Test Blu-ray / Fanfan la Tulipe, réalisé par Christian-Jaque

FANFAN LA TULIPE réalisé par Christian-Jaque, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 9 avril 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Gérard Philipe, Gina Lollobrigida, Marcel Herrand, Olivier Hussenot, Noël Roquevert, Henri Rollan, Nerio Bernardi, Jean-Marc Tennberg, Jean Paredes, Geneviève Page, Sylvie Pelayo…

Scénario : René Fallet, René Wheeler, Christian-Jaque & Henri Jeanson

Photographie : Christian Matras

Musique : Maurice Thiriet & Georges Van Parys

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Le sergent recruteur “La franchise” sillonnait la Normandie accompagné de sa fille, la belle Adeline, afin de recruter de nouveaux soldats prêts à aller mourir sur les champs de bataille du roi Louis XV. La tâche s’avérant de plus en plus difficile, ce racoleur avait mis au point un fin stratagème. Adeline, déguisée en bohémienne, arrêtait d’un sourire les garçons et lisait dans leur main une incroyable destinée : ils seraient les meilleurs soldats du royaume et épouseraient l’une des filles du roi. Fanfan la Tulipe, un jeune coq de village, passa par là…

Quelle fougue ! Quel panache ! Quasiment 70 ans après sa sortie, Fanfan la Tulipe de Christian-Jaque, à ne pas confondre avec La Tulipe Noire (1963) du même réalisateur, n’a pas pris une seule ride et demeure LA référence du film d’aventure français, où la cape et l’épée s’entremêlent pour le plus grand plaisir des spectateurs, alors happés par le charme dévastateur, la jeunesse, l’érotisme et la frénésie du couple Gérard Philipe – Gina Lollobrigida. Gigantesque succès international, qui avait attiré près de sept millions de spectateurs en France, qui s’inscrivait alors sur la troisième marche du podium au box office en 1952 derrière les 12,8 millions d’entrées du Petit Monde de Don Camillo et les 8,1 millions de l’opérette Violettes impériales, Fanfan la Tulipe a su mieux traverser la seconde moitié du XXe siècle et le premier quart de ce XXIe siècle grâce à la plume acérée, follement moderne et furieusement poétique de l’immense Henri Jeanson, dont on reconnaît le talent à chaque réplique et ce dès l’incroyable, dantesque et ironique introduction en voix-off. Si le scénario est finalement signé René Fallet (Le Triporteur, Les Vieux de la vieille, Un idiot à Paris, La Soupe aux choux) et René Wheeler (La Cage aux rossignols, Jour de fête, Du rififi chez les hommes), l’âme de Henri Jenson traverse et imprègne Fanfan la Tulipe du début à la fin, tandis que la mise en scène étourdissante de Christian-Jaque, récompensée au Festival de Cannes et par l’Ours d’argent au Festival de Berlin, se révèle être un véritable typhon qui emporte tout sur son passage. Chef d’oeuvre absolu du cinéma français, inoubliable, inaltérable et intemporel.

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Test DVD / The Doorman, réalisé par Ryûhei Kitamura

THE DOORMAN réalisé par Ryûhei Kitamura, disponible en DVD le 27 janvier 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Ruby Rose, Jean Reno, Aksel Hennie, Rupert Evans, Julian Feder, David Sakurai, Louis Mandylor, Hideaki Ito…

Scénario : Lior Chefetz, Harry Winer & Joe Swanson, d’après une histoire originale de Greg Williams & Matt McAllester

Photographie : Matthias Schubert

Musique : Aldo Shllaku

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Après un attentat violent et traumatisant, une ex-Marines, est de retour chez elle à New York. Devenue concierge d’un immeuble en rénovation, elle se retrouve confrontée à des mercenaires bien décidés à mettre la main sur une précieuse oeuvre d’art.

