Test DVD / L’Attentat, réalisé par Yves Boisset

L’ATTENTAT réalisé par Yves Boisset, disponible en DVD le 22 septembre 2020 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Jean-Louis Trintignant, Michel Piccoli, Jean Seberg, Gian Maria Volonté, Michel Bouquet, Bruno Cremer, Daniel Ivernel, Philippe Noiret, François Périer, Roy Scheider, Jacques François, Jean Bouise…

Scénario : Ben Barzman & Basilio Franchina

Photographie : Ricardo Aronovich

Musique : Ennio Morricone

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Sadiel, un opposant politique réfugié en Suisse, représente une menace pour le colonel Kassar, ministre de l’intérieur d’un pays d’Afrique du Nord. Kassar décide de le supprimer et recourt aux services secrets français. Sadiel est exécuté mais l’affaire s’ébruite…

Dans le cinéma français des années 1970, deux cinéastes ont réussi à rendre fascinant le monde complexe de la politique à travers des thrillers palpitants. Le premier est Costa-Gavras à qui l’on doit notamment Z (1969) et L’Aveu (1970). Le second est Yves Boisset, qui n’hésite pas à aborder un sujet sensible, avec le film L’Attentat quitte à parfois défier la censure.

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Test DVD / Juliette ou la clé des songes, réalisé par Marcel Carné

JULIETTE OU LA CLÉ DES SONGES réalisé par Marcel Carné, disponible en DVD le 28 septembre 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : Gérard Philipe, Suzanne Cloutier, Jean-Roger Caussimon, René Génin, Roland Lesaffre, Gabrielle Fontan, Arthur Devère, Louise Fouquet, Yves Robert…

Scénario : Jacques Viot & Marcel Carné, d’après la pièce de Georges Neveux

Photographie : Henri Alekan

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1951

LE FILM

Michel a volé par amour pour Juliette. Du fond de sa cellule, il songe à la jeune fille. Transporté par ses rêves, le voici dans un étrange village dont les habitants semblent avoir perdu la mémoire. Juliette, elle, est retenue captive par un mystérieux châtelain, fort jaloux, qu’elle doit bientôt épouser. Michel essaie de la reconquérir et croise des personnages singuliers – des villageois, des musiciens… Il retrouve Juliette et lui fait une promesse. Mais qu’en sera-t-il à son réveil ?

Rétrospectivement, il semblerait que Marcel Carné (1906-1996) compte beaucoup de « films maudits » à son palmarès comme La Fleur de l’âge, qui ne sera d’ailleurs jamais achevé, Les Portes de la nuit, la dernière collaboration Carné – Prévert ou bien encore celui qui nous intéresse aujourd’hui, Juliette ou la clé des songes (1951). Pour les cinéphiles du monde entier, le cinéma de Marcel Carné se résume aux films cosignés avec Jacques Prévert, de Jenny (1936) aux Portes de la nuit (1946), en passant bien évidemment par Drôle de drame (1937), Le Quai des brumes (1938), Le Jour se lève (1939), Les Visiteurs du soir (1942) et Les Enfants du paradis (1945). Par la suite, l’oeuvre du réalisateur est comme qui dirait passée plus inaperçue, malgré d’incontestables réussites, Thérèse Raquin (1953), Les Tricheurs (1958), Trois chambres à Manhattan (1965), Les Jeunes Loups (1968) et Les Assassins de l’ordre (1971). Souvent oublié dans la filmographie du metteur en scène, Juliette ou la clé des songes est pourtant un sublime conte, une histoire d’amour tragi-comique où le fantastique s’immisce par l’intermédiaire du rêve. Si on le compare aux Visiteurs du soir, auquel on peut aisément le rattacher, ce dixième long métrage de Marcel Carné a beaucoup mieux vieilli, sans doute parce qu’il s’agit d’un film contemporain alors que le premier était abordé sous l’angle médiéval. Loin de l’interprétation théâtrale, figée, voire franchement douteuse (ça c’est pour Alain Cuny) des Visiteurs du vendredi (on ne parle pas des fabuleux Arletty et Jules Berry), Juliette ou la clé des songes foudroie par sa beauté plastique, par son romanesque, par la beauté de ses dialogues et celle du couple vedette, Gérard Philipe et Suzanne Cloutier.

