Test DVD / Devilman le diabolique, réalisé par Paolo Bianchini

DEVILMAN LE DIABOLIQUE (Devilman Story) réalisé par Paolo Bianchini, disponible en DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Guy Madison, Luisa Baratto, Diana Lorys, Luciano Pigozzi, Valentino Macchi, Bill Vanders, Giovanni Cianfriglia…

Scénario : Paolo Bianchini & Max Caret

Photographie : Aldo Greci

Musique : Patrick Leguy

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Venus à Rome pour un congrès scientifique, le chirurgien Becker est enlevé sous les yeux de sa fille. Celle-ci, aidée par le journaliste Mike, part à sa recherche. Ils vont arriver en Afrique, au sein d’une forteresse commandée par le terrible Devilman, qui va tenter une substitution de cerveau sur Becker.

Même s’il a énormément tourné auprès de cinéastes de renom tels que Edward Dmytryk (Jusqu’à la fin des temps), John Cromwell (Depuis ton départ), William Castle (L’Archange de Brooklyn), Phil Karlson (On ne joue pas avec le crime), Anthony Mann (La Charge des Tuniques Bleues), Guy Madison (1922-1996) reste avant tout pour les cinéphiles experts en la matière, un acteur lié à la série B. On peut citer par exemple Le Shérif d’El Solito, western dense, complexe, passionnant, au suspense bien mené par George Sherman, Le Rocher du diable, très bon drame de guerre et western réalisé par William Cameron Menzies, ou bien encore The Beast of Hollow Mountain d’Edward Nassour et Ismael Rodríguez, dans lequel le comédien interprète un cowboy qui doit faire face à…un dinosaure ! Guy Madison faisait partie de ces acteurs que l’on aimait retrouver de film en film, qui n’étaient pas forcément les plus célèbres, tel le génial John Payne, mais pour lesquels l’empathie était souvent immédiate, dont le charisme fonctionnait naturellement et dont le talent parvenait à faire accepter les incohérences d’un scénario. C’est encore le cas pour Devilman le diabolique alias Devilman Story en version originale ou bien encore The Devil’s Man, divertissement tout droit sorti de l’imagination du réalisateur italien Paolo Bianchini, sous le nom de Paul Maxwell. A la fois film d’aventures, d’espionnage et de science-fiction, Devilman le diabolique a sans cesse le cul entre deux chaises, mais parvient tout de même à trouver un ton finalement assez unique, puisqu’il fait penser à l’adaptation d’un fumetti qui n’existe pas, tout en surfant allègrement sur le triomphe international des James Bond. Mélange de film BD et d’Eurospy, Devilman le diabolique conserve ce charme rétro qui nous plaît tant.

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Test DVD / Supersonic Man, réalisé par Juan Piquer Simón

SUPERSONIC MAN réalisé par Juan Piquer Simón, disponible en DVD le 1er juin 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Antonio Cantafora, Cameron Mitchell, José Luis Ayestarán, Diana Polakov, José María Caffarel, Frank Braña, Javier De Campos, Tito García…

Scénario : Juan Piquer Simón & Sebastian Moi

Photographie : Juan Mariné

Musique : Carlos Attias, Juan Luis Izaguirre & Gino Peguri

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

Depuis le fin fond de l’espace, l’extraterrestre Kronos est envoyé sur la Terre avec pour mission de rétablir l’ordre. Il s’installe à New York et devient un super héros. Il va avoir fort à faire en affrontant le Docteur Gulk, le chef d’une organisation secrète voulant dominer le monde.