Née en 1986, la mannequin et comédienne australienne Ruby Rose est devenue célèbre à la télévision dans la série Orange Is the New Black (saisons 3 et 4) où elle interprétait le rôle de Stella Carlin, ainsi que dans le Arrowverse (du moins ce qu’il en reste), où elle tenait dernièrement le rôle de Kate Kane alias Batwoman, avant de jeter l’éponge au bout d’une saison. Elle se fait aussi remarquer au cinéma dans le genre action, les réalisateurs n’hésitant pas à se servir de son corps sec, musclé et tatoué pour mettre en avant son côté bad-ass. Ainsi, depuis 2016 l’actrice aura enchaîné Resident Evil : Chapitre Final de Paul W.S. Anderson, xXx : Reactivated de D.J. Caruso, John Wick 2 de Chad Stahelski et En eaux troubles – The Meg de Jon Turtletaub. Pour la première fois, Ruby Rose tient le haut de l’affiche dans The Doorman, une toute petite série B, cette fois encore d’action et nerveuse, réalisée par le japonais Ryûhei Kitamura, metteur en scène des acclamés Heat After Dark (1996), Down to Hell (1997) et Versus, l’ultime guerrier (2000). C’est avec The Midnight Meat Train, qu’il entame sa carrière américaine en 2008, en dirigeant Bradley Cooper et Vinnie Jones dans ce film d’épouvante déjà culte. Suivront No One Lives (2013) avec Luke Evans et le survival Downrange (2017). Ceux qui suivent le cinéaste depuis plusieurs années seront peut-être déçus de le voir signer avec The Doorman un film plus classique, pour ne pas dire trop propret. Pourtant ce « Die Hard de chez Wish » est clairement un petit hommage au chef d’oeuvre de John McTiernan, sans prétention, sans beaucoup d’argent non plus, qui parvient sans mal à divertir avec des effets, une recette, des ficelles et des rebondissements ultra-prévisibles, mais toujours aussi efficaces, si le spectateur a pris soin au préalable de laisser son cerveau au vestiaire. Si tel est le cas, The Doorman remplit son contrat et Ruby Rose, dans un rôle improbable où elle est supposée mettre à terre des mecs de plus cent kilos, s’en tire honorablement, surtout face à un Jean Reno complètement endormi et que personne n’a pris soin de réveiller depuis près de quinze ans.

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Test Blu-ray / Boss Level, réalisé par Joe Carnahan

BOSS LEVEL réalisé par Joe Carnahan, disponible en DVD et Blu-ray le 6 mars 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Mel Gibson, Annabelle Wallis, Naomi Watts, Frank Grillo, Michelle Yeoh, Ken Jeong, Will Sasso, Meadow Williams…

Scénario : Chris Borey, Eddie Borey & Joe Carnahan

Photographie : Juan Miguel Azpiroz

Musique : Clinton Shorter

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Piégé dans une boucle temporelle qui répète à l’infini sa mise à mort, l’ancien agent des forces spéciales Roy Pulver découvre des indices sur un projet gouvernemental secret qui pourrait dévoiler le mystère sa mort prématurée. Dans une course contre-la-montre, Pulver doit traquer le colonel Clive Ventor, le puissant chef du programme gouvernemental, tout en devançant des assassins habiles et impitoyables déterminés à le détourner de la vérité afin de sortir de la boucle, de sauver sa femme et de vivre à nouveau pour demain.

Mesdames et messieurs, Joe Carnahan est de retour aux affaires ! Sept ans après son dernier long-métrage, Stretch, le réalisateur de Narc (2002), de Mise à prixSmokin’ Aces (2007), de L’Agence tous risquesThe A-Team (2010) et du Territoire des loups The Grey (2012) signe un comeback tonitruant au cinéma (ou presque) avec Boss Level. Tourné il y a trois ans, le film se verra malheureusement privé d’une sortie dans les salles et sortira finalement en DVD et Blu-ray chez Metropolitan en France, ainsi qu’en VOD sur la plateforme Hulu. Dommage, car Boss Level c’est comme qui dirait le film parfait pour se défouler, corps et âme, après cette putain d’année passée. Virtuose et immense hommage à Un jour sans fin Groundhog Day (1993), pensé comme étant une version violente (mais pas que) du chef d’oeuvre d’Harold Ramis, le film de Joe Carnahan s’inspire aussi bien évidemment du monde du jeu vidéo, à tel point que l’on en vient même à se demander au départ s’il ne s’agit pas d’une plongée dans le quotidien d’un personnage condamné à être enfermé dans une partie qui se rejouerait en boucle. Le cinéaste met les bouchées doubles dès la première séquence. Boss Level, c’est 100 minutes d’action non-stop, de violence, de sang, d’humour, avec même quelques éclats de gore et de l’émotion qui s’incruste et prend place à mesure que le récit avance. Si le procédé n’est certes pas nouveau, puisque déjà repris dans les deux Happy Birthdead (2017-2019) de Christopher Landon, dans Source Code (2011) de Duncan Jones et dans Edge of Tomorrow (2014) de Doug Liman, Joe Carnahan, également scénariste aux côtés des frères Borey (Open Grave), s’en empare pour offrir un divertissement de très haute volée, ainsi que le premier rôle à Frank Grillo, qui du haut de ses 55 ans s’avère en très grande forme physique et démontre qu’il en a encore sacrément sous le capot. Puis n’oublions pas le badguy de l’histoire, interprété par un Mel Gibson au charisme foudroyant, ainsi que l’atout charme en la personne de la divine et talentueuse Naomi Watts. En un mot, immanquable.