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Test DVD / J.T. LeRoy, réalisé par Justin Kelly

J.T. LEROY (Jeremiah Terminator LeRoy) réalisé par Justin Kelly, disponible en DVD le 15 octobre 2020 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Kristen Stewart, Laura Dern, Jim Sturgess, Diane Kruger, Kelvin Harrison Jr., James Jagger, Courtney Love, David Lawrence Brown…

Scénario : Savannah Knoop & Justin Kelly, d’après le livre Girl Boy Girl: How I Became JT LeRoy de Savannah Knoop

Photographie : Bobby Bukowski

Musique : Tim Kvasnosky

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Inspiré de l’histoire de J.T. Leroy, une femme écrivain qui s’était fait passer pour un transgenre dans les années 90-2000 pour duper le monde des célébrités.

Beaucoup de cinéphiles connaissent le film Le Livre de Jérémie, réalisé par Asia Argento en 2004 et adapté du livre éponyme de J.T. LeRoy, qui racontait l’enfance détruite de Jeremiah, jeune garçon ballotté entre une mère prostituée qui l’emmenait dans ses tribulations sur les routes des États-Unis et des grands parents évangéliques voulant l’arracher à cette vie de débauche pour lui donner une éducation rigoriste. Un livre dur et très cru, où la violence et le sexe étaient omniprésents. A la sortie du roman en 2001, son auteur J.T. LeRoy était présenté comme une personne trans, qui se questionnait sexuellement, ancien sans domicile fixe, prostitué et toxicomane. En réalité, J.T. LeRoy était le pseudonyme – ou l’alter ego – de Laura Gilbert (née en 1965), véritable écrivaine, qui avait inventé ce personnage, pour parler de sa véritable histoire. Ainsi, Le Livre de Jérémie était autobiographique, mais la narratrice se dissimulait derrière ce nom et cet avatar monté de toutes pièces, jusqu’en 2006, année où la supercherie a été révélée dans les médias. Il n’en fallait pas plus pour que le cinéma s’empare de cette histoire. Le film qui en découle s’intitule tout simplement J.T. LeRoy, ou parfois Jeremiah Terminator LeRoy. Aux commandes de ce « biopic », on retrouve un certain Justin Kelly, ancien assistant monteur de Gus Van Sant sur Harvey Milk (2008), qui est ensuite passé derrière la caméra avec quelques courts métrages, avant de passer au format long en 2015 avec le remarqué I am Michael en 2015 (avec James Franco, Zachary Quinto et Emma Roberts), trois fois récompensé au Festival FilmOut San Diego. J.T. Leroy est son quatrième film. Dans le(s) rôle(s) titre pourrait-on dire, on retrouve à la fois Kristen Stewart, qui incarne – aux yeux de tous – l’écrivain, et Laura Dern, une fois de plus incroyable dans la peau de Laura Gilbert. Un « monstre à deux têtes » qui va s’avérer plus complexe à gérer que l’imaginait sa créatrice, et qui ne s’attendait pas à ce que sa protégée se perde quelque peu dans la peau du monstre qu’elle a créé. S’il ne révolutionne évidemment pas un genre depuis longtemps ultra-balisé, ce J.T. LeRoy vaut le coup pour admirer la prestation d’une des plus grandes comédiennes de tous les temps, qui avait d’ailleurs déjà partagé l’affiche avec Kristen Stewart dans Certaines Femmes de Kelly Reichardt.

