Test Blu-ray / Le Métro de la mort, réalisé par Gary Sherman

LE MÉTRO DE LA MORT (Death Line – Raw Meat) réalisé par Gary Sherman, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livret le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Donald Pleasence, Norman Rossington, David Ladd, Sharon Gurney, Hugh Armstrong, June Turner, Clive Swift, Christopher Lee…

Scénario : Ceri Jones

Photographie : Alex Thomson

Musique : Wil Malone & Jeremy Rose

Durée : 1h24

Année de sortie : 1972

LE FILM

À Londres, deux étudiants découvrent un homme gisant dans une station de métro. Lorsqu’ils reviennent sur les lieux avec un policier, le corps a disparu. D’autres, disparitions du même genre sont intervenues récemment. Que se passe-t-il dans les entrailles du métro ? L’inspecteur Calhoun mène l’enquête…

Donald Pleasence et Christopher Lee, réunis dans un film d’épouvante intitulé Le Métro de la mort Death Line ??? L’affiche est prometteuse et soyez rassurés, le résultat est à la hauteur des espérances. D’ailleurs, ce premier long-métrage réalisé par l’américain Gary Sherman est devenu culte et reste encore aujourd’hui une véritable référence. Disons-le d’emblée, Christopher Lee ne fait ici qu’une petite apparition de cinq minutes au milieu du film (avec moustache et chapeau melon), mais sa confrontation avec Donald Pleasence (qui sortait de Réveil dans la terreur Wake in fright de Ted Kotcheff et de THX 1138 de George Lucas) demeure l’une des meilleures séquences. Ne vous attendez surtout pas à des flots d’hémoglobine, mais plutôt à une atmosphère pesante, poisseuse, inquiétante, merveilleusement distillée par une mise en scène soignée et même ambitieuse par moments. Étonnamment moderne, dans le fond comme dans sa forme, Le Métro de la mort est un savoureux mélange d’émotions fortes et d’humour, qui n’a pas trop pris de rides et qui fait toujours son petit effet.

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Test Blu-ray / Dernier domicile connu, réalisé par José Giovanni

DERNIER DOMICILE CONNU réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Marlène Jobert, Michel Constantin, Jean Sobieski, Philippe March, Bianca Saury, Paul Crauchet, Alain Mottet, Béatrice Arnac, Guy Héron, Monique Melinand, Marcel Peres…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de Joseph Harrington

Photographie : Étienne Becker

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h46

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Marceau, policier efficace et rude, ne connaît que son métier. Commissaire adjoint à la brigade criminelle de Paris, il est muté dans un commissariat de quartier suite à l’arrestation d’un chauffard ivre, fils d’un grand avocat. On lui assigne une jeune assistante, Jeanne, qui a résolu de se vouer au social et qui croit dans le but réformateur de la Police. Un jour Marceau et Jeanne sont chargés de retrouver un certain Martin dont le témoignage dans une affaire criminelle est primordial pour détruire l’alibi de l’accusé, un caïd de la place. Marceau a vite compris qu’on leur a confié là une tâche impossible…