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Test Blu-ray / The Good Criminal, réalisé par Mark Williams

THE GOOD CRIMINAL (Honest Thief) réalisé par Mark Williams, disponible en DVD et Blu-ray le 12 février 2021 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Liam Neeson, Kate Walsh, Jai Courtney, Jeffrey Donovan, Anthony Ramos, Robert Patrick, Jasmine Cephas Jones, Birol Tarkan Yildiz…

Scénario : Steve Allrich à Mark Williams

Photographie : Shelly Johnson

Musique : Mark Isham

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Tom, un légendaire voleur de banque décide de se ranger et passe un deal, contre son immunité, avec le FBI qui n’a jamais réussi à lui mettre la main dessus. Il réalise vite que les Fédéraux ont un autre plan en tête : partager son butin et le faire accuser d’un meurtre. Pris au piège, pourchassé par la police et le FBI, il décide de reprendre les choses en main et se lance dans une vengeance explosive.

Aaaaah Liam Neeson et son partenaire préféré, son portable, sont de retour ! Depuis 2008 et le triomphe inattendu de Taken de Pierre Morel, faisant de lui une star du film d’action à l’âge bien avancé de 56 ans, le comédien irlandais n’a eu de cesse d’enchaîner les opus du même acabit, les ersatz, les séries B voire Z, oscillant sans cesse entre navets et nanars, sans jamais cligner des yeux et en tenant son mètre 93 droit comme un i. L’horrible trilogie Taken avait même fait oublier à quel point Liam Neeson pouvait être bon quand il s’en donne la peine et quand il est bien dirigé. Comme Nicolas Cage quoi. Entre quelques purges bien senties, Taken, Taken 2, Taken 3, Le Choc des titans, La Colère des titans, The Other Man, le comédien se souvient de son boulot et n’hésite pas à s’investir dans de grands projets comme Chloé d’Atom Egoyan, Le Territoire des loups de Joe Carnahan, Balade entre les tombes de Scott Frank, Quelques minutes après minuit de Juan Antonio Bayona, Silence de Martin Scorsese, La Ballade de Buster Scruggs The Ballad of Buster Scruggs de Joel et Ethan Coen et Les VeuvesWidows de Steve McQueen. Les derniers divertissements de sa filmographie restent incontestablement ses collaborations avec le réalisateur espagnol Jaume Collet-Serra (La Maison de cire, Esther, Instinct de survie), même si The Passenger, titre « français » de The Commuter, leur quatrième association après Sans identité (2011), Non-Stop (2014) et Night Run (2015) était sans hésitation la moins réussie. S’il a mis les bouchées doubles dans les années 2010, Liam Neeson a su surfer sur cette nouvelle aura qui a fait ses preuves au box-office, tout en se « permettant » diverses interludes dans le cinéma d’auteur. Après Sang froidCold Poursuit de Hans Petter Moland, qui conciliait comme qui dirait les deux versants de sa filmographie, l’acteur revient au thriller d’action avec Honest Thief, « traduit » en France sous le titre The Good Criminal. Allez comprendre…Anyway, à bientôt 70 ans (et oui…), Liam Neeson joue ici un gentleman cambrioleur qui a su dérober 9 millions de dollars dans 12 banques dispersées dans sept états, ne trouvant rien de mieux à faire durant ces huit dernières années. Pour la beauté du geste. Jusqu’à ce que cet ex-Marine (parce qu’il faut bien justifier ses talents au combat rapproché et au maniement des armes) rencontre l’amour, le vrai, et lui donne envie de raccrocher. Mais évidemment, rien ne va se passer comme il l’avait prévu, vous l’imaginez bien. Réalisé par Mark Williams, qui avait signé un premier long-métrage intéressant, Last Call (2016) avec Gerard Butler, producteur de séries télévisées (The Choir, Ozark) mais aussi de l’excellent Mr Wolff de Gavin O’Connor avec Ben Affleck, The Good Criminal fait partie des « bons » films de Liam Neeson, qui ne casse pas trois pattes à un canard (à des connards plutôt ici), mais qui vaut étonnamment plus pour ses seconds couteaux que pour la star elle-même, qui assure sans se forcer, mais qui peine désormais à convaincre sur les séquences d’action. Mais l’ensemble demeure sympathique tout de même.