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Test DVD / Le Chevalier du château maudit, réalisé par Mario Costa

LE CHEVALIER DU CHÂTEAU MAUDIT (Il Cavaliere del castello maledetto) réalisé par Mario Costa, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Massimo Serato, Irène Tunc, Luisella Boni, Pierre Cressoy, Livio Lorenzon, Maria Sima, Carlo Tamberlani, Aldo Bufi Landi…

Scénario : Sergio Corbucci, Piero Vivarelli

Photographie : Augusto Tiezzi

Musique : Michele Cozzoli

Durée : 1h19

Année de sortie : 1959

LE FILM

Le perfide Ugo de Collefeltro a fait jeter en prison son oncle le duc Olivero et pris sa place sur le trône de Valgrado. Devant l’oppression subie, les gens du pays déplorent la disparition de leur ancien maître. Quand Isabelle, la fille du duc, revient au château, elle est demandée en mariage par son cousin Ugo. Elle fait alors connaissance avec le mystérieux Chevalier Noir, qui défend les paysans contre le tyran.

Dans les années 1950, le film de cape et d’épée est un des genres prisés par les spectateurs, notamment en France avec des titres emblématiques comme Fanfan la tulipe (1952), Les Trois Mousquetaires (1953) version André Hunebelle, La Tour, prends garde ! (1957), Le Bossu (1959), Le Capitan (1960) et bien d’autres. Ce que l’on sait moins, c’est que même l’Italie s’est également essayée au genre, à l’instar du mythique Riccardo Freda, qui avait d’ailleurs fait ses débuts derrière la caméra avec Don César de BazanDon Cesare di Bazan (1942). Totalement inconnu en France, le cinéaste Mario Costa aura signé par loin de 40 longs-métrages depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, jusqu’au début des années 1970. Prolifique et surtout éclectique, le réalisateur aura abordé le drame et la comédie-musicale dans la première partie de sa carrière, avant de bifurquer vers le film d’aventure. Le Chevalier du château mauditIl cavaliere del castello maledetto (1959) est comme qui dirait son premier coup d’essai du genre, qui sera suivi Prisonnier de la tourI Reali di Francia (1959), La Reine des piratesLa Venere dei pirati (1960), La Bataille de CorintheIl conquistatore di Corinto (1961), Gordon, chevalier des mersGordon, il pirata nero (1961), Le Retour du fils du SheikIl figlio dello sceicco (1962) et Les Cavaliers de la terreurIl terrore dei mantelli rossi (1963). Mais pour l’heure, Le Chevalier du château maudit demeure un divertissement classique et désuet, mais bourré de charme avec ses décors intérieurs confectionnés en carton-pâte, ses costumes approximatifs, ses batailles molles et ses comédiens qui en font souvent des caisses. Un film de chevalerie transalpin très premier degré, coécrit par le légendaire Sergio Corbucci, une curiosité doublée d’un bon moment de cinéma à l’ancienne, entre amours et intrigues, le tout enrobé d’embuscades et de duels.

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Test DVD / Ecorchés vifs, réalisé par Mario Siciliano

ÉCORCHÉS VIFS (Scorticateli vivi) réalisé par Mario Siciliano, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Bryan Rostron, Mario Novelli, Giuseppe Castellano, Pier Luigi Giorgio, Ettore Pecorari, Antonio Diana, Stefano Cedrati, Giulio Lucatelli…

Scénario : Amedeo Mellone, Mario Siciliano

Photographie : Gino Santini

Musique : Stelvio Cipriani

Durée : 1h32

Année de sortie : 1978

LE FILM

Rudy, un petit voyou sans envergure, part pour l’Afrique retrouver son frère. Celui-ci exploite une mine de diamants qui l’aiderait bien à éponger ses dettes. Rudy débarque en pleine révolution, son frère étant à la tête d’un commando de blancs contre les noirs.