Le plus grand des super-héros, c’eeeeeeeeeeeeest ???? Bah c’est pas lui en tout cas ! Et pourtant, Supersonic Man est un immense divertissement qui vous fera rire du début à la fin ! Film (cu)culte réalisé par l’espagnol Juan Piquer Simón (1935-2011), pape du cinéma d’exploitation en son pays à qui l’on doit Le Continent fantastique (1976), Les Diables de la mer (1981), Le Sadique à la tronçonneuse (1982), Mutations – Slugs (1988), ainsi que – en tant que producteur – Escalofrío (1978) de Carlos Puerto, Supersonic Man surfe sans complexe sur le triomphe du Superman de Richard Donner, en pompant allègrement certaines séquences, tout en inversant les couleurs du costume du Man of Steal pour essayer de donner le change. Adieu le slip rouge à coquille, place à un joli slip bleu à paillettes qui brille au firmament. De plus, Supersonic Man est affublé d’un masque, qui dissimule en réalité le changement d’acteur au moment de la transformation de Paul (Michael Goby) en Supersonic (Richard Yesteran), qui à l’instar de Bill Bixby et de Lou Ferrigno dans L’Incroyable Hulk, se partagent la double vedette. Toujours est-il que notre cher alien, qui se la coulait douce en biostase et uniquement vêtu de son moule-bite, s’élance vers la caméra et vole (même à l’envers, comme Captain Barbell aux Philippines, il s’en fout Supersonic Man !) vers de belles et fantastiques aventures où grâce à ses pouvoirs il pourra aller voler une bouteille de champagne dans les cuisines d’un grand restaurant, transformer en banane le flingue d’un ennemi, tout en emballant une jolie nana grâce à sa moustache frétillante quand il prend l’apparence humaine. Bref, Supersonic Man, coproduction italo-espagnole qui apparaît très souvent dans les tops des meilleurs nanars, est un spectacle comme on les aime, décontracté, très drôle, généreux et mené sans temps mort !

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Test Blu-ray / Apocalypse 2024, réalisé par L.Q. Jones

APOCALYPSE 2024 (A Boy and His Dog) réalisé par L.Q. Jones, disponible en combo Blu-ray + DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Don Johnson, Susanne Benton, Jason Robards, Tim McIntire, Alvy Moore, Helene Winston, Charles McGraw, Hal Baylor…

Scénario : L.Q. Jones, d’après le roman d’Harlan Ellison

Photographie : John Arthur Morrill

Musique : Tim McIntire

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Sept ans après la dernière guerre mondiale de 2017, la Terre est ravagée. Les quelques survivants errent dans des déserts, se battant pour les restes de l’ancien monde. Vic tente de survivre en compagnie de son chien, Prof, qui a le don de télépathie avec son maître. Toujours en quête de nourriture, armes, ou carburant, ils vont découvrir le monde souterrain qui abrite encore une civilisation. En fait, une oligarchie richissime qui profite du monde extérieur.

Vous n’aviez jamais entendu parler d’Apocalypse 2024A Boy and His Dog ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas les seuls dans ce cas et pour tout vous avouer l’auteur de ces mots ne connaissait pas non plus ce film au titre pourtant alléchant. On peut tout d’abord penser se retrouver face à un nanar ou même à un gentil navet, mais il n’en est rien, bien au contraire. Apocalypse 2024 est un petit bijou d’anticipation, le second et dernier long-métrage réalisé par L.Q. Jones, comédien (né en 1927) bien connu des cinéphiles pour être apparu devant la caméra de metteurs en scène de renom, de Raoul Walsh à Don Siegel, en passant par Richard Fleischer, Anthony Mann, Edward Dmytryk, Budd Boetticher, Sam Peckinpah, Henry Hathaway, Ted Post, Peter Yates, et même Martin Scorsese et Martin Campbell. Une tronche reconnaissable entre mille. En 1964, sous le nom de Justus McQueen (son vrai patronyme), il réalise son premier film, un western, The Devil’s Bedroom. Mais il lui faudra attendre dix ans pour se refaire la main derrière la caméra. Ce sera avec Apocalypse 2024, qui rend compte des connaissances de L.Q. Jones en matière de western, avec notamment une excellente utilisation de l’espace et des décors naturels. Mais A Boy and His Dog c’est aussi et avant tout une œuvre de science-fiction dite « adulte », héritée de 2001, l’Odyssée de l’espace (1968) de Stanley Kubrick et de La Planète des singes (1968) de Franklin Schaffner, qui alertait les spectateurs sur les problèmes écologiques, démographiques et scientifiques, sur les essais nucléaires, qui s’en remettait à l’intelligence d’une audience pour la questionner sur la place de l’homme dans l’univers, sur la survie des espèces, sur le rapport entre l’homme et les animaux. Il y a tout cela dans Apocalypse 2024, par ailleurs l’un des premiers rôles au cinéma (pour lequel il recevra le Saturn Award du meilleur acteur) de Don Johnson, 25 ans au compteur, qui s’impose sans mal dans le rôle très ambigu de Vic, jeune homme qui ne pense qu’à une chose, trouver une femme pour assouvir ses pulsions sexuelles. Celui-ci passe le désert au peigne fin grâce à son compagnon, son chien, qui lui « parle » et l’aide à débusquer quelques donzelles en échange de nourriture, tout en lui inculquant les grandes phases de l’Histoire qui les ont conduit à vivre dans ce paysage désolé. Un vrai chef d’oeuvre inattendu.