Deux ans après Le Rapace, Lino Ventura et José Giovanni remettent le couvert avec Dernier domicile connu. Entre les deux, le comédien a le temps de tourner Le Clan des Siciliens de Henri Verneuil, auquel José Giovanni se joint d’ailleurs au scénario, puis L’Armée des ombres de Jean-Pierre Melville. Dernier domicile connu s’inspire du roman – dit de procédure policière – Last Known Address de Joseph Harrington (1903-1980), publié en France en 1966 dans la collection Série Noire. Comme pour Le Rapace, ne trouvant pas de réalisateur pour mettre en scène ce film, c’est sur les conseils de Lino Ventura que José Giovanni revient derrière la caméra pour son troisième long-métrage. L’un des coups de génie de Dernier domicile connu provient de l’alchimie de son couple star, Lino Ventura et Marlène Jobert. Découverte en 1966 dans Masculin féminin de Jean-Luc Godard, cette dernière venait d’exploser dans le merveilleux Alexandre le Bienheureux (1967) d’Yves Robert, tenait le haut de l’affiche dans Faut pas prendre les enfants du bon Dieu pour des canards sauvages (1968) de Michel Audiard et de L’Astragale de Guy Casaril, qui s’étaient distingués au box-office. Le tandem fonctionne à plein régime ici, avec d’un côté le vieil ours bourru et expéditif, et de l’autre la jeune pile électrique d’à peine trente ans qui tente de faire sa place dans un monde de mecs, qui détonne avec sa minijupe et sa petite voix. José Giovanni dissèque le boulot souvent fastidieux des flics, obligés d’avancer pas à pas dans une enquête qui paraît irréalisable. Mais l’obstination et la ténacité de notre duo insolite vont porter leurs fruits. Pour beaucoup de spectateurs, Dernier domicile connu demeure le plus grand film de José Giovanni. Si cela est évidemment discutable, surtout quand on a également en tête La Scoumoune (1972) et Deux hommes dans la ville (1973), cet opus s’inscrit indubitablement dans ce top 3. Auréolé d’un beau succès dans les salles à sa sortie avec plus de 2,2 millions de spectateurs, Dernier domicile connu reste une valeur sûre du film policier hexagonal, âpre, désabusé et furieusement mélancolique.

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Test Blu-ray / Les Arnaud, réalisé par Léo Joannon

LES ARNAUD réalisé par Léo Joannon, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 mai 2021 chez LCJ Editions & Productions.

Acteurs : Bourvil, Salvatore Adamo, Christine Delaroche, Gérard Croce, Alain Doutey, Xavier Fonty, Gisèle Grandpré, Suzanne Courtal…

Scénario : Léo Joannon & Jacques Robert

Photographie : Willy Faktorovitch

Musique : Franck Pourcel

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Henri Arnaud, juge au tribunal pour enfants d’Aix-en-Provence, est connu pour sa clémence envers les jeunes délinquants. Au cours d’un procès, il fait la connaissance d’un étudiant en droit, André Arnaud qui est aussi son homonyme. Ce dernier est orphelin et ne peut poursuivre ses études que grâce à l’aide financière de son oncle, un simple ouvrier. Mais celui-ci meurt dans un accident de travail et André, qui a besoin d’argent, accepte les avances de Josseron, un antiquaire homosexuel…

Quasiment un an après le triomphe de La Grande vadrouille, Bourvil faisait son retour au cinéma avec Les Arnaud, l’ultime long-métrage du réalisateur Léo Joannon (1904-1969). Complètement oublié aujourd’hui, ce dernier, également scénariste et producteur a quand même tourné plus d’une trentaine de films et dirigé les plus grands, Pauline Carton, Simone Simon, Danielle Darrieux, Arletty, Raimu, Pierre Brasseur, Pierre Fresnay, Edwige Feuillère, Jules Berry, Annie Girardot, Fernandel, Jean Rochefort et même Laurel & Hardy ! Réputé pour sa nervosité et même son mauvais caractère, Léo Joannon s’est aussi fait un nom durant l’Occupation allemande, en oeuvrant pour la société de production Continental, créée par Joseph Goebbels, époque durant laquelle il n’hésite pas à menacer son collègue Raymond Bernard, de le dénoncer lui et sa famille juive, s’il n’obtient pas l’obtention de certains scénarios. Un peu plus tard, il se rallie au régime de Vichy, ce qui lui vaudra d’être écarté de la profession à la Libération, pour une durée de cinq ans. Puis, il reprend tranquillement ses activités de cinéaste, où à travers ses films il traitera notamment des thèmes de la rédemption. Natif d’Aix-en-Provence, il y tourne son dernier opus, Les Arnaud, pour lequel il réunit un duo inattendu, Bourvil donc, et surtout Salvatore Adamo, âgé de 23 ans, vedette de la chanson dont le succès a été fulgurant depuis 1963. Étonnant de voir l’interprète de Tombe la neige, Vous permettez, Monsieur ? et Mes mains sur tes hanches jouer un étudiant en droit, qui durant sa quatrième année tue un antiquaire qui voulait abuser de lui. Léo Joannon joue sur ce décalage, un jeune homme bien sous tous rapports, qui du jour au lendemain devient malgré lui un meurtrier. Si Adamo s’en tire bien, on ne peut qu’être admiratif de la prestation de Bourvil, bouleversant dans la peau de ce magistrat vieux garçon, qui se prend d’affection pour cet étudiant destiné à une brillante carrière, dont le destin paraît brutalement interrompu. Tourné un an avant les événements qui allaient fleurir dans toutes les universités du monde, Les Arnaud semble imprégné d’une colère sourde, contenue, qui contraste avec la chaleur humaine, la délicatesse et la tendresse qui émanent du personnage du juge, et donc forcément de Bourvil. Une redécouverte des Arnaud s’impose.