Si vous avez déjà vu ou venez de voir (sur nos conseils) Les Sept Bérets rougesSette baschi rossi (1969) de Mario Siciliano, alors vous risquez d’être quelque peu décontenancés à la découverte d’Ecorchés vifsScorticateli vivi, réalisé en 1978 par le même cinéaste. Quasiment dix ans après son premier long-métrage, Mario Siciliano décide purement et simplement d’en recycler près d’une heure et de réutiliser ces images pour en construire un autre, suite au succès international des Oies sauvages The Wild Geese d’Andrew V. McLaglen. Un récit et un casting principal différents, mais un décor identique, et pour cause…Dans Ecorchés vifs, le réalisateur se contente de filmer ses acteurs dans des décors dépouillés, parfois même sur un fond blanc, les images étant ensuite bidouillées au montage avec celles tirées des Sept Bérets rouges, souvent dans un simple champ-contrechamp. Les deux films semblent ainsi se répondre, et on ne peut s’empêcher de rire devant cette immense supercherie, surtout durant le dernier acte, celui du train, qui reprend presque tout l’affrontement de la population africaine avec les soldats. Une arnaque pareille il fallait oser. Et pourtant Ecorchés vifs apparaît plus sympathique que Les Sept Bérets rouges, et encore plus quand on connaît les conditions de tournage. Alors n’hésitez pas à vous faire les deux films dans la foulée, même si l’impression de déjà-vu est forcément inévitable, mais cet écho vaut le coup d’oeil.

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Test DVD / Les Sept Bérets rouges, réalisé par Mario Siciliano

LES SEPT BÉRETS ROUGES (Sette baschi rossi) réalisé par Mario Siciliano, disponible en DVD le 3 novembre 2020 chez Artus Films.

Acteurs : Ivan Rassimov, Sieghardt Rupp, Kirk Morris, Pamela Tudor, Dale Cummings, Serge Nubret, Arthur Brauss, Wilbert Gurley…

Scénario : Piero Regnoli, August Rieger

Photographie : Gino Santini

Musique : Gianni Marchetti

Durée : 1h33

Année de sortie : 1969

LE FILM

Au Congo, dans la région de Simba, des soldats sont sauvagement massacrés par des rebelles qui leur dérobent des documents précieux. Seul survivant, le capitaine De Brand rejoint le Quartier Général. Son colonel décide alors de former une troupe de 7 mercenaires, avec pour mission de récupérer les documents.

Inconnu au bataillon, du moins pour la plus grande partie des spectateurs, Mario Siciliano (1925-1987) aura pourtant réalisé une bonne vingtaine de longs-métrages. Il démarre sa carrière en 1964, en produisant un western allemand Les Chercheurs d’or de l’Arkansas de Paul Martin, et un western italien Les Terreurs de l’OuestI magnifici brutos del West de Marino Girolami. En 1966, il met les bouchées doubles en écrivant les polars germains Le Carnaval des barbouzes, à la réalisation indéterminée (quatre cinéastes sont crédités…), Baroud à Beyrouth pour F.B.I. 505 de Manfred R. Köhler et la comédie teutonne Go, go, play-boy, tout en produisant les deux derniers, ainsi que Le Commissaire X traque les chiens verts et surtout deux westerns réalisés par Alberto Cardone et avec Anthony Steffen, Gringo joue sur le rouge et Les Colts de la violence. Mario Siciliano est sur tous les fronts. Toutefois, il manque encore une corde à son arc, la mise en scène. Qu’à cela ne tienne, il se lance derrière la caméra en 1969 avec Sette baschi rossi ou littéralement Les Sept Bérets rouges en version française. Très à l’écoute des goûts du public et ayant déjà prouvé son attachement pour le polar ou le western, c’est toutefois avec un film de guerre que Mario Siciliano fait son entrée dans la réalisation, un pur film d’exploitation, entièrement tourné en Érythrée, alors plongé en pleine guerre d’indépendance, qui opposait le gouvernement éthiopien à des mouvements séparatistes érythréens depuis huit ans. Nous ne sommes pas là pour faire de la politique, mais pour parler des Sept Bérets rouges, une grosse série B comme il en fleurissait des tas à cette époque bénie du cinéma. Mario Siciliano, qui la même année emballait également le western Django ne prie pasI vigliacchi non pregano, sous le pseudo de Marlon Sirko, avec Gianni Garko, s’en tire pas trop mal avec cette co-production italo-allemande, qui ne s’embarrasse pas de psychologie ou d’émotions en allant droit à l’essentiel : un spectacle brutal qui remplit son contrat, autrement dit divertir le spectateur, tout en remplissant au maximum le tiroir-caisses de lires et de Deutsche Mark. Et de ce point de vue, nous ne sommes pas déçus.

