Test DVD / Désir fatal, réalisé par Neil LaBute

DÉSIR FATAL (Out of the Blue) réalisé par Neil LaBute, disponible en DVD le 19 août 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Diane Kruger, Ray Nicholson, Gia Crovatin, Hank Azaria, Chase Sui Wonders, KeiLyn Durrel Jones, Pamela Jayne Morgan, Frederick Weller…

Scénario : Neil LaBute

Photographie : Walt Lloyd

Musique : Adam Bosarge

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Connor Bates est un jeune homme qui a purgé une peine de prison pour voies de fait. Il travaille maintenant dans une bibliothèque et passe son temps libre à courir, nager et essayer de remettre sa vie sur les rails. Un jour, il rencontre Marilyn Chambers, l’épouse d’un riche homme d’affaires qui la maltraite régulièrement. Commence alors une relation intense qui plonge Connor et Marilyn dans une spirale dont ils perdent peu à peu le contrôle.

Du réalisateur Neil LaBute (né en 1963) on retient surtout le tendu HarcelésLakeview Terrace (2008), dans lequel Samuel L. Jackson s’en prenait à un jeune couple qui venait d’emménager à côté de chez lui, en raison de leur relation interraciale. D’autres, ils sont moins nombreux, mais tout autant enthousiastes, soutiennent son remake de The Wicker Man (2006) avec Nicolas – Not the bees ! – Cage. Dommage, car son premier long-métrage En compagnie des hommes In the Company of Men (1997), adapté d’une de ses pièces de théâtre, récompensé à Sundance et par le Prix spécial du Jury au Festival du cinéma américain de Deauville, le plaçait parmi les auteurs les plus en vue de sa génération. Dramaturge prolifique et cinéaste éclectique, Neil LaBute n’a jamais arrêté de travailler, même si son nom est quelque peu oublié. Comme la plupart de ses précédents films, il signe seul le scénario de Désir fatalOut of the Blue, l’un de ses derniers opus en date, un thriller romantique et vaguement érotique (mais où dame Kruger ne dévoile rien de sa superbe poitrine) marqué par de nombreuses références au film noir américain, auquel il rend hommage y compris sur la forme avec l’utilisation (souvent très exagérée) d’intertitres en N&B du style « Le lendemain », « Une heure après », « Quelques semaines plus tard ». On n’attendait rien ou pas grand-chose de Désir fatal et on est finalement étonnamment conquis par l’atmosphère lente et prenante, par la photo de Walt Lloyd (Sexe, mensonges & vidéos, Kafka, Parties intimes), ainsi que par l’excellente prestation du couple vedette, Ray Nicholson et Diane Kruger, le premier (fils du grand Jack) est une belle révélation, tandis que la seconde subjugue en femme fatale et mystérieuse. Un DTV appréciable, à défaut d’être inoubliable bien sûr.

Connor est un jeune homme vivant dans une petite ville côtière de la Nouvelle-Angleterre, qui tente de reconstruire sa vie après un passage en prison, lorsqu’il rencontre Marilyn, une séduisante femme plus âgée qui l’attire. Les deux entament bientôt une liaison amoureuse. Connor apprend alors que Marilyn est en fait mariée à un homme plus âgé dont elle prétend être battue. À un moment donné, Marilyn suggère qu’ils assassinent son mari pour qu’ils puissent enfin être ensemble. Connor ne veut participer à aucun projet de meurtre contre rémunération. Il est alors soupçonné d’avoir pris part à des cambriolages en ville par son agent de libération conditionnelle, Jock. Aveuglé par son amour pour Marilyn, il tente le tout pour le tout et accepte d’assassiner l’époux de Marilyn en espérant pouvoir refaire sa vie avec elle.

