Test Blu-ray / Kull le conquérant, réalisé par John Nicolella

KULL LE CONQUÉRANT (Kull the Conqueror) réalisé par John Nicolella, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 19 août 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Kevin Sorbo, Tia Carrere, Thomas Ian Griffith, Litefoot, Roy Brocksmith, Harvey Fierstein, Karina Lombard, Edward Tudor-Pole…

Scénario : Charles Edward Pogue, d’après les personnages de Robert E. Howard

Photographie : Rodney Charters

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h32

Année de sortie : 1997

LE FILM

Kull est un bon roi. Sa droiture et sa vaillance incomparables l’ont porté sur le trône et il est aimé de son peuple. Seulement quelques nobles corrompus lui vouent une haine féroce et sont bien décidés à l’éliminer. C’est alors que, malgré les tendres sentiments qu’il porte à l’esclave Zareta, il cède à la séduction de la belle Akivasha, une sorcière maléfique que ses ennemis ont ressuscitée pour le tuer au cours de sa nuit de noces.

Bon…Si vous cherchez à retrouver l’univers de Robert Ervin Howard au cinéma, allez voir ailleurs. Mais ce serait dommage de vous priver d’un aussi bon nanar d’heroic fantasy que ce Kull le conquérant, réalisé par un certain John Nicolella, décédé en 1998, soit un an après la sortie de son ultime long-métrage. Nous n’irons pas jusqu’à dire qu’il y a une relation de cause à effet (le crabe serait la raison de son départ anticipé), mais toujours est-il que le metteur en scène âgé de 52 ans signait ici une nouvelle référence du genre, mais sûrement pas dans le sens où il l’attendait. Car Kull le conquérant est un mauvais film sympathique comme on dit, où tout part en sucette pour notre plus grand plaisir de spectateur déviant, à commencer par l’interprétation de Kevin Sorbo dans le rôle-titre, sur qui le film a quasiment été monté suite au refus d’Arnold Schwarzenneger de reprendre le rôle de Conan dans un troisième opus intitulé Conan le Conquérant. Quelque peu embarrassé par son mètre 92, de long comme d’épaules, le comédien, qui aura incarné Hercule dans quelques téléfilms aux côtés d’un Anthony Quinn à bout de souffle, dans Xena, la guerrière et dans sa propre série, paraît bien plus préoccupé par son brushing que par son jeu. Déambulant dans des décors en carton-pâte passés à la gouache brillante, ce cher Kevin ne cesse de prendre la pose, tout en plissant des yeux, comme s’il était constamment en train de réfléchir à la meilleure routine à adopter pour conserver son postiche le plus soyeux possible. Face à lui, Tia Carrere, trois ans après True Lies de James Cameron et juste avant la série Sydney Fox, l’aventurière, tente de faire bonne figure dans le rôle d’Akivasha, la reine sorcière d’Acheron, qui va donner du fil à retordre (et décoiffer) notre héros, qui nous fait rudement penser à celui de l’inénarrable La Revanche de Samson, avec le légendaire Paul Hays-Marshall, autre mètre étalon de la série Z. Produit par Raffaella De Laurentiis fille du grand Dino De Laurentiis, qui quinze ans plus tôt était à la barre de Conan le Barbare et Conan le Destructeur, aussi librement des récits de Robert E. Howard – une affaire de famille donc- Kull le conquérant, roi d’Atlantis, se rapproche plutôt de Kalidor, la légende du talisman Red Sonja (1985) de Richard Fleischer et s’avère un film d’aventures certes raté et manquant cruellement de moyens, mais ô combien divertissant.

Kull est un puissant guerrier qui, au cours d’un combat, blesse mortellement son adversaire, le roi Borna. Dans un dernier soupir, impressionné par la force de Kull, le roi Borna désigne Kull comme son successeur. Kull devient ainsi roi au grand dam des proches du roi parmi lesquels le général Taligaro qui s’estime le légitime héritier du trône. Kull devient un roi puissant et aimé de son peuple. Malheureusement Taligaro et d’autres parents de l’ancien roi lui vouent une haine féroce et sont bien décidés à l’éliminer. C’est alors que, tandis que Kull développe de tendres sentiments pour l’esclave Zareta, il est séduit par la belle Akivasha, une sorcière maléfique que les ennemis de Kull ont ressuscitée dans le but de séduire Kull et de l’épouser pour le tuer ensuite au cours de la nuit de noces. Échappant de justesse à la tentative d’assassinat, Kull se lance alors à la recherche de l’unique arme qui lui permettra de lutter contre une sorcière ayant usurpé son trône.

