Test DVD / C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule !, réalisé par Jacques Besnard

C’EST PAS PARCE QU’ON A RIEN À DIRE QU’IL FAUT FERMER SA GUEULE ! réalisé par Jacques Besnard, disponible en DVD et Blu-ray le 14 avril 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Bernard Blier, Michel Serrault, Jean Lefebvre, Tsilla Chelton, Marion Game, Gérard Jugnot, Popeck, Max Amyl, Christian Clavier…

Scénario : Jacques Besnard & Jean Halain, d’après une idée de Christian Clavier, Gérard Jugnot & Thierry Lhermitte

Photographie : Jean-Pierre Baux

Musique : Gérard Calvi

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1975

LE FILM

Deux truands minables, Max et Riton travaillent dans le vol de voitures, dirigés par un «cerveau», Phano. Leur maladresse est telle que Phano songe à les renvoyer. Pourtant, il a besoin d’eux pour le «coup du siècle» : le cambriolage de la caisse de retraite de la SNCF, dont le coffre est, au sous-sol de la gare de l’Est, dans une salle mitoyenne des toilettes. Il suffit de percer la cloison d’une cabine. Phano, Max et Riton vont se succéder dans cette cabine en utilisant des déguisements divers pour ne pas se faire remarquer de «Madame Pipi», la préposée aux toilettes.

A part pour les spécialistes de la comédie française, le nom de Jacques Besnard (1929-2013) demeure obscur et pour ne pas dire inconnu. Pourtant, ce réalisateur et ancien assistant d’André Hunebelle sur les deux premiers Fantômas et les OSS 117 possède un hit dans la dizaine de films qu’il signera entre 1966 et 1982, Le Grand restaurant, son premier long-métrage, avec Louis de Funès dans la peau de Monsieur Septime, immense succès populaire avec près de quatre millions d’entrées. Le reste de sa filmographie se compose tout de même de quelques pépites à l’instar du Fou du labo 4 (1967) et La Situation est grave…mais pas désespérée (1975). Mais il y en a une autre qui a toujours fait la quasi-unanimité auprès des spectateurs, il s’agit de C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule !, le troisième plus grand succès du metteur en scène derrière Le Grand restaurant donc et Le Jour de gloire (2 millions d’entrées). Derrière cette comédie au titre « Audiardesque » et vraisemblablement inspirée du PigeonI Soliti Ignoti (1958) de Mario Monicelli, se cachent en réalité Christian Clavier, Gérard Jugnot et Thierry Lhermitte, des jeunes comédiens et auteurs de 22 ans, qui venaient de former leur troupe du Splendid, et qui font d’ailleurs ici l’une de leurs premières apparitions au cinéma. C’est à eux que l’on doit l’idée géniale de ce casse malin et original, qui offre au trio vedette, Bernard Blier – Jean Lefebvre – Michel Serrault, l’occasion d’arborer de multiples déguisements, qui ont fait la renommée du film. Porté par ces merveilleux comédiens, auxquels s’ajoute bien sûr Tsilla Chelton dans le rôle culte de « Madame Pipi », C’est pas parce qu’on a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule ! demeure une vraie madeleine, une fantaisie dont on ne se lassera jamais.

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Test DVD / The Doorman, réalisé par Ryûhei Kitamura

THE DOORMAN réalisé par Ryûhei Kitamura, disponible en DVD le 27 janvier 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Ruby Rose, Jean Reno, Aksel Hennie, Rupert Evans, Julian Feder, David Sakurai, Louis Mandylor, Hideaki Ito…

Scénario : Lior Chefetz, Harry Winer & Joe Swanson, d’après une histoire originale de Greg Williams & Matt McAllester

Photographie : Matthias Schubert

Musique : Aldo Shllaku

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Après un attentat violent et traumatisant, une ex-Marines, est de retour chez elle à New York. Devenue concierge d’un immeuble en rénovation, elle se retrouve confrontée à des mercenaires bien décidés à mettre la main sur une précieuse oeuvre d’art.

