Test Blu-ray / Martin Roumagnac, réalisé par Georges Lacombe

MARTIN ROUMAGNAC réalisé par Georges Lacombe, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 28 octobre 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Marlene Dietrich, Jean Gabin, Daniel Gélin, Lucien Nat, Jean Darcante, Henri Poupon, Marcel André, Margo Lion, Marcel Herrand, Jean d’Yd, Marcel Peres, Paul Amiot, Camille Guerini…

Scénario : Pierre Véry et Georges Lacombe, d’après le roman de Pierre-René Wolf

Photographie : Roger Hubert

Musique : Marcel Mirouze

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Dans une petite ville de province, Blanche Ferrand espère épouser un riche consul, Monsieur de Laubry, dont la femme est gravement malade. Un soir, elle rencontre Martin Roumagnac, entrepreneur en maçonnerie, qui tombe éperdument amoureux d’elle. C’est le début d’une liaison passionnée, à laquelle Blanche se prête d’abord par fantaisie puis par amour. À la mort de la femme du consul, celui-ci somme Blanche de faire un choix.

« Le seul film du couple mythique Dietrich/Gabin » annonçait l’affiche de la ressortie de Martin Roumagnac en mai 2022. À l’origine, celui-ci devait être Les Portes de la nuit, sous la direction de Marcel Carné, mais Marlene Dietrich refusant d’interpréter la fille d’un collaborateur, décline cette opportunité. Possédant les droits du livre Martin Roumagnac de Pierre-René Wolf depuis quelques années (avant même la Seconde Guerre mondiale), Jean Gabin rebondit immédiatement et propose l’adaptation (refusée au préalable par Marcel Carné et Jacques Prévert) au réalisateur Georges Lacombe (1902-1990). Ce sera le retour du comédien sur le sol français après un court exil à Hollywood et son engagement (sous son vrai nom) au sein des Forces françaises combattantes, mais aussi le premier long-métrage de celle qui est alors sa compagne, dans la langue de Molière, dans laquelle elle s’exprime divinement bien. Joli succès dans les salles avec 2,5 millions de spectateurs réunis dans les salles en décembre 1946, la critique n’est cependant guère au rendez-vous. De plus, la fin du tournage a été marquée par la rupture consommée entre les deux stars, Marlene Dietrich voulant retourner sur le sol de l’Oncle Sam, tandis que Jean Gabin désire rester définitivement en France pour relancer sa carrière et pour fonder une famille. Martin Roumagnac demeure donc fondamentalement imprégné par cet événement, mais reste surtout un drame sentimental poignant, merveilleusement incarné par les deux têtes d’affiche, dont la tension sexuelle est par ailleurs fort présente pour un film des années 1940 et qui fera grincer la censure américaine, qui n’hésitera pas à couper pas moins d’une demi-heure pour son exploitation aux États-Unis. Assurément méconnu, Martin Roumagnac offre à Jean Gabin un rôle étonnant, qui rappelle parfois celui qu’il campait dans La Belle équipe de Julien Duvivier dix ans auparavant et qu’il interprétera dix ans plus tard dans Le Sang à la tête de Gilles Grangier. Un colosse aux pieds d’argile, dont la silhouette trapue contraste avec une voix légère et insouciante, face à sa partenaire qui dissimule au contraire une fragilité et un manque d’assurance derrière un masque de femme sûre d’elle et séductrice. La rencontre à l’écran des deux monstres fait bien sûr des étincelles.

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Test Blu-ray / Pétrus, réalisé par Marc Allégret

PÉTRUS réalisé par Marc Allégret, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 28 octobre 2022 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Fernandel, Simone Simon, Pierre Brasseur, Marcel Dalio, Simone Sylvestre, Corinne Calvet, Jean-Roger Caussimont, Jane Marken, Abel Jacquin…

Scénario : Marc Allégret & Marcel Rivet, d’après la pièce de Marcel Achard

Photographie : Michel Kelbert

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h27

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Migo, girl au « Frou-Frou » un cabaret montmartrois, tire sur son amant volage, Rodrigue Goutari, le manque et blesse accidentellement Pétrus, qui se trouve, par la même occasion, entraîné contre son gré dans un trafic de fausse monnaie.

