Test DVD / La Pièce rapportée, réalisé par Antonin Peretjatko

LA PIÈCE RAPPORTÉE réalisé par Antonin Peretjatko, disponible en DVD et Blu-ray le 5 avril 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine, William Lebghil, Sergi López, Philippe Duquesne, Olivier Broche, Jocelyne Augier…

Scénario : Antonin Peretjatko, d’après la nouvelle de Noëlle Renaude Il faut un héritier

Photographie : Simon Roca

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h22

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Paul Château-Têtard, vieux garçon de 45 ans et pur produit du 16e arrondissement de Paris, prend le métro pour la première fois de sa vie et tombe amoureux d’une jeune guichetière, Ava. Leur mariage n’est pas du goût de « maman », Adélaïde Château-Têtard, qu’on appelle aussi la Reine Mère. Pourtant cette dernière s’en accommode : un héritier serait le bienvenu. Mais le bébé tarde à venir…Une guerre sans pitié s’engage entre les deux femmes, la Reine-mère étant persuadée qu’Ava trompe son fils. Il doit bien y avoir un amant quelque part…

En 2013, à la sortie de La Fille du 14 juillet, l’auteur de ces mots avait écrit « Antonin Peretjatko. Retenez bien ce nom car il se pourrait bien que ce jeune scénariste-réalisateur-monteur signe un jour une grande comédie populaire. Son premier long métrage La Fille du 14 juillet s’inscrit dans le même esprit que ses excellents courts-métrages (Changement de trottoir, French Kiss, Paris Monopole, Les Secrets de l’invisible), avec des personnages poétiques et doux-dingues déambulant dans un monde complètement barré. ». Si La Loi de la jungle, n’avait pas dépassé les 100.000 entrées France, au moins le score avait doublé entre le premier et son second film. Malheureusement, La Pièce rapportée n’aura pas été dans ce sens, Antonin Peretjatko n’ayant su rassembler que 60.000 spectateurs en décembre 2021. Pourtant, à l’instar de La Loi de la jungle, le cinéaste se lâche encore et signe une comédie estivale (le film n’étant sans doute pas sorti au bon moment), givrée (même si sa mise en scène est ici plus posée et construite), génialement dialoguée et interprétée par la talentueuse et sexy (à se damner même) Anaïs Desmoustier, le frappadingue Philippe Katherine, l’immense Josiane Balasko et bien d’autres électrons qui viennent circuler autour du noyau central (William Lebghil, Philippe Duquesne, Olivier Broche), que l’on suit tout au long de leurs péripéties, parfois surréalistes, toujours réjouissantes, cette fois dans la jungle hostile du XVIè arrondissement.

Avec son allure de dandy, Paul Château-Têtard n’a jamais su réellement séduire les femmes. Un jour, désorienté lors de sa toute première sortie dans le métro parisien, il demande de l’aide à une guichetière, Ava, dont il tombe immédiatement amoureux. Inquiète pour la descendance de la lignée, sa mère Adélaïde, qui règne en maître sur l’imposante demeure familiale, accepte d’abord cette union qu’elle juge malgré tout opportune à la jeune femme. Mais très vite, les premiers soupçons apparaissent, et elle ne tarde pas à se convaincre que sa future belle-fille a un amant. Elle se met alors alors à épier ses moindres faits et gestes…

Là où La Fille du 14 juillet renvoyait au cinéma de Jacques Tati, Jacques Rozier, les premiers Godard made in Paris et même, osons le dire, aux films de Max Pécas qui ont fait les belles heures de M6, La Loi de la jungle faisait penser aux classiques de Claude Zidi, Francis Veber et de Philippe de Broca avec un ton toujours aussi personnel et singulier. La Pièce rapportée combine en fait tout cela et s’avère un joyeux bordel encore plus maîtrisé, avec des gags plus nonsensiques. Antonin Peretjatko (né en 1974) convoque un casting haut de gamme et plonge ses comédiens, non pas dans la forêt guyanaise comme pour son précédent opus, mais parmi la faune des bourgeois de la capitale, où les différences sociales vont s’affronter comme au cours d’une pièce de boulevard jouée à ciel ouvert. La Pièce rapportée est l’adaptation de la nouvelle de la dramaturge Noëlle Renaude, Il faut un héritier, publiée dans le magazine Bonne soirée, dans laquelle la mécanique imparable du vaudeville aura tapé dans l’oeil du cinéaste, puisque très proche de la sienne.