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Test DVD / Secret People, réalisé par Thorold Dickinson

SECRET PEOPLE (The Secret People) réalisé par Thorold Dickinson, disponible en DVD le 29 juin 2020 chez Doriane Films.

Acteurs : Valentina Cortese, Serge Reggiani, Charles Goldner, Audrey Hepburn, Angela Fouldes, Megs Jenkins, Irene Worth, Reginald Tate…

Scénario : Thorold Dickinson, Wolfgang Wilhelm, Christianna Brand

Photographie : Gordon Dines

Musique : Roberto Gerhard

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

Dans les années 1930, Maria et Nora, deux jeunes filles d’Europe centrale, sont contraintes de quitter leur pays pour se réfugier à Londres, loin de la menace dictatoriale qui a coûté la vie à leur père. Sept ans plus tard, Maria retrouve, au hasard des rues de Paris, son premier amour. S’ensuit alors une quête périlleuse de justice, qui compromettra les deux jeunes soeurs…

Secret People. Voici un film oublié des cinéphiles et qui aurait pu l’être probablement définitivement s’il n’y avait pas eu la présence au générique d’une des plus grandes stars de tous les temps et future icône de la mode, la mythique Audrey Hepburn. Ancienne danseuse classique, elle nous fait d’ailleurs quelques belles démonstrations dans Secret People où elle incarne une ballerine, la magnifique Audrey décide finalement de se lancer dans la comédie et fait ses classes au théâtre en 1948. Au début des années 1950, âgée de vingt ans, elle rencontre le succès à Broadway avec la pièce Gigi dans laquelle elle tient le rôle-titre, qui lui avait été confiée par Colette, alors l’auteur du roman homonyme dont il s’agissait de l’adaptation. Les petits rôles au cinéma arrivent, mais Audrey Hepburn se contente surtout de silhouettes en arrière-plan du style « l’hôtesse de l’air », « la réceptionniste d’hôtel », « la vendeuse de cigarettes ». Puis la comédienne se rapproche petit à petit de la caméra dans Histoire de jeunes femmesYoung Wives’ Tale (1951) de Henry Cass et De l’or en barreThe Lavender Hill Mob (1951) de Charles Crichton. La même année que ces deux films, Audrey Hepburn peut enfin camper un personnage de premier plan dans Secret People (ou The Secret People en version originale) réalisé par le britannique Thorold Dickinson (1903-1984). Malgré la présence à ses côtés de Serge Reggiani et de Valentina Cortese (Les Bas-fonds de Frisco, La Comtesse aux pieds nus, Femmes entre elles, Barrabas), nous n’avons souvent d’yeux que pour cette jeune actrice qui du haut de ses 24 ans allait crever l’écran l’année suivante dans Vacances romainesRoman Holiday de William Wyler.

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Test DVD / L’Heure du crime, réalisé par Robert Rossen

L’HEURE DU CRIME (Johnny O’Clock) réalisé par Robert Rossen, disponible en DVD le 16 juin 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dick Powell, Evelyn Keyes, Lee J. Cobb, Ellen Drew, Nina Foch, Thomas Gomez, Mabel Paige,Phil Brown, John Kellogg…