En 1939, Marc Allégret (1900-1973) interrompt définitivement le tournage du Corsaire, en raison de la déclaration de la Seconde Guerre mondiale. 1940, le réalisateur démarre les prises de vue de Parade en sept nuits, mais doit là aussi suspendre, cette fois-ci momentanément le tournage, avant de reprendre un an plus tard là où il s’était arrêté. Suivront les drames L’Arlésienne (avec Louis Jourdan et Raimu), Lunegarde et Félicie Nanteuil, ainsi que les comédies-dramatiques La Belle Aventure (avec Claude Dauphin et Micheline Presle) et Les Petites du quai aux fleurs. Marc Allégret n’a jamais cessé d’être actif. Avant son départ pour l’Angleterre, où il signera trois films, il emballe Pétrus (après avoir tenté de transposer L’Armée des ombres de Joseph Kessel), pour lequel il retrouve Fernandel et Simone Simon, avec lesquels il avait démarré au cinéma au début des années 1930 avec les courts-métrages La Meilleure Bobonne, J’ai quelque chose à vous dire et Attaque nocturne, ainsi que le long-métrage L’Hôtel du libre échange (1934) pour le premier, Mam’zelle Nitouche (1931), La Petite Chocolatière (1932) et Lac aux Dames (1934) pour la seconde. Adapté de la pièce éponyme de Marcel Achard, qui aura d’ailleurs participé lui-même aux dialogues avec Marc Allégret, Marcel Rivet (Les Amants du Tage d’Henri Verneuil et Au grand balcon d’Henri Decoin), Pétrus est une comédie-dramatique difficilement classable, dans le sens où le récit semble bifurquer vers le polar dans sa dernière partie et dont les éclairages du mythique chef opérateur Michel Kelbert (Notre Dame de Paris de Jean Delannoy, Un carnet de bal de Julien Duvivier, Le Diable au corps de Claude Autant-Lara, French Cancan de Jean Renoir) renforcent aussi cette impression. Marc Allégret déstabilise autant ses personnages, perdus dans une valse de sentiments, que les spectateurs, qui ne savent plus sur quel pied danser à plusieurs reprises et ce du début à la fin. Outre Fernandel (parfait de sobriété), le charme mutin de Simone Simon et l’excellence de Marcel Dalio, Pierre Brasseur livre une grande prestation dans le rôle du suintant et suffisant Rodrigue Goutari, danseur mondain, qui n’aura de cesse de jouer avec l’amour que lui porte la douce Migo. Un très bon cru d’un cinéaste souvent oublié ou mésestimé aujourd’hui.

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Test Blu-ray / American Siege, réalisé par Edward Drake

AMERICAN SIEGE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 16 novembre 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Bruce Willis, Rob Gough, Anna Hindman, Trevor Gretzky, Cullen G. Chambers, Timothy V. Murphy, Johann Urb, Johnny Messner…

Scénario : Corey Large & Edward Drake

Photographie : Laffrey Witbrod

Musique : Scott Curie

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Ben Watts est shérif d’une petite ville aisée du sud de la Géorgie. Quand trois criminels prennent en otage le médecin local, il est appelé pour régler la situation avant l’arrivée du FBI. Alors que le maire fait pression sur lui pour qu’il lance un assaut rapidement, Ben découvre que le docteur est en fait au centre d’un complot qui entoure la ville…

