Test DVD / Devilman le diabolique, réalisé par Paolo Bianchini

DEVILMAN LE DIABOLIQUE (Devilman Story) réalisé par Paolo Bianchini, disponible en DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Guy Madison, Luisa Baratto, Diana Lorys, Luciano Pigozzi, Valentino Macchi, Bill Vanders, Giovanni Cianfriglia…

Scénario : Paolo Bianchini & Max Caret

Photographie : Aldo Greci

Musique : Patrick Leguy

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Venus à Rome pour un congrès scientifique, le chirurgien Becker est enlevé sous les yeux de sa fille. Celle-ci, aidée par le journaliste Mike, part à sa recherche. Ils vont arriver en Afrique, au sein d’une forteresse commandée par le terrible Devilman, qui va tenter une substitution de cerveau sur Becker.

Même s’il a énormément tourné auprès de cinéastes de renom tels que Edward Dmytryk (Jusqu’à la fin des temps), John Cromwell (Depuis ton départ), William Castle (L’Archange de Brooklyn), Phil Karlson (On ne joue pas avec le crime), Anthony Mann (La Charge des Tuniques Bleues), Guy Madison (1922-1996) reste avant tout pour les cinéphiles experts en la matière, un acteur lié à la série B. On peut citer par exemple Le Shérif d’El Solito, western dense, complexe, passionnant, au suspense bien mené par George Sherman, Le Rocher du diable, très bon drame de guerre et western réalisé par William Cameron Menzies, ou bien encore The Beast of Hollow Mountain d’Edward Nassour et Ismael Rodríguez, dans lequel le comédien interprète un cowboy qui doit faire face à…un dinosaure ! Guy Madison faisait partie de ces acteurs que l’on aimait retrouver de film en film, qui n’étaient pas forcément les plus célèbres, tel le génial John Payne, mais pour lesquels l’empathie était souvent immédiate, dont le charisme fonctionnait naturellement et dont le talent parvenait à faire accepter les incohérences d’un scénario. C’est encore le cas pour Devilman le diabolique alias Devilman Story en version originale ou bien encore The Devil’s Man, divertissement tout droit sorti de l’imagination du réalisateur italien Paolo Bianchini, sous le nom de Paul Maxwell. A la fois film d’aventures, d’espionnage et de science-fiction, Devilman le diabolique a sans cesse le cul entre deux chaises, mais parvient tout de même à trouver un ton finalement assez unique, puisqu’il fait penser à l’adaptation d’un fumetti qui n’existe pas, tout en surfant allègrement sur le triomphe international des James Bond. Mélange de film BD et d’Eurospy, Devilman le diabolique conserve ce charme rétro qui nous plaît tant.

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Test Blu-ray / Une Bible et un fusil, réalisé par Stuart Millar

UNE BIBLE ET UN FUSIL (Rooster Cogburn) réalisé par Stuart Millar, disponible en Édition Collector Silver Blu-ray + DVD le 15 avril 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : John Wayne, Katharine Hepburn, Anthony Zerbe, Richard Jordan, John McIntire, Richard Romancito, Jack Colvin, Paul Kolso…

Scénario : Martin Julien, d’après le personnage du roman True Grit de Charles Portis

Photographie : Harry Stradling Jr.

Musique : Laurence Rosenthal

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Démis de ses fonctions pour avoir fait un usage excessif de la force, le marshal Rooster Cogburn reprend son insigne pour retrouver les pillards en possession d’une mitrailleuse et d’un chargement de nitroglycérine. Des bandits également coupables du massacre de soldats et du meurtre d’un pasteur. Si Cogburn recueille la fille de celui-ci, une missionnaire d’un certain âge, ainsi qu’un jeune indien, il n’en doit pas moins poursuivre sa traque en territoire hostile…

Stuart Millar (1929-2006) commence sa carrière dans le cinéma en tant que producteur à la fin des années 1950. Il produit des films réalisés par John Frankenheimer, Sidney Lumet ou encore Arthur Penn. En 1972, il met en scène son premier long-métrage, When the Legens Die, l’histoire d’un jeune indien orphelin qui vit sauvagement dans la nature et qui, en grandissant, devient un brillant cavalier. Avant de terminer sa carrière à la télévision, il réalise un deuxième et dernier long-métrage pour le cinéma en 1975, Une bible et un fusil – Rooster Cogburn, un western dans lequel John Wayne, dans son avant-dernier film, reprend le rôle de Rooster Cogburn qui lui avait valu son unique Oscar du Meilleur Acteur dans 100 dollars pour un shérif (True Grit en version originale) réalisé par Henry Hathaway en 1969.