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Test DVD / La Muraille de feu, réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia

LA MURAILLE DE FEU (La Gerusalemme liberata) réalisé par Carlo Ludovico Bragaglia, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Francisco Rabal, Sylva Koscina, Gianna Maria Canale, Rik Battaglia, Philippe Hersent, Andrea Aureli, Alba Arnova, Nando Tamberlani…

Scénario : Sandro Continenza

Photographie : Rodolfo Lombardi

Musique : Roberto Nicolosi

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Lors de la première croisade aux pieds de la muraille de Jérusalem, les seigneurs chrétiens Tancrède, Renaud, Godefroy de Bouillon attendent de passer à l’attaque tandis que trois femmes musulmanes vont faire chavirer leur cœur et le tournant de la bataille.

Est-ce que le nom de Carlo Ludovico Bragaglia (1894-1998) vous dit quelque chose ? Pour tout vous avouer, moi non plus. Je n’avais jamais entendu parler de ce réalisateur italien, décédé à 103 ans, metteur en scène de plus de soixante longs-métrages sur une durée de trente années. Considéré comme l’un des cinéastes transalpins les plus prolifiques, Carlo Ludovico Bragaglia n’a cependant jamais connu de notoriété au-delà des frontières de son pays. Dans sa filmographie, on pourra évoquer six opus avec Totò (Animali Pazzi, 47 morto che parla, Figaro qua, Figaro là, Les Femmes de Barbe-Bleue, Totò cerca moglie et Totò le Moko), ainsi que diverses comédies musicales et même quelques péplums et films d’aventure dans les années 1950-60. De l’avis des spécialistes, La Muraille de feu – La Gerusalemme liberata est l’un de ses meilleurs films et force est de constater que cette évocation de la prise de Jérusalem par les guerriers de la première croisade (l’un des derniers films sur ce sujet) est élégamment réalisée et portée par un casting formidable sur lequel trône la sublime Sylva Koscina.

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Test DVD / Geneviève de Brabant, réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda

GENEVIÈVE DE BRABANT (Genoveffa di Brabante) réalisé par José Luis Monter & Riccardo Freda, disponible en DVD le 4 mai 2021 chez Artus Films.

Acteurs : María José Alfonso, Alberto Lupo, Stephen Forsyth, Beni Deus, Rosita Yarza, Andrea Bosic, Franco Balducci, Ángela Rhu…

Scénario : Riccardo Freda & José Luis Monter

Photographie : Julio Ortas & Stelvio Massi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Au XIIe siècle, le comte Siegfried s’éprend de Geneviève de Brabant et l’épouse. Lorsqu’il doit partir à la guerre au service de son roi, Geneviève se retrouve face à l’intendant félon Golo à la cruauté sans bornes.

