ALICE, DARLING réalisé par Mary Nighy, disponible en DVD le 1er septembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Anna Kendrick, Kaniehtiio Horn, Charlie Carrick, Wunmi Mosaku, Mark Winnick, Daniel Stolfi, Carolyn Fe, Gordon Harper…
Scénario : Alanna Francis & Mark Van de Ven
Photographie : Mike McLaughlin
Musique : Owen Pallett
Durée : 1h26
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Une femme cache à ses deux meilleures amies des éléments à propos de son petit ami actuel. Lors d’un voyage entre filles, ces secrets sont révélés lorsqu’une fille du coin est portée disparue et que son petit ami arrive sans prévenir.
Elle en a fait du chemin Anna Kendrick depuis la saga Twilight, dans laquelle elle campait Jessica Stanley dans la franchise initiée en 2008 par Catherine Hardwicke. La première étape a été l’excellent In the Air de Jason Reitman, puis le méconnu 50/50 de Jonathan Levine et enfin le succès (voire le triomphe) de la trilogie Pitch Perfect de 2012 à 2017 pour laquelle elle devenait tête d’affiche. Vue par la suite chez Robert Redford, David Ayer, Marjane Satrapi, Rob Marshall et Paul Feig, Anna Kendrick a su passer d’un genre à l’autre avec le même talent. Dans Alice, Darling elle tient le rôle principal du premier long-métrage réalisé par Mary Nighy, fille du grand Bill, comédienne vue dans Marie Antoinette de Sofia Coppola, passée à la mise en scène en 2008. Alice, Darling offre à l’actrice née en 1985, l’occasion de signer l’une de ses plus belles prestations. Drame psychologique, non dépourvu d’humour et qui évite tout pathos, Alice, Darling suit un petit bout de femme qui vit sous l’emprise toxique de son compagnon. Si le film ne révolutionne rien, le propos est intelligent et bien traité, à la fois pudique et frontal, tandis que l’interprétation d’Anna Kendrick mérite tous les éloges. Une jolie découverte.
Nassim, Issa, et Thomas, condamnés pour vols avec violence, Grégoire, Nawelle et Sabine, victimes de homejacking, de braquages et de vol à l’arraché, mais aussi Chloé, victime de viols incestueux, s’engagent tous dans des mesures de Justice Restaurative. Sur leur parcours, il y a de la colère et de l’espoir, des silences et des mots, des alliances et des déchirements, des prises de conscience et de la confiance retrouvée… Et au bout du chemin, parfois, la réparation…
S’il était possible de décerner un César collectif pour l’ensemble du casting d’un long-métrage, on le remettrait immédiatement à celui de Je verrai toujours vos visages, le troisième film de Jeanne Herry, qui avait signé un premier coup d’essai et petit coup de maître avec Elle l’adore en 2014 et qui avait confirmé quatre ans plus tard tous les espoirs basés sur son talent avec Pupille. Suite à ces deux succès au box-office, avec près d’un demi-million d’entrées pour le premier et 850.000 pour le second, on attendait de pied ferme le retour de la réalisatrice. Avec Je verrai toujours vos visages, elle touche au sublime et même au chef d’oeuvre. Rien à redire, tout est absolument parfait, de la prestation des comédiens, en passant par le scénario, les dialogues, la photographie de Nicolas Loir (Le Nouveau de Rudi Rosenberg, Seuls de David Moreau, Novembre de Cédric Jimenez). Ce drame psychologique atteint le coeur, l’âme et même le corps entier. Bien sûr, il est évident que Je verrai toujours vos visages s’adressera personnellement à chaque spectateur, selon son vécu et son expérience, mais au-delà de son sujet passionnant, il s’agit ni plus ni moins d’une vraie leçon de cinéma. On en ressort bouleversés, à bout de souffle, secoués, mais aussi étonnamment gonflés à bloc pour affronter l’adversité, ses démons et son propre futur. Assurément LE film de 2023.
Trocpont-sur-Vézère et Tourtour-les-Bains, deux petits villages du Sud de la France, se livrent depuis toujours une impitoyable guerre de clocher. Symbolisée par un redoutable derby entre les deux équipes de rugby, Trocpont a incontestablement pris l’ascendant mais une arrivée inattendue de demandeurs d’asile va changer la donne et bouleverser la vie de ces deux villages.