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Test DVD / Supersonic Man, réalisé par Juan Piquer Simón

SUPERSONIC MAN réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Antonio Cantafora, Cameron Mitchell, José Luis Ayestarán, Diana Polakov, José María Caffarel, Frank Braña, Javier De Campos, Tito García…

Scénario : Juan Piquer Simón & Sebastian Moi

Photographie : Juan Mariné

Musique : Carlos Attias, Juan Luis Izaguirre & Gino Peguri

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Depuis le fin fond de l’espace, l’extraterrestre Kronos est envoyé sur la Terre avec pour mission de rétablir l’ordre. Il s’installe à New York et devient un super héros. Il va avoir fort à faire en affrontant le Docteur Gulk, le chef d’une organisation secrète voulant dominer le monde.

Le plus grand des super-héros, c’eeeeeeeeeeeeest ???? Bah c’est pas lui en tout cas ! Et pourtant, Supersonic Man est un immense divertissement qui vous fera rire du début à la fin ! Film (cu)culte réalisé par l’espagnol Juan Piquer Simón (1935-2011), pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío (1978) de Carlos Puerto, Supersonic Man surfe sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Adieu le slip rouge à coquille, place à un joli slip bleu à paillettes qui brille au firmament. De plus, Supersonic Man est affublé d’un masque, qui dissimule en réalité le changement d’acteur au moment de la transformation de Paul (Michael Goby) en Supersonic (Richard Yesteran), qui à l’instar de Bill Bixby et de Lou Ferrigno dans L’Incroyable Hulk, se partagent la double vedette. Toujours est-il que notre cher alien, qui se la coulait douce en biostase et uniquement vêtu de son moule-bite, s’élance vers la caméra et vole (même à l’envers, comme Captain Barbell aux Philippines, il s’en fout Supersonic Man !) vers de belles et fantastiques aventures où grâce à ses pouvoirs il pourra aller voler une bouteille de champagne dans les cuisines d’un grand restaurant, transformer en banane le flingue d’un ennemi, tout en emballant une jolie nana grâce à sa moustache frétillante quand il prend l’apparence humaine. Bref, Supersonic Man, coproduction italo-espagnole qui apparaît très souvent dans les tops des meilleurs nanars, est un spectacle comme on les aime, décontracté, très drôle, généreux et mené sans temps mort !

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Test Blu-ray / Apocalypse 2024, réalisé par L.Q. Jones

APOCALYPSE 2024 (A Boy and His Dog) réalisé par L.Q. Jones, disponible en combo Blu-ray + DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston, Charles McGraw, Hal Baylor…

Scénario : L.Q. Jones, d’après le roman d’Harlan Ellison

Photographie : John Arthur Morrill

Musique : Tim McIntire

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Sept ans après la dernière guerre mondiale de 2017, la Terre est ravagée. Les quelques survivants errent dans des déserts, se battant pour les restes de l’ancien monde. Vic tente de survivre en compagnie de son chien, Prof, qui a le don de télépathie avec son maître. Toujours en quête de nourriture, armes, ou carburant, ils vont découvrir le monde souterrain qui abrite encore une civilisation. En fait, une oligarchie richissime qui profite du monde extérieur.