Si l’on regarde la filmographie mise à jour de Bruce Willis, histoire de voir quand celui-ci a pu emballer American Siege, on constate que ce dernier est la troisième « collaboration » entre le comédien et le « réalisateur » Edward Drake, précédemment responsable de Cosmic Sin, Apex, et qui aura signé depuis (ou commis, c’est selon) Gasoline Alley, ainsi qu’une trilogie sur le Detective Knight, toujours interprété par qui vous savez. Également le scénariste du lénifiant Anti-Life, Edward Drake, parfois crédité sous le nom d’Edward John Drake (parce qu’il se prend peut-être pour John Ford), livre un de ses opus les plus statiques avec American Siege donc, durant lequel l’ami Bruce ne fait rien, mais alors absolument RIEN pendant 1h30, à part écouter ce qui se passe autour de lui, les yeux plissés, les lèvres boudeuses à la Madame de Fontenay, auxquels s’ajoute cette fois un double menton annonciateur des 70 piges (il a encore un peu de temps ceci dit, étant né en 1955). Car dans ce « thriller » bas de gamme, Bruce est comme qui dirait l’idiot du village, placé à un poste qui arrange en fait le maire, qui peut s’adonner à quelques magouilles sans risquer d’avoir des soucis avec la loi. À l’instar de Sylvester Stallone dans le légendaire Copland de James Mangold, le personnage de Bruce Willis est sans cesse rabaissé, jusqu’à ce qu’il prenne enfin son destin en main, prenne la pétoire et décide d’aller régler des comptes. Le problème, c’est que le shérif Ben Watts n’est pas intéressant une seconde, n’aspire aucune empathie et que le retournement (qui n’en est pas un certes) intervient trois ou quatre minutes avant la fin. Durant les 80 minutes déjà passées, et qui peuvent paraître très longues, il faut se farcir des dialogues ineptes (mais rigolos) qui paraissent avoir été pioché au hasard, tant les répliques ne se répondent pas, un jeu d’acteurs pas folichon et une absence d’enjeux assez remarquable. Nous retrouverons encore Bruce Willis dans les bacs en 2023, avec en premier lieu Detective Knight : Rogue du même Edward Drake. En toute logique, nous serons évidemment là pour vous en parler.

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Test Blu-ray / La Peau sur les os, réalisé par Tom Holland

LA PEAU SUR LES OS (Thinner) réalisé par Tom Holland, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 17 novembre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Robert John Burke, Lucinda Jenney, Bethany Joy Lenz, Time Winters, Howard Erskine, Joe Mantegna, Terrence Garmey, Randy Jurgensen…

Scénario : Tom Holland & Michael McDowell, d’après le roman de Stephen King

Photographie : Kees Van Oostrum

Musique : Daniel Licht

Durée : 1h28

Année de sortie : 1996

LE FILM

L’histoire de Billy Halleck, avocat rondouillard habitué au succès… jusqu’au jour où, par accident, il percute une vieille gitane avec sa voiture, la tuant sur le coup ! Halleck ressort vainqueur du procès truqué qui s’en suit. Les gitans décident alors de faire leur propre justice et un sort est jeté sur Halleck qui commence alors à perdre du poids de façon incontrôlée, le conduisant vers une mort certaine…

Où en est-on dans les adaptations cinématographiques des écrits de Stephen King dans les années 1990 ? La décennie démarre sur les chapeaux de roue avec Misery de Rob Reiner, qui vaut à Kathy Bates l’Oscar de la meilleure actrice. S’ensuivent La Nuit déchirée Sleepwalkers de Mick Garris (d’après un scénario original du maître de l’horreur), l’excellent La Part des ténèbres The Dark Half de George A. Romero, le solide Needful ThingsLe Bazaar de l’épouvante de Fraser Clarke Heston, le mythique The Shawshank Redemption Les Évadés de Frank Darabont et le méconnu (et pourtant superbe) Dolores Claiborne de Taylor Hackford. La télévision n’est évidemment pas en reste avec le légendaire Ça (ou « Il » est revenu) de Tommy Lee Wallace, Les Tommyknockers de John Power et Le Fléau The Stand de Mick Garris. À l’instar de Mick Garris et Frank Darabont, Tom Holland (né en 1943) signera deux transpositions de Stephen King, la première pour la petite lucarne avec le rigolo Les Langoliers, mini-série en deux parties tirée d’une nouvelle du recueil Minuit 2, l’autre pour le grand écran, La Peau sur les osThinner. S’il n’est assurément pas l’opus le plus célèbre tiré d’un roman de Stephen King (qui fait une apparition dans le rôle d’un pharmacien), de Richard Bachman plutôt d’ailleurs, le cinquième long-métrage du réalisateur Vampire, vous avez dit vampire ? Fright Night, Beauté fatale Fatal Beauty et bien sûr de Jeu d’enfant Child’s Play a su marquer l’esprit des spectateurs et demeure prisé par les aficionados.