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Test Blu-ray / Des hommes, réalisé par Lucas Belvaux

DES HOMMES réalisé par Lucas Belvaux, disponible en DVD et Blu-ray le 5 octobre 2021 chez Ad Vitam.

Acteurs : Gérard Depardieu, Catherine Frot, Jean-Pierre Darroussin, Yoann Zimmer, Félix Kysyl, Édouard Sulpice, Fleur Fitoussi, Ahmed Hammoud…

Scénario : Lucas Belvaux, d’après le roman de Laurent Mauvignier

Photographie : Guillaume Deffontaines

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2021

LE FILM

Ils ont été appelés en Algérie au moment des « événements » en 1960. Deux ans plus tard, Bernard, Rabut, Février et d’autres sont rentrés en France. Ils se sont tus, ils ont vécu leurs vies. Mais parfois il suffit de presque rien, d’une journée d’anniversaire, d’un cadeau qui tient dans la poche, pour que quarante ans après, le passé fasse irruption dans la vie de ceux qui ont cru pouvoir le nier.

Cinéaste moraliste, mais jamais moralisateur, Lucas Belvaux n’a eu de cesse à travers ses films d’explorer les thèmes qui lui sont chers comme le mensonge, la lâcheté, le couple, la peur, les souvenirs, la culpabilité, en confrontant souvent deux êtres que tout oppose. Le réalisateur a su trouver plusieurs accroches liées à son cinéma dans le roman de Laurent Mauvignier (publié en 2009), Des hommes, lauréat à sa sortie du prix Virilo et celui des libraires. Des films sur la guerre d’Algérie, il en existe une flopée et ce depuis la fin des années 1950. On peut citer en vrac Le Petit Soldat (1960, mais interdit jusqu’en 1963) de Jean-Luc Godard, Adieu Philippine (1962) de Jacques Rozier, La Belle Vie (1964) de Robert Enrico, Muriel ou le Temps d’un retour (1964) d’Alain Resnais, Les Parapluies de Cherbourg (1964) de Jacques Demy, La Bataille d’Alger (1966) de Gillo Pontecorvo, R.A.S. (1973) d’Yves Boisset, et plus proche de nous La Trahison (2006) de Philippe Faucon, Mon colonel (2006) de Laurent Herbiet, L’Ennemi intime (2007) de Florent-Emilio Siri, Cartouches gauloises (2008) de Mehdi Charef et Loin des hommes (2014) de David Oelhoffen. Donc oui, le sujet n’a jamais été écarté du cinéma, bien au contraire. Pour Des hommes, Lucas Belvaux dévoile ce qui se cache derrière les silences, dissèque le traumatisme d’une poignée de personnages, un en particulier, celui de Bernard alias Feu-de-Bois, magistralement interprété par Gérard Depardieu, qui retrouve de sa superbe ici, comme dernièrement dans Les Confins du monde de Guillaume Nicloux et de Fahim de Pierre-François Martin-Laval. Magnétique, magnifique, imposant (euphémisme) au sens propre comme au figuré, le comédien crève l’écran du haut de ses 71 ans, et livre une fantastique prestation. Face à lui, Catherine Frot et Jean-Pierre Darroussin ne sont pas en reste et l’on remarquera aussi la participation du jeune acteur belge Yoann Zimmer, dont nous avions déjà croisé le visage dans Été 85 de François Ozon, La Fille inconnue des frères Dardenne et Les Fauves de Vincent Mariette.