Vous n’aviez jamais entendu parler d’Apocalypse 2024A Boy and His Dog ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls dans ce cas et pour tout vous avouer l’auteur de ces mots ne connaissait pas non plus ce film au titre pourtant alléchant. On peut tout d’abord penser se retrouver face à un nanar ou même à un gentil navet, mais il n’en est rien, bien au contraire. Apocalypse 2024 est un petit bijou d’anticipation, le second et dernier long-métrage réalisé par L.Q. Jones, comédien (né en 1927) bien connu des cinéphiles pour être apparu devant la caméra de metteurs en scène de renom, de Raoul Walsh à Don Siegel, en passant par Richard Fleischer, Anthony Mann, Edward Dmytryk, Budd Boetticher, Sam Peckinpah, Henry Hathaway, Ted Post, Peter Yates, et même Martin Scorsese et Martin Campbell. Une tronche reconnaissable entre mille. En 1964, sous le nom de Justus McQueen (son vrai patronyme), il réalise son premier film, un western, The Devil’s Bedroom. Mais il lui faudra attendre dix ans pour se refaire la main derrière la caméra. Ce sera avec Apocalypse 2024, qui rend compte des connaissances de L.Q. Jones en matière de western, avec notamment une excellente utilisation de l’espace et des décors naturels. Mais A Boy and His Dog c’est aussi et avant tout une œuvre de science-fiction dite « adulte », héritée de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick et de La Planète des singes (1968) de Franklin Schaffner, qui alertait les spectateurs sur les problèmes écologiques, démographiques et scientifiques, sur les essais nucléaires, qui s’en remettait à l’intelligence d’une audience pour la questionner sur la place de l’homme dans l’univers, sur la survie des espèces, sur le rapport entre l’homme et les animaux. Il y a tout cela dans Apocalypse 2024, par ailleurs l’un des premiers rôles au cinéma (pour lequel il recevra le Saturn Award du meilleur acteur) de Don Johnson, 25 ans au compteur, qui s’impose sans mal dans le rôle très ambigu de Vic, jeune homme qui ne pense qu’à une chose, trouver une femme pour assouvir ses pulsions sexuelles. Celui-ci passe le désert au peigne fin grâce à son compagnon, son chien, qui lui « parle » et l’aide à débusquer quelques donzelles en échange de nourriture, tout en lui inculquant les grandes phases de l’Histoire qui les ont conduit à vivre dans ce paysage désolé. Un vrai chef d’oeuvre inattendu.

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Test Blu-ray / Rogue, réalisé par M.J. Bassett

ROGUE réalisé par M.J. Bassett, disponible en DVD et Blu-ray le 3 mars 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Megan Fox, Philip Winchester, Greg Kriek, Brandon Auret, Jessica Sutton, Kenneth Fok, Isabel Bassett, Adam Deacon…

Scénario : Isabel et M.J. Bassett

Photographie : Brendan Barnes

Musique : Jack Halama & Scott Shields

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Samantha et son équipe de mercenaires sont envoyés en Afrique pour sauver la fille d’un diplomate ayant été kidnappée, avec d’autres jeunes filles. Une fois arrivés, ils parviennent à récupérer les otages mais sont obligés de prendre la fuite à travers la savane. Pourchassés par ceux qu’ils viennent d’attaquer, ils vont devoir faire face à un autre danger tout aussi mortel…

Tiens, revoilà Megan Fox, celle qui changeait son joint de culasse en posture du chien tête en bas et en jean slim dans Transformers ! Elle revient en haut de l’affiche d’un film où cette fois elle ne donne pas la réplique à des Tortues Ninja, mais bel et bien à quelques acteurs en chair et en os. D’ailleurs, de la chair et des os il y en a dans Rogue, dernier long-métrage de M.J. Bassett, révéléE en 2002 avec son film d’horreur La Tranchée – Deathwatch. On ajoute le e en majuscule, car depuis Michael J. Bassett est devenue une femme, mais ça c’est une autre histoire. La réalisatrice (donc) a toujours aimé le genre fantastique et l’épouvante, signant Solomon Kane (2009) et surtout Silent Hill: Revelation 3D en 2012, la suite du film de Christophe Gans. Ensuite, M.J. Bassett a délaissé quelque peu le cinéma pour la télévision, pour se consacrer aux séries Strike Back, Ash vs Evil Dead, Altered Carbon et Power. Puis, elle revient avec Inside Man : Most Wanted, suite du phénoménal Inside Man : L’Homme de l’intérieur (2006) de Spike Lee, qui sort directement en format direct-to-video. Ce qui nous amène donc à Rogue, très bon survival, souvent conspué par la critique, qui s’avère pourtant une excellente série B dans laquelle Megan Fox, à l’instar de Nicolas Cage dans Primal et Sophie van Winden dans Prédateur de Dick Maas, affronte un félin entièrement réalisé en (mauvaises) images de synthèse. Si la créature est indéniablement ratée, cela n’empêche pas de prendre un sacré pied devant ce Rogue, qui offre aux spectateurs des séquences de fusillades et d’affrontements particulièrement brutaux. Alors si vous cherchez un divertissement franchement pas honteux pour votre samedi soir et bien plus sanglant qu’un duo Florent Pagny – Amel Bent (quoique), faites confiance à Rogue !