Le réalisateur s’est donc emparé de cette histoire, l’a mixé à son univers, pour au final livrer un film qui ne ressemble qu’à lui. Si Anaïs Demoustier est une fois de plus irrésistible et subjugue dans ses robes d’été, c’est surtout Josiane Balasko qui se taille la part du lion dans le rôle de la belle-mère acariâtre, qui voit d’un mauvais œil – alors qu’elle entretient elle-même une relation avec son chauffeur, interprété par Sergi Lopez – le fait que son fils Paul (Philippe Katherine, perché, pléonasme) s’entiche d’une petite employée de la RATP, qui ne semble pas avoir inventé l’eau tiède en plus d’être pauvre, et qui est même capable de se faire verbaliser par sa propre équipe en se rendant sur son lieu de travail. Paralysée suite à un accident de chasse à courre, durant lequel quelques Gilets jaunes ont servi de gibier, Adélaïde Château-Têtard, alias la Reine-Mère, est bien décidée à trouver la faille qui pourrait mettre fin à cette relation. Pour cela, elle fait appel à un détective privé, l’inspecteur Dalac (Philippe Duquesne, sublime) et son apprenti Jérôme (William Lebghil, lunaire à souhait). Quand le premier demande au second de suivre la jeune femme, celui-ci tombe instantanément sous le charme des taches de rousseur et de son joli minois, devenant ainsi celui qu’il était supposé surprendre en compagnie d’Ava. Bref, c’est le bazar, ajoutez à ceci une invention destinée à aider Adélaïde à tenir sur ses jambes et qui lui donne la démarche d’ED-209 dans RoboCop de Paul Verhoeven, on jubile, on s’esclaffe.

Un formidable patchwork franchement hilarant et où tout le monde en prend plein la tronche, une fantaisie inclassable, animée par une folle énergie contagieuse, qui fait du bien dans la comédie hexagonale et même pour le cinéma français en général. Jetez-vous sur cet OVNI sans réfléchir, vous passerez un super moment de détente !

LE DVD

Après Orange Studio (La Loi de la jungle) et Shellac (La Fille du 14 juillet), le troisième long-métrage d’Antonin Peretjatko débarque en DVD et même en Blu-ray (malgré son score minuscule au cinéma) chez Diaphana. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation et le menu principal est animé et musical.

En bonus, l’éditeur propose deux courts-métrages réalisés par Antonin Peretjatko. Le premier est Panique au Sénat (2017, 17’), interprété par Romain Bouteille, disparu en 2021 et ici dans son avant-dernier rôle au cinéma, ainsi que par l’excellent Philippe Rebbot. Suite à des élections organisées à la va-vite et à un étrange jeu d’alliances, le nouveau président du Sénat est un écologiste. Son règne commence. Le Président décide de ne plus tailler aucun arbre du jardin. Le jardin sera laissé à lui-même. La décision ne semble pas être du goût de tous. A noter que le film est proposé en 3D sur le Blu-ray. Les fans du réalisateur vont être aux anges, car tout ce qui constitue son monde cinématographique est ici condensé en un peu plus d’un quart d’heure, totalement survolté.

On aime moins Mandico et le TopsychoPor (2019, 6’), qui comme son titre l’indique (ou pas), montre une visite d’Antonin Peretjatko chez le réalisateur Bertrand Mandico, pour lui soumettre le TOpsychoPOR, un jeu en forme de test psychologique imaginé par Roland Topor. Finalement, le plus drôle reste le carton introductif « Le film ayant subi divers problèmes, le spectateur est prié de l’imaginer mieux ». Le reste demeure peu emballant…

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

La qualité technique est au rendez-vous. La colorimétrie est vive et chatoyante, les teintes chaudes et froides s’allient avec homogénéité, le piqué est acéré. Le cadre fourmille de détails, l’on se régale des séquences extérieures d’une belle clarté. Relief, précision, richesse des contrastes, un vrai sans-faute.

Immersion totale que cette piste Dolby Digital 5.1 qui offre un confort sonore dynamique et un bel écrin acoustique renforcé par la musique de Mathieu Lamboley (Le Retour du héros, Bonne pomme, Daddy Cool). Les dialogues sont exsudés avec force par la centrale, la balance frontale est ardente et les ambiances en extérieur ne sont jamais oubliées. La piste stéréo est également impressionnante et propose un confort suffisant pour qui n’est pas équipé en 5.1. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Diaphana Distribution / Copyright 2020_ATELIER DE PRODUCTION_ORANGE STUDIO_AUVERGNE RHÔNE ALPES CINÉMA / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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