Test Blu-ray / Le Quatrième homme, réalisé par Phil Karlson

LE QUATRIÈME HOMME (Kansas City Confidential) réalisé par Phil Karlson, disponible en combo Blu-ray/DVD le 16 juillet 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : John Payne, Coleen Gray, Preston Foster, Neville Brand, Lee Van Cleef, Jack Elam, Dona Drake, Mario Siletti…

Scénario : George Bruce, Harry Essex d’après une histoire originale de Harold R. Greene et Rowland Brown

Photographie : George E. Diskant

Musique : Paul Sawtell

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Joe Rolfe, un ancien détenu, est arrêté pour l’attaque d’un camion blindé où quatre gangsters masqués ont dérobé 1,2 millions de dollars en petites coupures. Après avoir subi un interrogatoire musclé orchestré par la police, il ressort blanchi. Mais Joe n’en reste pas là pour autant et avec l’aide de ses complices mafieux, il retrouve la trace d’un des braqueurs et usurpe son identité sans éveiller le moindre soupçon…

Réalisé par Phil Karlson (1908-1985) en 1952, Le Quatrième hommeKansas City Confidential est un film noir produit par la United Artists, qui montre le savoir-faire en la matière du metteur en scène, spécialiste des séries B, à qui l’on doit Behind the Mask (1946), L’Inexorable enquête (1952), L’Affaire de la 99ème rue (1953) ou bien encore On ne joue pas avec le crime (1955) et The Phenix City Story (1955). Phil Karlson deviendra également un spécialiste du western avec quelques titres restés célèbres comme Le Dernier passage (1961) avec Richard Widmark et La Poursuite des tuniques bleues (1967) avec Glenn Ford. Le Quatrième homme reste emblématique du genre, un film noir très prisé par les amateurs et les cinéphiles, d’autant plus que cette œuvre reste la principale source d’inspiration du braquage de L’Affaire Thomas Crown (1968) de Norman Jewison, puis d’un des éléments d’Usual Suspects de Bryan Singer (1995). Autant dire que Kansas City Confidential reste une savoureuse découverte et mérite qu’on s’y attarde.

Quatre gangsters braquent un fourgon blindé transportant plus d’un million de dollars. Joe Rolfe, un chauffeur-livreur, qui a déjà eu des ennuis avec la justice est accusé d’être impliqué dans ce braquage et est interrogé avec brutalité par la police locale. Relâché faute de preuves, Rolfe remonte la piste des criminels jusqu’au Mexique afin de se disculper définitivement. Mais on apprend ensuite que l’organisateur du hold-up est un ancien policier. La fille de ce dernier, étudiante en droit et ignorant les activités illicites de son père n’est pas indifférente au charme de Joe…

Kansas City Confidential. Un titre qui claque comme l’un des meilleurs ouvrages de l’immense James Ellroy. Sur un scénario de George Bruce (L’Homme au masque de fer de James Whale) et Harry Essex (Bodyguard de Richard Fleischer), repris en main par Phil Karlson lui-même avec l’aide du comédien John Payne, Le Quatrième homme est une série B de luxe dans laquelle un homme innocent décide de faire justice lui-même afin d’être blanchi de toutes les accusations portées contre lui, mais aussi et surtout pour comprendre pourquoi quelqu’un lui a fait le porter le chapeau d’un casse. A ce titre, John Payne (1912-1989) est comme d’habitude impeccable dans le rôle de l’américain lambda qui devient un héros malgré-lui en prenant son courage à deux mains pour se défendre, quitte à braver le danger et à risquer sa vie face à quelques brigands à la mine patibulaire. Aujourd’hui souvent oublié ou sous-estimé, il serait temps de réhabiliter cet acteur très prisé par les cinéastes dans les années 1940-50, qui aura tourné chez William Wyler, Raoul Walsh, Lloyd Bacon, Henry King, Allan Dwan (dans les formidables Quatre étranges cavaliers, Le Bagarreur du Tennessee et Deux rouquines dans la bagarre) et André De Toth.

Face à lui, se démarque Lee Van Cleef, 27 ans, le regard déjà affûté dans le rôle du fielleux Tony Romano, Il signe ici l’une de ses premières apparitions au cinéma, la même année que Le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann. L’autre trogne reconnaissable est celle du légendaire Jack Elam, qui aura marqué moult westerns et séries B, mais aussi les mythiques Vera Cruz, Pat Garrett et Billy le Kid, Il était une fois dans l’Ouest. Egalement présent au générique, Neville Brand, plus connu pour son rôle d’Al Capone dans la série Les Incorruptibles. Dona Drake assure le quota caliente et Coleen Gray (La Rivière rouge, Le Carrefour de la mort) interprète quant à elle la jeune femme qui s’éprend du personnage principal. Preston Foster (Le Mouchard de John Ford) ferme la marche de ce casting haut de gamme dans le rôle du « cerveau ».

Phil Karlson, en pleines possessions de ses moyens, signe un prologue formidable, puis déroule efficacement son récit après le casse, même si le reste du film n’aura pas la même virtuosité. Mais cela reste symbolique des films de Phil Karlson, dont le talent a été loué par les plus grands, dont Martin Scorsese, qui s’inspirera d’ailleurs de son 5 Against the House pour Casino ! Le cinéaste va à l’essentiel, sans excès de gras, sur un montage rapide, en se focalisant sur les personnages et donc ses comédiens, excellemment filmés et dirigés.

LE BLU-RAY

Après quelques détours chez Bach Films puis chez Wild Side Vidéo, Le Quatrième homme débarque enfin dans les bacs dans une édition digne de ce nom chez Rimini Editions. Un très beau combo Blu-ray/DVD où les deux disques sont disposés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. A l’intérieur, nous trouvons un excellent livret de 32 pages conçu par Christophe Chavdia chez La Plume, garni d’anecdotes de tournage, de photos et d’affiches d’exploitation. Le menu principal du Blu-ray est animé et musical.

L’imminent Jean-François Rauger propose une introduction à l’oeuvre de Phil Karlson (10’30). A l’occasion de la rétrospective consacrée au cinéaste à la Cinémathèque Française en 2014, le directeur de la programmation évoque la carrière de Phil Karlson, ses films les plus célèbres et ses thèmes de prédilection comme la dénonciation de la corruption politique.

L’Image et le son

C’est vers cette édition qu’il faudra vous tourner si vous désirez revoir le film de Phil Karlson dans les meilleures conditions techniques aujourd’hui. Fort d’un master au format 1.33 respecté (16/9 compatible 4/3) et d’une solide compression, ce Blu-ray au format 1080p s’avère lumineux. La définition est belle et la restauration soignée, même si divers points et quelques poussières subsistent après un générique plus marqué par les affres du temps. Les contrastes sont corrects, les noirs suffisamment denses, les blancs sont très clairs, limite brûlés diront certains, ce qui a pour conséquence d’amoindrir les détails sur les plans larges. Le piqué est fort acceptable, le grain original heureusement préservé.

L’unique version anglaise est proposée en Mono 2.0. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable en version originale (avec sous-titres français non imposés), avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Léger souffle constaté, mais rien de gênant.

Crédits images : © Rimini Editions / Impex Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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