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Test DVD / La Muraille de feu, réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia

LA MURAILLE DE FEU (La Gerusalemme liberata) réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Francisco Rabal, Sylva Koscina, Gianna Maria Canale, Rik Battaglia, Philippe Hersent, Andrea Aureli, Alba Arnova, Nando Tamberlani…

Scénario : Sandro Continenza

Photographie : Rodolfo Lombardi

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Lors de la première croisade aux pieds de la muraille de Jérusalem, les seigneurs chrétiens Tancrède, Renaud, Godefroy de Bouillon attendent de passer à l’attaque tandis que trois femmes musulmanes vont faire chavirer leur cœur et le tournant de la bataille.

Est-ce que le nom de Carlo Ludovico Bragaglia (1894-1998) vous dit quelque chose ? Pour tout vous avouer, moi non plus. Je n’avais jamais entendu parler de ce réalisateur italien, décédé à 103 ans, metteur en scène de plus de soixante longs-métrages sur une durée de trente années. Considéré comme l’un des cinéastes transalpins les plus prolifiques, Carlo Ludovico Bragaglia n’a cependant jamais connu de notoriété au-delà des frontières de son pays. Dans sa filmographie, on pourra évoquer six opus avec Totò (Animali Pazzi, 47 morto che parla, Figaro qua, Figaro là, Les Femmes de Barbe-Bleue, Totò cerca moglie et Totò le Moko), ainsi que diverses comédies musicales et même quelques péplums et films d’aventure dans les années 1950-60. De l’avis des spécialistes, La Muraille de feu – La Gerusalemme liberata est l’un de ses meilleurs films et force est de constater que cette évocation de la prise de Jérusalem par les guerriers de la première croisade (l’un des derniers films sur ce sujet) est élégamment réalisée et portée par un casting formidable sur lequel trône la sublime Sylva Koscina.

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Test DVD / Geneviève de Brabant, réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda

GENEVIÈVE DE BRABANT (Genoveffa di Brabante) réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : María José Alfonso, Alberto Lupo, Stephen Forsyth, Beni Deus, Rosita Yarza, Andrea Bosic, Franco Balducci, Ángela Rhu…

Scénario : Riccardo Freda & José Luis Monter

Photographie : Julio Ortas & Stelvio Massi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Au XIIe siècle, le comte Siegfried s’éprend de Geneviève de Brabant et l’épouse. Lorsqu’il doit partir à la guerre au service de son roi, Geneviève se retrouve face à l’intendant félon Golo à la cruauté sans bornes.

