Test Blu-ray / Un pistolet pour Ringo, réalisé par Duccio Tessari

UN PISTOLET POUR RINGO (Une pistola per Ringo) réalisé par Duccio Tessari, disponible en édition Blu-ray + DVD + Livre le 2 avril 2024 chez Artus Films.

Acteurs : Giuliano Gemma, Fernando Sancho, Lorella De Luca, Susan Scott, Antonio Casas, Francisco Sanz, José Manuel Martín, Manuel Muñiz…

Scénario : Duccio Tessari

Photographie : Francisco Marín

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

À la suite du hold-up d’une banque, des bandits mexicains commandés par Sancho se réfugient dans une hacienda, tenant les occupants en otage. Les notables de la ville font alors appel à Ringo pour les délivrer et régler leur compte aux bandits. Ringo va devoir user de ruse pour gagner la confiance de Sancho.

C’est avec Un pistolet pour Ringo Una pistola per Ringo que Giuliano Gemma devient une star du cinéma italien. Avant cela, acrobate et cascadeur, le comédien enchaînait les tournages depuis cinq ans, en passant discrètement devant la caméra de Mauro Bolognini, Dino Risi, William Wyler (oui, il apparaît dans Ben-Hur), Vittorio Cottafavi, Antonio Margheriti, Sergio Corbucci et même de Luchino Visconti dans Le Guépard. Mais c’est à Duccio Tessari (1926-1994) que Giuliano Gemma doit pour la première fois d’être placé en tête d’affiche pour Les Titans Arrivano i titani, avant de multiplier quelques rôles dans le péplum, genre alors à la mode (La Révolte des prétoriens, La Fureur des gladiateurs, Hercule contre les Fils du soleil). Arrive le western transalpin, qui explose avec le triomphe international de Pour une poignée de dollars de Sergio Leone, coécrit par Duccio Tessari. La même année que Le Dollar troué Un dollaro bucato de Giorgio Ferroni, Giuliano Gemma tient aussi le rôle-titre d’Un pistolet pour Ringo et là tout va changer pour lui. Non seulement le film est un immense succès, mais il reste encore aujourd’hui considéré comme l’un des meilleurs opus du western dit spaghetti. En totale décontraction, l’acteur, sous le pseudonyme Montgomery Wood, imposé par les producteurs dans le but de vendre Una pistola per Ringo dans le monde entier, impose un charisme hors-norme, une insolente dextérité au maniement des armes et dans les scènes d’action, dans lesquelles il réalise quasiment toutes les prouesses physiques. Bourré d’humour et d’affrontements, Un pistolet pour Ringo est une étape indispensable pour les cinéphiles épris de westerns.

Dans la ville de Quemado, Sancho, à la tête d’un groupe de hors-la-loi mexicains, est blessé à l’issue du hold-up d’une banque. Lors de sa fuite, il se réfugie avec ses hommes dans un ranch dont il tient les occupants en otage. Après avoir fait boucler les lieux, le shérif fait appel à l’intrépide Ringo, un aventurier et tueur d’élite sans scrupule, pour s’introduire dans le ranch et libérer les otages, parmi lesquels le major Clyde et sa fille Ruby. Après une série de ruses, Ringo parvient à gagner la confiance de Sancho en soignant ses blessures…

Dieu a créé les hommes égaux. C’est le colt qui les a rendus différents.

Si Giuliano Gemma trône de façon impériale dans Un pistolet pour Ringo et crève l’écran chaque seconde, celui-ci est aussi excellemment entouré. C’est le cas pour l’imposant Fernando Sancho (dans le rôle de…Sancho), tronche reconnaissable entre toutes, vue dans Dans les Replis de la chair de Sergio Bergonzelli, Le Jour de la haine de Giovanni Fago, Colorado de Sergio Sollima, Le Justicier du Minnesota de Sergio Corbucci…Un parfait fumier, cinglé et en même temps un grand enfant qui ne se rend compte de rien et qui bute tout ce qui se présente devant lui. On notera la présence de la superbe Lorella De Luca (Un papillon aux ailes ensanglantées, Pauvres mais beaux, Il Bidone) et de la sulfureuse Nieves Navarro (La Mort caresse à minuit, Les Longs jours de la vengeance, La Mort marche en talons hauts) quasiment dans sa première apparition au cinéma et qui vole la vedette à chaque apparition. Nous retiendrons également la participation du solide Antonio Casas (Boulevard du Rhum, Tristana, Mort ou vif… De préférence mort, Fata Morgana, Train d’enfer, L’Autre femme), dont le personnage du Maj. Clyde passe tout le film en complet décalage, en faisant du charme à la belle Dolores (Nieves Navarro donc), en la traitant comme une femme du monde, alors que Sancho la considère comme sa boniche.

