Test Blu-ray / Les Imposteurs, réalisé par Nicholas Meyer

LES IMPOSTEURS (The Deceivers) réalisé par Nicholas Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Pierce Brosnan, Shashi Kapoor, Saeed Jaffrey, Helena Michell, Keith Michell, David Robb, Tariq Yunus, Jalal Agha…

Scénario : Michael Hirst, d’après le roman de John Masters

Photographie : Walter Lassally

Musique : John Scott

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En 1825, l’Inde est ravagée par les Thugs, une confrérie d’assassins adorateurs de Kali. Ils sèment le chaos et la peur dans tout le pays : meurtres, vols ou encore sacrifices humains. Le capitaine William Savage, administrateur en Inde pour la Compagnie britannique des Indes orientales, va tenter de mettre fin à leurs agissements. Il décide se déguiser en Indien pour infiltrer les Thugs.

Avec la série Les Enquêtes de Remington Steele, l’irlandais Pierce Brosnan connaît un succès international, qui va s’étirer au fil de quatre saisons, de 1982 à 1985. C’est à partir de 1986 que le nom du comédien revient fréquemment quand on évoque celui qui pourrait remplacer Roger Moore…aussi bien dans la peau de Simon – Le Saint – Templar que dans celle de James Bond. Seulement voilà, une cinquième saison non prévue de Remington Steele est finalement commandée par la NBC et Pierce Brosnan doit rempiler, laissant la place tant convoitée à Timothy Dalton. C’est là qu’il se tournera progressivement vers le cinéma, avec le ronflant Nomads de John McTiernan, suivi de près par Le Quatrième Protocole The Fouth Protocol de John Mackenzie. Mais l’un de ses rôles les plus étonnants demeure sans doute celui qu’il tient dans Les Imposteurs The Deceivers (Christopher Reeve et Treat Williams avaient été courtisés avant lui), réalisé par Nicholas Meyer, alors romancier (The Seven-Per-Cent Solution, L’Horreur du West End) et scénariste (Sherlock Holmes attaque l’Orient-Express, Star Trek 4 : Retour sur Terre), qui s’était lancé dans la mise en scène en 1979 avec C’était demain Time after Time, interprété par Malcolm McDowell, David Warner et Mary Steenburgen, puis Star Trek 2 : La Colère de Khan Star Trek: The Wrath of Khan trois ans plus tard. Les Imposteurs n’est pas un film d’aventure comme on pouvait l’imaginer, mais s’apparente plutôt à un thriller historique, car adapté de faits réels, inspiré par une société secrète d’assassins qui a sévi en Inde au début du 19e siècle. Et comme nous l’indique un panneau en introduction, il s’agit aussi du récit « de l’homme qui les a démasqués ». Pierce Brosnan se donne à fond dans ce rôle foncièrement ambigu, et malgré son charisme lisse (son regard est ici éteint par des lentilles de couleur marron), s’en sort bien dans un film parfois brutal, dont la cruauté contraste avec la beauté des décors naturels. Une bonne découverte.

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Test Blu-ray / Sweetie, You Won’t Believe It, réalisé par Yernar Nurgaliyev

SWEETIE, YOU WON’T BELIEVE IT (Zhanym, ty ne poverish – Жаным, ты не поверишь!) réalisé par Yernar Nurgaliyev, disponible en Combo Blu-ray + DVD depuis le 11 juillet 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Daniyar Alshinov, Assel Kaliyeva, Yerkebulan Daiyrov, Azamat Marklenov, Yerlan Primbetov, Dulyga Akmolda, Almat Sakatov, Rustem Zhaniyamanov, Bekaris Akhetov, Kadirgali Kobentay…

Scénario : Yernar Nurgaliyev, Zhandos Aibassov, Daniyar Soltanbayev, Il’yas Toleu, Anuar Turizhigitov & Alisher Utev

Photographie : Azamat Dulatov

Musique : Nazarbek Orazbekov

Durée : 1h25

Année de sortie : 2020

LE FILM

A la suite d’une dispute avec sa jeune épouse, le mari décide de s’enfuir avec deux amis : un homme d’affaires malchanceux et un flic local. Mais au lieu d’une paisible journée de pêche, une série d’événements mystérieux les attend.

