Test DVD / Une bombe pas comme les autres – The Green Man, réalisé par Robert Day

UNE BOMBE PAS COMME LES AUTRES (The Green Man) réalisé par Robert Day, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Alastair Sim, George Cole, Terry-Thomas, Jill Adams, Raymond Huntley, Colin Gordon, Avril Angers, Eileen Moore…

Scénario : Sidney Gilliat, Frank Launder d’après leur pièce de théâtre.

Photographie : Gerald Gibbs

Musique : Cedric Thorpe Davie

Durée : 1h17

Année de sortie : 1956

LE FILM

Quand il n’est pas horloger, Hawkins est un assassin professionnel, un maniaque de l’explosif. Mais en ces temps d’après-guerre, le travail ne court pas les rues. Lorsqu’on lui demande d’assassiner le prétentieux homme d’affaires Gregory Upshott, il saute sur l’occasion et profite d’un week-end de ce dernier à la campagne… lorsque surgit un étrange représentant en aspirateurs !

A l’instar du métier d’Hawkins, le récit de The Green Man, sorti en France sous le titre Une bombe pas comme les autres (1956), est d’une précision d’horloger. Il s’agit du premier long métrage réalisé par Robert Day (1922-2017), ancien cameraman d’Edward Dmytryk (L’Obsédé), de Terence Young (Les Bérets rouges), de Carol Reed (L’Homme de Berlin). Un beau C.V. qui lui vaut d’être repéré par le duo Sidney Gilliat-Frank Launder, scénaristes réputés (Une femme disparaîtThe Lady Vanishes d’Alfred Hitchcock, 1938), producteurs et réalisateurs à succès (L’Étrange Aventurière, The Belles of St. Trinian’s, Un mari presque fidèle). Ils décident de confier à Robert Day l’adaptation de leur pièce de théâtre Meet a Body. En résulte une comédie survoltée, menée à cent à l’heure, représentative du savoir-faire anglais en la matière, mêlant habilement humour noir et sophistiqué, flegme et trash, le tout porté par un grand comédien méconnu en France, mais véritable star du cinéma britannique, Alastair Sim (1900-1976).

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Test DVD / L’Affaire Pasolini, réalisé par David Grieco

L’AFFAIRE PASOLINI (La Macchinazione) réalisé par David Grieco, disponible en DVD le 3 juin 2020 chez Blaq Out.

Acteurs : Massimo Ranieri, Libero De Rienzo, Matteo Taranto, François-Xavier Demaison, Milena Vukotic, Roberto Citran, Alessandro Sardelli, Catrinel Marlon, Paolo Bonacelli, Toni Laudadio…

Scénario : David Grieco, Guido Bulla

Photographie : Fabio Zamarion

Musique : Pink Floyd et Roger Waters

Durée : 1h47

Année de sortie : 2016

LE FILM

Pendant l’été 1975, Pier Paolo Pasolini termine le montage de son dernier film, « Salò ou les 120 journées de Sodome ». Son œuvre suscite de fortes polémiques et provoque des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Au mois d’août, le négatif original du film est dérobé et une rançon importante est exigée. Prêt à tout pour récupérer son film, Pasolini va se laisser enfermer dans une terrible machination qui le conduira à sa perte.

« Le courage intellectuel de la vérité et la pratique politique sont deux choses inconciliables en Italie. » Pier Paolo Pasolini.

L’Italie, pour ne pas dire le monde entier, ne s’est jamais remise du brutal assassinat du cinéaste Pier Paolo Pasolini. Certains réalisateurs se seront penchés sur cet événement tragique, à l’instar de Marco Tullio Giordana avec son film Pasolini, mort d’un poètePasolini, un delitto italiano (1995), dans lequel le procès de Pino Pelosi, accusé du meurtre de Pasolini, était reconstitué. En 2014, le new-yorkais Abel Ferrara livrait sa version des dernières heures du maître italien dans le sobrement intitulé Pasolini, où son complice Willem Dafoe incarnait le réalisateur. L’Affaire Pasolini, sorti deux ans après le film précédent, apparaît tout d’abord comme un outsider. Comment cette œuvre mise en scène par David Grieco allait se démarquer des approches précédentes ? Tout d’abord, son film n’aborde pas le procès contre Pino Pelosi, ce jeune prostitué de 17 ans arrêté la nuit du meurtre au volant de la voiture de Pasolini, qui s’était déclaré – trop vite sans doute – responsable de la mort de Pasolini. David Grieco s’appuie plutôt sur le témoignage de Pelosi datant de 2005, au cours duquel ce dernier affirmait son innocence et que le meurtre avait été réalisé par trois individus à l’identité préservée. Ensuite, si L’Affaire Pasolini retrace bien les dernières heures de la vie du poète et réalisateur, son gros point fort reste d’avoir confié le rôle-titre au comédien-chanteur italien Massimo Ranieri, inoubliable dans les films de Mauro Bolognini (Metello, Bubu de Montparnasse, Chronique d’un homicide), qui retrouve ici un rôle à la mesure de son talent. Entre mimétisme et interprétation personnelle, l’acteur impressionne ici du début à la fin, et restitue admirablement la hargne qui animait Pier Paolo Pasolini, éternel provocateur, dont le tort était probablement d’être communiste et homosexuel dans l’Italie asphyxiée des années 1970.