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Test DVD / Initiation, réalisé par John Berardo

INITIATION réalisé par John Berardo, disponible en DVD le 16 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Isabella Gomez, Lindsay LaVanchy, Froy Gutierrez, James Berardo, Gattlin Griffith, Adin Kolansky, Shireen Lai, Patrick R. Walker…

Scénario : John Berardo, Lindsay LaVanchy & Brian Frager

Photographie : Jonathan Pope

Musique : Alexander Arntzen

Durée : 1h33

Année de sortie : 2020

LE FILM

Les étudiants d’une université américaine lancent sur les réseaux sociaux un jeu cruel mettant en cause certains d’entre eux. À la suite de la mort d’un des meilleurs athlètes du campus, les meurtres sanglants s’enchaînent. Un mystérieux point d’exclamation semble être la signature du tueur…

Tiens, un petit slasher dont nous ne soupçonnions pas l’existence il y a encore une semaine ! Initiation, ou Init!ation si vous souhaitez vous la jouer en respectant le titre original, est le premier film réalisé en solo par John Berardo (né en 1986), après moult courts-métrages et un long-métrage collectif mis en scène avec sept autres cinéastes, The Labyrinth (2017). Homme-orchestre, à la fois scénariste, monteur, créateur de costumes, chef opérateur, décorateur, ingénieur du son, producteur, cantinier peut-être aussi, il adapte son propre court-métrage intitulé Dembanger (2013), inspiré de Scream (1996) de Wes Craven, dans lequel un adolescent était harcelé par un anonyme, qui parvenait à accéder à toutes ses informations depuis sa page Facebook. S’il croule évidemment sous les inévitables références du genre, Initiation tire son épingle du jeu grâce à son excellent casting composé de jeunes comédiens pour ainsi dire inconnus, très solidement dirigés, parmi lesquels se distingue Lindsay LaVanchy, également co-scénariste, assurément la révélation du film, qui était déjà apparue dans la série Scream en 2016 et Dembanger. Après un début difficile car foutraque, durant lequel on a beaucoup de mal à relier les personnages en raison d’un montage chaotique et une caméra trop virevoltante, Initiation trouve ensuite son rythme de croisière, joue habilement avec les codes (éculés) du genre, sans jamais chercher à les renouveler, mais grâce auxquels le réalisateur prouve qu’il en a sous le capot. Délicieusement ironique, ponctué par quelques meurtres bien sanglants, Init!ation contentera largement les adeptes de thrillers horrifiques.

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Test Blu-ray / Le Rapace, réalisé par José Giovanni

LE RAPACE réalisé par José Giovanni, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Lino Ventura, Xavier Marc, Rosa Furman, Aurora Clavel, Augusto Benedico, Marco Antonio Arzate, René Barrera, Farnecio de Bernal, Carlos Lopez Figueroa, Enrique Lucero…

Scénario :José Giovanni, d’après le roman de John Carrick

Photographie : Pierre Petit

Musique : François de Roubaix

Durée : 1h47

Date de sortie initiale : 1968

LE FILM

Le “Rital”, un mercenaire aventurier est engagé par l’avocat Calvez, éminence grise d’une bande de conjurés, pour abattre le Président d’une République d’Amérique du Sud. Il s’agit d’abattre le Président actuel pour faire un héros national du petit-fils de l’ancien Président, celui-ci devant partager l’aventure aux côtés du tueur à gages pour justifier sa renommée…