Quand on lui parle de Riccardo Freda (1909-1999), l’amateur de cinéma d’exploitation italien a ses yeux qui s’illuminent. Si son premier métier était sculpteur, sa passion pour le septième art l’amène un peu par hasard à réaliser son premier film, le bien connu Don Cesera Di Bazan (1942). Après ce premier coup d’essai, le réalisateur se spécialise rapidement dans le film d’aventure et le genre cape et d’épée. Vaniteux, ne mâchant pas ses mots, il affirmera toute sa vie n’avoir fait du cinéma que pour l’argent, tout en critiquant ses « camarades » qu’il côtoyait à l’époque, y compris Roberto Rossellini. Même s’il est indéniable que le bonhomme était on ne peut plus aigri et imbu de sa personne, allant même jusqu’à déclarer qu’il était une « exception » en tant que cinéaste, on ne pourra jamais lui reprocher d’avoir chômé ou d’être allé à la facilité tout au long de sa prolifique carrière qui comptera plus de quarante films. On peut ainsi citer en vrac son adaptation des Misérables, connue en France sous le titre de L’Évadé du bagne (1948), Le Fils de d’Artagnan – Il Figlio di d’Artagnan (1949), auquel Bertrand Tavernier rendra hommage en écrivant La Fille de d’Artagnan (1994) que Riccardo Freda devait d’ailleurs mettre en scène lui-même, un Spartacus en 1953, Le Château des amants maudits (1956), inspiré de l’histoire de Beatrice Cenci, Les Vampires – I Vampiri (1957), qui sera finalement repris en main et terminé par Mario Bava, le cultissime L’Effroyable Secret du docteur Hichcock – L’Orribile segreto del Dr. Hichcock (1962). Retracer la filmographie de Riccardo Freda, c’est suivre les grandes étapes du cinéma italien d’exploitation, puisque le réalisateur touchera aussi bien au péplum qu’au giallo, au mélodrame, au film d’épouvante, allant même jusqu’à anticiper le poliziottesco dix ans avant son explosion avec Chasse à la drogue en 1961. Le film d’aventure tient aussi une belle place dans son œuvre. Outre Sept épées pour le roi – Le Sette spade del vendicatore (1962), qui n’est autre que le remake de Don Cesera di Bazan et L’Aigle de Florence – Il Magnifico avventuriero (1963), Riccardo Freda met les bouchées doubles en 1964 et met en scène sa version de Roméo et Juliette et celle des Deux orphelines. Parallèlement, il écrit le film Geneviève de Brabant, inspiré par la biographie de l’héroïne légendaire et populaire du Moyen Âge, Geneviève de Brabant donc, présente dans l’ouvrage La Légende dorée écrit par Jacques de Voragine, qui inspirera les écrivains, les peintres, les dramaturges, les compositeurs et les cinéastes puisqu’il s’agit ici du sixième film centré sur ce personnage. S’il est souvent indiqué que seul le réalisateur José Luis Monter est aux commandes, Riccardo Freda y a bel et bien participé en tant que metteur en scène. Et en voyant le film (inédit en France), force est de constater que l’on retrouve non seulement son style au niveau du scénario, mais aussi et surtout à l’écran avec des affrontements pleins de panache (le film démarre d’emblée par un fracas de lames croisées), une caractérisation spécifique et personnelle des personnages, ainsi que le souffle épique qui a souvent marqué les opus du cinéaste transalpin. Il en résulte un divertissement de haute volée, excellemment réalisé et interprété, qui vaut le coup d’oeil pour ses beaux décors, ses rebondissements multiples, ses dialogues très soignés et ses combats très bien chorégraphiés.

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Test Blu-ray / Jiu Jitsu, réalisé par Dimitri Logothetis

JIU JIUTSU réalisé par Dimitri Logothetis, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mars 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Nicolas Cage, Alain Moussi, Marie Avgeropoulos, Frank Grillo, Tony Jaa, Rick Yune, JuJu Chan, Marrese Crump…

Scénario : Dimitri Logothetis & James McGrath, d’après leur roman graphique

Photographie : Gerardo Madrazo

Musique : Adam Dorn

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Un ancien ordre de combattants experts du Jiu Jitsu doit faire face à un extraterrestre vicieux afin de protéger la Terre. L’avenir de l’humanité repose sur eux…