Et si on allait faire un tour au Kazakhstan ? Nous en avions déjà eu l’occasion lors de la sortie dans les bacs du mythique L’Aiguille Igla (1988) de Rachid Nougmanov, avec le légendaire Viktor Tsoi, rockeur et alors représentant d’une génération en pleine ébullition. Depuis, le cinéma kazakh a subsisté, ses réalisateurs étant même souvent invités dans les festivals du monde entier, quand ils ne sont pas carrément conviés à Hollywood, à l’instar du bourrin Timour Bekmambetov, découvert avec son diptyque Night Watch / Day Watch (2004-2005), qui signera par la suite le carton mondial Wanted : Choisis ton destin (2008) avec Angelina Jolie, Morgan Freeman et James McAvoy. En 2019, le premier Festival du film kazakhstanais (ça se dit) se tient à Paris et depuis, un acteur s’est très largement distingué, Daniyar Alshinov, vu récemment dans l’excellente série Infiniti de Thierry Poiraud, aux côtés de Céline Sallette, révélé en 2019 dans le remarqué A Dark, Dark Man d’Adilkhan Yerzhanov. Loin du registre dramatique où on l’avait admiré, il tient le haut de l’affiche d’une comédie noire et déjantée, Zhanym, ty ne poverish, exploitée en France sous le titre Sweetie, You Won’t Believe It. Un étrange et désopilant mélange du magnifique Old Joy (2006) de Kelly Reichardt et de Tucker et Dale fightent le mal Tucker and Dale vs Evil (2010) d’Eli Craig, le tout saupoudré d’humour dingue venu tout droit du cinéma des frères Coen et non pas de celui de Quentin Tarantino, qui rappelons-le, n’a pour le coup rien inventé. Autant vous dire que le dépaysement et le spectacle sont garantis !

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Test Blu-ray / Robuste, réalisé par Constance Meyer

ROBUSTE réalisé par Constance Meyer, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Gérard Depardieu, Déborah Lukumuena, Lucas Mortier, Megan Northam, Florence Janas, Steve Tientcheu, Théodore Le Blanc, Sébastien Pouderoux…

Scénario : Constance Meyer & Marcia Romano

Photographie : Simon Beaufils

Musique : Babx

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Lorsque son bras droit et seul compagnon doit s’absenter pendant plusieurs semaines, Georges, star de cinéma vieillissante, se voit attribuer une remplaçante, Aïssa. Entre l’acteur désabusé et la jeune agente de sécurité, un lien unique va se nouer.

C’est un fait, Gérard Depardieu n’est jamais aussi bon que lorsqu’il se retrouve face à une femme qui a du tempérament (Catherine Deneuve, Fanny Ardant…), bien qu’il ait été très rarement dirigé par une réalisatrice (Florence Quentin, Anne Fontaine, Karine Silla-Pérez, Fanny Ardant encore une fois), non, nous ne parlerons pas de Marguerite Duras…En creusant un peu la filmographie du dernier monstre sacré du cinéma hexagonal (250 films répertoriés sur IMDB), par ailleurs toujours aussi actif à bientôt 74 ans, on découvre qu’il a participé à une poignée de courts-métrages, une douzaine tout au plus, dont trois avec la même metteuse en scène, Constance Meyer, Franck-Étienne vers la béatitude (2012), Rhapsody (2016) et La Belle affaire (2018). Pour son premier long-métrage, cette dernière, qui avait officié comme assistante sur Bellamy (2009) de Claude Chabrol et sur L’Autre Dumas (2010) de Safy Nebbou, s’est tout naturellement tournée vers Gérard Depardieu, et l’a pour ainsi dire construit autour de lui, créé pour celui qui n’aura eu de cesse de l’accompagner au fil de sa carrière depuis dix ans. Robuste est autant une comédie-dramatique sur la rencontre de deux solitaires, qu’un portrait en filigrane de notre Gégé (inter)national, qu’on ne se lassera jamais de regarder, d’admirer, d’écouter aussi bien sûr. Splendide du début à la fin, entier, terrien et pourtant d’une délicatesse à fleur de peau, le comédien donne une fois de plus la réplique à la jeune génération avec une générosité débordante et partage l’affiche avec Déborah Lukumuena, César de la meilleure actrice dans un second rôle pour son premier film, Divines, revue depuis dans Roulez jeunesse de Julien Guetta et Les Invisibles de Louis-Julien Petit, qui lui tient la dragée haute. Fragiles comme du cristal et solides comme un roc, les deux personnages principaux vont tout d’abord se jauger, avant de s’apprivoiser et de devenir complices. Si le propos n’est sans doute pas nouveau, la mouture élégante de Robuste, la très belle photographie de Simon Beaufils (Antoinette dans les Cévennes de Caroline Vignal, Sibyl de Justine Triet, Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez) et l’alchimie évidente des deux acteurs emportent facilement l’adhésion.