Ecrivain, scénariste, dialoguiste et réalisateur, José Giovanni (1923-2004), de son vrai nom Joseph Damiani, est un ancien collabo et repris de justice, trois fois condamné, à vingt ans de travaux forcés, puis condamné à mort pour trois assassinats (gracié par le président Vincent Auriol en 1949) et à nouveau condamné à dix ans de prison pour rançonnement de juifs cachés sous l’Occupation. Après quelques remises de peine, il sort de prison en 1956 à l’âge de 33 ans après plus de onze années passées derrière les barreaux, non sans avoir emporté avec lui un journal qu’il avait tenu durant son incarcération et dans le couloir de la mort dans l’attente de la décision de la Cour de cassation et de la grâce présidentielle. Ce journal intime deviendra un roman, Le Trou, qui raconte également sa tentative d’évasion de la Prison de la Santé en 1947. Le succès est immédiat et le cinéaste Jacques Becker s’empare des droits pour le cinéma. José Giovanni ne quittera plus le monde du Septième Art et collaborera avec les plus grands comme Claude Sautet (Classe tous risques), Jacques Deray (Symphonie pour un massacre), Robert Enrico (Les Grandes gueules, Les Aventuriers), Jean-Pierre Melville (Le Deuxième Souffle), avant de passer lui-même à la mise en scène en 1967 avec La Loi du Survivant. Chose étonnante, ce dernier n’est autre que l’adaptation d’une partie de son roman Les Aventuriers, délaissée par Robert Enrico. Encouragé par Lino Ventura à continuer sur sa lancée de metteur en scène, il entreprend lui-même Le Rapace, tiré du roman The Vulture de l’auteur écossais John Carrick. Direction le Mexique donc, pour ce thriller insolite qui offre à Lino Ventura un de ses rôles les plus singuliers des années 1960, celui d’un justicier qui débarque de nulle part, près de Veracruz en 1938, dans le but d’assassiner un dictateur local d’un pays fictif et non identifié d’Amérique du Sud. Un personnage violent, qui parle peu (sa première réplique intervient au bout d’un bon quart d’heure) et qui d’ailleurs n’est pas là pour s’étaler sur sa vie qu’on imagine essentiellement liée au meurtre et au sang. Longtemps indisponible, peu diffusé à la télévision, Le Rapace est l’une des grandes redécouvertes de l’année 2021.

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Test Blu-ray / Le Miel du diable, réalisé par Lucio Fulci

LE MIEL DU DIABLE (Il Miele del diavolo) réalisé par Lucio Fulci, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Artus Films.

Acteurs : Brett Halsey, Corinne Cléry, Blanca Marsillach, Stefano Madia, Paula Molina, Bernard Seray, Lucio Fulci, Eulàlia Ramo…

Scénario : Jaime Jesús Balcázar, Lucio Fulci, Ludovica Marineo, Sergio Partou, Vincenzo Salvianis Balcázar & Lucio Fulci

Photographie : Alejandro Ulloa

Musique : Claudio Natili

Durée : 1h19

Date de sortie initiale : 1986

LE FILM

Carole est une jeune femme séduisante. Elle est tombée amoureuse de Gaetano, un musicien de studio. Un jour, victime d’un accident de moto, Gaetano est hospitalisé et tombe dans les mains de l’incapable docteur Domenici. Mal soigné, Gaetano meurt. Folle de douleur, Carole kidnappe alors le chirurgien et l’enferme dans sa cave.