Scénario : Robert Rossen d’après une nouvelle de Milton Holmes

Photographie : Burnett Guffey

Musique : George Duning

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Johnny O’Clock et son partenaire Pete Marchettis sont à la tête d’une salle de jeux clandestine. Chuck Blayden, un policier corrompu, tente de s’acoquiner avec Pete, tout en mettant Johnny à l’écart. Quand Harriet, la petite amie de Chuck, est retrouvée morte, sa sœur Nancy soupçonne Chuck, qui a précipitamment quitté la ville. Elle demande alors à Johnny de l’aider à enquêter sur cette affaire, mais la situation se complique lorsque l’inspecteur Koch est placé sur l’affaire…

Pour beaucoup il est le mythique réalisateur de L’Arnaqueur The Hustler (1961) avec Paul Newman, pour d’autres il est le grand scénariste des Fantastiques années 20The Roaring Twenties (1939) de Raoul Walsh et qui a aussi collaboré avec Lloyd Bacon (Femmes marquées tiré de l’histoire du gangster Lucky Luciano, Menaces sur la ville, A Child is Born), Lewis Milestone (L’Ange des ténèbres, Le Commando de la mort, L’Emprise du crime) et bien d’autres grands noms. Cet artiste, c’est Robert Rossen (1908-1966) dont le travail est inscrit dans la mémoire des cinéphiles, mais aussi en raison de la tristement célèbre liste noire, puisque le cinéaste, sympathisant communiste, sera l’une des victimes du maccarthysme dans les années 1950. Toutefois, à l’instar de son confrère Elia Kazan, Robert Rossen trahira la cause en livrant plusieurs dizaines de noms à la commission des activités anti-américaines lors de la chasse aux sorcières. Robert Rossen décide de passer derrière la caméra en 1947 avec L’Heure du crime Johnny O’Clock, en s’attaquant à un genre alors en pleine explosion, le film noir. Désireux de montrer qu’il en a sous le capot en matière de mise en scène, le nouveau cinéaste adapte seul une nouvelle de Milton Holmes et en extrait un scénario proche de l’univers des romans de Raymond Chandler (Le Grand sommeil, Adieu, ma jolie), tout en faisant preuve d’une virtuosité confondante avec ce premier long métrage. Par ailleurs, il n’est pas interdit de penser que L’Heure du crime vaut aujourd’hui bien plus pour sa réalisation, sa sublime plastique et son casting parfait, que pour son récit quelque peu alambiqué qui pourrait encore laisser quelques spectateurs sur le côté de la route en s’éparpillant un peu dans tous les sens.

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Test DVD / La Vertu des impondérables, réalisé par Claude Lelouch

LA VERTU DES IMPONDÉRABLES réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD le 15 septembre 2020 chez Metropolitan Films.

Acteurs : Marianne Denicourt, Stéphane De Groodt, Elsa Zylberstein, Ary Abittan, Béatrice Dalle, Rufus, Philippe Lellouche, Agnès Soral…

Scénario : Claude Lelouch, Valérie Perrin

Photographie : Robert Alazraki

Musique : Laurent CousonAhmet Gülbay

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 2020

LE FILM

Ce jour-là, il y a de la tension dans l’air : Marianne se fait voler sa voiture et son chien sur une aire d’autoroute. Stéphane se dispute sans arrêt avec sa femme. Noémie ne supporte plus les infidélités de son mari Aldo. Un orchestre méconnu se produit pour la dernière fois… Quand soudain, tout bascule. Pour le meilleur comme pour le pire. La Vertu des impondérables, ou comment passer de la brutalité d’un imprévu à la douceur de l’inespéré…