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Test Blu-ray / Un autre monde, réalisé par Stéphane Brizé

UN AUTRE MONDE réalisé par Stéphane Brizé, disponible en DVD et Blu-ray le 23 août 2022 chez Diaphana.

Acteurs : Vincent Lindon, Sandrine Kiberlain, Anthony Bajon, Marie Drucker, Guillaume Draux, Olivier Lemaire, Christophe Rossignon, Sarah Laurent…

Scénario : Stéphane Brizé & Olivier Gorce

Photographie : Eric Dumont

Musique : Camille Rocailleux

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Philippe Lemesle, 57 ans, cadre dirigeant dans un groupe industriel américain, une femme, deux enfants, une belle maison, une belle voiture… Derrière l’image… la réalité. Depuis des années, les exigences de rentabilité demandées par l’entreprise lui pèsent, perturbant par ricochet l’équilibre familial. Lorsque son épouse demande le divorce et que la maison mère exige un nouveau plan de restructuration, la pression devient trop lourde.

Il y a eu plusieurs étapes dans la carrière de Stéphane Brizé (né en 1966). Un premier long-métrage, Le Bleu des villes (1999), récompensé au Festival de Deauville et à La Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Puis la révélation avec Je ne suis pas là pour être aimé (2005), primé au Festival international du film de Saint-Sébastien et à celui de Vérone, bijou avec Patrick Chesnais qui attire près de 300.000 spectateurs. Après Entre adultes qui passe inaperçu en 2006, le cinéaste Stéphane Brizé touche au sublime avec Mademoiselle Chambon (2009), pudique et élégante histoire d’amour avec Vincent Lindon et Sandrine Kiberlain, qui a laissé un souvenir indélébile chez de nombreux cinéphiles. César de la meilleure adaptation en 2010. Trois ans plus tard, Quelques heures de printemps, un drame intense centré sur la douloureuse relation qu’entretiennent une mère et son fils, qui traitait également de l’épineux sujet du droit à mourir dans la dignité, par assistance médicalisée, et ce sans aucun pathos. Outre Une vie en 2016, magnifique transposition du roman de Maupassant avec Judith Chemla, Stéphane Brizé entame avec Vincent Lindon ce qui apparaîtra alors comme une trilogie (à rebours en fait) sur le monde du travail. Après La Loi du marché (2015), Prix d’interprétation masculine à Cannes, Prix Lumières du meilleur acteur et César du meilleur acteur, et En guerre (2018), Stéphane Brizé collabore pour la cinquième fois avec son comédien fétiche pour Un autre monde, qui prend comme point de vue celui du cadre dirigeant. À l’instar de Jean Gabin, Vincent Lindon est aujourd’hui l’un des rares à être crédible aussi bien dans la peau d’un prolo que dans celle d’un bourgeois. Ils dressent ici un nouveau portrait d’homme, Philippe, qui rejoint celui de Thierry le quinquagénaire, qui après quinze mois de chômage trouvait un emploi d’agent de sécurité dans un supermarché, et celui de Laurent, leader syndical à la tête d’une contestation des ouvriers d’une usine d’Agen qui protestaient à l’annonce de la fermeture de leur établissement. Dans Un autre monde, Stéphane Brizé et son coscénariste Olivier Gorce se focalisent cette fois sur « celui placé au-dessus de la mêlée », le représentant du Big Boss. Et de ce côté-là ce n’est pas bien rose non plus. « Chacun son métier, les vaches seront bien gardées », ainsi se concluait la fable Le vacher et le garde-chasse de Jean-Pierre Claris de Florian, mais quand cela se déroule mal au niveau de la direction, il y a forcément des répercussions jusqu’en bas de la pyramide. Déjà l’un des plus grands films de l’année 2022, Un autre monde triture les tripes et le cerveau durant 90 minutes, concilie admirablement le cinéma d’auteur et de divertissement, renoue avec le septième art hexagonal engagé des années 1970, et démontre encore et toujours l’immense sensibilité d’un de nos plus talentueux réalisateurs.