« Quand tu la verras, ton souffle s’engloutira. Quand tu mourras de désir de la posséder, elle rira. Quand elle foulera ton âme, ton sang bouillira. Mais tu succomberas de bonheur, parce qu’elle est le miel du diable. Et elle te tuera avec l’infinie douceur du feu ». Lucio Fulci, ou l’art de jouer de sexophone. Quand il réalise Le Miel du diable Il miele del diavolo, le réalisateur n’est pas au mieux de sa forme. Physiquement du moins, car les années 1980 demeurent marqué par Frayeurs Paura nella città dei morti viventi, Le Chat noir Il gatto nero, L’Au-delà …E tu vivrai nel terrore! L’aldilà, L’Éventreur de New York Lo Squartatore du New York, 2072, les mercenaires du futur I Guerrieri dell’anno 2072, pour ne citer que ceux-là. Sorti en 1986, Le Miel du diable apparaît entre Murder Rock – Murderock Uccide a passi di danza et Aenigma. Point d’effets gores ou d’horreur dans ce film, mais des créatures oui, qui répondent au nom de Blanca Marsillach et Corinne Cléry, qui envoûtent les spectateurs par leur présence érotique. S’il est parfois à un doigt (avant le whisky) de tomber dans le nanar, Lucio Fulci parvient à trouver cet équilibre difficile pour contenter à la fois les spectateurs avides de films coquins et ceux plus amateurs de Bis, puisque Le Miel du diable prend dans sa deuxième partie des allures de torture-porn. Mal considéré dans la filmographie du cinéaste, Il miele del diavolo est une œuvre singulière, qui interpelle par sa représentation frontale d’une sexualité débridée, qui établit en parallèle la radiographie d’une passion dévorante et de ses conséquences quand l’un des deux vient à disparaître.

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Test Blu-ray / Train d’enfer, réalisé par Gilles Grangier

TRAIN D’ENFER réalisé par Gilles Grangier, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Jean Marais, Marisa Mell, Howard Vernon, Gérard Tichy, Antonio Casas, Rico Lopez, José Manuel Martin, Carlos Casaravilla, Alvaro de Luna, Jean Lara, André Cagnard, Gamil Rabib, Léon Zitrone…

Scénario : Jacques Robert & Gilles Grangier, d’après le roman de René Cambon

Photographie : Antonio Maccasoli

Musique : André Hossein

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1965

LE FILM

Agent des services secrets français, Antoine Donadieu infiltre un groupe terroriste, basé sur la Côte d’Azur et dirigé par Matras, qui prépare un attentat contre l’Émir Ali Salem. En compagnie de Frieda, il se rend à Barcelone où il doit aller chercher « le professeur », l’homme chargé de la mise au point technique de l’attentat.

Depuis l’avènement de James Bond au cinéma en 1962, les spectateurs se sont pris de passion pour les histoires d’espionnage et les producteurs l’ont bien compris. Suite au triomphe de James Bond 007 contre Dr. No, Bons baisers de Russie et de Goldfinger, la mode de l’Euro Spy est lancée. De l’autre côté des Alpes, moult fleurons du genre vont voir le jour, à l’instar de Suspense au Caire pour A008 A 008, operazione Sterminio (1965), Super 7 appelle le Sphinx Superseven chiama Cairo (1965) et Des fleurs pour un espion Le Spie amano i fiori d’Umberto Lenzi, Opération Goldman Operazione Goldman (1966) d’Antonio Margueriti et bien d’autres. Mais on oublie souvent que la France a elle aussi été une digne représentante en ersatz de l’agent 007, avec notamment la série des OSS 117, d’après l’oeuvre de Jean Bruce. C’est Jean Marais qui donne l’idée au réalisateur André Hunebelle, avec qui il avait tourné Le Bossu (1959), Le Capitan (1960), Le Miracle des loups (1961) et Les Mystères de Paris, de transposer cette série de livres et de surfer sur le succès des Bond, en espérant bien sûr obtenir le rôle principal. Seulement voilà, cela ne se passe pas comme le comédien l’espérait. Si André Hunebelle obtient les droits pour transposer les aventures de l’agent OSS 117 sur le grand écran, celui-ci engage l’américain Kerwin Mathews (On ne joue pas avec le crime 5 Against the House de Phil Karlson, rôle-titre du Septième Voyage de Sinbad The 7th Voyage of Sinbad de Nathan Juran) pour interpréter Hubert Bonisseur de La Bath. Jean Marais n’oubliera jamais cette « trahison », ce qui ne l’empêchera pas de retravailler avec le réalisateur sur la trilogie Fantômas et surtout de trouver d’autres agents secrets ou aventuriers à incarner. Ce sera le cas dans Pleins feux sur Stanislas (1965) de Jean-Charles Dudrumet, Le Gentleman de Cocody (1965) et Le Saint prend l’affût (1966) de Christian-Jaque. Même chose dans le méconnu Train d’enfer (1965), d’après un roman de René Cambon, mis en scène par le prolifique Gilles Grangier (1911-1996), qui avait déjà dirigé l’acteur en 1952 dans L’Amour, Madame. Dans ce film, Jean Marais peut laisser libre-cours à sa fantaisie, en enchaînant les exploits physiques, les bagarres, les poursuites, tout en séduisant les femmes qu’il rencontre dans sa mission. Forcément vintage, Train d’enfer ne révolutionne pas le genre, mais s’avère un divertissement décontracté, amusant, kitsch et rythmé, où Jean Marais se fait visiblement plaisir et où son énergie est sans cesse contagieuse.