Née en 1986, la mannequin et comédienne australienne Ruby Rose est devenue célèbre à la télévision dans la série Orange Is the New Black (saisons 3 et 4) où elle interprétait le rôle de Stella Carlin, ainsi que dans le Arrowverse (du moins ce qu’il en reste), où elle tenait dernièrement le rôle de Kate Kane alias Batwoman, avant de jeter l’éponge au bout d’une saison. Elle se fait aussi remarquer au cinéma dans le genre action, les réalisateurs n’hésitant pas à se servir de son corps sec, musclé et tatoué pour mettre en avant son côté bad-ass. Ainsi, depuis 2016 l’actrice aura enchaîné Resident Evil : Chapitre Final de Paul W.S. Anderson, xXx : Reactivated de D.J. Caruso, John Wick 2 de Chad Stahelski et En eaux troubles – The Meg de Jon Turtletaub. Pour la première fois, Ruby Rose tient le haut de l’affiche dans The Doorman, une toute petite série B, cette fois encore d’action et nerveuse, réalisée par le japonais Ryûhei Kitamura, metteur en scène des acclamés Heat After Dark (1996), Down to Hell (1997) et Versus, l’ultime guerrier (2000). C’est avec The Midnight Meat Train, qu’il entame sa carrière américaine en 2008, en dirigeant Bradley Cooper et Vinnie Jones dans ce film d’épouvante déjà culte. Suivront No One Lives (2013) avec Luke Evans et le survival Downrange (2017). Ceux qui suivent le cinéaste depuis plusieurs années seront peut-être déçus de le voir signer avec The Doorman un film plus classique, pour ne pas dire trop propret. Pourtant ce « Die Hard de chez Wish » est clairement un petit hommage au chef d’oeuvre de John McTiernan, sans prétention, sans beaucoup d’argent non plus, qui parvient sans mal à divertir avec des effets, une recette, des ficelles et des rebondissements ultra-prévisibles, mais toujours aussi efficaces, si le spectateur a pris soin au préalable de laisser son cerveau au vestiaire. Si tel est le cas, The Doorman remplit son contrat et Ruby Rose, dans un rôle improbable où elle est supposée mettre à terre des mecs de plus cent kilos, s’en tire honorablement, surtout face à un Jean Reno complètement endormi et que personne n’a pris soin de réveiller depuis près de quinze ans.

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Test Blu-ray / Copie conforme, réalisé par Jean Dréville

COPIE CONFORME réalisé par Jean Dréville, disponible en combo DVD/Blu-ray le 24 mars 2021 chez Pathé.

Acteurs : Louis Jouvet, Suzy Delair, Annette Poivre, Madeleine Suffel, Jane Marken, Danièle Franconville, Jean-Jacques Delbo, Léo Lapara, Henry Charrett, Georges Pally, Fernand Rauzena, Gaston Dupray, Jean Carmet…

Scénario : Jacques Companeez

Photographie : André Thomas

Musique : René Cloërec

Durée : 1h45

Année de sortie : 1947

LE FILM

Ismora est un escroc qui se déguise pour berner ses victimes. Il parvient ainsi à vendre un château propriété de l’État. Dans le même temps, Gabriel Dupon, terne commercial en boutons, se rend dans un hôtel où Ismora vient de commettre un méfait. Les deux hommes sont les sosies l’un de l’autre. Le concierge de l’hôtel est donc persuadé que Dupon est le voleur. Dupon est arrêté par la police. Il finit par être libéré, mais, déprimé, envisage de se suicider. Ismora le sauve à la dernière minute, bien décidé à utiliser leur ressemblance pour ses mauvais coups.