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Test Blu-ray / La Bataille de la vallée du diable, réalisé par Ralph Nelson

LA BATAILLE DE LA VALLÉE DU DIABLE (Duel at Diablo) réalisé par Ralph Nelson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : James Garner, Sidney Poitier, Bill Travers, Bibi Andersson, Dennis Weaver, William Redfield, John Hubbard, Ralph Nelson.…

Scénario : Marvin Albert & Michael Grilikhes

Photographie : Charles F. Wheeler

Musique : Neal Hefti

Durée : 1h45

Date de sortie initiale: 1966

LE FILM

Le garde-frontière Jess Remsberg a pour mission de conduire un détachement à travers un territoire hostile jusqu’à Fort Conchos. Mais son courage et sa dévotion cache une autre motivation : à destination, se cache l’homme qu’il suspecte du meurtre de sa femme. Tandis que Rosenberg découvre la véritable identité du meurtrier, le convoi est sauvagement attaqué par des apaches…

Ralph Nelson (1916-1987) demeure connu pour Le Lys des champs Lilies of the Field (1963), nommé pour l’Oscar du meilleur film, récompensé à trois reprises au Festival de Berlin. Quand on creuse un peu sa filmographie, on se rend compte que deux sujets reviennent fréquemment, le racisme et la violence, qui sont souvent imbriqués et dont la représentation reste particulièrement frontale et percutante pour les années 1960. Durant cette décennie, le réalisateur signera tour à tour La Dernière Bagarre Soldier in the Rain avec Steve McQueen et Jackie Gleason, Le Crash mystérieux Fate Is the Hunter avec Gleen Ford, Grand méchant loup appelle Father Goose avec Cary Grant et Leslie Caron (sur un scénario de Peter Stone, Les Pirates du métro de Joseph Sargent), Les Tueurs de San Francisco Once a Thief avec rien de moins qu’Alain Delon, Ann-Margret, Ven Heflin et Jack Palance, sans oublier son adaptation du roman Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. Charly, qui vaudra l’Oscar du meilleur acteur à Cliff Robertson. Avant d’explorer encore plus loin dans ses thèmes de prédilection avec Tick… Tick… Tick et la violence explosa et surtout Soldat bleu Soldier Blue, dans lequel il revenait sur le déroulé des guerres indiennes, Ralph Nelson y allait déjà à fond les manettes avec La Bataille de la vallée du diable Duel at Diablo, l’un de ses trois westerns, dans lequel il dirige à nouveau Sidney Poitier, qui avait lui aussi reçu l’Oscar du meilleur acteur (une première pour un afro-américain) pour Le Lys des champs (ainsi que le BAFTA, le Golden Globe), associé à l’écran avec l’imposant James Garner et la suédoise Bibi Andersson, qui se permettait une récréation hollywoodienne entre Toutes ses femmes et Persona d’Ingmar Bergman. Petit western ambitieux, La Bataille de la vallée du diable n’est pas exempt de défauts, loin s’en faut, mais il contient suffisamment de bons éléments (on a rarement ressenti autant la soif, les brûlures et l’impact des flèches dans un film) et surtout d’excellents acteurs qui en font un bon divertissement.