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Test Blu-ray / Deadlock, réalisé par Jared Cohn

DEADLOCK réalisé par Jared Cohn, disponible en DVD et Blu-ray le 12 octobre 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Bruce Willis, Patrick Muldoon, Matthew Marsden, Michael DeVorzon, Stephen Cyrus Sepher, Ava Paloma, Kelcey Rose Weimer, Chris Cleveland…

Scénario : Cam Cannon & Jared Cohn

Photographie : Brandon Cox

Musique : Yagmur Kaplan

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Un ancien militaire travaillant dans une centrale électrique de Géorgie doit entrer en action pour éviter un désastre lorsqu’un groupe de soldats rebelles prend le contrôle de la centrale et prend les employés en otage.

Une fois n’est pas coutume, nous ne reprendrons pas le « feuilleton Bruce Willis » habituel, étant donné que Deadlock sort du lot, toutes proportions gardées, le comédien ayant un peu plus à défendre (il apparaît d’ailleurs tout le long, un exploit) que dans ses méfaits récents commis en DTV. S’il semble fatigué, cela sied finalement à son personnage de vieux briscard. En fait, il faut voir Deadlock comme si Bruce Willis interprétait cette fois le rôle de Hans Gruber dans Piège de cristal, dans cette relecture fauchée – et sans véritable imagination – de Die Hard tournée dans une centrale hydroélectrique abandonnée. Il y a deux films dans Deadlock, le premier, celui qui nous intéresse le plus, est porté par Bruce Willis, que l’on a rarement vu aussi froid et violent à l’écran, même s’il ne décolle pas le cul de son siège (une manie dans ses quinze derniers opus), mais qui surprend en flinguant des types à bout portant, en appuyant plusieurs fois sur la gâchette, histoire d’être certain que sa victime est passée de vie à trépas, tandis que le sang en images de synthèse éclabousse tout autour de lui. Le second, plus anecdotique, est centré sur Mack, joué par Patrick Muldoon, un ancien des forces spéciales (bah tiens…), un ranger d’élite de l’armée à la retraite qui se trouvait évidemment sur les lieux de la prise d’otages (il soudait des câbles…) et qui va bien sûr mettre à profit ses compétences particulières acquises au cours d’une longue carrière (air connu), qui vont faire de lui un cauchemar pour Bruce et ses sbires. De ce côté-là, ça ne fonctionne pas, puisque Mack dégomme les mecs un par un, sans jamais se forcer (certains le voient apparaître, mais ne tirent pas immédiatement, par politesse peut-être), ne semble jamais mis en danger et traverse tout le décor sans vraiment se planquer, en attendant que les mercenaires viennent à lui. Deadlock est-il un bon film ? Non. Un divertissement honorable ? Sans doute, car on ne voit pas le temps passer, Bruce Willis paraît plus « jouer » que d’habitude (il n’est pourtant pas réputé dans ce domaine), les mauvais points deviennent sympathiques et l’ensemble n’est pas déshonorant comparé aux ultimes Williseries déversées en VOD ou dans les bacs.

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Test Blu-ray / The Ledge, réalisé par Howard J. Ford

THE LEDGE réalisé par Howard J. Ford, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2022 chez AB Vidéo.

Acteurs : Brittany Ashworth, Ben Lamb, Nathan Welsh, Louis Boyer, Anaïs Parello, David Wayman…

Scénario : Tom Boyle

Photographie : Vladimir Ilic

Musique : Imran Ahmad

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2022

LE FILM

Une alpiniste piégée sur la face d’une montagne combat quatre tueurs qui se tiennent sur une corniche en surplomb à vingt pieds au-dessus d’elle.