Tout ce beau petit monde cohabite essentiellement dans une hacienda, dans une unité de lieu, de temps et d’action, en gros une nuit, la veille de Noël. Duccio Tessari, qui lui aussi tient un petit rôle (celui de Felipe) dans Un pistolet pour Ringo, redouble d’inventivité derrière la caméra, sa mise en scène a de la gueule, la photographie de Francisco Marín (Les Cent cavaliers, Les Longs jours de la vengeance) est élégante, la musique d’Ennio Morricone, conduite par le, fidèle Bruno Nicolai, est entêtante, la violence est sèche et contraste avec le caractère bon-enfant de certaines séquences, notamment quand Ringo (cowboy surnommé « Tête d’ange », qui ne boit que du lait et joue à la marelle avec les enfants) paume Sancho à force de marchander.

Le phénomène d’Un pistolet pour Ringo sera tel qu’une suite sera bien sûr mise en route, la même année, sobrement intitulée Le Retour de Ringo, avec la même équipe, devant et derrière la caméra, mais avec un ton différent. Deux films qui se complètent parfaitement et qui démontrent la virtuosité à la fois d’un cinéaste à réhabiliter et celle de Giuliano Gemma, dont la popularité est encore aussi intacte qu’au premier jour et ce plus de dix ans après sa tragique disparition dans un accident de voiture.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Artus revient au western européen et pas avec de la gnognotte ! Deux titres mettant en scène l’immense Giuliano Gemma, Un pistolet pour Ringo de Duccio Tessari et Le Dernier jour de la colère de Tonino Valerii ! Le tout en Combo Blu-ray + DVD. Celui du premier est présenté sous la forme d’un Digipack à deux volets, magnifiquement illustrés, le tout glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est fixe et musical. À noter qu’Un pistolet pour Ringo était déjà sorti en DVD en France il y a vingt ans, sous les couleurs de Seven7.

L’indéboulonnable Curd Ridel nous présente Un pistolet pour Ringo (27’). Comme il en a l’habitude, celui-ci revient surtout sur le casting, en proposant un très large tour d’horizon de la carrière de l’ensemble de la distribution, ainsi que du réalisateur du film qui nous intéresse aujourd’hui. Les diverses collaborations entre Duccio Tessari et Giuliano Gemma, le succès fulgurant d’Un pistolet pour Ringo, la musique d’Ennio Morricone, la suite intitulée Le Retour de Ringo (mais qui n’a rien à voir avec le premier) sont également les sujets abordés.

Nous trouvons aussi deux entretiens croisés, celui de l’actrice Lorella De Luca et celui du comédien Giuliano Gemma (20’). S’ils sont depuis tous les deux décédés depuis une dizaine d’années, la magie du montage et des archives les ramènent sur le devant de la scène et l’on prend beaucoup de plaisir à écouter leurs interventions, notamment sur Un pistolet pour Ringo.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce américaine et un Diaporama d’affiches et de photos d’exploitation.

L’Image et le son

Ce master HD restauré 2K édité par Artus Films, restauré en 2020 à partir du négatif original scanné quant à lui en 4K, est flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, la colorimétrie retrouve un réel éclat, surtout sur les lumineuses séquences diurnes. La restauration est indéniable, la propreté est superbe, les noirs et les contrastes affichent une nouvelle densité et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Ajoutez à cela un grain d’origine respecté, un cadre fourmillant de détails et vous obtenez une superbe copie qui participe à la redécouverte totale de ce bijou du western. Blu-ray au format 1080p.

Propre et dynamique, le mixage italien DTS HD Master Audio Mono 2.0 s’avère dynamique à souhait et même percutant dans les scènes d’affrontements, tout en laissant une belle place à la musique de’Ennio Morricone. A titre de comparaison avec la VF, elle demeure plus naturelle. La piste française – qui était alors la seule disponible sur l’édition Seven7 – reste trop axée sur le report des voix. Copie intégrale, dont quelques répliques passent automatiquement en version originale sous-titrée en français. Excellent doublage du grand Dominique Paturel…et d’Adalberto Maria Merli (Minos dans Peur sur la ville) qui prête sa voix à Giuliano Gemma.

Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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