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Test Blu-ray / Le Fantôme du Bengale, réalisé par Simon Wincer

LE FANTÔME DU BENGALE (The Phantom) réalisé par Simon Wincer, disponible en Blu-ray le 20 janvier 2021 chez Paramount Pictures.

Acteurs : Billy Zane, Treat Williams, Kristy Swanson, Catherine Zeta-Jones, Patrick McGoohan, James Remar, Cary-Hiroyuki Tagawa, Bill Smitrovich…

Scénario : Jeffrey Boam, d’après la bande dessinée de Lee Falk

Photographie : David Burr

Musique : David Newman

Durée : 1h40

Année de sortie : 1996

LE FILM

Dans les années 1930, dans la forêt de Bengalla, un justicier masqué, le Fantôme, fait régner la justice et la paix. Un jour, il apprend qu’un richissime collectionneur corrompu, Xander Drax, cherche à obtenir trois mystérieux crânes, qui, une fois réunis, lui conféreront d’immenses pouvoirs. Avec l’aide d’une journaliste, Diane Palmer, le Fantôme agit pour que Xander Drax n’arrive pas à ses fins.

Bien qu’il n’ait connu aucun succès lors de sa sortie dans les salles en juin 1996 aux Etats-Unis et en décembre de la même année dans nos contrées, Le Fantôme du BengaleThe Phantom, réalisé par Simon Wincer, a su se faire une petite place dans le coeur des cinéphiles amateurs de séries B. Cette adaptation de la bande dessinée éponyme créée en 1936 par Lee Falk, le père de Mandrake le magicien, n’est pas une parodie, mais un pastiche des serials des années 1930, au même titre que les plus connus Les Aventures de RocketeerThe Rocketeer (1991) de Joe Johnston et The Shadow (1994) de Russell Mulcahy, qui surfaient déjà sur cette mouvance. Chaînon manquant entre Tarzan, né en 1912 sous la plume d’Edgar Rice Burroughs, et Batman du tandem Bob Kane – Bill Finger qui verra le jour en 1939, The Phantom version long-métrage rend hommage aux aventuriers et super-héros qui commençaient à faire les beaux jours des comic-strips, en adoptant les partis pris originaux, autrement dit en embrassant l’aspect kitsch de la source originale, tout en proposant aux spectateurs un divertissement de haute volée, menée tambour battant sur un score démentiel de David Newman, génialement mis en scène et interprété par Billy Zane, un an avant Titanic de James Cameron, qui s’amuse comme un gamin en faisant des cabrioles, tout en faisant du charme – suranné – aux belles Kristy Swanson et Catherine Zeta-Jones. Le Fantôme du Bengale est devenu un film culte, dont la réussite est très souvent louée sur les sites spécialisés et cette réputation n’est pas usurpée. D’ailleurs, il n’est pas interdit de penser que George Lucas s’en est largement inspiré pour son inénarrable Indiana Jones et le Royaume du Crâne de cristal (2008), par ailleurs beaucoup moins fun et inspiré que notre Phantom. Cela n’est peut-être pas une simple coïncidence, puisque le scénariste Jeffrey Boam, n’est autre que celui d’Indiana Jones et la dernière croisadeIndiana Jones and the Last Crusade (1989). Alors si vous ne connaissez pas encore Kit Walker, foncez !