Voici typiquement le genre de film dont on n’attendait pas forcément grand-chose et en toute honnêteté on pensait se retrouver face à un mauvais petit navet ou même un nanar en altitude. En fait, The Ledge est un bon film, qui ne révolutionne rien du tout certes, mais bien emballé, prenant, très efficace, porté par des acteurs solidement dirigés, qui contient son lot d’émotions fortes et de moments bourrins. Réalisé par Howard J. Ford, remarqué avec The Dead (2010) et The Dead 2 (2013), The Ledge repose sur un scénario malin, qui laisse peu de répit au spectateur pour se rendre compte des quelques raccourcis ou d’indéniables facilités. Si l’on pense évidemment à Cliffhanger : Traque au sommet (1993) de Renny Harlin, qui avait replacé momentanément Sylvester Stallone au top du box-office après s’être égaré dans la comédie, The Ledge prend une autre direction et s’avère un huis clos mâtiné de survival situé à 3000 mètres de hauteur. 85 minutes menées sans temps mort et qui donnent souvent le vertige. Le contrat est rempli.

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Test Blu-ray / Hamlet, réalisé par Laurence Olivier

HAMLET réalisé par Laurence Olivier, disponible en Édition Blu-ray + DVD + DVD bonus + livre – Boîtier Mediabook le 18 octobre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Laurence Olivier, John Laurie, Esmond Knight, Anthony Quayle, Niall MacGinnis, Peter Cushing, Harcourt Williams, Patrick Troughton, Tony Tarver, Stanley Holloway, Basil Sydney, Eileen Herlie, Norman Wooland, Felix Aylmer, Terence Morgan, Jean Simmons…

Scénario : Laurence Olivier, d’après l’oeuvre de William Shakespeare

Photographie : Desmond Dickinson

Musique : William Walton

Durée : 2h30

Année de sortie : 1948

LE FILM

Le roi du Danemark est mort. Son spectre apparaît à son fils, le prince Hamlet, et lui révèle avoir été assassiné par Claudius, son propre frère, qui s’est ainsi emparé de sa couronne et de sa femme. Hamlet décide de simuler la folie afin de confondre le couple et de préparer sa vengeance.

Hamlet de Laurence Olivier, c’est tout d’abord un record de récompenses. Quatre Oscar en 1948 (meilleurs acteur, direction artistique, création des costumes et le premier film non-américain à remporter celui du meilleur film), Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine, Lion d’or à la Mostra de Venise, BAFTA du meilleur film, Golden Globe du meilleur acteur et celui du Meilleur film étranger. Puis, Hamlet est la seconde adaptation de William Shakespeare réalisée pour le cinéma par Laurence Olivier, quatre ans après Henry VThe Chronicle history of King Henry the Fift with his battell at Agincourt in France (qui avait déjà valu un Oscar d’honneur au cinéaste), et sept ans avant le dernier volet de son triptyque, Richard III. « Voici la tragédie d’un homme qui ne pouvait se décider à agir », ainsi débute ce film-fleuve de 150 minutes, mené sans aucun temps mort, ou presque, car on ne saurait mettre en scène Hamlet sans casser un peu les œufs. Bon, ça c’était pour la blague totalement gratuite, car le monument de Laurence Olivier demeure sans doute la plus grande transposition, la plus intense, la référence, et ce même si l’on est aussi en droit d’aimer celle de Franco Zeffirelli avec Mel Gibson (1990) ou celle plus massive et étendue de et avec Kenneth Branagh (1996). L’histoire d’Hamlet a été maintes et maintes fois reprises, chez Walt Disney Pictures pour Le Roi Lion (1994) ou dernièrement par Robert Eggers dans son formidable The Northman pour ne citer que ceux-là. Mais si vous ne deviez voir qu’une seule mouture cinématographique de l’oeuvre de William Shakespeare, nous ne saurons que trop vous conseiller celle de Laurence Olivier, qui captive et subjugue encore 75 ans après sa sortie.