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Test Blu-ray / Les Amants traqués, réalisé par Norman Foster

LES AMANTS TRAQUÉS (Kiss the Blood Off My Hands) réalisé par Norman Foster, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 5 octobre 2021 chez Rimini Editions.

Acteurs : Joan Fontaine, Burt Lancaster, Robert Newton, Lewis L. Russell, Aminta Dyne, Grizelda Hervey, Jay Novello, Colin Keith-Johnston…

Scénario : Leonardo Bercovici, Ben Maddow, Walter Bernstein & Hugh Gray, d’après le roman de Gerald Butler

Photographie : Russell Metty

Musique : Miklós Rózsa

Durée : 1h16

Année de sortie : 1948

LE FILM

Marqué par la guerre, Bill Saunders traîne dans Londres, qui porte encore les traces des bombardements aériens. Un soir, au cours d’une bagarre, il tue malencontreusement un patron de bar. Il s’enfuit et trouve refuge chez une jeune femme, Jane Wharton. Celle-ci va l’aider à se cacher…

Quand il décide de se lancer dans le cinéma et de laisser tomber sa carrière d’acrobate de cirque, Burt Lancaster (1913-1994) a déjà 33 ans. Il était loin d’imaginer obtenir le succès dès son premier long-métrage en tant que comédien avec Les Tueurs The Killers de Robert Siodmak en 1946. Tout s’enchaîne alors très vite. S’ensuivent Les Démons de la liberté Brute Force de Jules Dassin, La Furie du désert Desert Fury de Lewis Allen, L’Homme aux abois I Walk Alone de Byron Haskin, Ils étaient tous mes fils All My Sons d’Irving Reis et Raccrochez, c’est une erreur ! Sorry, Wrong Number d’Anatole Litvak, qui prouvent une prédisposition de l’acteur pour le film noir et dramatique, ainsi que pour les personnages tourmentés et même violentés, comme ce sera encore le cas ici avec une séquence de punition à base de coups de fouet, qui a fait grincer les dents des censeurs du Code Hays. En 1948, Burt Lancaster s’associe avec Harold Hecht (son agent artistique) pour fonder la société de production Norma Films (du nom de la femme du premier), dans un désir d’indépendance. Leur premier opus sera Les Amants traqués, auquel on préférera le titre original Kiss the Blood Off My Hands, que l’on pourrait traduire par « retire le sang de mes mains avec tes baisers ». Cette adaptation d’un roman de Gerald Butler, publié en 1940 et sorti en France sous le titre Les Mains pures en 1946 puis Du sang sur les mains après la sortie du film, est tout d’abord proposée à Robert Siodmak, qui refuse. Puis, le projet atterrit dans les mains de Norman Foster (1900-1976), comédien venu à la mise en scène, qui a fait ses débuts derrière la caméra à la fin des années 1930 avec la série des M.Moto (alias Peter Lorre). Un parfait « yes-man » à qui Burt Lancaster confie son bébé et qui saura suivre ses directives. Les Amants traqués est un film noir à l’intrigue resserrée sur 76 minutes, qui va droit à l’essentiel, sans une once de gras. Les personnages sont classiques, torturés à souhait, tant physiquement que psychologiquement, l’image est belle, la musique enivrante et surtout les deux têtes d’affiche, Burt Lancaster et Joan Fontaine sont aussi formidables que magnifiques.