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Test Blu-ray / La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman – Triple Cross, réalisé par Terence Young

LA FANTASTIQUE HISTOIRE VRAIE D’EDDIE CHAPMAN (Triple Cross) réalisé par Terence Young, disponible en DVD et Blu-ray le 3 février 2021 chez Crome Films – ESC Editions.

Acteurs : Christopher Plummer, Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Yul Brynner, Harry Meyen, Georges Lycan…

Scénario : René Hardy, d’après le livre de Frank Owen

Photographie : Henri Alekan

Musique : Georges Garvarentz

Durée : 2h12

Année de sortie : 1966

LE FILM

Durant la Deuxième Guerre mondiale, le perceur de coffres Eddy Champan est arrêté par l’armée allemande. Il obtient de cette dernière de se racheter en intégrant leur camp avant d’être envoyé en Angleterre où il s’introduit habilement dans les rangs locaux. Chapman joue alors un double-rôle pour le compte des services secrets britanniques.

Alors qu’il vient de nous quitter à l’âge respectable de 91 ans, le canadien Christopher Plummer semble n’avoir jamais été jeune dans la mémoire des cinéphiles. Et pourtant, le comédien aura démarré sa carrière cinématographique dans les années 1950, en 1958 plus précisément, devant la caméra de Sidney Lumet dans l’excellent et méconnu Les Feux du théâtreStage Struck, dans lequel il donne la réplique à Henry Fonda et Susan Strasberg. Parallèlement à ses prolifiques activités théâtrales, il enchaîne les rôles au cinéma chez Nicholas Ray (La Forêt interdite Wind Across the Everglades), Anthony Mann (La Chute de l’Empire romainThe Fall of the Roman Empire), Robert Wise (La Mélodie du bonheur – The Sound of Music) et Robert Mulligan (Daisy CloverInside Daisy Clover). Une belle façon de commencer dans le métier pourrait-on dire. Mais l’un de ses films les plus importants restera sans nul doute celui qu’il porte entièrement sur ses épaules du début à la fin, Triple Cross, réalisé en 1966 par Terence Young, également connu en France sous le titre La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman. Aussi dingue qu’il n’y paraît, Triple Cross s’inspire d’une histoire vraie, celle d’Edward Arnold Chapman, dit Eddie Chapman (1914-1997) donc, gangster britannique qui devint un espion durant la Seconde Guerre mondiale, à la fois au service de l’Allemagne nazie, puis pour son pays natal. Il faut le voir pour le croire, d’ailleurs certains éléments demeurent tellement invraisemblables qu’on a encore beaucoup de mal à se persuader que ce qui nous est raconté s’est peu ou prou passé ainsi. Cette histoire était évidemment faite pour le cinéma. Christopher Plummer, sourire en coin et la classe incarnée, prend un évident et contagieux plaisir à composer ce personnage totalement ambigu, en lui apportant une délicieuse ironie. Il est aussi parfait que le casting international qui l’entoure, à savoir Romy Schneider, Trevor Howard, Gert Fröbe, Claudine Auger, Harry Meyen, Yul Brynner, Jess Hann, Anthony Dawson, Bernard Fresson et Howard Vernon. Mêlant à la fois l’espionnage et le film de guerre, La Fantastique Histoire vraie d’Eddie Chapman est une grande réussite, le rythme y est un peu lent certes, mais le film n’en reste pas moins extrêmement jubilatoire, ultra-divertissant, passionnant, teinté d’humour et imprégné de l’élégance propre à son metteur en scène.

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Test Blu-ray / Chasse à l’homme, réalisé par John Woo

CHASSE À L’HOMME (Hard Target) réalisé par John Woo, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 3 février 2021 chez ESC Editions.

Acteurs : Jean-Claude Van Damme, Lance Henriksen, Yancy Butler, Arnold Vosloo, Wilford Brimley, Chuck Pfarrer…

Scénario : Chuck Pfarrer

Photographie : Russell Carpenter

Musique : Graeme Revell & Tim Simonec

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1993

LE FILM

Natasha Binder débarque à la Nouvelle Orléans pour retrouver les traces de son père dont elle n’a plus de nouvelles depuis un certain temps. Pour cela, elle engage Chance, un gars du coin. Chance commence par refuser, mais finit par accepter. Ensemble, ils découvrent que le père de Natasha a été tué par une organisation criminelle qui s’adonne à la chasse à l’homme, dont les proies sont généralement des sans-abris.