1946-1947 est un moment charnière dans la carrière du comédien Louis Jouvet, qui s’était exilé en Amérique latine durant l’Occupation et qui revenait au cinéma en France en enchaînant les tournages d’Un revenant de Christian-Jaque, Les Amoureux sont seuls au monde d’Henri Decoin, de Quai des Orfèvres d’Henri-Georges Clouzot et de Copie conforme de Jean Dréville (1906-1997). Si ce dernier ne bénéficie sans doute pas de l’aura et du prestige des trois autres, Copie conforme est pourtant un immense succès dans les salles à sa sortie en juillet 1947 et reste surtout célèbre pour le double-rôle magistralement interprété par Louis Jouvet, cinq personnages en réalité si l’on tient compte des déguisements divers et variés portés par l’escroc Manuel Ismora. Follement moderne, cette comédie annonce notamment L’Incorrigible (1975) de Philippe de Broca, dans lequel Jean-Paul Belmondo incarne un voyou multipliant les larcins et escroqueries, en ayant recours à quelques fausses moustaches, légions d’honneur factices et autres camouflages. Dans Copie conforme, le récit ajoute à ce comique de situation, un sosie au malfaiteur. Grâce à la magie des effets spéciaux, Louis Jouvet se dédouble à l’écran et le procédé du cache-contre-cache permet au comédien de se donner lui-même la réplique. Près de 75 ans plus tard, le résultat demeure franchement bluffant. Passionné par les dernières technologies mises à sa disposition en matière de trucages directs, Jean Dréville réalise un vrai tour de force. L’interaction entre Gabriel Dupon, représentant en boutons, et Manuel Ismora, l’escroc, tous les deux interprétés par Louis Jouvet donc, est réellement impressionnante et n’est pas sans annoncer aussi, cinquante ans avant (!), Mes doubles, ma femme et moi Multiplicity (1996) d’Harold Ramis. Copie conforme est en quelque sorte une comédie avant-gardiste, dans laquelle l’un des plus grands acteurs français de tous les temps s’amuse à endosser plusieurs costumes et autant de personnalités diverses et variées, avec manifestement un plaisir non dissimulé et dans le but unique d’offrir aux spectateurs un divertissement digne de ce nom.

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Test Blu-ray / L’Étrange Monsieur Victor, réalisé par Jean Grémillon

L’ÉTRANGE MONSIEUR VICTOR réalisé par Jean Grémillon, disponible en combo DVD/Blu-ray le 24 mars 2021 chez Pathé.

Acteurs : Andrex, Raimu, Pierre Blanchar, Madeleine Renaud, Armand Larcher, Viviane Romance, Marcelle Géniat, Georges Flamant…

Scénario : Marcel Achard, Charles Spaak & Albert Valentin

Photographie : Werner Krien

Musique : Roland Manuel

Durée : 1h42

Année de sortie : 1938

LE FILM

Un commerçant toulonnais d’apparence honorable est en fait un receleur pour une bande de malfaiteurs. Menacé de chantage, il commet un meurtre pour lequel un innocent est condamné au bagne. Sept ans plus tard, le forçat s’évade et notre commerçant le recueille…

On imagine le choc des spectateurs en découvrant Raimu, non seulement dans la peau d’un receleur, profitant de sa situation de brocanteur honnête et travailleur pour refourguer ce que ses complices ont volé la nuit d’avant, mais aussi et surtout dans celle d’un assassin. Un peu comme si Louis de Funès en venait à éliminer froidement un type qui voulait le faire chanter pour telle ou telle raison. Et même si cela est arrivé à ce dernier dans Jo (1971) de Jean Girault, il s’agissait avant tout d’une comédie, ce qui est loin d’être le cas de L’Étrange Monsieur Victor, réalisé en 1938 par Jean Grémillon. Pourtant, le film démarre comme pourrait débuter n’importe quelle chronique provençale de Marcel Pagnol (qui la même année sortait La Femme du boulanger, avec Raimu), avec tout d’abord une belle exposition du port de Toulon, ses habitants, ses rues animées, l’accent chantant. Puis, vient la présentation successive des personnages, monsieur Victor Agardanne (Raimu), son épouse Madeleine (Madeleine Renaud, sublime) qui vient d’accoucher de leur premier enfant, ainsi que le cordonnier Bastien Robineau (Pierre Blanchar) et sa femme (Viviane Romance) dont le couple bat de l’aile. Sur un scénario coécrit par Marcel Achard, Charles Spaak et Albert Valentin, qui inspirera grandement Henri Decoin pour Le Bienfaiteur (1942), Jean Grémillon dévoile la face cachée des hommes et des femmes en apparence bien sous tous rapports. Raimu, qui avait beaucoup critiqué le travail du réalisateur à la sortie du film malgré son succès auprès du public, trouve l’un de ses rôles les plus ambigus, les plus singuliers, les plus troublants, dont il s’acquitte admirablement.