Quand on lui parle de Riccardo Freda (1909-1999), l’amateur de cinéma d’exploitation italien a ses yeux qui s’illuminent. Si son premier métier était sculpteur, sa passion pour le septième art l’amène un peu par hasard à réaliser son premier film, le bien connu Don Cesera Di Bazan (1942). Après ce premier coup d’essai, le réalisateur se spécialise rapidement dans le film d’aventure et le genre cape et d’épée. Vaniteux, ne mâchant pas ses mots, il affirmera toute sa vie n’avoir fait du cinéma que pour l’argent, tout en critiquant ses « camarades » qu’il côtoyait à l’époque, y compris Roberto Rossellini. Même s’il est indéniable que le bonhomme était on ne peut plus aigri et imbu de sa personne, allant même jusqu’à déclarer qu’il était une « exception » en tant que cinéaste, on ne pourra jamais lui reprocher d’avoir chômé ou d’être allé à la facilité tout au long de sa prolifique carrière qui comptera plus de quarante films. On peut ainsi citer en vrac son adaptation des Misérables, connue en France sous le titre de L’Évadé du bagne (1948), Le Fils de d’Artagnan – Il Figlio di d’Artagnan (1949), auquel Bertrand Tavernier rendra hommage en écrivant La Fille de d’Artagnan (1994) que Riccardo Freda devait d’ailleurs mettre en scène lui-même, un Spartacus en 1953, Le Château des amants maudits (1956), inspiré de l’histoire de Beatrice Cenci, Les Vampires – I Vampiri (1957), qui sera finalement repris en main et terminé par Mario Bava, le cultissime L’Effroyable Secret du docteur Hichcock – L’Orribile segreto del Dr. Hichcock (1962). Retracer la filmographie de Riccardo Freda, c’est suivre les grandes étapes du cinéma italien d’exploitation, puisque le réalisateur touchera aussi bien au péplum qu’au giallo, au mélodrame, au film d’épouvante, allant même jusqu’à anticiper le poliziottesco dix ans avant son explosion avec Chasse à la drogue en 1961. Le film d’aventure tient aussi une belle place dans son œuvre. Outre Sept épées pour le roi – Le Sette spade del vendicatore (1962), qui n’est autre que le remake de Don Cesera di Bazan et L’Aigle de Florence – Il Magnifico avventuriero (1963), Riccardo Freda met les bouchées doubles en 1964 et met en scène sa version de Roméo et Juliette et celle des Deux orphelines. Parallèlement, il écrit le film Geneviève de Brabant, inspiré par la biographie de l’héroïne légendaire et populaire du Moyen Âge, Geneviève de Brabant donc, présente dans l’ouvrage La Légende dorée écrit par Jacques de Voragine, qui inspirera les écrivains, les peintres, les dramaturges, les compositeurs et les cinéastes puisqu’il s’agit ici du sixième film centré sur ce personnage. S’il est souvent indiqué que seul le réalisateur José Luis Monter est aux commandes, Riccardo Freda y a bel et bien participé en tant que metteur en scène. Et en voyant le film (inédit en France), force est de constater que l’on retrouve non seulement son style au niveau du scénario, mais aussi et surtout à l’écran avec des affrontements pleins de panache (le film démarre d’emblée par un fracas de lames croisées), une caractérisation spécifique et personnelle des personnages, ainsi que le souffle épique qui a souvent marqué les opus du cinéaste transalpin. Il en résulte un divertissement de haute volée, excellemment réalisé et interprété, qui vaut le coup d’oeil pour ses beaux décors, ses rebondissements multiples, ses dialogues très soignés et ses combats très bien chorégraphiés.

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Test Blu-ray / Le Sang du vampire, réalisé par Henry Cass

LE SANG DU VAMPIRE (Blood of the Vampire) réalisé par Henry Cass, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 6 avril 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Donald Wolfit, Barbara Shelley, Vincent Ball, Victor Maddern, William Devlin, Andrew Faulds…

Scénario : Jimmy Sangster

Photographie : Monty Berman

Musique : Stanley Black

Durée : 1h25

Année de sortie : 1958

LE FILM

Transylvanie, 1874. Des villageois exécutent sauvagement un homme accusé de vampirisme. Un scientifique parvient à le ressusciter grâce à une transplantation du cœur. Quelques années plus tard, on le retrouve à la tête d’un asile d’aliénés implanté dans une forteresse. Dénommé à présent Callistratus, il expérimente des transfusions sanguines sur ses patients.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser et à ce que beaucoup pensent d’ailleurs encore, Le Sang du vampire – Blood of the Vampire, réalisé en 1958 par Henry Cass, n’est pas un opus sorti de la merveilleuse usine de La Hammer. C’est un peu comme la zircone, qui a l’aspect du diamant, qui en a la couleur, mais qui n’en est pas. Cependant, il existe bel et bien un lien entre cette production indépendante Robert S. Baker/Monty Berman et la célèbre fabrique de films d’épouvante, en la personne de Jimmy Sangster (1927-2011), dont nous avons déjà parlé à moult reprises sur Homepopcorn, à travers nos chroniques des Horreurs de Frankenstein (qu’il a aussi mis en scène), The Maniac, The Anniversary, Hurler de peur, Paranoïaque ou bien encore Les Maîtresses de Dracula. Capable de passer d’un genre à l’autre en suivant la mode et surtout le goût des spectateurs, le scénariste de moult bijoux qui ont fait la renommée du studio fondé en 1934 par William Hinds et Enrique Carreras, finalement repris par leurs fils Anthony Hinds et Michael Carreras, Jimmy Sangster a également officié pour d’autres firmes spécialisées dans le film d’horreur. C’est donc le cas pour Le Sang du vampire, issu de la Tempean Productions, société fondée en 1948, qui avait pu constater l’engouement international pour Le Monstre – Quatermass Xperiment (1955) et La Marque – Quatermass 2 (1957) de Val Guest, mais aussi et surtout de Frankenstein s’est échappé – The Curse of Frankenstein (1957) de Terence Fisher. Robert S. Baker et Monty Berman décident de surfer sur cette mouvance et engagent Jimmy Sangster. Rétrospectivement, Le Sang du vampire sera tourné avant les deux autres monuments de la Hammer, La Revanche de Frankenstein – The Revenge of Frankenstein et Le Cauchemar de Dracula – Dracula, réalisés par Terence Fisher et écrits par Jimmy Sangster. Autant dire que Le Sang du vampire a de quoi tromper une audience friande du genre, mais même si ce film ne provient donc pas de la Hammer, il se révèle pourtant tout aussi réussi et important, à tel point que l’oeuvre de Henry Cass est aujourd’hui considérée, et à juste titre, comme étant l’un des grands classiques, sadique, drôle et intelligent – de l’Age d’or du British Gothic.