Quelquefois, le bonheur vient des catastrophes…

In-fa-ti-ga-ble ! Bientôt 83 ans au compteur et pourtant le sieur Claude Lelouch continue de nous présenter en moyenne un film tous les deux ans ! Son dernier en date s’intitule La Vertu des impondérables et n’a pas eu la chance (question de point de vue bien sûr) de sortir sur les écrans en raison du contexte sanitaire et du confinement qui en a découlé. Toujours est-il que le cinéaste n’est pas prêt de raccrocher, de prendre sa retraite et de se la couler douce à l’Hôtel Barrière Le Normandy de Deauville. Pour La Vertu des impondérables, visiblement son cinquantième film, nous n’avons pas compté mais on veut bien le croire, Claude Lelouch a trouvé l’inspiration après s’être volé un scénario en janvier 2018, un long métrage qui aurait dû s’intituler Oui et Non, un évènement sur lequel il aura immédiatement rebondi et qui aura même inspiré le titre du film qui nous intéresse aujourd’hui. En fait, La Vertu des impondérables lui a permis non seulement d’oublier ce méfait (ou cet acte d’héroïsme, c’est selon), mais aussi et surtout d’innover encore une fois en filmant sa nouvelle œuvre uniquement à l’aide d’un iPhone pendant deux semaines. Beaucoup de ses détracteurs trouveront forcément des choses à redire sur son style, sa direction d’acteurs et ses tics-tocs habituels, mais on ne pourra pas reprocher à Claude Lelouch de vouloir suivre l’évolution de son art en utilisant les dernières technologies mises à sa disposition.

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Test DVD / Le Tueur de l’autoroute, réalisé par Lodewijk Crijns

LE TUEUR DE L’AUTOROUTE (Bumperkleef) réalisé par Lodewijk Crijns, disponible en DVD le 10 août 2020 chez Rimini Editions.

Acteurs : Jeroen Spitzenberger, Anniek Pheifer, Roosmarijn van der Hoek, Liz Vergeer, Willem de Wolf, Truus te Selle, Hubert Fermin, Tim Linde…

Scénario : Lodewijk Crijns

Photographie : Bert Pot

Musique : Steve Willaert

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2019

LE FILM

Hans part avec sa famille rendre visite à ses parents. Arrogant, sur les nerfs, Hans ne se maîtrise plus et conduit trop vite, agacé par ceux qui respectent les limitations de vitesse. La situation dégénère lorsqu’un mystérieux conducteur le prend en chasse. Désormais, Hans et sa famille ne sont plus en sécurité nulle part.

Citez-moi dix réalisateurs néerlandais ! Pas facile hein ? Dick Maas (L’Ascenseur, Amsterdamned) bien sûr, Martin Koolhoven (Brismtone) oui bonne pioche, George Sluizer (L’Homme qui voulait savoir) oui encore mieux, le regretté Theo van Gogh (Interview) aussi, le talentueux Anton Corbijn (Control, The American), le maître Paul Verhoeven…bon on vous avoue que c’est assez difficile d’en énumérer une bonne dizaine, mais le fait est que le cinéma hollandais regorge de génies de la caméra ou tout du moins de talents qu’il faudrait sans doute un jour connaître. C’est le cas du dénommé Lodewijk Crijns, dont le prénom et le nom sont aussi difficiles à écrire qu’à prononcer, né en 1970, scénariste et metteur en scène d’une bonne quinzaine de courts et longs-métrages, ainsi que de téléfilms. Grâce au marché de la vidéo et plus particulièrement aux bons soins de Rimini Editions, voilà que débarque en France le dernier film de Lodewijk Crijns, Le Tueur de l’autorouteBumperkleef. Le titre original de ce thriller signifie « talonnage », en référence à l’énigmatique chauffeur d’une camionnette blanche, qui a décidé de suivre la voiture d’une famille, jusqu’à jouer avec les nerfs du père et mari, déjà à fleur de peau au volant. Le Tueur de l’autoroute est comme qui dirait un one shot, autrement dit un film qui se regarde du début à la fin avec une tension continue, devant lequel on ne peut détacher les yeux durant 1h20. S’il y a quelques éléments qui peuvent paraître énormes ou complètement improbables, ceux-ci apparaissent après la projection quand on se repense à quelques séquences. L’ensemble est si tendu et porté par un amour du cinéma de genre que l’on fait fi de ces faiblesses et du manque de budget apparent. Le Tueur de l’autoroute est un rollercoaster modeste, corsé d’émotions fortes qui vaut absolument le coup d’oeil.

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