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Test Blu-ray / Je suis un aventurier, réalisé par Anthony Mann

JE SUIS UN AVENTURIER (The Far Country) réalisé par Anthony Mann, disponible en Édition Collection Silver Blu-ray + DVD + Livre le 12 février 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : James Stewart, Ruth Roman, Corinne Calvet, Walter Brennan, John McIntire, Jay C. Flippen, Harry Morgan, Steve Brodie…

Scénario : Borden Chase

Photographie : William H. Daniels

Musique : Henry Mancini, Hans J. Salter, Frank Skinner, Herman Stein…

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

1896. Inculpé de meurtre, Jeff Webster quitte Seattle mais en arrivant à Skagway, il est accusé par le juge Gannon d’avoir troublé l’ordre public en menant ses troupeaux à travers la ville. Ceux-ci ayant été confisqués, Jeff part pour Dawson avec Ronda Castle qui l’a engagé comme chef d’équipe. Il reprend bientôt possession de son troupeau, poursuivi par Gannon…

Je suis un aventurier – The Far Country (1954) est le quatrième des cinq westerns qu’Anthony Mann tourna avec James Stewart après Winchester 73 – Winchester ’73 (1950), Les Affameurs – Bend of the River (1952), L’Appât – The Naked Spur (1953) et avant L’Homme de la plaine – The Man from Laramie (1955). Entre deux westerns, les deux fidèles collaborateurs auront même le temps d’emballer en 1953 un film d’aventure, Le Port des passions – Thunder Bay et un biopic sur le musicien Glenn Miller intitulé Romance inachevée – The Glenn Miller Story. S’il n’atteint pas la virtuosité des Affameurs et de L’Homme de la plaine, Je suis un aventurier reste tout de même un monument du western, d’une part en raison de son incommensurable beauté plastique, d’autre part pour le personnage foncièrement trouble, individualiste, taciturne, cynique, complexe et ambigu, presque antipathique, incarné par le monstre hollywoodien, auquel il est difficile de s’attacher dans un premier temps, puis qui se révèle par strates, tout en conservant une grande part de mystère. Si l’on ajoute à cela l’excellence des seconds rôles, avec Walter Brennan en tête dans un rôle qui annonce celui qu’il tiendra dans Rio Bravo de Howard Hawks cinq ans plus tard, Je suis un aventurier, peu ou mal considéré quand on évoque l’association Stewart-Mann, se place indiscutablement dans le lot des meilleurs westerns des années 1950.

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Test Blu-ray / Meurtres sous contrôle, réalisé par Larry Cohen

MEURTRES SOUS CONTRÔLE (God Told Me To) réalisé par Larry Cohen, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 18 mars 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Tony Lo Bianco, Deborah Raffin, Sandy Dennis, Sylvia Sidney, Sam Levene, Robert Drivas, Mike Kellin, Richard Lynch…

Scénario : Larry Cohen

Photographie : Paul Glickman

Musique : Frank Cordell

Durée : 1h26

Année de sortie : 1976

LE FILM

A New York, un tireur isolé tue plusieurs passants sans mobile apparent. Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Peter Nicolas n’obtient qu’une seule explication de la part du tueur : « Dieu m’a demandé de le faire ». Plusieurs meurtres similaires se produisent.

