LAVÉ PAR LE SANG (Savage Salvation) réalisé par Randall Emmett, disponible en DVD le 16 août 2023 chez Studiocanal.

Acteurs : Jack Huston, Robert De Niro, John Malkovich, Willa Fitzgerald, Meadow Williams, Quavo, Swen Temmel, Winter Ave Zoli…

Scénario : Adam Taylor Barker & Chris Sivertson

Photographie : Eric Koretz

Musique : Philip Klein

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Un drogué aux opiacés en voie de guérison cherche à se venger des dealers responsables de la vente des drogues qui ont entraîné la mort de sa fiancée.

En lisant le résumé du film et en voyant le visuel de ce DTV on était en droit de se dire que ce ne serait certainement pas un chef d’oeuvre. Effectivement, ce n’est pas le cas. Néanmoins, Lavé par le sang ou Savage Justice, ou bien encore Wash Me in the River n’est pas une série Z et s’avère même une bonne série B. Alors oui ne vous attendez pas à un modèle du genre, mais cet opus qui réunit Robert De Niro et John Malkovich en guest-stars de luxe n’est pas honteux du tout. Le film est réalisé par Randall Emmett, qui avait signé l’une des meilleures dernières Williseries avant la retraite anticipée du comédien, La Proie – Midnight In The Switchgrass, dans lequel il donnait la réplique à Megan Fox et Emile Hirsch. Également producteur de produits uniquement destinés au marché de la vidéo à l’instar du récent et navrant Hot Seat avec Mel Gibson, de l’excellent Boss Level de Joe Carnahan, du pathétique Killing Field, du supportable Out of Death et même du sous-estimé Silence de Martin Scorsese, Randall Emmett soigne un peu plus que d’habitude le long-métrage dont il a la charge et n’est sûrement pas un manchot derrière la caméra. À la tête du casting, Jack Huston, qui tenait le rôle-titre de l’exécrable Ben-Hur de Timur Bekmambetov et celui de Bob Kennedy dans The Irishman, s’en tire bien et s’impose facilement dans cette histoire ultra-classique, mais efficacement traitée. Un bon moment.

La première séquence fait peur avec son montage complètement à la ramasse, le passage à tabac et même à la cloueuse pneumatique d’un type qui a visiblement quelque chose à se reprocher, sans oublier une photo peu reluisante. Pourtant, contre toute attente, Lavé par le sang bifurque sur une présentation lente, mais maîtrisée, des personnages principaux, Shelby John (Jack Huston donc, qui remplaçait Taylor Kitsch, qui remplaçait déjà Machine Gun Kelly) et sa compagne Ruby Red (Willa Fitzgerald, belle découverte), englués dans la dope, qui décident de s’entraider pour se sortir de ce fléau, après que le premier ait demandé la seconde en mariage. Après ce moment difficile où le manque les cloue au lit pendant un certain temps, ils parviennent à surmonter cette terrible épreuve et commencent à mieux envisager l’avenir. Mais l’ancien dealer du couple rôde dans le coin et n’est pas prêt à laisser s’échapper deux de ses meilleurs acheteurs. Il parvient alors à remettre une drogue salement coupée à la jeune femme, en lui faisant croire que son futur mari a lui-même replongé. Ruby Red reprend une dose, qui sera sa dernière. Shelby John décide de se venger et de remonter la filière, jusqu’au fournisseur dont les affaires prospèrent dans tout l’état. C’est alors qu’intervient le shérif Church (Bob De Niro donc), qui a perdu son fils il y a quelques années, qui a beaucoup d’affection pour Shelby John, mais qui se lance à sa poursuite afin d’éviter un bain de sang qu’il sait inévitable.

C’est franchement pas mal. Si Randall Emmett abuse des plans capturés au drone, la photographie du chef opérateur Eric Koretz est loin d’être honteuse, les acteurs font le taf, sans se forcer, mais avec suffisamment de conviction, notamment Robert De Niro, qui vole la vedette et dont le personnage est même souvent émouvant, si l’on accepte le fait qu’un shérif de 80 piges soit encore en fonction. Seul bémol, on se doute bien que la présence de John Malkovich ne va pas se résumer à cette scène de cinq minutes (qui intervient déjà au bout d’une demi-heure) où il s’occupe du barbecue et appelle à la prière avant de passer à table. La nature de Peter peut aisément être anticipée par le spectateur avant ce pseudo-twist qui arrive dans les dix dernières minutes.

Les protagonistes sont étonnamment attachants dans Lavé par le sang. La disparition de Ruby Red, la souffrance de Shelby John et la tristesse du shérif les rendent sympathiques, leur alchimie à l’écran marche bien. Les règlements de comptes sont souvent brutaux (le cartel n’hésite pas à tronçonner une main par ci ou à vider un chargeur par là pour se débarrasser d’un mec encombrant), ça défouraille quand il le faut, bref le spectateur avide de ce type de divertissement et qui cherche à se vider la tête (mais pas comme JFK évidemment) durant 1h30 pourra aisément se contenter de cet appréciable Lavé par le sang.

LE DVD

Sortie technique, Lavé par le sang débarque uniquement en DVD chez Studiocanal, avec un visuel typique des DTV de l’éditeur, qui place intelligemment les acteurs les plus connus en avant. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Pas d’édition HD pour ce titre, mais heureusement la qualité de ce DVD est là. Les couleurs alternent à la fois le chaud et le froid, le piqué est affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. En revanche les détails manquent parfois à l’appel et la définition baisse sur certaines séquences nocturnes ou se déroulant en intérieur.

Les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique. Quelques ambiances naturelles et déflagrations percent les enceintes latérales sans se forcer mais avec une efficacité chronique, tandis que le caisson de basses distille ses effets avec ardeur comme lors de la poursuite. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Studiocanal / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr