Test Blu-ray / Tentacules, réalisé par Ovidio G. Assonitis

TENTACULES (Tentacoli – Tentacles) réalisé par Ovidio G. Assonitis, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 3 mai 2024 chez Rimini Editions.

Acteurs : John Huston, Shelley Winters, Bo Hopkins, Henry Fonda, Delia Boccardo, Cesare Danova, Alan Boyd, Sherry Buchanan…

Scénario : Jerome Max, Tito Carpi & Steven W. Carabatsos

Photographie : Roberto D’Ettorre Piazzoli

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h37

Année de sortie : 1976

LE FILM

Dans une petite ville de la côte ouest des États-Unis, un bébé et un marin disparaissent. Quelques heures plus tard, leurs cadavres sont retrouvés atrocement mutilés sur la plage. Un shérif, aidé d’une journaliste et d’un océanographe, va essayer de trouver la cause de ce massacre. Ils vont découvrir l’existence d’une créature géante sortie du fond de l’océan.

Si tu avances quand Tentacules, comment voulez-vous que…Bienvenue à Ocean Beach, qui rappelle bougrement l’île d’Amity dans Les Dents de la mer. En fait, TOUT fait penser au chef d’oeuvre de Steven Spielberg, qui venait de triompher dans le monde entier et de donner naissance au blockbuster estival. Ayant de la suite dans les idées, du plagiat plutôt, le producteur Ovidio G. Assonitis, à qui l’on doit Qui l’a vue mourir? d’Aldo Lado, Au pays de l’exorcisme d’Umberto Lenzi et même de L’Événement le plus important depuis que l’homme a marché sur la Lune de Jacques Demy entreprend de surfer sur le succès international de Jaws, en remplaçant le requin par une pieuvre géante. Et comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, Ovidio G. Assonitis, sous le pseudo d’Oliver Hellman, passe derrière la caméra pour la seconde fois de son illustre carrière, trois ans après Le Démon aux tripes, autre relecture éhontée et opportuniste de L’Exorcisme de William Friedkin. Nous sommes ici en plein nanar de luxe dont l’affiche, on ne peut plus prometteuse et alléchante, réunit John Huston, Henry Fonda, Shelley Winters et Bo Hopkins, en prise avec un gigantesque céphalopode qui déchire des maquettes de bateaux en balsa. Tourné avec trois francs six sous (faites la conversion en lires et en dollars de l’époque), Tentacoli ou tout simplement Tentacles enchaîne les non-sens et les aberrations avec une rare décontraction, copie la façon de filmer de Steven Spielberg, jusqu’à la photographie de Roberto D’Ettorre Piazzoli (l’étonnant Sonny Boy, le légendaire Starcrash, le choc des étoiles, le mythique Piranha 2 : les tueurs volants d’un certain James Cameron, soit trois productions Assonitis) qui agit aussi en bon faussaire. Vous l’aurez compris, on rigole beaucoup devant Tentacules et c’est déjà ça de pris.

Des gens sont retrouvés morts dans une station balnéaire touristique, leurs squelettes étant débarrassés de leur chair et de leur moelle osseuse. Le shérif local n’a aucune piste, mais le journaliste Ned Turner soupçonne la construction d’un tunnel sous-marin par la société Trojan, propriété de M. Whitehead. Ce dernier menace Turner s’il ne le laisse pas tranquille. Après plusieurs autres morts, Turner interroge Will Gleason, dresseur d’épaulards et expert marin. Lorsque deux des plongeurs de Gleason sont également tués, il part enquêter lui-même et détermine que les attaques sont le résultat de techniques de forage à ultrasons avec lesquelles les ondes sonores ont été « au-dessus des niveaux réglementés », ce qui rend folle une pieuvre géante, l’amenant à attaque et dévore les nageurs, ainsi que les plaisanciers chaque fois qu’il ressent des fréquences similaires. La femme de Gleason disparaît à son tour…cette fois, cela devient personnel.

On est un peu concon dans cette station balnéaire américaine, où une maman abandonne son bébé dans sa poussette, le temps d’aller causer avec sa copine de l’autre côté de la rue. Évidemment, elle ne pensait pas que sa progéniture se ferait happer par un monstre marin (que l’on ne verra pas pour l’instant, car c’est bien connu que plus la menace demeure invisible, plus elle est efficace), qui se fera un plaisir d’écorcher jusqu’à l’os, os par ailleurs vidés de leur moelle. Quelque chose ne tourne pas rond donc dans cette petite bourgade peuplée d’abrutis péquenauds, surtout qu’un autre corps est bientôt repêché et présente les mêmes signes d’attaque. Cela met immédiatement la puce à l’oreille d’un vieux briscard de journaliste interprété par John Huston lui-même, 70 piges au compteur et juste après L’Homme qui voulut être roi The Man Who Would Be King, qui profite sûrement de l’occasion pour se faire quelques billets verts en vue de son prochain film, Avec les compliments de CharlieLove and Bullets, qui mettra tout de même pas mal de temps à venir sur les écrans. Le must c’est que l’on sent que John Huston n’en a strictement rien à faire de toute cette entreprise, passe le temps à fumer le cigare, à regarder les autres comme s’il dormait les yeux ouverts, vêtu de sa djellaba improbable. Il tient les deux premiers tiers du récit, sans se forcer (euphémisme), avant de passer le relais à Bo Hopkins (entre Tueur d’élite The Killer Elite de Sam Peckinpah et Midnight Express d’Alan Parker), qui passe son temps avec des orques, leur parle, communique, communie. Il est l’HOMME de la situation et prendra le taureau par les cornes, la pieuvre par les ventouses plutôt, même si tout le boulot sera fait finalement par les épaulards, bien plus malins que les humains qui se la pètent en croyant mettre fin à tout ce massacre.