2019 a été particulièrement chargé pour notre cher Nicolas Cage, entre le très bon Froide vengeance, l’intéressant Running with the Devil, le sublime Color Out of Space, l’anecdotique Kill Chain, les sympatoches Primal et Grande Isle, le comédien a su terminer les années 2010 – durant lesquelles il aura au final tourner 36 films – sur une bonne note, prouvant une fois de plus à ses détracteurs qu’il en avait encore sous le capot et que l’on pouvait compter sur lui, y compris dans ses multiples productions hasardeuses et calamiteuses. A l’annonce de Jiu Jitsu et de son nouveau look, nous avons tous eu peur. Mais réunir sur la même affiche Alain Moussi, Frank Grillo, Tony Jaa et Nicolas Cage, avouez que c’était finalement tentant ! En fait, il vaut mieux en savoir le moins possible sur Jiu Jitsu pour mieux « l’apprécier », car cette série B, que certains rapprocheront forcément plus de la dernière lettre de l’alphabet, vaut son pesant de cacahuètes. Car Jiu Jitsu est ni plus ni moins un remake de Predator de John McTiernan. Oui, il y a un alien dans ce film que nous imaginions plutôt comme un petit film de combat, peut-être un mix entre Street Fighter, Kickboxer et Mortal Kombat. Mais non, il s’agit bien d’un « hommage » au chef d’oeuvre de McT, dans lequel brille le non-jeu et l’absence de charisme d’Alain Moussi, absolument ridicule (même si nous ne lui dirions pas en face), qui se contente de répéter les répliques de ses partenaires en y ajoutant un point d’interrogation, du style « Il faut exterminer cet alien ! » « Exterminer cet alien ? », tout en essayant d’avoir un tant soit peu l’air concerné par ce qui se passe. Il faut le voir plisser les yeux pour simuler la tristesse avec son regard vide d’expression. Et que les fans de Nicolas Cage soient rassurés, même en tant que « second rôle », celui-ci est bien présent à l’écran et assure le show comme toujours en y croyant à fond, dur comme fer, tout en s’amusant à croiser le fer avec un extraterrestre et en refilant vite fait son chèque encore tout chaud au fisc qui lui colle au cul depuis dix ans. Jiu Jitsu est un divertissement honnête, pas inoubliable hein, mais qui passe agréablement le temps après avoir bien pris soin de déconnecter ses fonctions neurologiques et mentales.

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Test Blu-ray / La Ruée des Vikings, réalisé par Mario Bava

LA RUÉE DES VIKINGS (Gli Invasori) réalisé par Mario Bava, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Cameron Mitchell, George Ardisson, Ellen Kessler, Alice Kessler, Françoise Christophe, Andrea Checchi, Folco Lulli, Franco Giacobini, Raf Baldassarre…

Scénario : Oreste Biancoli, Piero Pierotti & Mario Bava

Photographie : Mario Bava

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Au Xe siècle, le baron Ruthford et ses hommes exterminent des vikings installés sur les côtes anglaises et dont le chef, Harald, est tué. Mais un jour, Ruthford ranime la haine. Iron, fils d’Harald, se bat à son tour contre les Anglais tout en s’opposant à son frère Erik, qui se trouve dans le camp opposé.

En 1958, le triomphe international des VikingsThe Vikings de l’immense Richard Fleischer, donne évidemment envie à certains producteurs, en particulier italiens, de surfer sur ce nouvel engouement des spectateurs pour la vie de ces pirates Scandinaves qui ont écumé les mers du VIIe au XIe siècle. L’un de ces premiers ersatz est Le Dernier des Vikings – L’Ultimo dei Vikinghi, réalisé par Giacomo Gentilomo, mais aussi et surtout par Mario Bava, même si ce dernier n’est pas crédité à la mise en scène. En revanche, la même année sort La Ruée des Vikings – Gli Invasori, officiellement le second long-métrage de Mario Bava (autrement dit, pour lequel il se retrouve seul aux manettes), un an après Le Masque du démon – La Maschera del demono. A l’instar d’Hercule contre les vampires – Ercole al centro della terra, qu’il coréalisera avec Franco Prosperi et qui sortira aussi en 1961, Mario Bava prend son envol avec La Ruée des Vikings, dans lequel son art pictural éclate aux yeux des spectateurs, puisqu’en plus du scénario coécrit avec Oreste Biancoli (Le Voleur de bicyclette, Le Petit monde de Don Camillo) et Piero Pierotti (Maciste en enfer, Super 7 appelle le Sphinx), il en signe également la sublime photographie, où l’on reconnaît immédiatement sa griffe. Certes, La Ruée des Vikings a souvent du mal à rivaliser avec son modèle américain, au budget beaucoup plus conséquent, mais Mario Bava s’acquitte fort honorablement des moyens mis à sa disposition. Tourné essentiellement en studio et dans la périphérie de Rome pour les scènes en bord de mer, le film bénéficie aussi de costumes soignés, d’une reconstitution très honnête et surtout de l’oeil de l’artiste, Mario Bava lui-même, dont la première vocation était la peinture (il avait d’ailleurs fait les Beaux Arts), qui concocte des plans crépusculaires à se damner de beauté, tout en jouant déjà avec ses couleurs de prédilection, qui feront sa marque de fabrique et participeront à sa légende. La Ruée des Vikings possède encore un charme fou et la rigueur de Mario Bava lui a permis de traverser la deuxième moitié du XXè siècle sans trop d’encombre. Le divertissement est en tout cas toujours au rendez-vous !