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Test DVD / L’Année tchèque, réalisé par Jirí Trnka

L’ANNÉE TCHÈQUE (Spalicek – Špalíček) réalisé par Jirí Trnka, disponible en DVD le 6 avril 2021 chez Artus Films

Scénario : Jirí Trnka

Photographie : Emanuel Franek & Vladimír Novotný

Musique : Václav Trojan

Durée : 1h17

Année de sortie : 1947

LE FILM

Au sein d’un petit village tchèque, nous découvrons les coutumes et les légendes populaires du pays à travers six séquences de marionnettes animées : Le carnaval, Printemps, La légende de Saint Procope, Le pèlerinage, La kermesse, et La crèche de Noël.

L’âme et le coeur de L’Année tchèque (1947) sont ceux de Jiří Trnka (1912-1969), pionnier de l’animation (tchèque, c’était évident), cinéaste d’exception, également sculpteur, peintre et illustrateur, mais aussi créateur de décors et de costumes, qui a fait sa renommée à travers ses films d’animation en volume, à l’instar de son mythique Les Vieilles légendes tchèques – Staré povesti ceské (1953). D’origine modeste, Jiří Trnka se nourrit très jeune du monde des artisans, sa mère étant couturière et son père ferblantier, ainsi que de celui des paysans. Le bois est omniprésent dans le quotidien des Trnka et le jeune Jiří s’amuse à sculpter des marionnettes, qu’il utilise ensuite pour créer des spectacles destinés à ses amis d’école. Cette passion ne le quittera plus et il parviendra à en faire son métier, après avoir fréquenté une école d’arts appliqués au début des années 1930. Également graveur, il démarre dans la vie professionnelle en réalisant les illustrations d’ouvrages tchèques et étrangers, pour son propre compte ou pour quelques maisons d’édition. Il signera celles des contes des frères Grimm et de Charles Perrault, Les Mille et une nuits, des pièces de Shakespeare ou des fables de La Fontaine. Ses créations accompagnent les enfants lors de leurs découvertes de ces grands classiques. Alors qu’il est appelé par le théâtre pour y élaborer des décors et des costumes, Jiří Trnka est de plus en plus attiré par le cinéma. A la fin de la Seconde Guerre mondiale, il fonde un studio d’animation, Bratři v triku, avec ses confrères et amis Eduard Hofman et Jiří Brdečka. Leurs premiers courts-métrages sont réalisés sur cellulose. Puis Jirí Trnka fonde sa propre société d’animation de marionnettes, Jirí Trnka Studio et décide de passer la vitesse supérieure avec L’Année tchèque, long-métrage composé à partir d’une série de courts-métrages à l’origine indépendants. Ainsi, à travers six séquences différentes, tournées au fil des années et réunies en un programme, Jiří Trnka et ses 26 collaborateurs, se penchent sur les légendes, les coutumes et les traditions qui rythment la vie d’un petit village tchèque au fil des jours qui passent et des saisons.