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Test Blu-ray / Le Salaire de la violence, réalisé par Phil Karlson

LE SALAIRE DE LA VIOLENCE (Gunman’s Walk) réalisé par Phil Karlson, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Van Heflin, Tab Hunter, Kathryn Grant, James Darren, Mickey Shaughnessy, Robert F. Simon, Edward Platt, Ray Teal.…

Scénario : Frank S. Nugent, d’après une histoire originale de Ric Hardman

Photographie : Charles Lawton Jr.

Musique : George Duning

Durée : 1h37

Date de sortie initiale: 1958

LE FILM

Lee Hackett, rancher brutal, à la limite de la violence, a deux fils qu’il essaie d’éduquer à son image. Il a pleinement réussi avec l’aîné d’entre eux, puisque ce dernier est accusé de meurtre. En revanche, le plus jeune prend le contre-pied de son père, allant jusqu’à être attiré par la sœur de la victime. Pour Lee, les temps commencent à changer et les deux frères vont devoir s’opposer.

Nous avons déjà dit tout le bien que l’on pensait de Phil Karlson à travers nos chroniques d’On ne joue pas avec le crime 5 Against the House (1955) et du Quatrième homme Kansas City Confidential (1952), bon pas celle de Ben (1972), la suite de Willard (Daniel Mann, 1971), on vous l’accorde. Mais il s’agit aussi de l’auteur de L’Assaut des jeunes loups Hornet’s Nest (1970) avec Rock Hudson et Sylva Koscina, Un direct au coeur Kid Galahad (1962) avec Elvis Presley, Les Frères Rico The Brothers Rico (1957) avec Richard Conte et adapté de Georges Simenon, L’Inexorable enquête – Scandal Sheet (1952) avec Broderick Crawford…on pourrait continuer comme ça longtemps, tant la filmographie de Phil Karlson (1908-1985) regorge de pépites. Très prolifique et éclectique, allant jusqu’à tourner 20 films dans les années 1940, le réalisateur connaît réellement son heure de gloire la décennie suivante, avec une prédilection pour le film noir. Si les sixties sont sans doute moins marquantes, cela ne l’empêche pas de diriger encore les plus grands acteurs, Richard Widmark, Fredric March, Ben Gazzara, Robert Mitchum, et même Dean Martin dans deux de ses quatre aventures de l’agent Matt Helm. Phil Karlson est partout, explore tous les genres, y compris le western, qu’il abordera à une dizaine de reprises, du Gagnant du Kentucky Black Gold (1947) à La Poursuite des tuniques bleues A Time for Killing (1967) avec Glenn Ford, en passant par L’Étalon sauvage Thunderhoof (1948), La Ruée sanglante They Rode West (1954)…Celui qui nous intéresse aujourd’hui s’intitule Le Salaire de la violence Gunman’s Walk et sera l’avant-dernière incursion du cinéaste dans le Grand Ouest Américain. Et assurément l’une de ses meilleures, voire sa plus grande. Western – dit psychologique – inoubliable, Le Salaire de la violence est un opus bouleversant, shakespearien en diable, voire biblique diront certains avec cette relecture d’Abel et Caïn, furieusement pessimiste, d’une impressionnante sécheresse, désespéré, qui fait penser à La Fureur de vivre Rebel Without a Cause de Nicholas Ray sorti trois ans auparavant. On termine la projection en larmes et on défie quiconque de résister à l’intense et extraordinaire prestation de Van Heflin.

