Test DVD / Alice, Darling, réalisé par Mary Nighy

ALICE, DARLING réalisé par Mary Nighy, disponible en DVD le 1er septembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Anna Kendrick, Kaniehtiio Horn, Charlie Carrick, Wunmi Mosaku, Mark Winnick, Daniel Stolfi, Carolyn Fe, Gordon Harper…

Scénario : Alanna Francis & Mark Van de Ven

Photographie : Mike McLaughlin

Musique : Owen Pallett

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une femme cache à ses deux meilleures amies des éléments à propos de son petit ami actuel. Lors d’un voyage entre filles, ces secrets sont révélés lorsqu’une fille du coin est portée disparue et que son petit ami arrive sans prévenir.

Elle en a fait du chemin Anna Kendrick depuis la saga Twilight, dans laquelle elle campait Jessica Stanley dans la franchise initiée en 2008 par Catherine Hardwicke. La première étape a été l’excellent In the Air de Jason Reitman, puis le méconnu 50/50 de Jonathan Levine et enfin le succès (voire le triomphe) de la trilogie Pitch Perfect de 2012 à 2017 pour laquelle elle devenait tête d’affiche. Vue par la suite chez Robert Redford, David Ayer, Marjane Satrapi, Rob Marshall et Paul Feig, Anna Kendrick a su passer d’un genre à l’autre avec le même talent. Dans Alice, Darling elle tient le rôle principal du premier long-métrage réalisé par Mary Nighy, fille du grand Bill, comédienne vue dans Marie Antoinette de Sofia Coppola, passée à la mise en scène en 2008. Alice, Darling offre à l’actrice née en 1985, l’occasion de signer l’une de ses plus belles prestations. Drame psychologique, non dépourvu d’humour et qui évite tout pathos, Alice, Darling suit un petit bout de femme qui vit sous l’emprise toxique de son compagnon. Si le film ne révolutionne rien, le propos est intelligent et bien traité, à la fois pudique et frontal, tandis que l’interprétation d’Anna Kendrick mérite tous les éloges. Une jolie découverte.

Alice vit une relation psychologiquement abusive avec son petit ami, Simon. Une fois n’est pas coutume, ce dernier permet à Alice de sortir un soir dans un bar avec ses deux meilleures amies Tess et Sophie. Les femmes remarquent qu’elle tressaille à chaque message reçu, et tout au long de la soirée, entortille constamment ses cheveux. Sophie propose qu’elles fêtent l’anniversaire de Tess dans la maison de ses parents dans le nord, ce qu’Alice accepte volontiers. Plutôt que de dire la vérité à Simon, elle l’informe qu’il s’agit d’un voyage de travail à Minneapolis. Lors du voyage vers le chalet, le trio fait un arrêt rapide chez un dépanneur, où Alice aperçoit un dépliant indiquant la disparition d’une fille nommée Andrea. Les trois femmes passent du temps ensemble au chalet situé au bord d’un lac. Simon découvre alors où elles se trouvent en lisant les e-mails d’Alice et l’appelle, lui demandant de partir et de revenir chez eux. Mais Alice, aidée de ses amies à qui elle se confie enfin, décide de réévaluer sa relation avec Simon et tente de rompre sa codépendance.

Je n’ai plus droit à l’erreur…

C’est ce qu’on appelle le contrôle coercitif, qui se définit comme un acte délibéré ou un schéma comportemental de contrôle, de contrainte ou de menace utilisé par un individu contre une personne, un/e partenaire intime ou un/e ex-partenaire, dans le but de la rendre dépendante, subordonnée et/ou de la priver de sa liberté d’action. Les agresseurs intimident, humilient, surveillent, manipulent et/ou isolent afin d’exercer leur pouvoir et leur contrôle. Les tactiques, sur un laps de temps, peuvent être psychologiques, physiques, sexuelles, émotionnelles, administratives et/ou économiques. L’auteur de contrôle coercitif isole souvent sa victime de toute forme de soutien, exploite ses ressources, l’empêche d’accéder à de nouvelles ressources, réglemente la vie quotidienne de la victime et la prive des moyens nécessaires pour accéder à l’indépendance, résister ou s’enfuir. Merci à Women for Women France pour ces éclaircissements sur ce qu’on qualifie habituellement de pervers narcissique.

Dans Alice, Darling, la jeune femme s’isole de plus en plus, y compris de ses amies de toujours, excellemment incarnées par Kaniehtiio Horn (vue dans Possessor de Brandon Cronenberg, Penthouse North de Joseph Ruben) et Wunmi Mosaku (l’horrible série Lovecraft Country, Les Enquêtes de Vera), s’enferme dans les toilettes pour s’en prendre à ses cheveux, qu’elle tire, entortille et arrache de plus en plus. La seule action qui reflète son mal-être. Car Alice sourit, boit des verres, accompagne celui qu’elle aime (flippant Charlie Carrick, The Power de Corrina Faith) pour une de ses expositions, mais subit les brimades quand l’événement ne se déroule pas comme prévu, comme si elle était la fautive.

Si le scénario paraît partir un peu dans toutes les directions, à l’instar de cette sous-intrigue avec la personne disparue, Alice, Darling est une première œuvre prometteuse, très joliment photographiée par Mike McLaughlin, parfois tendue comme un thriller et dont la forme reflète en réalité la psyché perturbée de sa protagoniste, qui pour la première fois de sa vie va enfin tenter de remonter à la surface et reprendre sa respiration après des années d’apnée.

LE DVD

Pas de Blu-ray pour Alice, Darling, mais une édition DVD grâce au boulot toujours dantesque de Metropolitan Video. Joli visuel de la jaquette. Le menu principal est fixe et musical.

Aux côtés d’un lot de bandes-annonces, l’éditeur fournit un making of traditionnel (10’), constitué d’images de tournage et d’interviews de l’équipe (productrices, acteurs, directeur de la photographie, décoratrice, costumière)…Les thèmes du film sont entre autres très bien définis, tout comme la psychologie des personnages.

L’Image et le son

Il semble que Metropolitan n’ait pas jugé bon de sortir Alice, Darling en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs alternent à la fois le chaud et le froid, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants.

En anglais comme en français, les mixages Dolby 5.1 parviennent à créer une sensible spatialisation. Certes, la balance frontales-latérales profitent surtout à la musique mais quelques ambiances naturelles parviennent à percer. Les voix sont claires et distinctes, mais les mixages demeurent la plupart du temps concentrés sur les enceintes avant. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Metropolitan Video / LionsGate / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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