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Test DVD / La Dernière balle à pile ou face, réalisé par Piero Pierotti

LA DERNIÈRE BALLE À PILE OU FACE (Testa o croce) réalisé par Piero Pierotti, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : John Ericson, Spela Rozin, Franco Lantieri, Daniela Surina, Dada Gallotti, Loris Gizzi, Maria Teresa Piaggio, Pinuccio Ardia…

Scénario : Piero Pierotti

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h35

Année de sortie : 1969

LE FILM

Accusée du meurtre d’un banquier, la chanteuse Shanda manque de se faire lyncher par les membres d’une ligue de vertu. Alors que les autres filles du saloon se font passer à tabac, le shérif fait mettre Shanda à l’abri en dehors de la ville. Mais les deux hommes chargés de la mission la violent et la laisse pour morte dans le désert. Un hors-la-loi va la recueillir.

Aux manettes de La Dernière balle à pile ou faceTesta o croce (1969), on retrouve un certain Piero Pierotti (1912-1970), parfois crédité sous le nom de Peter E. Stanley, ancien journaliste, passé à la mise en scène après avoir suivi les cours du prestigieux Centra Sperimentale du Cinematografia, d’où il sort diplômé à la fin des années 1930. Il se spécialisera dans les films d’aventure et les péplums, genres dans lesquels il évoquera quelques grands noms de l’histoire et de la mythologie comme Marco Polo (1962), Cléopâtre, une reine pour César (1962) et Goliath et le Cavalier masqué (1963). Ancien scénariste de Mario Bava (La ruée des VikingsGli invasori) et de Riccardo Freda (Maciste en enferMaciste all’inferno), Piero Pierotti suivra les modes et les goûts des spectateurs au fil des ans. C’est le cas de ce western, La Dernière balle à pile ou face, qu’il réalise à la fin des années 1960 alors qu’il est déjà diminué par la maladie. Ce sera d’ailleurs son avant-dernier film, son ultime opus La Grande avventura di Scaramouche étant sorti après son décès prématuré à l’âge de 58 ans. Testa o croce est un western atypique, peu aimable, placé sous le signe de la vengeance. Avec sa partition étonnante signée Carlo Savina, le réalisateur livre un film désabusé, noir, pessimiste, qui laisse une belle place aux rôles féminins parmi lesquels se distingue la sublime Edwige Fenech dans l’une de ses premières apparitions au cinéma, avant de devenir une icône du cinéma d’exploitation.

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Test DVD / Tire, Django, tire !, réalisé par Bruno Corbucci

TIRE, DJANGO, TIRE ! (Spara, Gringo, spara) réalisé par Bruno Corbucci, disponible en DVD le 7 juillet 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Brian Kelly, Keenan Wynn, Erika Blanc, Folco Lulli, Fabrizio Moroni, Linda Sini, Rik Battaglia, Giovanni Pallavicino…

Scénario : Mario Amendola, Bruno Corbucci

Photographie : Fausto Zuccoli

Musique : Sante Maria Romitelli

Durée : 1h31

Année de sortie : 1968

LE FILM

Fraîchement évadé de prison, Django se fait attraper par Guttierez, un riche propriétaire terrien, qui l’oblige à aller chercher son fils, Fidel, parti rejoindre une bande de malfrats. Django se lance sur la piste, dans le désert mexicain, et devra en découdre avec les bandits, avant de se rendre compte que les intentions du père ne sont pas des plus bienveillantes.