Larry Cohen (1936-2019) a toujours oeuvré en tant qu’artisan, en bon technicien et surtout en tant qu’excellent scénariste. Il sera très vite entré dans la légende pour avoir créé la légendaire série des Envahisseurs en 1967. Le cinéma s’empare très vite de son talent et Larry Cohen y abordera tous les genres, le western avec Le Retour des Sept (1966) de Burt Kennedy et El Condor (1967) de John Guillermin, la blaxploitation avec Black Caesar, le parrain de Harlem (1973) et sa suite Casse dans la villeHell Up in Harlem (1973), qu’il réalise après son premier coup d’essai Bone (1972), avec le regretté Yaphet Kotto. Il signe ensuite quelques épisodes de la série Columbo, dont le très célèbre (épisode 2 de la saison 3) Quand le vin est tiré – Any Old Port in a Storm. Il revient derrière la caméra pour ce qui sera l’un de ses films les plus connus Le Monstre est vivant – It’s Alive, qui lui permet d’approcher pour la première fois le genre horrifique. Nous arrivons enfin à Meurtres sous contrôleGod Told Me To, l’une de ses œuvres les plus étranges, les plus barrées, les plus insolites, les plus inclassables et insondables sans doute, pour beaucoup son chef d’oeuvre. Mélange des genres qui avait tout pour être improbable, Meurtres sous contrôle est un ride violent et mystique, qui vaut assurément plus pour sa forme que pour son fond, puisqu’au-delà de son côté nawak complètement assumé, la mise en scène de God Told Me To est superbe et totalement immersive. Pari réussi pour Larry Cohen qui avait voulu tourner son film comme un documentaire à l’aide d’une caméra à l’épaule, qui à l’instar de cette séquence ahurissante du défilé de la Saint-Patrick, plonge directement le spectateur dans le feu de l’action. Évidemment, certains risquent probablement de décrocher lors des envolées religieuses et quand le récit s’engouffre dans la science-fiction de façon inattendue, mais le voyage vaut sacrément le détour et Meurtres sous contrôle demeure une expérience cinématographique à part entière.

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Test DVD / Au-delà des apparences, réalisé par Colin & James Krisel

AU-DELÀ DES APPARENCES (Last Moment of Clarity) réalisé par Colin & James Krisel, disponible en DVD le 17 février 2021 chez AB Vidéo.

Acteurs : Zach Avery, Brian Cox, Udo Kier, Samara Weaving, Karl E. Landler, Nicole Ansari-Cox, Alex Fernandez, Carly Chaikin…

Scénario : Colin & James Krisel

Photographie : Andrew Wheeler

Musique : Benjamin Patrick

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Trois ans après avoir été témoin du meurtre de sa fiancée, un homme se retrouve à la dérive, jusqu’au jour où, dans un cinéma parisien, il voit une actrice qui ressemble trait pour trait à son amour mort. Il va alors découvrir une terrible vérité…

Au-delà des apparencesLast Moment of Clarity est un premier long-métrage et cela se voit d’entrée de jeu. Cela se ressentira tout du long. Comment l’expliquer ? Dans la façon de filmer et de vouloir épater les spectateurs en voulant donner une ampleur à un cadre limité, non seulement par un budget restreint, mais aussi par un bagage technique, certes convaincant, mais scolaire. Les frères Krisel, James et Colin, sont les scénaristes et les metteurs en scène d’Au-délà des apparences, thriller néo-noir qui repose sur une esthétique léchée et soignée, ainsi que sur des comédiens bien dirigés. Pour leur coup d’essai, les réalisateurs ont également voulu rendre hommage au cinéma et à la littérature qu’ils aiment, leur film étant sans cesse imprégné par une âme hitchcockienne doublée d’un parfum fané typique d’un Pulp Magazine, sensiblement rétro, mais honnête, sincère et maîtrisée. Certes, le récit a tendance à partir dans toutes les directions, le montage est d’ailleurs le point faible du film, mais les Krisel parviennent à accrocher l’attention de leur audience du début à la fin, sur un rythme lent, mais contrôlé. Au-delà des apparences est une série B, qui ne le dissimule pas, qui transpire d’amour pour le cinéma, avec laquelle les Krisel sont visiblement heureux de s’exprimer et de démontrer ce qu’ils ont sous le capot.