Il persiste le bougre ! Depuis le joli succès dans les salles de son premier long-métrage, Le Fils à Jo (2011) qui avait attiré plus d’1,2 millions de spectateurs, Philippe Guillard, ancien joueur de rugby (« un sport de brutes pratiqué par des coeurs tendres ») reconverti dans le cinéma, a signé trois autres films, On voulait tout casser (2015), Papi Sitter (2020) et J’adore ce que vous faites (2022), qui se sont tous méchamment vautrés au box-office. Rebelote avec Pour l’honneur, qui n’aura pas dépassé la barre des 175.000 entrées et pour cause…N’y allons pas par quatre chemins, il s’agit ni plus ni moins d’un des pires films de l’année 2023. Rien, absolument rien ne fonctionne, le casting, l’alchimie entre les « comédiens », la mise en scène, l’humour, le message, tout y est catastrophique. En martelant son discours sur la fraternité et l’entraide avec la délicatesse et l’humilité d’un Jean Messiha qui annonçait son départ de Reconquête après l’annonce des résultats du premier tour en 2022, Pour l’honneur se prend les pieds dans le tapis dès la première scène, celle de la réunion du village où les idéologies s’opposent, autrement dit les deux extrêmes. D’un côté, la tenancière d’un bar-hôtel, qui ouvrira son établissement à une poignée de migrants (avec lesquels ils chanteront Je l’aime à mourir de Francis Cabrel, qui a d’ailleurs signé la chanson de la bande originale) venus de Côte d’Ivoire, du Mali, d’Afghanistan, du Congo, de Syrie…et de l’autre un type d’origine allemande (évidemment) qui voit d’un mauvais œil cette installation forcée. Comment résumer la situation…Dans la France profonde, on n’aime pas les noirs et les arabes, même si on nous dit que « le noir ça déteint pas ». Dans toute la France profonde ? Noooon ! Quelque part près de Brive, une brave hôtelière ouvre ses portes à une dizaine de migrants…et si parmi eux il y avait des possibles recrues pour intégrer leur équipe locale de rugby ??? Hein ??? Mais c’était sans compter le dénommé Gantzer, qui avec son nom nazi déteste ce qui a la peau bronzée ! Ces gens là gênent…surtout que l’usine qui fait vivre la région est spécialisée dans le jambon, ce n’est sûrement pas avec eux que leur chiffre d’affaire va croître ! Non mais alors ma bonne dame ! Je vous remets un gros rouge qui tâche ? Philippe Guillard, c’est un peu un sous-Christophe Barratier, qui a probablement la musique de la publicité pour les saucisses Herta (« ne passons pas à côté des choses simples ») comme sonnerie de téléphone, qui écoute un best-of de Sandrine Rousseau sur YouTube, qui met des pouces en bas sur les vidéos de Charlotte d’Ornellas sur le même réseau, qui a sorti le rouleau de Sopalin devant la cérémonie d’ouverture de la coupe du monde de rugby et qui est venu trop vite quand Jean Dujardin a montré ses miches (de pain). C’était le bon temps aurait chanté Francis Kuntz de Groland. En l’état, Pour l’honneur est une horreur absolue, tant sur le fond que sur la forme, jusqu’à l’affiche où les personnages paraissent, comme le dirait Orson Welles, se foutre de notre gueule. À vos risques et périls…
RETOUR À SÉOUL réalisé par Davy Chou, disponible en DVD le 4 juillet 2023 chez Blaq Out.
Acteurs : Park Ji-min, Oh Kwang-rok, Han Guka Kim, Sun-young, Yoann Zimmer, Louis-Do de Lencquesaing…
Scénario : Davy Chou
Photographie : Thomas Favel
Musique : Jérémie Arcache & Christophe Musset
Durée : 1h55
Année de sortie : 2022
LE FILM
Sur un coup de tête, Freddie, 25 ans, retourne pour la première fois en Corée du Sud, où elle est née. La jeune femme se lance avec fougue à la recherche de ses origines dans ce pays qui lui est étranger, faisant basculer sa vie dans des directions nouvelles et inattendues.