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Test Blu-ray / Le Grand Chef, réalisé par Henri Verneuil

LE GRAND CHEF réalisé par Henri Verneuil, disponible en édition Digibook – Blu-ray + DVD + Livret le 10 septembre 2021 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Fernandel, Gino Cervi, Joël Papouf, Georges Chamarat, Florence Blot, Noëlle Norman, Dominique Davray, Helena Manson, Jean-Jacques Delbo, Albert Michel, Renée Passeur…

Scénario : Henri Verneuil, Henri Troyat & Jean Manse, d’après une nouvelle de O. Henry

Photographie : Roger Hubert

Musique : Gérard Calvi

Durée : 1h29

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Antoine et Paul sont laveurs de voitures dans une station “Washmobile”. Tout en frottant les somptueuses carrosseries, Paul s’efforce de convaincre Antoine de se lancer dans le kidnapping afin d’avoir assez d’argent pour acheter une station de pompes à essence. Ils décident d’enlever Éric un gamin de six ans, fils du milliardaire Jemelin. L’enlèvement réussit mais, à peine à la maison, les deux compères s’aperçoivent qu’ils ont kidnappé le gosse le plus insupportable de Paris…

Pour la plupart des cinéphiles, le nom d’Henri Verneuil (1920-2002) évoque immédiatement Un singe en hiver (1962), Mélodie en sous-sol (1963), Cent mille dollars au soleil (1964), Le Clan des Siciliens (1969), Le Casse (1971), Peur sur la ville (1975), I…comme Icare (1979) et bien d’autres. Pourtant, avant ces immenses succès populaires, le cinéaste avait déjà connu moult triomphes au cinéma et ce dès son premier long-métrage en 1951, La Table-aux-crevés, qui avait attiré plus de trois millions de spectateurs. Il s’agissait alors de sa deuxième collaboration avec Fernandel, cinq ans après un court-métrage intitulé Escale au soleil. Les deux hommes décident de remettre le couvert dès l’année suivante…résultat des courses, le réalisateur et le comédien s’associeront à huit reprises avec toujours autant de réussite au box-office. Après Le Fruit défendu (1952, 4 millions d’entrées), Le Boulanger de Valorgue (1953, 3,7 millions d’entrées), Carnaval (1953, 2,1 millions d’entrées), L’Ennemi public numéro un (1954, 3,8 millions d’entrées) et Le Mouton à cinq pattes (1954, 4,1 millions d’entrées) qui se sont succédé, les deux hommes se séparent momentanément. Si Fernandel ne cesse de tourner (il est à l’affiche de cinq films rien qu’en 1957), Henri Verneuil se tourne vers le drame avec Les Amants du Tage (1955) et Des gens sans importance (1956), ainsi que le film policier avec Une manche et la belle (1957). 1959 est une grande année, puisque le tandem renoue pour deux films, Le Grand Chef et La Vache et le Prisonnier, qui sortent à neuf mois d’intervalle. Si le second se placera sur la première marche du podium avec 8,8 millions de spectateurs, ce n’est pas le cas pour le premier qui peine à attirer plus de 2,3 millions de français. Pas un mauvais score évidemment, mais ces premières retrouvailles ne sont pas à la hauteur de leurs anciens hits. Néanmoins, Le Grand Chef reste une savoureuse comédie burlesque, dans laquelle Fernandel donne la réplique à l’italien Gino Cervi, son légendaire partenaire de la saga Don Camillo, où il interprétait Giuseppe Bottazzi dit Peppone. L’alchimie entre les deux acteurs est évidente et leurs pitreries rappellent constamment celles de Laurel et Hardy. Un divertissement bon enfant au charme rétro, qui a connu moult diffusions à la télévision jusque dans les années 1990 où il sera d’ailleurs colorisé avec l’autorisation du metteur en scène.

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