Classique me direz-vous ! Certes, Désir fatal ne lésine pas et use de grands clichés liés au polar US et autres ficelles d’une genre fatigué jusqu’à la moelle. Mais les clins d’oeil à certains classiques comme Assurance sur la mortDouble indemnity de Billy Wilder, La Dame de ShanghaiThe Lady from Shanghai d’Orson Welles et surtout Le Facteur sonne toujours deux fois, le roman de James M. Cain, mais aussi ses deux transpositions cinématographiques américaines, celle de Tay Garnett (1946) avec Lana Turner et John Garfield et bien sûr celle de Bob Rafelson (1981) avec Jessica Lange et…Jack Nicholson font mouche. Ray Nicholson s’en tire très bien dans le rôle de la mouche emprisonnée dans la toile tissée par la vénéneuse et future veuve (noire). Si son charisme rappelle celui de son père au même âge, il vaut bien plus que sa belle gueule et l’acteur né en 1992 a indéniablement du talent. Vu précédemment dans Promising Young Woman, la série Panic et Licorice Pizza, il porte aisément Désir fatal sur ses épaules et devrait faire parler de lui dans un proche avenir. Il sera d’ores et déjà l’affiche du prochain Neil LaBute, Fear the Night, avec Maggie Q.

Depuis son Prix d’interprétation à Cannes pour In the Fade de Fatih Akin, on pouvait penser que la carrière de Diane Kruger prendrait un nouvel envol, ce qui n’a pas vraiment été le cas. Le magnifique Bienvenue à Marwen de Robert Zemerckis s’est malheureusement planté au box-office, JT LeRoy est passé inaperçu, tout comme 355 de Simon Kinberg. Les années coulent doucement sur la belle allemande, dont le charme reste frais comme au premier jour, tandis que son jeu a pris une vraie maturité. Sa présence n’est pas pour rien dans la réussite de Désir fatal, même si on pourra également retenir celle d’une autre comédienne présente au générique, Gia Crovatin, une des actrices fétiches de Neil LaBute avec lequel elle collabore souvent sur scène et au cinéma. Avec son air de Diane Keaton dans Annie Hall, y compris dans ses costumes, elle marque les esprits dans un joli rôle. L’autre grand atout est la participation de Hank Azaria. Cela faisait longtemps qu’on ne l’avait pas vu aussi magistral à l’écran et celui-ci vole toutes les scènes dans lesquelles il apparaît, notamment dans le dernier acte.

Alors oui, on devine rapidement comme cela va se terminer. D’ailleurs, Neil LaBute n’est pas dupe et sait que les spectateurs auront un voire plusieurs coups d’avance sur les personnages. Mais il conserve un petit twist final et en dépit de redondances et d’un rythme un peu lent, ce jeu de manipulation doublé d’un bel exercice de style laisse une bonne impression d’ensemble.

LE DVD

Direct To Video, Désir fatal débarque uniquement en DVD chez Metropolitan Video. Jaquette sobre, tout comme le menu principal, légèrement animé et musical.

Seul un lot de bandes-annonces est disponible comme bonus.

L’Image et le son

Si l’on excepte deux ou trois plans plus doux, ce master standard se révèle souvent irréprochable. Que l’histoire se déroule dans les intérieurs cosy ou dans des extérieurs plus froids, ce DVD restitue brillamment la belle photographie. Le relief est très présent, la colorimétrie est chatoyante, le piqué suffisamment aiguisé, la clarté de mise et les contrastes d’une densité indiscutable. Le cadre est excellemment exploité et les détails très appréciables. Superbe DVD sorti encore une fois de l’écurie Metropolitan.

Désir fatal repose en grande partie sur les dialogues et il ne faut donc pas en attendre beaucoup du mixage Dolby Digital 5.1., que ce soit en anglais comme en français. Ici, c’est surtout la composition d’Adam Bosarge, collaborateur de Neil LaBute sur House of Darkness, qui jouit d’une spatialisation concrète, même si les ambiances naturelles sont solides sur les frontales comme sur les latérales. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Metropolitan Video / Metropolitan FilmExport / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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