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Test Blu-ray / Des filles disparaissent, réalisé par Douglas Sirk

DES FILLES DISPARAISSENT (LURED) réalisé par Douglas Sirk, disponible en combo Blu-ray+DVD le 31 août 2022 chez Studiocanal

Acteurs : Lucille Ball, Charles Coburn, George Sanders, Sir Cedric Hardwicke, Boris Karloff…

Scénario : Leo Rosten, d’après une histoire de Jacques Companéez, Ernest Neuville et Simon Gantillon

Photographie : William H. Daniels

Musique : Michel Michelet

Durée : 1h43

Date de sortie initiale : 1947

LE FILM

Attirant ses proies féminines en publiant des petites annonces, un tueur en série sévit dans le Londres des années 1940, signant chacun de ses meurtres par un poème aux accents romantiques qu’il poste le soir même à la police pour annoncer le prochain forfait. Sandra Carpenter, entraîneuse dans un dancing, voit justement l’une de ses collègues disparaître après avoir répondu à une petite annonce. De témoin volontaire, la séduisante jeune femme devient un appât de choix quand l’inspecteur chargé de l’enquête estime que son profil pourrait attirer, à son tour, le mystérieux criminel.

Il serait malhonnête d’affirmer que le style de Douglas Sirk, véritable canon esthétique des années 1950, éclate déjà dans ce Lured (brillant titre original !) si peu représentatif de ce que l’immense cinéaste aura laissé comme héritage au septième art. Le film n’en est pas moins époustouflant de maîtrise, dès l’ouverture qui saisit en quelques secondes elliptiques la lecture d’une petite annonce par la future victime prenant son bus de nuit, puis son rendez-vous avec le tueur insaisissable – silhouette anonyme filmée soit en contre-jour, soit via un détail de son corps ou son ombre portée sur les murs et les pavés de la chaussée –, enfin le poème que ce dernier compose sur sa machine à écrire et qui sera dépouillé dans les locaux de Scotland Yard, lançant le récit proprement dit.

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Test Blu-ray / John Ford – Premiers westerns : Du sang dans la prairie + Le Ranch Diavolo + À l’assaut du boulevard

DU SANG DANS LA PRAIRIE + LE RANCH DIAVOLO + À L’ASSAUT DU BOULEVARD (Hell Bent + Straight Shooting + Bucking Broadway) réalisés John Ford, disponible en Édition Limitée Blu-ray et DVD le 5 octobre 2022 chez Rimini Editions.

Acteurs : Harry Carey, Molly Malone, Duke R. Lee, Vester Pegg, Neva Gerber, George Berrell, Ted Brooks, L.M. Wells…

Scénario : John Ford, Harry Carey & George Hively

Photographie : Ben F. Reynolds

Durée : 53′ + 1h02 + 52′

Date de sortie initiale : 1917-1918

LES FILMS

John Martin Feeney aka John Ford (1894-1973). Plus de 140 films réalisés entre 1917 et 1965, dont plus d’un tiers serait définitivement perdu. Subsistent trois westerns mis en scène par celui qui était alors dans l’ombre de son frère Francis et qui se faisait encore appeler Jack, à savoir Le Ranch Diavolo Straight Shooting (le plus ancien film de son auteur retrouvé à ce jour, le sixième de sa carrière et son premier d’une durée de cinq bobines), À l’assaut du boulevardBucking Broadway et Du sang dans la prairieHell Bent, tous mis en boite à quelques semaines d’intervalle et qui ont pour particularité d’être interprétés par le même comédien, Harry Carey. À la fois témoignage et curiosité, ces œuvres sont avant tout de véritables trésors pour les cinéphiles chez qui John Ford tiendra toujours une place indétrônable.