Dans la famille Corbucci je voudrais le frère cadet ! Enfin celui qui est moins connu que son aîné Sergio (1927-1990), autrement dit Bruno Corbucci (1931-1996). Aussi passionné par le septième art que le premier, le plus jeune de la fratrie débute sa carrière comme scénariste au début des années 1960, en se spécialisant notamment dans les comédies interprétées par Totò, mais aussi et surtout mises en scènes par Sergio, Chi si ferma è perduto, I due marescialli, Lo smemorato di Collegno et Il monaco di Monza. Il passe derrière la caméra en 1965 avec la comédie musicale Questo pazzo, pazzo mondo della canzone, mais c’est avec les deux opus de James Tont, variations italiennes et comiques des opus de l’agent 007, intitulées James Tont operazione U.N.O. et James Tont operazione D.U.E. que le succès arrive, trois longs métrages sortis la même année. Alors qu’il tourne pas moins de trois films par an, Bruno Corbucci et son frère écrivent en 1966 un western devenu mythique, Django, réalisé par Sergio. Devant le triomphe rencontré par ce dernier, Bruno décide de signer lui aussi un western. Ce sera Spara, Gringo, spara, éhontément retitré Tire, Django, tire ! dans nos contrées, afin de surfer sur la popularité du film avec Franco Nero. Western classique, mais rudement bien mené, excellemment mis en scène et interprété par l’américain Brian Kelly (1931-2005), héros de la série Flipper le dauphin et futur producteur de Blade Runner de Ridley Scott (si si), Tire, Django, tire ! reste un savoureux divertissement et sa bonne réputation n’est pas usurpée.

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Test Blu-ray / Le Fanfaron, réalisé par Dino Risi

LE FANFARON (Il Sorpasso) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mai 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Vittorio Gassman, Jean-Louis Trintignant, Catherine Spaak, Claudio Gora, Luciana Angiolillo, Linda Sini…

Scénario : Dino Risi, Ettore Scola, Ruggero Maccari

Photographie : Alfio Contini

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Bruno rencontre Roberto. Pendant tout le week-end, ils ne vont plus se quitter. Bruno, très volubile, désinvolte, charmeur et fanfaron, entraîne son nouvel ami à bord de sa voiture de sport pour une série d’aventures insolites.

Le Fanfaron Il Sorpasso, réalisé par Dino Risi en 1962, demeure l’un des films emblématiques de l’âge d’or du cinéma transalpin. Succès international, malgré des critiques peu enthousiastes au départ, qui a influencé moult cinéastes dont Dennis Hopper pour Easy Rider (si si), ce chef d’oeuvre d’humour et d’émotions, co-écrit par Ettore Scola et interprété par deux immenses comédiens, Vittorio Gassman (le playboy) et Jean-Louis Trintignant (le jeune étudiant candide et mélancolique qui va s’ouvrir à la vie le temps d’un week-end), reste une oeuvre libre, cynique, provocante, hilarante et grave, qui n’a pas pris une seule ride.

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Test Blu-ray / Opération peur, réalisé par Mario Bava

OPÉRATION PEUR (Operazione paura) réalisé par Mario Bava, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 juin 2020 chez ESC Editions.

Acteurs : Giacomo Rossi-Stuart, Erika Blanc, Fabienne Dali, Piero Lulli, Luciano Catenacci, Micaela Esdra, Giovanna Galletti, Giuseppe Addobbati, Franca Dominici, Mirella Pamphili…

Scénario : Romano Migliorini, Roberto Natale, Mario Bava

Photographie : Antonio Rinaldi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

Le Dr Eswai débarque dans un petit village, sur lequel a l’air de planer une terrible malédiction. Appelé par l’inspecteur Kruger, il va enquêter sur une série de meurtres ou accidents étranges. Une petite fille serait la clé de cette énigme particulièrement angoissante.

