le confort acoustique est largement assuré, laissant une belle place à la magnifique partition de Peter Miller qui nous emporte dès les premières notes.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Screenbound International Pictures / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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