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Test Blu-ray / 7 secondes en enfer, réalisé par John Sturges

7 SECONDES EN ENFER (Hour of the Gun) réalisé par John Sturges, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 1er juillet 2022 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : James Garner, Jason Robards, Robert Ryan, Albert Salmi, Charles Aidman, Steve Ihnat, Michael Tolan, William Windom.…

Scénario : Edward Anhalt

Photographie : Lucien Ballard

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h41

Date de sortie initiale: 1967

LE FILM

Tombstone, 1881. Le marshal Wyatt Earp et son allié, le joueur de poker Doc Holliday, sortent victorieux du règlement de compte à O.K. Corral. Une victoire qui, au premier, laisse un goût amer, son frère ayant été tué par l’un des membres du clan tenu d’une main de fer par Ike Clanton. Ivre de vengeance, le marshal entreprend aussitôt une expédition punitive, accompagné d’un Doc Holliday aussi désabusé que gravement malade…

Il y a eu Randolph Scott dans L’Aigle des frontières Frontier Marshal (1939) d’Allan Dwan, Henry Fonda dans La Poursuite infernale My darling Clementine (1946) de John Ford, Will Geer dans Winchester 73 (1950) d’Anthony Mann et surtout Burt Lancaster dans Règlements de comptes à O.K. Corral Gunfight at O.K. Corral (1957) de John Sturges (1910-1992). Ils ont tous campé Wyatt Earp au cinéma, au même titre plus tard que Kevin Costner, Kurt Russell, mais on en oublie volontairement, car la liste ne saurait être exhaustive. Outre John Ford, qui reprendra le personnage dans Les Cheyennes Cheyenne Autumn (1964) sous les traits de James Stewart, mais dans une apparition secondaire, le réalisateur revient à Wyatt Earp dans 7 secondes en enfer Hour of the gun, dix ans après Règlements de comptes à O.K. Corral, en reprenant le récit là où il s’était arrêté, autrement dit après l’affrontement de Wyatt Earp, accompagné de ses hommes (dont Doc Holliday) face au clan Clanton. Mais le western a changé en une décennie, John Sturges l’a bien compris et il entreprend 7 secondes en enfer avec pour intention de respecter les faits tels qu’ils se sont déroulés, en privilégiant la psychologie aux gunfights à outrance, en se focalisant sur la personnalité trouble et foncièrement ambiguë de Wyatt Earp, loin d’être glorifié ici et apparaissant même comme un type sur le point de basculer dans la folie, profitant de sa condition de marshal pour couvrir ses activités illégales et pour assouvir une vengeance personnelle. Le légendaire metteur en scène de Fort Bravo Escape from Fort Bravo (1953), Un homme est passé Bad Day at Black Rock (1954), des Sept Mercenaires The Magnificent Seven (1960) et de La Grande Évasion The Great Escape (1963) laisse de côté toute idée romantique ou romanesque du personnage (aucune romance ici, car aucune femme au générique), filme la violence de façon sèche et brutale et contre toute attente, 7 secondes en enfer prend l’allure d’un vrai film de gangsters et annonce même les films de mafieux où tous les coups sont permis entre les deux clans rivaux, qui ont ici comme particularité d’avoir la loi de leur côté. Histoire passionnante, réalisation carrée, interprétation de grande classe (James Garner en Wyatt Earp, Jason Robards en Doc Holliday, Robert Ryan en Ike Clanton) et score démentiel de Jerry Goldsmith, n’en jetez plus, c’est trop de bonheur !

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Test Blu-ray / Héros ou Salopards, réalisé par Bruce Beresford

HÉROS OU SALOPARDS (‘Breaker’ Morant) réalisé par Bruce Beresford, disponible en Combo Blu-ray + DVD + Livret le 11 août 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Edward Woodward, Jack Thompson, John Waters, Bryan Brown, Charles Tingwell, Terence Donovan, Vincent Ball, Ray Meagher…

Scénario : Jonathan Hardy, David Stevens & Bruce Beresford, d’après la pièce de Kenneth G. Ross

Photographie: Donald McAlpine

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1980

LE FILM

Au début du XXème siècle, en Afrique du Sud, la guerre des Boers oppose les Britanniques aux ascendants des colons hollandais et allemands. Trois soldats appartenant au contingent australien, sous les ordres de l’état-major anglais, sont accusés d’avoir tué des prisonniers Boers. Le procès permet de revivre l’enchaînement des événements.