Quand il réalise et coécrit Six femmes pour l’assassin avec Giuseppe Barilla et Marcello Fondato, Mario Bava (1914-1980) a déjà une demi-douzaine de longs métrages à son actif en tant que réalisateur, dont Le Masque du démon (1960), La Fille qui en savait trop (1963) qui posait déjà certaines bases, Les 3 visages de la peur (1963) et Le Corps et le fouet (1963). Après avoir fait ses classes en tant que directeur de la photographie, puis dans le domaine du documentaire, Mario Bava commence par « rendre service » aux cinéastes qui l’emploient, disons plutôt qu’il coréalise en réalité à leurs côtés, sans être crédité. Fils d’un sculpteur, Mario Bava a hérité du don de son père pour modeler la matière mise à sa disposition. Ancien des Beaux-Arts, fasciné par les plus grands peintres, Mario Bava use de son talent en tant que chef opérateur pour Roberto Rossellini, Dino Risi et même pour Raoul Walsh sur Esther et le Roi (1960). Six femmes pour l’assassin est un tournant dans la carrière de Mario Bava. Sorti en 1966, Opération peurOperazione paura apparaît après les westerns Arizona BillLa Strada per Fort Alamo (1964) et Les Dollars du NebraskaRingo del Nebraska (1966), le film de science-fiction horrifique La Planète des vampiresTerrore nello spazio (1965) et le film d’aventure Duel au couteau I coltelli del vendicatore (1966). Le cinéaste revient à l’horreur pure, teintée de fantastique certes, mais qui embarque le spectateur dans un ride où l’épouvante devient synonyme d’indicible, presque attractive dans le sens où Mario Bava peint littéralement ses plans comme un tableau de maître, dans lesquels on se perd volontiers avec une sensation d’hypnose. Opération peur n’est sans doute pas l’oeuvre la plus célèbre du réalisateur, mais sans aucun doute l’une de celles dont on redécouvre sans cesse la richesse.

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Test Blu-ray / Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas !, réalisé par Luigi Comencini

MON DIEU, COMMENT SUIS-JE TOMBÉE SI BAS ? (Mio Dio come sono caduta in basso !) réalisé par Luigi Comencini, disponible en DVD et Blu-ray le 28 mai 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Laura Antonelli, Alberto Lionello, Michele Placido, Jean Rochefort, Ugo Pagliai, Rosemarie Dexter…

Scénario : Luigi Comencini, Ivo Perilli

Photographie : Tonino Delli Colli

Musique : Fiorenzo Carpi

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Sicile, début du XXe siècle. Eugenia Maqueda et Raimondo Corrao, marquis de Maqueda découvrent lors de leur nuit de noces qu’ils sont frère et soeur. Il leur est donc impossible de consommer le mariage. Pour des questions d’apparences à sauvegarder et aussi d’héritage et ils décident de ne rien dire à personne et de vivre dans la chasteté absolue comme un frère et une soeur. Mais les besoins de la belle Eugenia sont de plus en plus pressants…

Comme beaucoup de ses confrères italiens, Luigi Comencini (1916-2007) a eu plusieurs carrières en une. Femmes dangereusesMogli pericolise (1958), son douzième long métrage marquait déjà un premier tournant dans la filmographie du mythique réalisateur de Pain, amour et fantaisie, Mariti in città, À cheval sur le tigre, Le Commissaire, La Ragazza, L’Incompris, Casanova, un adolescent à Venise, L’Argent de la vieille et bien d’autres chefs-d’oeuvre. A la fin des années 1950, Luigi Comencini souhaite sortir du carcan du réalisateur de « comédies simples » dans lequel il était enfermé malgré-lui suite au triomphe de Pain, amour et fantaisie (1953) et de sa suite Pain, amour et jalousie (1954). Il commence tout d’abord par refuser le troisième volet, Pain, amour, ainsi soit-il, finalement confié à son confrère Dino Risi. Le cinéaste désirait alors montrer ses capacités techniques en se dirigeant vers une mise en scène plus sophistiquée. Dans ce même objectif, Luigi Comencini, cinéaste moraliste, voulait enfin fignoler ses scénarios et dresser le portrait de ses compatriotes, en révéler les moeurs, les coutumes, les comportements et les rapports de classes. Après La Bella di Roma (1955) avec Alberto Sordi et le drame Tu es mon fils (1957), il entame une trilogie basée sur le couple et ses difficultés, le mariage et ses valeurs, en usant de la comédie pour mieux refléter les éléments dramatiques. Sur le tournage de Mariti in città (1957), il rencontre Giorgia Moll et Renato Salvatori. Enthousiasmé par cette collaboration, il les engage à nouveau dans Femmes dangereuses. C’est à partir de ce film que Luigi Comencini commence à se servir des préjugés sur l’homme italien, dragueur et « quelque peu cavaleur », pour s’en amuser, sans forcément les atténuer. Il en sera de même pour ses films suivants. Luigi Comencini ne cessera jamais d’alterner les films de commande avec les œuvres plus personnelles. Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas !Mio Dio come sono caduta in basso ! date de 1974. Après Un vrai crime d’amourDelitto d’amore, une œuvre méconnue, pudique, immense de sensibilité et divinement interprétée par le couple Stefania Sandrelli et Giuliano Gemma, Luigi Comencini accepte de mettre en scène Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! avec la star du moment, Laura Antonelli. Considéré à sa sortie comme un film mineur, le film se place bien au-dessus de la prolifique production transalpine. Plastiquement irréprochable, grinçant à souhait envers la vieille aristocratie italienne, Mon Dieu, comment suis-je tombée si bas ! exploite la beauté de la comédienne, cette fois encore peu avare de ses charmes, mais lui offre aussi et surtout l’occasion de montrer ses véritables capacités d’actrice, qualités qu’elle allait prouver immédiatement après en collaborant par la suite avec Luchino Visconti (L’Innocent), Mauro Bolognini (Black Journal) et Ettore Scola (Passion d’amour).