Le Ranch Diavolo (1917) : Harry met ses talents de fin tireur au service d’un syndicat d’éleveurs qui tente d’imposer sa loi aux fermiers. Il se sent néanmoins mal à l’aise lorsqu’il découvre de quelles peu recommandables méthodes se servent ses nouveaux patrons. Ainsi, Thunder Flint, qui veut absolument se débarrasser de Sims, le fermier, lui envoie à tour de rôle deux de ses séides, Sam et l’infortuné Harry. Ceux-ci, malheureusement, ne peuvent s’acquitter de leur mission, tombant amoureux de Joan, la fille de Sims. Sam et Harry se mettent alors au service du clan des fermiers…

À l’assaut du boulevard (1917) : Cheyenne Harry travaille dans le ranch de Ben Clayton, à Fortune, dans le Wyoming. Epris d’indépendance, il rêve d’autres cieux, mais se laisse tout de même prendre au charme d’Helen, la fille de Clayton. Bien décidé à l’épouser, il construit pour elle une maison et lui offre un coeur, qu’il a taillé dans le bois. Malheureusement, Helen s’amourache de Thornton, un maquignon venu de la ville…

Du sang dans la prairie (1918) : Un romancier recevant une lettre de lecteur lui demandant de dépeindre un héros ordinaire, ni bon ni mauvais, contemple une toile de Frederic Remington intitulée A Misdeal. La toile s’anime sous ses yeux et on assiste à une violente dispute à l’issue d’une partie de cartes que vient de quitter précitemment Cheyenne Harry, joueur (et tricheur) invétéré. Harry arrive à Rawhide où il se lie d’amitié avec Cimmaron Bill. Il prend la défense de Bess Thurston lorsque la jeune femme fait, sur les instances de son frère, ses débuts de danseuse dans un saloon. Alors qu’il tente d’empêcher des bandits de forcer le coffre fort de la banque, il reconnaît le frère de Bess parmi les cambrioleurs et renonce à intervenir. Beau Ross, le chef de la bande, enlève la jeune femme.

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Test Blu-ray / Moon 44, réalisé par Roland Emmerich

MOON 44 réalisé par Roland Emmerich, disponible en Blu-ray le 10 octobre 2022 chez Extralucid Films.

Acteurs : Michael Paré, Lisa Eichhorn, Dean Devlin, Brian Thompson, Malcolm McDowell, Stephen Geoffreys, Leon Rippy, Jochen Nickel…

Scénario : Dean Heyde & Oliver Eberle, d’après une histoire originale de Roland Emmerich, Oliver Eberle, Dean Heyde & P.J. Mitchell

Photographie : Karl Walter Linderlaub

Musique : Joel Goldsmith

Durée : 1h39

Année de sortie : 1990

LE FILM

En 2038, les ressources naturelles de la Terre sont quasiment épuisées. La lutte est âpre pour s’approprier les dernières portions minérales disponibles sur les autres planètes. Des corporations se créent. Lorsque l’une d’elles voit disparaître ses robots, elle fait appel à des prisonniers pour la défendre. Au sein de l’équipe, la tension monte.

Moon 44 est le film de transition, la passerelle qui mènera Roland Emmerich de son Allemagne natale à Hollywood, où il deviendra le roi du box-office et le spécialiste de la destruction massive avec des titres aussi populaires qu’Independence Day, Godzilla, Le Jour d’après et 2012, sans doute ses quatre plus gros hits. Juste avant Stargate, la porte des étoiles et même Universal Soldier, le réalisateur tournait Moon 44 dans un hangar dans la banlieue de Stuttgart, avec un budget d’environ 4,5 millons d’euros, une somme « dérisoire » pour un film de science-fiction supposé se dérouler dans l’espace, mais c’était sans compter le système D de l’équipe technique entourant Roland Emmerich et l’imagination déjà débordante de ce dernier, qui contre toute attente livre un formidable divertissement. Fait avec les moyens du bord, mais aussi et surtout avec une folle envie de cinéma, une passion contagieuse et beaucoup de coeur, Moon 44 demeure un très bon spectacle et extrêmement généreux en action.

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