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Test Blu-ray / Le Pont de Remagen, réalisé par John Guillermin

LE PONT DE REMAGEN (The Bridge at Remagen) réalisé par John Guillermin, disponible en DVD et Blu-ray le 15 avril 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : George Segal, Robert Vaughn, Ben Gazzara, Bradford Dillman, E.G. Marshall, Peter van Eyck, Hans Christian Blech, Heinz Reincke…

Scénario : Richard Yates & William Roberts

Photographie : Stanley Cortez

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h55

Année de sortie : 1969

LE FILM

1945 : les Alliés font leur dernière avancée dans le territoire allemand. Seul un pont sur le Rhin demeure aux mains des nazis. Les deux camps ont beaucoup à gagner : les Allemands, la vie de 75 000 soldats postés du mauvais côté du pont ; les Alliés, une issue plus rapide à la guerre, et de nombreuses vies épargnées. Mais seule une armée pourra gagner la terrifiante bataille du Pont de Remagen.

Si son nom ne vient pas forcément à l’esprit immédiatement, John Guillermin (1925-2015) est quand même le réalisateur de nombreux films chéris par les cinéphiles, à l’instar de La Plus Grande Aventure de Tarzan – Tarzan’s Greatest Adventure (1959), Le Crépuscule des aigles – The Blue Max (1966), mais aussi et surtout de trois très grands classiques mis en scène à la suite, La Tour infernale – The Towering Inferno (1974), King Kong (1976) et Mort sur le Nil – Death on the Nile (1978), soit trois superproductions qui ont rempli les salles du monde entier et qui demeurent de vraies références. John Guillermin faisait partie de ces artisans touche-à-tout, qui à la manière d’un Richard Fleischer ou Robert Wise, passaient allègrement d’un genre à l’autre, qui se donnaient à fond en acceptant une commande et à travers laquelle ils démontraient toute l’étendue de leur talent, à la fois dramatique et technique. A la fin des années 1960, le cinéaste britannique vient d’enchaîner trois films avec le comédien George Peppard, Le Crépuscule des aigles, Syndicat du meurtre – P.J. et Un cri dans l’ombre – House of Cards, un film de guerre et deux thrillers. Il se voit confier les rênes d’une nouvelle production d’envergure internationale, Le Pont de Remagen – The Bridge at Remagen, adaptée d’un fait réel survenu à la fin de la Seconde Guerre mondiale et d’après un scénario coécrit par Richard Yates (auteur des Noces rebelles), William Roberts (Les 7 mercenaires, Coups de feu dans la Sierra), et du livre Le Pont de Remagen : La Folle histoire du 7 mars 1945 de Ken Hechler, ancien soldat de la 9e division blindée. Comme il le démontrera tout au long de sa carrière, John Guillermin n’avait pas son pareil pour emballer les séquences d’explosions, de fusillades et d’action. Le Pont de Remagen ne déroge pas à la règle. Plus de cinquante après sa sortie, on reste impressionné par cette démonstration pyrotechnique qui peut rapprocher le travail du réalisateur de celui d’un Michael Bay, auquel on pense étrangement devant la virtuosité de certains plans, de diverses « chorégraphies » militaires et l’usage du cadre large. Le Pont de Remagen a très bien vieilli et même si les personnages ne sont guère fouillés, le casting de luxe (George Segal, Robert Vaughn, Ben Gazzara, E. G. Marshall) assure du début à la fin au milieu des déflagrations. Comme chez Michael Bay on vous dit !

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