Est-ce que vous pouvez nous citer au moins trois films réalisés par Bruce Beresford ? Difficile non ? Le premier qui vient immédiatement à l’esprit, et encore rares sont ceux qui pourront mettre un nom sur son réalisateur, est indéniablement Miss Daisy et son chauffeurDriving miss Daisy, quatre Oscars (Meilleurs film, actrice, scénario adapté et maquillages) en 1990, trois Golden Globes, un BAFTA, cent millions de dollars de recette sur le sol américain pour un petit budget de 7 millions…un phénomène. Cela devient plus compliqué après pour en trouver un second…alors imaginez trois…On connaît ses films, sans forcément savoir que Bruce Beresford (né en 1940) en est le metteur en scène. On peut citer en vrac Le Contrat The Contract (2006), thriller mollasson avec Morgan Freeman et John Cusack, Double jeu Double Jeopardy avec Tommy Lee Jones et Ashely Judd, succès commercial de l’année 1999 qui n’a laissé aucun souvenir, Evelyn (2002) et Mister Johnson (1990), deux opus passés sous les radars avec Pierce Brosnan, un autre avec Sean Connery en 1994 (Un Anglais sous les tropiquesA Good Man in Africa) et Dernière Danse Last Dance (1996) avec Sharon Stone qui entamait l’impressionnante dégringolade de sa carrière. Pourtant, en creusant un peu sa filmographie, deux œuvres se distinguent nettement. Le superbe Tendre Bonheur Tender Mercies qui vaudra à Robert Duvall l’Oscar du meilleur acteur en 1984, et surtout Héros ou Salopards ‘Breaker’ Morant, qui s’il n’a pas été un hit retentissant au box-office, a néanmoins tout raflé sur son passage, un Oscar (celui du Meilleur scénario), dix Australian Film Institute (l’équivalent des Oscars Australiens) et le Prix du Meilleur Second Rôle Masculin au Festival de Cannes en 1980 pour Jack Thompson. Ce septième long-métrage de Bruce Beresford, tiré d’une histoire vraie, demeure un des joyaux du cinéma australien du début des années 1980, dont l’impact révélera le cinéaste et son casting sur la scène internationale, dont le merveilleux Bryan Brown. Un chef d’oeuvre coup de poing, formidablement écrit (quels dialogues !) et magistralement photographié par Donald McAlpine (Patrick, Predator, La Manière forte, L’Homme sans visage, Moulin Rouge), qui n’a rien perdu de sa force plus de quarante ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / Charlie mon héros, réalisé par Don Bluth

CHARLIE MON HÉROS (All Dogs Go to Heaven) réalisé par Don Bluth, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 juillet 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Burt Reynolds, Dom DeLuise, Judith Barsi, Melba Moore, Charles Nelson Reilly, Vic Tayback, Rob Fuller, Anna Manahan, Loni Anderson, Ken Page, Godfrey Quigley…

Scénario : Don Bluth, Ken Cromar, Gary Goldman, Larry Leker, Linda Miller, Monica Parker, John Pomeroy, Guy Shulman, David J. Steinberg, David N. Weiss

Musique : Ralph Burns

Durée : 1h21

Date de sortie initiale : 1989

LE FILM

Charlie, un chien un rien roublard, est assassiné par le gangster Carcasse. Il n’a jamais fait grand-chose de bien au cours de sa vie, mais il est pourtant accepté au paradis des chiens. Décidé à se venger, Charlie trouve le moyen de ressusciter et de revenir sur Terre. Mais il va devoir choisir : continuer à vivre comme avant ou venir en aide à Anne-Marie, une orpheline poursuivie par Carcasse.