Pour son deuxième long-métrage, six ans après Diamond Island, le réalisateur franco-cambodgien Davy Chou (né en 1983) nous invite en terre coréenne, en offrant le rôle principal à la plasticienne Park Ji-min, parisienne née en Corée du Sud. Elle y interprète Frédérique, à la recherche de ses parents biologiques. C’est simple, la néo-actrice de 34 ans électrise ce film, avec son personnage entier, souvent attachant, parfois antipathique, aspirant à une liberté de mouvement mais pas complètement indépendante, capable de se faire des amis en un instant et de les embarquer dans sa folie douce, que de faire des choix hasardeux et faire souffrir les gens. Freddie est un personnage instinctif et par conséquent, la force de Retour à Séoul est de ne pas faire dans la bienveillance forcée, il bouscule le spectateur grâce à ce personnage insaisissable et des choix esthétiques forts.
SAGE-HOMME réalisé par Jennifer Devoldère, disponible en DVD le 19 juillet 2023 chez Warner Bros.
Acteurs : Karin Viard, Melvin Boomer, Steve Tientcheu, Tracy Gotoas, Theodore Levisse, Bruce Dombolo, Nadia Roz…
Scénario : Jennifer Devoldère & Cécile Sellam
Photographie : Jean-François Hensgens
Musique : Dim Sum
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Léopold, 19 ans, rate le concours d’entrée en médecine. Par défaut, il décide d’entrer à l’école des sages-femmes en cachant la vérité à son entourage, dans le but de réintégrer médecine plus tard grâce à une passerelle. Alors qu’il s’engage sans convictions dans ce milieu exclusivement féminin, sa rencontre avec Nathalie, sage-femme d’expérience au caractère passionné, va changer son regard sur cet univers fascinant et bouleverser ses certitudes.
Tiens, revoilà la réalisatrice et scénariste Jennifer Devoldère, qui avait signé deux longs-métrages fort passables (pour ne pas dire complètement ratés) avec Mélanie – Je suis modeste – Laurent, Jusqu’à toi (2009) et Et soudain, tout le monde me manque (2011). Depuis, plus aucune nouvelle. IMDB indique qu’elle a récemment coécrit Zodi et Téhu, frères du désert d’Éric Barbier, sorti quelques semaines avant le troisième long-métrage de la cinéaste, Sage-Homme, incontestablement son meilleur film à ce jour et de loin. Cette plongée immersive dans le monde des sage-femmes, offre à la précieuse Karin Viard un nouveau rôle en or, qui lui va une fois de plus comme un gant et révèle un jeune acteur de 20 ans, Melvin Boomer, précédemment apparu dans la mini-série Le Monde de demain de l’excellente Katell Quillévéré, dans laquelle il interprétait JoeyStarr. Superbe alchimie entre les deux comédiens qui ne font qu’un avec leurs personnages, tandis que le spectateur en saura désormais plus sur ce métier ô combien indispensable, y compris sur sa définition : sage, dérivé du mot sapiens, qui signifie celui qui a la connaissance, l’expérience, et le mot femme désignant ici la femme dont on s’occupe. Ainsi, on assiste à l’émergence d’une vocation, celle de Léopold donc, qui va devenir un (on peut dire le ou la) sage-femme, en apprenant son métier auprès d’une professionnelle qui amorce la dernière partie de sa carrière et probablement de sa vie. Une comédie-dramatique élégante, noble, très réussie.
Scénario : Ludovic Bernard & Mathieu Oullion, d’après une histoire originale de Mariano Vera
Photographie : Vincent Richard
Musique : Harry Allouche
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
Antoine Mercier a été licencié de son poste de directeur des ressources humaines dans une grande enseigne de bricolage. Depuis deux ans, il est devenu père au foyer et s’occupe de ses quatre enfants, souvent seul car sa femme Isabelle est très prise par son activité d’avocate. Depuis deux ans dans la famille Mercier, les rôles ont donc clairement été inversés et Antoine commence à de moins en moins tenir le coup face à l’énergie que lui demande sa petite famille. Voilà pourquoi 10 jours de vacances à la montagne s’annoncent comme une aubaine, surtout à Courchevel. Antoine se dit alors qu’il va pouvoir enfin se reposer. Malheureusement pour lui, alors qu’ils sont sur le quai de la gare, le cabinet d’Isabelle la sollicite et elle ne peut plus partir avec les siens. Antoine va alors devoir à nouveau passer 10 jours seul avec ses 4 enfants.