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Test Blu-ray / Les Yeux de Satan, réalisé par Sidney Lumet

LES YEUX DE SATAN (Child’s Play) réalisé par Sidney Lumet, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 16 mars 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : James Mason, Robert Preston, Beau Bridges, Ron Weyand, Charles White, David Rounds…

Scénario : Leon Prochnik, d’après la pièce de théâtre de Robert Marasco

Photographie : Gerald Hirschfeld

Musique : Michael Small

Durée : 1h36

Année de sortie : 1972

LE FILM

Paul Reis vient de trouver un poste de professeur de sport dans un établissement catholique pour garçons. Le jeune enseignant est très rapidement troublé par l’atmosphère qui règne au sein de la pension. De violents incidents éclatent entre plusieurs élèves et Paul ne tarde pas à penser que Joseph Dobbs et Jerome Malley, deux professeurs vénérables de l’établissement, sont à l’origine de ces débordements de violence…

La longue, prolifique, exceptionnelle et éclectique carrière de Sidney Lumet (1924-2011) est de celles qui dissimuleront probablement toujours quelques pépites méconnues. Caché par deux énormes piliers et chefs d’oeuvre gigantesques de sa filmographie, entre The Offence (1972) et Serpico (1973), Les Yeux de Satan Child’s Play est assurément l’une des œuvres les plus ignorées, obscures et incomprises du réalisateur américain. Si le titre français surfe allègrement sur le succès rencontré par les films de genre prenant le diable comme protagoniste, Child’s Play, à ne pas confondre bien sûr avec le premier volet de la saga Chucky réalisé par Tom Holland en 1988, est avant tout l’adaptation de la pièce de théâtre éponyme à succès de Robert Marasco, jouée près de 300 fois à Broadway. Par sa thématique, Les Yeux de Satan rappelle l’expérience dite de la Troisième Vague, qui proposait l’étude expérimentale et psychologique d’un régime autocratique, menée par le professeur d’histoire Ron Jones avec des élèves de première d’une école en Californie, durant l’année 1967. Au cours de ses « ateliers », cette expérience sur le nazisme, commençait à échapper au professeur, prouvant de ce fait que les sentiments pouvant emporter un pays dans le totalitarisme étaient encore vivaces. N’attendez rien de fantastique ou de surnaturel dans Child’s Play, mais préparez vous plutôt à une étude comportementale qui peut conduire les êtres les plus vulnérables à commettre l’irréparable quand ils sont influencés par un être fascinant pour sa verve, son charisme et son mode de pensée. Magistralement interprété par James Mason (qui retrouvait le metteur en scène après MI5 demande protectionThe Deadly Affair et La MouetteThe Sea Gull), Beau Bridges et Robert Preston, Les Yeux de Satan peut tout d’abord décontenancer le cinéphile, curieux de voir Sidney Lumet aborder « vraisemblablement » l’épouvante, mais au final, ce film curieux fait l’effet d’un direct à l’estomac et semble n’avoir jamais été autant actualité.

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Test DVD / L’Audition, réalisé par Ina Weisse

L’AUDITION (Das Vorspiel) réalisé par Ina Weisse, disponible en DVD le 26 octobre 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : Nina Hoss, Simon Abkarian, Jens Albinus, Ilja Monti, Serafin Mishiev, Winnie Böwe, Sophie Rois, Thomas Thieme…

Scénario : Ina Weisse & Daphne Charizani

Photographie : Judith Kaufmann

Durée : 1h34

Date de diffusion : 2019

LE FILM

Anna Bronsky est professeure de violon au Conservatoire. Contre l’avis de ses collègues, elle impose l’admission d’un élève, en qui elle voit un grand talent. Avec beaucoup d’implication, elle prépare Alexander à l’examen de fin d’année et néglige de ce fait son jeune fils Jonas, lui aussi élève violoniste et passionné de hockey sur glace. Elle s’éloigne de son mari, si aimant à son égard, le luthier français Philippe Bronsky. A l’approche de l’audition, Anna pousse Alexander vers des performances de plus en plus exceptionnelles. Le jour décisif, un accident se produit, lourd de conséquences…