Après le carton de Kickboxer, qui a largement contribué à faire de Jean-Claude Van Damme une star de cinéma, a movie star, le comédien enchaîne avec Full ContactLionheart en 1990, Coups pour coupsDeath Warrant (1991) qui a connu un accueil plus mitigé que le précédent, Double Impact (1991, énorme succès aussi bien aux Etats-Unis qu’en France) et le hit mondial d’Universal Soldier (1992). Dans Cavale sans issueNowhere to run (1993), JCVD change un peu son fusil d’épaule et souhaite déjà démontrer que son talent ne se résume pas qu’à ses muscles. Le résultat au box-office s’en ressentira un peu. On arrive alors à Chasse à l’homme Hard Target, premier film américain réalisé par l’éminent John Woo, tout droit débarqué de Hong Kong, appelé aux Etats-Unis, entre autres par Sam Raimi, qui officie ici en tant que producteur, et comme metteur en scène de secours au cas où John Woo ne parviendrait pas à diriger son équipe dans la langue de Shakespeare. Rétrospectivement, Chasse à l’homme apparaît comme étant le film du compromis. Celui de la star, habituée à ce que les réalisateurs soient à « son service » en mettant en valeur ses capacités physiques, mais aussi celui du cinéaste, qui même s’il est obligé de revoir ses ambitions et de se plier à un cahier des charges strict, désire s’imposer et marquer cette première mouture US de sa griffe reconnaissable entre mille. Il en résulte un film d’action mené tambour battant, qui parvient à la fois à contenter les fans de Jean-Claude Van Damme, mais aussi ceux du réalisateur chinois qui à mesure que le récit avance, semble reprendre la main à la fois sur l’histoire, mais aussi sur les personnages et bien entendu sur la représentation de la violence à l’écran, ainsi que sur le montage et les divers gunfights qui parsèment le film. Chasse à l’homme est et demeure un vrai classique du genre des années 1990.

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Test DVD / Des fleurs pour un espion, réalisé par Umberto Lenzi

DES FLEURS POUR UN ESPION (Le Spie amano i fiori) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Roger Browne, Emma Danieli, Daniele Vargas, Yôko Tani, Marino Masé, Sal Borgese, Fernando Cebrián, Pilar Clemens, Tullio Altamura…

Scénario : Umberto Lenzi

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Angelo Francesco Lavagnino, Armando Trovajoli

Durée : 1h30

Année de sortie : 1966

LE FILM

Une arme secrète capable de neutraliser tout courant électrique dans un large rayon, l’Electroscomètre, a été volé. Les Services Spéciaux britanniques mettent leur meilleur agent sur la piste : Martin Stevens. A Genève, il va rencontrer la belle journaliste Geneviève qui se propose de l’aider. Les deux s’envolent donc pour Athènes suite à un mystérieux message codé : « Les roses bleues sont arrivées ce matin. »