Il manque Kull dans un coin…

« Au commencement, le monde était dans les flammes…[…] Le dieu Valka détruisit l’empire d’Akivasha […] laissant une flamme d’Acheron brûler pour l’éternité […] des cendres d’Acheron naquit le royaume de Valeska […] à brûler la flamme rappelant ces temps sans dieux… » Un texte interminable défile dans les premières secondes de Kull le conquérant, donnant une tonne d’informations aux spectateurs quant au contexte et au décor, pour les perdre d’emblée. Qui retiendra ces informations ? Heureusement, on plonge directement dans l’ambiance avec une musique métal cinglée signée Joel (et non pas Jerry) Goldsmith (La Dernière preuve de Randal Kleiser, Moon 44 de Roland Emmerich, Au-dessus de la loi Joshua Tree de Vic Armstrong), du feu, de la baston, des acteurs en carton et une photographie pas dégueulasse de Rodney Charters, qui restera célèbre pour avoir été le chef op’ sur près de 200 épisodes de la série 24 heures chrono. La présentation des personnages est très rapide, vite expédiée, comme si tout le monde s’en fichait et voulait aller droit à l’essentiel.

L’un des points forts de Kull le conquérant, il y en a, c’est son rythme. Les 92 minutes passent en un clin d’oeil, on ne s’ennuie pas une seconde et l’on suit avec le sourire les exploits de ce valeureux guerrier barbare, ancien galérien devenu un roi respecté de tous, qui parait avoir constamment le Kull entre deux chaises, ou deux trônes, c’est selon. On ne peut pas vraiment en vouloir au scénariste Charles Edward Pogue, qui avait déjà à son actif Psychose III (1986) d’Anthony Perkins, La Mouche (1986) de David Cronenberg et Mort à l’arrivée D.O.A. d’Annabel Jankel et Rocky Morton, mais plutôt à l’ensemble de la direction artistique, aux acteurs lisses et par ailleurs très mal dirigés (Thomas Ian Griffith, le Kulltissime Jan Valek du Vampires de John Carpenter, est ici mauvais et grimaçant), au montage aux pâquerettes de Dallas Puett (Comme un oiseau sur la branche, L’Arme fatale 4, Peur bleue), aux effets spéciaux qui n’étaient déjà pas fameux à l’époque et qui sont aujourd’hui partiKullièrement moches et donc jubilatoires. On retiendra quand même la beauté et la sobriété de Karina Lombard, alors au top de sa carrière cinématographique (Légendes d’automne d’Edward Zwick, Dernier recours de Walter Hill), l’actrice étant la seule à véritablement s’investir dans cette entreprise.

Sorti durant l’été 1997 aux Etats-Unis et un an plus tard en France, Kull le conquérant connaît un bide retentissant avec 6 millions de dollars récoltés sur le sol de l’Oncle Sam et en attirant seulement 14.700 spectateurs dans les salles hexagonales. Un échec qui n’a pas été perdu pour tout le monde, puisque récupéré depuis par les passionnés de nanars qui ont toujours vu le film avec autant d’indulgence que de bienveillance.

LE BLU-RAY

De Kull le conquérant, on se souvient uniquement d’une édition DVD sortie en août 2011 chez First International Production. Depuis, rien, que dalle, nada. Et puis v’là-t-i’ pas que le film de John Nicolella refait surface dans les bacs dans une belle édition Combo Blu-ray + DVD chez nos amis de Rimini Editions ! Les deux disques, à la sérigraphie identique, sont logés dans un boîtier Amaray de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément disponible sur cette édition est une intervention très enrichissante de Patrick Louinet sur Robert E. Howard (25’). Le traducteur et directeur de collection de l’intégrale Howard (Bragelonne et Livre de Poche), co-directeur de la Robert E. Howard Foundation et auteur du Guide Howard (ActuSF), revient longuement et posément sur la vie et l’oeuvre du nouvelliste et romancier américain (1906-1936), considéré avec J.R.R. Tolkien et H.P. Lovecraft comme l’un des pères de la littérature de fantasy moderne, et l’inventeur de l’heroic fantasy avec notamment les aventures de Conan le Cimmérien. Passionnant du début à la fin, Patrick Louinet aborde les grandes phases de la carrière de Robert E. Howard (ses premières nouvelles, ses premiers écrits acceptés et publiés, la création de ses personnages comme Conan et Kull), tout en dressant le portrait de cet homme qui mettra fin à ses jours en juin 1936, après avoir appris que sa mère, qui était tombée dans le coma des suites de la tuberKullose et dont il était très proche, ne s’en sortirait pas. Dans la dernière partie, sont abordés les liens entre Kull et Conan, ainsi que leurs univers respectifs et leurs adaptations (leurs trahisons pourrait-on dire) au cinéma.

L’Image et le son

Franchement, on ne s’attendait pas un aussi beau master HD pour Kull le conquérant. Le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées et agrémentées d’effets visuels apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ plaisante. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan sur le cadre large, la texture argentique est fine, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures (étoffes, boiseries, dorures) est assez dingue. Un Blu-ray (AVC, 1080p) impressionnant.

Bien qu’encodés en DTS-HD Master Audio 2.0, les mixages anglais et français (au doublage rigolo) se révèlent dynamiques aux moments opportuns et la version originale l’emporte du point de vue homogénéité. Cette dernière est aussi disponible en 5.1. N’hésitez pas à monter le volume pour créer un confort acoustique suffisant puisque les latérales distillent leurs effets avec parcimonie, pour se lâcher enfin dans les scènes d’action, indubitablement les mieux loties. Le caisson de basses se réveille lors des différents affrontements. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Rimini Editions / Universal Studios / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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