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Test DVD / Le Prince des chats, réalisé par Ota Koval

LE PRINCE DES CHATS (Kocicí princ) réalisé par Ota Koval, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Pavel Hachle, Zaneta Fuchsová, Winfried Glatzeder, Jana Andrsová-Vectomová, Vlastimil Hasek, Bohumil Vávra, Alena Kreuzmannová, Jana Andresíková…

Scénario : Ota Hofman & Ota Koval

Photographie : Andrej Barla

Musique : Lubos Sluka

Durée : 1h18

Date de sortie initiale : 1979

LE FILM

En Bohême, une famille doit emménager dans un vieux château, les parents devant y travailler. Les enfants Raduk et Teresa explorent les longs couloirs avec leur petit chat, en évitant le ténébreux Albert, le maître des lieux qui n’aime pas les chats. Ce dernier blessant leur chatte, les enfants trouvent un passage derrière un tableau, qui les conduira dans un pays merveilleux, duquel ils devront ramener l’élixir de vie, après avoir affronté maints dangers.

Le Prince des chatsKocicí princ est un conte de fées tchécoslovaco-est-allemand, réalisé par Ota Koval, sorti sur les écrans en 1979. Ici, point d’adaptation d’un élément tiré des Mille et Une Nuits, des écrits des frères Grimm, d’Andersen ou de Charles Perrault, puisqu’il s’agit d’une histoire complètement originale coécrite par le cinéaste et l’écrivain Ota Hofman, tous les deux étant spécialisés dans les récits dédiés aux enfants et aux jeunes adultes. Tourné dans de magnifiques décors naturels (Tierpark Berlin, ou dans les environs de Dresde et de Prague) ou reconstitués dans les studios Barrandov de Prague, Le Prince des chats est une sorte d’Histoire dans finThe NeverEnding Story avant l’heure, puisque l’intrigue transforme nos deux très jeunes protagonistes, en héros d’aventures qui devront mener une quête teintée de magie, pour pouvoir rentrer chez eux et sauver celle pour qui ils vont risquer leur existence, leur chatte. Film très court, ramassé sur 78 minutes, Le Prince des chats conserve un charme vintage indéniable, même si l’on ne peut s’empêcher de penser que certains animaux ont été malmené sur le plateau, à l’instar de ce chat tout simplement balancé dans les airs durant le générique, sur lequel les cartons se figent et le montrent effrayé. Évidemment, cela ne va sûrement pas aussi loin que le tournage cruel des Aventures de Chatran, film japonais, remanié aux Etats-Unis, où plusieurs dizaines de félins avaient semblent-ils été sacrifiés, mais il est évident que les chats vus dans le film ont été « forcés » dans quelques scènes. Heureusement, ces séquences sont plutôt limitées et le reste du temps, le spectacle est joliment assuré et bourré d’imagination.

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Test DVD / L’Histoire du Petit Muck, réalisé par Wolfgang Staudte

L’HISTOIRE DU PETIT MUCK (Die Geschichte vom kleinen Muck) réalisé par Wolfgang Staudte, disponible en DVD le 2 mars 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Thomas Schmidt, Johannes Maus, Friedrich Richter, Trude Hesterberg, Alwin Lippisch, Silja Lesny, Heinz Kammer, Gerhard Hänsel…

Scénario : Peter Podehl & Wolfgang Staudte, d’après le conte de Wilhelm Hauff

Photographie : Robert Baberske

Musique : Ernst Roters

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1953

LE FILM

Pour faire cesser les moqueries d’enfants turbulents, le vieux potier bossu Muck leur raconte son histoire : orphelin très jeune, Muck partit dans le désert à la recherche du marchand de bonheur. Séquestré par une sorcière, il parvint à lui échapper, emportant au passage un bâton magique et une paire de babouches enchantées. Il s’en alla alors tenter sa chance à la cour du sultan.