Il y a des acteurs et des actrices qui fascinent dès qu’ils apparaissent à l’écran, qui subjuguent, qui laissent sans voix, même quand justement nous ne les entendons pas, juste par leur présence physique, leur charisme, leur regard, leurs expressions. C’est le cas de l’exceptionnelle Nina Hoss, née à Stuttgart en 1975, muse du réalisateur Christian Petzold avec lequel elle a déjà tourné à six reprises depuis 2001, du téléfilm Dangereuses rencontresToter Mann à Phoenix (2014), en passant par L’Ombre de l’enfantWolfsburg (2003), Yella (2007, Ours d’argent de la meilleure actrice à la Berlinale), Jerichow (2008) et bien sûr l’extraordinaire Barbara (2012). Comme sa compatriote Hanna Schygulla avant elle, Nina Hoss hypnotise le spectateur de son talent gigantesque, aussi bien sur scène que sur le grand écran. Dans L’AuditionDas Vorspiel, le deuxième long-métrage de la réalisatrice (et actrice) Ina Weisse (Der Architekt, 2008), la comédienne est à nouveau épatante dans un rôle foncièrement ambigu, dans lequel elle s’impose et marquera autant l’esprit des cinéphiles que dans Gold (2013) de Thomas Arslan et dernièrement dans Retour à MontaukRückkehr nach Montauk (2017) de Volker Schlöndorff. Si certains penseront inévitablement à l’explosif Whiplash (2014) de Damien Chazelle, L’Audition se rapproche surtout du cinéma de Michael Haneke, de La Pianiste bien sûr, mais en trouvant sa propre singularité, avec une émotion à fleur de peau doublée d’un malaise palpable, qui s’installe et se développe jusqu’à la dernière seconde. Pour son impressionnante prestation, Nina Hoss s’est vue décerner le Prix de la meilleure actrice au Festival International du film de San Sebastián.

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Test Blu-ray / Dr Jekyll et Sister Hyde, réalisé par Roy Ward Baker

DR JEKYLL ET SISTER HYDE (Dr. Jekyll & Sister Hyde) réalisé par Roy Ward Baker, uniquement disponible dans le coffret Hammer – Tome 2 – 1970-1976 Sex & Blood – Édition Limitée Numérotée – Blu-ray + DVD, depuis le 30 novembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Ralph Bates, Martine Beswick, Gerald Sim, Lewis Fiander, Susan Brodrick, Dorothy Alison, Neil Wilson, Ivor Dean…

Scénario : Brian Clemens, d’après le roman de Robert Louis Stevenson

Photographie : Norman Warwick

Musique : David Whitaker

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Londres, époque victorienne. Le Dr Jekyll tente de créer un élixir d’immortalité en utilisant des hormones féminines prélevées sur des cadavres frais. Mais dès qu’il boit le sérum, Jekyll se transforme en une femme aussi séduisante que démoniaque, Mrs. Hyde…

Le film le plus connu de Roy Ward Baker (1916-2010) est Atlantique latitude 41°A Night to Remember, qui a remporté le Golden Globe du meilleur film étranger de langue anglaise en 1959. Par la suite, il réalise de nombreux films d’horreur comme Les Monstres de l’espace Quatermass and the Pit (1967), The Anniversary (1968), The Vampire Lovers (1970) ou Les Cicatrices de Dracula – Scars of Dracula (1970), produits par la Hammer. Il s’essaye également au drame avec Le Cavalier noir – The Singer Not the Song en 1961. Pour la télévision, il réalise plusieurs épisodes des séries Chapeau melon et bottes de cuir et Amicalement vôtre.

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