Brisby et le secret de NIMH (1982), Fievel et le Nouveau Monde (1986) et Le Petit dinosaure et la vallée des merveilles (1988) ont été de très grands succès pour Don Bluth (né en 1937), transfuge des studios Disney (où il aura officié pendant près d’une dizaine d’années, en oeuvrant sur Robin des Bois ou bien encore Rox et Rouky), qui a très longtemps placé en digne héritier de l’ami Walt, mais aussi en concurrent direct des productions Disney. En novembre 1989, Charlie, mon héros connaît un certain revers au box-office. Si les résultats ne sont pas catastrophiques (le film rapporte 27 millions aux Etats-Unis pour un budget de 13 millions), ils sont loin d’égaler ceux des deux précédents. Cette fois, sa é avec La Petite Sirène de John Musker et Ron Clements, sortie deux jours plus tard sur les écrans américains, ne fera pas à un pli, puisque le 36e long-métrage d’animation des studios Disney engrangera de son côté près de 200 millions de billets verts, ce qui n’était plus arrivé à l’empire Mickey depuis Les Aventures de Bernard et Bianca, sur lequel avait aussi travaillé Don Bluth. Le temps a fait son office, rapidement d’ailleurs, car Charlie mon héros a bénéficié d’une exploitation triomphale en VHS, entraînant une suite en DTV, une série d’animation télévisée et même un téléfilm de Noël. Pourtant, rétrospectivement, All Dogs Go to Heaven est loin d’être l’opus de son auteur auquel on pense instantanément. En fait, on n’a de cesse de redécouvrir ce pastiche des films de gangsters et de mafia, où les chiens errants font leurs petites affaires dans le dos des humains, pour la première fois bien présents dans une œuvre de Don Bluth, en particulier une petite fille adorable qui répond au doux nom d’Anne-Marie. D’une étonnante maturité, dans le sens où les situations, la motivation des protagonistes et même les dialogues détonnent pour un divertissement dit familial, Charlie mon héros est un bijou mené à cent à l’heure, magnifiquement réalisé, drôle, émouvant et incitant à la réflexion sur la notion du bien et du mal. À savourer sans plus tarder avec votre progéniture.

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Test Blu-ray / Slumber Party Massacre, réalisé par Danishka Esterhazy

SLUMBER PARTY MASSACRE réalisé Danishka Esterhazy, disponible en DVD et Blu-ray le 1er juillet 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Hannah Gonera, Frances Sholto-Douglas, Mila Rayne, Alex McGregor, Reze-Tiana Wessels, Rob van Vuuren, Jennifer Steyn, Schelaine Bennett…

Scénario : Suzanne Keilly

Photographie : Trevor Calverley

Musique : Andries Smit

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Dana et ses amies sont en route pour une inoubliable soirée pyjama. Mais un problème de voiture les oblige à passer la nuit dans une cabane isolée, où leur petite fête pourrait bien se transformer en terrifiant cauchemar. En effet, un tueur armé d’une perceuse rôde alentour… Et si tout cela ne devait rien au hasard ?

Si la franchise Slumber Party Massacre est très connue aux États-Unis, en France c’est une autre histoire. En fait, il existe plusieurs sagas du même acabit, sorties en parallèle et toutes produites par le nabab Roger Corman (96 ans cette année, toujours actif), Sorority House Massacre et Cheerleader Massacre, avec comme personnages principaux quelques jeunes donzelles du lycée ou du campus, réunies dans leur dortoir ou pour une soirée pyjama dans un lieu forcément éloigné, paumé dans la végétation luxuriante, si possible au bord d’un lac. À la base, il y a trois opus Slumber Party Massacre, le premier (Fête sanglante) ayant connu un beau succès dans les salles en 1982 (malgré une exploitation limitée), rapportant près de 4 millions de dollars pour un budget initial de 220.000 billets verts, avant de connaître deux suites sorties directement en vidéo. 2021, voici venu un remake-suite-reboot, sobrement intitulé…bah Slumber Party Massacre, titre auquel a été ajouté un New Gen dans nos contrées, mis en scène par Danishka Esterhazy, réalisatrice canadienne remarquée en 2018 avec l’étonnant Level 16 et la série Vagrant Queen, qui s’empare de tous les clichés du genre et s’en amuse en les passant à la sauce féministe, avec une extrême générosité en hémoglobine. On ne s’y attendait pas, mais bonne surprise que cette comédie horrifique !

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