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Test Blu-ray / Trilogie Majin : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin, réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi & Kazuo Mori

MAJIN, LE RETOUR DE MAJIN, LE COMBAT FINAL DE MAJIN (Daimajin, Daimajin ikaru, Daimajin gyakushū) réalisés par Kimiyoshi Yasuda, Kenji Misumi et Kazuo Mori, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Miwa Takada, Yoshihiko Aoyama, Jun Fujimaki, Ryūtarō Gomi, Kōjirō Hongō, Shiho Fujimura, Tarō Marui, Takashi Kanda, Riki Hashimoto, Hideki Ninomiya, Shinji Hori, Masahide Iizuka…

Scénario : Tetsurō Yoshida

Photographie : Fujio Morita

Musique : Akira Ifukube

Durée : 1h24 / 1h19 / 1h27

Année de sortie : 1966

LA TRILOGIE

Les trois longs métrages de la série Daimajin (dans l’ordre : Majin, Le Retour de Majin, Le Combat final de Majin) furent tournés simultanément durant l’année 1966. Cette trilogie, affiliée aux genres Kaiju Eiga (films de monstres géants, dont Godzilla demeure le précurseur) et Jidai Geki (en rapport avec l’histoire du Japon médiéval, et notamment le chanbara – film de sabre), développe une thématique commune en fil conducteur. Ainsi, dans chacun de ces films, Daimajin, un géant de pierre, vient aider des villageois opprimés par un seigneur tyrannique. Sorte d’équivalence au Golem issu de la mythologie juive, Daimajin (traduction littérale : « Grand Démon ») est une divinité de pierre endormie, ne se réveillant que pour porter secours au peuple et châtier l’oppresseur. Et ce dernier, qu’il soit chambellan ou monarque, peut alors trembler, car la vengeance de Daimajin n’a aucune limite !

Ou quand la Daiei, société de production cinématographique japonaise fondée en janvier 1942, décide de mélanger les genres, le film historique et le film fantastique, tout en surfant sur le grand succès rencontré par Gamera, réalisé par Noriaki Yuasa et sorti en 1965. Ainsi naît Majin, de Kimiyoshi Yasuda (1911-1983), bien connu des cinéphiles pour avoir mis en scène six des vingt-six films de la série Zatoichi interprétée par Shintarō Katsu. Ici, point de monstre préhistorique ressemblant à une tortue, mais une statue de pierre avoisinant les dix mètres de haut ! En avril 1966, le triomphe de Majin est suivi de deux suites, en fait tournées en même temps, Le Retour de Majin de Kenji Misumi et Le Combat final de Majin de Kazuo Mori, qui sortent respectivement en août 1966 et en décembre 1966. Chaque opus de cette trilogie reprend peu ou prou la même trame (les trois films ont été écrits par Tetsurō Yoshida), mais transposée chaque fois dans une atmosphère différente. Aujourd’hui, revoir les trois épisodes à la suite s’apparente à un récit composé de trois chapitres qui se reflètent et se complètent tout en même temps. Produits par Masaichi Nagata (président de la Daiei), tournés dans de magnifiques décors, naturels ou reconstitués en studio, Majin, Le Retour de Majin et Le Combat final de Majin sont de véritables merveilles cinématographiques, pleines de magie, d’aventures, de combats au sabre, de belles valeurs et de bons sentiments.

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Test Blu-ray / Le Sexe fou, réalisé Dino Risi

LE SEXE FOU (Sessomatto) réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 24 juin 2020 chez LCJ Editions.