En 2020, Ludovic Bernard (Mission Pays Basque, L’Ascension) connaît un joli succès mérité avec 10 jours sans maman. Porté par Franck Dubosc, ce remake du film argentin Mamá se fue de viaje d’Ariel Winograd, sorti en 2017 et inédit dans l’Hexagone, parvient à attirer 1,2 million de français dans les salles, juste avant l’instauration du confinement et de la fermeture des cinémas. Après deux épisodes emballés pour la série Lupin, le réalisateur qui a fait ses classes dans l’écurie Besson en étant assistant sur Lucy, Taken 2 et 3, 3 Days to Kill, Malavita et autres ignominies, décide de revenir à la famille Mercier, histoire sans doute de surfer sur le hit rencontré par le premier opus, qui aurait pu aller plus loin si nous n’avions pas été « en guerre » (pour citer un humoriste qui s’ignore) contre la Covid 19. Le fait est que cette suite qui ne s’imposait pas reprend certes les personnages, mais n’en fait pas grand-chose et perd la dynamique de groupe qui faisait la réussite du précédent, en se focalisant beaucoup plus sur Franck Dubosc, trop souvent isolé des enfants. L’alchimie entre les comédiens, qui reprennent tous leurs rôles respectifs y compris les quatre rejetons, est évidente et les scènes les plus amusantes sont indéniablement celles où ils sont tous confrontés les uns aux autres, mais elles apparaissent étonnamment peu. On a donc l’impression constante que Ludovic Bernard a dégoté un ancien scénario et l’a quelque peu remanié pour en faire une pseudo-suite à 10 jours sans maman, mais sans jamais parvenir à retrouver cette fraîcheur et le sens du gag qui faisaient mouche il y a trois ans. Au final, 10 jours encore sans maman n’est pas désagréable en soi et Franck Dubosc est entre autres très bien, mais l’ensemble demeure un brin poussif.
LAVÉ PAR LE SANG (Savage Salvation) réalisé par Randall Emmett, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Jack Huston, Robert De Niro, John Malkovich, Willa Fitzgerald, Meadow Williams, Quavo, Swen Temmel, Winter Ave Zoli…
Scénario : Adam Taylor Barker & Chris Sivertson
Photographie : Eric Koretz
Musique : Philip Klein
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Un drogué aux opiacés en voie de guérison cherche à se venger des dealers responsables de la vente des drogues qui ont entraîné la mort de sa fiancée.
En lisant le résumé du film et en voyant le visuel de ce DTV on était en droit de se dire que ce ne serait certainement pas un chef d’oeuvre. Effectivement, ce n’est pas le cas. Néanmoins, Lavé par le sang ou Savage Justice, ou bien encore Wash Me in the River n’est pas une série Z et s’avère même une bonne série B. Alors oui ne vous attendez pas à un modèle du genre, mais cet opus qui réunit Robert De Niro et John Malkovich en guest-stars de luxe n’est pas honteux du tout. Le film est réalisé par Randall Emmett, qui avait signé l’une des meilleures dernières Williseries avant la retraite anticipée du comédien, La Proie – Midnight In The Switchgrass, dans lequel il donnait la réplique à Megan Fox et Emile Hirsch. Également producteur de produits uniquement destinés au marché de la vidéo à l’instar du récent et navrant Hot Seat avec Mel Gibson, de l’excellent Boss Levelde Joe Carnahan, du pathétique Killing Field, du supportable Out of Death et même du sous-estimé Silence de Martin Scorsese, Randall Emmett soigne un peu plus que d’habitude le long-métrage dont il a la charge et n’est sûrement pas un manchot derrière la caméra. À la tête du casting, Jack Huston, qui tenait le rôle-titre de l’exécrable Ben-Hur de Timur Bekmambetov et celui de Bob Kennedy dans The Irishman, s’en tire bien et s’impose facilement dans cette histoire ultra-classique, mais efficacement traitée. Un bon moment.
DÉSIR FATAL (Out of the Blue) réalisé par Neil LaBute, disponible en DVD le 19 août 2023 chez Metropolitan Vidéo.