J’ai déjà longuement parlé du réalisateur Umberto Lenzi (1931-2017) à travers mes articles sur Le Cynique, l’Infâme et le Violent, Chats rouges dans un labyrinthe de verre, Le Couteau de glace et Spasmo. Alors pour en savoir plus sur ce réalisateur mythique, que j’affectionne tout particulièrement, vous savez ce qui vous reste à faire. C’est un plaisir de découvrir l’un de ses « premiers » films, l’usage des guillemets est indispensable dans le sens où Des fleurs pour un espionLe Spie amano i fiori était déjà son seizième long-métrage, dans une carrière qui compte pas loin de 70 films et téléfilms, certains réalisés sous divers pseudonymes, Humphrey Humbert, Humphrey Longan, Hank Milestone, Humphrey Milestone, Harry Kirkpatrick et Bob Collins. Dans la première partie de sa filmographie, ce bon vieux Umberto se fait remarquer avec ses films d’aventures, Mary la rousse, femme pirateLe Avventure di Mary Read (1961), Le Triomphe de Robin des BoisIl Trionfo di Robin Hood (1962), L’Invincible Cavalier noirL’Invincibile cavaliere mascherato (1963), Sandokan, le tigre de Borneo Sandokan, la tigre di Mompracem (1964), Le Temple de l’éléphant blancSandok, il Maciste della giungla (1964), Les Pirates de MalaisieI Pirati della Malesia (1964), sans oublier quelques péplums comme Hercule contre les mercenairesL’Ultimo Gladiatore (1964), quand ce n’est pas un mélange des deux (Maciste contre ZorroZorro contro Maciste, 1963). Le début des années 1960 marque l’envolée directe du réalisateur, qui comme ses confrères regarde ce qui fonctionne au cinéma à l’étranger et le genre qui a le vent en poupe. En 1962, le triomphe inattendu de James Bond 007 contre Dr NoDr. No, rapidement suivi de celui de Bons baisers de RussieFrom Russia with Love, jusqu’au phénomène mondial de Goldfinger (1963), entraînent une James Bond Mania qui donne quelques idées aux producteurs peu scrupuleux, autrement dit surfer sur cette déferlante et proposer aux spectateurs des ersatz de l’agent 007. L’Italie est bien sûr au coeur de ce qu’on appellera désormais le genre de l’Euro Spy. Umberto Lenzi prend le train en marche, on peut même dire qu’il en est l’un des principaux cheminots et livre son premier Euro Spy, Suspense au Caire pour A008 A 008, operazione Sterminio (1965), rapidement suivi la même année de Super 7 appelle le SphinxSuperseven chiama Cairo. Et comme le cinéaste a de la suite dans les idées, il décide d’enchaîner avec Des fleurs pour un espion, dans lequel le comédien américain Roger Browne reprend son rôle de Martin Stevens, aka Super 7, super agent au service de sa Majesté, lancé une fois de plus dans une mission périlleuse. Et le résultat est à la hauteur de l’attente, Le Spie amano i fiori est un opus ultra-divertissant et un digne représentant de l’Euro Spy !

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Test DVD / Opération Re Mida (Lucky l’intrépide), réalisé par Jess Franco

OPÉRATION RE MIDA – LUCKY L’INTRÉPIDE (Lucky, el intrépido) réalisé par Jess Franco, disponible en DVD le 2 février 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Ray Danton, Barbara Bold, Dante Posani, Dieter Eppler, María Luisa Ponte, Rosalba Neri, Beba Loncar, Teresa Gimpera…

Scénario : José Luis Martínez Mollá, Julio Buchs, Remigio Del Grosso & Jess Franco

Photographie : Fulvio Testi

Musique : Bruno Nicolai

Durée : 1h26

Année de sortie : 1967

LE FILM

Une organisation criminelle dirigée par Goldglasses inonde le monde de faux billets. Alors qu’il se trouve à une soirée costumée, l’agent Lucky Mulligan est contacté par la société secrète Archange qui lui demande de mener l’enquête. Epaulé par la plantureuse Michèle, Lucky va remonter la piste et se rendre en Albanie pour neutraliser le réseau.

En visionnant cette incroyable série B qu’est Opération Re Mida (Lucky l’intrépide) – Lucky, el intrépido, on se rend compte à quel point Mike Myers n’a rien inventé pour sa trilogie Austin Powers et surtout que la parodie d’espionnage existait déjà dans les années 1960. S’il s’inspire ouvertement de la saga James Bond, dont le succès international battait son plein depuis cinq ans, Opération Re Mida (Lucky l’intrépide), sorti la même année qu’On ne vit que deux foisYou Only Live Twice, cinquième opus de la franchise 007 interprété par Sean Connery, ne peut évidemment pas rivaliser avec l’agent secret le plus célèbre au service de sa Majesté, et d’ailleurs ne prétend pas pouvoir lui arriver à la cheville, mais s’avère un divertissement tout aussi réussi. Quand il entame Lucky, el intrépido, l’ancien assistant d’Orson Welles sur Falstaff, Jesús Franco Manera dit Jess Franco (1930-2013) en est déjà à près d’une quinzaine de films réalisés en un peu plus de dix ans, passant sans complexe de la comédie (Tenemos 18 años, Certains l’aiment noire) au film d’horreur (L’Horrible docteur Orloff, son premier succès, Le Sadique Baron Von Klaus, Le Diabolique docteur Z, Les Maîtresses du Docteur Jekyll, Dans les griffes du maniaque), sans oublier le western (Le Jaguar). Toujours à l’affût des nouvelles modes et des goûts des spectateurs, ce bon vieux Jess décide de prendre le train en marche du courant cinématographique connu sous le nom de l’Euro Spy, où lers ersatz du personnage créé par Ian Fleming fleurissaient un peu partout à travers des coproductions entremêlant diverses nationalités, permettant ainsi aux personnages d’agents secrets venus des quatre coins du monde de se rendre dans plusieurs pays au fil de leurs enquêtes respectives. Ainsi, Jess Franco, qui avait déjà tâté du polar avec Agent 077, opération JamaïqueLa Muerte silba un blues (1964), entrait de plain-pied dans cette branche du cinéma Bis avec deux opus interprétés par Eddie Constantine, Cartes du tableCartas boca arriba (coécrit avec Jean-Claude Carrière) et Ça barde chez les mignonnesResidencia para espia, tous deux réalisés en 1966. Ou comment allier espionnage et humour, tout en jouant sur le côté carte postale et celui décontracté de son personnage principal. Après trois films mis en scène en 1966, Jess Franco enchaîne directement avec le film qui nous intéresse aujourd’hui, Opération Re Mida, immense spectacle, hilarant, mais aussi génialement mis en scène, mené sur un rythme effréné, sans aucun temps mort, bourré d’imagination et de rebondissements.