Acteurs : Giancarlo Giannini, Laura Antonelli, Alberto Lionello, Duilio Del Prete, Paola Borboni, Carla Mancini…

Scénario : Ruggero Maccari, Dino Risi

Photographie : Alfio Contini

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Un valet amoureux de sa patronne, un jeune homme qui souhaite séduire une femme de 70 ans, un couple qui ne prend du plaisir que dans l’agressivité, un autre qui aime les lieux publics pour faire l’amour, un employé qui remplace sa femme par une prostituée, un donneur de sperme, une veuve qui venge son mari en épuisant sexuellement l’assassin, un paysan trompé par la femme qu’il aime, un couple qui invite un employé du mari pour raviver la flamme qui les unit… Tant d’histoires tournant autour de la question de l’érotisme en Italie.

Après Les Monstres (1963), Une poule, un train… et quelques monstres (1969) et Moi, la femme (1971), Dino Risi réalise un nouveau film à sketches en 1973 intitulé Le Sexe fou – Sessomatto. Il y dirige Giancarlo Giannni et Laura Antonelli dans neuf segments à travers lesquels ce magnifique couple endosse plusieurs personnages drôles, mélancoliques, monstrueux, en changeant d’apparences physiques à chaque fois. Avec son sens unique et acéré de la satire, Dino Risi égratigne dans Le Sexe fou les pratiques sexuelles de ses concitoyens tout en dressant un portrait au vitriol de l’être humain.

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Test Blu-ray / Le Couteau de glace, réalisé par Umberto Lenzi

LE COUTEAU DE GLACE (Il Coltello di ghiaccio) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Carroll Baker, Alan Scott, Evelyn Stewart, Eduardo Fajardo, Silvia Monelli, George Rigaud, Franco Fantasia, Dada Gallotti, Lorenzo Robledo, Mario Pardo…

Scénario : Umberto Lenzi, Luis G. de Blain

Photographie : José F. Aguayo

Musique : Marcello Giombini

Durée : 1h31

Année de sortie : 1972

LE FILM

Adolescente, Martha Caldwell a réchappé d’une catastrophe ferroviaire dans laquelle elle a vu mourir ses parents, traumatisme qui l’a rendue muette. Quinze ans ont passé quand Martha, qui vit désormais avec son oncle Ralph, féru d’occultisme, dans une propriété située à Montseny, dans les Pyrénées espagnoles, reçoit la visite de sa cousine Jenny Ascot, célèbre chanteuse résidant en Angleterre. Cette dernière est mortellement poignardée durant la nuit. La police mène son enquête, tandis que d’autres meurtres surviennent. Les soupçons se portent vers une secte sataniste, à moins qu’il ne s’agisse d’un tueur en série isolé. Dans un cas comme dans l’autre, Martha pourrait bien être la prochaine victime…

Umberto Lenzi (1931-2017) est l’exemple typique du réalisateur qui a su suivre la mode, les goûts et les préférences des spectateurs, en passant successivement du film de pirates (Mary la rousse, femme pirate, Les Pirates de la Malaisie) au péplum (Maciste contre Zorro, Hercule contre les mercenaires) dans les années 1960, puis du giallo (Le Tueur à l’orchidée, Spasmo) au poliziottesco (Brigade spéciale, La Rançon de la peur, Le Cynique, l’Infâme et le Violent) dans les années 1970, pour terminer sa carrière dans le genre épouvante (La Secte des cannibales, L’Avion de l’apocalypse). Un cinéaste prolifique, diplômé du Centro Sperimentale di Cinematografia, avec plus de 60 films à son actif réalisés en 35 ans de carrière. Le Couteau de glaceIl Coltello di ghiaccio (1972) apparaît tout juste au milieu de sa carrière. Pour la quatrième et dernière fois, Umberto Lenzi retrouve la comédienne Carroll Baker, qu’il avait déjà dirigé dans Une folle envie d’aimer Orgasmo (1969), Si douces, si perversesCosì dolce… così perversa (1969), avec Jean-Louis Trintignant et Paranoia (1970), trois gialli au succès international. Pour cette ultime collaboration, l’ex-star hollywoodienne vue chez George Stevens (Géant), Elia Kazan (Baby Doll), William Wyler (Les Grands espaces), Edward Dmytryk (Les Ambitieux), John Ford (Les Cheyennes) signe une remarquable prestation, tandis qu’Umberto Lenzi assure comme d’habitude derrière la caméra. En dehors d’un final quelque peu abracadabrant, Le Couteau de glace est non seulement un excellent fleuron du genre, mais traverse aussi les années sans prendre trop de rides. Le divertissement est toujours au rendez-vous.

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