Acteurs : Diane Kruger, Ray Nicholson, Gia Crovatin, Hank Azaria, Chase Sui Wonders, KeiLyn Durrel Jones, Pamela Jayne Morgan, Frederick Weller…
Scénario : Neil LaBute
Photographie : Walt Lloyd
Musique : Adam Bosarge
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Connor Bates est un jeune homme qui a purgé une peine de prison pour voies de fait. Il travaille maintenant dans une bibliothèque et passe son temps libre à courir, nager et essayer de remettre sa vie sur les rails. Un jour, il rencontre Marilyn Chambers, l’épouse d’un riche homme d’affaires qui la maltraite régulièrement. Commence alors une relation intense qui plonge Connor et Marilyn dans une spirale dont ils perdent peu à peu le contrôle.
Du réalisateur Neil LaBute (né en 1963) on retient surtout le tendu Harcelés – Lakeview Terrace (2008), dans lequel Samuel L. Jackson s’en prenait à un jeune couple qui venait d’emménager à côté de chez lui, en raison de leur relation interraciale. D’autres, ils sont moins nombreux, mais tout autant enthousiastes, soutiennent son remake de The Wicker Man (2006) avec Nicolas – Not the bees ! – Cage. Dommage, car son premier long-métrage En compagnie des hommes – In the Company of Men (1997), adapté d’une de ses pièces de théâtre, récompensé à Sundance et par le Prix spécial du Jury au Festival du cinéma américain de Deauville, le plaçait parmi les auteurs les plus en vue de sa génération. Dramaturge prolifique et cinéaste éclectique, Neil LaBute n’a jamais arrêté de travailler, même si son nom est quelque peu oublié. Comme la plupart de ses précédents films, il signe seul le scénario de Désir fatal – Out of the Blue, l’un de ses derniers opus en date, un thriller romantique et vaguement érotique (mais où dame Kruger ne dévoile rien de sa superbe poitrine) marqué par de nombreuses références au film noir américain, auquel il rend hommage y compris sur la forme avec l’utilisation (souvent très exagérée) d’intertitres en N&B du style « Le lendemain », « Une heure après », « Quelques semaines plus tard ». On n’attendait rien ou pas grand-chose de Désir fatal et on est finalement étonnamment conquis par l’atmosphère lente et prenante, par la photo de Walt Lloyd (Sexe, mensonges & vidéos, Kafka, Parties intimes), ainsi que par l’excellente prestation du couple vedette, Ray Nicholson et Diane Kruger, le premier (fils du grand Jack) est une belle révélation, tandis que la seconde subjugue en femme fatale et mystérieuse. Un DTV appréciable, à défaut d’être inoubliable bien sûr.
ARRÊTE AVEC TES MENSONGES réalisé par Olivier Peyon, disponible en DVD le 22 juin 2023 chez Blaq Out.
Acteurs : Guillaume de Tonquédec, Victor Belmondo, Guilaine Londez, Jérémy Gillet, Julien De Saint Jean, Pierre-Alain Chapuis…
Scénario : Olivier Peyon, d’après le roman de Philippe Besson
Photographie : Martin Rit
Musique : Damien Maestraggi
Durée : 1h34
Année de sortie : 2022
LE FILM
Le romancier Stéphane Belcourt a accepté de parrainer le bicentenaire d’une célèbre marque de cognac. C’est l’occasion de revenir pour la première fois dans la ville où il a grandi. Sur place, il rencontre Lucas, son premier amour. Les souvenirs affluent : le désir irrépressible, les corps qui s’unissent, une passion qu’il faut taire… Ce premier amour s’appelait Thomas. Ils avaient dix-sept ans.