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Test Blu-ray / Bertha Boxcar, réalisé par Martin Scorsese

BERTHA BOXCAR (Boxcar Bertha) réalisé par Martin Scorsese, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 17 février 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Barbara Hershey, David Carradine, Barry Primus, Bernie Casey, John Carradine, Victor Argo, David Osterhout, Grahame Pratt…

Scénario : Joyce Hooper Corrington & John William Corrington, d’après le livre de Ben L. Reitman

Photographie : John M. Stephens

Musique : Gib Guilbeau & Thad Maxwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1972

LE FILM

En Arkansas, pendant la Grande Dépression, Bertha Thompson assiste à la mort de son père. Seule, sans travail ni domicile, elle se déplace d’un coin à l’autre en utilisant les wagons de trains de marchandises. Elle fait la connaissance d’un syndicaliste révolté avec lequel elle va former un couple de pilleurs de trains.

Sorti en 1972, Bertha Boxcar (ou Boxcar Bertha en version originale), est considéré comme étant le premier « vrai » long-métrage de Martin Scorsese. Même s’il n’a pas du tout participé au scénario de ce film de commande produit par l’immense Roger Corman, le « Pape de la série B », qui avait repéré le talent de ce jeune italo-américain âgé d’à peine trente ans, grâce à son premier film Who’s That Knocking at My Door, le réalisateur y aborde beaucoup de thèmes qui lui seront chers par la suite. Nanti d’un budget assez modeste, Martin Scorsese parvient néanmoins à recréer les rivalités sociales, les conditions économiques, les couleurs et même les odeurs des années 1930. Bertha Boxcar est avant tout une histoire d’amour faisant évidemment penser à celle de Bonnie & Clyde, y compris dans son traitement qui rappelle furieusement l’énergie du film d’Arthur Penn qui avait déboulé sur les écrans cinq ans auparavant. Le metteur en scène s’attarde sur les conflits des petites gens face aux grands patrons exploitants, sur le racisme et l’antisémitisme ambiants et omniprésents, sur le rejet des laissés-pour-compte, dans un mélange étonnant et explosif de violence, de sexe et de sang. David Carradine et Barbara Hershey campent deux personnages rebelles, rêveurs, dont la naïveté a laissé place à une révolte intérieure qui se traduira par des actes punis par la loi. Oeuvre sans cesse inventive marquée par un montage rapide, très découpé et toujours fluide, à la musique country entraînante, Bertha Boxcar à défaut d’être un chef-d’oeuvre (mais cela viendra très vite après), témoigne déjà du sens indéniable du cadre, de la direction d’acteurs et du réalisme des situations qui en une seconde peut partir en éclats dans une déferlante d’hémoglobine. Non seulement Bertha Boxcar demeure une très agréable et passionnante curiosité pour les fans de Martin Scorsese, mais le film n’a pour ainsi dire pas vieilli, aussi bien sur le fond que sur la forme.

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