Vous n’aviez jamais entendu parler de L’Histoire du Petit Muck ? Nous non plus. Pourtant, sachez que Die Geschichte vom kleinen Muck a fait autant d’entrées dans les salles de la République démocratique allemande que Le Petit Monde de don Camillo (1952) ou que La Grande illusion (1947) de Jean Renoir en France, soit près de 13 millions de spectateurs, pour une population qui en comptait 16 millions. Il restera le plus grand succès de l’histoire du cinéma de la RDA. C’est dire le succès colossal, le triomphe, le phénomène de ce Petit Muck complètement inconnu au bataillon dans nos contrées. Le film est l’adaptation du conte de fées éponyme de l’écrivain et poète Wilhelm Hauff, que l’on trouve dans un recueil intitulé Die KarawaneLa caravane, publié en 1825, qui avait déjà fait l’objet de plusieurs transpositions au cinéma et ce dès 1921 (Der kleine Muk, par Wilhelm Prager), puis en 1938 à travers un court-métrage d’animation soviétique (Malenkiy Muk par Olga Khodatayeva), et enfin en 1944 avec Der kleine Muck de Franz Fiedler. Et l’on arrive au film qui nous intéresse aujourd’hui, un blockbuster de l’époque qui bénéficiait alors d’un budget conséquent (le plus gros jamais alloué à un film par le studio), où l’argent se voit à l’écran du début à la fin. Rempli de couleurs et d’effets spéciaux (par ailleurs très réussis et au charme fou), L’Histoire du Petit Muck est un vrai spectacle pour les petits et les autres.

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Test Blu-ray / Jeanne d’Arc, réalisé par Gustav Ucicky

JEANNE D’ARC (Das Mädchen Johanna) réalisé par Gustav Ucicky, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Angela Salloker, Gustaf Gründgens, Heinrich George, René Deltgen, Erich Ponto, Willy Birgel, Theodor Loos, Aribert Wäscher…

Scénario : Gerhard Menzel

Photographie : Günther Krampf

Musique : Peter Kreuder

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 1935

LE FILM

A la fin de la Guerre de Cent ans, la France va de défaites en défaites face aux Anglais. Seule la ville d’Orléans résiste, défendue par La Trémoille, Dunois, et d’Alençon. A Domrémy, en Lorraine, une jeune fille de 17 ans, Jeanne, entend la voix de l’archange Michel. Il lui dit d’aller retrouver le dauphin Charles pour le faire couronner à Reims. Après le sacre, lui seul pourra bouter les Anglais hors de France.

Ils sont nombreux les cinéastes à s’être confrontés au mythe Jeanne d’Arc ! On peut citer en vrac, parmi les plus connus bien sûr, Carl Theodor Dreyer avec La Passion de Jeanne d’Arc (1928), Victor Fleming avec Jeanne d’ArcJoan of Arc (1948), Roberto Rossellini avec Jeanne au bûcherGiovanna d’Arco al rogo (1954), Jean Delannoy avec son segment dans le film collectif Destinées (1954), Otto Preminger avec Sainte JeanneSaint Joan (1957), Robert Bresson dans Le Procès de Jeanne d’Arc (1962), Jacques Rivette avec Jeanne la Pucelle (1994), Luc Besson avec Jeanne d’Arc (1999) et bien d’autres. La Pucelle d’Orléans aura eu comme beaux visages au cinéma, celui de Renée Falconetti, d’Ingrid Bergman (à deux reprises d’ailleurs), de Michèle Morgan, de Jean Seberg, de Florence Delay, de Sandrine Bonnaire ou de Milla Jovovich. Jeanne d’Arc n’aura pas attendu longtemps pour faire sa première apparition au cinéma puisque le premier film recensé sur ce sujet remonte à 1898, un court-métrage muet réalisé par Georges Hatot. Suivront très vite les Frères Lumière (Domrémy, 1899) et Georges Méliès (Jeanne d’Arc, 1899), avant que l’Italie s’empare du personnage dans le premier long-métrage consacré au personnage, Giovanna d’Arco (1913) d’Ubaldo Maria Del Colle et Nino Oxilia. Le premier film à l’utiliser comme élément de propagande est le grand Cecil B. De Mille avec son Jeanne d’ArcJoan the Woman (1916), destiné à encourager les troupes américaines auprès des Alliés durant la Première Guerre mondiale. Mais il y a un autre film consacré à la Pucelle d’Orléans, qui vaut qu’on s’y attarde et ce pour deux raisons. Premièrement, il s’agit du premier film parlant sur Jeanne d’Arc, deuxièmement il s’agit aussi d’une œuvre de propagande, destinée ici faire le parallèle entre la venue providentielle de cette jeune fille d’origine paysanne et celle d’Adolf Hitler. Il s’agit de Jeanne d’Arc Das Mädchen Johanna, véritable blockbuster de l’époque, mis en scène par Gustav Ucicky, avec Angela Salloker dans le rôle-titre.

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