À la base du film Arrête avec tes mensonges, il y a le livre éponyme de Philippe Besson, publié en 2017, énorme succès critique et public, récompensé par le Prix Maison de la Presse 2017 et le Prix Psychologies du Roman inspirant. Si l’on peut évidemment penser à Call Me by Your Namede Luca Guadagnino, adapté du roman d’André Aciman et Été 85de François Ozon, lui-même transposé du livre La Danse du coucou – Dance on My Grave d’Aidan Chambers, Arrête avec tes mensonges s’en démarque en raison de son récit autobiographique, car tout ce qui est raconté est vrai, avec pudeur et sensibilité, une confession intime bouleversante du début à la fin. Sans attendre le triomphe du livre dans les librairies, Olivier Peyon acceptait de transposer l’ouvrage de Philippe Besson. Le réalisateur remarqué pour Les Petites vacances (2007), Comment j’ai détesté les maths (2013) et le superbe Une vie ailleurs(2017), pour lequel il offrait à Isabelle Carré l’un de ses plus beaux rôles. Ceux qui auront eu la bonne idée de voir ce dernier retrouveront dans Arrête avec tes mensonges la même intensité et cette élégance qui l’irriguait et qui font d’Olivier Peyon un metteur en scène précieux. Ne manquez pas ce drame poignant, dans lequel brille toute la distribution, sur laquelle trônent de façon impériale Guillaume de Tonquédec, comme d’habitude virtuose, et Victor Belmondo, extrêmement prometteur et charismatique (la ressemblance avec son grand-père est vraiment troublante), qui crève l’écran.
HOT SEAT réalisé par James Cullen Bressack, disponible en DVD le 5 juillet 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Mel Gibson, Shannen Doherty, Kevin Dillon, Michael Welch, Lydia Hull, Eddie Steeples, Sam Asghari, Keith Jardine…
Scénario : Leon Langford & Collin Watts
Photographie : Bryan Koss
Musique : Timothy Stuart Jones
Durée : 1h35
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Une course contre la montre est lancée pour sauver Orlando, un otage piégé avec une bombe attachée sous son siège dans un immeuble de 60 étages.
Cela peut arriver. Vous vous mettez un DTV histoire de voir ce qu’un acteur connu peut avoir à proposer dans une production fauchée. Et là, c’est une révélation, le genre de film qu’on aurait voulu découvrir sur grand écran, qui aurait mérité une promotion digne de ce nom, celui qu’on voudrait conseiller à tous les camarades cinéphiles qui vous entourent. Mais ce n’est clairement pas le cas de Hot Seat, désolé. Vous y avez cru ? Mais bordel, que vient faire Mel Gibson dans cette galère ??? Il s’agit probablement d’un des pires films vus ces derniers mois. Si Kill the Gringo d’Adrian Grunberg, Traîné sur le bitume – Dragged Across Concrete de S. Craig Zahler et Boss Levelde Joe Carnahan valaient le déplacement, à la rigueur on peut aussi ajouter à la liste le sympathique Fatman de Eshom et Ian Nelms, Mad Mel se perd une fois de plus dans le sombre navet après On the line de Romuald Boulanger. D’ailleurs, il n’a pas le premier rôle ici, tâche ingrate qu’il laisse à Kevin Dillon. Ce dernier n’a pas chômé, puisqu’on l’a récemment vu dans un autre produit destiné à la VOD et à ce qui reste du marché du DVD, Wire Room, aux côtés de Bruce – Je ne me rendais plus compte de ce que je faisais, et pour cause – Willis, de Matt Eskandari (Trauma Center et Open Source). Comme le monde est petit, Mel Gibson et Kevin Dillon s’étaient déjà donnés la (pauvre) réplique dans le On the line susmentionné. Quand une ancienne star qui cachetonne pour payer ses impôts (« Hey Nicolas Cage, t’as pas un tuyau pour moi ? ») et un has-been depuis quarante ans font équipe avec une Shannen Doherty ravagée par la maladie (ça fait beaucoup de mal de la voir comme ça, on ne va pas se mentir), on sait qu’on ne va pas se retrouver devant le chef d’oeuvre de l’année. Une explosion intervenant dans les cinq premières minutes, à coups de mauvaises et caduques images de synthèse (à côté, Hugo Délire c’est Avatar), donne le ton. On se marre du début à la fin tant les acteurs rivalisent de médiocrité et ont l’air de se foutre (royalement) de ce qu’ils sont en train de jouer. Chapeau à Mel Gibson, qui souffre tout du long et qui devient rouge comme une écrevisse tant il paraît traverser ce truc en apnée. Louis de Funès disait dans La Grande vadrouille, « c’était pas mauvais, c’était TRES mauvais ! ». Cela va plus vite de le dire ainsi.