On y croise aussi Shelley Winters, la même année que le génial Black Journal de Mauro Bolognini, Un bourgeois tout petit petit Un borghese piccolo piccolo de Mario Monicelli et Peter et Elliott le dragon Pete’s Dragon de Don Chaffey (excusez du peu), qui se fait un peu d’argent de poche, mais en y mettant toujours autant d’énergie que dans une série A alors que Tentacules se place à l’opposé de l’alphabet. Henry Fonda, visiblement surpris pendant son petit-déjeuner apparaît dans deux ou trois scènes, le temps de terminer son café et ses tartines et de dire qu’il n’aime pas qu’on mette le nez dans ses affaires. C’est Fonda, alors on l’écoute, même si lui-même n’a pas l’air de comprendre ce qu’il est en train de débiter comme inepties. Celles et ceux qui ont bon goût reconnaîtront aussi Delia Boccardo, vue dans Exécutions Un detective de Romolo Guerrieri, Les Cannibales I Cannibali de Liliana Cavani, Miracle à l’italienne Per grazia ricevuta de Nino Manfredi et Le Témoin à abattre La Polizia incrimina la legge assolve d’Enzo G. Castellari.

En expert de la copie carbone, Ovidio G. Assonitis ne se force pas et se contente de zieuter sur son voisin, sans comprendre la grammaire cinématographique et le pourquoi du comment du cadre, la musique de Stelvio Cipriani (La Baie sanglante, Terreur sur la lagune, Un flic explosif, Section de choc) fait saigner les tympans (testez simplement le thème du générique de fin si vous en avez l’occasion, on en reparle), le montage est aux pâquerettes (l’affrontement final est brouillon et entraînera des glaucomes), les effets spéciaux sont hilarants, aucune impression de gigantisme en ce qui concerne la pieuvre, nettement plus réussie dans La Fiancée du monstre d’Ed Wood. Dans le fond des océans, personne ne vous entendra rire.

LE BLU-RAY

Nous voilà arrivés à la fin du mois d’avril et mine de rien Rimini Éditions a déjà livré trois nouveaux opus dans sa collection Angoisse, La Nuit de la comète, Les Rats attaquent et donc Tentacules. Sorti en DVD en 2006 chez Neo Publishing, le film d’Ovidio G. Assonitis se voit dérouler le tapis rouge par Rimini, à travers cette édition DVD + Blu-ray + Livret. Comme d’habitude, nous nous trouvons en présence d’un Digipack à trois volets, renfermant les deux disques, ainsi qu’un livret très informatif de 24 pages rédigé par Marc Toullec, qui revient longuement sur la carrière du producteur-réalisateur Ovidio G. Assonitis. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité ne se résume qu’à la bande-annonce.

L’Image et le son

Longtemps attendu par les « fans » de séries B/Z, Tentacules débarque enfin en Haute Définition. La copie affiche une belle propreté, en dehors de quelques rayures verticales et de poussières qui ont tendance à revenir sur les plans repris en post-production (à l’instar des arrêts sur image durant l’attaque de la frégate), tandis que le générique apparaît moins riche et bigarrée que par la suite. Le cadre large a souvent l’occasion de briller, la clarté est de mise et le piqué nettement appréciable sur toutes les séquences en extérieur, y compris lors des scènes sous-marines, vraiment très belles. Les effets spéciaux ont évidemment pris quelques rides et les plans repris en postproduction (les transparences notamment) restent marqués par un grain plus accentué, des petits points blancs, quelques pertes de la définition et un piqué émoussé. Cela n’empêche pas la palette chromatique de retrouver une nouvelle jeunesse, tout comme les contrastes dont la gestion se révèle savamment entretenue par un encodage AVC de fort bon aloi.

Les versions originales (anglaise, mais aussi italienne) et française sont proposées en DTS-HD Master Audio 2.0. La première option se contente de mieux répartir le score, ainsi que des ambiances dynamiques sur les scènes agitées, une piste de fort bon acabit, sans doute plus homogène dans son rendu et souvent percutante. Plus anecdotique, la version française et le doublage italien sont parfois plus sourds, notamment dans leur rendu des dialogues et des bruitages.

Crédits images : © Rimini Éditions / ESSE Cinematografica and American Intenarional Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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